Bienheureux Didace-Louis de San Vitores († 1672)
martyrs aux Iles Mariannes
Martyre de San Vitores (gravure de 1686)
Le bienheureux Diego Luis de San Vitores, né le 12 novembre 1627 à Burgos (Espagne) et mort le 2 avril 1672 à Tumón (Guam), était un prêtre jésuite espagnol, missionnaire aux Philippines et dans les îles Mariannes de l’océan Pacifique.
Assassiné à Guam, en haine de la foi, il est béatifié en 1985.
Biographie
Jeunesse et formation
Né
à Burgos de famille noble et bon étudiant au collège impérial de
Madrid, le jeune Diego surprend ses parents – et suscite leur opposition
– lorsqu’il exprime le désir de devenir jésuite.
Au
collège, comme congréganiste, il adopte le nom de 'Luis' par dévotion
au jeune saint, Louis de Gonzague, récemment béatifié (1604).
Après une fugue Diego obtient finalement la permission de son père et entre au noviciat à l’âge de 13 ans (en 1640).
Étant donné son jeune âge il n’est pas autorisé à prononcer ses vœux dès la fin de son noviciat.
Diego
suit le cours ordinaire de la formation jésuite : juvénat de deux ans
(1642-1644) suivi de la philosophie (1644-1647) et de la théologie
(1647-1651) à Alcala (Espagne). Il est ordonné prêtre le 23 décembre
1651 à Alcalá de Henares.
Missionnaire
Après
son Troisième An, San Vitores passe quelques années en Espagne où il
est actif dans des missions de campagne. Sa demande d’envoi aux missions
extérieures, longtemps repoussée par le provincial d’Espagne (car Diego
relève de grave maladie) est acceptée lorsqu’il la fait directement au
supérieur général, le père Goswin Nickel.
Il
quitte Cadiz le 14 mai 1660 et arrive en Nouvelle-Espagne (Mexique) en
juillet. Il est destiné aux Philippines mais faute de transport, San
Vitores passe deux ans au Mexique. Il y écrit un livre sur l'Apostolat
des Indes.
Aux Philippines
En
juillet 1662 San Vitores débarque à Lampon, en route pour Manille. Il
semble que durant ce voyage le navire ait fait escale à Guam, une île
alors sans présence missionnaire.
À
Manille le missionnaire se met à l’étude de la langue tagalog qu’il
maîtrise sans difficulté apparente. Il est ensuite missionnaire
itinérant dans la région de Taytay (1662-1664) avant d’être nommé préfet
des études au collège de Manille (1664). Mais il pense à Guam et aux
autres îles du Pacifique comme le révèle de ses lettres (22 juillet
1663) au même supérieur général, Goswin Nickel.
Aux îles Mariannes
Il
ne suffit pas de persuader ses supérieurs jésuites, il est
indispensable d’avoir le soutien et l’appui financier des autorités
espagnoles. San Vitores obtient d’abord l’autorisation du roi d’Espagne
Philippe IV (22 janvier 1665) et fait ensuite un voyage spécial au
Mexique pour obtenir du vice-roi le soutien financier nécessaire. Grâce
aux appuis et contacts établis durant son court séjour au Mexique, San
Vitores obtient ce dont il a besoin.
Le
16 juin 1668, le navire San Diego, jette l’ancre dans une crique de
l’île de Guam. San Vitores, supérieur de la mission, en débarque avec
quelque compagnons : quatre prêtres, un étudiant jésuite, quelques
Philippins (dont le jeune catéchiste Pedro Calungsod) et trois soldats
espagnols.
À
Guam ils sont d’abord bien reçus et la mission se développe rapidement,
avec chapelle et écoles pour garçons et filles dans le village
principal de Agana. De nombreux baptêmes également. Les missionnaires
visitent les îles des environs. 180 villages. Beaucoup entrent en
catéchuménat.
Une
campagne de calomnies (la rumeur circule que « l’eau du baptême est
empoisonnée et donne la mort ») ourdie par un Chinois inquiet de ce
qu’il perd de l’influence sur la population est sous-estimée par les
missionnaires, mais elle commence à avoir des effets. Un prêtre échappe à
un attentat en janvier 1670. L’opposition devient ouverte. Deux chefs
locaux deviennent hostiles. Un recul de l’idolâtrie est un recul de leur
pouvoir également.
Fin et mort
Les tensions augmentent lorsqu'un soldat espagnol et trois collaborateurs de la mission sont assassinés.
Le
31 mars 1672 San Vitores se trouve à Nisihan, une des missions de Guam.
Le surlendemain, en route pour Agana, le poste missionnaire central, il
s’arrête à Tumon où il célèbre la messe et visite quelques familles, y
compris celle d’un chrétien renégat dont la femme vient d’avoir un
enfant. À la demande de celle-ci il veut baptiser l’enfant. Cela rend
furieux le père qui, avec l’aide de Hirao le chef local, lui perce le
cœur d’un coup de lance. Son crâne est fracassé. La date est le 2 avril,
samedi de la semaine sainte.
Le père Diego Luis de San Vitores est béatifié le 6 octobre 1985 par le pape Jean-Paul II.
Sa commémoration liturgique se fait le 2 avril.
Source :
Diego Jeronimo (Didace Jérôme) de San Vitores naît en Espagne, à Burgos en 1627 (Jérôme est le prénom de son père).
« Encore
très jeune – dit le Pape –, il entend en lui une voix qui l’attire et
le pousse. Il se sent attiré par le Christ, l’envoyé éternel du Père
pour sauver les hommes, qui le pousse à partir pour des terres
lointaines comme instrument de sa mission salvatrice. Aux oreilles de
Diego résonnent les paroles du Seigneur dans la synagogue de Nazareth :
“Evangelizare pauperibus misit me” (Lc 4,18 ; Is 61,1) (“Il m’a envoyé
évangéliser les pauvres”). Jésus est à la porte et frappe ; sa voix se
fait chaque fois plus claire et insistante dans le cœur généreux du
jeune homme, qui s’ouvre à Dieu et décide d’entrer dans la Compagnie de
Jésus, renonçant à un brillant avenir que ses dons personnels et la
position sociale de sa famille lui auraient procuré. » (Homélie de
béatification)
Encore
collégien, il demande à son père de prendre ‘Luis’ comme prénom (Louis
de Gonzague, novice jésuite, patron de la jeunesse).
Il entre à 16 ans chez les Jésuites, fait ses premiers vœux à 17 ans en 1634 et il est ordonné prêtre le 23 décembre 1651.
Après dix ans d’étude et d’apostolat en Espagne, il obtient la
permission de partir (Partout où il va, on essaye de retenir le futur
missionnaire à cause de sa valeur).
Après
un long et épuisant voyage vers l’Ouest, en passant par Mexico (où on
le retient encore deux ans), il atteint les Philippines après une courte
escale habituelle à l’île de Guam où il constate que l’évangélisation
de ces îles, pourtant connues, a été négligée.
Mais il doit rester cinq ans à Manille avant d’être envoyé, enfin, aux îles Mariannes, à l’âge de trente-trois ans.
En
Juin 1668, le P. San Vitores et ses cinq compagnons jésuites arrivent
dans l’archipel avec une escorte de trente-deux soldats espagnols.
L’île de Guam a été découverte 150 ans plus tôt par Magellan qui l’a appelé l’île des Voiles latines.
Ensuite, elle a reçu le nom d’île des Voleurs.
Dès son débarquement le Père dit la messe sur la plage devant un groupe d’habitants – les Chamorros – venus en curieux.
Déjà,
le Père leur dit quelques mots dans leur langue : « Je n’ai d’autre
intention en venant ici que de vous faire connaître le vrai Dieu et de
vous enseigner le chemin de la vie éternelle » et il utilise un
catéchisme qu’il a fait traduire pour eux durant son séjour aux
Philippines.
D’emblée, il fait 23 baptêmes !
A
ces îles, qu’il aime tout de suite, il donne le nom d’ ‘Îles Mariannes’
en l’honneur de la reine d’Espagne qui a favorisé son entreprise et de
la Vierge Marie.
Le Père est stupéfait de voir qu’on avait négligé l’évangélisation de ces îles découvertes depuis si longtemps.
On
se contentait de faire escale à Guam pour y refaire provision de
produits frais et faire du troc sans prendre contact avec la population
qu’on craignait.
Le P. San Vitores avec ses compagnons établit dans l’île de Guam le centre de leur activité missionnaire.
Il bâtit une première église à Agana, puis un premier collège, suivi d’autres.
Le
zèle apostolique et le don absolu de lui-même à ces populations qui ont
besoin de promotion spirituelle et humaine caractérise la vie de ce
missionnaire exemplaire.
Puisqu’il se sent appelé à ‘évangéliser les pauvres’ il veut adopter exactement leur genre de vie.
Ainsi, par exemple, puisque ces gens-là n’ont pas de lunettes, il
renonce à porter les siennes, lui qui souffre d’une myopie congénitale
et, dans ses tournées apostoliques, il doit se faire conduire par une
corde attachée à la taille pour éviter de se heurter à des arbres ou à
des pierres, ce qui ne l’empêche pas de sillonner l’archipel du Nord au
Sud. Beaucoup de conversions et de baptêmes.
Mais des oppositions surgissent aussi.
Un
émigré chinois (ancien naufragé), guérisseur, appelé Cocho, lance le
bruit que son eau de baptême est empoisonnée et que c’est pour cela que
les enfants meurent. (En fait, c’est que le Père en a baptisé plusieurs à
l’article de la mort).
Le
Père Diego va trouver Cocho, discute avec lui et le convertit ; mais
celui-ci, quelque temps après, revient à ses premiers agissements et à
ses calomnies. Peut-être y a-t-il d’autres causes à cette hostilité des
populations : comportement des soldats ? mercantilisme des Espagnols ?
Pourtant, les gens savent faire la distinction entre les missionnaires
et les autres.
Néanmoins, un premier Jésuite est tué, le P. Médina, avec un compagnon, puis plusieurs catéchistes.
Malgré le danger, le Père sillonne les îles pour encourager ses confrères et les catéchistes.
Un jour, deux mille Chamorros l’attaquent à Agana où il se trouve avec une poignée de soldats espagnols.
Ceux-ci,
pour protéger l’église, construisent à la hâte une palissade. (Jusque
là, le Père n’en avait jamais voulu pour être plus proche des gens).
Plusieurs
fois, pendant le siège, le Père apparaît au-dessus de la palissade,
montrant un crucifix et faisant des propositions de paix ; ce à quoi on
lui répond par une volée de cailloux.
Les Espagnols arrivent à capturer le chef des assaillants mais le Père
le fait relâcher pour témoigner de ses intentions pacifiques.
Rien n’y fait. Au bout de quarante jours de siège, les soldats sont exténués.
Avec l’énergie du désespoir, ils tentent une sortie et, du coup, ils mettent en fuite les assaillants.
Et le Père de continuer ses missions, malgré les conseils de prudence.
Finalement,
avec un catéchiste, le bienheureux Pierre Calungsod, il est tué sur
l’île de Guam au village de Tumon par deux hommes qui ont pourtant,
jadis, bénéficié de ses bienfaits.
A l’un d’eux qui le frappe, le Père adresse en retour une parole de bénédiction : « Si yuus Maase » ‘Dieu a pitié de toi’.
Cette parole est devenue une formule courante de salutation jusqu’à nos jours.
Elle équivaut à ‘Bonjour’. (Pour le récit plus détaillé du martyre, voir la notice du Bx Pierre Calungsod.)
Bienheureux Pierre Calungsod
On
ne sait pas grand chose sur les premières années du bienheureux Pedro
Calungsod, sinon qu'il est né dans les Visayas (archipel des Philippines
centrales).
Jeune
catéchiste de 13 ou 14 ans, il accompagne les Jésuites espagnols qui
partent évangéliser les Chamorros dans les îles Ladrones, à l'Est des
Philippines (actuellement îles Mariannes).
Les conditions sont très dures: approvisionnement rare, jungle, etc., mais il y a de nombreuses conversions.
Aussi
ces îles sont-elles rebaptisées 'Îles Mariannes' en l'honneur de la
Vierge Marie et de la Reine d'Espagne, Maria Ana, leur protectrice.
Le succès même de l'entreprise excite la jalousie d'un guérisseur
chinois qui entraîne à sa suite des sorciers et des jeunes gens
corrompus.
Ébranlés par les calomnies contre les missionnaires, certains chrétiens apostasient.
Le
drame. – Le 2 avril 1672, Pedro, âgé d'à peu près 17 ans, accompagne le
supérieur de la mission, le Père Diego Luis de San Vitores sur l'île de
Guam (île principale des Mariannes).
Ils
arrivent le matin au village de Tomhom. Le Père propose à Matapang, un
ancien ami des missionnaires, de baptiser sa fille qui vient de naître.
Celui-ci
– qui a apostasié – refuse violemment, et, projetant de les tuer, il va
trouver pour l'aider un païen, Hirao, qui se rappelait la bonté des
missionnaires, mais qui finit par se laisser convaincre.
Pendant
ce temps, après avoir catéchisé les enfants du village avec des chants,
les deux missionnaires vont trouver la mère, une chrétienne, et avec
son consentement, ils baptisent la fillette.
En apprenant cela, Matapang redouble de fureur et transperce le corps
de Pedro, et Hirao l'achève. (Les missionnaires ne sont pas armés, le
Père diego l'avait refusé.)
Le
Père se précipite pour lui donner l'absolution et il est tué à son
tour. Les assassins traînent les corps jusqu'au rivage et gagnant la mer
en pirogue, ils les jettent, lestés de pierres, en eau profonde.
Quand
les missionnaires compagnons de Pedro apprennent sa mort, ils s'écrient
: "Heureux jeune homme ! Quelle belle récompense a-t-il reçu pour ses 4
années au service de Dieu dans cette difficile mission ! Il est devenu
le précurseur de notre supérieur, le Père Diego, au ciel !"
En fait c'est ce P. Diego qui sera béatifié le premier, en 1985.
Après une longue attente, les Philippins voient arriver le tour de leur compatriote: il est béatifié le 5 mars 2000.
En ce jour, le Pape le donne en exemple aux jeunes pour son courage, sa fidélité et son apostolat.
Béatification : 05.05.2000 à Rome par Jean Paul II
Fête : 2 avril.
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