Saint Roger († 1129) Saint légendaire vénéré à Barletta dans les Pouilles
Roger de Cannes, ou Saint Roger, en italien Ruggero di Canne (° vers 1060 - †1129), est un saint de l'Église catholique romaine qui a vécu dans le sud de l'Italie dans le XIIe siècle.
Saint Roger est fêté le 30 décembre, comme indiqué par le Martyrologe romain.
Il est l'un des patrons de l'archidiocèse de Trani-Barletta-Bisceglie.
Histoire et tradition
Fresque moderne de saint Roger, église du Saint Crucifix à Barletta
Nous ne connaissons quasiment rien de la jeunesse de Roger.
En
raison de son prénom, « Roger », inhabituel dans la région à cette
époque, on a pensé qu'il pourrait être d'origine normande, mais c'est
incertain.
Il fut évêque de Cannes (Cannae en latin, Canne en italien) en Italie, sa ville natale.
Il
a vécu et subi les ravages de la guerre, ravages causés lors des
nombreuses rébellions des barons normands refusant notamment l'autorité
de Robert Guiscard.
C'est
ainsi qu'en l'an 1083, Cannes fut ravagée et rasée par Guiscard afin de
punir la rébellion de son neveu Herman, comte de la cité.
Saint
Roger se montré serviable envers la population de la cité en
souffrance, allant chercher lui-même pieds-nus dans la campagne
environnante de quoi la nourrir.
Certains
documents de cette période montrent que le saint évêque était souvent
consulté par les papes Gélase II et Pascal II de régler certaines
questions de droit et de réprimer la rivalité entre les églises et les
communautés.
Il est décédé le 30 décembre 1129 et fut enterré dans la cathédrale de Cannes.
Ses reliques sont maintenant vénérées dans la ville voisine de Barletta, qui annexa Cannes en 1303, à la suite de son abandon progressif.
Noël est une fête chrétienne célébrant chaque année la naissance de Jésus de Nazareth, appelée Nativité.
À l'origine, cette fête était païenne et existait sous des formes différentes pour marquer le solstice d'hiver.
Au XXIe siècle,
Noël revêt un aspect largement profane. Elle est devenue une fête
commerciale et un moment de l'année célébré, y compris par des
non-croyants. Cette fête est caractérisée par un regroupement des
cellules familiales autour d'un repas et d'un échange de cadeaux,
particulièrement (mais pas seulement) à destination des enfants, qui
dans plusieurs pays occidentaux associent ces cadeaux au personnage
du Père Noël.
Noël est actuellement fixé au 25 décembre dans les calendriers grégorien et julien par la plupart des Églises.
Célébration
Sa
célébration à la date du 25 décembre, se situe dans le calendrier
julien pour les Églises orthodoxes, et dans le grégorien pour l'église
catholique romaine et protestante ; le jour de la saint Emmanuel, a été
fixée tardivement dans l'empire romain d'Occident, vers le milieu du IVe siècle.
C’est à partir du IIIe siècle que certaines communautés chrétiennes cherchent à situer dans l’année la date de naissance de Jésus.
Avant de la placer à la date d'une célébration solaire liée
au solstice d'hiver, de nombreuses dates furent proposées : 6 janvier
(correspondant à l'Épiphanie, date choisie par les Basilidiens vers la
fin du IIe siècle et reprise par les communautés chrétiennes d’Orient), 28 mars (mention dans De Pascha Computus,
un calendrier des fêtes datant de 243), 18 novembre (date proposée
par Clément d'Alexandrie)... Le 25 décembre marquait
depuis Aurélien (v.270) l'anniversaire du Sol Invictus et de la renaissance annuelle de Mithra.
Pour
des raisons symboliques, et dans un souci de christianiser les
anciennes fêtes païennes, cette date fut progressivement étendue à tout
l'Occident latin.
Les Églises
orthodoxes, qui ont conservé le calendrier julien, célèbrent Noël le 25
décembre de ce calendrier, ce qui correspond au 6 janvier du calendrier
grégorien.
Seule l'Église apostolique arménienne a conservé la date précise du 6 janvier comme jour de la fête de Noël.
Constituant
avec Pâques une des grandes fêtes chrétiennes, Noël s'est
progressivement chargé de traditions locales, mélanges d'innovations et
de maintien de folklore ancien, au point de présenter l'aspect d'une
fête profane populaire possédant de nombreuses variantes, dans le temps
comme dans l'espace.
L'association
de la mémoire d'une naissance a facilité la place centrale prise par la
famille dans le sens et le déroulement de cette fête.
L'Église catholique romaine insiste par exemple sur cet aspect depuis l'instauration en 1893 de la fête de la Sainte Famille, le dimanche suivant le 25 décembre.
Les
cadeaux, sous forme d'étrennes, semblent être une réminiscence des
cadeaux effectués lors des fêtes saturnales de décembre (strenae).
Le
don est présent dans de nombreuses traditions, comme celle de servir un
repas au premier pauvre croisé au jour de Noël, ou dans
l'exceptionnelle générosité des aumônes accordées aux mendiants à la
sortie de l'office célébré durant la nuit de Noël.
« La
période de Noël, qui est très chargée cérémoniellement, possède une
certaine intensité rituelle. Même si nous vivons fondamentalement dans
une société marchande, il y a dans cet échange de cadeaux quelque chose
qui est de l'ordre du don et qui est universel dans son principe : ils
créent, maintiennent et consolident des liens ; ils constituent en
quelque sorte une matrice du social.»
La popularité de cette fête a fait que Noël est devenu un patronyme et un prénom.
Étymologie
Le mot Noël (dont la première attestation écrite date de 1112) est issu par évolution phonétique (nael) et modification vocalique du latin natalis (« relatif à la naissance, natal »). Le o, remplaçant le a de l'ancien français nael, vient de la dissimilation des deux a de natalis tandis que le tréma (1718) note la diérèse.
La Nativité de Jésus-Christ
Traditionnellement,
la fête de Noël est la solennité de la nativité de Jésus-Christ, la
fête commémorative chrétienne de la naissance de Jésus de Nazareth qui,
d'après les Évangiles selon Luc et selon Matthieu serait né à Bethléem.
Les historiens hésitent pour leur part entre Bethléem et Nazareth sans qu'une des hypothèse parvienne à s'imposer.
Seul
l'Évangile selon Luc raconte cette naissance. L'Évangile selon
Matthieu ne fait que l'évoquer mais trace une généalogie à Jésus, tandis
que les Évangiles selon Marc et selon Jean débutent le récit de sa vie
par sa rencontre avec Jean le Baptiste.
Selon Luc
L'Évangile
selon Luc présente la naissance de Jean le Baptiste et de Jésus de
Nazareth dans une mise en parallèle. Le récit de la naissance de Jésus
au chapitre II raconte :
« 1En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre.2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.3Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville.4Joseph
aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en
Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu'il était de la
maison et de la famille de David,5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.6Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva,7et
elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans
une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans
l'hôtellerie.8Il y avait, dans cette même contrée, des
bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder
leurs troupeaux.9Et voici, un ange du Seigneur leur apparut,
et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis
d'une grande frayeur.10Mais l'ange leur dit: Ne craignez
point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le
peuple le sujet d'une grande joie:11c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.12Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche.13Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant:14Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée!15Lorsque
les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se
dirent les uns aux autres: Allons jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est
arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.16Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche.17Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.18Tous ceux qui les entendirent furent dans l'étonnement de ce que leur disaient les bergers. »
L'épisode
de l'annonciation aux bergers - traditionnellement considérés comme
impurs dans l'Antiquité juive - reprend le motif de l'adoration de
l'« Enfant-Roi » découverts par des pâtres, motif récurrent dans les
récits de naissance de la mythologie gréco-romaine, à l'instar des
naissances de Pâris, d'Œdipe ou encore de Romulus.
On trouve également des bergers dans les récits de la naissance de Mithra.
Le rédacteur propose la notion d'un Messie caché aux
puissants et aux savants et découvert par des gens simples, dont les
titres de « Sauveur » et de « Seigneur » - habituellement réservé à
l'empereur - suggèrent qu'il réussira à imposer une paix là où les
légions de Rome ont échoué.
Selon Matthieu
Dans l'Évangile selon Matthieu, l'accent est mis sur la naissance miraculeuse de Jésus :
« 1. 18Voici
de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère,
ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint
Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.19Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.20Comme
il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit:
Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta
femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit;21elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.22Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:23Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.24Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.25Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus. 2. 1Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem,2et
dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu
son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »
Hérode le Grand meurt, selon les sources, en -4 ou -1 et qu'on lui attribue l'épisode Massacre des Innocents ce
qui fait de lui le « candidat » le plus probable qui est mentionné dans
ce passage. Cette présentation du massacre est une réactualisation de
l'histoire de la persécution par Pharaon de Moïse, quoiqu'il s'appuie
peut-être sur une base historique.
Une date imprécise
Historiquement,
ni l'année ni le jour de la naissance de Jésus de Nazareth ne sont
connues. Les Évangiles ne donnent aucune précision quant à la date de sa
naissance.
Les
dates retenues concernant l'année de naissance de Jésus peuvent
osciller entre -9 et -2. Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc la
situent sous le règne d'Hérode le Grand dont le long règne s'achève en 4
avant notre ère. L'estimation généralement retenue par les historiens
actuels va de 7 à 5 avant notre ère.
Il
est paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus
Christ » : l'origine de l'ère commune est en effet censée être la
naissance du Christ. Mais ce début de l'ère chrétienne (l'Anno Domini), qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du Ier millénaire, a été fixé d'après les travaux du moine Denys le Petit réalisés au VIe siècle,
que l'on sait à présent être erronés et, si le calendrier historique a
été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée.
Fixation de la fête
La
naissance de Jésus (la Nativité) est traditionnellement fêtée le 25
décembre, à Noël, mais cette date est entièrement conventionnelle, et
n'a rien d'un « anniversaire ». Elle aurait été fixée dans l'Occident
latin au IVe siècle, possiblement en 354, pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus,
célébrée à cette date à l'instar de la naissance du dieu Mithra, né un
25 décembre ; le choix de cette fête permettait une assimilation de la
venue du Christ - « Soleil de justice » - à la remontée du soleil après
le solstice d'hiver. Avant cette date, la Nativité était fêtée le 6
janvier et l'est encore par la seule Église apostolique arménienne,
alors que l’Église catholique romaine y fête aujourd’hui
l’Épiphanie ou Théophanie.
La
fête de la naissance du Christ le 6 janvier, le jour de l'Épiphanie,
pourrait trouver son origine au sein de certaines communautés
chrétiennes d'Égypte au IIIe siècle. Il semble que
lesbasilidiens célébraient dès cette époque le baptême de Jésus à cette
date qui se confondait déjà avec sa naissance mais la question reste
débattue.
Selon
la tradition catholique, c'est le pape Libère qui, en 354, aurait
institué la fête de la Nativité à Rome le 25 décembre, date du Natalis Invicti ; il aurait également codifié les premières célébrations.
Beaucoup
de dates étaient proposées pour la naissance du Messie et il est admis
que la popularité des fêtes de Mithra au solstice d'hiver dans l'Empire
romain ait joué un rôle dans le choix de la date.
Les Églises
orthodoxes fêtent quant à elles Noël le 25 décembre du calendrier
qu'elles suivent (calendrier julien ou grégorien) et
le baptême du Christ le 6 janvier.
La tradition chrétienne de Noël s'inscrivant dans une démarche théologique, elle fête davantage l’évènement de
la naissance du Christ, plutôt qu'elle ne célèbre une date en
particulier ; dans cette optique, l'exactitude et la correspondance des
dates avec la réalité historique sont donc des éléments accessoires.
Aspect doctrinal
Dans le catholicisme
Dans
une allocution du 16 décembre 2004, Jean-Paul
Jaeger, évêque d'Arras explique le choix d'une date proche du solstice
d'hiver :
« Les évangélistes dont
un sur quatre seulement propose un récit de la naissance
de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente
pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël
au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est
magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin.
Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher.
Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui
brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité
engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit. »
Cette métaphore du
Christ identifié à une lumière nouvelle qui va éclairer le monde est
déjà présente dans l'évangile selon Jean (8:12). Elle est reprise
fréquemment dans les homélies du temps de Noël, par exemple celle du
pape Benoît XVI à l'occasion de Noël 2007 :
« Dans
l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est
venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les
temps ; c’est pourquoi, là s’allume la joie. »
Un jour aux origines antiques
Aucun
texte chrétien ne précise quel jour dans l'année est né Jésus-Christ.
Noël ne fait pas partie des fêtes suivies par les premiers chrétiens, et
ne figure pas dans les listes publiées par Irénée de
Lyon et Tertullien.
Au IVe siècle,
la date du 25 décembre a été choisie comme date pour la fête de Noël,
principalement dans le but de la substituer aux fêtes païennes qui
étaient d'usage à l'époque, comme la fête de la renaissance du Soleil
Invaincu, le solstice d'hiver, ainsi que les Saturnales romaines qui
avaient toutes deux lieu à la période du 25 décembre.
Françoise-Xavière Cabrini, ou plus simplement Mère Cabrini,
(née le 15 juillet 1850, à Sant'Angelo Lodigiano, dans la province de
Lodi en Lombardie (à l'époque en Autriche aujourd'hui en Italie) -
décédée 22 décembre 1917 à Chicago, États-Unis), était une
religieuse italienne, reconnue comme sainte par l'Église catholique et elle est commémorée le 22 décembre selon le Martyrologe romain.
Elle est la première sainte des États-Unis.
Biographie
Née en 1850, sainte Françoise-Xavière Cabrini était le treizième enfant d'une riche famille de cultivateurs lombards.
Institutrice
en 1872, elle rêvait d'être missionnaire en Chine, mais
aucune congrégation ne voulait d'elle en raison de sa santé fragile.
Elle décide donc, avec six amies, de fonder en 1880 sa propre congrégation, les Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur.
Mais
le pape Léon XIII ne l'autorise pas à aller en Chine, et lui donne pour
mission de s'installer aux États-Unis afin d'y aider les immigrants
italiens récemment installés.
Elle obéit donc, et fonde là-bas des hôpitaux, des dispensaires, des écoles et des communautés religieuses.
Naturalisée
américaine en 1909, elle meurt à Chicago en 1917, épuisée mais épanouie
par une activité incessante, en laissant trente maisons dans huit pays.
Son corps repose à New York dans la 196e rue.
Elle a également créé en France, en 1914, à Noisy-le-Grand, un orphelinat destiné à accueillir les filles des émigrés Italiens.
Cet orphelinat est devenu aujourd'hui un lycée, le lycée Françoise Cabrini.
Une autre partie de la propriété a été destinée à la construction d'une maison de retraite.
Les Hôpitaux Santa Cabrini de Montréal et de New York sont également nommés en son honneur.
La Mère des émigrés a été canonisée par la pape Pie XII dès le 7 juillet 1946.
Fête : le 22 décembre, jour de sa mort (le monde catholique dit : "jour de sa naissance au Ciel").
Sanctuaire national de Françoise-Xavière Cabrini (en) au Lincoln Park, Chicago
Par
stephen boisvert from Chicago, United States — St. Francis Cabrini
Shrine, Lincoln Park, Chicago, CC BY 2.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56730731
En 1996, elle est intronisée au National Women's Hall of Fame.
Sainte
Francesca-Saviero, née et baptisée à Sant’Angelo Lodigiano, au diocèse
de Lodi (Lombardie) le 5 juillet 1850, était la treizième enfant d’une
famille aisée de la banlieue milanaise, famille pleine de foi et de
piété.
Elle s’intéressa très tôt aux missions étrangères, surtout à celles de la Chine.
L’idéal de sa vie fut d’entrer dans une institution religieuse qui la conduirait en Extrême-Orient.
Elle fut élevée par les Filles du Sacré-Cœur et obtint les diplômes nécessaires pour enseigner.
Elle demanda à être admise au couvent du Sacré-Cœur, puis aux Sœurs de Canossa, consacrées aux missions d’Orient.
Ici et là, elle fut refusée à cause de sa santé fragile.
À
contrecœur, pour obéir à l’évêque de Lodi, elle accepta de diriger le
petit orphelinat la « Maison de la Providence » à Codogno, et six ans
passèrent ainsi, où « elle se consacra totalement au Seigneur (dans
l’œuvre missionnaire).
Elle
pris l’habit et, plus tard, conservant cependant le nom de Françoise,
elle voulut ajouter celui de Xavier, en mémoire du grand missionnaire
jésuite patron des missions ».
Avec
une demi-douzaine de jeunes filles de son orphelinat, elle fonda en
1874 l’Ordre des Missionnaires Salésiens du Sacré Cœur. L’approbation
épiscopale fut donnée le 29 décembre 1880 et l’institution entra
aussitôt en fonctions.
Des fondations s’établirent rapidement à Milan et dans diverses villes de l’Italie du Nord, puis à Rome.
Françoise se consacra entièrement à sa tâche, et en 1888 obtint l’approbation du pape pour sa congrégation.
L’Ordre prit alors le nom de l’Œuvre des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus.
Mère
Cabrini demandait « l’obéissance évangélique, la mortification, le
renoncement, la vigilance du cœur et le silence intérieur » et qu’à
cette époque « une surprenante floraison de vocations » eut lieu.
À
cette époque, le clergé en Italie se préoccupait de l’émigration
massive vers l’Amérique, l’exode de millions de paysans pauvres et
illétrés pouvant faire craindre bien des malheurs au point de vue social
comme au point de vue religieux.
Monseigneur
Scalabrini, évêque de Plaisance, s’attaqua à cette question, et fonda à
New York la Société de Saint-Charles pour secourir les émigrants.
Il fallait des religieuses. En 1887, se trouvant à Rome, l’évêque demanda à la Mère Cabrini de se charger de ce travail.
En
réponse à la demande du Pape Léon XIII de se rendre missionnaire « Non
pas de l’Orient mais de l’Occident », Mère Françoise Cabrini entreprit
sa mission d’évangélisation aux Etats-Unis, mais elle visita également
pour son apostolat aux émigrants, le Nicaragua, le Brésil, l’Argentine,
la France, l’Espagne et l’Angleterre.
En
1888, elle traversa l’Atlantique, à la demande de l’évêque de New York,
pour aider les immigrants italiens particulièrement nombreux.
Dotée
d’une « force de caractère extraordinaire », elle se dévoua au service
de ses compatriotes émigrés, d’abord aux Etats-Unis, puis également en
Amérique du Sud, à Buenos-Aires.
Elle
fit vingt-quatre fois la traversée de l’océan, elle qui dans son
enfance « tremblait en rencontrant un ruisselet d’eau ». Outre des écoles
de tous les degrés et des institutions charitables de toute sorte, elle
fonda quatre grands hôpitaux avec des maisons destinées aux
infirmières : un à New York, un à Seattle, et deux à Chicago.
Devenue
une sainte, et par le choix de Dieu, une sainte américaine, puisqu’en
1909 elle fut naturalisée citoyenne américaine de Seattle, sans l’avoir
demandé.
Elle fit tant qu’on la surnomma « mère des émigrants » et qu’elle est honorée sous ce vocable.
Elle mourut d’épuisement près de Chicago (USA) le 22 décembre 1917, après avoir accompli sa mission.
Sa
congrégation comptait un millier de membres répartis en huit pays.
Béatifiée le 13 novembre 1938 par Pie XI à Rome, elle fut canonisée le 7
juillet 1946 par Pie XII à Rome (ce fut la première sainte canonisée
par Pie XII), qui la déclara quatre ans plus tard, pendant l’Année
Sainte 1950, dans sa lettre apostolique du 8 septembre 1950, Patronne céleste, auprès de Dieu, de tous les émigrants du monde. Sa protection a été étendue aux « personnes déplacées ».
Sainte Wivine de Grand-Bigard,
née vers 1103 à Oisy
(maintenant Oisy-le-Verger), Pas-de-Calais (France) et décédée le 17
décembre 1170 à Grand-Bigard, Brabant flamand (Belgique), est
une ermite, moniale bénédictine et sainte brabançonne, considérée comme
la fondatrice du monastère de Sainte-Wivine à Grand-Bigard (en
neerlandais : Groot-Bijgaarden).
Elle est fêtée le 17 décembre.
Biographie
Gravure représentant Wivine de Grand-Bigard (XVIIe siècle ?)
Wivine était fille d'Hugues d'Oisy, de la maison des seigneurs d’Oisy.
Née de parents pieux elle souhaite dès l’âge de 15 ans ‘quitter le monde’ et se consacrer à Dieu dans la chasteté complète.
Parmi ses prétendants il se trouvait un certain aristocrate du nom de
Richard qui - écrit le biographe de la sainte - en fut affecté au point
d’en tomber malade.
Wivine obtient sa guérison avant de mettre son projet à exécution.
À 23 ans elle quitte la maison paternelle et, avec quelques compagnes,
se construit un oratoire et simple ermitage dans un bois près de
Bruxelles, à Grand-Bigard.
Comme
le nombre de ses disciples augmente, le duc Godefroid de Brabant lui
offre un terrain pour y construire un prieuré (1133).
La règle de saint Benoît y est adoptée, mais la fondation ne devient un prieuré que beaucoup plus tard (en 1245).
Les moniales se placent sous la tutelle de l’Abbaye d'Affligem (près d’Alost).
La fondation reçut très longtemps la protection et les faveurs de la famille ducale de Brabant.
Sur la fin de sa vie Wivine (qui était sans doute supérieure, même si
aucun document ne l’atteste) doit faire place à l’opposition de ses
moniales qui lui reprochent ses trop sévères austérités.
Wivine meurt à Grand-Bigard le 17 décembre 1170.
Culte et souvenir
Après sa mort le monastère de Grand-Bigard devint lieu de pèlerinage très fréquenté.
La vie de sainte Wivine inspira plusieurs écrivains des 15e et 17e siècles.
En
1719, les reliques de la sainte avaient été déposées dans une nouvelle
chasse en argent par Philippe van der Noot, évêque de Gand.
Le
19 mai 1755, le vicomte d'Angest, seigneur d'Ohain, offre à la paroisse
Saint-Etienne d'Ohain une partie de la mâchoire de la sainte, que sa
mère tenait de l'évêque de Gand ; l'évêque de Namur autorise
l'exposition et la vénération des reliques dans l'église et le village
devient un important centre de dévotion à sainte Wivine : entre autres,
une procession annuelle lui est dédiée annuellement une procession fin
septembre depuis 1755.
En
1805, la dernière abbesse de la communauté de Grand-Bigard vint déposer
au Sablon à Bruxelles les dernières reliques de Wivine. Elles s'y
trouvent toujours (2015).
Le
psautier de Wivine se trouve dans l’église Saint-Lambert d’Orbais (près
de Perwez) où se trouvait une confraternité dédiée à Sainte-Wivine.
On se souvient également de sainte Wivine à Chastre (chapelle), Sart-Risbart et Incourt (rue Sainte-Wivine) et Jodoigne.
La
sainte est invoquée contre la peste, la pleurésie, la fièvre, le mal de
gorge, et également contre les maladies graves affectant le bétail.
La
chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction est un édifice religieux
datant du Moyen Âge, situé à Villeneuve-lès-Avignon, dans le département
du Gard.
Historique
Travaux préalables (1342-1353)
Après
une carrière de juriste et de conseiller du roi de France Philippe IV
Le Bel, Étienne Aubert est nommé évêque de Noyon puis de Clermont et
enfin cardinal le 29 septembre 1342. Dès cette nomination et avant de
devenir pape sous le nom d'Innocent VI, Étienne Aubert achète rive
droite du Rhône une aire à battre les céréales située sur une petite
élévation rocheuse qui appartenait à l'abbaye Saint-André à
Villeneuve-lès-Avignon. Il s'y fait construire une résidence
cardinalice.
À
la mort de Clément VI, Étienne Aubert est élu pape sous le nom
d'Innocent VI le 18 décembre 1352. Mais cette nomination ne s'est pas
déroulée sans difficultés : en effet les cardinaux proposèrent d'abord
de nommer Jean Birel, général des chartreux. Pour certains auteurs Jean
Birel, dans sa grande humilité, déclina cette offre, pour d'autres
auteurs le cardinal Talleyrand de Périgord aurait fait comprendre à ses
collègues que cette nomination aurait renouvelé l'erreur commise au
conclave de 1294 avec l'élection de Célestin V, personnage certes vénéré
mais qui n'était pas l'homme qui convenait pour diriger l'Église.
Dès
cette élection, Innocent VI achète plusieurs parcelles adjacentes à
l'est de son palais. Il fait construire le grand tinel (salle de
réception) et la chapelle Saint-Jean-Baptiste qui sont décorés par
l'artiste Matteo Giovannetti. Dans les comptes de la chambre apostolique
de nombreuses mentions font état du palais de Villeneuve et de la
chapelle d'outre-Rhône pour diverses dépenses d'ameublement.
Fondation de la chartreuse
Innocent
VI, né au village des Monts sur le territoire de la commune de Beyssac
où se trouvait la chartreuse de Glandier, était très attaché à cet ordre
religieux. De plus, l'abnégation de Jean Birel ne pouvait qu'inciter le
pape à créer une nouvelle chartreuse. Dès le 26 janvier 1353, il fait
venir à Avignon deux religieux de la Grande Chartreuse manifestement
pour un projet de création d'une filiale à Villeneuve-lès-Avignon. De
décembre 1352 à septembre 1356, le pape fait procéder par
l'intermédiaire de son neveu le cardinal Ardouin (ou Ardoin) Aubert à
l'acquisition de terres situées à l'est de sa résidence qu'il avait fait
construire alors qu'il était cardinal. Le 2 juin 1356, une bulle papale
porte fondation d'une chartreuse contre les murs de son palais à
Villeneuve-lès-Avignon avec l'installation d'une communauté religieuse
d'une quarantaine de personnes.
Il
faudra quelques années pour construire le grand cloître dit du
cimetière entouré de treize maisons de moines, le petit cloître dit du
colloque, la salle capitulaire et l'église. La chartreuse paraît
terminée quant au gros œuvre lorsque le pape officialise la fondation de
la chartreuse et porte création d'une communauté comprenant douze
prêtres, un prieur, quatorze convers et neuf domestiques. Au cours d'une
grandiose cérémonie, l'église et le cloître sont consacrés le 19 août
1358 par le cardinal Guy de Boulogne en présence du souverain pontife,
de douze cardinaux, de nombreux prélats et chapelains qu'accompagnait
une foule de barons et de nobles. Le pape voulut être inhumé dans le
monastère qu'il venait de fonder. Le 29 octobre 1360, Innocent VI charge
le prieur Pierre de la Porte de construire une chapelle pour abriter
son tombeau. Celle-ci dédiée à la Sainte Trinité est élevée au sud de
l'église ; elle forme une abside pentagonale prolongée d'une travée de
nef.
La poursuite de l'œuvre
Le
palais personnel du pape Innocent VI brûle en 1365. Le cardinal Étienne
Aubert fils de Gautier Aubert, frère du pape Innocent VI mort en 1362,
fait transformer en cellules les bâtiments qui avaient été construits
par son oncle et qui n'avaient pas encore été intégrés à la chartreuse.
Ce neveu mourra en 1369 et un autre neveu du défunt pape, également
cardinal, Pierre de Monteruc (ou de Montirac), fils d'une sœur de
celui-ci, terminera les travaux en réalisant le cloître Saint-Jean bâti à
l'ouest du grand cloître et comportant douze nouvelles cellules.
L'église est également agrandie. Pierre de Monteruc sera inhumé en 1385
dans une des chapelles qu'il avait fait construire.
La chartreuse la plus riche du royaume
Le portail monumental
La
générosité de la famille des Aubert permet à la communauté cartusienne
d'accéder à la richesse. D'autres grandes familles locales font
également don à la chartreuse de terres et de bâtiments.
Dès
les premières décennies de sa fondation, la chartreuse reçoit des
domaines étendus et rémunérateurs situés à proximité sur la rive droite
du Rhône (Les Angles, Aramon), dans les îles du fleuve, sur la rive
gauche (Carpentras, Bédarrides) mais aussi dans des régions plus
éloignées relevant par exemple du diocèse d'Uzès. Ce patrimoine foncier
s'agrandit au XVIe siècle par
l'acquisition des étangs asséchés de Pujaut. Cette dernière opération ne
sera réalisée qu'après de grandes difficultés techniques et
financières. De 1611 à 1712, les chartreux consolidèrent les travaux
d'assèchement et cultivèrent la moitié de l'étang asséché ; ils
produisirent du blé, de l'orge, de l'avoine, du raisin et des feuilles
de mûrier pour l'élevage du vers à soie. Ces revenus confortables
permirent aux chartreux d'embellir leur monastère et de distribuer
régulièrement de la nourriture aux pauvres.
En
1649, un projet de portail monumental, envisagé quatre ans plus tôt
pour la chartreuse, est finalement réalisé par l’architecte François de
Royers de la Valfenière. En 1660, Louis XIV, le franchira en grand
cérémonial lorsqu'il viendra en visite à la chartreuse accompagné d'une
nombreuse suite, dont le cardinal Mazarin. Le 3 novembre 1691, les
chartreux commandent trente huit stalles pour le chœur de leur église au
menuisier-sculpteur avignonnais Charles Boisselin.
La période révolutionnaire
Les
ordres monastiques ayant été supprimés par la loi de février 1790, le
monastère de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon est mis en vente et
adjugé le 17 mars 1793 pour 103 000 francs à André Dufour de Pujaut qui
n'arrive pas à acquitter le prix. Le monastère est alors divisé en
dix-sept lots et vendu au cours d'une deuxième adjudication qui a lieu
le 20 juillet 1794. Les bâtiments sont alors transformés en maison
d'habitation ou utilisés à des fins agricoles ou d'élevage. Il se forma
ainsi une sorte de cité à l'intérieur de Villeneuve-lès-Avignon. Dès
lors les lots ne vont cesser de se morceler en de nombreuses parcelles.
Ainsi à la fin du XIXe siècle, on compte sur l'ensemble des quinze hectares 286 parcelles dont plus de la moitié à l'intérieur de la clôture.
La réhabilitation
En
1909, l'architecte Jules Formigé est chargé par les monuments
historiques d'effectuer un relevé des bâtiments et entreprend les
premiers travaux. L'État mettra plus de quatre-vingt ans pour acquérir
les différentes parcelles les unes après les autres.
En
1973, la chartreuse devient un centre culturel de rencontre avec la
création du Centre international de recherche de création et d'animation
(CIRCA). À partir de 1974, chaque été, sont organisées les « Rencontres
internationales d'été » au cours desquelles des artistes internationaux
ont présenté des spectacles : la danseuse-chorégraphe Carolyn Carlson,
le comédien Michael Lonsdale, le duo comique Philippe Avron et Claude
Evrard, ou le clown Jango Edwards, etc. En 1990 est créé le Centre
national des écritures du spectacle (CNES) dont la double mission est la
présentation du monument et l'accueil d'artistes.
Les bâtiments de la chartreuse
Plan de la chartreuse
Plan de la chartreuse
Légende :
Pavillon d'entrée
Cour des femmes
Entrée de la clôture, portail monumental
Allée des mûriers
Quartier des officiers (coadjuteur, procureur)
Accueil
Librairie
Place de l'église
Église Sainte-Marie chœur des pères avec abside effondrée
Chapelle de la Trinité avec tombeau d'Innocent VI
Chapelle Saint-Bruno
Église Sainte-Marie chœur des frères
Petit cloître
Chapitre
Logis du sacristain et rasure
Cellule d'un chartreux reconstituée et visitable
Grand cloître ou cloître des morts
Bugade et prisons
Jardin des senteurs
Chapelle des morts
Chapelle des fresques ou de Saint Jean-Baptiste
Grand tinel, salle de spectacle
Boulangerie
Hospice
Café, salon de thé
Cloître et fontaine Saint-Jean, emplacement de la cour du palais d'Étienne Aubert
Quartier et jardins des concerts.
La cour des femmes et la porte de la clôture
L'entrée de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon
L'entrée est un pavillon remanié au XVIIIe siècle avec réemploi des blasons d'Étienne Aubert, Pierre de Monteruc et de l'ordre cartusien martelés à la Révolution.
La
cour des femmes ou la cour des communs constituait une séparation entre
le monastère et le monde extérieur. Au fond à gauche se trouve la rue
de l'Armelier qui donnait accès aux livraisons de bois et denrées
diverses. Au fond à droite une autre ruelle desservait les greniers.
La
cour des femmes débouche sur la porte de la clôture, œuvre de François
Royers de la Valfenière et du sculpteur Barthélemy Grangier. Cette porte
monumentale a été commandée par le prieur dom Chryssante Paulin et
réalisée de 1648 à 1649 sous le prieurat de son successeur dom Louis de
Lauzeray. Le pot de fleurs et de fruits placé au sommet de la porte
représente des feuilles d'acanthe et des grenades ; il a été déposé lors
des restaurations de ce portail d'entrée effectuées en 1990-1991. Une
copie exécutée par l'atelier Jean-Loup Bouvier a remplacé l'original qui
a été déposé dans une allée du grand cloître.
L'allée des mûriers
L'allée des mûriers
Cette
allée conduit à l'ancien logis du prieur où se trouve actuellement
l'accueil des visiteurs. L'allée des mûriers longe le quartier des
convers constitué de divers locaux bâtis de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle.
La construction de ces bâtiments nécessita l'édification d'une cave
colossale dite « cave des vingt-cinq toises » sur la voûte de laquelle
furent construites les habitations des convers afin qu'elles soient au
même niveau que les autres bâtiments.
L'église conventuelle
L'église
Cette
église dénommée Saint-Jean-Baptiste, puis Sainte-Marie, a été édifiée
par le pape Innocent VI. À sa création (1353-1356) elle ne comportait
qu'une unique nef et trois travées, ce qui était suffisant pour les
douze pères et les frères. Cette église sera agrandie une première fois
en 1360-1361 pour abriter le tombeau de ce pape avec la construction au
sud de l'église d'une nouvelle abside pentagonale et d'une travée de
nef. Cette construction sera prolongée en 1363-1365 par la réalisation
d'une deuxième et troisième travée. Enfin, en 1372, à l'ouest des deux
nefs, sera réalisée une troisième travée réservée au chœur des convers.
L'église a perdu au XIXe siècle
son abside qui s'est effondrée. L'ensemble offre un spécimen typique de
l'art des maîtres tailleur de pierre avignonnais du XIVe siècle.
Certaines pierres du mur latéral portent des signes divers qui sont en
fait la signature des maçons (des marques de tâcheron), ce qui
permettait de les payer en fonction du travail effectué. Les doubleaux
et les nervures retombent sur des culots sculptés.
Le petit cloître et la salle du chapitre
La salle du chapitre
Le
petit cloître appartient à la première période de la fondation de la
chartreuse ; sa galerie méridionale est dite « du colloque » car les
dimanches et jours fériés, les religieux pouvaient y rompre le silence
pendant un court moment. Bien que d'un style dépouillé, ce cloître était
le plus luxueux de l'ensemble monastique.
Par
la galerie est, on accède à la salle du chapitre voûtée de deux travées
d'ogive. C'était le lieu de confession et de lecture de la règle de
l'ordre. Cet espace dénudé à l'origine connut à l'âge classique la même
évolution que l'église en recevant une riche décoration de tableaux qui
sont conservés, pour ceux qui n'ont pas été perdu durant la période
Révolutionnaire, au musée Pierre-de-Luxembourg de
Villeneuve-lès-Avignon. Enfin dans cette salle on peut remarquer un
culot sculpté représentant un moine et un bouc, ce dernier étant un
symbole du diable.
Les cellules
Chambre d'une cellule
À
côté de l'entrée de chaque cellule, une petite porte de bois sert de
passe-plat. Le passage est ménagé dans le mur de façon oblique, de sorte
que les frères ne pouvaient pas se voir et n'étaient pas tentés de se
parler. Chaque cellule se compose de trois pièces : une pièce dévolue
aux travaux manuels, un Ave Maria, sorte de petit sas doté d'un autel
par lequel on rentre dans la cellule, et une chambre (cubiculum). Depuis
la pièce consacrée aux travaux manuels, un escalier permet d'accéder à
un balcon pour prendre l'air.
Le cloître des morts
Le grand cloître, ou cloître des morts
Au
centre de ce cloître se trouve un grand espace vert qui servait, dans
sa partie sud, de lieu de sépulture des moines qui étaient enterrés à
même la terre ; c'est pour cela qu'en bordure de ce cimetière est
construite la « chapelle des morts ». Tout autour, le long des trois
galeries, se trouvent les douze cellules de la première fondation. Ces
cellules qui étaient à l'origine probablement en bois, ont fait l'objet
d'une réfection en 1610.
Les
cellules des moines sont aujourd'hui habitées par divers invités
(acteurs, metteurs en scène) du Centre national des écritures et du
spectacle, à l'exception d'une seule (dite « cellule témoin ») qui a été
réaménagée et se visite .
La bugade et la prison
La bugade
La bugade, pièce où l'on blanchissait le linge, a été restructurée au XVIIe siècle.
Elle est entourée de sept cellules de prisonniers, trois au
rez-de-chaussée, attenantes à la bugade, et quatre à l'étage. D'une
surface de 12 m2 environ, les cellules sont dotées d'une cheminée. Le
pénitent avait à sa disposition une table et un lit. Dans le mur de
chaque cellule, une lucarne est aménagée qui pointe vers un autel situé à
l'étage, ce qui permettait au frère emprisonné de suivre l'office.
La chapelle des fresques et le grand tinel
Cette
chapelle située au sud du grand cloître appartient, ainsi que le tinel
voisin, au palais que s'était fait construire Étienne Aubert avant de
devenir pape sous le nom d'Innocent VI.
Cette
chapelle est réduite à une abside à cinq pans dont les murs ont
conservé de belles fresques réalisées par Matteo Giovannetti, peintre
attitré des papes Clément VI et Innocent VI. Des fresques similaires se
trouvaient également sur les murs du tinel transformé en réfectoire lors
de son incorporation à la chartreuse et actuellement utilisé en salle
de réunion ou de spectacle ; elles ont disparu en totalité à l'exception
de quelques vestiges sur les embrasures de certaines fenêtres. Seule la
chapelle conserve donc ces fresques.
La
voûte de la chapelle présentait dans chacun de ses compartiments deux
anges opposés debout sur des nuages sur fond d'azur (repère « F ») : il
n'en reste que de faibles fragments. Le soubassement de chaque pan est
décoré de panneaux imitant le marbre. Les fresques se trouvent à hauteur
des fenêtres et au-dessous de l'appui de certaines d'entre elles.
Schéma de la répartition des fresques
Le mur est
Sur ce pan de mur sont représentées les scènes suivantes :
en
haut à gauche (repère « 1 »), l'apparition de l'ange annonçant à
Zacharie que sa femme Élisabeth mettra prochainement au monde un fils
Jean. L'ange aux ailes diaprées s'adresse à Zacharie dont il est séparé
par un autel ; les paroles sont inscrites sur un phylactère qu'il tient
dans sa main gauche ;
en
haut à droite (repère « 2 ») est représentée la scène classique de la
Visitation : les deux parentes, la Vierge Marie et Élisabeth, s'avancent
l'une vers l'autre pour s'embrasser. Divers personnages assistent à
leur rencontre : une servante qui apparaît par une porte entrebâillée
peinte dans l'embrasure de la fenêtre et Zacharie placé derrière
Élisabeth, entre des colonnettes encadrant une baie ;
à
gauche (repère « 3 ») figure la naissance de Jean : quelques parties de
cette scène ont disparu ; dans une chambre de riche architecture
italienne, Élisabeth est couchée dans son lit, assistée d'une servante.
Une autre à la chevelure ornée de perles lui apporte de la nourriture.
Au premier plan, une autre servante assise baigne le nouveau né et
l'emmaillote. La Vierge debout discute avec une femme tournée vers
elle ;
à
droite (repère « 4 ») sont représentées deux scènes peintes chacune à
l'intérieur d'une ogive : à gauche l'enfant porté par une femme est
présenté à un homme qui procédera à la circoncision tandis qu'à droite
quatre juifs demandent à Zacharie le nom qui doit être donné à l'enfant ;
au-dessous
de la fenêtre (repère « A »), à gauche, un pape est représenté debout,
coiffé d'une tiare, portant une chape violette doublée de rouge et
tenant un phylactère : il s'agit probablement d'Innocent VI ;
également
au-dessous de la fenêtre (repère « B ») mais à droite sont représentés
trois diacres : celui du milieu tient une bourse à la main tandis que
les deux autres sont tournés vers lui. Celui de droite est saint Laurent
car il tient un gril dans sa main droite.
Les fresques du mur est
Apparition de l'ange à Zacharie
La Visitation
Naissance de Jean-Baptiste
Circoncision de Jean-Baptiste
Un Pape
Les trois Diacres
Le mur nord-est
Ce
panneau étant plus étroit que le précédent, l'artiste n'a pu
représenter que quatre apôtres repère (repères « C1 » à « C4 »), deux
l'un au-dessus de l'autre placés de part et d'autre de la fenêtre.
Le
registre inférieur au-dessous de la fenêtre (repère « E ») est décoré
d'une fresque représentant Innocent VI adorant la Vierge ; celle-ci
vêtue d'un grand manteau bleu présente au pape agenouillé l'enfant Jésus
debout sur ses genoux et tenant un phylactère. La figure du pape est
effacée ; la tiare est posée devant lui.
Le mur nord
La Crucifixion
Ce panneau représente également quatre apôtres (repères « C5 » à « C8 »)dans le registre supérieur.
Au-dessous
de la fenêtre, une fresque représente la crucifixion (repère « D »).
Sur un fond gris, le corps du Christ en croix est représenté amaigri. La
croix est dressée entre la Vierge à gauche et saint Jean l'évangéliste à
droite. Derrière la Vierge enveloppée d'une longue robe d'un bleu passé
et les mains posées l'une sur l'autre, est figuré saint Jean-Baptiste
avec un manteau rouge sur une robe en poil de chameau.
Derrière saint
Jean l'évangéliste, les mains croisées dans une crispation angoissée,
est représenté un évêque en chape verte sur une robe blanche.
Devant
cette fresque de la crucifixion était placé jadis l'autel où le pape
officiait.
Le mur nord-ouest
Sur ce pan de l'église sont seulement représentés quatre apôtres (repères « C9 » à « C12 »).
Le mur ouest
Scènes de la vie de Jean-Baptiste
Ce
mur est le pendant du mur est et représente également d'autres scènes
de la vie de saint Jean-Baptiste. Sur cette face l'artiste a pu disposer
de plus de surface car la fenêtre a été dès l'origine aveuglée mais
avec conservation du décor architectural. La fresque a été très altérée
et il n'y a plus rien dans la partie inférieure. On peut distinguer les
scènes suivantes :
Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain (repère « 5 ») ;
Les aveugles voient, les boiteux marchent (repère « 6 ») ;
Le Festin d'Hérode (repère « 7 ») ;
La Décollation de Jean : le bourreau vient de trancher la tête du saint (repère « 8 ») ;
Salomé présente sur un plat à Hérodiade la tête de Jean-Baptiste (repère « 9 ») ;
Ensevelissement
de Jean-Baptiste par quatre de ses disciples (repère « 10 ») : le
personnage barbu et le paysage avec orangers et lauriers sont du plus
grand intérêt. Une femme en deuil peinte dans l'embrasure de la fenêtre
entre en scène par une anfractuosité rocheuse qui donne accès au
tombeau.
Le cloître Saint-Jean
Le cloître Saint-Jean et sa fontaine couverte
Le
cloître Saint-Jean est situé à l'emplacement de l'ancienne cour du
palais du cardinal Aubert. Après qu'il a été détruit par un incendie, le
petit neveu d'Aubert y installe douze cellules de moines. Le centre du
cloître est occupé par une fontaine qui distribuait en eau l'ensemble de
la chartreuse. Depuis le bassin de la fontaine, une canalisation
alimentait, en sous-sol, le cloître des morts, la cour du sacristin et
le quartier des convers. Le bassin, couvert d'un édicule de la fin du XVIIIe siècle, date du XVIIe siècle.
Le mobilier de la chartreuse
La
chartreuse n'a conservé aucun mobilier car après la Révolution elle a
été transformée en de nombreuses habitations. Mais un prêtre de
Villeneuve-lès-Avignon, Jean-Baptiste Lhermite, a pu sauver de
nombreuses œuvres d'art en les entreposant dans deux lieux de culte
autorisés : la collégiale Notre-Dame et la chapelle de l'hospice. À
l'initiative de l'évêque de Nîmes et du maire, un musée est créé dans
l'hospice en 1868 pour rassembler cette collection. Ce musée sera
transféré en 1986 dans un hôtel particulier aménagé au XIIe siècle
par l'architecte François Régis de Valfenière pour le compte de la
marquise de Boucoiran. Cet hôtel ayant été réalisé dans l'ancien palais
du cardinal Annibal de Ceccano et du cardinal Pierre de Luxembourg mort à
dix-neuf ans en 1387, le musée prendra le nom de ce dernier cardinal.
Certains tableaux ont été perdus mais leur existence est connue grâce à
un inventaire du mobilier dressé pendant la Révolution le 7 janvier
1791.
Les tableaux
La
chartreuse possédait un grand nombre de tableaux peints par des
artistes majeurs parmi lesquels on peut citer les peintres suivants :
Enguerrand
Carton : Le Couronnement de la Vierge. L'artiste reçut commande le 23
avril 1453 d'un retable pour la chartreuse et signa jour-là un prix-fait
par devant notaire avec Jean de Montagnac, chanoine de l'église
Saint-Agricol d'Avignon. Au terme de cet accord le tableau devait être
placé dans la chapelle d'Innocent VI : il y restera jusqu'à la
Révolution et se trouve être actuellement la pièce maîtresse du musée
Pierre-de-Luxembourg. L'artiste emploie des couleurs éclatantes qui
soulignent la grandeur de la scène où la Vierge domine cette
composition. Dans ses Notes d'un voyage dans le midi de la France,
Prosper Mérimée décrit ainsi le tableau : « Le Père et le fils, en
longues robes pourpres, occupent le haut de la composition. Leurs têtes
sont de la plus grande beauté […] Entre eux le Saint Esprit [symbolisé
par une colombe] plane les ailes étendues dont les extrémités effleurent
les bouches du père et du fils formant ainsi une espèce de trait
d'union qui m'a rappelé l'Amour du tableau de Pygmalion par Girodet.
Au-dessous est la Vierge drapée de blanc et à moitié enveloppée dans les
robes des deux personnages principaux de la Sainte Trinité […] » ;
Cesare
Gennari : ce peintre a réalisé trois tableaux qui se trouvent
actuellement dans les réserves du musée, à savoir L'Annonciation, La
Nativité et L'Adoration des Mages. Le premier tableau se trouvait dans
l'abside de l'église tandis que les deux autres étaient dans le chœur ;
Reynaud
Levieux : cet artiste réalisa plusieurs tableaux pour la chartreuse,
dont Le Christ en croix avec la Vierge, saint Jean et sainte Madeleine,
La Sainte famille et La Déploration du Christ par les anges, conservés
au musée Pierre-de-Luxembourg, et Le Christ en croix avec la Vierge,
sainte Madeleine, saint Jean et saint Étienne qui se trouve dans la
collégiale ;
Nicolas
Mignard : il réalise plusieurs tableaux dont La Sainte Vierge
(localisation inconnue), Jésus au temple (1649) également appelé Jésus
au milieu des docteurs, Sainte Anne et la Vierge avec saint Bruno (1639)
et le Mariage mystique de sainte Catherine (1651). Ces trois derniers
tableaux sont au musée Pierre-de-Luxembourg. Enfin, le palais des papes a
acquis Saint Michel terrassant les anges rebelles qui se trouvait dans
la chapelle funéraire de Pierre de Monteruc ;
Nicolas Colombel : Saint Bruno, au musée Pierre-de-Luxembourg ;
Philippe
de Champaigne : ce peintre qui travailla pour plusieurs chartreuses a
réalisé pour celle-ci La Visitation et Le Christ en croix, tous deux au
musée Pierre-de-Luxembourg ;
Jacques Blanchard : Tobie rendant la vue à son père, actuellement dans la collégiale de Villeneuve ;
Guido
Reni : L'Annonciation avec saint Charles Borromée, tableau perdu qui se
trouvait dans la chapelle funéraire de Pierre de Monteruc ;
Simon
de Mailly, dit Simon de Châlons : Mise au tombeau avec Innocent VI et
Pierre de Monteruc (1557). Ce tableau représente sept personnages
entourant le corps du Christ qui va être déposé dans le tombeau (musée
Pierre-de-Luxembourg). L'exécution de ce tableau, ses portraits et ses
étoffes sont influencés par la région des Flandres ;
Œuvres provenant de la chartreuse
Reynaud Levieux, La Crucifixion, collégiale Notre-Dame de Villeneuve-lès-Avignon
Reynaud Levieux, La Sainte famille, Villeneuve-lès-Avignon, musée Pierre-de-Luxembourg
Nicolas Mignard, L'Annonciation avec saint Charles Borromée, Villeneuve-lès-Avignon, musée Pierre-de-Luxembourg
Nicolas Mignard, Sainte Anne, la Vierge et un chartreux, Villeneuve-lès-Avignon, musée Pierre-de-Luxembourg
La
chartreuse possédait un mobilier de qualité. Le musée Calvet d'Avignon
conserve quelques objets en provenance de celle-ci : on peut citer un
grand panneau sculpté des stalles du chœur des pères, ainsi que l'aigle
du lutrin, œuvre de François Gasse de Rouen.
Le musée Pierre-de-Luxembourg possède une armoire hollandaise du XVIIe siècle
qui abritait des croix de procession et des bustes en argent. Cette
armoire de style Louis XIII est haute et massive avec des colonnes
tournées en spirale et des pieds en sphère aplatie ; les colonnes
apparentes séparent les deux vantaux de façade et les latéraux. Chaque
vantail est décoré de deux pyramides tronquées dont le sommet est décoré
de motifs floraux en ivoire, ébène et autres essences tandis que des
motifs d'acanthe ornent l'entablement inférieur et la corniche
supérieure. Parmi les fleurs représentées, on peut reconnaître le lis,
l'œillet et la tulipe, chacune des fleurs étant noué d'un ruban.
L'armoire ne possède pas de ferrure, l'ouverture des vantaux étant
assuré par un basculement de la colonne centrale.
La
collégiale Notre-Dame de Villeneuve-lès-Avignon possède le maître autel
de la chartreuse qui a été sculpté en 1745 par Antoine Duparc. Le
soubassement de cet autel est décoré d'un bas-relief représentant le
Christ mort en marbre de Carrare. L'une des décorations les plus
remarquables de cet autel est le Golgotha de marbre de Carrare
surmontant le tabernacle ; deux angelots éplorés accostent la croix
sommitale.
La bibliothèque de la chartreuse
Le
pape Innocent VI fit don à la chartreuse de plusieurs livres parmi
lesquels on peut citer des Bibles, des œuvres de saint Jérôme, saint
Augustin (Cité de Dieu), Grégoire le Grand (Dialogues), Bernard de
Clairvaux (Traité sur le Cantique des cantiques), Innocent III
(Sermons), des lettres de Sénèque et des ouvrages de droit canon. Ce
fonds initial sera rapidement enrichi par des dons divers dont celui du
cardinal de Poitiers, Guy de Malesset (ou Malesec), qui laissera en 1407
d'autres ouvrages tel que Les méditations de saint Anselme.
Cette
bibliothèque l'emportait sans doute sur toutes celles des autres
chartreuses de la région malgré les dons importants de livres qu'elle
avait consentis à la fin du XIXe siècle au bénéfice de sa filiale la chartreuse de Marseille. Au milieu du XVIIIe siècle,
le marquis de Cambis-Velleron mentionne 3 500 volumes rassemblés dans
une pièce, mais un nombre aussi important devait être dispersé dans
toute la chartreuse. L'inventaire dressé le 7 janvier 1791 mentionne
9 200 volumes. Cette bibliothèque qui a été confisquée pendant la
Révolution, était restée en grande partie sur place. Elle fut vendue en
1852 par la municipalité de Villeneuve-lès-Avignon.
Le tombeau d'Innocent VI
Le tombeau du pape Innocent VI
Parmi
les tombeaux des différents papes d'Avignon, seul celui d'Innocent VI
est parvenu jusqu’à nous en très bon état malgré de nombreuses
vicissitudes. En effet, il a été vendu à la Révolution. Au cours d'un
voyage réalisé en 1834 dans le midi de la France, Prosper Mérimée a pu
admirer ce tombeau qui était « dans une pauvre masure appartenant à un
vigneron. Des tonneaux, des troncs d'olivier, des échelles énormes sont
entassés dans le petit réduit où se trouve le mausolée […] Autrefois un
grand nombre de statues d'albâtre ornait le soubassement ; elles ont été
vendues une à une ; de plus, le propriétaire de la masure a défoncé ce
soubassement pour s'en faire une armoire. »
À
la suite des protestations de Mérimée, le tombeau sera transféré
l'année suivante par les soins de la municipalité de
Villeneuve-lès-Avignon dans la chapelle de l'hospice. Il retrouvera en
1959 sa place d'origine dans la chapelle funéraire accolée au flanc sud
de l'église de la chartreuse.
L'ensemble
du monument est en pierre de Pernes. Le pape est représenté sous la
forme d'un gisant en marbre blanc, les pieds posés sur un lion couché ;
il est placé sur un cube massif décoré d'arcatures et de niches où se
logeaient les statuettes disparues. La tête d'Innocent VI est coiffée de
la tiare à triple couronne. Le dais est supporté par huit grands
piliers décorés d'arcatures sur la face extérieure desquels des niches
sont aménagées : douze statuettes, aujourd'hui disparues, y étaient
logées. La partie supérieure du dais comporte trois clochetons abritant
chacun une statue d'albâtre représentant au centre le Christ tenant un
globe en main, avec de part et d'autre saint Pierre et saint Paul ; ce
dernier, portant un glaive nu et un livre, est représenté avec une
grande barbe et un crâne chauve ce qui permet de l'identifier.
Innocent
VI a fait exécuter ce tombeau de son vivant et, dès le mois de décembre
1361, il charge de sa construction Bertran Nogayrol, directeur de
l'œuvre des palais pontificaux. Le sculpteur du gisant est Bartholomé
Cavallier.