Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, avec une crypte en voûte surbaissée datant du XIIe siècle comportant des fresques du XIVe siècle,
représentant la Crucifixion et Christ en majesté, une procession de
fidèles, des anges thuriféraires...récemment restaurées.
Pour
visiter s'adresser à la mairie les lundi, mardi, jeudi, vendredi de 14 h
30 à 16 h 30, premier et troisième samedi de 9 h à 11 h
L'abbaye de Reigny
est une ancienne abbaye cistercienne située sur un domaine de 14
hectares en bord de la Cure, entre Vermenton et Lucy-sur-Cure dans
l'Yonne, en France.
Reigniacum est un ancien site gallo-romain sur lequel fut édifiée l'abbaye.
Histoire
Maquette de l'abbaye de Reigny
L'histoire commence en 1104, lorsque deux ermites, Girard et Guérin s'isolent en un lieu dit La terre de saint Pierre à proximité de Joux, que leur donnent les sires Anséric d'Avallon et Guy de Noyers.
Peu de temps après, ils reçoivent des mêmes seigneurs un bois situé à peu de distance que l'on nomme Fons Humidus, ou encore Fontesmes ou Fontemoy.
Ces donations seront confirmées en 1105 par le duc Hugues II de Bourgogne(1085-1143).
Par son exemplarité, la communauté attire de nombreux adeptes et ils construisent un petit monastère.
Avec leur chef spirituel Julien, qu'ils ont élu comme abbé, ils rejoignent l'ordre cistercien en 1127.
La
tradition veut que Julien meurt en 1128, et que c'est après cet
événement que Bernard de Clairvaux dépêcha un de ses moines, Étienne de
Torcy pour maintenir la petite communauté.
Les frères le prendront pour abbé, et il décide de l'implantation de la nouvelle abbaye à Rigny, sur les bords de la Cure.
L'abbaye
de Reigny fut fondée à Vermenton le 30 novembre 1134 sous l'autorité de
Bernard de Clairvaux, par l'abbé Étienne de Torcy, moine de Clairvaux,
et un groupe de douze moines de Fontemoy au diocèse d'Autun, qui
venaient d'embrasser la règle de l'ordre cistercien.
Elle était située sur les terres des comtes d'Auxerre et de Nevers et dépendait du diocèse d'Auxerre.
Le
premier dimanche de décembre 1134, Étienne de Torcy fit procéder à la
translation des corps des deux ermites fondateurs de la communauté de
Fontemoy qu'il place dans un même tombeau dans la salle capitulaire de
l'abbaye.
Bénéficiant
de la protection du pape Eugène III en 1147, elle a connu un
développement important au Moyen Âge, comptant jusqu'à trois cents
moines.
Ceux-ci vont gérer un vaste domaine agricole s’étendant des terres et bois de Puisaye jusqu’aux vignes du Tonnerrois.
Ils dirigent dix granges, qui concentrent toutes les productions environnantes, et des celliers ou des moulins.
Les
donations de la noblesse locale sont très nombreuses parmi eux : les
seigneurs d'Arcy, d'Avallon, de Châtel-Censoir, de Chastellux, de
Montréal, de Noyers et de Toucy, comme le comte d'Auxerre et le duc de
Bourgogne.
Le domaine doit fournir la nourriture des moines, grâce aux céréales, poissons et vins.
Le
reste des productions est soit transformé dans la tuilerie, la tannerie
ou la forge de l’abbaye, soit commercialisé sur les marchés locaux pour
le surplus de céréales ou sur les foires de Champagne et de Paris, pour
le vin et le bois.
En
1295, Eudes Besors de Villarnoult, moins bien disposé que ses ancêtres
envers les moines, leur intente un procès que ceux-ci gagnèrent par la
sentence du bailli d'Auxerre, Pierre d'Ostun.
L'abbaye passe sous la protection du roi de France Charles V dès 1370.
En 1493, Charles VIII la transforme en fondation royale.
Architecture
Le réfectoire et le dortoir des moines
L'église abbatiale
Dans l'église abbatiale construite vers 1162, les moines fondent un autel en reconnaissance des bienfaits du seigneur Guy Ier Besors, sire de Villarnoult, où l'on célébrait chaque semaine une messe à son intention et à perpétuité.
C'est dans cet édifice qu'au pied du maître autel reposait depuis 1237 Guy II Besors, seigneur de Villarnoult.
Cette première église est détruite par les Huguenots en 1587, il n'en subsiste que les fondations.
Elle était orientée est-ouest et on accédait au cloître qui se trouvait au sud.
Une
seconde église est bâtie de 1759 à 1765 par Claude-Louis d'Aviler,
architecte à Paris, et Pochet, entrepreneur à Auxerre, puis par
l'architecte Claude Nicolas Ledoux à la mort de Daviler en 1764.
Elle sera détruite à la Révolution.
Le réfectoire
L'exceptionnel réfectoire cistercien du XIVe siècle,
avec son élégante nef à double travée qui a conservé sa polychromie
d’époque, est l'un des trois de ce type subsistant en France.
Le cloître
Le cloître sera détruit, lui aussi, à la fin du XVIIIe siècle.
Le dortoir
La salle et le dortoir des moines, dont on visite l’enfilade des salons et la salle à manger qui ont été transformés au XVIIIe siècle, sont magnifiquement meublés.
Le colombier
Le colombier, imposant par sa taille, date du XVIIe siècle. Il compte trois mille cinq cent boulins en terre cuite et deux échelles pivotantes.
Liste des abbés
1128 :
Étienne de Toucy, premier abbé envoyé par Bernard de Clairvaux. Il
était de la Maison des barons de Toucy. Il meurt le 26 mai 1162.
(...)
1364 :
Jean III. En 136, il revend le Bois de Chazan et celui de Vau-Marin
pour faire réparer sa maison et payer sa rançon aux Anglais.
(...)
dernier quart du XVe s. : Claude de Dinteville. Il devient ensuite abbé de la Ferté-sur-Grosne.
Armoiries
« De sable à un pale d'argent chargé d'un cœur de sinople », surmonté de la crosse de l'abbé.
Propriétés
1127 :
Joubert Chapel, ou Chapeau, noble auxerrois, vend aux moines les biens
qu'il possède à Reigny pour la somme de 60 livres ;
1177 : l'abbaye reçoit de Guy Ier
Besors, seigneur de Villarnoult, des terres lui appartenant à
Quarré-les-Tombes, donation ratifiée la même année par les barons de
Lormes et de Chastellux, dont elles mouvaient en fief. Trinquelin : Triclinum sur la rivière du même nom et Vau-Marin, Vallis Marini,
formaient une terre en toute justice appartenant à l'abbaye. Le
monastère la tenait de la pieuse libéralité des seigneurs du voisinage ;
1186 :
Régnier de Chastellux, du consentement de sa femme Agnès, donna la
moitié du Bois de Chazan, celui de Vau-Marin que l'abbé Jean III
revendit en 1364, pour réparer sa maison et payer sa rançon aux Anglais.
Les moines reconnaissant de ce bienfait offrirent à Régnier deux cents
agneaux, un palefroi et dix sous de rente, sa vie durant ;
1190 : donations de la part de la Maison de Quarré ; Arlérius, André et Jean de Quarré, de Quarreiâ
léguent à l'abbaye à cette date la moitié du Bois de Chazan à
Trinquelin, divers droits d'usage et pacage, alors qu'ils décident de se
croiser à Vézelay la même année, répondant à l'appel du roi de France
Philippe-Auguste. L'autre partie de ce bois étant déjà leur propriété ;
1295 : avant cette date, terres à Saint-Léger-de-Fourcheret ;
Fief de Sommant.
Granges
Celliers
Moulins
Maisons de ville
Beauvoir ou Grange-Sèche en Puisaye
Chablis
Arcy
Auxerre
Essert (Plateaux de Bourgogne)
Clamecy
Barjot
Clamecy
Fontemoy
Vaux
L'Étang
Champlive
Oudun
Vincelles
Magny
Paris
Reigny
Vincelottes
Clamecy
Provins
Charbonnières en (Terre-Plaine)
Tonnerre
Trinquelin (Morvan)
Vauvrette
Chaux (Morvan)
Serault (Morvan)
Postérité
Des
bâtiments démolis, on peut encore observer les fondations : des
fouilles ont permis de découvrir les fondations de l'église abbatiale
donnant une idée de l'envergure initiale de l'abbaye.
L'ingénieux réseau hydraulique cistercien a été conservé intact.
L'abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 18 mars 1920.
L'abbaye de Pontigny
est un ancien monastère de l'ordre cistercien. Fondée en 1114, au nord
de la Bourgogne, aujourd'hui sur la commune de Pontigny, dans le
département de l'Yonne (France), elle est la seconde des "quatre
premières filles" de Cîteaux.
Sa
célébrité est due à la fois à son rang au sein de l’Ordre, au prestige
de ses protecteurs, de ses hôtes de marque et de ses abbés, à
l’importance de sa communauté et de ses possessions, et à la richesse
patrimoniale de sa bibliothèque et de son architecture. En revanche,
elle est dotée d'une filiation relativement modeste.
Fermée
à la Révolution française, elle est en partie détruite ; elle conserve
néanmoins la plus grande église cistercienne du monde, consacrée depuis
1941 cathédrale de la Mission de France.
Fondation
C’est
le 30 ou 31 mai 1114 que, sous la direction d’Hugues de Mâcon, un
groupe de moines, envoyé par Étienne Harding à la demande d’un prêtre
d’Auxerre, vint s’installer à Pontigny.
Il
créait ainsi la seconde des « quatre premières filles » de Cîteaux qui
ont un rôle particulier de contrôle dans l’organisation de l’Ordre.
Première
abbaye cistercienne à s’éloigner notablement de son « abbaye-mère »,
Pontigny, dans la vallée du Serein, se trouvait dans le diocèse
d’Auxerre, en limite de ceux de Sens et de Langres, et non loin de celui
de Troyes ; d’un point de vue politique, l’endroit était du comté de
Tonnerre, en lisière de celui d’Auxerre (tous deux tenus à l’époque par
le comte de Nevers), et tout proche des possessions du comte de
Champagne : cette position en zone frontière est à l’origine de la
légende qui voulait que, sur le pont de Pontigny, trois évêques, trois
comtes et un abbé puissent se rencontrer sans quitter leur territoire.
Plutôt que d’un pont qui n’est pas attesté dans les textes avant le XIIIe siècle, le nom de Pontigny, de formation gallo-romaine (Pontiniacum), provient sans doute du nom d’un certain Pontinius auquel un suffixe locatif (-iacum) a été ajouté.
Protecteurs
Le
développement rapide et considérable de l’abbaye de Pontigny, surtout
pendant ses deux premiers siècles d’existence, est facilité par le
soutien de personnages importants, aussi bien laïques
qu’ecclésiastiques.
Rois de France
Portrait de la reine Adèle de Champagne « tiré de son tombeau à Pontigny »
Ainsi,
dès 1131, le roi Louis VI le Gros, pour la rémission de ses péchés,
accorde aux moines de Pontigny l'exemption entière de toute taxe pour
les marchandises qui passeront sur ses terres.
Ce
don sera confirmé par Louis VII qui accordera aussi, en 1139, un droit
de pâturage dans ses bois de la forêt d’Othe, et confirmera l’ensemble
des biens de l’abbaye en 1177.
En
1181, Philippe Auguste prit Pontigny et tous ses biens sous sa
protection, confirma un don de la comtesse Mathilde de Nevers et, trente
ans plus tard, un accord conclu avec Blanche, comtesse de Champagne ;
il prit aussi sous sa protection l’ensemble de la filiation de Pontigny
avec celle de Clairvaux en 1221.
On ne sait s’il fut présent à Pontigny lors de l’inhumation de sa mère, Adèle de Champagne, en 1206.
Louis
IX accorda, en 1242, un vidimus de l’acte d’association entre Pontigny
et Erard de Brienne et, en 1248 renouvela les privilèges de son
grand-père.
Il était venu à Pontigny l’année précédente, à l’occasion de la
canonisation de saint Edme d’Abingdon. Philippe III amortir une rente à
Malay-le-Vicomte en 1278.
Philippe
IV le Bel vidime la vente à Pontigny par Jeanne, comtesse l’Alençon,
d’une rente de cents livres, en 1287, approuve, en 1289, le droit de
garde sur l’abbaye par Marguerite, reine de Sicile et comtesse de
Tonnerre, confirme en 1294 l’acquisition de la moitié des villages de
Montigny, de Merry et de Souilly, confirme les acquisitions de l’abbaye
en 1295, confirme les droits des religieux en 1304.
Louis X vidime un accord entre les cisterciens et les habitants de Sormery en 1315.
Charles
IV confirme au duc de Bourgogne, en tant que comte de Tonnerre, le
droit de garde de l’abbaye, ainsi que d’autres actes de ses
prédécesseurs, passant à Pontigny en août 1322.
Philippe
VI facilite le paiement d’une rente par un acte daté de 1349, à
Pontigny, le roi et les princes ayant quitté Paris à cause de la grande
peste, ce qui sera confirmé par Jean II en 1351.
En 1380, Charles V concède l’amortissement gratuit d’une rente de 60 livres accordée par Amédée de Joinville.
Charles VI, en 1405, accorde une autre amortissement gratuit, confirmé en 1447 par son fils Charles VII.
Entre
1477 et 1482, Louis XI, venu plusieurs fois en pèlerinage dans
l’abbaye, fait don d’une rente de 1200 livres, assise à Troyes, Chablis,
Château-Thierry, Provins et Châtillon-sur-Marne.
François
II, Henri III et Henri IV s’impliqueront pour leur part dans la
nomination des abbés commendataires de la seconde moitié du XVIe siècle.
Rois d'Angleterre
De passage à Rouen, en mai 1131, Henri Ier imita Louis VI de France en exemptant de taxes les marchandises des moines passant sur ses terres.
Entre 1154 et 1157, Henri II renouvela le mandement de son père, en présence de son chancelier Thomas Becket.
En
1251, Henri III accorde une rente de vingt marcs esterlins pour faire
brûler en permanence quatre cierges autour du tombeau de saint Edme,
récemment canonisé et, venu à Pontigny en 1254, il y offre des dons
importants.
À
l’occasion de la paix conclu entre l’Angleterre et la France, Edouard
III, en 1361, lève le séquestre sur la rente de son prédécesseur.
En 1395 encore, Richard II rappelle qu’elle doit être versée malgré la guerre.
Comtes
L’aristocratie
comtale fait aussi partie des bienfaiteurs importants de Pontigny, en
tête desquels il faut placer les comtes de Nevers-Auxerre-Tonnerre : la
notice de fondation de l’abbaye mentionne ainsi, dès les origines de
l’abbaye, le soutien de Guillaume II de Nevers, présent également lors
de plusieurs des toutes premières donations.
À
partir des années 1150, ses héritiers furent aussi des bienfaiteurs de
l’abbaye, en particulier grâce à des échanges et à des dons de bois.
Le comte de Nevers Hervé IV de Donzy choisit même le monatère comme lieu de sa sépulture en 1222.
Au milieu du XIIIe siècle,
l’abbé de Pontigny reconnaissait que les comtes de Nevers, comme
fondateurs de l’abbaye, devaient en être aussi les gardiens.
C’est
donc bien une tradition fautive qui donne comme fondateurs à Pontigny
les comtes de Champagne, et plus précisément Thibaud II le Grand, qu’il
s’agisse de l’implantation du monastère – Thibaud n’entra en fonction
que dix ans plus tard – ou de sa construction : les archives de l’abbaye
ne montrent qu’un intérêt limité du comte qui, contrairement à
l’affirmation transmise par Vincent de Beauvais, n’a pas été inhumé à
Pontigny.
C’est
avec ses enfants que semble se dessiner un intérêt un peu plus marqué
pour la seconde fille de Cîteaux, Henri le Libéral accordant six actes
pour Pontigny, et Adèle, troisième épouse de Louis VII, choisissant
l’abbaye comme lieu de sépulture, sans aucun acte particulier de
donation qui soit connu.
Il convient d’ajouter aux bienfaiteurs de rang comtal les titulaires des comtés de Bar-sur-Seine, au milieu du XIIe siècle, ceux de Joigny, à partir des années 1180 et, de manière plus anecdotique, un comte d’Evreux ou un comte de Flandre.
Papes et évêques
Les
autorités religieuses soutiennent aussi, naturellement, la seconde
fille de Cîteaux : la plus ancienne confirmation pontificale connue est
donnée par le pape Innocent II, en 1139.
De
nombreuses autres suivront au cours du Moyen Âge, dont plus d’une
centaine sont conservées sous forme d’originaux, émanant de ses
successeurs Adrien IV, Alexandre III, Lucius III, Célestin III, Innocent
III, Honorius III, Grégoire IX, Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV,
Clément IV, Grégoire X, Martin IV, Nicolas IV, Boniface VIII, Benoît XI,
Clément V, Jean XXII, Benoît XII, Martin IV, Paul III, Pie IV, Innocent
XI ou Clément XI.
Les
évêques sont parmi les premiers à favoriser le développement de
Pontigny : ceux d'Auxerre, dans le diocèse duquel se trouvait l’abbaye,
mais aussi ceux de Sens, de Langres et de Troyes, dont les évêchés sont
tous voisins.
Pour
l’évêché d’Auxerre, on peut retenir les noms de Humbaud, qui installa
les Cisterciens dans son diocèse, Hugues de Montaigu, Hugues de Mâcon,
premier abbé de Pontigny, Alain de Larivour, et Guillaume de Seignelay
qui y fut inhumé ; pour le siège archiépiscopal de Sens, Henri Sanglier,
Hugues de Toucy, Guillaume aux Blanches Mains et Guy de Noyers ; pour
Langres, les évêques Joceran, Geoffroy de la Roche-Vanneau, Manasses,
Garnier et Robert ; pour le diocèse de Troyes, Hatton, Henri de
Carinthie, Matthieu, Manasses, et Hervé.
L’expansion
de Pontigny fait intervenir aussi les prélats de Paris Thibaud et
Maurice de Sully ; de Rouen, Gautier, Robert et Thibaud ; Jean de
Poitiers ; Guillaume de Bourges, ancien moine pontigniacien ; Pierre
d'Arras, ancien supérieur de l’abbaye ; l’irlandais Gautier d'Ossory ;
en Angleterre, les évêques Gautier de Norwich et Richard de Chichester ;
les archevêques de Cantorbéry, comme Etienne Langton, saint Edme
d’Abingdon, et Boniface de Savoie qui envisagea d’être inhumé dans
l’abbaye s’il mourrait sur le continent.
Temporel
Formation du temporel agricole
Grâce
aux solides protections de l’aristocratie comme des évêques, et tout
autant, sinon davantage, aux donations de petits seigneurs locaux
conservées dans des chartes originales ou copiées dans les cartulaires
de l’abbaye, il est possible de suivre avec précision l’implantation
territoriale du monastère aux XIIe et XIIIe siècles.
Le
temporel du monastère se constitua peu à peu autour de l’abbaye, avec
des extensions en forêt d’Othe au nord et sur le plateau du Tonnerrois
au sud.
Dès
1138 apparaît une organisation autour de centres d’exploitation
agricole qui structurent peu à peu l’ensemble des possessions
cisterciennes.
Une
douzaine de granges, gérées par les frères convers, sont ainsi
mentionnées dans la documentation médiévale, ainsi que plusieurs
celliers et des maisons de ville.
Champs, prés et forêts constituent l’essentiel des dons des premières décennies, auxquels s’ajoutent, à la fin du XIIe siècle, des terres viticoles, tout particulièrement à Chablis.
Des échanges permettent aux moines de mieux structurer leurs propriétés et, dans le courant du XIIIe siècle, quelques achats achèvent de donner aux domaines une forte cohérence géographique.
Autres activités économiques
À
côté des productions agricoles, dès les premières décennies de
l’abbaye, on trouve des indices d’autres activités économiques qui
dureront des siècles : l’exploitation de mines de fer, au nord et, à
proximité du monastère, de carrières d’argile fournissant la matière
première de briques, de carreaux de pavement et, jusqu’à nos jours, de
tuiles.
Quant
à l’utilisation de l’eau par les Cisterciens de Pontigny, elle est bien
attestée par l’existence d’un importante dérivation du Serein passant
dans l’enceinte de l’abbaye, par la gestion de moulins et la possession
de droits de pêche sur ce même cours d’eau et sur l’Armançon.
Implantations des domaines
Ainsi,
d’après les cartes élaborées par Christophe Wissenberg, le patrimoine
de l’abbaye de Pontigny, au Moyen Âge, comprenait les implantations
suivantes :
Granges
La grange cistercienne de Crécy (commune de Saint-Florentin)
Frécambault, sur l’Armançon (Yonne, cant. Saint-Florentin, comm. Vergigny, lieu détruit)
Flogny, sur l’Armançon (Yonne, comm. Flogny-La Chapelle)
Revisy, sur le Serein (Yonne, cant. Saint-Florentin, comm. Vergigny, lieu détruit)
Moulin d'Héry, Gué du Fer, sur le Serein (Yonne, cant. Seignelay, comm. Héry)
Évolution de la gestion
À partir du XIIIe siècle,
les donations sont de plus en plus constituées de rentes, diminuant la
part des ressources provenant du travail des religieux.
Au siècle
suivant, alors que les cisterciens deviennent moins nombreux, des
granges sont peu à peu confiées à des laïcs moyennant des redevances en
nature et en numéraire.
Au début du XVIIIe siècle,
tout faire-valoir direct des granges a disparu, certaines exploitations
agricoles sont divisées en plusieurs métairies, et l’ensemble est
exploité par des fermiers. D’autres granges ont donné naissance à des
villages dont la communauté monastique restent souvent le seigneur. Les
principales forêts et vignes sont toujours exploitées sous la direction
des moines jusqu’à la Révolution française : les unes deviendront alors
domaniales, les autres enrichiront le vignoble chablisien.
Hôtes de marque
Les capacités économiques du monastère lui permettaient de tenir une hôtellerie aux capacités sans doute importantes.
Si
Pontigny, comme toute abbaye cistercienne, se devait d’accueillir
toutes les personnes de passage, conformément à la règle de saint
Benoît, certains hôtes prestigieux ont marqué l’histoire du monastère.
Saints Edme d’Abingdon et Thomas Becket (vitrail de la cathédrale de Chichester)
Saint Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry
Le
plus internationalement connu est sans doute l'archevêque de Cantorbéry
et primat d'Angleterre Thomas Becket qui, à la suite du violent conflit
qui l’opposa au roi Henri II Plantagenêt, se réfugia dans l'abbaye de
1164 à 1166.
Quatre ans plus tard, le prélat anglais mourut assassiné dans sa
cathédrale, et Pontigny devait plus tard se féliciter d’avoir donné
l’asile à un futur martyr.
Adèle de Champagne, reine de France
En
1204, la reine Adèle de Champagne, mère de Philippe Auguste, se fit
confirmer par le pape Innocent III la possibilité d’être enterrée à
Pontigny.
L’année
suivante, elle fut reçue dans l'enceinte du monastère, entendit un
sermon dans le chapitre, prit part à une procession dans le cloître,
mangea et passa deux nuits dans l'infirmerie avec plusieurs de ses dames
de compagnie : l’abbé de Pontigny fut sévèrement puni par le Chapitre
général pour avoir permis une telle intrusion de femmes dans la clôture.
Cependant,
après sa mort survenue en 1206 à Paris, la reine Adèle fut bel et bien
inhumée dans l’abbaye où son tombeau existait encore au XVIIe siècle.
Étienne Langton, théologien, archevêque de Cantorbéry
Étienne Langton assista-t-il aux funérailles d’Adèle de Champagne ? Rien ne peut le prouver.
Mais
sans doute ce grand théologien d’origine anglaise en eut-il
connaissance puisqu’il enseignait alors dans la capitale capétienne
lorsqu’il fut nommé cardinal, puis élu archevêque de Cantorbéry.
Consacré
par le pape en 1207 malgré l’opposition du roi Jean sans Terre, il se
vit refuser l’accès à l’Angleterre et c’est dans l’abbaye de Pontigny, à
l’image de son prédécesseur Becket, qu’il choisit de s’exiler pendant
six années. Rentré finalement à Cantorbéry en juillet 1213, après une
longue dispute entre Rome et l’Angleterre, Langton eut un rôle politique
important dans la rédaction de la Magna Carta, et il sut remercier l’abbaye cistercienne de l’avoir hébergé en lui attribuant une rente généreuse.
En revanche, l'affirmation suivant laquelle la Magna carta
elle-même aurait été rédigée à Pontigny, pour répandue qu'elle soit
dans les milieux francophones, est vivement réfutée par les historiens
modernes, en particulier britanniques.
Saint Edme d’Abingdon, archevêque de Cantorbéry
Mais
celui qui allait prendre une importance considérable dans l’histoire de
l’abbaye au point de voir son nom y être associé fut sans doute Edmond
d’Abingdon.
Lui
aussi archevêque de Cantorbéry, il augmenta le don de son prédécesseur
Étienne Langton, très probablement à l’occasion d’un séjour à Pontigny
lors d’un de ses déplacements en France, en 1238.
Si
la tradition réussit très tôt à le faire passer pour un exilé dans
l’abbaye cistercienne, à l’image de ses prédécesseurs, on sait
maintenant que Pontigny constituait en fait une halte lors de son voyage
pour Rome.
Il
arrive au monastère probablement au début du mois de novembre 1240
mais, atteint par une maladie, rebrousse chemin et meurt dans le prieuré
augustin de Soisy, près de Provins, le 16 novembre 1240.
Son corps est préparé pour être transporté en Angleterre, mais l’abbé de Pontigny le fait enterrer dans son abbaye.
Plus
de 250 récits de miracles survenus sur son tombeau dans les deux années
suivant son inhumation attestent d’une flambée de dévotion entretenue
par les moines.
Une
demande de reconnaissance officielle aboutit ainsi à la rapide
canonisation de l’archevêque par le pape Innocent IV, le 16 décembre
1246.
Le
corps du saint, très bien conservé, fait dès lors l’objet d’une
vénération qui attire des pèlerins et des donateurs grâce auxquels est
fabriquée une précieuse chasse-reliquaire de grandes dimensions.
Si
elle semble avoir disparu à la fin du Moyen Âge, les reliques sont
préservées et permettent au culte d’être revivifié, en particulier à
partir de la fin du XVIIe siècle, puis à nouveau dans la seconde moitié du XIXe.
Le vocable de l’église de Pontigny ajoutera même au titre originel de « Notre-Dame », celui de « Saint-Edme ».
Cette
forme régionale du prénom Edmond sous laquelle le saint anglais est
connu est particulièrement abondante dans l’onomastique bourguignonne
des siècles derniers.
Grâce au rôle de protecteur des enfants morts sans baptême accordé par
la tradition à saint Edme, Pontigny est à mettre au rang des sanctuaires
à répits de la période moderne.
Communauté monastique
La
documentation historique donne assez peu de renseignements sur la
composition de la communauté monastique de Pontigny au Moyen Âge.
On peut cependant repérer dans les chartes, en particulier au milieu du XIIe siècle, quelques noms de moines et de convers (avec parfois l’indication leur fonction).
Liste des abbés
Les
religieux dont on connaît le mieux les noms sont les abbés, dont une
liste assez précise a pu être établie. Certains d’entre eux, appelés à
de plus hautes fonctions, devinrent abbés de Cîteaux, évêques,
archevêques ou cardinaux : cela semble être le reflet des grandes
capacités de plusieurs supérieurs de l’abbaye.
Une communauté importante aux XIe et XIIIe siècles
La vie quotidienne des religieux de Pontigny au milieu du XIIIe siècle
est en partie connue grâce à une collection de lettres qui évoquent
toutes les questions concernant les relations extérieures de l’abbaye.
Le nombre de religieux de l’abbaye est impossible à préciser pour le Moyen Âge central.
La
mention, en 1157, d’une cinquantaine de moines prêtres « alors que le
nombre des autres moines non prêtres était bien plus important » ne peut
être interprétée de façon absolument claire.
Elle
indique cependant déjà une importante communauté qui doit essaimer en
fondant ou en s’affiliant plusieurs dizaines d’abbayes-filles.
On peut proposer comme un ordre de grandeur approximatif, pour la période sans doute la plus faste de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle,
un effectif d’une centaine de moines et de deux à trois cents frères
convers, si l’on se réfère aux rares données chiffrées d’établissements
de taille comparable.
Filiation
L’importance
de la communauté de Pontigny se traduit aussi par le nombre de ses
fondations et affiliations. L’abbaye essaima avec une filiation assurée
de 43 abbayes-filles, constituant un réseau développé sur le territoire
actuel de la France, mais aussi en Italie, en Hongrie et jusqu’en
Roumanie.
Nom, date traditionnelle de fondation ou d'affiliation, diocèse de fondation, localisation actuelle :
L'Étoile, 1145, diocèse de Poitiers (Archigny, Vienne, France)
Trizay, 1145, diocèse de Poitiers (Saint-Vincent-Puymaufrais, Vendée, France)
Notre-Dame-de-Ré, dite des Châteliers, 1156, diocèse de Saintes (Saint-Martin-de-Ré, Charente-Maritime, France)
Dalon, 1162, diocèse de Limoges (Saint-Saut-Lacoussière, Dordogne, France)
Bonlieu (Limousin), 1162, diocèse de Limoges (Peyrat-la-Nonière, Creuse, France)
Abbaye Notre-Dame de Bœuil, 1162, diocèse de Limoges (Veyrac, Haute-Vienne, France)
Abbaye Saint-Léonard des Chaumes, 1168, diocèse de Saintes (Dompierre-sur-Mer, Charente-Maritime, France)
Loc-Dieu, 1162, diocèse de Rodez (Martiel, Aveyron, France)
Aubignac, 1162, diocèse de Bourges (Saint-Sébastien, Creuse, France)
Prébenoît, 1162, diocèse de Limoges (Bétête, Creuse, France)
Le Palais, 1162, diocèse de Limoges (Thauron, Creuse, France)
Le Pin, 1163, diocèse de Poitiers (Béruges, Vienne, France)
Igriș / Egres / Egresch, 1179, diocèse de Csanád (de) (Sânpetru Mare, judet de Timiș, Roumanie)
Cârța (Kerc ou Kerz), diocèse de Transylvanie (ro), 1202, (judet de Sibiu, Roumanie)
Vérteskeresztúr, 1214, diocèse de Veszprém (hu) (Bokod, Komárom-Estergom, Hongrie)
La fin du Moyen Âge et la période moderne
À partir de la première moitié du XIVe siècle, quelques listes permettent de connaître le nombre de moines qui tourne alors autour d’une trentaine.
Il semble, dès les années 1360 et jusqu’à la fin des années 1780, se
maintenir généralement entre 15 et 20 religieux, alors qu’un maximum
était fixé, en 1561, à 31 moines et novices.
Les
cahiers de vêture sont conservés depuis 1688 et jusqu’à la dispersion
des moines. Ils permettent de connaître en général l’âge et l’origine
géographique des novices, ainsi que l’abbaye de leur profession :
Pontigny en effet servait alors de noviciat commun à plusieurs maisons.
En
1720 l'abbé Pierre de Calvairac appelle à Pontigny Dom Robinet résidant
à l'abbaye de Chaalis, afin que celui-ci écrive le Cartulaire de
l'abbaye.
En
1791, la communauté de la seconde fille de Cîteaux était composée de 14
moines et de 2 frères convers qui durent quitter l’abbaye, après les
décrets concernant les ordres monastiques.
À
côté du destin du dernier abbé, Jean Depaquy, on ne connaît celui,
partiel, que de quelques moines : Louis-Henri Meulan d’Oisonville est
aumônier du bataillon de volontaires au district de Saint-Florentin
jusqu’en 1793 ; François Mirey se retira près de Cosne-sur-Loire ;
Gaspard Potherat de Corbière devient vicaire puis officier public à
Neuvy-Sautour en 1792.
François-Nicolas
Robert est ministre du culte à Villy en 1797 ; déporté à l’île de Ré en
1798, il revient desservir Pontigny jusqu’à sa mort, en 1821.
Selon certains, Simon Depaquit s’établit à Chablis où il fonda un domaine viticole.
Pour
d'autres il s'établit à Saint-Florentin où il transcrivit en 3 volumes
in-quarto tous les titres anciens et récents de l'abbaye, qui se
trouvaient aux archives de la ville, écrivant également des notes
historiques sur la maladrerie, l'hôtel-dieu, l'hospice et autres.
Avant
la Révolution Depaqui avait déjà transcrit une partie du Cartulaire
établi à partir de 1720 par Dom Robinet sur la demande de Pierre de
Calvairac en 1720 ; remplissant de sa main quatre volumes in-8° il avait
écrit une notice sur les abbés, sur les bienfaiteurs depuis 1119, sur
la filiation de l'ordre et autres documents sur l'histoire de l'abbaye.
Blason de Pontigny
Armoiries
Depuis le début du XVIe siècle,
l’abbaye de Pontigny a porté « d’azur au pont d’argent, surmonté d’un
arbre portant un oiseau dans son nid au naturel, accosté de deux fleurs
de lis d’or ».
Ces armoiries parlantes (« Pont au nid ») ont été reprises par la commune de Pontigny.
Bibliothèque
Au XIIIe siècle,
l’abbaye de Pontigny possédait, avec celles de Clairvaux et de Cîteaux,
l’une des trois plus importantes bibliothèques cisterciennes d’Europe.
Les manuscrits du Moyen Âge
Initiale
V ornée du Lévitique, fragment de la première grande Bible de Pontigny,
vers 1180-1190 (New York, Metropolitan Museum of Art, ms 1999.364.2.)
Vers
1140, elle semble la première à élaborer une collection des œuvres
complètes de saint Augustin, suivie peu après en cela par Clairvaux.
Entre
1165 et 1174, les textes conservés dans le monastère font l’objet d’un
catalogue encore conservé, qui décrit 271 manuscrits ; il s’agit d’un
des plus anciens catalogues cisterciens connus.
On y trouve de la patristique, des ouvrages d’auteurs carolingiens, des
textes rédigés dans les écoles monastiques et cathédrales, de la
scolastique, de la philosophie et des sciences, de l’histoire, des
homéliaires, des recueils hagiographiques, mais aussi du droit, de la
grammaire, de la politique, de la poésie ainsi que des ouvrages
liturgiques.
Naturellement,
la composition de la bibliothèque de Pontigny reflète son réseau
cistercien et sa proximité avec d’Auxerre, mais aussi l’influence du
séjour de Thomas Becket, les relations avec la cour des comtes de
Champagne, ou encore le passage d’Étienne Langton.
De
1135 à 1220 environ, le scriptorium de Pontigny a réalisé des dizaines
de manuscrits : d’abord influencés en particulier par la production
chartraine, ils présentent, tout au long du troisième quart du XIIe siècle,
un décor de style monochrome correspondant à la recherche esthétique
cistercienne de formes épurées ; ensuite apparaissent des initiales
polychromes, puis le style dit de Manerius, vers la fin du siècle, avant
de faire appel, dans le deuxième décennie du XIIIe siècle, à des artisans non monastiques des alentours.
La dispersion de la bibliothèque
Dès la fin du XVe siècle, et particulièrement au XVIIe,
des livres imprimés vinrent enrichir la bibliothèque : le catalogue
rédigé en 1778 par Jean Depaquy (lequel allait devenir dix ans plus tard
le dernier abbé) décrit 3832 volumes sous 2193 titres.
Si la bibliothèque médiévale était exceptionnelle, la bibliothèque moderne n’était donc que d’une importance moyenne.
À
la Révolution française, les manuscrits comme la plupart des imprimés
de la bibliothèque devenue propriété nationale, furent transportés au
chef-lieu du département de l’Yonne, formant avec d’autres le noyau de
la bibliothèque d’Auxerre ; c’est là que des aliénations officielles, en
1804, 1806 et surtout 1825, vinrent disperser des dizaines de volumes
parfois vendus au poids : on retrouve ainsi aujourd’hui près de 120
manuscrits ou fragments de manuscrits provenant de la bibliothèque
médiévale de Pontigny dans une vingtaine de dépôts, en France et dans
une dizaine d’autres pays, de la Norvège à l’Espagne, de l’Irlande au
Vatican, et sur les deux côtes des États-Unis.
Après la Révolution française
En
tant que propriétés ecclésiastiques, les possessions de l’abbaye de
Pontigny furent mises à disposition de la Nation (décret du 2 novembre
1789) et vendues comme biens nationaux à partir de 1791.
L’enclos
du monastère fut acquis par des particuliers en 1792, mais l’église
abbatiale fut réservée à l’usage de la commune de Pontigny, tout comme
l’allée permettant d’y accéder et la galerie sud du cloître nécessaire à
sa stabilité.
Les autres bâtiments monastiques furent détruits jusqu’aux fondations, à
l'exception notable d'une aile du cloître et du bâtiment des frères
convers.
En 1842, l’archevêque de Sens, Mgr
de Cosnac, fit l’achat de l’ancien enclos abbatial et y installa
l'année suivante une petite communauté de prêtres placée sous l’autorité
du P. Jean-Baptiste Muard.
Elle
devint par la suite la Congrégation de Saint Edme qui occupa les lieux
jusqu’à son départ pour les États-Unis décidé en 1901.
Plan de l'abbaye de Pontigny
Le
domaine abbatial fut racheté par Paul Desjardins en 1906 ; il y
organisa les célèbres Décades de Pontigny, rencontres d’écrivains, de
philosophes et d’intellectuels français et européens, auxquelles
participèrent, entre 1910 et 1939, des intellectuels comme André Gide,
Roger Martin du Gard, André Maurois, Jacques Rivière, ou encore Jean
Tardieu parmi de nombreux autres personnages.
À
partir de 1947, les pères de la Congrégation de Saint Edme, qui s’était
développée aux États-Unis, revinrent dans les locaux de l'ancienne
abbaye et y dirigèrent pendant sept ans un collège franco-américain.
En
1954, la Mission de France installa son séminaire dans le domaine,
après que le pape Pie XII eut érigé la paroisse de Pontigny comme
prélature territoriale.
Si
la formation de ses prêtres s’effectue depuis 1968 en région
parisienne, son statut canonique constitue de fait l'ancienne église
abbatiale comme cathédrale de la Mission de France.
Entre
1968 et 2006, les anciens bâtiments accueillirent un des centres de
formation de l’ADAPT où furent accueillis de nombreux stagiaires.
Acquis en 2003 par le Conseil Régional de Bourgogne, le domaine de l’abbaye a été rendu en partie accessible au public.
Il
attend une mise en valeur pour une destination culturelle qui soit
cohérente avec son prestigieux passé cistercien dont l’année 2014 a fêté
les 900 ans.
Patrimoine architectural
L’abbaye de Pontigny possède un patrimoine architectural essentiellement médiéval, avec quelques éléments modernes.
À
côté de l’ancienne abbatiale qui est la plus grande église cistercienne
actuellement conservée et mérite un développement particulier (voir
Abbatiale Notre-Dame-et-Saint-Edme de Pontigny), subsiste le bâtiment
des convers : cette construction de 35,50 sur 14,50 m, comporte deux étages, voutés en deux nefs de six travées.
Au
rez-de-chaussée pouvaient se trouver le cellier de l’abbaye et, à
l’étage, le dortoir des frères convers. Les phases de construction de
cet édifice sont datées entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle.
Vue du chevet de l'abbaye de Pontigny
Dans
les jardins, à l’ouest de ce bâtiment, ont été déplacées deux grandes
vasques monolithes dont l’emplacement originel n’est pas connu, mais qui
pouvaient faire partie d’un lavabo monumental.
Un
portail classique a été remonté entre les deux vasques, et un autre
contre le bâtiment des convers, probables vestiges du palais abbatial
démoli après la Révolution.
La galerie sud du cloître, reconstruit au début du XVIIIe siècle, de près de 50 m de long, donne une idée de l’ampleur que devait avoir cet espace lorsqu’il était complet.
La
porterie, édifiée à la période moderne, ainsi que les portails latéraux
de l’avenue de l’abbaye, inscrivent dans le paysage, avec le mur
d’enceinte en grande partie conservé, l’emprise de l’espace préservé que
constituait le monastère cistercien.