Eu
La collégiale Notre-Dame et Saint Laurent
La collégiale de nos jours
La collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent O'Toole à Eu (Seine-Maritime) était à l'origine le lieu de culte d'une abbaye qui fut détruite sous la Révolution.
Cette église, construite entre 1186 et 1240, était celle des chanoines de Saint-Victor.
La collégiale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
Elle accueillit la sépulture de saint Laurent O'Toole puis celle des comtes d'Eu, ainsi que d'illustres personnes.
Histoire
Fondée
en 925 par Guillaume I, Comte d'Eu, d'abord collégiale Sainte-Marie,
desservie par des clercs séculiers, en 1119, Henri 1er, Comte d'Eu,
consent au changement de chanoines séculiers en réguliers de
Saint-Victor, de l'ordre de Saint Augustin. Elle devient donc une
abbaye.
En 1161, la confraternité est établie entre l'abbaye d'Eu et l'abbaye du Tréport. Si quelque religieux de l'une et l'autre communauté est en désaccord avec son abbé, il pourra se retirer dans l'autre abbaye, jusqu’à ce que le tout soit apaisé.
En 1181, saint Laurent O’Toole, archevêque de Dublin, y meurt, canonisé en 1248.
L'église, reconstruite en 1186, prend son nom.
Les différents bâtiments de l'abbaye sont achevés en 1230.
L'église subit les incendies de 1426 et 1475 qui touchent la ville d'Eu. En 1455, l'église est brûlée suite à un orage.
En 1625, les capucins sont admis à établir un couvent de leur ordre, au quartier de Saint-Pierre et à se servir de l'église paroissiale de Saint-Pierre. En 1632, l'abbaye s'unit à la congrégation de France.
Le 13 février 1790, l'assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. Ses bâtiments sont détruits. Le terrain de l'abbaye est acheté par le château. Seule reste aujourd'hui son église. Deux épitaphes de frères sont scellées dans le mur de l'église contre lequel ils furent inhumés. C'est aujourd'hui l'église paroissiale Saint-Laurent. Elle a été restaurée et embellie par Louis-Philippe, vers 1840.
Abbés et abbés commendataires
Selon Coquelin
Abbés réguliers
- 1119 : Raoul, 1er abbé, venant de l'abbaye Saint-Victor de Paris
- ~ 1130-1148 : Goscelin, Gosselin ou Josselin
- Nicolas
- ~ 1138-1148 : Robert
- ~ 1161 : Roger
- ~ 1181-1191 : Osbert
- ~ 1186 : Mathieu
- ~ 1196-1207 : Hugues
- ~ 1212-1214 : Gilles
- ~ 1224-1248 : Guyon ou Gui
- ~ 1251-1256 : Guillaume
- ~ 1260 : Guyon ou Gui 2e
- ~ 1270-1290 : Thomas de Nangi
- ~ 1301 : Jean
- ~ 1312 : Pierre
- Guillaume 2e
- ~ 1378-1400 : Robert 2e
- ~ 1410-1419 :Thomas 2e
- ~ 1420-1430 : Jean Grenon
- ~ 1431 : Martin Nicole
- ~ 1448 : Jean de Baucher
- ~ 1451 : Richard
- Jean le Comte
- ~ 1455-1464 : Jean Vallier
- ~ 1474-1503 : Jean Glache
- (?-1510) : Honoré Villon
- (?-1531) : Jean de Montpelé, dernier abbé régulier
Abbés commendataires
A partir du concordat de 1516, commence la série des abbés commendataires et seigneurs temporels :
- 1532-1541 : Jean de Langeac, évêque de Limoges.
- 1541-1543 : François de Tournon, archevêque d'Auch.
- 1548-1557 : François de Lestrange, évêque d'Alet.
- ?-1572 : Pierre ou Ponce de Vezenobre (-†1572).
- 1573-1588 : Pierre d'Elbène.
- 1589-1595 : Eustache Pignart.
- 1597-1601 : Gaston de Brieu ou Vast de Grieu.
- 1601-1649 : Nicolas de la Place.
- 1649 : Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims.
- 1650 : Roger de Lorraine.
- 1671-1676 : Virginio Orsini, cardinal.
- 1678-1708 : Pierre de Calvo, cardinal.
- 1742 : Maximilien de Ganillac de Beaufort de Montboissier.
- 1745-1773 : N. Macé.
- 1773-1790 : Joseph-François d'Andigné de la Chasse, évêque de Châlons- sur-Saône.
Héraldique
Les armes de l'abbaye se blasonnent ainsi :
D'azur, à Notre-Dame, entourée d'un chapelet et cantonnée de quatre cœurs enflammés, le tout d'argent.
D'azur, à Notre-Dame, entourée d'un chapelet et cantonnée de quatre cœurs enflammés, le tout d'argent.
Description
Extérieur
Cet
édifice de style ogival, est élevé sur un plan en forme de croix
latine, avec une nef principale, à laquelle sont accolés deux
collatéraux.
Le chœur, orienté à l'Est, est cantonné par un transept et sept chapelles rayonnantes.
La collégiale, façade
Intérieur
La nef, élevée au XIIIe siècle, se prolonge en onze travées d'une haute élévation.
La nef se prolonge par le chœur qui, surélevé, est accessible par sept marches
Mobilier
Le banc d'œuvre
- Vitraux
L'église
est ornée de vitraux dont l'exécution, par l'atelier de peinture sur
verre de la manufacture de Sèvres, se déroula de 1833 à 1847. Le
programme iconographique élaboré avec l'accord du roi Louis-Philippe fit
intervenir de nombreux artistes (Aimé Chenavard, Achille Déveria,
Delacroix, Wattier, Ziegler). La grande verrière occidentale comporte un
grand nombre de panneaux dont les cartons sont de Wattier et de
Ziegler. Les verrières des bas-côtés représentent saint Jean
l'Evangéliste et sainte Victoire (cartons d'après des dessins de
Delacroix), sainte Adelaïde et saint Ferdinand (cartons de Déveria).
- Banc d'œuvre
- Cet ouvrage de menuiserie date de 1731. Réalisé par Adrien Le Jeune, d'Abbeville, il représente un dais ovale soutenu par deux cariatides et orné de lambrequins dont les oves comportaient jadis des fleurs de lys sculptées. Ce meuble est surmonté de la statue de la religion sous laquelle pointent des canons évoquant l'un des donateurs, Louis Auguste de Bourbon, grand maître de l'Artillerie, duc du Maine et comte d'Eu de 1693 à 1736, qui dit-on ne mit jamais les pieds à Eu.
- Chaire
Crypte
La
crypte, véritable église souterraine, longue de 31 m et large de 6,5 m
est à vaisseau unique, à cinq travées rectangulaires et une travée
absidiale à sept pans. Elle s'étend sous le choeur et les deux dernières
travées de la nef. Qualifiée par l'Abbé Cochet de Saint-Denis de la
Normandie, elle contient les tombeaux, ornés de sculptures, de :
- Laurent O’Toole (en descendant l'escalier, à gauche).
- Le duc d'Aumale (1704-1708) et Louis-Auguste de Bourbon, prince souverain de Dombes (1700-1755), tous deux fils de Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, lui-même fils de Louis XIV et de Madame de Montespan (au centre de la crypte).
- (à gauche, les hommes) Charles d'Artois († 1472), Philippe d'Artois († 1397), son fils Philippe d'Artois († 1397 en bas âge), Jean d'Artois († 1387), fils de Robert III d'Artois, et son fils Charles d'Artois († 1368 en bas âge).
- (à droite, les femmes) Isabelle de Melun († 1389), Isabelle d'Artois († 1379), Jeanne de Saveuse († 1448), Hélène de Melun († 1472).
Crypte : Tombeau d'Isabelle d'Artois, aperçu depuis une des ouvertures latérales autour du chœur
Source :
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