Bataille de Lepante, Notre-Dame du Rosaire

Bataille de Lepante
Notre-Dame du Rosaire

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Bataille de Lépante, vue par Paul Véronèse

 

Fête

La fête de Notre Dame du Rosaire s’appelait d'abord Notre Dame de la Victoire pour fêter la victoire de Lépante le 7 octobre 1571, bataille qui unit l’Espagne, la république de Venise et les États pontificaux contre l’envahisseur turc, victoire qui fut attribuée à la récitation du rosaire demandée alors par le pape saint Pie V.

Son successeur Grégoire XIII changea en 1573 le nom de cette fête locale en fête du Saint-Rosaire, fixée le premier dimanche d’octobre.

Elle a donc été instituée pour méditer les mystères mariaux et s’unir à la vie de la Vierge, ainsi que pour se souvenir secondairement de la libération de l’Occident devant la menace ottomane.

Clément XII étend la fête du Saint-Rosaire à l’ensemble de l’Église catholique de rite latin en 1716 et saint Pie X en fixe la fête le 7 octobre en 1913. 

Paul VI change une nouvelle fois son nom en Notre-Dame du Rosaire en 1969.

Source :


A quelle occasion fut établie la Fête de Notre-Dame du Rosaire, qui se célèbre le 1er Dimanche d'Octobre.

Puisque c'est cette fête qui nous a fait consacrer le mois d'octobre à des considérations sur la dévotion du rosaire, nous croyons convenable, après avoir parlé du chapelet, d'apprendre aux lecteurs à quelle occasion l'Église l'a établie.

Comme nous recevons sans cesse de nouvelles faveurs et de nouveaux bienfaits de la très sainte Vierge, l'Eglise a soin de lui en marquer sa juste reconnaissance par de nouvelles solennités et par des fêtes particulières, qui excitent et augmentent tous les jours la dévotion des Fidèles.

Ce qui a donné occasion à la fête de Notre-Dame du Rosaire, est une des plus signalées faveurs qu'ait reçue la chrétienté de la protection toute puissante de la mère de Dieu, dans le temps que les Turcs, fiers des grandes conquêtes qu'ils faisaient tous les jours sur les chrétiens, ne se promettaient rien moins que d'envahir toute l'Europe, et d'aller arborer le croissant sur le dôme de l'église de Saint-Pierre à Rome.

Il y avait déjà près d'un siècle que les Turcs répandaient la terreur dans toute la chrétienté par une continuité de victoires que Dieu permettait pour punir les péchés des chrétiens et pour réveiller leur foi à demi éteinte.

Soliman III, ayant pris Belgrade l'an 1522, vint jusqu'à Vienne et conquit par ses généraux plusieurs provinces en Europe.

Selim II, son fils et son successeur, maître de l'île de Chypre en 1571, croyant que rien ne pouvait résister à ses armes, mit en mer la plus nombreuse et la plus formidable flotte qu'on eût encore vue, au moyen de laquelle il se promettait de conquérir toute l'Italie.

L'effroi avait saisi une partie de la chrétienté dont le sort, pour ainsi dire, dépendait d'une bataille.

L'armée navale des chrétiens était de beaucoup inférieure à celle des Turcs, et il n'y avait que le secours du ciel qui pût leur faire espérer la victoire.

Ils l'obtinrent par l'intercession de la sainte Vierge, à qui toute l'armée se dévoua selon l'intention du saint Pape Pie V. Ce fut le octobre 1571 que se livra cette mémorable bataille, la plus célèbre que les chrétiens aient jamais gagnée sur mer.

Au moment qu'on déploya l'étendard donné par le souverain Pontife et sur lequel était brodée l'image de J.-C. sur la croix, toute l'armée le salua avec de grands cris de joie et les officiers ayant donné le signal de la prière, toute l'armée s'agenouilla et adora l'image sacrée de J.-C.

C'était un spectacle admirable de voir ces guerriers se prosterner avec humilité et confiance devant le crucifix et demander à Dieu par l'intercession de la sainte Vierge représentée sur l'encadrement de l'étendard, la grâce de vaincre les infidèles.

Cependant les deux flottes s'approchaient, et celle des Turcs était poussée par un vent favorable qui faisait tout craindre. On s'adressa avec encore plus de ferveur à la sainte Vierge sous les auspices de laquelle on combattait ; et tout à coup le vent changea et devint très favorable aux chrétiens. Bientôt l'air fut obscurci de la fumée de l'artillerie et après trois heures de combat acharné, avec un avantage presque égal, les chrétiens comptant plus sur la protection du ciel que sur leur bravoure, virent tout à coup plier les ennemis qui commençaient à se retirer vers la côte. Faisant alors un nouvel effort, ils tuèrent Ali-Pacha et enlevèrent le drapeau Turc. Don Juan, général en chef, fit crier victoire et ce ne fut plus un combat, mais une horrible boucherie des Turcs qui se laissaient égorger sans se défendre. Ils perdirent plus de trente mille hommes, non compris cinq mille prisonniers, tandis que les chrétiens y perdirent si peu de monde, que tout l'univers reconnut visiblement le secours du ciel et la protection signalée de Marie.

Le saint pape Pie V eut révélation de la victoire au moment que les Turcs furent défaits, et il fut si persuadé qu'elle était l'effet de la protection particulière de la sainte Vierge, qu'il institua cette fête sous le titre de Notre-Dame de la Victoire. 

Le martyrologe romain en parle en ces termes : Le même jour, septième d'octobre, la commémoration de Notre-Dame de la Victoire, fête que le saint pape Pie V institua en action de grâces de la glorieuse victoire que les chrétiens remportèrent en ce jour sur les Turcs dans un combat naval, livré dans le golfe de Lépante, par l'assistance particulière de la sainte Vierge.

Comme la dévotion du saint rosaire, si chère à la Mère de Dieu, et établie depuis longtemps avec tant de fruit dans l'Eglise, avait été un des moyens dont ce saint pape s'était servi pour engager la sainte Vierge plus particulièrement à favoriser les armes des chrétiens dans une occasion si périlleuse, il voulut que la fêle de Notre-Dame de la Victoire fût en même temps la solennité du saint Rosaire ; et le pape Grégoire XIII était si convaincu que la bataille de pante avait été gagnée sur les Turcs par la vertu de cette célèbre dévotion, qu'en reconnaissance envers la sainte Vierge, il ordonna qu'on en fit la solennité le 1er dimanche d'octobre dans toutes les églises où cette sainte confrérie serait érigée.

Enfin, le souverain pontife Clément XI ayant appris la célèbre victoire remportée sur les Turcs par les troupes de l'empereur le jour de la fêle de Notre-Dame-aux-Neiges, le 5 Août 1716, voulut proclamer qu'on devait cette victoire signalée à la protection spéciale de la sainte Vierge ; en conséquence, il ordonna que la solennité du saint Rosaire, fixée au 1er dimanche d'octobre, fût une fête de précepte dans toute l'Église, persuadé que la dévotion du rosaire était le moyen le plus propre pour remercier la sainte Vierge des grâces reçues par son assistance et sa toute puissante protection, et pour en obtenir de nouvelles.

Le titre de Notre-Dame de la Victoire est plus ancien que la bataille de Lépante.

C'est en effet depuis le premier âge de l'Église que les fidèles ont ressenti la protection de la sainte Vierge sur les ennemis de la foi : c'est cette visible protection qui lui a fait donner à si juste titre le nom de Notre-Dame de la Victoire.

Lors du fameux siège de Rhodes si glorieusement soutenu l'an 1480 par les chevaliers de saint Jean de Jérusalem, nommés dans la suite les chevaliers de Malte, le célèbre grand-maître, Pierre d'Aubusson, fut si convaincu qu'ils devaient leur délivrance à la sainte Vierge, qu'il fit vœu de faire bâtir une église magnifique sous le titre de Sainte-Marie de la Victoire ; on y travailla aussitôt que les fortifications de la ville eurent été réparées.

Source :
Livre "Le mois d'octobre consacré à N.D. du Rosaire ou manuel du chapelet & du rosaire à l'usage des fidèles"


La bataille de Lepante

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Bataille de Lépante, vue par Paul Véronèse


La bataille de Lépante est une bataille navale qui s'est déroulée le 7 octobre 1571 dans le golfe de Patras, en Grèce, à proximité de Naupacte — appelée alors Lépante —, dans le contexte de la Quatrième Guerre vénéto-ottomane.

La puissante marine ottomane y affronta une flotte chrétienne comprenant des escadres vénitiennes et espagnoles renforcées de galères génoises, pontificales, maltaises et savoyardes, le tout réuni sous le nom de Sainte-Ligue à l'initiative du pape Pie V.

La bataille se conclut par une défaite pour les Turcs qui y perdirent la plus grande partie de leurs vaisseaux et près de 20 000 hommes.

L'événement eut un retentissement considérable en Europe car, plus encore que la défaite des janissaires lors du Grand Siège de Malte de 1565, il sonna comme un coup d'arrêt porté à l'expansionnisme ottoman.

C’est d’ailleurs en souvenir de cette victoire que fut instituée la fête de Notre-Dame de la Victoire, puis fête du Saint-Rosaire à partir de 1573.

Certains historiens estiment qu'il s'agit de la bataille navale la plus importante par ses conséquences depuis celle d'Actium, qui marqua la fin des guerres civiles romaines.

 

Contexte


Le déclencheur est la prise de Chypre par les Ottomans en 1570 : la prise de cette possession de la République de Venise, au terme d'une conquête brutale (plus de 20 000 habitants de Nicosie sont mis à mort), entraîne rapidement une réaction européenne. Sous le nom de « Sainte-Ligue », le pape Pie V mobilise et réussit à constituer une alliance entre l'Espagne, Venise, les États Pontificaux, la république de Gênes, le duché de Savoie, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et quelques autres puissances.

L'ensemble s'inscrit dans le contexte plus général d'une lutte généralisée d'influence pour le contrôle de la Méditerranée. La bataille dérive des tensions géopolitiques et religieuses croissantes de l'époque, consécutives à la montée de l'expansionnisme musulman ottoman en Méditerranée. Celui-ci menace à nouveau des puissances chrétiennes, en particulier les intérêts espagnols, puissance dominante dans la région à l'époque. Depuis le début du XVIe siècle, les Turcs pratiquent des razzias en Méditerranée occidentale. Débarquant sur les côtes italiennes ou espagnoles, ils pillent les villes du littoral et arrachent les populations à leur village pour les emmener comme esclaves au service du sultan de l'Empire ottoman.

 

Description de la bataille

Composition des flottes et ordre de bataille

Voir le détail des forces et flottes dans Ordre de bataille des flottes à la bataille de Lépante.

La Sainte-Ligue a mobilisé au total 202 galères et 6 galéasses et pour la flotte ottomane, un total de 210 galères et 63 fustes et galiotes.



 
Plan de la bataille (formation des flottes juste avant le contact)

 

Déroulement

Georgio Vasari "La Bataille de Lépante" Salle royale du Vatican. L'intérêt de cette fresque est de montrer l'importance des six galéasses, armées de 50 canons chacune, qui sont de véritables forteresses


À Messine, au cours de l'été 1571, les navires arrivent les uns après les autres. Au total, il y aura 202 bâtiments, dont six galéasses, et 30,000 hommes de combat de diverses origines, espagnole, génoise, vénitienne, et de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Placée sous le commandement de don Juan d'Autriche, le demi-frère de Philippe II, la flotte quitte Messine le 16 septembre et se dirige vers Corfou. Là, des navires éclaireurs localisent la flotte turque. Elle est rassemblée dans le golfe de Lépante (aujourd'hui Naupacte), à l'entrée du golfe de Corinthe (golfe de Patras). 230 navires turcs la composent.

Au matin du 7 octobre 1571, au soleil levant, la flotte chrétienne se positionne à l'entrée du golfe.

Premier succès pour don Juan d'Autriche : Il a réussi à enfermer les navires ennemis dans un petit golfe. Aucune sortie n'est possible sans affrontement. Le combat qui est un combat naval en liminaire devient un combat d'infanterie sur les ponts des bateaux lors des abordages successifs. Les galéasses, puissamment armées, s'enfoncent dans les lignes de défense turques, et provoquent leur désordre et leur désorganisation. L'infanterie espagnole, bien équipée et munie d'équipes d'arquebusiers, part à l'abordage des navires ennemis avec à sa tête les tercios, où elle montre sa force et sa supériorité. Les fines galères, commandées par Giovanni Andrea Doria contribuent par la précision de leurs attaques, à prendre l'avantage sur les défenseurs turcs. Les boulets ouvrent des brèches dans les navires turcs, le feu se répand de bateau en bateau, et la panique s'empare des Turcs. Au centre du golfe, les énormes vaisseaux vénitiens, détruisant les galères ennemies aux alentours, empêchent la contre-offensive des réserves ottomanes. Seul le bey d'Alger, Uludj Ali, parvient, avec trente galères, à s'échapper.

Pendant le cours de la bataille, le navire du commandant ottoman est envahi par les hommes de la galère de Juan d'Autriche ainsi que par celle de l’amiral savoyard André Provana de Leyni.

L’amiral turc est décapité et sa tête est placée au bout du mât du navire principal espagnol. Au soir, les chrétiens ont gagné, mais la mer est rouge du sang des victimes, chrétiennes et ottomanes.

 

Bilan

 
Les Vainqueurs de Lepante, Juan d'Autriche, Marcantonio Colonna et Sebastiano Venier (peinture à l'huile, c. 1575, Musée d'Art Historique, Vienne)


La démesure de l’affrontement en fait un événement majeur : on dénombre au moins 7 000 morts et 20 000 blessés chez les Chrétiens, 20 000 morts ou blessés et 3 500 prisonniers chez les Turcs (sans compter ceux qui sont massacrés à terre par les Grecs révoltés), 12 000 forçats chrétiens libérés de leurs fers.

Les Ottomans subissent une lourde défaite : 117 galères et 13 galiotes sont capturées, et 62 galères coulées, alors que les chrétiens ne perdent qu'une douzaine de galères. 450 canons et 39 étendards sont pris aux Ottomans.

Les navires ottomans rescapés sont ramenés à Constantinople par Uluç Ali Paşa, seul amiral ottoman à s'être distingué et à avoir sauvé l'essentiel de son escadre, et qui est nommé Capitan pacha le 28 octobre.

Néanmoins, l'Empire Ottoman surmontera sa défaite. Au cours de l'été 1572, un an après Lépante, une armée de 250 galères et 8 galéasses turques, commandée par Uludj Ali, se livre à une démonstration de force en Méditerranée orientale. Venise, une fois de plus, se résigne à traiter avec le sultan de Constantinople, auquel elle verse un tribut de 300 000 ducats. Chypre demeura aux mains des Ottomans.

 

Conséquences

La défaite eut une importance considérable pour les Ottomans, qui n'avaient pas perdu de bataille navale importante depuis le quinzième siècle. 

Elle fut pleurée par eux comme un acte de la Volonté Divine, des chroniques contemporaines rappelant que "la Flotte Impériale avait affronté la flotte des Infidèles impurs, et la volonté de Dieu tourna en sa défaveur". 

Cependant, la Sainte-Ligue ne réussit pas à tirer profit de sa victoire, et alors que la défaite ottomane a souvent été citée comme le tournant historique du début de la fin de l'expansion de l'Empire Ottoman, ce ne fut en aucun cas la conséquence immédiate ; même si cette victoire des Chrétiens à Lépante confirma une division de facto de la Méditerranée, avec une moitié à l'est sous la domination ottomane et l'autre moitié à l'ouest sous le contrôle de la dynastie des Habsbourg et de ses alliés italiens, arrêtant l'établissement des Ottomans sur les côtes italiennes, la Sainte-Ligue ne regagna aucun des territoires conquis et perdus avant Lépante. 

Les Ottomans furent rapides à reconstruire leur marine, bien qu'inférieure à la précédente en qualité des navires et des équipages ; la perte de la plupart des équipages de rameurs fut particulièrement critique. 

Dans le courant 1572, à peu près six mois après la défaite, plus de 150 galères, 8 galléasses, et au total 250 navires furent reconstruits, comprenant huit parmi les plus grands navires jamais vus dans la Méditerranée. 

Avec cette nouvelle flotte, l'Empire ottoman était capable de réaffirmer sa suprématie sur la Méditerranée orientale. 

Le grand vizir Mehmet Sokkolü, premier ministre du sultan Selim II, se vanta devant l'émissaire vénitien Marcantonio Barbaro que le triomphe des Chrétiens à Lépante n'avait causé aucun dommage resté visible à l'Empire ottoman, alors que la capture de l'île de Chypre par les Ottomans au cours de la même année était un dommage formidable et durable, disant notamment ceci :

« Vous venez pour voir comment nous supportons notre malchance. Mais vous devriez connaître la différence entre notre perte et la vôtre. En nous emparant de Chypre, nous vous avons coupé un bras ; en détruisant notre flotte à Lépante, vous nous avez rasé la barbe. Un bras coupé ne peut pas repousser une nouvelle fois, mais une barbe rasée repousse avec plus de force à nouveau. »


 
Jacopo Ligozzi, Le retour des Chevaliers de l'Ordre de Saint Stéphane de la Bataille de Lépante 1610, Église Saint Stéphane, Pise


En 1572, la flotte chrétienne alliée reprit de nouvelles opérations et fit face à une nouvelle marine ottomane de 200 vaisseaux sous le commandement de Uluç Ali Paşa. 

Ce dernier évita soigneusement d'affronter la flotte chrétienne alliée et se réfugia en sécurité sous les défenses de la forteresse de Modon. 

L'arrivée d'un renfort de 55 navires espagnols équilibra le nombre de bateaux engagés des deux côtés et ouvrit la possibilité d'une attaque décisive, mais un grand désaccord entre les amiraux de la flotte chrétienne et l'indécision de Don Juan fit disparaître cette opportunité.

Pie V décéda le 1er mai 1572. Des divergences dans les intérêts des membres de la Ligue commencèrent à se faire jour et l'alliance chrétienne se défit progressivement. 

En 1573, la flotte de la Sainte-Ligue ne put se rassembler et agir de manière coordonnée. À l'inverse, Don Juan attaqua Tunis et prit la ville, mais avec la seule conséquence qu'elle fut reprise par les Ottomans en 1574. 

Venise, craignant la perte de ses possessions en Dalmatie et une invasion possible du Frioul, désireuse de réduire ses pertes et de reprendre son commerce traditionnel avec l'Empire ottoman, amorça des négociations unilatérales avec la Sublime Porte.

La Sainte-Ligue se désintégra par suite du traité de paix du 7 mars 1573 conclu entre Venise et l'Empire ottoman et qui termina la guerre de Chypre. 

Venise accepte les termes de sa défaite, malgré la victoire de Lépante. 

Chypre fut formellement cédé à l'Empire Ottoman, et Venise accepta de payer une indemnité de 300 000 ducats. 

Ajouté à cela, la frontière entre les deux puissances en Dalmatie fut modifiée à l'avantage des Ottomans, en tenant compte de l'occupation importante des Turcs sur le territoire dans les plaines les plus fertiles autour des cités vénitiennes, ce qui eut des conséquences sur l'économie de ces cités en Dalmatie. La paix entre ces deux puissances dura jusqu'à la guerre de Candie de 1645.

Malgré ces revers diplomatiques, l’expansionnisme ottoman est en revanche irréversiblement marqué par la défaite de Lépante. Comme le souligne l'historien Bartolomé Bennassar :  
« Avant les coups d'arrêt de Malte et de Lépante (1565-1571), la poussée turque paraissait impossible à contenir. Or, après ce paroxysme de la guerre, la Méditerranée occidentale cesse d'être pour les Ottomans un objectif prioritaire »

S'ils ont rapidement remplacé les navires, les Turcs n'ont jamais vraiment pu se remettre de la perte de 20 000 hommes, souvent hautement qualifiés — marins, rameurs, archers embarqués comme « artillerie légère ». 

Grâce à leur alliance avec la France, en lutte contre l'Espagne, les Ottomans réussissent à finaliser leur conquête du Maghreb avec la prise de Tunis en 1574, mais pour l'essentiel leur influence en Méditerranée occidentale prend fin avec Lépante .

Militairement, la bataille montre la redoutable efficacité des galéasses (grosses galères à voiles armées de canons fixés au navire) .

Même si des batailles antérieures plus limitées l’avaient déjà annoncé, même si la flotte chrétienne comportait un nombre important de galères (mais la flotte turque ne comprenait pas de galéasse), et même si l’emploi du canon a été moins décisif que la légende ne l’a voulu, on considère généralement la bataille de Lépante comme la fin des flottes de galères au profit des galions armés de canons .

  

Portée

On peut penser que cette bataille voit également l'émergence ou le renforcement d'une certaine « conscience européenne », structurée ici autour de son identité religieuse .

Une analyse géopolitique juge cette victoire comme « une alliance classique d'États qui craignent de ne pas faire le poids face à un ennemi plus fort que chacun d'entre eux ».

  

Dans les arts et la littérature

 
La Bataille de Lépante, artiste inconnu, XVIe siècle


Les représentations artistiques réalisées dans les années qui suivirent la bataille de Lépante pour célébrer la victoire du christianisme furent nombreuses dans toute l'Europe.

Pour l'Italie, à Venise, l'épisode fut peint par Andrea Vicentino dans le Palais des Doges, sur les murs de la Sala dello Scrutinio et remplaça la Victoire de Lépante de Le Tintoret, œuvre détruite par un incendie en 1577. Toujours à Venise, les Gallerie dell'Accademia abritent la peinture de Paul Véronèse, Allégorie de la bataille de Lépante.


Poésie
Citons également le poème « Lepanto », un poème épique de G. K. Chesterton qui fustige, dans deux vers célèbres, la France (alliée aux Turcs Ottomans à l'époque) et l'Angleterre, qui sont restées sourdes à l'appel du Pape Pie V, et ne participèrent pas à la bataille :
Le pape a rejeté ses armes de désespoir et de deuil,
Il appelle autour de la Croix les rois chrétiens et leurs épées.
La froide reine d'Angleterre contemple son miroir
L'ombre des Valois bâille à la messe ;


Peinture
Cy Twombly s'inspira également de cette guerre pour produire une série d'œuvres intitulée Lepanto en 2001.

 

Autres anecdotes

  • L’un des participants les plus connus est l’écrivain espagnol Miguel de Cervantes, qui y perdit l’usage de sa main gauche, gagnant le surnom de « manchot de Lépante ». Il fut cependant capturé à son retour par l'amiral algérois Mami Arnaute au large de Barcelone. De là, il fut emmené à Alger.
  • Gilles Veinstein indique que, selon une lettre de la Sainte-Ligue publiée à Paris en 1572, « Le désastre de Lépante aurait semé la panique à Istambul. Sélim II aurait fait passer son trésor à Bursa, de même que les femmes et les jeunes enfants mâles du sérail. Lui-même et ses janissaires se seraient réfugiés à Edirne, tandis que les défenses d'Istambul étaient renforcées. La population musulmane aurait également fui la capitale ne la laissant peuplée que de Grecs et de chrétiens francs ».
  • Une fresque représentant la bataille de Lépante est visible dans la basilique de Fourvière de Lyon.
  • Des peintures évoquant la bataille de Lépante sont visibles à l'église de l'ancien couvent des Trinitaires de Saint-Étienne-de-Tinée, village faisant partie du Comté de Nice.
  • La seule rue en France au nom de la bataille se trouve à Nice, car à l'époque la ville et son comté appartenaient à la Savoie ; trois galères commandées par l’amiral André Provana de Leyni, Marc-Antoine Galléan et un représentant de la famille de Gubernatis (tous trois niçois) prirent part à la bataille parmi la flotte savoyarde.
Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_L%C3%A9pante















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