Saint Benoît sur Loire
L'abbaye de Fleury
Abbaye de Fleury
L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, plus exactement abbaye de Fleury, est une abbaye bénédictine située à Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret en région Centre-Val de Loire.
Le
premier monastère fondé au Haut Moyen Âge en 651 est l'un des premiers
en Gaule à vivre selon la règle de saint Benoît et les reliques de Saint
Benoît y sont transférées.
Au début du XIe siècle,
l'abbaye est un des centres culturels de l'Occident et rayonne alors
grâce à son importante bibliothèque et son scriptorium.
Après
un incendie en 1026, l'église actuelle est reconstruite et sa
tour-porche occupe une place importante au début de la période dominée
par l'art roman, par la haute qualité des sculptures des chapiteaux.
L'église
abbatiale fait l’objet d’un classement au titre des monuments
historiques par la liste de 1840, le terrain alentour, d'une surface de
96 centiares, d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 mars 1941 et 46 objets dont une châsse du VIIe siècle sont classés au titre d'objets.
Le site est situé dans la partie Est du val de Loire inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Localisation
L’abbaye
de Fleury est située sur le territoire de la commune de
Saint-Benoît-sur-Loire dans le département du Loiret et le canton de
Sully-sur-Loire, en région Centre-Val de Loire, à 650 mètres de la rive
nord de la Loire et 114 mètres d'altitude, dans la région naturelle du
Val de Loire.
L'abbatiale est accessible via la rue orléanaise (route départementale 60), la rue et la place de l'abbaye.
Histoire
La tour-porche
Les origines
Introduction de la règle bénédictine en France
L'origine de la règle bénédictine en France est décrite dans la vie de saint Maur qui est un faux, écrit par Odo de Glanfeuil (en) au IXe siècle.
L’évêque
du Mans, du vivant de saint Benoît, envoie des religieux de son diocèse
au mont Cassin pour se renseigner sur la règle de saint Benoît.
Le jour de l’Épiphanie 542, saint Maur quitte le mont Cassin et Benoît de Nursie.
Il
passe la période de Pâques près d’Auxerre dans un lieu appelé
Font-Rouge près d’un solitaire appelé Romain qui avait donné l’habit
monastique à Benoît de Nursie.
Il
arrive avec ses moines à Orléans où il tente, sans succès, d’introduire
la règle bénédictine à l’abbaye de Saint-Pierre-aux-Bœufs, qui prit
plus tard le nom de Saint-Aignan.
À la suite de la mort de l’évêque du Mans Innocentus,
saint Innocent, et le refus de son successeur de recevoir saint Maur,
il reste à Orléans, puis se dirige vers Angers, où avec l’aide du comte
Florus, il crée l’abbaye de Glanfeuil. Tel est le récit d'Odo, mais il
n'a aucune valeur historique.
Les premiers oratoires
Sous
l’épiscopat de l'évêque d’Orléans Leodegarius, l’abbé de la collégiale
Saint-Aignan d'Orléans, Léodebold, souhaite introduire la règle de saint
Benoît dans son abbaye.
Devant le refus de ses moines, il décide de fonder une nouvelle abbaye.
Pour
cela il échange avec le roi des Francs Clovis II et l’appui de son
épouse Bathilde, favorable à l'établissement de nouvelles abbayes, une
propriété qu’il possédait avec la villa gallo-romaine de Floriacum près
d’Orléans et des bords de la Loire.
L’année même de son échange, en 651, il envoie des religieux, dont probablement Liébaut et Rigomaire, les futurs premiers abbés de Fleury, pour fonder la nouvelle abbaye.
Ils utilisent probablement au début les anciennes constructions de cette possession royale.
Un des oratoires fondés est consacré à saint Pierre, l’autre à la Vierge Marie.
Les reliques de saint Benoît
Translation des reliques (portail nord de l'abbatiale)
Mommolin,
le deuxième abbé de Fleury, ayant une vision mystique de saint Benoît,
demande à un de ses moines, Aigulfe, d’aller en Italie et de rapporter à
l’abbaye de Fleury le corps de saint Benoît qui se trouve alors dans le
monastère abandonné du mont Cassin.
Aigulfe
se rend à Rome avec des moines du Mans qui souhaitent rapporter les
reliques de sainte Scholastique enterrée à côté de saint Benoît.
Il y recueille les corps de saint Benoît et de sainte Scholastique.
Malgré
l'opposition du pape, le retour d’Aigulfe et ses compagnons avec les
reliques de saint Benoît et sainte Scholastique à l’abbaye de Fleury se
fait en juin 655.
Le corps de sainte Scholastique est alors donné aux moines venus du Mans.
Le
corps de saint Benoît est d'abord déposé dans l'église Saint-Pierre
puis, finalement, enterré dans l’église consacrée à la Vierge Marie en
décembre 655.
L‘abbaye prend alors le nom de Saint-Benoît de Fleury ou de Saint-Benoît-Fleury.
La date de cette translation varie suivant les auteurs : 653 pour Mabillon, 655 pour dom Chazal, 660 pour les Bénédictins du XVIIe siècle. La date de 660 pourrait être plus logique si on considère que le pape à l'époque de ce transfert est Vitalien.
|Vers
752-754, des moines de l’abbaye du Mont-Cassin, accompagnés par
Carloman, viennent à l'abbaye accompagnés de l’archevêque de Reims pour
reprendre les reliques de saint Benoît sur l'ordre du pape Zacharie et
du roi Pépin le Bref.
La
légende raconte qu'un miracle de saint Benoît fit que l'abbé Medon n'a
donné aux moines du Mont-Cassin que quelques ossements du corps de saint
Benoît.
En
887, une portion des reliques de saint Benoît sont données au monastère
de Perrecy-les-Forges dépendant de l'abbaye de Fleury-Saint-Benoît.
À
la demande du pape Urbain V, en 1364, elles sont envoyées à
Montpellier, puis en 1725, données à l'abbaye du Bec (Le Bec-Hellouin).
À
la demande du roi du Pologne Stanislas Leszczyński, en 1736, une petite
partie des ossements du saint est donnée au monastère de Saint-Léopold,
en Russie et après la Révolution française, les dons de reliques de
saint Benoît ont été plus nombreux
Le développement
Le sceau de l'abbaye - SANCTI BENEDICTI FLORIACENSIS
L'oratoire carolingien de Germigny-des-Prés
Un premier monastère fondé, au Haut Moyen Âge, le 27 juin 651, est alors situé dans le Royaume des Francs.
Ce monastère est un des premiers en Gaule celtique à vivre selon la règle de saint Benoît.
Les
reliques de Saint Benoît y sont transférées par des moines étant allés
chercher les ossements délaissés de leur maître, ce qui est à l'origine
du nom actuel de l'abbaye.
Le
temporel se constitue, après Leodebold qui donne dans son testament le
domaine de Fleury, vers 670, le roi des Francs de Neustrie et des
Burgondes Clotaire III confirme à l'abbaye des biens qui formeront le
prieuré de Saint-Benoît-du-Sault, puis le roi des Francs Thierry III
fait un don près de Bordeaux comme Pépin Ier le père de Charlemagne l'avait fait avant lui.
Entre
691 et 720, un prince royal offre de vastes domaines dans le diocèse de
Langres où l'abbé de Saint-Benoît crée un monastère relevant de son
autorité.
Avant 720, les moines défrichent des terres qui forment des ermitages en forêt d'Orléans, en Sologne et sur les bords de Loire.
Dans les premières années du IXe siècle, l'évêque d'Orléans Théodulphe gouverne l'abbaye.
Il occupe sous Charlemagne de hautes fonctions et veut que l'instruction soit donnée à tous ceux qui tiendront une charge.
Les moines de Saint-Benoît acceptent d'enseigner aux jeunes nobles. Il fait ériger l'oratoire carolingien de Germigny-des-Prés.
Au IXe siècle,
la situation est prospère, le roi des Francs Louis le Pieux visite le
monastère, confirme les privilèges dont celui de faire circuler quatre
bateaux sur la Loire, exempte l'abbaye de toute juridiction religieuse
et civile et le prieuré de La Réole lui est restitué.
Avec
la montée du féodalisme, le fief de Fleury est divisé en treize mairies
parmi lesquelles Saint-Benoît-sur-Loire, Guilly, Tigy,
Germigny-des-Prés, Bray-en-Val et Châtenoy. L'abbaye possède sur ses
domaines de nombreux serfs.
Les prieurés conventuels de l'abbaye
Le prieuré de Saint-Benoît-du-Sault
Le prieuré de Perrecy-les-Forges
Le prieuré de La Réole
Les invasions et le déclin
En 845, le roi Charles le Chauve visite l'abbaye.
Vers 853 les normands remontent la Loire et les religieux reçoivent les
moines de Touraine qui fuient avec les reliques de saint Martin puis
repartent vers Auxerre.
Les populations sont dans la misère, les champs ne sont plus cultivés et les récoltes pillées.
Le
roi Charles le Chauve accorde de nouveaux domaines à l'abbaye dans le
pays de Macon, Autun et Chalon dont le domaine de Perrecy-les-Forges qui
deviendra un riche monastère. Il établit la mense abbatiale en séparant
les biens de l'abbé de ceux des moines.
La fin du IXe siècle et au début du Xe siècle
est une période d'affaiblissement de la discipline religieuse et de
décadence. Le roi Carloman II visite le monastère qui est en ruine, les
bâtiments conventuels ne sont plus habitables, l'église est dévastée, le
tombeau de saint Benoît est vide car les reliques par mesure de
sécurité sont à Orléans. Le roi donne l'ordre de réparer les bâtiments
et de reconstruire l'église. Les moines rentrent à l'abbaye en 883. Un
fort est construit à l'angle sud-est du monastère en 883.
Vers
897, les Normands qui parcourent toujours la Loire avec leurs barques
reviennent à Saint-Benoît et pillent le monastère mais les moines sont
repartis avec le corps de saint Benoît.
Après toutes ces invasions on assiste au dépérissement de la discipline.
L'apogée de l'abbaye
Le pape Innocent II
Le
nouveau roi Raoul de Bourgogne élu en 922 connaît l'abbé Odon de Cluny
et lui donne la charge de restaurer le monastère des bords de Loire.
L'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire qui est dans le domaine royal devient la propagatrice de la réforme clunisienne.
L'introduction
des méthodes de Cluny ranime la fidélité parfaite à la Règle
bénédictine, silence, prière, travail, frugalité, abstinence et l'office
divin célébré avec le plus d'éclat possible.
Le
nombre de religieux augmente et le modèle du monastère sert de
référence et transmet la réforme aux monastères de France, de Lorraine,
de Rhénanie, de Flandres, de Bretagne et d'Angleterre. Parmi ses
novices, un Anglais, Oswald devient archevêque de York et propage la
réforme en Angleterre.
Deux
abbés font de Saint-Benoît-sur-Loire l'un des centres culturels de
l'Occident : Abbon (de 988 à 1004) et Gauzlin (de 1004 à 1030).
L'abbaye rayonne alors grâce à son importante bibliothèque et son scriptorium, qui a produit des œuvres comme le Livre de Jeux de Fleury.
Le
successeur d'Odon de Cluny, l'abbé Abbon (988-1004) est un Orléanais
qui se bat pour préserver les biens de l'abbaye que l'évêque d'Orléans
Arnoult lui dispute car depuis le concile de Chalcédoine de 451,
l'évêque a tout pouvoir sur les abbayes de son diocèse, contrôle
l'élection des abbés et peut intervenir si nécessaire.
Abbon obtient du pape Grégoire V l'exemption romaine qui est confirmée par le pape Benoît VIII.
On
lui doit des ouvrages touchant la grammaire, la dialectique, la
cosmographie, le comput, les mathématiques, la liturgie, le droit canon
et l'histoire ecclésiastique.
En 1004, le roi Robert le Pieux fait désigner le fils naturel d'Hugues Capet, Gauzlin élevé à l'abbaye comme son abbé.
Les dons affluent du comte de Gascogne, de la famille ducale normande et de plusieurs seigneurs d'Espagne.
Guillaume Ier de Bellême donne l'abbaye de Lonlay en Normandie, l'abbé Gauzlin y envoie des frères et un moine nommé Guillaume.
La façade Nord et le portail
Vue de la nef vers l'abside
Les bâtiments subissent un incendie en 1026.
L'édifice actuel est reconstruit sous l'impulsion de Gauzlin, alors abbé de Saint-Benoît, à partir de 1027.
Les
travaux commencent par la tour-porche, dont la construction a commencé
quelques années auparavant et qui semble avoir échappé au feu.
L'abside,
la crypte et le chœur sont achevés et consacrés en 1108, permettant
l'inhumation dans le sanctuaire, la même année, du roi de France
Philippe Ier.
La nef est poursuivie pour rejoindre la tour-porche avec des arcatures gothiques.
L'essentiel du bâtiment est achevé vers 1218.
En
1130, l'abbaye connaît une des plus belles journées de son histoire
quand Bernard de Clairvaux vient bénir l'alliance de l'Église romaine et
de la Monarchie capétienne entre le pape Innocent II et le roi Louis VI
le Gros.
Au début du XIIIe siècle l'abbaye a environ 170 religieux.
Une
soixantaine de moines vivent au monastère, 70 dans les grands prieurés
conventuels de La Réole, Perrecy-les-Forges et Saint-Benoît-du-Sault et
40 dans les petits prieurés.
Mais
en 1299, les finances sont dans un état critique et on limite le nombre
de religieux à 45 à Saint-Benoît-sur-Loire, 24 à La Réole, 20 à
Perrecy-les-Forges et 12 à Saint-Benoît-du-Sault.
L'affaiblissement
Les
institutions humaines quand elles sont créées pour répondre à un besoin
social grandissent pour le bien commun, puis languissent et meurent
lorsque leur rôle utile est terminé.
Pour ces raisons, à la fin du Moyen Âge, l'abbaye de Saint-Benoît, comme ces semblables subit un fléchissement.
Le nombre de ses biens et leur dissémination entraîne des différends avec les laïcs et des soucis matériels.
En 1335, la vie est difficile pour les religieux tenus à une extrême frugalité.
Pendant la guerre de Cent Ans, il faut payer des contributions extraordinaires alors que les revenus diminuent.
En
1358-1359, les Anglais tiennent garnison à Châteauneuf-sur-Loire,
ravagent les environs, dévastent les bâtiments et l'église du monastère.
Un incendie en achève la destruction puis en 1363, une bande de bretons oblige l'abbaye à payer une rançon.
Vers 1369, de nouvelles bandes ravagent le pays.
En
1372, l'état du monastère est lamentable faute d'argent pour le
restaurer et on a un grand mal à se faire restituer les biens usurpés
pendant la période de troubles.
En 1415, il n'y a plus que vingt-quatre religieux.
En
1429, Jeanne d'Arc et Charles VII passent par Saint-Benoît-sur-Loire
sur la route qui relie le château de Sully-sur-Loire et celui de
Châteauneuf-sur-Loire qui sont restés aux mains françaises.
En 1443, une supplique au pape dépeint les calamités, les incursions de gens de guerre, les épidémies et la disette.
Les ressources sont tellement réduites que l'on ne peut rien faire pour les bâtiments.
Avec
des abbés dont l'élection est le fruit de l'intrigue, la communauté est
divisée, insoumise et impute aux abbés la frugalité dans laquelle elle
vit.
En
1471, le Parlement de Paris impose une réformation mais son effet ne
paraît pas décisif. Bientôt l'abbatiat ne sera plus qu'un titre et ses
revenus une prébende.
Le régime de la commende
La fin du XVe siècle est marquée par les premiers abbés commendataires.
Désormais, les abbés seront des grands seigneurs, favoris royaux, peu présents et soucieux d'encaisser de gros bénéfices.
La
vie des moines devient plus séculière que religieuse, Le pouvoir
effectif et l'influence à la fois spirituelle et temporelle sur leurs
destins passe aux mains des prieurs.
Les
officiers et particulièrement le cellérier ont tendance à constituer
des bénéfices et il y a moins de moines. La commende est la revanche de
l'épiscopat contre le système des exemptions.
Les
deux premiers abbés commendataires sont élus par les religieux. Le
cardinal Jean VI de La Trémoïlle (1486-1507) restaure l'église et les
bâtiments conventuels. Le cardinal Étienne Poncher (1507-1524) sépare
les dortoirs en cellules et achève le logis abbatial.
En 1515, le concordat entre François Ier
et le pape Léon X accorde au roi les évêques et les abbés. Les
religieux refusent d'accueillir le cardinal Antoine Duprat (1525-1535)
et François Ier
vient en personne l'installer. Il fait démolir la tour saint Michel dont
il ne reste que le péristyle et l'étage. Avec son successeur l'abbaye
subit des aliénations mais le roi accorde au bourgeois de
Saint-Benoît-sur-Loire les droits d'une ville avec la possibilité de
s'enclore de murs.
Avec
le cardinal Odet de Coligny-Châtillon (1551-1569) le trésor et la
bibliothèque sont pillés; il se range du côté des Calvinistes. Pendant
les trois abbatiats suivants, c'est le dépérissement total de la
discipline monastique à cause de son isolement. Quelques abbayes
s'agrègent en une Congrégation gallicane des Exempts.
Charles
d’Orléans (1584-1601) fils naturel de Charles IX restaure le monastère
et l'église détruite par un incendie mais les troubles qui secouent
l'Orléanais entraînent des défections nombreuses. Il ne reste que cinq
religieux armés par la Ligue, les autres sont dispersés.
À la fin du XVIe siècle
les biens de l'abbaye sont dilapidés. Après la conversion d'Henri IV,
les religieux rentrent au monastère mais l'indiscipline est à son
comble.
La Réforme de Saint-Maur
L’abbaye des mauristes au XVIIe siècle
En 1618, la Congrégation de Saint-Maur est fondée, approuvée par Louis XIII et le pape Grégoire XV en 1621.
Très
vite plusieurs monastères s'affilient mais beaucoup de religieux
anciens résistent et se font garantir un régime d'exception.
Les
jeunes acceptent la réforme avec les antiques observances
bénédictines : résidence, silence, abstinence et l'exécution des offices
religieux dans leur totalité. On y ajoute la méditation et une grande
ferveur pour le travail intellectuel.
Le
cardinal de Richelieu, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire de 1621 à 1642,
introduit la Réforme de Saint-Maur dans l'abbaye. Le 26 mai 1627, le
chapitre décide que les anciens et les nouveaux formeront deux
communautés avec chacune son prieur. En 1660, il n'y a plus qu'un seul
ancien, les mauristes sont vingt y compris le prieur et le sous-prieur
et entreprennent l'œuvre de redressement. Pour relever l'éclat du culte,
ils blanchissent l'église et l'embellissent par de nouveaux ornements.
Ils enseignent la philosophie, la théologie et la rhétorique et une
bibliothèque est constituée. Ils retrouvent dans les archives des vieux
titres et restaurent des droits aliénés. Ces nouveaux revenus permettent
de restaurer les bâtiments et les jardins, une nouvelle châsse pour les
reliques de saint Benoît coûte 15 000 livres et on construit un édifice
pour la recevoir.
Plan &Figure de l'Abbaye et Villenie de St Benoist su Loire. 1645
En
1645, le déplacement de la porte d'entrée a donné lieu à la publication
d'une carte exposant le projet : "Plan et Figure de l'Abbaye, &
Villenie de St Benoist su Loire".
En
1712, la construction d'un vaste bâtiment contenant les lieux réguliers
commence: cellules, réfectoire et salle commune, deux nouvelles ailes
dont une rejoint le transept de l'église et l'autre se dirige vers
l'abside. Elles abritent la salle capitulaire, la sacristie,
l'infirmerie, l'hôtellerie, la bibliothèque et les autres annexes de
fonctionnement. Les façades sont bordées de terrasses dominant les
jardins avec un panorama vers le val et la Loire.
Le
jansénisme s'introduit dans l'enseignement des écoles de l'abbaye où on
étudie la philosophie, la théologie, le latin, le grec, l'hébreu, la
physique, les mathématiques et l'histoire. Les religieux refusent de
renoncer à cette doctrine malgré les injonctions de l'évêque d'Orléans.
Vers
1760, le recrutement des cloîtres devient difficile, la littérature et
la philosophie discréditent les vœux religieux et le public est témoin
du déclin des monastères.
En
1789, dans les cahiers de doléances de Saint-Benoît-sur-Loire, les
paroissiens demandent au roi Louis XVI la création d'un collège tenu par
les bénédictins, gratuit pour les enfants du pays et payant pour les
étrangers.
La Révolution
Vue de l'abbaye en 1851 par Deroy
En
1788, il ne reste plus dans le monastère qu'une dizaine de moines et
une quinzaine de novices qui ne respectent plus l'austérité de leur
Ordre. Le décret du 6 avril 1792 sur les communautés religieuses les
oblige à quitter l'abbaye. Deux religieux signent le serment
constitutionnel et exercent à Bray-en-Val et Saint-Benoît-sur-Loire,
l'autre se marie et reste au village.
Benoît
Lebrun, architecte parisien installé à Orléans, achète le 24 fructidor
An IV tous les bâtiments, 22 arpents de terre formant un clos entouré
avec des viviers et tenant à l'abbaye. Il prévoit d'y installer une
manufacture, mais le projet n'aboutit pas. Il achète aussi l'église à la
condition d'en rebâtir une autre pour les 900 paroissiens du bourg mais
l'échange contre celle de Fleury. Il démolit les bâtiments puis vend
l'emplacement à un propriétaire du pays.
De
l'importante bibliothèque de plusieurs milliers d'ouvrages il ne reste
que 231 volumes qui sont transportés dans les bibliothèques d'Orléans.
La renaissance
L'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en 2011
Dès
1850, Félix Dupanloup, évêque d'Orléans souhaite rétablir les ordres
monastique et en particulier celui de saint Benoît. Le 6 janvier 1865,
il annonce aux autorités de la commune l'arrivée de deux bénédictins
pour administrer la paroisse. La communauté monastique dispersée au
cours de la Révolution française de 1789 reprend possession de l'église
mais la véritable refondation a lieu au cours de la Seconde Guerre
mondiale, en 1944, avec l'arrivée d'une dizaine de moines de l'abbaye de
la Pierre-Qui-Vire à Saint-Léger-Vauban (Yonne).
L'abbaye,
rattachée à une union internationale d'abbayes et de maisons
bénédictines dite de la Congrégation de Subiaco, compte 32 religieux en
2017 et accueille plusieurs centaines d'hôtes chaque année et près de
100 000 visiteurs, touristes ou pèlerins. Les frères vivent des ventes
de la boutique d'artisanat monastique, de la fabrication de bonbons en
forme de moines, de l'accueil et de dons. Contrairement à la
Congrégation de Solesmes, l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire accorde,
depuis les réformes du pape Paul VI, une large place au français durant
l'office divin tout en conservant le chant grégorien à la messe et pour
les fêtes principales.
La vie intellectuelle
Le
moine conçoit l'éducation intellectuelle, puis, toute la vie de
l'esprit par rapport à la rencontre avec Dieu dans la liturgie, la
prière, la lecture méditée et priée, la mémorisation, la récitation, le
commentaire infiniment repris et ruminé intérieurement. L'amour des lettres est étroitement lié à cette recherche de Dieu.
L'abbaye
fondée en 651 a pour mission d'implanter sur les rives de la Loire les
principes de la Règle de saint Benoît dans une population où subsiste
des croyances païennes en dépit des premières tentatives de
christianisation. La Règle, qui s'adapte à chaque pays, peut permettre à
l'élite de se cultiver, l'aumône est à l'honneur et l'office divin est
caractérisé par sa variété et suggestif par sa symbolique. Cette coutume
est largement diffusée.
La
vie liturgique prend une place considérable, la culture des champs est
cédée à des laïcs, les métiers confiés à des serviteurs et beaucoup de
religieux se contente de l'activité spirituelle et intellectuelle.
Manuscrit médiéval d'un ouvrage d'Abbon de Fleury
À la fin du VIIIe siècle,
une salle de lecture est aménagée et des livres sont distribués,
probablement des sermons et des traités des Pères de l'Église. Les
moines copient des manuscrits et sont réputés pour la qualité de la
calligraphie et des enluminures dont le style est aussi celui de
l'abbaye de Marmoutier (Tours) et qui constitue une école de la Loire
distincte de celle de Paris. Du Xe siècle au XIIe siècle, l'abbaye héberge un grand nombre d'écrivains. L'abbé Abbon écrit des traités de toutes les notions. À la fin du Xe siècle le pape commande à l'abbé un beau missel. Le traité des Miracula est écrit par quatre religieux ; il s'agit d'un manuscrit de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle contenant dix mystères avec notation musicale qui forme l'ébauche du Jeu de saint Nicolas du trouvère-ménestrel Jean Bodel.
À la fin du Moyen Âge, l'activité intellectuelle fléchit et il faut attendre le XVIIe siècle
la réforme de la Congrégation de Saint-Maur pour qu'elle retrouve une
nouvelle ferveur. Les moines travaillent sur les manuscrits et les
chartes qui alimentent la grande enquête historique du religieux et
historien français Jean Mabillon. En 1658, les archives sont
inventoriées et des notes historiques rédigées. Dom Chazal écrit, de
1697 à 1723, un ouvrage sur l'ensemble de l'histoire de l'abbaye.
L'école
Comme
pour la plupart des premiers établissements monastiques, l'abbaye de
Saint-Benoît-sur-Loire assure, dès le haut Moyen Âge, la charge sociale
de l'enseignement. Il semble que l'école existe depuis le VIIe siècle. Dans les premières années du IXe siècle,
Théodulphe introduit des étudiants laïcs, souvent de jeunes nobles à
côté des futurs religieux. Ils étudient la grammaire, la dialectique, la
rhétorique, la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie, la musique,
l'histoire, la géographie, le droit, le latin et le grec.
Au Xe siècle,
Abbon (vers 940-1004), un moine de l'abbaye, complète son instruction à
Paris et Reims puis revient vers 977 enseigner et développer l'école.
Il a de nombreux disciples. Élu abbé en 998, il continue son œuvre
intellectuelle. Au XIe siècle, la prospérité de l'école se maintient et Raoul Tortaire un de ses maître écrits Les miracles de saint Benoît et enseigne la versification.
Au XIIe siècle et XIIIe siècle,
l'école fléchit un peu, les étudiants laïcs préfèrent les universités
qui s'organisent dans les grandes villes et l'abbaye n'enseigne plus
qu'à ses religieux. Au XIVe siècle, l'école envoie encore ses maîtres aux universités.
Pendant
trois à quatre siècles, l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire est un des
foyers d'enseignement les plus actifs du monde occidental.
La bibliothèque
Le Pentateuque de Tours passé à Saint-Benoît au VIIIe siècle
Mappemonde dessinée sous l'abbé Abbon (988-1004)
La vie intellectuelle est liée au développement de la bibliothèque. Dès le VIIe siècle, les religieux collectionnent et copient des manuscrits ; de cette époque primitive, seuls quelques-uns subsistent. Au IXe siècle, sous Théodulphe, le fond s'enrichit et comporte 78 numéros. Du Xe siècle au XIIIe siècle,
la bibliothèque pillée par les Normands se reconstitue. L'abbé Abbon
(988-1004) dispose des 250 à 300 livres du monastère et elle s'élargit
en particulier grâce à des dons de monastères anglais. En 1562, les
Huguenots découvrent plusieurs milliers d'ouvrages entassés dans
l'actuelle sacristie. Un érudit orléanais, Pierre Daniel, achète la plus
grande partie de la collection aux pillards mais en rend très peu au
monastère. En 1790, la bibliothèque possède 258 manuscrits, 674
in-folio, 456 in-4°, 452 in-8°, 2 499 in-12° et un grand nombre de
journaux et périodiques.
Les manuscrits anciens
La
collection de manuscrits de Pierre Daniel achetée aux protestants se
retrouve dans les bibliothèques de Paris, du Vatican, d'Orléans,
d'Oxford (Royaume-Uni) et de Berne (Suisse) pour la plus grande partie
et ils ont très souvent un ex-libris permettant d'identifier la
provenance. Les plus anciens sont en majorité d'origine italienne et se
trouvent à l'abbaye dès le VIIe siècle. On peut admettre qu'un lot important est apporté dès le VIIIe siècle.
Les manuscrits de l'abbaye constituent l'une des plus riches
bibliothèques de la Chrétienté surtout pendant le haut Moyen Âge. Ils
sont rassemblés, acquis ou recopiés par les moines lors de la période la
plus florissante de l'abbaye du VIIe siècle au XIIe siècle.
L'époque mérovingienne et carolingienne
Les
plus anciens manuscrits ne sont certainement pas originaires du
scriptorium de l'abbaye puisqu'il n'existe pas encore. Sur la
quarantaine de manuscrits antérieurs à l'an 800 qui proviennent de
l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, deux palimpsestes, des feuillets de
saint Augustin, saint Jérôme, saint Cyprien et un Lactance sont du Ve siècle. Le VIe siècle est représenté par les Écritures et les Pères de l'Église. Le lot antérieur au VIIe siècle est d'origine italienne. Au VIIIe siècle, le manuscrit Pentateuque de Tours
rédigé en latin d'origine d'Afrique, d'Espagne ou d'Italie du Nord
passe à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire puis il se retrouve à Tours
pendant tout le Moyen Âge. Un manuscrit portant un ex-libris qui peut
être identifié comme celui d'un abbé de l'abbaye des dernières années du
VIIIe siècle
provient de son scriptorium. On trouve un Corpus de grammaire, un livre
des Prophètes avec deux lettrines et deux Bibles de Théodulphe, ainsi
qu'un homéliaire contenant des sermons inédits de saint Augustin. Il est
possible que le scriptorium ait produit deux exemplaires des quatre
Évangiles dont celui de Tours qui a servi à quinze rois de France pour
prêter le serment d'abbé laïque de la Basilique Saint-Martin de Tours
entre 1137 et 1650.
Les classiques latins
L'abbaye
de Saint-Benoît-sur-Loire ne tient pas ses titres de gloire de la
calligraphie ni de la miniature mais des textes, surtout les lettres
classiques.
Au IXe siècle, l'abbaye abrite de nombreux textes classiques.
Au Xe siècle,
les relations s'intensifient avec l'Angleterre grâce à l'un de ses
anciens moines Oswald de Worcester qui devient évêque de la cathédrale
de Worcester puis archevêque de la cathédrale d'York et travaille avec
saint Dunstan, archevêque de la cathédrale de Canterbury à restaurer le
monachisme anglais avec les coutume de Saint-Benoît et de l'abbaye
Saint-Bavon de Gand. Il n'y a donc rien d'étonnant à retrouver sur les
bords de Loire des manuscrits de style anglais dont un bénédictionnaire
de l'École de la cathédrale de Winchester. Le XIIe siècle est représenté par une Bible et vers 1239, l'abbé Jean I (1235-1248) commande une série de commentaires bibliques.
Le temporel
L'abbé
de Saint-Benoît-sur-Loire est dans la hiérarchie féodale et pendant le
haut Moyen Âge dépendant du comté d'Orléans, puis l'abbaye bénéficie de
la protection royale et de l'immunité interdisant les poursuites
judiciaires et les redevances sur ses terres et dépendances. Le pape Grégoire IV
lui accorde le privilège d'exemption et elle ne peut pas être jugée par
un évêque ce qui entraine de nombreux conflits avec celui d'Orléans. Le
roi de France Philippe II Auguste lui accorde le titre d'abbaye royale
et elle est un centre de diffusion de l'idée monarchique. Le monastère
est indépendant et devient une maison-mère avec la création de
succursales.
Un
pèlerinage entretient pendant des siècles un courant de visite qui sert
à la diffusion de l'idée nationale et monarchique et de l'idée de la
réforme bénédictine. Les moines exercent une influence spirituelle dans
les campagnes qu'ils administrent. Après avoir aidé à défricher et
assainir des terres, l'abbaye sert d'établissement de crédit pour
assurer les frais de réparation lors des nombreuses crues de la Loire et
possède des réserves utilisées pendant les périodes de famine. Elle
pratique l'aumône et l'hospitalité avec une hôtellerie pour les nobles
et un hôtel-Dieu pour les pauvres, une léproserie est construite au
lieu-dit Narbonne près du monastère pendant les croisades.
L'abbaye
possède, parfois avec un caractère temporaire dans plusieurs provinces
de France, de grandes propriétés territoriales, des châtellenies, des
fiefs, des censives, des droits de haute et de basse-justice, le droit
de prendre du bois de chauffage et de construction dans la forêt
d'Orléans, des droits de pêche sur la Loire, sur des rivières et des
étangs, des droits sur les transports terrestres et sur la Loire avec la
possibilité d'avoir quatre bateaux pour son approvisionnement, des
privilèges sur le sel. Elle perçoit la taille et les dîmes, a quatre
moulins à blé, un à draps, des fours banaux et vit des fruits de la
culture, du loyer des fermes, du rapport des prieurés et des églises.
L'ensemble
des biens et privilèges est défendu par de nombreux procès, organisé
par des ventes et des achats pour améliorer son rendement et les
bâtiments entretenus par de grands travaux. Sur les terres, les hommes
sont francs ou serfs taillables et corvéables à merci sauf pendant les
derniers siècles de l'abbaye. Les localités sont administrées par des
maires souvent héréditaires, les bois dépendent d'un maître des forêts
avec des gardes, la police et la justice appartiennent au prévôt, un
notaire rédige les actes, un bailli juge la haute-justice et garde le
sceau de l'abbaye.
Dans
le monastère, après l'abbé qui a sa mense abbatiale, les officiers ont
des bénéfices et des domaines attachés à leur charge avec des titres
seigneuriaux et des droits de justice. Suivant les époques, on trouve à
Saint-Benoît parmi les officiers : chambrier, prieur, trésorier,
sous-chambrier, sous-prieur, cellérier, maître de l'œuvre, prévôt,
chevecier, chantre, aumônier et infirmier. Leurs revenus leur
permettent, après avoir payé leurs besoins personnels et l'entretien des
bâtiments, de répandre l'aumône autour d'eux.
Le domaine
Le domaine de Fleury
L'abbaye est fondée par la donation en 651 du domaine de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire qui grâce à de nouveaux dons forme au IXe siècle
un ensemble compact avec Germigny-des-Prés, Saint-Martin-d'Abbat,
Saint-Aignan-des-Gués, Bray-en-Val, Les Bordes, Bonnée sur la rive
droite de la Loire ; Tigy, Guilly, Neuvy-en-Sullias, Sigloy,
Ouvrouer-les-Champs et Férolles sur la rive gauche et un peu plus loin
au Nord-Est Vieilles-Maisons-sur-Joudry, Châtenoy et Coudroy.
Elle
possède le droit de présentation d'une centaine de curés dans les
églises du diocèse d'Orléans dont 55 dans le Loiret, ceux de Sens,
Chartres et Bourges. La plupart sont dans celui d'Orléans, dans le
domaine de Fleury auxquelles on peut ajouter Dampierre-en-Burly,
Saint-Père-sur-Loire, Villemurlin et les cures importantes de Lorris,
Châtillon-sur-Loire et Gien. À Orléans, l'église Saint-Benoît-du-Retour
et une maison servent à l'abbé et aux moines de passage de résidence
mais aussi de refuge pendant les périodes de troubles.
Saint-Benoît
tient des prieurés, des prévôtés, des maisons à Orléans et en Gatinais,
à Sully-sur-Loire, Gien, Yèvre-le-Châtel et Lorris, en Normandie à
Saint-James-de-Beuvron et Saint-Hilaire-du-Harcouët, dans le Berry à
Saint-Benoît-du-Sault et Sancerre, en Gascogne à La Réole et le prieuré
Saint-Caprais à Pontonx-sur-l'Adour, en Bourgogne à Perrecy-les-Forges
et Dyé, en Champagne à Sorbon, Feuges et Arnicourt et en Angleterre à
Minting dans le diocèse de Lincoln.
En
Étampois, l'abbaye détient une châtellenie dont le siège est d'abord
situé au prieuré Saint-Pierre à Étampes, possession de l'abbaye depuis
l'origine, puis au Plessis-Saint-Benoist. Elle comprend notamment
Saint-Pierre d'Étampes (Essonne), Orveau-Bellesauve (Loiret), Mérouville
et Sainville (Eure-et-Loir), Authon-la-Plaine en partie (dont le
Plessis-Saint-Benoist) (Essonne), ainsi que Sonchamp (Yvelines).
Sceaux et armoiries
Les actes passées par la communauté sont scellés d'un sceau à l'effigie de saint Benoît assis sur une chaire, tenant de la main droite le bâton pastoral et de la gauche un livre ouvert avec la légende: SIGILLUM CAPITULI SANCTI BENEDICTI FLORIACENSIS. Au revers on voit une main bénissante avec la légende: DEXTERA DEI. L'abbé emploie la cire verte, le chapitre la cire blanche comme les officiers qui ont des sceaux du même modèle mais d'un module inférieur.
Pour l'abbaye, il reste des fragments d'un sceau ogival de 71 mm
de 1248 représentant un personnage assis, vu de face, tenant une crosse
et un livre, à droite une étoile et à gauche une croix, au revers une
main bénissante. Un sceau d'une charte de l'abbé Maurice en 1214 est
ogival de 70 mm, de type abbatial: SIGILLUM MAURICII FLORIACENSIS ABBATIS avec un contre-sceau en pierre gravée: tête de profil à droite, SERVIRE REGNA. Un fragment du sceau de l'abbé Jean Ier sur un accord avec le roi en juin 1248 est ogival de 65 mm, de type abbatial, SIGILUM JOHANNIS ABBATIS SANCTI BENEDICTI. Une prière pour le roi en 1285 porte le sceau ogival de 55 mm de l'abbé Hélie: type épiscopal sous clocheton et accosté de quatre fleurs de lys, SIGILLUM FRATIS HELYS ABBATISSANCTI BENEDICTI FIORACENSIS. Le sceau de Jean Denis, vicaire de l'abbé est ogival de 60 mm:
sur champ semé d'étoile et posé sur un socle, saint Benoît, debout, en
costume de moine, tenant une petite église dans la main droite et sa
crosse de biais dans la main gauche, SIGILLUM JOHANNIS DYONISIS VICARII ABBATIS SANCTI BENEDICTI FLORICENSIS.
La
communauté est une personne morale au regard du plan féodal comme du
droit canonique et possède un signe extérieur de sa dignité: ses
armoiries qui se blasonnent ainsi: D’azur à une croix d’argent
chargée de cinq roses de gueules cantonnée de deux lys d’or en chef et
de deux crosses d’or adossées en pointe. Elles rappellent le nom de Fleury et la protection royale.
Architecture
Plans de l'abbaye vers 1640 et 1790
Le site de l'abbaye sur le tertre la protégeant des inondations de la Loire
De
l'ancienne abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire il ne reste plus que
l'abbatiale Notre-Dame mais on peut comprendre son organisation, ses
liaisons avec la ville par des plans des années 1640, 1645, 1749, 1790,
1794, 1795 et les gravures du Monasticon Gallicanum du XVIIe siècle.
Le
monastère occupe le centre de la petite ville qui est protégée par un
fossé avec des ponts et des tours sur les principales voies d'accès vers
Chateauneuf-sur-Loire, Sully-sur-Loire et vers le port sur la Loire.
Dès 889 l'abbaye est fortifiée et cette petite citadelle peut être utile
à la défense des moines et celle de la ville.
Le
plus ancien plan fait par les mauristes entre 1627 et 1640 représente
une muraille protégée par un fossé et des tours. L'accès se fait au sud
par un pont-levis. L'organisation générale respecte la règle de saint
Benoît, avec les bâtiments réguliers autour d'un cloître avec la salle
du chapitre visible par tous pour que personne n'ignore une assemblée,
les dortoirs près de l'église pour les offices de nuit, le réfectoire au
sud, mais à Saint-Benoît celui-ci étant en ruine, une grande maison est
utilisée à la place. Les religieux anciens et les officiers ont des
logements particuliers. Les visiteurs sont logés près de l'entrée comme
la salle où l'on plaide. Dans l'angle Sud-Est, la chapelle Saint-Pierre
marque l'emplacement de l'ancienne église Saint-Pierre. On trouve les
annexes de fonctionnement avec le four et le pressoir mais la granges
aux dîmes est à l'extérieur de l'enceinte.
En
1644, sous le cardinal de Richelieu sont construits un réfectoire avec
des salles communes et un dortoir. De 1712 à 1724, le grand bâtiment Sud
appelé dortoir est construit avec une architecture typiquement mauriste
que l'on retrouve dans de nombreuses abbayes. Le rez-de-chaussée est
réservé au réfectoire de 20 m de longueur et 8 m
de hauteur avec à l'Ouest, face à l'entrée la table du prieur. Les deux
étages sont occupés par les cellules des moines et le sous-sol renferme
d'immenses celliers. En 1721, les jardins sont redessinés, un autre
bâtiment est construit en 1731 et le pavillon de l'hôtellerie en1736. À
la Révolution les bâtiments conventuels deviennent une carrière de
pierre. Il ne reste que quelques murs de la porterie transformée en Librairie bénédictine.
Chronologie
En
651, l'abbaye est fondée avec deux oratoires dédiés à saint Pierre et à
Notre-Dame. Entre 653 et 660, les restes de saint Benoît sont déposés à
Saint-Pierre puis dans l'oratoire Notre-Dame.
Église Saint Pierre
L'église est reconstruite entre 786 et 801, incendiée par les Normands en 865, puis reconstruite à nouveau avant 883.
En 1026, après un nouvel incendie, l'abbé Gauzlin (1004-1030) la fait restaurer. L'église semble aussi avoir été restaurée au XIe siècle. Elle est en ruine au XIVe siècle.
En 1681, une chapelle est reconstruite sur son emplacement.
Église Notre-Dame
Le
modeste oratoire Notre-Dame est sans doute agrandi sous l'impulsion de
l'abbé Mommole (632-663) qui y dépose les reliques de saint Benoît.
L'abbé Odon (930-943) fait établir une crypte où sont enfermées les
restes du saint. Deux incendie en 974 et 1002 endommagent l'édifice et
entre 988 et 1004, le chantre Godefroy fait construire un Trésor pour
protéger les objets précieux. Il est terminé par l'abbé Gauzlin nommé en
1004.
En
1026, un incendie détruit l'ensemble du monastère qui est restauré,
puis les travaux s'arrêtent. L'abbé Guillaume (1067-1080) fait
reconstruire l'église ruinée par le temps et l'incendie selon un autre
plan.
La
date de construction de la tour-porche est controversée ; elle se situe
entre 1020 et 1035 voir un peu plus tardif. En 1108, le chœur et le
transept sont terminés et le roi des Francs Philippe Ier y est inhumé. On reconstruit ensuite la nef qui est terminée sous l'abbé Barthélémy (1215-1235).
Les
travaux des siècles suivants portent surtout sur le mobilier comme
l'installation des stalles en 1413. Après la mise en commende de
l'abbaye en 1486, d'importantes réparations affectent les collatéraux de
la nef, le déambulatoire et les chapelles rayonnantes. Le jubé est
construit en 1518. La mosaïque italienne est posée dans le chœur entre
1531 et 1535 pour certains auteurs.
Une
bibliothèque transformée en sacristie en 1637 est construite sur le
Trésor et en 1615, la tour centrale frappée par la foudre est restaurée
et surmontée d'un lanterneau.
Après
l'introduction de la Congrégation de Saint-Maur en 1627, de nombreux
travaux modifient la décoration intérieure de l'église. En 1648, la
porte Ouest entre la nef et la tour-porche est rouverte et décorée. En
1704, on bâtit sur la première travée Ouest une tribune pour l'orgue.
Avec
le classement de l'église abbatiale sur la première liste des monuments
historiques de 1840, la décision est prise de restaurer les façades
Ouest et Sud de la tour, les piliers du porche, le mur du bas-côté Sud
de la nef, le pignon Sud du transept, la croisée et les voûtes du chœur.
Le grand retable de 1661 et la chapelle gothique du XIIIe siècle de la crypte sont supprimés.
Les églises primitives
Plan des fouilles
En
1923 et durant une période s'étalant sur les années 1958 et 1959, des
fouilles sont entreprises dans le croisillon Sud, le chœur, le transept
et la nef sur une longueur de 35 m et une largeur de 8,50 m.
Elles
révèlent le plan de l'église primitive avec une nef à vaisseau unique,
un transept et un chevet plat avec, plus à l'Est une construction
étrange avec deux murettes distantes d'1,50 m, deux bases de colonnes et un couloir central flanqué de deux petites loges latérales.
Des fragments montrent qu'il était voûté.
Il est souvent identifié comme étant la crypte construite sous le mandat de l'abbé Odon (930-942).
Un important pavage de la précédente église, la tombe du roi Philippe Ier et des sarcophages dont certains sans doute antérieurs à l'époque carolingienne sont dégagés.
Sous la croisée du transept, un pavage d'un diamètre de 4,50 m est mis au jour, puis sous celui-ci un autre plus ancien.
Sous la coupole, trois dallages se superposent, la chape d'un dallage de marbre du XIe siècle, un autre carolingien du IXe siècle et 40 cm au-dessous, un autre encore plus ancien d'époque mérovingienne.
L'abbatiale Notre-Dame
Le plan
L'église
abbatiale Notre-Dame de Saint-Benoît-sur-Loire est orientée
Est-Sud-Est. Son axe est brisé à l'entrée de la nef, à la croisée du
transept et au déambulatoire avec une légère inflexion vers le Nord-Est.
La
nef de sept travées est flanquée de collatéraux plus larges au Nord
qu'au Sud. Le transept est très débordant avec sur chaque croisillon,
deux chapelles en hémicycle, celles du Nord étant plus longues. Dans la
quatrième travée Nord, une porte donnait accès de la cour d'entrée de
l'abbaye à l'église.
Le
chœur, très long, communique par six arcades avec les collatéraux.
L'abside a un déambulatoire garni de deux chapelles en hémicycle et
d'une sorte de faux transept dont chaque croisillon est muni vers l'Est
d'une chapelle en hémicycle.
Une
crypte est creusée sous le petit transept, l'abside, le déambulatoire
et les chapelles. Au Sud du chœur, l'ancien Trésor appelé aussi crypte
de Saint-Mommole est surmonté de l'ancienne bibliothèque devenue la
sacristie.
À l'Ouest de la nef, la tour-porche a deux niveaux. Elle communique au rez-de-chaussée avec la nef par une porte.
La
pierre de Bulcy (Nièvre) est utilisée pour la construction de la
tour-porche, le transept, le chœur, les chapelles rayonnantes et la
crypte. La nef, qui appartient à une autre campagne de construction, est
en pierre de Bourré (Loir-et-Cher). Les parements extérieurs sont en
pierre de Briare, de Beaune-la-Rolande et de Fay-aux-Loges (Loiret).
Plan de l'abbatiale avec les phases de construction
La tour-porche
Plan étage du porche
Coupe sur le porche
Vue d'ensemble de la tour-porche
La tour-porche est construite sur un plan presque carré avec des côtés d'environ 16 mètres pour une surface de 260 m2
sur deux étages. Le rez-de-chaussée a une hauteur de 6,60 mètres et
l'étage de 10,35 mètres. Deux escaliers à vis dans le mur Est desservent
l'étage, celui du Nord poursuivant jusqu'aux combles avec une charpente
en pavillon surmontée d'un lanterneau. La construction est en pierre
des environs de Bulcy. L'épaisseur des joints du rez-de-chaussée sont de
3 à 5 cm et ceux de l'étage inférieurs de 3 cm. Les chapiteaux et les bases sont taillés dans une pierre plus fine de la même région.
Le
rez-de-chaussée est ouvert des trois côtés par de triple arcades, celle
du milieu étant plus large que les deux autres et est fermé à l'Est par
le mur de la nef. Ces arcades en plein-cintre à doubles ressauts
portent sur des piles rectangulaires au Nord et au Sud, et cruciformes à
l'Ouest. Elles sont renforcées d'une demi colonne sur chaque face et
par de puissants contreforts aux piles des deux angles. Vers l'Est, les
colonnes s'appuient sur d'importants ressauts avec dans l'épaisseur les
escaliers à vis. De chaque côté de la porte centrale, des arcs en
plein-cintre de 6,10 m de
hauteur ont été bouchées. Le porche est divisé en neuf travées couvertes
de voûtes d'arêtes en blocage séparées par de larges doubleaux en
plein-cintre. La plantation des piles est assez irrégulière. Quelques
piles ont été refaites au XVe siècle et à l'époque moderne.
L'étage
reproduit les divisions du rez-de-chaussée. Dans la travée centrale,
les colonnes sont coupées à mi-hauteur et posées sur des consoles ornées
de figures sculptées au début du XVe siècle pour permettre l'installation de stalles contre les piles. Les grandes arcades sont bouchées au XIVe siècle
sauf deux où sont montées des fenêtres pour transformer l'étage en
chapelle fermée. Leur remplissage est enlevé lors des restaurations de
la période 1836-1839. Au sud, les piles sont presque reconstruites de
1836 à 1839. Elles sont réunies par de larges doubleaux en plein-cintre
portant des voûtes d'arêtes sauf dans celles de l'est touchant à la nef
où elles sont en forme de coupole. Dans le mur est, trois niches de
8,80 m en plein-cintre sont
couvertes en cul-de-four. Elles abritaient probablement des autels,
celle du milieu dédiée à saint Michel suivant la coutume des dédicaces
des salles ou chapelles hautes. Ces niches ont été percées de baies
donnant sur l'église primitive et ont été bouchées lors de la
construction de l'église actuelle.
La
tour-porche contient les quatre cloches de l'abbaye, qui sonnent les
notes do, fa, sol et la. Les douze portes non fermées de la tour-porche
peuvent évoquer la Jérusalem céleste.
Tour-porche
La travée Nord
La travée Ouest
Vue Sud-Ouest
Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire
La fonction et la datation
La fonction et la datation de la tour-porche sont largement controversés :
- Pour l'abbé Rocher, auteur du premier ouvrage de base sur l'abbaye, l'abbé Gauzlin de Fleury (1004-1030), qui n'a pas terminé la tour sous son mandat, a eu l'intention de faire bâtir une tour féodale, sorte de narthex, pour la relier plus tard à l'église. Plus élevée que l'actuelle, elle aurait été en partie démolie sous le règne du roi François Ier en 1527.
- Pour Georges Chenesseau, de prime abord, ce porche à double étage, surmonté d'un clocher, se classe dans la série des narthex monumentaux utiles pour abriter les pèlerins qui ne pouvaient pas assister aux offices pour cause de pénitence publique. La liturgie exigeait aussi des espaces de rassemblement avant de pénétrer dans l'église. L'étage ne pouvait guère servir qu'aux pèlerins et on y dressait peut-être un autel. Il attribue la tour-porche à Gauzlin de Fleury qui aurait commencé la tour quelques années avant sa mort. Elle est terminée un peu plus tard dans une autre campagne de construction. Les chapiteaux de l'étage ont été sculptés avant ceux du rez-de-chaussée pendant la construction vers l'an 1100. Ceux du rez-de-chaussée auraient été sculptés dans le deuxième quart du XIIe siècle.
- Pour Marcel Aubert, tout concourt à placer la construction de la tour dans le dernier tiers du XIe siècle. L'abbé Guillaume entre 1067 et 1080 fait bâtir la tour à l'Ouest puis le transept et le chœur, dont les constructions sont un peu plus récentes que celle de la tour
- Pour l'historien de l’architecture et archéologue français Eugène Lefèvre-Pontalis, ce porche ne peut pas être un édifice du XIe siècle.
- Pour Éliane Vergnolle, l'abbaye est un foyer de culture classique qui a des liens avec les Capétiens. L'abbé Gauzlin de Fleury fait construire une tour dont le roi veut qu'elle soit un exemple pour toute la Gaule. Le chantier est ouvert en 1026 mais n'est pas terminé à la mort de Gauzlin en 1030. Elle reprend l'ancienne tradition des tours bâties à l'Ouest des églises (Westwerk) mais avec une nouvelle manière de construire et occupe une place importante au début de la période dominée par l'art roman, par la haute qualité des sculptures des chapiteaux et des plaques insérées dans le mur Nord. Les premiers sont des années 1070-1080 et les autres du début du XIIe siècle. Les sculptures du rez-de-chaussée sont d'Unbertus qui a gravé son nom ou ont été réalisés sous sa direction par ses élèves. L'étage provient d'un autre atelier avec un style différent.
- Pour Marcel Durliat, il est inconcevable qu'un écart d'un demi-siècle sépare les chapiteaux d'Unbertus de Saint-Benoît-sur-Loire des premiers chapiteaux corinthiens de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse ce qui n'a rien de surprenant pour Éliane Vergnolle.
La sculpture
Le chapiteau d'Unbertus
Sculptures de la façade Nord
La
tour-porche présente deux groupes de sculptures bien distincts. Le
rez-de-chaussée porte la griffe d'Unbertus qui a signé un des
chapiteaux.
L'antiquité y retrouve une efficacité comme milieu de formation et source d'inspiration pour l'artiste avec le recours de l'art corinthien et l'ajout de motifs décoratifs comme la palmette qui reste une alternative du corinthien. Le sculpteur s'appuie sur le passé pour traiter l'avenir et semble avoir complété sa formation dans des villes riches en ruines antiques. On y trouve aussi des références carolingiennes encore vivantes à son époque. Tous ces emprunts débouchent sur l'art roman dans un travail de synthèse particulièrement riche dans la composition historiée des chapiteaux et des plaques de la façade Nord.
L'antiquité y retrouve une efficacité comme milieu de formation et source d'inspiration pour l'artiste avec le recours de l'art corinthien et l'ajout de motifs décoratifs comme la palmette qui reste une alternative du corinthien. Le sculpteur s'appuie sur le passé pour traiter l'avenir et semble avoir complété sa formation dans des villes riches en ruines antiques. On y trouve aussi des références carolingiennes encore vivantes à son époque. Tous ces emprunts débouchent sur l'art roman dans un travail de synthèse particulièrement riche dans la composition historiée des chapiteaux et des plaques de la façade Nord.
À
l'étage, ni Hunbertus ni ses élèves n’apparaissent et cela nuit à la
qualité du décor. Les formes moins heureuses sur le plan esthétique sont
plus romanes d'esprit.
Sur
la façade Nord de la tour-porche on trouve des morceaux réemployés dont
deux bas-reliefs attirent l'attention. On y voit un saint en gloire et
au-dessous une scène de violence. Plus à gauche, un panneau de même
taille est très effacé. Ailleurs on reconnaît les signes du zodiaque, un
homme qui se chauffe, des animaux dont une femelle qui allaite trois
petits.
Repérages des sculptures
Dans
les chapiteaux du rez-de-chaussée, la plupart présente un mélange de
figurines et de feuillages et peu relèvent de l'art iconographique.
Parmi les 54 chapiteaux des 16 piliers, les no 14, 29, 40, 44, 45, 52, 53, 54 sont des chapiteaux neufs laissés à l'état de blocs à peine dégrossis. Le no 51 est une réplique d'un chapiteau de l'étage et le no 1 une imitation du no 23.
Vingt-neuf chapiteaux appartiennent à l'ordre corinthien et certains sont surchargés. Le no 22 montre un personnage qui tient un masque, le no 32 à trois cygnes, le no 27 des oiseaux affrontés, le no 28 un sanglier dans des entrelacs, le no 25 un cavalier, des chiens, une bête figure une chasse ou un jeu de cirque, le no 33 une attaque de chien, le no 43 une scène de dressage d'ours et le no 12 est corinthien avec des figurines.
Cinq chapiteaux sont entièrement ornés d'animaux. Les no 15 et 17 des quadrupèdes adossés, les no 16, 41, 42 des animaux affrontés dont le no 42 des oiseaux juxtaposés aux quadrupèdes, le no 41 montre des cabrioles d'animaux et les no 16 et 42 des antilopes.
Trois chapiteaux sont garnis à la fois d'hommes et d'animaux, le no 2 des quadrupèdes, des serpents et des hommes, le no 36 des hommes et des lions, le no 48 un fouillis de lions encadrant des tête humaines.
Huit chapiteaux à figurines où le Nouveau Testament à sa part. Sur le no 49 l'Annonciation, la Visitation et peut-être Jésus, le no 39 la fuite en Égypte. L'histoire des saints inspire le no 37 où saint Martin partage son manteau. L'Apocalypse fournit trois chapiteaux de l'angle Sud-Ouest, les no 8 et 11 la vision des quatre chevaux, le no 11 la vision du fils de l'homme entre les sept chandeliers et les sept étoiles, le no 12 le dragon enchainé, le no 10 le Jugement dernier et le no 30 saint Michel et Satan se disputant les âmes.
Ces
chapiteaux s'inspirent des Écritures, des scènes de la vie où pendant
les pèlerinages, une foule bigarrée de baladins, acrobates et pitres
tiennent une large place. Sur le no 26 un comédien tient un masque, sur les no 26 et 38 on voit des athlètes, sur les 4 et 41 un homme et des animaux faisant des cabrioles, le no 43 des fauves au dressage, le no 33 des fauves harcelés par un chien, le no 25 une chasse ou un jeu du cirque, les no 36, 48 des lions fraternisant avec leurs dompteurs et sur le no 2
on peut reconnaître si on veut des charmeurs de serpents, un lutteur
maitrisé par son adversaire dont il tire la barbe, un dompteur
nourrissant un fauve, enfin un receveur recevant l'obole des
spectateurs.
Les
chapiteaux de l'étage représentent des séries de bonhommes dans des
niches, ces guerriers se déchirant, des entrelacs d'hommes et de
serpents, un solitaire qui médite près d'un fouillis de lions, de
feuillage et d'animaux.
No 8 Les cavaliers de l'Apocalypse
No 10 Saint Martin
No 36 Hommes et Lions
No 39 La fuite en Égypte
No 49 La Visitation
La nef
Vue de la nef vers l'Est
L'orgue à l'Ouest de la nef
Entre
la tour-porche et le transept, la nef de l'église primitive est démolie
pour laisser la place à une nouvelle nef de sept travées un peu plus
larges que le chœur.
Les travaux commencés dans le deuxième quart du XIIe siècle en style roman ne sont terminés qu'au XIIIe siècle sous l'abbatiat de l'abbé Barthélémy (1215-1235) à l'époque gothique.
Cependant
elle présente une certaine unité, le parti architectural d'origine
étant conservé au cours des travaux qui se sont développés d'Est en
Ouest.
Certainement
prévue par les concepteurs d'origines pour être couverte d'une
charpente, d'une voûte en berceau ou d'arêtes, la décision tardive de
construire des voûtes sur croisées d'ogives sur plan barlong entraine un
renforcement des structures. On remonte les murs gouttereaux et on
double la hauteur des fenêtres. Les piles sont carrées, aux angles
abattus par un méplat et renforcées par des demi-colonnes engagées.
Le
remaniement des parties hautes des trois dernières travées,
l'achèvement des quatre premières au-dessus des grandes arcades et la
construction de la voûte sont réalisés dans le premier tiers du XIIIe siècle et terminés entre 1215 et 1235.
Les collatéraux sont éclairés par des fenêtres encadrées de colonnettes et les murs sont montés vers le milieu du XIIe siècle. Ils sont couverts de voûtes d'arêtes.
Dans
la quatrième travée Nord, une porte fait communiquer l'église avec la
cour d'accès des visiteurs et au Sud, dans la première travée, une autre
porte reliait l'église au cloître.
Les chapiteaux
Deux
chapiteaux près du transept proviennent d'une campagne antérieure et
ils sont les seuls historiés. Dans le collatéral Nord, certains à
simples bourrelets marquent des restaurations à la suite de la guerre de
Cent Ans. Ceux à crochets végétaux et à feuillages naturels ont le
style du XIIIe siècle.
Les chapiteaux du XIIe siècle
sont en plus grand nombre et retiennent l'attention : un corinthien
sanglé d'une torsade, d'autre ornés de figures animales, enfin, un
chapiteau plus ouvragé que les autres représente des quadrupèdes
surmontés de perroquets et de têtes humaines.
Dimensions
Longueur du vaisseau central: 36,85 m, largeur entre-axes des piles: 9,19 m, largeur du collatéral Nord: 4,12 m, largeur du collatéral Sud: 3,65 m, hauteur de la nef: 18,80, hauteur des collatéraux: 8,35.
Le transept, le chœur et l'abside
L'ensemble
du transept avec le chœur et l'abside forme après la tour-porche, la
partie la plus ancienne de l'abbatiale. Commencé entre 1067 et 1080, il
est consacré à la Vierge et à saint Benoît le 21 mars 1108. Le chœur
profond doublé de collatéraux est limité à l'Ouest par un grand transept
et à l'Est par un rudiment de transept sur lequel s'ouvre l'abside en
hémicycle entourée d'un déambulatoire garni de deux chapelles
rayonnantes. Cette abside forme le sanctuaire.
Le transept
Transept Nord - Le goth et son captif devant saint Benoît
Le
transept, long de 38 mètres, est aussi haut que la nef. Les piliers qui
encadrent la croisée sont très importants et allongés vers l'Ouest. Ils
forment des contreforts pour reprendre les poussées de la coupole Elle
est construite sur un plan octogonal et repose dans les angles sur des
trompes. Les croisillons du transept sont couverts de voûtes en berceau
qui étaient primitivement en plein-cintre et aujourd'hui brisés. Le
croisillon Sud a été reconstruit entre 1840 et 1863 sur le modèle de
celui du Nord qui est restauré en 1866 et 1867. Deux absidioles en
hémicycle et voûtées en cul-de-four s'ouvrent vers l'Est. Les arcs
d'entrée en plein-cintre reposent sur des chapiteaux historiés.
Les
chapiteaux sur les piles de la croisée construite au début de la
construction du chœur peuvent être parmi les plus anciens de ceux qui
décorent le chœur et le transept. Ils proviennent peut-être d'une église
antérieure. Sur les piles à l'Est de la croisée, des chapiteaux
reconstitués à partir de fragments représentent les restes de saint
Benoît et de sainte Scolastique dans le même tombeau. Un autre montre
peut-être le triomphe du saint.
Dans
le croisillon Nord, un chapiteau historié présente la Tentation de
saint Benoît, le saint dévêtu repoussant une femme en se roulant dans un
buisson d'épines. Dans la première chapelle, on voit sur le chapiteau
de gauche un Christ nimbé, crucifié avec des personnages debout et
prosternés à ses pieds. Il porte l'inscription HUGO MONACHIS, sans doute Hugues de Saint-Marie, moine de l'abbaye auteur de traités et continuateur des Miracles de saint Benoît.
On le retrouve sur un autre chapiteau du chœur. Dans la deuxième
chapelle, le chapiteau de droite représente Daniel entre les lions. À
gauche saint Benoît avec le goth Galla prosterné à ses pieds avec
derrière lui le paysan qu'il tient enchaîné. Sur le mur Ouest est
incrusté un masque humain qui provient peur-être de l'église antérieure.
Le chœur
Le chœur
Entre
le transept et l'abside, le chœur, d'une longueur de plus de quinze
mètres et d'une hauteur d'environ vingt mètres, est éclairé par quatre
fenêtres en plein-cintre de chaque côté, au-dessus d'une arcature
aveugle avec des arceaux en plein-cintre reposant sur des colonnettes.
Six grandes arcades en plein-cintre font communiquer le chœur avec ses
collatéraux couverts de voûtes en berceau qui portaient autrefois des
traces de gravures. Ils sont éclairés par des fenêtres en plein-cintre.
La crypte creusée sous le sanctuaire impose une dénivellation de près de
deux mètres qui a été modifié en paliers pour installer le pavement.
Avant, une série d'ouvertures dans son mur Est permettait un passage
visuel vers la châsse de saint Benoît.
Les
chapiteaux sont décorés de feuillages stylisés ou de motifs dérivés des
chapiteaux antiques. Les autres sont des sculptures représentant des
combats de monstres, des animaux, des chasses, quelques scènes de
l'histoire de saint Benoît et de saint Maur, Samson enlevant les portes
de Gaza, l'Adoration des bergers, saint Pierre marchant sur les eaux par
ordre du Christ. La Crucifixion avec un Christ en croix vêtu de la
tunique suit la tradition de Byzance reprise par les carolingiens. Une
Vierge à l'enfant voit saint Benoît lui présenter un objet qui peut être
un manuscrit. Au Sud du chœur, les chapiteaux sont ornés avec des
scènes représentant, du côté du transept la Visitation et du côté du
sanctuaire de petits personnages nus courant dans des rinceaux.
L'abside avec le sanctuaire
Le
sanctuaire, avec son pourtour en abside, est construit sur la crypte
des reliques de saint Benoît et reprend son plan. Une travée
rectangulaire couverte d'une voûte en berceau prolonge celle du chœur et
est limité par un arc-doubleau retombant sur une colonne engagée. La
tête de voûte en cul-de-four est supportée par des colonnes disposées en
hémicycle. Au-delà du sanctuaire, un déambulatoire est couvert en
berceau tournant et est éclairé par trois fenêtres dont une dans l'axe
avec, de chaque côté une chapelle voûtée en cul-de-four et éclairées par
trois fenêtres en plein-cintre. Au Nord et au Sud du faux transept sont
accolées des tours sur trois niveaux desservies par un escalier à vis.
Les
chapiteaux du Sud représentent le sacrifice d'Abraham à l'Ouest et Adam
et Ève au Paradis terrestre à l'Est. Sur les quatre colonnes qui
entourent la travée rectangulaire sont sculptés les miracles de saint
Benoît : au Nord, Benoît ramassant un crible en terre cuite brisé par sa
nourrice, à côté, saint Maur courant sur les eaux et sauvant le jeune
Placide de la noyade. Au Sud, on voit Totila s'agenouillant devant saint
Benoît et à côté, celui-ci ramenant à la vie un enfant que son père
avait déposé au pied du monastère.
Le pavement
Entre
1531 et 1535, l'abbé commendataire, le cardinal Antoine Duprat, pour
s'attirer l'affection de ses moines, fait venir d'Italie des pierres de
marbre, jaspe, porphyre et serpentine pour daller le sanctuaire. Les
dates de pose sont controversées, la création des paliers en pente douce
à 3 % sont du XVIe siècle ou en deux étapes 1642 et 1660.
Les
fouilles de 1958 montrent, par la découverte de dallage similaire dans
le chœur, que les pierres du cardinal Duprat ne constituent pas la
totalité du pavement actuel qui semble utiliser des éléments d'une
église antérieure.
Le gisant de Philippe Ier
Le corps du roi des Francs Philippe Ier,
dont l'amitié a été si profitable aux moines, est inhumé en 1108 au
centre du chœur dans un caveau dont les restes bien conservés sont
reconnus en 1830. Le gisant porte six lions et est décoré de l'effigie
du défunt en haut-relief. Il est retaillé en 1830 pour faire disparaître
les mutilations. Quatre lions sont entièrement neufs mais les deux
autres sont les seuls morceaux d'origine.
Les stalles
En
1413, une commande de cent stalles est faite à des menuisiers et
sculpteurs sur bois orléanais. Cette série a subi bien des pertes,
remaniements et déplacements. Elle correspond au type commun des stalles
du Moyen Âge. La physionomie humaine est traitée avec une finesse
d'observation des visages locaux mais il ne reste que peu de têtes.
Certaines sculptures évoquent l'envie, la gourmandise, la paresse, la
médisance, la colère mais d'autres sujets qui s’intercalent sont de pure
fantaisie. Les ornements sont d'une belle exécution mais restent
sobres.
Le chœur et l'abside
Philippe Ier et le pavement
Le déambulatoire
La croisée du transept, le chœur et les stalles
Le portail nord
Au niveau de la quatrième travée de la nef, côté nord, se trouve un portail bâti à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle
suivant les auteurs. Il servait d'entrée aux visiteurs, la partie Nord
de l'enclos monacal formant la cour où les bâtiments de services et
d'accueil étaient installés. Il est d'un grand intérêt et comporte
notamment un tympan richement orné : Le Christ en majesté trône au
milieu des quatre évangélistes, saint Jean et saint Matthieu le
regardant, saint Marc et saint Luc détournant leur regard vers leur
symbole respectif car, selon la tradition, ces deux derniers n'ont pas
connu directement le Christ. Les voussures sont ornés avec les autres
apôtres et des anges portant des objets liturgiques.
Une
frise décore le linteau. Elle raconte la translation des reliques de
saint Benoît à travers trois événements : la récupération des ossements
au mont Cassin, le miracle de la résurrection des enfants qui permit de
séparer les restes de saint Benoît de ceux de sa sœur sainte Scolastique
et enfin l'accueil enthousiaste réservé aux reliques à leur arrivée à
Saint-Benoît. À l'occasion d'une restauration en 1996, a été découvert
au revers du linteau une sculpture inachevée (une vierge entourée des
apôtres) qui montre que le programme iconographique a été modifié et la
pierre retournée.
Cet
ensemble sculpté, autrefois peint gardait des traces de peinture rouge
et verte. Il semble avoir souffert du passage des Huguenots et un
certain nombre de têtes semblent avoir été refaites au XVIIe siècle.
Le portail nord
Le linteau intérieur
Le portail nord
Haut du portail nord
Les sculptures polychromes du tympan
La crypte
Dans
la crypte où reposent les reliques de saint Benoît, tout est organisé
pour voir la châsse du saint. Le pilier central est évidé par trois
petites baies qui permettent un passage visuel. De cette souche
s'échappent tous les arcs-doubleaux de la crypte. La liaison visuelle
avec le chœur se faisait par de petites fenêtres aujourd'hui bouchées.
On
peut reconnaître le plan et les dispositions primitives. Autour de la
confession centrale couverte d'une voûte en berceau, un double
déambulatoire est couvert de voûtes d'arêtes. La travée d'axe est percée
d'une baie. De chaque côté s'ouvre une chapelle rayonnante couverte en
cul-de-four et éclairée d'une fenêtre. Deux chapelles en hémicycles sont
éclairées par deux fenêtres.Cette crypte rouverte et restaurée de 1861 à
1865 a été abandonnée en 1638 après avoir été séparé des collatéraux en
1633 et du chœur en 1531-1535. Dix chapiteaux neufs sont sculptés et
les autres restaurés en 1865.
La salle du trésor
Au
sud, se situe une salle rectangulaire dite du Trésor aussi connue comme
crypte ou chapelle de saint Mommole. Elle peut être datée du Xe siècle
et ses techniques de construction prouvent qu'elle est antérieure à
l'église actuelle et qu'elle a été isolée. Elle est couverte par six
compartiments de voûtes d'arêtes en blocage sans doubleau retombant sur
des pilastres et deux colonnes. Les chapiteaux, très aplatis, sont
composés par la pénétration d'une sphère dans un cube et décorés de
dessins triangulaires que l'on retrouve sur les socles des bases.
La crypte
Vue de la crypte depuis le Sud
Les reliques de Benoît de Nursie
Objets classés
La châsse de Mumma
L'abbaye est riche de 46 objets classés depuis les trois sarcophages du haut Moyen Âge aux châsses du XIXe siècle.
En 1642 est découverte dans les fondations de l'autel de Notre-Dame de Fleury une châsse-reliquaire du VIIe siècle dont les inscriptions l'attribuent à Mumma, peut-être l'abbé Mommole. Elle est en bois revêtue de cuivre repoussé de 13 cm x 11 cm et 4,8 cm
de hauteur. Elle porte sur la partie supérieure six personnages et sur
la partie inférieure dix cercles et des croix palmées. Les formes sont
très simples comme dans les reliefs de l'époque. Sur la face
postérieure, une inscription nous donne des renseignements précieux: MUMMA FIERI IUSSIT IN AMORESCE MARIE ET SCI PETRI.
Dans les arts précieux, on trouve aussi une crosse pastorale74 du XIe siècle ou XIIe siècle, une croix de procession du XVIe siècle, un reliquaire-encensoir du XVIIe siècle, des châsses des XVIIe siècle et XIXe siècle...
Dans le dépôt lapidaire sont regroupées une urne cinéraire du VIIIe siècle, des sculptures du XIe siècle: une tête d'homme à moustache, une tête d'homme imberbe, des saintes femmes, un autel de saint Benoît en pierre du XIe siècle avec un décor représentant une ville, un pavement avec un lion couronné à croix et fleurs de lys du XVe siècle...
Parmi les autres objets on remarque une cloche et trois plaques décoratives du VIIIe siècle, la plaque funéraire de l'abbé Vrain du XIe siècle, six chapiteaux du XIe siècle et un du XIIe siècle, une statuette de la Vierge du XIVe siècle...
Au Musée historique et archéologique de l'Orléanais à Orléans sont déposés une série de chapiteaux du XIIe siècle.
Chapiteaux du Musée historique et archéologique de l'Orléanais
Les orgues
L'orgue d'Alain Sals (1983)
L'orgue actuel de l'abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire provient d'un échange au début du XIXe siècle avec celui de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.
Au début du XVIe siècle
l'abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire possède un orgue placé sur le
jubé mais il est brisé par les Huguenots en 1562. Il faut attendre
l'arrivée de la congrégation de Saint-Maur pour que l'abbé Louis Barbier
de la Rivière commande en 1656 un nouvel instrument à Noël Grantin, un
facteur d'orgue originaire d'Orléans et installé à Dijon. L'orgue est
placé au-dessus de la grande porte de la nef. En 1661, le même facteur
l'augmente à 33 jeux et trois claviers. Quarante ans plus tard, par
manque d'entretien il est à bout de souffle.
De
1702 à 1705, Jean Brocart et frère Nicolas Puval travaillent à un
nouvel orgue posé sur une tribune en pierre à l'entrée de l'église. Il
est réparé en 1719 par le facteur Le Roy qui ajoute quelques jeux et un
nouveau clavier. En 1720, l'instrument restauré et agrandi comporte
quatre claviers.
Le
6 mai 1790 après la dissolution des congrégations, sur l'inventaire de
l'abbaye, on trouve un orgue de seize pieds et les soufflets avec une
très belle boiserie.
Au début du XIXe siècle,
l'orgue de Saint-Benoît-sur-Loire est plus important que celui de la
cathédrale Sainte-Croix d'Orléans et l'évêque Étienne-Alexandre Bernier
demande l'orgue de l'abbaye à l'acquéreur de biens nationaux
l'architecte Benoît Lebrun qui n'est pas certain d'en être le
propriétaire. Malgré la résistance des habitants de
Saint-Benoît-sur-Loire l'orgue est transféré à Orléans sous la
protection de la force publique et remplacé par celui de la cathédrale
Sainte-Croix en 1821
L'orgue
de la cathédrale Sainte-Croix devenu celui de Saint-Benoît-sur-Loire
est construit en 1657 par Noël Grantin, restauré en 1704 par François
Thierry et révisé en 1774 par Jean Baptiste Isnard. Il possède seize
jeux avec un clavier de Récit de 37 notes et un pédalier de 18 notes. En
1860 il est restauré et agrandi à vingt jeux par le facteur Alfred
Loriot d'Orléans. En 1935 et 1936, il est restauré et modernisé par
Victor Gonzalez avec l'ajout d'un nouveau sommier de 54 jeux anciens
complétés par cinq jeux neufs. Le pédalier est étendu à trente notes.
En
1977, Alain Sals fait une importante restauration et un buffet neuf est
construit par l'entreprise Riguet de Chateauneuf-sur-Loire en 1981. Le
nouvel orgue a une facture classique de 35 jeux dont une part importante
des XVIIe siècle et XVIIIe siècle
est préservée et restaurée. En 2008, il est de nouveau restauré par
Alain Sals et neuf des 36 jeux sont composés des tuyauteries originales
Personnalités liées à l'abbaye
Liste des abbés
Article détaillé : liste des abbés de Saint-Benoît-sur-Loire.
Moines et visiteurs
- Saint Oswald (mort en 992), y fit ses études
- Saint Abbon († 1004), abbé
- Aimoin de Fleury († 1008), historien, De Antiquitalibus ecclesiasticis, Cologne (1500).
- Dom Raoul Tortaire, Dom Adrevald, Dom Aimoin, Dom André, Dom Hugues de Sainte-Marie, Les Miracles de Saint-Benoît
- Dom Georges Viole (1598-1669), prieur en 1629, historien, hagiographe, généalogiste
- Joseph Fourier, mathématicien et physicien (1768-1830) y fit son noviciat
Hôtes
- Le roi des Francs Philippe Ier, dévot de saint Benoît, demanda par humilité à être enterré à Fleury plutôt qu'à Saint-Denis.
- Le poète et romancier français Max Jacob a fait plusieurs séjours dans le village et à l'abbaye. Il est arrêté par les troupes allemandes le 24 février 1944 avant d'être déporté. Il meurt le 5 mars 1944. Il est enterré dans le cimetière du village.
Personnalités liées à l'abbaye
Abbon de Fleury
Max Jacob
Philippe Ier
Divers
Le belvédère - Centre d'interprétation de l'art roman
Le 9 novembre 2019 le Centre d'interprétation de l'art roman
est ouvert. Il est divisé en trois pôles, accueil, animation et
interprétation avec un belvédère et une vue sur le nord-est du chevet de
l'abbatiale. À l'espace accueil sont liées les expositions temporaires
autour d'objets authentiques et l'animation du site bénéficie d'un foyer
et d'un atelier. Les expositions permanentes présentent l'abbaye
ligérienne, ses trois chantiers, les sciences et la culture médiévale,
Saint-Benoît selon Saint Benoît et les grandes figures de l'abbaye,
Théodulf, Odon, Gauzlin, Macaire, Abbon et Richelieu. Enfin, l'accent
est mis sur l'influence de Benoît de Nursie à Benoît d'Aniane, les
miracles du saint, la vie monastique, le quotidien et le renouveau
bénédictin. L'office Du Tourisme est ouvert depuis l'été 2019.
Représentations
En
1827, une lithographie de Godefroy Engelmann de la façade Nord de
l'abbatiale sur un dessin de Charles Pensée est reproduite dans l’Album du département du Loiret de Charles F. Vergnaud-Romagnesie.
En 1851, une lithographie de la façade Sud de l'abbatiale par Deroy sur une gravure de Ernest Pillon.
À la fin du XIXe siècle,
une série de trois photographies du photographe français
Séraphin-Médéric Mieusement a pour sujet la basilique de
Saint-Benoît-sur-Loire
En 2008, l'abbaye a été l'objet d'un documentaire de 52 minutes intitulé Saint-Benoît-sur-Loire par Rodolphe Viémond.
Offices, Visites, Publications
En semaine, la messe a lieu à 12 h. Les chants sont en grégorien. Les dimanches et jours de fêtes, la messe paroissiale est à 9 h 30 et la messe des moines à 11 h.
Par ailleurs, tout le monde peut participer aux offices de la journée
(laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies) avec les moines.
L'abbatiale est ouverte aux visites de 7 h à 21 h
tous les jours, sauf le premier vendredi de chaque mois. Pour les
groupes, il est recommandé de contacter le monastère au préalable : il
est possible de bénéficier d'une visite guidée par un frère.
Renaissance de Fleury est le bulletin trimestriel de l'association des amis de Saint-Benoît de Fleury.
Philatélie
La
tour-porche de la basilique est représentée sur un timbre de la poste
française sorti en 2017 dans une série intitulée « commémoratifs et
divers ».
Source :
En savoir plus :
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