Examen de conscience
Pratique chrétienne de l’examen
L’examen de conscience fut fortement encouragé dans la tradition spirituelle catholique.
Des
questionnaires détaillés furent préparés et circulaient, permettant aux
fidèles d’examiner leur conscience avec ordre et méthode, de distinguer
les « péchés » des « imperfections », les « péchés véniels » des
« péchés mortels », les péchés « par commission » des péchés « par
omission », etc.
L’examen
de conscience n’est pas par lui-même lié au sacrement de pénitence,
mais il est nécessaire de le pratiquer pour se préparer à recevoir ce
sacrement car celui-ci comporte nécessairement un aveu des péchés
commis.
L'examen
de conscience est mentionné dans le catéchisme de l'Église catholique
comme faisant partie d'une démarche de conversion, en prélude à
l'exercice du sacrement de pénitence et de réconciliation.
Le
pape François a souligné, lors de la deuxième journée mondiale de
prière pour la sauvegarde de la Création en 2016, la nécessité de
l'examen de conscience, pour que le fidèle discerne s'il a péché contre
la Création. Le 9 février 2019, devant des experts en théologie morale,
le pape François a regretté que « Nous n’avons pas encore conscience de
ce type de péché ».
Les
maîtres spirituels chrétiens insistent sur l’importance de la foi en un
Dieu, Père miséricordieux, comme élément essentiel de la pratique de
l’examen de conscience. Hors de cette perspective, il y a danger que
l’examen tourne en une introspection morbide qui peut conduire à une
scrupulosité maladive et psychologiquement débilitante qui n’a rien
d’une attitude spirituelle.
Ordre et méthode
Dans
une perspective chrétienne, l'exploration ne doit pas nécessairement
être exhaustive, mais elle doit conduire à une attitude intérieure
d'humilité, de repentir et de dépendance de Dieu. Il est inutile de
chercher à se justifier devant Dieu.
Voici un exemple de sujets d'examen à aborder dans cet ordre :
- Fautes commises contre les commandements de Dieu (Décalogue) ;
- Fautes commises contre les Commandements de l’Église ;
- Péchés capitaux; une importance particulière est accordée à l'orgueil, opposé à la vertu d'humilité recherchée par le christianisme. Aussi examine-t-on cinq de ses formes : la vaine gloire (vantardise, dissimulation/duplicité) ; l'ambition ; le mépris d'autrui ; les formes de vengeance ; l'entêtement et l'obstination ;
- Les fautes commises contre le Devoir d'état, elles-mêmes réparties en cinq classes :
- en ce qui concerne soi-même,
- envers le prochain,
- envers sa famille,
- dans le domaine professionnel,
- comme citoyen responsable (devoirs civiques).
Régularité
S’il
est fait en présence de Dieu et dans l’ouverture à l’Esprit-Saint,
l’examen de conscience est un exercice spirituel qui est « prière » et,
comme d’autres prières, peut se pratiquer en toutes circonstances et
n’importe où, bien que beaucoup préféreront l’atmosphère d’un lieu sacré
tel un oratoire ou une église.
Ignace
de Loyola, maître du progrès méthodique dans la vie spirituelle fait la
distinction entre l'examen particulier et l'examen général, qui doit
être fait deux fois par jour (Ex. spir. nos 25-26), et l'examen général (Ex. spir. nos 32-44), à faire plusieurs fois par an.
L'examen
particulier a pour but la correction systématique d’un péché ou d’un
penchant mauvais. Pour sa part, l’examen général a pour but la
purification intérieure et la préparation au sacrement de pénitence.
Comme toujours, Ignace insiste sur la nécessité d’adapter cette pratique
spirituelle à la situation particulière et à la psychologie de chacun.
Une
« confession des péchés » (dans le cadre du sacrement de pénitence)
étant requise au minimum une fois l'an, en vertu du deuxième
commandement de l'Église, c'est le nombre minimal de fois où un chrétien
sera censé effectuer son examen de conscience général, et établir en
collaboration avec le prêtre un plan pour remédier à ses défaillances
répétées. L'exercice est naturellement considéré comme plus utile et
plus formateur s'il a lieu plus fréquemment, pour autant que le danger
de verser dans les scrupules soit clairement prévenu.
Dangers concernant l'examen de conscience
In medio stat virtus, rappelaient les Anciens. De la même façon, un examen de conscience est censé se tenir à égale distance de deux extrêmes :
Le quiétisme
Les
quiétistes estiment l’examen de conscience inutile, notre propre cœur
étant inscrutable par tout autre que Dieu, et ne pouvant que très
superficiellement nous être connu.
Une
opinion exprimée dans les rangs du quiétisme était même : « Toute
réflexion sur nous-mêmes est nuisible, même l’examen de nos fautes ».
Rome a condamné cette dernière attitude.
Le scrupule
On nomme ainsi la recherche trop pointilleuse des moindres
fautes, ce qui peut conduire dans la complexité qui résulte... à
l’oubli des choses vraiment importantes ! Il est admis que l'important
est pour le croyant de distinguer des grandes tendances et lignes de
clivage, afin de pouvoir (comme il le demande en confession lorsqu'il
récite son acte de contrition) agir sur lui-même pour s'améliorer.
Jean
Lafrance rappelle qu'il n'est pas question de dresser un inventaire
systématique des vices et des vertus « dans une recherche planifiée et
mécanique de la perfection ». L'examen de conscience particulier doit
plutôt être vécu comme « une rencontre personnelle, respectueuse et
loyale, avec le Seigneur dans nos cœurs ». De plus, la plus grande
valeur de l'examen de conscience ne réside pas dans la recherche des
défauts et leur correction, mais dans l'obéissance à l'Esprit qui nous
montre la voie de la conversion.
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