Hartmannswillerkopf
(Vieil Armand)
Le sommet vu depuis le Molkenrain
Le Hartmannswillerkopf, rebaptisé Vieil Armand
après la Première Guerre mondiale, est un éperon rocheux pyramidal,
dans le massif des Vosges, surplombant de ses 956 mètres la plaine
d'Alsace du Haut-Rhin.
Un
monument national y est érigé en souvenir des combats qui s'y
déroulèrent durant le premier conflit mondial, en 1915 surtout. En
effet, situé en droite ligne à 7 km de Thann et 6 km
de Cernay, entre lesquelles passait la ligne séparant la partie de
l'Alsace redevenue française dès 1914 et celle reprise par les troupes
allemandes, le Vieil Armand était un sommet stratégique alors âprement
disputé.
Le sommet est partagé entre les communes de Hartmannswiller, de Wuenheim, de Wattwiller et de Soultz.
Toponymie
Le nom de Hartmannswillerkopf provient du nom du village de Hartmannswiller et de la butte (la « tête », Kopf)
qui le surmonte.
Les Poilus, à l'époque, ont rebaptisé (par déformation phonologique des Français ne parlant ni l'alsacien ni l'allemand) le Hartmannswillerkopf en Vieil-Armand. Il est également surnommé la « mangeuse d'hommes » ou la « montagne de la Mort » par les Poilus.
Les Poilus, à l'époque, ont rebaptisé (par déformation phonologique des Français ne parlant ni l'alsacien ni l'allemand) le Hartmannswillerkopf en Vieil-Armand. Il est également surnommé la « mangeuse d'hommes » ou la « montagne de la Mort » par les Poilus.
Géographie
Du
haut de ses 956 mètres d'altitude, le Vieil-Armand domine la plaine
rhénane, entre les villes de Colmar au nord et de Belfort au sud, avec
entre les deux Mulhouse. Il surplombe les communes de Hartmannswiller,
de Wattwiller, d'Uffholtz et de Cernay.
Le cimetière militaire du Hartmannswillerkopf est situé tout près de la route des Crêtes des Hautes-Vosges (lieu-dit Silberloch).
Au niveau du monument national du 152e
R.I. se trouve un promontoire-observatoire qui offre une vue plongeante
sur la plaine alsacienne, au niveau de l'agglomération mulhousienne ;
la ville suisse de Bâle est visible, en arrière-plan, par temps clair.
Par
beau temps, au-delà du Rhin, la ligne bleue de la Forêt-Noire
germanique est visible, tout particulièrement au niveau du Belchen et du
Feldberg.
Par
temps exceptionnellement clair et dégagé, les Alpes bernoises (en
Suisse), peuvent être visibles, les pics enneigés éternellement se
dessinant alors sur la ligne d'horizon sud-est, au-delà du Jura suisse,
avec des altitudes dépassant les 4 000 mètres (4 274 m au Finsteraarhorn, leur point culminant).
Histoire
Les
principaux combats eurent lieu les 19 janvier-20 janvier, 26 mars, 25
avril-26 avril et 21 décembre-22 décembre 1915 faisant près de
vingt-cinq mille morts dont une majorité de Français.
Parmi
ces nombreux morts, on relève le général Marcel Serret et le capitaine
Joseph Ferdinand Belmont. Ensuite le front s'est stabilisé et ne donna
lieu qu'à des duels d'artillerie et qui a valu au sommet le nom de
Montagne Sacrée d'Alsace. Au sommet, au niveau de la croix, il y a
environ 22 mètres qui séparent les lignes allemandes des lignes
françaises. L'inconvénient de cette situation est que les lignes doivent
constamment être silencieuses, car elles peuvent s'écouter les unes les
autres, et donc découvrir les stratégies de l'ennemi.
Dans
l'impressionnante organisation défensive allemande, des sculptures
d'Antoine Bourdelle illustrent le sacrifice de la jeunesse de ces pays
voisins et cousins. Pour en sentir le pathos, il faut faire comme ces
soldats du Kaiser qui gravissaient les 560 marches de la
« Himmelsleiter » (échelle du ciel) qui commence à 790 m d'altitude sur le Bergpfad au versant sud.
Lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale
Mémorial national du Vieil-Armand
La crypte
On
peut distinguer deux parties distinctes sur le site du
Hartmannswillerkopf aujourd’hui : d’une part le monument national
constitué de la crypte et du cimetière militaire du Silberloch, d’autre
part le champ de bataille avec ses vestiges et ses monuments.
Le Monument national
La crypte
Les deux archanges de part et d'autre de la grille en fer forgé portant l'inscription Ad lucem perpetuam
à l'entrée de cette crypte, sont des sculptures d'Antoine Bourdelle qui
les a réalisées dans les années 1920 à la demande de son ami
l'architecte en chef des monuments historiques Robert Danis, directeur
de l'architecture et des beaux-arts d'Alsace et de Lorraine.
Dans
la crypte se trouve un ossuaire qui renferme les restes d’environ
12 000 soldats inconnus ainsi que des armes et équipements récupérés sur
le champ de bataille. Trois chapelles sont vouées aux cultes
concordataires, catholique, protestant et juif. La chapelle catholique
abrite également une Vierge à l'offrande de Bourdelle.
La
crypte est surmontée d'une esplanade au milieu de laquelle se trouve un
autel de la Patrie, copie conforme de l'autel élevé au milieu du
Champ-de-Mars à Paris pour la fête de la Fédération le 14 juillet 1790.
La nécropole nationale du Silberloch
Situé sur le territoire de la commune de Wattwiller, le cimetière militaire français a une superficie de 1,67 ha. Il comprend 1 640 tombes dépouilles de soldats français, 1 256 en tombes individuelles et 384 en six ossuaires.
Le champ de bataille
Le profil du Vieil Armand vu depuis Cernay. Une croix est illuminée chaque soir au sommet
Monument en mémoire du 152e RI réalisé par Victor-Charles Antoine au Hartmannswillerkopf
Sur
le champ de bataille se trouvent de nombreux vestiges des combats
(tranchées, abris et fortins bétonnés) ainsi que des monuments dont les
deux les plus célèbres sont :
- la croix sommitale illuminée en béton armé de 20 m de haut ;
- le monument en bronze du 152e RI.
Au
niveau des vestiges d’époque, on constate l’emploi massif du béton armé
du côté allemand alors que les tranchées françaises sont plus
sommaires, ce qui traduit la volonté défensive de leur territoire par
les premiers et la logique offensive des derniers qui considéraient donc
que leurs ouvrages n'étaient que provisoires. De nombreux ouvrages
restent également visibles aux alentours du Hartmannswillerkopf, du côté
des anciennes positions allemandes essentiellement (tranchée de la
« Suisse Lippique » ou la « cantine Zeller », par exemple).
Célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale
Le site du Hartmannswillerkopf inclut 45 km de tranchées qui ont été conservées, et des sentiers qui permettent de visiter le site.
Pour
préparer la célébration du centenaire de la Grande Guerre, les
installations militaires reliques de la Première Guerre ont fait l'objet
d'un projet de rénovation et de mise en valeur. Le Bureau de recherches
géologiques et minières (BRGM) a été missionné pour un diagnostic des
zones d’instabilité des anciens souterrains sous et près de la crête.
Des propositions de mise en sécurité pour une mise en valeur sans
risques ont été faites.
Le
3 août 2014, François Hollande, président de la République française,
et Joachim Gauck, président de la République fédérale d'Allemagne, se
rendent sur le Hartmannswillerkopf pour célébrer le centenaire de la
Grande Guerre, et plus particulièrement le début des hostilités entre
ces deux pays. Cette commémoration est qualifiée d'« inédite » car c'est
la première fois que le site du Vieil Armand accueille une
commémoration de la Première Guerre mondiale.
Le
10 novembre 2017 s'est tenue la cérémonie inaugurale de l'historial
franco-allemand de la Grande Guerre du Hartmannswillerkopf présentant
les événements qui l'ont marqué. Elle fut présidée par le président de
la République française, Emmanuel Macron, et le président de la
République fédérale allemande, Frank-Walter Steinmeier.
Le Vieil Armand dans l'art
Photographes
et peintres immortalisèrent les événements tragiques qui se déroulèrent
en ces lieux. Parmi ceux-ci, François Flameng, peintre officiel aux
armées, dont les nombreux croquis et dessins furent publiés dans la
revue L'Illustration.
Le cimetière militaire apparaît dans une scène du film Jules et Jim de François Truffau.
Daniel Ziegler a réalisé en 2004 HWK, la mangeuse d'hommes, respectueux de la précision historique (les soldats du début de 1915 ne portaient pas encore de casques). Sa
caméra traque les regards vides, la trouille mortelle, l'envie d'en
finir avec l'horreur du déluge de fer, de feu et le sang dans le paysage
lunaire au sol mêlé de terre et de chair. Les prêtres faisaient sonner
les cloches pour masquer le bruit et la fureur. Il y a aussi des scènes de fraternisation entre les adversaires.
Source :
Merci à Alexandra et Olivier pour ces belles photos
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