Saint Séraphin de Sarov
Hiéromoine en Russie († 1833)
Séraphin ou Seraphim de Sarov (en russe : Серафим Саровский) (1759-1833) est un religieux chrétien orthodoxe.
Vénéré comme saint par l'Église orthodoxe de Russie, fêté le 2 Janvier,
il compte parmi les saints les plus populaires de cette église.
Biographie
Né le 19 juillet 1759, fils d'un briquetier entrepreneur en bâtiment de Koursk (500 km au Sud de Moscou).
À
17 ans il a rendu visite à Dosifeya de Kiev. Prokhore Mochnine (Прохор
Мошнин) entre comme novice au monastère de Sarov (350 km à l'Est de
Moscou) à 19 ans, et reçoit, huit ans plus tard, avec son habit de
moine, un nouveau nom : Seraphim (ce qui signifie « Flamboyant », en
hébreu).
Ordonné
diacre, puis prêtre, il obtient de l'higoumène de son monastère, en
1790, la permission de se retirer en ermite, dans la forêt.
Il
vécut ainsi, partageant sa vie entre son ermitage et le monastère de
Sarov, une ascèse rigoureuse, faite de jeûne, de solitude, d'humilité et
de prière, avec comme objectif permanent de se « rapprocher du Christ ».
Ses
lectures étaient la Bible (il lisait le Nouveau Testament en entier
chaque semaine), ainsi que les écrits des Pères de l'Église.
Dans son immense désir de tout rapporter à Jésus, il avait donné aux environs de son ermitage des noms bibliques.
À "Nazareth", il chantait les hymnes "akathistes" à la Vierge ;
récitait les offices de sexte et none au "Golgotha" ; lisait l'évangile
de la Transfiguration au "Mont Thabor", et entonnait à "Bethléem" le
"Gloire à Dieu au plus haut des cieux".
Il
vécut même, pendant un temps, la vie des stylites. Ainsi, durant mille
jour et nuits, il passait des heures sur un rocher, à prier.
Cependant,
comme lui-même le faisait remarquer à un novice qui l'en louait, en
comparaison de Syméon l'Ancien, c'était peu de temps.
Un
événement, qui faillit lui coûter la vie, illustre bien le caractère du
« misérable Seraphim » (ainsi qu'il se définissait lui-même) :
En
septembre 1804, il fut agressé à son ermitage par trois brigands (issus
d'un village voisin) qui voulaient le voler (lui qui ne possédait
rien !).
N'ayant rien trouvé, ils le battirent et le laissèrent pour mort, avec une fracture du crâne, et plusieurs côtes cassées.
Plus
tard, les brigands ayant été retrouvés, le père Seraphim qui avait été
ramené au monastère s'opposa formellement à ce qu'ils soient châtiés :
il avait pardonné.
Néanmoins, après cet incident, son higoumène ne l'autorisa plus à
retourner à son ermitage, et c'est dans le monastère de Sarov qu'il
vécut les années suivantes.
Même
s'il recevait parfois quelques visites, comme tout moine et tout
ermite, ce n'est qu'à partir de 1822 (il avait alors 63 ans) que sa
renommée se répandit.
Il fut alors continuellement assailli de visiteurs : fermière du
voisinage, militaire, moine, pèlerin, prince, prêtre, femme du monde,
haut dignitaire de l'église, commerçant, tous venaient, par centaines,
et se pressaient autour de lui, pour le questionner, pour l'entendre,
pour le voir.
Et
que voyaient-ils ? Un petit vieux, « tout blanc, tout ratatiné, tout
sec aux yeux bleus » et au sourire « incompréhensiblement radieux ».
Un petit vieux qui recevait chaque visiteur par ces mots « Bonjour, ma joie », et encore « Christ est ressuscité ! »
Et
son accueil, sa sagesse, sa « clairvoyance » (n'accueillait-il pas
certaines personnes par ces mots : « je sais, je sais », les faisant
passer devant tout le monde, leur prodiguant conseils et consolation
avant même qu'ils aient dit qui ils étaient ou pourquoi ils venaient ?)
apportaient encouragement, relèvement à tous ces visiteurs parfois un
peu trop pressants.
Cependant,
son empathie (on disait alors: « don de préconnaissance ») et ses
conseils n'étaient pas les seules causes de la popularité du Père
Seraphim : beaucoup de malades venaient le voir et obtenaient par ses
prières des guérisons dont les plus spectaculaires furent celles de
Mikhaïl Mantourov (qui permit plus tard la création du couvent féminin
de Diveïevo), et de Nikolaï Motovilov (avec qui il eut un long entretien
qui, ayant été consigné, est considéré comme un des sommets de la
spiritualité orthodoxe).
Malgré
les tracasseries que lui infligeait parfois sa hiérarchie (avait-on
déjà vu un moine aussi « indiscipliné » ?), il put, grâce à Mikhaïl
Mantourov, fonder une communauté monastique de femmes à Diveïevo, à
quelques kilomètres du monastère de Sarov.
Dans la nuit du 1er au
2 janvier 1833, quoique l'on fût dans le « temps de Noël », on
l'entendit chanter les hymnes de Pâques, notamment le tropaire de la
résurrection.
Ce furent ses dernières paroles.
Il fut trouvé au petit matin dans sa cellule, agenouillé devant une icône de la Theotokos comme en prière, mort.
Canonisation
Le 19 juillet 1903, 70 ans après sa mort, prenant acte de la vénération dont le starets Seraphim était l'objet, « persuadé
de l'authenticité des miracles attribués aux prières du starets
Seraphim, et rendant grâce à Dieu glorifié dans ses saints » le Saint Synode procéda à sa canonisation.
En
présence du Tsar Nicolas II, d'un clergé abondant et d'une foule
immense eut lieu l'office de canonisation au cours duquel on chanta le
tropaire composé en l'honneur du « nouveau saint ».
Durant
la nuit qui suivit, la foule resta sur place, à prier, puis,
contrairement à l'usage, les hymnes de Pâques furent entonnés.
Il devint un des saints les plus populaires de l'église russe.
Il est fêté le 2 janvier, ainsi que le 19 juillet.
Plusieurs
paroisses de l'émigration russe se sont placées sous le patronage de
Saint Seraphim. Ainsi y en a-t-il, en France, une à Paris et une autre à
Chelles (77)
Sa spiritualité
La
spiritualité de Séraphim, très ancrée dans la Bible et la tradition
orthodoxe (en particulier la Philocalie), s'exprime en particulier dans
son Entretien avec Motovilov ainsi que dans lesInstructions spirituelles qui
ont été rassemblées par les moniales de Diveïevo. On lui attribue un
certain nombre de pouvoirs, dont celui de la lévitation.
Sa vision prophétique
Homme
de prière, profondément spirituel, le père Seraphim voyait « au-delà
des apparences ». Il est à ce titre (et à d'autres) à rapprocher de son
contemporain français, le prêtre catholique Jean-Marie Vianney.
Outre
de nombreuses paroles « personnelles » qu'il prodigua à ses
innombrables visiteurs, on rapporte (mais il s'agit d'« ouï-dires »)
qu'il annonça des temps de trouble survenant après une grande joie (« En
plein été, on chantera Pâques », mais « cette joie sera de courte
durée », « la vie sera courte, alors, les anges auront à peine le temps
de ramasser les âmes... ») que l'on a identifié, après coup, avec
la Révolution russe survenant quelques années après la canonisation de
Saint Seraphim, suivie du coup d'État bolchévik puis de la grande
terreur et du stalinisme.
Il aurait fait aussi des prophéties sur l'avenir de la France, qui, « pour
son amour pour la Mère de Dieu, la sainte Notre Dame, sera donnée aux
17 millions de Français, avec sa capitale dans la ville de Reims,
pendant que Paris sera tout détruit. »
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