Ordre du Carmel

 

Ordre du Carmel

 

Image illustrative de l’article Ordre du Carmel

 

 

L’ordre du Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif. Ses membres sont appelés carmes (pour les hommes) et carmélites (pour les femmes). Leur père spirituel est le prophète Élie.

Fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du XIIe siècle, les premiers Carmes quittent leurs ermitages au début du XIIIe siècle pour se réfugier en Europe. Après bien des tribulations, l'ordre érémitique se transforme en ordre monastique. Il connaît de nombreuses réformes dont la plus marquante est la réforme instituée par Thérèse d'Avila au XVIe siècle.

Il existe aujourd'hui deux branches principales : les Grands Carmes (n'ayant pas suivi la réforme de sainte Thérèse d'Avila) et la branche issue de la réforme thérésienne, les Carmes déchaux. Ces deux branches sont découpées en trois ordres :

  • les Carmes (pour les hommes) ;
  • les Carmélites (pour les femmes), appelées le second ordre (du Carmel) car leur ordre a été créé après l'ordre des Carmes ;
  • le Tiers-Ordre carmélite (pour les laïcs), appelé le troisième ordre car créé dans un troisième temps.

L'ordre du Carmel est porteur d'une tradition spirituelle riche, qui a une grande importance pour l'Église catholique tout entière, notamment grâce à plusieurs docteurs de l'Église issus de l'ordre : Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux. Ils sont spécialement connus pour leur enseignement sur l'oraison, centre de la vie spirituelle du Carmel. De nombreux mystiques ont également laissé des écrits ayant éclairé leur époque et même faisant parfois référence jusqu'à nos jours (Jean de Saint-Samson, Laurent de la Résurrection, Marie-Madeleine de Pazzi, Élisabeth de la Trinité, Marie Candide de l'Eucharistie, Maria Petyt).

Historique

Carmes

Carmes déchaussés

Carmélites

Carmélites déchaussées


Origine et développement au Moyen Âge

Dès le XIIe siècle, des hommes s'inspirant du prophète Élie viennent vivre en ermites dans les grottes du mont Carmel. Albert Avogadro, Patriarche latin de Jérusalem, leur donne une règle de vie en 1209. Cette règle, constituée de quelques thèmes majeurs empruntés à la Bible, est centrée sur la prière. C'est l'acte fondateur de l'Ordre, qui prend le nom de « ordre des Frères de Notre-Dame du Mont-Carmel » ou Carmes. Plus tard, en 1247, le pape Innocent IV donnera aux Carmes l'appellation officielle de Frères de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Le siège de Jérusalem en 1187, qui achève la conquête de la Palestine par Saladin, oblige les chrétiens venus d'Occident lors des croisades à partir. De retour en Europe en 1238, ils vivent de plus en plus dans les villes où ils constituent de petites communautés. En 1247, l'ordre érémitique qu'est le Carmel est organisé par le pape Innocent IV en ordre monastique mendiant. En 1274, l'existence de l'Ordre est définitivement confirmée par le pape Grégoire X.

En 1435, le pape Eugène IV assouplit les rigueurs de la règle monastique par une mitigation qui entraînera de nombreuses tentatives de contre-réforme (tentatives de réformes par Jean Soreth, réforme de Mantoue, réforme de Touraine).

Des femmes proches de ces communautés de Frères Carmes sont attirées par leur vie de prière. Ainsi par exemple, des béguinages aux Pays-Bas donnent naissance à des monastères de carmélites dans la seconde moitié du XVe siècle. Jean Soreth, frère du couvent des Carmes de Caen, supérieur de l'ordre du Carmel de 1451 à 1471, travaille à la transformation de quelques béguinages des Pays-Bas en monastères de carmélites. Le mouvement ainsi lancé se répand en Bretagne avec la duchesse de Bretagne Françoise d'Amboise mais aussi en Italie et en Espagne.

La Réforme thérèsienne et son extension en Europe

Dans le contexte de la tourmente protestante et du Concile de Trente, deux grandes figures marquent en Espagne la vie du Carmel : sainte Thérèse d'Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591), qui fondent les Carmes déchaussés en 1568. Ils renouvellent dans l'Ordre le sens de la prière et de la pauvreté à travers l'humilité et une vie cachée.

Après la fondation du premier monastère de la réforme, le couvent Saint-Joseph à Ávila en 1562, seize communautés féminines et quinze communautés masculines nouvelles sont érigées en Espagne en seulement 20 ans.

En 1604, le cardinal de Bérulle et Barbe Acarie fondent le premier carmel déchaussé en France, où cet ordre connaît rapidement un très grand succès (74 carmels féminins et 67 couvents de Carmes réformés sont présents à la fin du XVIIe siècle, contre seulement 6 couvents de carmélites non réformées). Plusieurs grands noms de la noblesse ou de la société parisienne entrent au Carmel, comme Louise de La Vallière ou Louise de France.

Persécutions et effondrement de l'Ordre

Les guerres de Religion au XVIe siècle entraînent des exactions et la destruction de plusieurs couvents. Plus tard, le siècle des Lumières est un temps de fléchissement spirituel pour la vie religieuse confrontée aux remises en question du rationalisme : les vocations religieuses diminuent.

Avant même la Révolution Française (1789), l'empereur Joseph II du Saint-Empire romain germanique supprime tous les couvents des ordres religieux des ordres religieux contemplatifs (le Carmel, mais également les visitandines). Tous les monastères de son empire (Allemagne, Autriche, Pologne, une partie de l'Italie, les Pays-Bas) sont supprimés, et les religieux et religieuses sont soit expulsés, soit envoyés dans les couvents d'autres ordres ; même l'intervention et la visite personnelle du pape Pie VI en 1782 ne le font pas changer d'avis.

Quelques années plus tard, la Révolution entraîne la fermeture de tous les couvents de Carmes et de Carmélites de France (l'Assemblée Constituante supprime les congrégations religieuses à vœux solennels le 18 août 1790). Les biens des religieux sont saisis et vendus. Les Carmes disparaissent de France jusqu'en 1840 ; les carmélites restent et entrent dans la clandestinité. Plusieurs religieux et religieuses sont exécutés.

En Espagne, au cours du XIXe siècle, plusieurs émeutes et révoltes amènent les populations à brûler des couvents voire à y massacrer les religieux. En 1835, le gouvernement ordonne la suppression des couvents qui comptent moins de 12 membres. C'est ainsi que plus de 900 couvents sont fermés. Un siècle plus tard, en 1936, avant même le début de la guerre d'Espagne, les milices républicaines attaquent et incendient de nombreux couvents, vont jusqu'à massacrer les religieux (voir Terreur rouge : Violences antireligieuses).

La renaissance du Carmel

Expansion des couvents

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Thérèse d'Avila par Gregorio Fernández

Par Gregorio Fernández — Travail personnel: Rodelar, mai 2010, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10879303


Après la fermeture des couvents de France en 1792, des carmélites organisent des couvents clandestins. Mère Thérèse-Camille de l’Enfant Jésus (Marie-Thérèse-Françoise-Camille de Soyécourt) qui a pu récupérer la fortune familiale va utiliser cet argent pour racheter des anciens couvents saisis et vendus par la république afin de réinstaller des religieuses. En 1800, Mme de Soyecourt organise un premier couvent clandestin qui servira de plaque tournante pour recueillir les carmélites isolées et les renvoyer vers de nouveaux couvents (clandestins). Ainsi, en 1804, vingt-cinq couvents sont reconstitués. Après la chute de Napoléon Ier, les restaurations de couvents de carmélites se poursuivent et de nouvelles fondations voient le jour (cinquante-sept restaurations et fondations jusqu'en 1850). Les Carmes déchaux, qui avaient fui la France reviennent y fonder un premier couvent en 1840. Les fondations se multiplient en France jusqu'à la fin du XIXe siècle. En 1901, on compte alors cent trente-deux couvents de carmélites, soit cinquante-huit de plus qu'avant la Révolution. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les ordres carmélites français lancent des fondations sur d'autres continents (Inde, Palestine).

Après la guerre civile espagnole, sainte Maravillas de Jesús restaure le couvent de Cerro de los Angeles et fonde 10 nouveaux couvents en Espagne et à l'étranger (un couvent en Équateur). L'ordre des Carmes déchaux se développe rapidement en Espagne pour atteindre les 149 couvents. En Grande-Bretagne plusieurs fondations de couvents ont lieu au milieu du XIXe siècle. Ces couvents essaiment à leur tour dans différents pays anglophones (Australie, Irlande, États-Unis).

D'autres personnalités contribuent à la restauration du Carmel : l'Espagnol François Palau y Quer, l'officier polonais Raphaël Kalinowski, le pianiste et carme allemand Hermann Cohen. En 1831 en Inde, le bienheureux Kuriakose Elias Chavara fonde la Congrégation des Serviteurs de Marie Immaculée du Mont-Carmel, communément appelés Carmes de Marie Immaculée. Il fonde également la congrégation féminine du Carmel de Marie en 1866. Ces deux congrégations se répandent en Afrique et en Europe.

Renouveau spirituel

Sainte Thérèse de Lisieux et sainte Élisabeth de la Trinité renouvellent le message spirituel du Carmel. La lecture d' Histoire d'une âme de la sainte de Lisieux a un immense retentissement, ainsi que sa canonisation en 1925. En 1933, le Carmel de Cologne accueille Edith Stein, philosophe Allemande réputée. D'origine juive, elle s'est convertie au catholicisme et prend l'habit sous le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Son œuvre théologique et philosophique a beaucoup influencé son époque, et ce jusqu'à aujourd'hui. Transférée prudemment aux Pays-Bas par ses supérieurs, elle mourra cependant avec sa sœur à Auschwitz. A le même époque, le père Jacques de Jésus, prêtre Français meurt également en camp de concentration.

Au XXe siècle, le père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus fonde le premier institut séculier carmélitain : Notre-Dame de Vie, faisant partie du Tiers-Ordre carmélite. La fin du XXe siècle voit le développement et l’expansion du Carmel séculier.

Présentation de l'Ordre

La famille carmélitaine

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Carmes du Wyoming


La famille carmélitaine comprend aujourd'hui deux branches :

Globalement, le Tiers-Ordre constitue l'ordre plus nombreux (pour les deux branches de l'Ordre), devant les religieuses, puis les frères Carmes.

À ces branches se rajoutent différentes communautés de Carmélites apostoliques (religieuses non cloitrées), rattachées à l'ordre du Carmel, dont :

La famille carmélitaine comprend également :

Organisation et structuration

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Sœurs carmélites

Par Eugenio Hansen, OFS — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12179448


Les carmes et carmélites travaillent pour subvenir à leurs besoins. Ce point est indiqué dès le départ dans la règle du Carmel. Si pour les Grands Carmes, la taille des couvents n'est pas limitée (le couvent de l'Incarnation à Avila comptait deux cents religieuses au XVIe siècle), Thérèse d'Avila a limité les effectifs des couvents de carmes déchaux à vingt personnes plus la prieure.

Les religieux, regroupés dans un couvent, élisent un responsable (le père supérieur, ou la mère supérieure pour les carmélites). Ce responsable est élu lors d'un chapitre pour 3 ans. Les couvents sont regroupés en province. Un pays peut être découpé en plusieurs provinces, ou, s'il y a peu de couvents, la province peut inclure les couvents de plusieurs pays. Les communautés séculières du Tiers-Ordre carmélite sont rattachées aux provinces carmélitaines comme les couvents de l'Ordre. Les différents couvents d'une province élisent (pour trois ans) lors du chapitre provincial, le responsable de la province nommé provincial. L'ensemble des provinces Carmes élisent (pour 3 ans) le prieur général de l'Ordre appelé général de l'Ordre. Le général de l'Ordre est commun aux deux branches chaussées et déchaussées.

Les moines carmes déchaux et les moniales carmélites déchaussées vivent le même rythme de prière et consacrent quatre heures chaque jour à la prière, dont deux heures à l’oraison silencieuse (ils prient quotidiennement cinq offices de la Liturgie des Heures). Les frères carmes ont également des activités apostoliques de prédication axées sur la tradition spirituelle du Carmel. Les laïcs du Tiers-Ordre s'engagent également à prier la Liturgie des Heures, mais celle-ci est (pour eux) limitée aux laudes et aux vêpres.

La règle du Carmel

La règle du Carmel rédigée en 1209 était destinée à des ermites vivant dans les grottes du mont Carmel. Celle-ci a dû être légèrement modifiée par le pape Innocent IV en 1247 quand les ermites ont dû se réfugier en Europe et quitter la vie érémitique pour passer à une vie monastique. Par la suite d'autres révisions ont eu lieu.

Le charisme du Carmel

Initialement contemplatif, le Carmel voit sa spiritualité évoluer lors de son retour en Europe avec la fin du mode de vie érémitique. Après l'approbation d'Innocent IV en 1247, le charisme du Carmel se développe selon une double dimension : une vie contemplative et une vie apostolique (vie mixte). Cette évolution de la spiritualité carmélitaine ne s'achève qu'au XIVe siècle.

La mission apostolique se retrouve dans la paternité d'Élie, le "prophète de Feu", vénéré dès les premiers temps par les ermites sur le mont Carmel. Élie fait partie intégrante de la spiritualité du Carmel. Le père carme Kilian, prieur général de l'Ordre en 1959, auteur de plusieurs livres, insiste sur le charisme fondamental de l'Ordre « qui est d'être des "prophètes de feu" à la suite d’Élie, invitant chacun à mettre Dieu au centre de sa vie ». La Vierge Marie (vénérée sous l'appellation de Notre-Dame du Mont-Carmel) est également très présente dans la spiritualité carmélitaine.

L'oraison est un temps de prière à laquelle le carme doit se consacrer. Ce temps de prière est décrit dans la Règle comme un "veiller dans la prière". Le frère carme Bruno Secondin, professeur de théologie indique que « Prier, c'est alors passer dans le secret du cœur de Dieu que la Parole révèle et communique; c'est s'avancer vers Quelqu'un qui habite la Parole, qui est la Parole vivante ». Ce temps de prière silencieuse (et les moyens d'y entrer), même s'il n'est pas exclusif du Carmel, a beaucoup été développé et mis en valeur par l'Ordre.

Le blason de l'Ordre

Exemples de blasons


Blason simplifiéBlason simplifié

Blason en usage dans l'ordre des Carmes déchaux séculier.

Blason en usage dans l'ordre des Carmes déchaux séculier

Par Anamix — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29339170

Blason de l'ordre du Carmel déchaussé (XVIIe siècle).

Blason de l'ordre du Carmel déchaussé (XVIIe siècle)

Blason de l'ordre du Carmel déchaussé diffusé en 1605.

Blason de l'ordre du Carmel déchaussé diffusé en 1605

Blason de l'ordre du Carmel.

Blason de l'ordre du Carmel

Blason présent dans le Manuscrit de Sanlúcar de saint Jean de la Croix.

Blason présent dans le Manuscrit de Sanlúcar de saint Jean de la Croix

Blason publié dans "Heraldischer Atlas". Stuttgart 1899.

Blason publié dans "Heraldischer Atlas". Stuttgart 1899

Blason sur la clef de voute dans le chœur de l’ancienne chapelle des Carmes de Rennes.

Blason sur la clef de voute dans le chœur de l’ancienne chapelle des Carmes de Rennes

Par Pymouss — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7892563

Symbolique du blason

Le blason du Carmel existe sous de multiples formes plus ou moins simplifiées. La plus basique conserve juste les 3 étoiles avec le cœur marron entouré de deux lobes blancs.

L'écu central représente deux lobes blancs surplombant un cœur marron : le tout symbolisant les deux pans blancs du manteau carmélitain s'ouvrant sur la robe de bure (brune). La partie brune monte et se termine sur une croix ; elle indique que la croix est la voie qui conduit au mont Carmel où se fait la rencontre avec Dieu.

Les 3 étoiles peuvent représenter, selon une interprétation habituelles les trois vertus théologales (foi, espérance et charité), ou bien les trois vœux prononcés lors de l'entrée en religion (pauvreté, obéissance et chasteté).

Le blason, de l'Ordre reprend deux versets bibliques ancrés sur le prophète Élie (considéré comme le père fondateur de l'Ordre) :

  • la devise écrite en latin autour du blason « Zelo zelatus sum pro Domino Deo Exercituum » (Je suis rempli d'un zèle jaloux pour le Seigneur Sabaoth) 1 Rois 19,14 qui est d'ailleurs la devise du Carmel, et auquel s'ajoute le verset « Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens. » (1 Rois 18,15) ;
  • la main brandissant une épée flamboyante rappelle la victoire d’Élie sur les prêtres de Baal sur le mont Carmel (1 Rois 18,22-40) « Le prophète Élie se leva comme un feu, sa parole brûlait comme une torche » (L'Ecclésiastique chap 48 v1).

Prieurs Généraux de l’Ordre

Branche des Grands Carmes

Ordre des Carmes déchaux

Liste des couvents de l'ordre

Personnalités dans l'ordre du Carmel

Les saints et bienheureux du Carmel

Sainte Thérèse d'Avila, saint Jean de la Croix et sainte Thérèse de Lisieux, tous trois Docteurs de l'Église, sont souvent considérés aujourd'hui comme les trois maîtres du Carmel.


Thérèse d'Avila par Rubens.

Thérèse d'Avila par Rubens

Jean de la Croix.

Jean de la Croix

Thérèse de Lisieux.

Thérèse de Lisieux


Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein), sainte co-patronne de l'Europe.

Dans l'ordre des Carmes déchaux

 

 

Innocent III (176e pape)

 

Innocent III (176e pape)

 

Image illustrative de l’article Innocent III

 Détail d’une fresque du cloître du sanctuaire du Sacro Speco à Subiaco. Vers 1219



Lotario dei conti di Segni (né en 1160 à Gavignano et mort en 1216 à Pérouse), de la famille des comtes de Segni (it), est le 176e pape de l'Église catholique, élu le 8 janvier 1198 sous le nom d’Innocent III. Il est considéré dans la chrétienté latine comme l’un des plus grands papes du Moyen Âge.

Préoccupé de remplir au mieux sa fonction de pape, Innocent III est un chef à la décision rapide et autoritaire. Il cherche à exalter au mieux la puissance du Saint-Siège de façon à renforcer son autorité suprême, gage selon lui de la cohésion de la chrétienté occidentale ; à cette fin, à partir de 1199, il développe la lutte contre les hérésies, notamment cathare, qu’il confie en 1213 à l’Inquisition, tribunal ecclésiastique d’exception. Une de ses œuvres majeures est de soutenir Dominique de Guzmán ainsi que saint François d’Assise et ses Frères mineurs et de valider leur première règle. Ce pape est également celui du plus important concile du Moyen Âge, le IVe concile du Latran, qui statue entre autres sur les dogmes, les sacrements (dont le mariage), la réforme de l’Église, la conduite des prêtres et des fidèles, la croisade, le statut et la discrimination des Juifs et des Sarrasins.

C’est sous son pontificat qu’à lieu la quatrième croisade, qui échappe à son contrôle en s’achevant par le sac de Constantinople par les croisés, événement qui creuse le fossé entre orthodoxes et catholiques romains.

Avant l’élection au pontificat

Giovanni Lotario ou Lothaire est issu par son père, Trasimond, de la puissante famille des comtes de Segni, descendants de la Gens Anicia et des comtes de Tusculum lesquels avaient donné à l’Église beaucoup de papes, et par sa mère de la noblesse romaine.

Il étudie la théologie d’abord à Rome puis à Paris, où il reçoit l’enseignement de Pierre de Corbeil en même temps qu’Étienne Langton et Robert de Courçon, que Lotario élèvera plus tard à la dignité de cardinal.

Il effectue ensuite un bref passage par Bologne, où il est l’élève du canoniste Hugues de Pise, qui lui inspirera un programme politique, la théocratie pontificale.

En 1186, il retourne à Rome, où Grégoire VIII l’ordonne sous-diacre. Il entame alors une carrière à la curie. Clément III, son oncle, le nomme en septembre 1190 cardinal-diacre à Saints-Serge-et-Bacchus, église diaconique de Rome.

Cet homme beau, distingué, énergique et hiératique devient rapidement le cardinal le plus en vue et le plus brillant de la curie3. Infatigable travailleur, sa santé fragile lui vaudra de contracter plusieurs graves maladies.

Entre 1190 et 1198, il rédige le traité De la misère de la condition humaine (De Miseria Condicionis Humanae), aussi appelé Le mépris du monde (De contemptu mundi) ; un traité sur le mariage (De quadripartita specie nuptiarum, Les quatre sens du mariage), et un autre sur la messe, Les mystères des messes (De missarum mysteriis)[1] [archive]. Ce dernier comporte un long chapitre sur les couleurs, repris par tous les liturgistes du XIIIe siècle et appliqué dans de nombreux diocèses.

Alors qu’il est le plus jeune des cardinaux (37 ans), il est élu pape à l’unanimité, en 1198, le jour même de la mort de Célestin III.

Du « vicaire de Pierre » au « vicaire du Christ » : l'absolutisme de l'autorité pontificale dans l'Église

Dès les premiers temps de son pontificat, Innocent III renforce considérablement le pouvoir du pape dans l'Église et met pleinement en application, à cet égard, le programme des Dictatus papæ de Grégoire VII. Pour cela, il impose l'idée que le pape n'est pas un évêque comme les autres, simplement investi d'une dignité et d'une fonction honorifique supérieures, mais un représentant du Christ lui-même, situé au-dessus de ces simples représentants des apôtres que sont les évêques.

Cette évolution est marquée notamment dans le changement de titulature : Innocent III ne se dit plus « vicaire de Pierre » comme ses prédécesseurs, mais « vicaire du Christ ». Il s'ensuit qu'Innocent III réserve au seul pape la « plénitude de puissance » (plenitudo potestatis), les évêques se voyant investis seulement d'une « part de sollicitude » (pars sollicitudinis).

Concrètement, le pape impose son autorité sur l'épiscopat, avec une fermeté inédite, de deux manières : en monopolisant le contrôle sur les élections, les dépositions, les transferts et les résignations épiscopales et utilisant la procédure inquisitoire, dont il met au point la forme définitive, pour mener des enquêtes judiciaires contre les prélats désobéissants, fautifs ou négligents, sur la seule base de la mauvaise « renommée » (fama) qui lui parvient à leur sujet.

Théocratie pontificale

Lotario pourrait avoir choisi son nom de pape en référence à son prédécesseur Innocent II (1130-1143), qui avait imposé à l’empereur de reconnaître la supériorité du Sacerdoce sur l’Empire en se prêtant, en 1131 à Liège, à un rituel (décrit dans la Fausse Donation de Constantin) au cours duquel le titulaire de l’Empire, à pied, promenait par la bride un cheval blanc sur lequel le pape était monté.

C’est Innocent III qui impose le monopole de la papauté sur le titre de « vicaire du Christ (en) », jusque-là partagé par les évêques (le titre de « vicaire de Pierre » étant alors abandonné). À travers ses lettres, ses sermons et ses bulles, se développe une doctrine théocratique cohérente de la plenitudo potestatis (« plénitude de puissance ») qui confère au pape une puissance illimitée ; le programme de la Réforme grégorienne est porté à son aboutissement. Innocent III soutient ainsi l’idée que le pape détient seul l’entière souveraineté (l’auctoritas des Romains). Les princes possèdent la potestas, c’est-à-dire la puissance politique, qui leur est donnée directement par Dieu. Ils accomplissent comme ils l’entendent leur office dans leur domaine. Il en découle que les souverains ne peuvent se soustraire à l’autorité, pontificale pas plus que les Églises nationales. « Nous avons été institués prince sur la Terre (...) avec le pouvoir de renverser, de détruire, de dissiper, d’édifier et de planter ». Il déclare au patriarche de Constantinople que l'univers entier a été confié à saint Pierre et à ses successeurs.

Cependant, sa doctrine est plus souple que celle des dictatus papæ énoncés au temps de Grégoire VII (1073-1085) : bien qu’il soutienne la supériorité du pouvoir spirituel, Innocent III limite l’intervention du pape dans le domaine temporel à trois cas : un grave péché des princes, la défense des biens ecclésiastiques et la nécessité de trancher dans un domaine où nulle juridiction n’est compétente. Ainsi, il se comporte comme l’arbitre incontesté de l’Occident chrétien et porte à son zénith la théocratie pontificale.

Le Pape veut en outre réaliser sur Terre la Cité céleste, placée sous son autorité. Il s’agit d’augustinisme politique, en référence à saint Augustin ; mais là où Augustin décrivait un idéal eschatologique, Innocent III prétend le réaliser sous son pontificat. Pour ce dernier, l’Église doit promouvoir la Cité céleste sur Terre et ainsi faire régner la paix et l’ordre.

Dans sa lettre Etsi non displiceat de 1205, Innocent III condamne quelques activités des juifs et exhorte Philippe Auguste à mettre fin à ces abus dans son domaine (en latin : abusiones huiusmodi de regno Francorum studeas abolire) et à « persécuter les loups qui ont adopté l’air de brebis, afin de démontrer la ferveur avec laquelle Sa Majesté (regia celsitudo) professe la foi chrétienne ».

Le concile de Latran en 1215 va plus loin en instaurant une ségrégation forcée dans les royaumes de la chrétienté, obligeant les sarrasins et particulièrement les Juifs à porter une marque distinctive (signum) sur leurs vêtements, qui sera la rouelle dont le port sera largement imposé encore bien après Innocent III. Il limite également les relations sociales et professionnelles entre Juifs et chrétiens, pour éviter les « mélanges » et préserver la « pureté » des chrétiens et travaille sans relâche à leur conversion au christianisme. Comme le mentionne l'historien John Tolan : « Pour de nombreuses raisons, le pontificat du pape Innocent III est considéré comme le précédent essentiel de la confrontation médiévale des papes et des juifs. [Il] représente à la fois un durcissement de la politique de l'Église envers les juifs et une exacerbation de la rhétorique anti-juive ». Il avait toutefois tenté d'assurer leur protection en publiant la constitution Licet Perfidia Judaeorum (1199) par laquelle il interdisait la spoliation des Juifs, ainsi que la profanation de leurs cimetières, sous peine d'excommunication. Le port de la rouelle par les Juifs ayant mis leur vie en danger durant de longs siècles, il est pour autant souvent désigné comme un « Pape antijuif pour les plus modérés » ou « le père de l'antisémitisme » pour les autres.

Auparavant, en 1200, il n’a pas hésité à jeter l’interdit sur le royaume de France, lorsque Philippe Auguste, en 1196, fait annuler son mariage avec Ingeburge de Danemark pour épouser Agnès de Méran. Il frappe aussi l’Angleterre d’interdit puis excommunie le roi Jean sans Terre, quand celui-ci refuse l’accession d’Étienne Langton au siège de Cantorbéry en 1208. Lorsque Jean se plie à la volonté papale et demande son pardon en 1213, le pape exige une soumission complète. Le roi doit réparer les dégâts causés dans les églises pendant le conflit et se reconnaître vassal du Saint-Siège. Il prend deux ans plus tard la défense du souverain contre les barons révoltés, qui, à ses yeux, menacent la paix de la chrétienté — révolte qui aboutit à la promulgation de la Magna Carta. À l’image de l’Angleterre, les rois d’Aragon, de Bulgarie et du Portugal se reconnaissent vassaux du pape.

Lutte contre les empereurs germaniques

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Sceau du pape Innocent III

Par The Portable Antiquities Scheme/ The Trustees of the British Museum, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55743610


Le pape tente de rétablir son autorité sur Rome et ses propres États. Il liquide définitivement ce qui restait de la République romaine en obtenant la démission de la municipalité et la révocation des officiers nommés par le Sénat républicain. Le préfet, jusqu’alors agent de l’empereur, devient un fonctionnaire du Saint-Siège. Ces mesures entraînent la révolte des Romains dirigée par la noblesse. Il faut environ six ans au pape pour reprendre le contrôle de la ville. Innocent III parvient dans le même temps à mettre la main sur l’héritage de la comtesse Mathilde de Toscane, la marche d’Ancône, la Campanie, le duché de Spolète.

Il joue aussi des rivalités entre les Hohenstaufen, la maison du défunt empereur, et les guelfes. Au poste d’empereur, les guelfes font élire Otton de Brunswick tandis que les partisans des Hohenstaufen, majoritaires, font élire le frère du roi, Philippe de Souabe. Innocent III profite de l’occasion pour affirmer les droits supérieurs de la papauté. Dans la décrétale Per Venerabilem de 1202, il affirme qu’en cas de contestation de l’élection impériale, la décision finale appartient au pape.

Il favorise d’abord le guelfe Othon IV, qui, pour obtenir le soutien pontifical, lui a promis la souveraineté totale des États de l’Église, plus l’exarchat de Ravenne, les domaines de la comtesse Mathilde, la marche d’Ancône, le duché de Spolète et la reconnaissance de sa souveraineté sur la Sicile. Mais dès que son pouvoir est affermi, Othon IV renie sa promesse et se comporte comme tous les empereurs précédents. Innocent III excommunie alors Othon IV en 1210 et favorise la marche au pouvoir de Frédéric II, son pupille. Celui-ci est couronné roi à Aix-la-Chapelle en 1215 après avoir donné au pape toutes les garanties sur le maintien des droits de l’Église et sur la séparation des royaumes germaniques et de Sicile.

Innocent III et les croisades

Croisades en pays chrétien

Innocent III est à l’origine du détournement de l’idée de croisades : il forge l’idée de « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs. Il est le premier à lever des taxes pour financer les croisades, et aussi à exprimer le droit à « l’exposition en proie », c’est-à-dire le droit pour le pape d’autoriser les catholiques à s’emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l’hérésie. Dès 1199, il menace ainsi de lancer une croisade contre un partisan de l’Empire.

À partir de 1207-1208, Innocent III fait prêcher la croisade contre les albigeois. Dans une lettre aux évêques du Midi, il expose pour la première fois les principes justifiant l’extension de la croisade en pays chrétien : l’Église n’est pas obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l’hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l’initiative de convoquer tous les chrétiens, et même de disposer des territoires des hérétiques en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants. Il offre à tous ceux qui participeraient à la réduction de l’hérésie les mêmes indulgences que pour les croisés de Terre sainte, mais en plus, il leur donne les terres conquises lors de la croisade. Le IVe concile du Latran de 1215 confirme ces dispositions. Le concile ordonne aussi la prédication d’une nouvelle croisade dans toute la chrétienté. Il demande l’indulgence plénière, laquelle est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade, alors que jusque-là seuls les combattants en bénéficiaient. C’est un appel direct aux armateurs de villes italiennes. Il décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d’un impôt d’un vingtième et les biens du pape et des cardinaux d’un impôt d’un dixième. La cinquième croisade aura lieu après la mort d’Innocent.

IVe croisade

Dès le début de son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints d’inspiration purement pontificale, contrairement aux précédentes organisées sous l’impulsion de divers souverains. La croisade est prêchée en France par le légat Pierre Capuano et le curé de Foulques de Neuilly avec beaucoup de succès. Philippe de Souabe, beau-frère d’Alexis Ange, fils de l’empereur byzantin déchu Isaac II, promet l’aide de l’Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli sur son trône. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l’unité de l’Église. Mais la IVe croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés qui ne peuvent pas payer leur voyage aux armateurs vénitiens sont détournés par eux à Zara sur la côte dalmate qu’ils prennent pour le compte de Venise. Le pape excommunie les croisés et Venise, mais lève très vite l’excommunication pour les croisés. Après une nouvelle déviation de la croisade vers Constantinople et la prise de la ville par les croisés et les Vénitiens le 13 avril 1204, Innocent III accepte d’abord le fait accompli, se satisfaisant des promesses d’union des Églises et de soutien aux États latins d’Orient. Mais, informé des excès des croisés, il parle de détournement de la croisade, dont il accuse les Vénitiens. L’idée d’une déviation de cette croisade est donc contemporaine des événements.

Innocent III est méprisant envers les Grecs, qu’il indispose. Quand le clergé de Constantinople écrit au pape en 1208 pour reconnaître sa primauté et demander l’autorisation d’élire un patriarche de rite grec à côté du patriarche latin, comme à Antioche et à Jérusalem, le pape ne daigne même pas leur répondre.

Persécution de l’hérésie

Innocent III cherche à mieux contrôler le clergé, de manière à mettre fin aux critiques adressées à certains de ses membres. Il s’appuie sur les cisterciens pour lutter contre l’hérésie cathare. Il désigne parmi eux ses légats avec pleine autorité sur les évêques en la matière. Leur action est plutôt inefficace. En 1208, le meurtre de l’un d’entre eux, Pierre de Castelnau, permet au pape de lancer la croisade contre les albigeois, à laquelle il avait appelé à plusieurs reprises depuis 1204. Il est ainsi à l’origine d’une guerre particulièrement violente contre les anticléricaux et évangélistes du Midi de l’actuelle France, déclarés hérétiques.

Dès 1199, Innocent III a développé la lutte contre les hérésies. Dans sa bulle pontificale Vergentis in senium (25 mars 1199), il assimile l’« aberration dans la foi » à un crime de lèse-majesté, concept romain redécouvert à cette époque par les autorités laïques. En 1205, dans sa bulle Si adversus vos, il condamne ceux qui viennent au secours des hérétiques, leur interdisant de fait l'assistance d’un avocat, voire de témoins à décharge. La procédure inquisitoriale, destinée à la répression de tous les méfaits (et non pas seulement des hérésies) est complétée et codifiée par une série de décrétales, en particulier Licet Heli (1199) et Qualiter et quando (1206). Toutes les dispositions relatives à la procédure inquisitoriale seront reprises et mises en ordre par le même Innocent III en novembre 1215 à l’occasion du IVe concile du Latran, au 8e canon, lui aussi nommé Qualiter et quando.

Ce concile marque l’aboutissement des efforts d’Innocent III pour le rétablissement de l’orthodoxie catholique. Il affirme (principalement pour condamner les cathares) la Trinité, l’incarnation humaine du Christ, et introduit dans le dogme, sous l’influence des théologiens Pierre Lombard et Étienne Langton, le concept de la transsubstantiation qui est défini comme dogme pour la première fois dans un canon de l’Église catholique. La simonie et le nicolaïsme sont de nouveau condamnés, de même que, pour les clercs, l’ivrognerie, le jeu, la participation aux festins et aux duels ou encore la pratique de la chirurgie. Il est rappelé que les contributions des fidèles sont volontaires et qu’il n'est pas question de les tarifer. En 1210, il voit en rêve saint François d'Assise soutenant la basilique Saint-Jean de Latran en ruines. Frappé par ce rêve, il valide verbalement la première règle rédigée par François, régissant la fraternité naissante. Malgré leur vision radicalement différente de l'Église, Innocent III et François se sont respectés. Innocent III est très souvent représenté aux côtés de saint François.


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Le pape Innocent III, basilique saint Jean de Latran, Rome, Italie

Par © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2848074


Face à la montée des hérésies en France (vaudois, cathares…), qui utilisent des traductions en langues vulgaires de la Bible, il interdit à plusieurs reprises les traductions en français de la Bible (voir la section « chronologie »).

En 1216, il entreprend un voyage en Italie du Nord, afin d’user de son autorité pour rétablir la paix entre Gênes et Pise. De passage à Pérouse, il est atteint de fièvre et y meurt le 16 juillet. Il y est inhumé dans la cathédrale San Lorenzo. Ses restes, mêlés en 1615 dans une urne à ceux d’Urbain IV et de Martin IV, sont par la suite transférés en 1891 à la basilique Saint-Jean de Latran.

Chronologie

  • 1198 : Innocent III prêche la quatrième croisade pour reprendre Jérusalem ; le commandement de l’expédition était confié au marquis Boniface de Montferrat. Cependant, cette croisade s’arrêta à Constantinople et la mit à sac. Il confirme par une bulle la propriété du prieuré Saint-Magloire de Léhon à l'abbaye de Marmoutier
  • 1199 : il envoie une première lettre à l’évêque de Metz afin de l’encourager à réprimer ceux qui traduisent et lisent la Bible en français. Ordonne par une bulle la soumission de Dol-de-Bretagne à l’archevêque de Tours.
  • 1200 : il jette l’interdit sur le royaume de France pour contraindre Philippe II à répudier Agnès de Méranie et rendre à son épouse Ingeburge de Danemark sa place de reine.
  • 1203 : il envoie deux légats, Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide, auprès du comte de Toulouse Raymond VI afin de l’inviter à mener une croisade sur ses terres.
  • 1205 : Par une bulle, il atteste que les comtes de Champagne sont les vassaux de l'archevêque de Reims pour Épernay, Fismes, Châtillon-sur-Marne, Vertus, et Vitry-en-Perthois
  • 1207 : il fait prêcher la croisade contre les albigeois.
  • 1208 : il jette l’interdit sur le royaume d’Angleterre après son conflit avec Jean sans Terre sur la nomination de l’archevêque de Cantorbéry.
  • 1209 : il décrète la croisade contre les albigeois, avec les mêmes indulgences pour les croisés que celles accordées aux combattants de Terre sainte. Bataille de Las Navas de Tolosa (1212).
  • 1210 : il approuve la première communauté des frères franciscains.
  • 1210 : il excommunie Otton IV du Saint-Empire tout en soutenant Frédéric II de Hohenstaufen.
  • 1211 : il demande à l’évêque de Metz de s’opposer à ceux qui possèdent des Bibles en français ; des abbés missionnaires prêchent contre les traductions françaises et brûlent les Bibles en français.
  • 1213 : il obtient la soumission de Jean sans Terre.
  • 1215 : il reconnaît l’université de Paris.
  • 1215 : il ordonne la cinquième croisade, vers l’Égypte.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Innocent_III