Abbaye de Sept-Fons
Façade de l'église abbatiale
L'abbaye de Sept-Fons a été fondée à Diou (Allier), en région d'Auvergne (France) en 1132 sous le nom de Notre-Dame de Saint-Lieu par les moines de l'abbaye de Fontenay, elle-même fille de Clairvaux. C'est donc un établissement cistercien.
Après une fermeture à la Révolution, l'abbaye est relevée en 1845 par une communauté trappiste qui y est toujours installée. La communauté compte aujourd'hui plus de 70 moines.
Histoire
Fondation
En
1132, l'abbaye de Fontenay envoie un groupe de moines, dirigé par les
frères Richard et Guillaume de Montbard, afin de fonder une abbaye à
Sept-Fons. Le lieu choisi est alors une lande marécageuse partiellement
boisée, inhabitée car insalubre.
En 1164, le pape Alexandre III rédige une bulle dans laquelle figurent les noms de tous les seigneurs ayant fait donation pour l'abbaye. Parmi eux, on trouve Rodolphe de Thoury, chevalier, seigneur de Thoury-sur-Besbre, le baron de La Roche-Milay.
Jusqu'en 1656
Comme
beaucoup d'abbayes, celle de Sept-Fons souffre durant le Moyen Âge des
ravages de la guerre de Cent Ans ainsi que du passage des grandes
compagnies. Les guerres de religion marquent également leur passage. À
chaque fois, l'abbaye, pillée ou incendiée, se relève de ses ruines.
Réforme monastique
L'abbaye
connaît une déprise considérable lorsque Eustache de Beaufort, âgé de
vingt ans, en est nommé abbé commendataire en 1656. Peu intéressé à ses
débuts par la vie monastique, il s'y convertit en 1663 et instaure une
réforme monastique qui connaît un grand succès. Les vocations affluent
de nouveau, le monastère comptant dès la mort d'Eustache, suivant les
sources, cent trente moines ou cent moines et cinquante convers.
Armes de l'abbaye
La Révolution
En 1791, les moines sont expulsés et l'abbaye est vendue comme bien national.
Les moines choisissent de se joindre aux trappistes dont la réforme
menée par Armand de Rancé est proche de celle menée chez eux par
Eustache de Beaufort.
Le retour des trappistes
Après
un long exode qui dure tout le temps de la Révolution et du premier
Empire, sept moines trappistes s'installent en 1816 dans l'ancienne
abbaye du Gard, en Picardie, qu'ils font revivre.
En septembre 1845, après une trentaine d'années, la communauté est partiellement expropriée par la construction du chemin de fer entre Amiens et Boulogne.
Les moines fuient ce lieu devenu trop bruyant, rachètent les ruines de Sept-Fons et la communauté s'y implante.
La nouvelle église abbatiale est consacrée le 15 septembre 1856.
Les fondations de l'abbaye
Photographie (prise avant 1910) de la façade de l'abbaye
L'abbaye connaît une croissance rapide, au point de fonder des abbayes-filles au bout de quelques années.
Le 24 avril 1862, une première fondation est tentée à Masbaraud-Mérignat, dans la Creuse, fondation dans laquelle quatorze moines sont envoyés ; mais cette expérience ne dure pas et les moines sont de retour à l'abbaye en 1862.
Le 23 juillet 1868, les trappistes s'implantent à Chambarand, dans l'Isère ; la guerre les oblige à rentrer à Mérignat, puis à Sept-Fons ; les travaux reprennent rapidement et l'abbatiale est consacrée le 22 octobre 1872 ; en septembre 1877, Chambarand est une abbaye à part entière. Elle doit néanmoins fermer en 1903 à cause des lois anticléricales ; durant près de trente ans, elle reste inoccupée, jusqu'à ce que les moniales, également trappistes, de Maubec, la reprennent en 1931.
En 1877, les trappistes sont appelés par le vicaire apostolique de Nouméa à Notre-Dame-des-Îles, en Nouvelle-Calédonie ; huit moines sont envoyés, avec la bénédiction du pape Pie IX, mais les conditions de vie précaires, la révolte kanake dirigée par Ataï et les difficultés de l'abbaye-mère à financer ce projet lointain contraignent au retour en 1890.
En 1880, les moines sont sollicités pour s'établir en Israël, à Latroun ; mais la fondation est difficile, car dans le même temps une première loi d'expulsion chasse les religieux le 6 novembre de leur abbaye mère. En 1887, le projet est repris et, le 31 octobre 1890, les trappistes arrivent en Israël.
Durant ce temps, en 1883, l'évêque de Pékin sollicite l'abbaye pour une fondation en Chine du Nord. C'est Yangjiaping, qui connaît rapidement un très important succès, au point que plusieurs moines sont envoyés renforcer l'abbaye japonaise du Phare, à Hokuto (Hokkaidō).
En 1895, l'abbé de Sept-Fons étant devenu le supérieur général de l'ordre trappiste, il milite fortement pour le rachat du site de Cîteaux ; celui-ci ayant fini par être accepté, l'argent est réuni entre 1895 et 1898 et un groupe part en octobre 1898 refonder l'abbaye-mère de tout l'ordre cistercien.
En 1890, les conditions n'étant pas réunies pour demeurer en Nouvelle-Calédonie, une autre fondation océanienne est proposée à Beagle Bay (en), dans le nord-ouest de l'Australie. Là encore, elle ne dure que dix ans, mais est transmise à une communauté de moines pallottins allemands, qui y demeurent malgré la guerre entre l'Australie alors anglaise et leur pays.
Le monastère aux XIXe et XXe siècles
De
1899 à 1934, Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons, sauve
Sept-Fons de la ruine grâce à son livre l’Âme de tout Apostolat et
surtout grâce à la Germalyne, un des premiers produits diététiques de
France. Il bataille également sur le plan juridique pour empêcher la
fermeture des monastères trappistes, et parvient, en intercédant auprès
de Georges Clemenceau, à éviter la fermeture de l'abbaye en 1903.
Cependant, la montée en puissance de l'anticléricalisme, en particulier d'Émile Combes incite les moines à trouver des solutions de repli éventuel. Un couvent est ainsi fondé au Brésil en 1903, aux abords de Tremembé : il prend le nom de Maristella. Les moines s'initient en ce lieu aux cultures du riz et du café ; cependant, le manque de vocations locales et le climat incitent les moines à rentrer en Europe entre 1927 et 1930, et à s'installer dans la maison d'Orval (voir paragraphe ci-dessous).
Le 8 juillet 1926, l'abbaye d'Orval (dans les Ardennes belges) alors en ruines, est rachetée par une mécène et confiée aux trappistes. La reconstruction est proposée à l'architecte Henry Vaes ; celui-ci s'inspire de l'architecture cistercienne originelle de l'abbaye de Fontenay pour recréer un monastère dans lequel les moines s'installent en mars 1927. Les travaux de la première aile sont réalisés en 1928 ; ceux de l'église abbatiale comment le 19 août 1929 pour s'achever en 1939. Entretemps, en 1935, Orval est devenue une abbaye autonome.
Vers 1930, l'abbaye de Sept-Fons compte environ cinquante frères convers. Le décret d'unification de 1962 supprime cette institution en mettant tous les moines sur un pied d'égalité. En décembre 1928 entre au monastère un ingénieur agronome suisse, Jean Kiefer (1907-1985), qui prend le nom religieux de père Jérôme. Enseignant la philosophie aux novices, il écrit de nombreux ouvrages de spiritualité, presque tous publiés après sa mort.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le monastère est occupé par les troupes allemandes, étant situé à l'extrême sud de la zone occupée. En 1968, une nouvelle expérience d'installation en Nouvelle-Calédonie est entreprise, et aboutit à la recréation de Notre-Dame-des-Îles. Le monastère ne dure toutefois que jusqu'en 2001.
Le monastère au XXIe siècle
Par
décret en date du 17 mars 2008, la congrégation dénommée « abbaye
Notre-Dame de Sept-Fons », dont le siège est fixé à Diou (Allier), est
légalement reconnue.
En 2002, Sept-Fons fonde une abbaye-fille à Nový Dvůr (cs), en République tchèque.
En 2013, l'abbé de Sept-Fons compte 80 moines, et la fondation tchèque de Nový Dvůr trente.
Liste des abbés
Abbés cisterciens
- 1150-1158 : Richard
- 1158-1164 : Étienne I
- 1164-11?? : Azelin
- 11??-1219 : Guillaume I
- 1219-1224 : Pierre I
- 1224-12?? : Pons I
- 12??-12?? : Guillaume II
- 12??-1243 : Jean I
- 1243-1264 : Garin
- 1264-1278 : Pons II
- 1278-1289 : Hugues I
- 1289-1313 : Guy
- 1313-1325 : Aymon
- 1325-1340 : Renaud
- 1340-1345 : Guillaume III
- 1345-1376 : Jean II
- 1376-1399 : Hérard des Vaux
- 1399-1404 : Jean III Pelletier
- 1404-1407 : Jacques Bouet
- 1407-1418 : Durand
- 1419-1424 : Louis Le Long
- 1424-1438 : Hugues II Motard
- 1438-1463 : Pierre II Le Long
- 1463-1493 : Guillaume IV Le Roy de Chagny
- 1493-1524 : Jean IV de Ramilly
- 1524-1537 : Nicolas I de Ramilly
- 1537-1566 : Nicolas II de Sommery
- 1566-1585 : Charles d’Ailliboust
- 1585-1593 : Étienne II Polette
- 1593-1602 : Pierre III Voisin
- 1602-1629 : Claude de Bonay de Vomas
- 1629-1655 : Pierre IV Bouchu
- 1655-1656 : Vincent I de Beauffort de Mondicourt
- 1656-1709 : Eustache de Beauffort de Mondicourt
- 1709-1710 : Joseph I Madeleine de Forbin d’Oppède
- 1710-1720 : Joseph II d’Hergenvilliers
- 1720-1740 : Zosime de Murel
- 1740-1755 : Vincent II Sibert
- 1755-1757 : Joseph III Alpheran
- 1757-1778 : Dorothée Jalloutz
- 1778-1791 : Bernard-François-Augustin de Sallmard de Montfort
- 1791-1835 : Suppression
Source : Gallia Christiana
Abbés trappistes
- 1835-1865 : Stanislas Lapierre
- 1865-1882 : Jean V de Durat
- 1882-1887 : Jérôme Guénat
- 1887-1899 : Sébastien-Henri Wyart
- 1899-1935 : Jean-Baptiste Chautard
- 1935-1949 : Marie Godefroy
- 1949-1965 : François Régis Jammes
- 1965-1969 : Irénée Henriot
- 1969-1980 : Dominique du Ligondès
- 1980-présent : Patrick Olive.
L'abbaye
Produits de l'abbaye
Bière de Sept-Fons
Plaque émaillée
Vers 1890, Dom Sébastien, abbé du Mont des Cats devenu aussi abbé des Sept-Fons en 1887, décide d'ouvrir une brasserie pour renflouer l'abbaye.
C'était un pari osé dans une région plus habituée au vin, et même si la
bière produite, une bière de fermentation basse de qualité, est
récompensée par des médailles à plusieurs concours (médaille d'or à
l'exposition des brasseries françaises de Paris en 1891, médaille d'or
de l'académie des sciences et arts industriels de Bruxelles et grand
diplôme d'honneur du concours international de Bruxelles en 1892), la
brasserie qui a une capacité de 40 000 hl est un gouffre financier pour
la communauté qui emploie de nombreux laïcs.
Incapable d'en assurer l'équilibre financier, subissant le contrecoup des lois de 1901 et 1904, la brasserie est rachetée en 1904 par la société « Brasserie de Sept-Fons ».
La société conserve la qualité de la bière, qui remporta encore des distinctions (dont une médaille d'or à Paris en 1906), mais cessera sa production vers 1935.
Produits alimentaires
Confiture de figues au Porto
La Germalyne de Sept-Fons est un complément alimentaire issu du germe de blé.
C'est une marque déposée dont la technique particulière de fabrication date de 1930.
L'abbaye commercialise également des confitures et des compléments alimentaires faits à partir de germe de blé.
Source :
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