Boquen, l'abbaye Notre-Dame

Boquen
L'abbaye Notre-Dame


 image de l'abbaye
Vue générale de l'église abbatiale



L'abbaye Notre-Dame de Boquen, située à l'orée de la forêt de Plénée-Jugon (Côtes-d'Armor), est une ancienne abbaye cistercienne, fondée au XIIe siècle, supprimée à la Révolution française, restaurée à partir de 1936, et desservie, depuis, par plusieurs communautés religieuses.

Elle a été classée Monument historique en 1938.

 

Historique

 
La nef


 
La salle capitulaire


L'abbaye de Boquen fut fondée en 1137 par Olivier II de Dinan et son épouse Agnorie de Penthièvre pour une petite colonie de moines issus de l'abbaye de Bégard (Côtes-d'Armor) et dirigés par un certain Adonias qui en fut le premier abbé.

Boquen eut a sa tête dix-sept abbés réguliers, d'Adonias jusqu'à Normand Baudre, élu en 1483, et quinze abbés commendataires, de Christophe de La Moussaye en 1494 à Joseph-Mathurin Le Mintier de 1757 à 1790.

Le territoire administré par l'abbaye s'articulait autour de quatre grandes exploitations agricoles appelées granges : à Plénée, Sévignac, Broons et Saint-Gouéno. Mais les possessions des moines s'étendaient sur un territoire plus vaste, avec des pêcheries à Morieux, des maisons de ville à Dinan, Moncontour et Broons, des fermes à Collinée, au Gouray et à Saint-Jacut-du-Mené. Les religieux de Boquen interviennent sur ce vaste territoire au moins jusqu'au XVIe siècle. Après, ils se font confisquer leurs biens, surtout par les familles nobles des environs, les mêmes qui, quatre siècles plus tôt, avaient contribué à leur enrichissement.

L'abbaye fut vendue comme bien national pendant la Révolution. Le dernier prieur de Boquen, Louis Josse, prêta le serment constitutionnel et acheta l'abbaye et ses terres, soit 33 hectares, le 26 mai 1791, pour 31 000 livres.

Le presbytère de l'église abbatiale, reconstruit sous l'impulsion de dom Alexis Presse à partir de 1936, abrite la dépouille mortelle du prince Gilles de Bretagne (1420-1450), frère des ducs François Ier et Pierre II, assassiné au château de la Hardouinaye le 25 avril 1450. Un gisant en chêne, à son effigie, couvrait autrefois sa sépulture ; il est aujourd'hui conservé au musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc.

 

Liste des abbés

 Abbés réguliers

  • 1137 : Adonias
  •  ? : Guethenoc
  • 1148 : Kennaroc
  • 1202 : Brient
  • 1238 - 1241 : Alain
  • 1246 - 1253 : Pierre Ier
  • 1267 - 1272 : Guillaume Ier
  • 1309 : Luc
  • 1333 - 1345 : Pierre II
  • 1360 : Yves Boaudi ?
  • 1367 : Henri
  • 1381 - 1434 : Guillaume II Grignon
  • 1434 - 1449 : Jean Ier Bouret
  • 1449 : Louis du Verger
  • 1462 : Nicolas Rabel
  • 1472 - 1480 : Jean II Gomart
  • 1486 - 1486 : Normand Baudre

 Abbés commendataires

  • 1494 - 1521 : Christophe de la Moussaye
  • 1522 : Guillaume III de Kersal
  • 1529 - 1537 : Jean de la Motte
  • 1538 - 1546 : Guillaume IV Eder
  • 1546 - 1582 : Maurice de Commacre
  •  ? : Sansom Bernard
  •  ? : Bertrand de Goyon
  •  ? : Mathurin Tardivel
  •  ? : Jean Bouan
  •  ? : Jean Gillet
  • 1615 1653 : Olivier Frottet
  • 1653 - 1680 : Urbain d'Espinay
  • 1682 : Philippe Jean Le Chapellier de Mauron
  • 1723 - 1757 : Jacques de Durras
  • 1757 - 1790 : Joseph Mathurin Le Mintier

 

Deux supérieurs de l'abbaye

Au XXe siècle, deux supérieurs ont particulièrement marqué la vie de l'abbaye :

Dom Alexis Presse (1883-1965), moine profès de Timadeuc (Morbihan), docteur en Droit canonique, abbé de Tamié (Savoie) de 1925 à 1936, démis en 1936, qui s'installe à Boquen, seul d'abord, le 16 octobre 1936. Rejoint par quelques frères, il restaure peu à peu la vie monastique dans l'ancien monastère, reconstruisant une grande partie des bâtiments ruinés et envahis par la végétation. L'église abbatiale, entièrement restaurée, est reconsacrée en août 1965. Dom Alexis meurt le 1er novembre 1965 et est inhumé dans la première chapelle du transept sud de l'église.

Le père Bernard Besret, nommé prieur en 1964 (à 29 ans). Expert (« latin : ») lors du concile Vatican II, il fait d'abord de l'abbaye de Boquen une sorte de laboratoire pour la réforme de la vie monastique, prônant une ouverture sans limites sur le monde, au détriment des règles traditionnelles de l'Ordre de Cîteaux et des dogmes professés par l'Église catholique. Pendant les années 1965-1975, l'abbaye, peu à peu abandonnée par ses moines, se transforme en un lieu d'agitation et d'échanges entre chrétiens « en recherche » et laïcs (hommes et femmes) de toutes opinions religieuses et philosophiques. Désapprouvé par sa hiérarchie, Bernard Besret est démis de ses fonctions de prieur en octobre 1969. Lui succède, au mois de novembre de la même année, le père Guy Luzsénszky (1909-1994), d'origine hongroise, moine de l'abbaye de Lérins (Alpes-Maritimes), qui ne tarde pas à faire siennes les idées du prieur destitué. La communauté monastique (inexistante depuis plusieurs années) est officiellement dissoute le 10 avril 1973. Bernard Besret, qui s'est, entre-temps, déclaré franc-maçon (Grand Orient de France), quitte définitivement le monastère en 1974 pour se reconvertir à la vie civile.

 

L'histoire récente de l'abbaye

De 1976 à 2011, l'abbaye fut confiée aux Sœurs de Bethléem.

En 2010, en accord avec l'évêque du diocèse, ces dernières ont proposé à la Communauté du Chemin Neuf de reprendre le service de prière qu'elles ne pouvaient plus assumer.

La Communauté du Chemin Neuf a donc pris possession des lieux le 1er janvier 2011.

 

État actuel de l'abbaye

Malgré les destructions, l’abbaye possède encore des éléments médiévaux.

 

L’église abbatiale

L’abbatiale,  élevée pendant le dernier quart du XIIe siècle, est en croix latine surmontée d’une flèche de charpente à la croisée. Le chevet plat flanqué de chaque côté de deux chapelles rectangulaires est typique de l’architecture cistercienne. Elle fait une cinquante mètres de longueur sur sept mètres de large.

La façade ouest, entièrement construite en grand appareil, est scandée par quatre contreforts maçonnés encadrant le portail à quatre voussures en arc brisé (la plus extérieure est décorée de perles) retombant de chaque côté sur deux colonnettes engagées aux chapiteaux à décor végétal. Au dessus, une grande fenêtre centrale repose sur une moulure horizontale qui sépare les deux niveaux. Un petit occulus s’ouvre dans l’axe au niveau du pignon. Des témoignages antérieurs à la restauration (notamment Roger Grand en 1958) laisse à penser qu’à l’origine deux baies supplémentaires s’ouvraient de part et d’autre de la grande fenêtre. Quatre trous de boulins percé dans les contreforts sous la corniche médiane pourraient indiquer l’existence d’un porche en avant de la façade.
L’intérieur de l’abbatiale frappe par son dépouillement. Comme pour les édifices du premier âge roman, les murs sont montés en petit appareil, le grand appareil étant réservé aux éléments porteurs.

La nef de quatre travées possède trois vaisseaux couverts d'une charpente moderne. La première travée, très longue et réservée aux convers, ne possède pas d’ouverture sur les bas-côtés, disposition commune avec l’abbaye du Relec.  Les trois travées suivantes ouvrent sur les bas-côtés par de grands arcs brisés à double rouleaux retombant sur d’épaisses colonnes avec courts chapiteaux décorés de feuillages et bases à griffes. La nef est éclairée de chaque côté par cinq fenêtres hautes de plein cintre, sans moulure. Elles s’ouvrent dans le mur nu, dépourvu de toute animation murale. Les collatéraux, détruits au XVIe siècle, ont été reconstruits au XXe siècle.

La croisée du transept était originellement marquée par quatre arcs diaphragmes brisés retombant des piles composées à colonnes engagées ornées de chapiteaux sculptés. Celles côté nef sont jumelées mais les arcs qu’elles portaient ont été supprimés, probablement au XVe siècle lors de la reconstruction du chœur. Chaque bras du transept s’ouvre à l’est sur deux chapelles rectangulaires couvertes d’un berceau brisé, seules parties voûtées de l’édifice. 

Le chœur gothique à simple vaisseau, bien plus profond que le chœur d’origine, contient le tombeau de Gilles de Bretagne. Il s’achève sur un chevet plat percé d’une baie à remplage.



La façade ouest de l'abbatiale


Portail ouest


La nef


Le transept sud

  

Les bâtiments de la clôture.

L’amarium se dresse contre le mur ouest du transept nord, à l’angle du cloître disparu qui le protégeait des intempéries. Il est formé de trois niches de plein cintre montées sur un mur-bahut, encadrées de part et d’autre par une colonnette engagée à chapiteau sculpté. Chaque niche destinée à recevoir les livres est divisés en trois par deux épaisses tablettes de pierre.

Au nord, dans le prolongement du transept se trouve la sacristie. Elle se prolonge par les ruines de la salle capitulaire du XIIe siècle. L’élément le plus remarquable est sa façade côté cloître, formée de deux baies géminées encadrant la porte. Les arcs sont de plein cintre. Les faisceaux de colonnettes reposent sur un mur-bahut et sont ornés de chapiteaux sculptés de motifs végétaux. A l’intérieur le sol est jonché d’éléments de sculpture ainsi que de deux futs de colonnes. Sous la terre et la végétation, le sol de terre cuite d’origine est toujours en place et on peut craindre qu’il ne se détériore faute de protection contre les intempéries.

Les autres bâtiments, déjà profondément remaniés aux XVIIe et XVIIIe siècles, ont été fortement restaurés au XXe siècle.



La salle capitulaire et l'amarium


Vestiges de la salle capitulaire


Baie géminée de la salle capitulaire

Source :



Boquen, l'abbaye Notre-Dame


Boquen, l'abbaye Notre-Dame


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