Lincoln
La cathédrale
La Cathédrale de la Vierge Marie de Lincoln est une cathédrale anglicane située à Lincoln en Angleterre et le siège de l’évêque de Lincoln.
Sa construction a commencé en 1088 et s’est poursuivie par phases à travers le Moyen Âge.
Elle a été réputée la plus haute structure du monde pendant 238 ans (de 1311 à 1549).
La flèche centrale de 160 mètres s’est écroulée en 1549 et n’a pas été reconstruite.
C'est alors l'église de Saint Olav de Tallinn (Estonie) qui est devenue la plus haute structure avec une hauteur de 159 mètres.
Histoire
Rémi de Fécamp, le premier évêque de Lincoln, y a déplacé le siège épiscopal entre 1072 et 1092.
Il aurait établi les fondations de la cathédrale en 1088, et en tant que Normand, il est probable qu’il ait employé des maçons normands à cette tâche.
Avant cela, il se serait approprié l’église paroissiale de Sainte Marie-Madeleine. Ce n’était cependant pas une cathédrale, le siège du diocèse restant l’Abbaye de Dorchester.
Rémi de Fécamp est mort le 9 mai 1092, deux jours avant la consécration de la cathédrale.
En 1141, le toit en charpente est détruit par un incendie. L’évêque Alexandre entreprend sa reconstruction et agrandit la cathédrale, mais elle est en grande partie détruite par un séisme le 15 avril 1185. Le tremblement de terre est l’un des plus puissants qu’ait connu le Royaume-Uni, estimé à une magnitude de 5 sur l’échelle de Richter. Les dégâts sont très importants : la cathédrale est décrite comme étant "coupée en deux". Il ne reste plus aujourd’hui de la cathédrale initiale que la base de l’extrémité occidentale et les deux tours qui y sont accolées.
Il a été également supposé que les dégâts ont été accentués par une piètre qualité de conception ou d’exécution de la voûte.
Modèle de la cathédrale faisant apparaître les flèches des tours
estampe du XVIIe siècle avec les flèches sur les tours occidentales
Après
le séisme, un nouvel évêque est nommé, Hugues d’Avalon (futur Saint
Hugues de Lincoln). Il se lance dans un important programme de
reconstruction et d’extension, en commençant par le chœur, qui prendra
son nom, et le transept oriental. Ces travaux durent de 1192 à 1210. La
nef est ensuite construite dans le style gothique anglais.
Un défaut de structure de la tour centrale semble être à l’origine de son effondrement en 1237. La reconstruction est entreprise et en 1255 le diocèse demande à Henri III d’Angleterre l’autorisation d’abattre une partie des murs de la ville pour agrandir la cathédrale. Les petites chapelles absidiales, construites à l’époque de Saint Hugues, laissent place à un chœur agrandi pour accueillir un nombre croissant de pèlerins, venus se recueillir sur la tombe du saint.
En 1290, Éléonore de Castille meurt et Édouard Ier d’Angleterre, son époux, l’honore avec une élégante procession funèbre. Après son embaumement, ce qui au XIIIe siècle implique une éviscération, les organes de la reine sont enterrés en la cathédrale, où le roi a installé une réplique de la tombe royale de l’Abbaye de Westminster. La pierre tombale existe encore, même si l’effigie, détruite au XVIIe siècle, a été remplacée par une copie au XIXe siècle. Deux statues sur la façade de la cathédrale sont supposées représenter Edward et Eléonor, mais elles ont été fortement altérées lors des rénovations du XIXe siècle et n’ont probablement pas été à l’origine représentatives du couple royal.
Edouard Ier d'Angleterre et Eléonore de Castille
Entre 1307 et 1311, la tour centrale est élevée à sa hauteur actuelle de 83 mètres. La façade et les tours occidentales de la cathédrale sont également relevées. À cette époque, une grande flèche de charpente recouverte de plomb occupe le pinacle de la tour centrale. Sa hauteur est réputée donner à la cathédrale le titre de plus haute structure du monde avec 160 mètres, dépassant la Grande Pyramide de Gizeh qui avait détenu le record pendant 4000 ans. Si cette hauteur a été adoptée par la plupart des sources, elle ne fait pas l’unanimité. Parmi les autres additions, le chœur des Anges, les bas-reliefs et les miséricordes datent du XIVe siècle.
En 1398, Jean de Gand et Katherine Swynford ont fondé une chapellenie en la cathédrale, qui prierait pour le bien-être de leur âme, et au XVe siècle le bâtiment se tourne vers ce genre de chapellenie ou chapelles commémoratives.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Lincolnshire a accueilli de nombreux aéroports militaires, ce qui lui a donné le surnom de « Bomber County ». La cathédrale a été un point de repère pour les avions de la Royal Air Force en retour de mission. Ainsi la cathédrale présente un mémorial aux 55 000 pertes du Bomber Command.
De plus, pendant la guerre ont été placés dans une crypte 20 mètres sous la cathédrale des trésors inestimables de l’Histoire britannique. Cela n’incluait pas la Magna Carta, qui était prêtée aux Américains à l’époque.
Architecture
Plan au sol
La cathédrale est la troisième plus grande d’Angleterre en termes de surface (après la cathédrale Saint Paul de Londres et la cathédrale d’York), avec des dimensions de 148 mètres par 83 mètres. C’est le plus grand édifice du Lincolnshire, et jusqu’en 1549 sa flèche était réputée la plus grande d’Europe, bien que sa hauteur exacte ait été sujet de débat.
Les siècles qui se sont succédé dans la construction de la cathédrale et les changements esthétiques ou techniques lui confèrent un aspect hétéroclite. À l’origine du style anglo-normand, la cathédrale a embrassé l’architecture gothique dans ses reconstructions et extensions successives. À la suite du séisme de 1185, la cathédrale a repris les dernières avancées architecturales de l’époque, telles que les arcs en ogive, arcs boutants et croisées d’ogives. Le plan de la cathédrale est en double transept, séparant le chœur des Anges à l’est, le chœur de Saint-Hugues et la nef, celle-ci qui rejoint la façade anglo-normande à l’ouest. Une erreur de calcul dans les dimensions de la nef a obligé l’introduction d’un arc supplémentaire à la jonction avec la façade existante, si bien que les deux premiers arcs de la nef sont resserrés.
Le chœur de Saint-Hugues présente des bas-côtés à double arcature, l’arcade externe en ogives trilobées recouvrant l’arcade interne en ogive simple pour former un dessin novateur pour l’époque (environ 1200).
Les chapelles du chœur des Anges sont bâties suivant le style Perpendiculaire, à travers les lignes verticales soulignées, qui survivent aujourd’hui dans l’agencement des vitraux.
La façade occidentale a été remodelée à partir de la façade romane normande d’origine avec ses imposants portails en plein cintre, pour former une immense façade écran équipée de registres de niches recevant des statues, cette façade écran est considéré comme un chef-œuvre emblématique de l'art gothique anglais, comme celles des cathédrales de Wells et de Peterborough.
Sur une grande partie de la longueur de la cathédrale, les murs ont des arches en relief avec une seconde peau pour donner l’illusion d’un promenoir le long du mur. L’illusion ne fonctionnerait cependant pas, car la technique importée de France n’a pas été appliquée à une bonne profondeur.
Il y a treize cloches dans la tour sud-ouest, deux dans la tour nord-ouest et cinq dans la tour centrale (dont l’imposante Great Tom). Pour accompagner Great Tom, une horloge du XIXe siècle sonne les quarts d’heure.
Voûte
Nef de la cathédrale
Vue intérieure de la croisée du transept ouest
Les voûtes spectaculaires sont une particularité de la cathédrale de Lincoln. Leur originalité tient d’expérimentations architecturales. Leur traitement diffère entre la nef, les bas-côtés, les chœurs ou les chapelles. Le bas-côté nord dispose d’archivoltes continues avec une arcade régulière qui ignore les baies. Le bas-côté sud a des archivoltes discontinues qui renforce la présence des baies. L’usage d’une voûte sextipartite dans la nef permet un apport de lumière accru par les vitraux du clair-étage. La chapelle nord-ouest a une voûte quadripartite. Le chapitre est un décagone avec un pilier central duquel vingt archivoltes partent pour rejoindre les façades.
Le chœur de Saint-Hugues présente une voûte très inhabituelle. Il s’agit d’une série de croisées asymétriques qui apparaissent comme deux archivoltes se rejoignant en une seule de l’autre côté de la voûte. Cet agencement divise la voûte tout en maximisant l’effet des vitraux.
Rosaces
Bishop’s eye
Les deux grandes rosaces, Dean’s Eye (l’œil du doyen) et Bishop’s Eye (l’œil de l’évêque), ont été ajoutées au Moyen Âge tardif. Dean’s Eye, au transept nord, date de 1235 et Bishop’s Eye, au transept sud, a été refait entre 1325 et 1350. Un texte contemporain, "The metrical life of St. Hugh", relate la signification de ces vitraux :
"Le nord représente le Malin et le sud le Saint-Esprit, et c’est dans ces deux directions que regardent les yeux. L’évêque au sud est accueillant et le diacre au nord repoussant; le premier s’enquiert d’être sauvé et le second de ne pas périr. Avec ses yeux, la cathédrale surveille le candélabre du paradis et les ténebres de Lethe."
Bishop’s
Eye est l’une des plus grandes œuvres en tracé cruvilinéaire de
l’architecture médiévale. Le tracé curvilinéaire présente des lignes
directrices qui sont des courbes continues. Cette forme a souvent
accompagné des ogives et vitraux rectangulaires, mais l’espace
circulaire de la rosace a été un défi unique. Le cercle a été divisé en
quatre par des courbes, le travail sur chaque section étant simplifié
par de plus petites dimensions. Il en résulte que ce vitrail est
caractérisé par une attention déportée du centre vers les sections
latérales du cercle.
Magna Carta
L’évêque
de Lincoln Hugues de Wells (en) est l’un des signataires de la Magna
Carta et pendant des siècles la cathédrale a conservé l’une des quatre
copies restant à ce jour, maintenant exposé au château de Lincoln. Les
trois autres copies sont à la British Library et à la cathédrale de
Salisbury. En 2009 la Magna Carta de Lincoln a été prêtée à la Ronald
Reagan Presidential Library à Simi Valley en Californie
Petit Saint Hugues
Article détaillé : Affaire Hugues de Lincoln.
En aout 1255 le corps d’un garçon de 8 ans a été retrouvé dans un puits de Lincoln. Il avait disparu depuis presque un mois. Cet incident a été à l’origine de calomnies dans la ville, les Juifs étant accusés de son enlèvement, torture et meurtre. Beaucoup de Juifs sont arrêtés et 18 pendus. L’enfant a été surnommé "Petit Saint Hugues" pour le distinguer de Saint Hugues de Lincoln, bien qu’il n’ait jamais été canonisé. Parce qu’il était vu comme un martyr, beaucoup de dévôts sont venus à la cathédrale pour le vénérer.
Wren Library
La Wren Library est une bibliothèque recueillant une collection de 277 manuscrits.
Orgue
L’orgue
actuel de la cathédrale a été réalisé par Henry Willis (en) en 1898, et
constitue sa dernière œuvre. Son installation a été rendue possible
grâce à la donation de 1 000 £ par Alfred Shuttleworth (en), un industriel du Lincolnshire, sur un coût total de 4 665 £
(440 000£ en 2017) levé par d’autres donations et souscriptions
publiques. Ce devait être le premier orgue d’église électrique, mais
lors de son inauguration, le 17 novembre 1898 soit à la Saint Hugues, la
centrale électrique de Lincoln n’ayant pas encore été mise en service,
la pompe a été actionnée manuellement par des soldats du régiment de
Lincolnshire.
Il a été restauré en 1960 et 1998 par Harrisson & Harrisson (en).
Il
y a toujours eu un organiste à la cathédrale depuis John Ingleton en
1439. Ce poste a compté d’importants compositeurs de la Renaissance,
tels William Byrd et John Reading, ainsi que le biographe de
Mendelssohn, William Thomas Freemantle. Depuis 2013, le poste
d’organiste est détenu par Colin Walsh.
Tombes
- Rémi de Fécamp, Evêque de Lincoln (1072–92) — initiateur de la construction de la cathédrale
- Robert Bloet, Lord Chancellor d’Angleterre et Evêque de Lincoln (1093–1123)
- Robert de Chesney (en), Evêque de Lincoln (1148–1166?)
- Hugues de Lincoln, Evêque de Lincoln (1186–1200) et Saint
- Guillaume de Blois (en), Evêque de Lincoln (1203–1206)
- Hughes de Galles, Evêque de Lincoln (1209–1235)
- Robert Grosseteste, homme d’État anglais, philosophe, théologien et Evêque de Lincoln (1235–1253)
- Katherine Swynford, Duchesse de Lancaster (1350–1403)
- Jeanne Beaufort(1379–1440), comtesse de Westmorland
- Philip Repyngdon, Evêque de Lincoln (1405–1420) et Cardinal
- John Russell (en), Lord Privy Seal et Lord Chancellor d’Angleterre, et Evêque de Lincoln (1480–1494)
- William Smyth, Evêque de Lincoln (1496–1514)
- William Fuller, Evêque de Lincoln (1667–1675)
Galerie
La cathédrale est située sur une colline qui domine les campagnes environnantes
Vue générale éloignée
La cathédrale domine majestueusement la ville
Vue de la monumentale façade-écran occidentale et ses deux tours
Vue des deux tours occidentales depuis le haut de la tour-lanterne
Vue de la façade de l’extrémité orientale
La tour lanterne de la croisée
Façade de la nef
Une façade du second transept oriental
Arrière du massif occidental
Un portail roman normand subsistant, délicatement sculpté, surmonté par une galerie des rois gothique
Colonnettes sculptées de ce portail normand
Adam et Eve, sur une colonnette normande, XIIe siècle, leur pudeur est préservée par les serpents
Un autre portail normand
Une frise de sculpture romane, reconstituée, au dessus d'un portail
Vue de la nef vers l'entrée
l'extrémité orientale de la cathédrale
Vue du triforium du chœur
Détail du triforium du chœur
Source :
Carte postale de la cathédrale de Lincoln
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