Rouen
Abbaye Saint Ouen
L'abbaye Saint-Ouen de Rouen
est l'un des principaux monuments de la ville de Rouen ; son église
abbatiale est un exemple achevé de l'architecture gothique en Normandie.
L'abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
L'abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
Histoire
Période mérovingienne et carolingienne
L'abbaye
de Saint-Ouen fut l'un des monastères bénédictins les plus puissants de
Normandie, fondé en 553 sous le vocable de Saint-Pierre.
La première église à cet emplacement était une basilique mérovingienne ; Dadon (saint Ouen) y fut enseveli en 684 et donne alors son nom à l'abbaye.
Aussi, le monastère bénédictin qui lui succéda à l'époque carolingienne prit tout naturellement le nom de ce prestigieux défunt.
Jusqu'alors, le monastère avait porté le nom des saints apôtres. Cette première abbaye fut ensuite ravagée par les Vikings en 841.
Bulle de Charles le Chauve en faveur de l'abbaye, in Nouveau traité de diplomatique....
Période romane
Hildebert (960?-1006), premier abbé véritable, est considéré comme le restaurateur de l'abbaye.
Sous ses ordres, l'abbaye suit la règle bénédictine.
Il se fait restituer par Raoul, comte d'Ivry, des domaines dans le comté d'Eu.
En 1067, Guillaume le Conquérant atteste une confirmation en faveur de l'abbaye.
L'abbé Nicolas de Normandie reconstruit à partir de 1062, à l'époque ducale, l'église carolingienne en style roman.
Dédiée à saint Pierre, elle accueille sa sépulture en 1095.
En 1090, il avait fait acquisition par l'abbé Odon de Saint-Médard de Soissons de la tête de saint Romain, du bras de saint Godard, des reliques de saint Rémi, saint Médard, des saints Innocents et de saint Sérène.
Il a également entrepris la restauration des bâtiments monastiques. En 1108/1112, Henri Ier notifie la donation du manoir de Fringrinhoe (en) (Essex).
Saint-Ouen dispose du prieuré anglais de Mersea, également situé en Essex. Helgot poursuit la construction de l'abbatiale, qui est achevée par Guillaume Ballot.
Elle est dédicacée le 17 octobre 1126.
Le corps de saint Ouen et les autres reliques y sont transférées le 26 octobre. Rainfroy achève le cloître et les bâtiments du monastère.
En septembre 1136, l'abbaye est la proie des flammes.
Rainfroy la restaure et l'enrichit.
Une bulle du pape Alexandre III du 20 février 1178 confirme à l'abbaye la possession de Saint-Victor-en-Caux et de La-Croix-Saint-Leufroy.
L'église est incendiée en 1248.
D'après des fouilles réalisées en 1885, les dimensions de l'abbatiale romane sont comparables à celle gothique visible de nos jours.
Le chœur suivait le plan bénédictin.
La nef possédait des bas-côtés et le transept faisait 54 m de large.
Il reste de l'abbatiale romane une absidiole à deux étages appelée la tour aux Clercs.
Période gothique
Tour-clocher « couronnée » sur la croisée du transept, typique du style flamboyant
Les travaux de l'église abbatiale gothique actuelle commencèrent en 1318, sous la direction de l'abbé de Saint-Ouen, Jean Roussel dit abbé Marc d'Argent, après l'effondrement du chœur roman, mais ils furent ralentis par la guerre de Cent Ans.
La pierre tombale située dans la chapelle Sainte-Agnès de l'abbatiale indique dans son épitaphe que maître Alexandre de Berneval, maître d'œuvres en maçonnerie, est l'auteur de cette église et qu'il est mort le 5 janvier 1440.
Selon toute vraisemblance, il est représenté sur la pierre tombale et sans doute est-ce celui des deux personnages, le plus âgé, qui tient en ses mains un compas et un support sur lequel est gravé un quart de rosace.
De la Renaissance à aujourd'hui
Plan de l'abbaye par Magin Lainé, ingénieur du roi à Fécamp en 1711
La nef ne fut terminée qu'en 1537 et la façade occidentale ne fut achevée qu'au XIXe siècle.
Au XVIIIe siècle, les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur introduisirent leur réforme.
Une campagne de reconstruction des bâtiments conventuels fut entreprise.
En 1803, l'hôtel de ville de Rouen s'installa dans l'ancien dortoir des moines ou « dormitorium » du XVIIIe siècle.
Le logis abbatial est démoli en 1816.
L'église elle-même, après avoir abrité une fabrique au moment de la Révolution française, puis été rendue au culte catholique mais sans devenir église paroissiale, sert aujourd'hui de lieu d'expositions et de concerts.
Plan de l'abbaye Saint-Ouen de Rouen (XVIIIe siècle)
Église abbatiale et ancien dortoir des moines devenu hôtel de ville de Rouen
L'église Saint-Ouen de Rouen, projet du début du XVIIe siècle (dessin Claude Chastillon)Projets d'achèvement de la façade par Henri Grégoire en 1831
Façade actuelle de l'église abbatiale bâtie au XIXe siècle
L'abbatiale
Plan de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen
La façade occidentale
La
façade occidentale de l'église a été construite en style néogothique
entre 1845 et 1852, sur les plans de l'architecte Henri Grégoire, qui a
pris celle de la cathédrale de Cologne comme référence.
Les bases des tours du XVIe siècle ont été détruites.
On peut voir leur base au sol. Seule la rosace est d'origine.
Elle est construite en pierre calcaire des carrières de Saint-Leu et de Saint-Maximin.
Le portail est constitué de trois porches, dont les pied-droits accueillent des statues, réalisations de Victor Vilain. Le portail central, composé du Christ sur le pilier central de la grande porte, est entouré des apôtres. Toutefois, Matthias est remplacé par saint Paul. Les deux portails qui l'encadrent, ainsi que leur retour nord et sud, présentent une série de quatre statues, réalisées par Alphonse Jean et Bonet. Du nord au sud, nous avons : Mathilde l'Emperesse, le roi Clotaire Ier, sainte Clotilde, le comte Charles de Valois, saint Éloi, le roi Dagobert, saint Philibert, sainte Austreberthe puis saint Romain, saint Nicaise, saint Benoît, saint Ouen, Jean Roussel, Nicolas de Normandie, Hildebert et Antoine Bohier.
Entre la rose et le pignon, se dresse une série de statues, inscrites dans des arcatures : saint Wandrille, Richard Ier
de Normandie, saint Filleul, Richard II de Normandie, saint Ansbert,
Guillaume le Conquérant, saint Maurille, Henri II d'Angleterre, Geoffroi
le Breton, Richard Cœur de Lion et saint Germer.
Le portail des Marmousets
On
entre dans l'édifice par le portail des Marmousets qui ferme le bras
sud du transept. Les nervures de la voûte retombent sur deux grandes
clefs pendantes. Les parties inférieure des pieds-droits et du trumeau
central sont sculptées de quarante médaillons quadrilobés retraçant la
vie de saint Ouen, dont on retrouve la statue juchée sur le trumeau. Le
tympan est dédié à la Vierge Marie.
Intérieur
L'intérieur
L'église abbatiale mesure 134 mètres de long, avec une hauteur de 33 mètres
sous voûtes, et possède une superbe tour centrale couronnée qui ne fait
pas lanterne, contrairement à celle de la cathédrale Notre-Dame de
Rouen, et caractéristique du style gothique flamboyant.
Elle mesure 82 mètres et un beffroi en charpente supporte les cloches, dont l'une (4 tonnes), a été fondue en 1701.
La nef
À la croisée du transept
La
nef, très lumineuse grâce à ses verrières sur trois niveaux d'élévation
(fenêtres basses, triforium ajouré et fenêtres hautes) et la grandeur
de ses baies, est typique du style flamboyants.
Sur le Livre des fontaines de Jacques Le Lieur qui représente toute la ville de Rouen en 1525, elle apparaît inachevée, sans ses voûtes.
Accolée au nord de la nef, se dresse l'unique galerie du cloître encore existante ; elle possède un beau réseau flamboyant.
Le chœur
Le
chœur et le chevet pentagonal avec ses onze chapelles, visibles du
jardin de l'hôtel de ville, est une merveille d'harmonie et d'équilibre,
tout en style gothique rayonnant, à l'exception de la partie nord du
chœur contre laquelle subsiste une absidiole romane, dite « tour aux Clercs », vestige de la grande abbatiale antérieure.
Le chœur est fermé par des grilles forgées en 1740/1749 par Nicolas Flambart.
Au-dessus des grandes arcades, sous le triforium, subsistent des peintures murales du XIVe siècle.
Le maître-autel en laiton doré est une réalisation de l'architecte Sauvageot, exécutée par l'atelier Poussielgue-Rusand en 1885.
Salle des Marmousets
salle des Marmousets : culot sculpté représentant un homme et un ange avec un phylactère : « Ave Maria puer natus »
La salle des Marmousets, superposée au portail, a pu jadis servir de chartrier ou salle des archives de l'abbaye, mais cette fonction n'est pas garantie.
Au XIXe siècle, cette salle sert de bibliothèque, comme en témoignent les quelques traces de polychromies et les clous.
La salle possède une voûte irrégulière qui vient s'appuyer sur des culots sculptés de scènes sacrées et profanes.
Vitraux
Ils forment un ensemble cohérent, d'une grande homogénéité, réalisé entre les XIVe et XVe siècles. Toutes les fenêtres sont garnies de vitraux.
Les fenêtres hautes de la nef
Vitraux de l'Abbatiale
Sur
les vitraux sont représentées uniquement des figures en pied, étant
donné la hauteur de l'édifice qui rendrait impossible la lecture de
scènes religieuses plus petites.
Par conséquent, chacun d'eux représente un patriarche, un prophète ou une sibylle (au nord) et un saint, un prélat ou un apôtre (au sud).
Les fenêtres des bas-côtés
Il
n'y a pas de chapelles latérales car on se trouve dans une église
abbatiale et les fenêtres ouvrent donc directement sur les bas-côtés.
Contrairement à ceux des baies de la nef, les vitraux figurent ici des scènes religieuses sous des décors architecturés d'une très grande finesse d'exécution.
Les rosaces
Celle
du bras sud a été décorée d'une œuvre du maître-verrier Alexandre de
Berneval (?) figurant un arbre de Jessé, thème récurrent dans cet art.
Celle du bras nord nous montre la « Hiérarchie », réalisée par Colin de Berneval, le fils du précédent.
Quant à la façade, sa rose est ornée d'un vitrail moderne et abstrait, dans de belles teintes bleues, qui tranche avec le reste du programme.
Les fenêtres du chœur
Le programme des verrières reprend celui des fenêtres hautes de la nef avec des figures en pied.
Il existe cependant une exception : un vitrail moderne de Max Ingrand représentant la Crucifixion qui orne la fenêtre d'axe.
Les fenêtres des chapelles rayonnantes
Il s'y trouve la plus large collection de vitraux du XIVe siècle en France.
Ils illustrent par exemple la vie des saints honorés dans l'abbaye.
Rosace, bras nord du transept
Rosace, bras sud du transept
Musique
Orgue
Orgue Cavaillé-Coll
Elle possède un orgue Cavaillé-Coll de 1890 (reconstruction de l'orgue Crespin Carlier de 1630 dans le buffet d'origine).
Les quatre claviers et 64 jeux de cet orgue inspirent même à Charles-Marie Widor sa Symphonie gothique no 9 op. 70 qu'il dédie à cet instrument, un des plus beaux de France avec celui de l'église Saint-Sulpice à Paris et le plus grand Cavaillé-Coll de province après le grand orgue de la cathédrale de Nancy (1861).
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- Accouplements: Tirasse G.O., Tirasse Pos., Tirasse Réc., Appel G.O., Pos./G.O., Réc./G.O., Bomb./G.O., Pos./Réc., Bomb./Réc., Oct. gr. G.O., Oct. gr. Réc./G.O., Oct. gr. Réc., Oct. aiguë Réc., Anches Péd., Anches G.O., Anches Pos., Anches Réc., Anches Bomb., Trémolo Réc., Expression Réc., Orage
Cloches
Les jardins
Arbre de la laïcité, planté au pied de l'abbaye (portail des Marmousets) par Yvon Robert, maire socialiste de Rouen
L'ancien jardin de l'abbaye est dénommé aujourd'hui « jardin de l'Hôtel de Ville ».
On peut y voir, placé à côté de l'entrée ouest, près du portail des Marmousets, une copie de la grosse pierre de Jelling offerte par le Danemark à la Ville de Rouen, à l'occasion du millénaire de la Normandie en 1911.
Non loin de là, sont visibles une statue en pierre de Rollon due à Arsène Letellier et un buste en bronze du poète belge Émile Verhaeren, décédé accidentellement dans la gare de Rouen en 1916, dû à Henri Lagriffoul (1948).
Au nord de l'église abbatiale, un bassin est décoré d'une sculpture d'Alexandre Schoenewerk évoquant l'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus.
Contre le mur nord, la méridienne est due à Paul-Ambroise Slodtz.
Prieurés de l'abbaye
- Saint-Michel
- Gasny, fondé par Saint-Ouen
- Abbaye Saint-Martin-et-Saint-Vulgain
- Saint-Gilles près d'Elbeuf
- Saint-Pierre de Launay
- Montaure à Evreux, pris pendant les guerres de religion.
- Prieuré de Beaumont-en-Auge
- Condé à Soissons
- Val-aux-Moines, donné aux Jésuites de Luxembourg.
- Mezeray en Angleterre, vendu en 1420 à l'archevêque de Cantorbery.
Les armes de l'abbaye
Blason de l'abbaye
- couvent des religieux : d'or à un saint évêque de carnation, vêtu d'une aube d'argent et d'une chasuble d'azur enrichie d'or, la tête couverte d'une mitre, donnant la bénédiction de la main droite et tenant de la senestre une croix d'archevêque d'or, et au pied du saint évêque, un écusson d'azur à trois fleur de lys.
- abbaye elle-même, diocèse de Rouen : d'azur à trois fleurs de lys d'or à une crosse de même, accostée d'une clef à dextre et d'une épée à senestre.
- porte : semé de France avec une clef, le pennon vers la clef, et une épée d'argent, posée en sautoir.
Chaire de l'abbatiale
Orgue Cavaillé-Coll
Collatéral de l'abbatiale
Source :https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Ouen_de_Rouen
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