Hospices de Beaune (Hôtel Dieu)
Cour intérieure avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne
Les Hospices de Beaune ou Hôtel-Dieu de Beaune est un Hôtel-Dieu / Hospices de style gothique flamboyant avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne, fondé au XVe siècle par le chancelier des ducs de Bourgogne Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins, à Beaune en Bourgogne.
Il est un des plus célèbres du monde, tant par sa fastueuse et remarquable architecture traditionnelle bourguignonne que par son prestigieux domaine viticole bourguignon dont la production est historiquement vendue aux enchères pour financer son fonctionnement, sous le nom de vente des hospices de Beaune.
Actif jusque dans les années 1960, classé aux monuments historiques depuis 1862, il est à ce jour un musée d'histoire de la médecine et expose entre autres le polyptyque Le Jugement dernier de Rogier van der Weyden.
Historique
En
1443, à la fin de la guerre de Cent Ans, après avoir hésité entre Autun
et Beaune, Nicolas Rolin, richissime chancelier de Philippe le Bon, duc
de Bourgogne, et sa femme, Guigone de Salins, fondent cet hôtel-Dieu
richement doté, proche de la collégiale Notre-Dame de Beaune du XIIe siècle, et de l'hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune du XIVe siècle, siège du Parlement de Bourgogne.
Nicolas Rolin (1376–1462)
Statues de Guigone de Salins et de Nicolas Rolin, cours de la maison de retraite de l'Hôtel-Dieu de Beaune
Nicolas Rolin et Guigone de Salins, Le Jugement dernier, par Rogier van der Weyden
Guigone de Salins (1403–1470)
Beaune est choisie pour son important taux de passage et pour son absence de grande fondation religieuse.
L'influence flamande se fait sentir dans cette importante cité d'un État bourguignon qui s’étend alors jusqu'aux Pays-Bas.
« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443 […] dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels […] je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »
Le 1er janvier 1452, ce « palais pour les pauvres malades » accueille ses premiers patients. Vieillards, infirmes, orphelins, malades, parturientes, indigents, fréquenteront gratuitement l'institution, du Moyen Âge au XXe siècle.
En 1459, le chancelier Rolin obtient la création de l'ordre des sœurs hospitalières de Beaune, dont la règle associe vie monastique et soins aux pauvres et aux malades.
Description
La
façade extérieure, relativement austère, contraste avec la richesse de
la décoration de la cour centrale, avec ses célèbres toits en tuile
vernissée de Bourgogne, et celle de l'intérieur de l'édifice.
Maquette générale
Grande salle « des pôvres », côté rue
Grande salle « des pôvres », et entrée principale
Vente des hospices de Beaune, en automne
Cour intérieure
De forme rectangulaire, elle comporte un puits à eau en ferronnerie gothique.
Elle donne vue sur les différents bâtiments aux toits en tuile vernissée de Bourgogne, technique probablement originaire d'Europe centrale, devenue caractéristique des monuments bourguignons (la grande salle est couverte de simples ardoises de Trélazé).
Cour intérieure : puits, salle Saint-Louis et toit de la grande salle en ardoises
Ces tuiles ont quatre couleurs (rouge, brun, jaune et vert) formant des motifs d'entrelacs géométriques.
Elles ont été reconstruites entre 1902 et 1907 par Sauvageot qui a recréé des motifs personnels, les dessins originaux ayant été perdus.
Les parties nord, est et ouest comprennent deux étages à galerie, avec colonnettes de pierre au rez-de-chaussée et de bois au premier, permettant le passage à l'abri des sœurs soignantes.
De nombreuses lucarnes arborent des décorations sculptées en bois et en ferronnerie.
Chapelle
Elle
fait partie intégrante de la salle des « pôvres » et était décorée, à
l'origine, du polyptyque du Jugement dernier, du peintre flamand Rogier
van der Weyden, fermé en semaine et ouvert pour les dimanches et fêtes
solennelles. Guigone de Salins y repose.
Un jubé en bois sépare, depuis la restauration des bâtiments, chapelle et salle des malades.
Grande salle « des pôvres »
De dimensions imposantes (près de 50 m de long, 14 m de large et 16 m
de haut), elle est couverte d'une charpente monumentale apparente et
peinte, en forme de toit en carène de bateau renversée, couverte
d'ardoise de Trélazé.
Les poutres traversières sortent de la gueule de dragons multicolores qui évoquent les monstres de l'enfer.
De petites têtes sculptées, représentant des caricatures des bourgeois beaunois dont les visages sont accompagnés de tête d'animaux qui symbolisent leurs défauts respectifs, rythment les travées.
Le carrelage comprend le monogramme de Rolin et sa devise : « Seulle * ».
Ce mot accompagné de l'étoile signifie que sa femme, Guigone de Salins est la seule dame de ses pensées.
La convalescente, par Jean Geoffroy
Passion du Christ
Poutres avec des engoulants
La salle est occupée par deux rangées de lits à rideaux bordant les murs sud et nord, la place centrale étant réservée aux tables et aux bancs pour les repas.
Le mobilier a été reconstitué en 1875 par Maurice Ouradou (le gendre de l'architecte Viollet-le-Duc).
Deux patients pouvaient se coucher sur chaque lit.
Derrière chaque lit, un coffre permettait de ranger les vêtements des malades.
Un couloir comporte une banquette équipée de chaises d'aisance court le long du mur derrière les rideaux.
Salle Sainte-Anne
Située à l'ouest, au contact de la salle des « pôvres », et dédiée à Sainte-Anne, d'une capacité de quatre lits.
Salle Saint-Hugues
Voisine de la dernière, elle a été créée en 1645 et comprend quelques lits destinés à des malades plus aisés.
Elle est remarquable par ses peintures murales d'Isaac Moillon représentant différents miracles du Christ ainsi que saint Hughes, en évêque et chartreux.
Il est aussi représenté sur le retable de l'autel, ressuscitant des enfants morts de la peste.
Cette salle de malades a été réaménagée dans son décor du XVIIe siècle.
Salle Saint-Louis
Dédiée au roi Saint Louis, elle ferme la cour à l'est et a été construite en 1661 à l'emplacement d'une grange.
Cette pièce contient aussi de beaux coffres gothiques, une fontaine et deux séries de tapisseries du XVIe siècle, dont l'une tissée à Tournai raconte en sept épisodes la parabole du Fils prodigue et l'autre provenant de Bruxelles évoque l'histoire de Jacob.
La mort de Saint Louis, par Isaac Moillon
Saint Antoine ermite, saint protecteur de l'Hôtel-Dieu de Beaune
Saint Jean le Baptiste
Salle Saint-Nicolas
Située au nord-ouest de la cour, et dédiée à saint Nicolas, elle était destinée aux malades les plus graves, avec 12 lits.
Elle sert actuellement de salle d'exposition sur l'histoire des Hospices et de son vignoble.
Un pavage de verre permet de voir couler la Bouzaise qui servait à l'évacuation des eaux usées.
Salle Polyptyque du Jugement Dernier
Article détaillé : Le Jugement dernier (Rogier van der Weyden).
Les Hospices de Beaune abritent une œuvre remarquable, peinte au XVe siècle,
le polyptyque du Jugement dernier du peintre flamand Rogier van der
Weyden, polyptyque à volets mobiles rectangulaires, composé à l'origine
de neuf panneaux de chêne à fil vertical peints, dont six sur les deux
faces initialement exposées dans la chapelle des « pôvres » malades.
Polyptyque Le Jugement dernier de Rogier van der Weyden, ouvert et fermé
Polyptyque ouvert
Polyptyque fermé
Probablement réalisé entre 1446 et 1452, ce retable a d'abord été attribué à Jan van Eyck en 1836 avant d'être attribué à Rogier van der Weyden en 1843. Scié sur toute l'épaisseur des panneaux, l'envers et l'endroit (correspondants aux positions ouverte et fermée) sont exposés conjointement dans une même salle dédiée climatisée.
L'Annonciation
Tapisserie de saint Éloi et Vierge à l'Enfant
Agnus Dei : « Agneau de Dieu »
Saint Antoine ermite, saint protecteur de l'Hôtel-Dieu de Beaune
Apothicairerie (pharmacie)
Cette apothicairerie comprend deux petites pièces avec ses étagères de flacons et de fioles.
La première salle présente un mortier en bronze doté d'un arc accroché au pilon permettant d'alléger son poids et ainsi de faciliter le travail des apothicaires lors de la préparation des remèdes.
Pots - Poudre de cloportes
Dans la deuxième salle, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence datés de 1782 dans lesquels étaient conservés plantes médicinales, onguents, huiles, pilules et sirops de la pharmacopée des simples médecines.
Cuisine
Dotée
d'une vaste cheminée à deux foyers, elle est meublée de différents
éléments dont un tourne-broche automatisé datant de 1698, animé par un
petit automate en costume traditionnel appelé « Messire Bertrand » qui
semble tourner la manivelle en veillant aux activités de la cuisine.
La cuisine est aujourd'hui présentée comme elle était au début du XIXe siècle avec son grand fourneau muni de deux robinets d'eau chaude appelés « cols de cygne ».
Une sainte Marthe en bois polychrome veille sur la pièce, encadrée de bassines de cuivre.
Anciennes caves
Une ancienne cave à vin voûtée médiévale de plus de 300 m est construite sous les Hospices de Beaune.
La réserve particulière de vin des Hospices y est conservée.
Cette cave est ouverte à la visite publique uniquement durant la vente des hospices de Beaune.
Vignoble et vente de charité des vins des hospices
Article détaillé : Vente des hospices de Beaune.
Les Hospices de Beaune sont propriétaires d'un domaine viticole bourguignon grâce à des dons et des héritages de riches seigneurs bourguignons du Moyen Âge depuis 1471 et à cinq siècles de gestion du patrimoine. Il comporte actuellement près de 60 hectares situés notamment dans le vignoble de la côte de Beaune et vignoble de la côte de Nuits, dont la plupart des parcelles sont situées dans des zones d'appellation premiers crus et grands crus d'exceptions.
Les quarante-et-une cuvées de prestige obtenues sont vendues depuis 1794 sous forme d'enchères, le troisième dimanche de novembre sous le nom de vente des hospices de Beaune.
Le résultat des ventes est, depuis cinq siècles, consacré entièrement aux fonctionnements charitable et religieux des anciens hospices et des nouvelles institutions hospitalières civiles et laïques.
Les Hospices de Beaune, devenus aujourd'hui musée, ont été modernisés avec les Hospices civils de Beaune qui emploient à ce jour 700 salariés et financent :
- Le centre hospitalier Philippe Le Bon de court séjour de Beaune, ouvert en 1971
- Le Centre Nicolas Rolin de long et moyen séjour
- Deux structures d'hébergement pour personnes âgées dépendantes : l'Hôtel-Dieu et la Charité
Philatélie
- En 1941, un timbre de 5 francs brun-noir est émis. Il représente la cour intérieure de l'Hôtel-Dieu. Il porte le no YT 499.
- En 1942, un timbre de 15 francs brun-carminé est émis. Il représente la cour intérieure de l'Hôtel-Dieu (même visuel que le timbre précédent). Il porte le no YT 539.
- En 1943, un timbre de 4 francs bleu est émis. Il représente Nicolas Rolin et Guigone de Salins d'après le tableau de Roger de la Pasture et le porche de l'Hôtel-Dieu. Il a bénéficié d'une vente anticipée le 21 juillet 1943 à Beaune. Il porte le no YT 583.
- En 2003, un timbre de 0,50 euro multicolore est émis. Il représente les toits de l'Hôtel-Dieu. Il porte le no YT 3597.
Hospices de Beaune au cinéma
- Plusieurs scènes du film La Grande Vadrouille de Gérard Oury de 1966 avec Bourvil et Louis de Funès ont été tournées aux Hospices de Beaune, en particulier dans la salle des « pôvres ».
- Dans le film Roman de gare de Claude Lelouch de 2007 avec Fanny Ardant et Dominique Pinon, Fanny Ardant, femme écrivain, fait une séance de dédicaces aux Hospices de Beaune.
Source :
Beaune, l'hôtel Dieu
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