Les vignerons infidèles

Les vignerons infidèles

Les Vignerons infidèles de la Bible Bowyer, XIXe siècle



Les Vignerons infidèles est une parabole de Jésus-Christ retranscrite dans les Évangiles de Matthieu, Marc et Luc, et dans l'Evangile apocryphe de Thomas.

Elle incite à porter du fruit c'est-à-dire à être fidèle et obéissant aux commandements christiques.

Elle menace du châtiment divin quiconque rejettera Jésus.

 

Les différentes versions de la Parabole des Vignerons infidèles

MATTHIEU :
33 « Écoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage. 34 Quand le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recevoir les fruits qui lui revenaient. 35 Mais les vignerons saisirent ces serviteurs ; l’un, ils le rouèrent de coups ; un autre, ils le tuèrent ; un autre, ils le lapidèrent. 36 Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers ; ils les traitèrent de même. 37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. 38 Mais les vignerons, voyant le fils, se dirent entre eux : C’est l’héritier. Venez ! Tuons-le et emparons–nous de l’héritage. 39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Eh bien ! lorsque viendra le maître de la vigne, que fera‑t‑il à ces vignerons-là ? » 41 Ils lui répondirent : « Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront les fruits en temps voulu. » 42 Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur : Quelle merveille à nos yeux. 43 Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. 44 Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. » 45 En entendant ses paraboles, les grands prêtres et les Pharisiens comprirent que c’était d’eux qu’il parlait. 46 Ils cherchaient à l’arrêter, mais ils eurent peur des foules, car elles le tenaient pour un prophète. (Matthieu 21:33-46, d'après la Traduction Œcuménique de la Bible)

MARC :
1 Et il se mit à leur parler en paraboles. « Un homme a planté une vigne, l’a entourée d’une clôture, il a creusé une cuve et bâti une tour ; puis il l’a donnée en fermage à des vignerons et il est parti. 2 Le moment venu, il a envoyé un serviteur aux vignerons pour recevoir d’eux sa part des fruits de la vigne. 3 Les vignerons l’ont saisi, roué de coups et renvoyé les mains vides. 4 Il leur a envoyé encore un autre serviteur ; celui-là aussi, ils l’ont frappé à la tête et insulté. 5 Il en a envoyé un autre–celui-là ils l’ont tué, puis beaucoup d’autres : ils ont roué de coups les uns et tué les autres. 6 Il ne lui restait plus que son fils bien-aimé. Il l’a envoyé en dernier vers eux en disant : Ils respecteront mon fils. 7 Mais ces vignerons se sont dit entre eux : C’est l’héritier. Venez ! Tuons-le, et nous aurons l’héritage. 8 Ils l’ont saisi, tué et jeté hors de la vigne. 9 Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, il fera périr les vignerons et confiera la vigne à d’autres. 10 N’avez–vous pas lu ce passage de l’Écriture : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire. 11 C’est là l’œuvre du Seigneur : quelle merveille à nos yeux ! » 12 Ils cherchaient à l’arrêter, mais ils eurent peur de la foule. Ils avaient bien compris que c’était pour eux qu’il avait dit cette parabole. Et le laissant, ils s’en allèrent. (Marc 12:1-12, d'après la Traduction Œcuménique de la Bible)

LUC :
9 Et il se mit à dire au peuple cette parabole : « Un homme planta une vigne, il la donna en fermage à des vignerons et partit pour longtemps. 10 Le moment venu, il envoya un serviteur aux vignerons pour qu’ils lui donnent sa part du fruit de la vigne ; mais les vignerons le renvoyèrent roué de coups et les mains vides. 11 Il recommença en envoyant un autre serviteur ; lui aussi, ils le rouèrent de coups, l’insultèrent et le renvoyèrent les mains vides. 12 Il recommença en envoyant un troisième ; lui aussi, ils le blessèrent et le chassèrent. 13 Le maître de la vigne se dit alors : Que faire ? Je vais envoyer mon fils bien-aimé. Lui, ils vont bien le respecter. 14 Mais, à la vue du fils, les vignerons firent entre eux ce raisonnement : C’est l’héritier. Tuons-le pour que l’héritage soit à nous ! 15 Et le jetant hors de la vigne, ils le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ? 16 Il viendra, il fera périr ces vignerons et confiera la vigne à d’autres. » A ces mots, ils dirent : « Non, jamais ! » 17 Mais Jésus, les regardant en face, leur dit : « Que signifie donc ce texte de l’Écriture : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ? 18 Tout homme qui tombe sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. » 19 Les scribes et les grands prêtres cherchèrent à mettre la main sur lui à l’instant même, mais ils eurent peur du peuple. Ils avaient bien compris que c’était pour eux qu’il avait dit cette parabole. (Luc 20:9-19, d'après la Traduction Œcuménique de la Bible)

THOMAS :
Logion 65. Il a dit : Un homme, un [usurier], avait une vigne, qu’il donna à des vignerons pour qu’ils la travaillent et qu’il en perçoive le fruit de leurs mains. Il envoya son serviteur pour que les vignerons lui donnent le fruit de la vigne. Ils saisirent son serviteur et le frappèrent, peu s’en fallut qu’ils ne le tuent. Le serviteur s’en alla et (le) dit à son maître. Son maître dit : Peut-être ne les a‑t‑il pas connus. Il envoya un autre serviteur ; les vignerons frappèrent l’autre aussi. Alors le maître envoya son fils. Il dit : Peut-être respecteront-ils mon fils ? Ces vignerons, lorsqu’ils connurent que c’est lui l’héritier de la vigne, s’emparèrent de lui et le tuèrent. Celui qui a des oreilles, qu’il entende !
Logion 66. Jésus a dit : Montrez-moi la pierre qu’on rejetée les bâtisseurs, c’est elle la pierre d’angle. (Évangile de Thomas, logia 65 et 66)

 

Interprétations

Dans son homélie LXVIII sur saint-Matthieu, Jean Chrysostome dit que les serviteurs envoyés sont les prophètes, le Fils du vigneron le Christ. Dieu demande aux humains de porter du fruit telle la vigne de cette parabole ; cela rejoint la parabole du Vrai cep (voir Jn 15. 1-12). La pierre d'angle est aussi Jésus-Christ .

Lors de l'angélus du dimanche 2 octobre 2011, le pape Benoît XVI commente que la vigne, le peuple de Dieu, doit travailler pour le bien et que les croyants doivent rester fidèles au Christ afin de porter le fruit souhaité, le fruit de la compassion.

Dans leur commentaire de cette parabole, l'exégète Daniel Marguerat et Emmanuelle Steffelk indiquent que le meurtre du fils bien-aimé est une « allégorie de la Passion » du Christ. Ils ajoutent à propos du rejet de la pierre angulaire (Luc, 20, 15-19) que « la pierre rejetée [Jésus] devient pierre dangereuse », pierre d'écrasement. On comprend que « l'attitude à son égard [à l'égard de Jésus] décide du sort ultime de la personne ». "En clair : ceux qui méprisent Jésus s'exposent au jugement divin".

Source :




Le trésor caché

Le trésor caché

 Parabole du trésor caché, Rembrandt. Collection Esterhazy, Musée des beaux-arts de Budapest



La parabole du trésor caché est une parabole prononcée par Jésus-Christ, telle que nous la rapporte l'Évangile selon Matthieu Mt 13. 44.

Elle illustre la grande valeur du Royaume des Cieux et précède immédiatement la parabole de la perle.

Ces deux paraboles ont inspiré nombre d'artistes, comme Rembrandt.

 

Texte

  • Saint Matthieu : Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le cache et, dans sa joie, il s'en va et met en vente tout ce qu'il a, et il achète ce champ.

 

Interprétation

Le trésor caché, ce sont les Évangiles pour Jean Chrysostome.

Le plus important pour un homme est d'avoir la foi. Mais pas en la laissant seule, mais en la nourrissant d'actes qui suivent les valeurs défendues par Jésus comme la charité, le pardon, et surtout rester à l'écoute, spécifie-t-il. Il parle de cela en citant une autre métaphore : la parabole du filet.

Source :




La tour inachevée

La tour inachevée

L'agrandissement de la façade de la cathédrale de Sienne, (Italie), a été abandonné en 1348


La Tour inachevée est une parabole écrite dans l'Évangile selon Luc. Elle aborde les thèmes de la réflexion, du renoncement et du pardon.
 

 

Texte

Évangile selon Luc chapitre 14, versets 26 à 33 :

« Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever ? Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille ? S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple. »
— Traduction d'après la Bible Louis Segond.

 

Interprétation

Le docteur de l'Église Grégoire le Grand consacre son homélie 37 à ce passage de la Bible.

Il a nommé son discours « Les conditions pour être disciple ».

« Si notre âme prend en considération la nature et l'abondance de ce qui lui est promis dans les cieux, elle fera bon marché de tout ce qu'elle possède en cette terre » dit Grégoire le Grand.

« Mais on ne peut parvenir à ces grandes récompenses que par de grandes et laborieuses épreuves ... Nous devons faire précéder toutes nos actions d'un effort de réflexion .. Lavez donc par vos larmes les taches de vos pêchés ; effacez-les par les aumônes; expiez-les par le saint sacrifice ».

Le saint conclut en disant qu'il faut mettre son espoir dans le Rédempteur et non pas dans les biens matériels.

Le dominicain Jean Tauler précise quant à porter sa croix, quant à renoncer :

« Il est donc juste que nous pratiquions le plein renoncement pour acquérir le pur bien qui est Dieu, et qu'ainsi nous suivions notre Chef ».

Pour lui il faut savoir tout perdre pour Dieu, et en plus souffrir .

Source :







Les talents

Les talents


 Gravure de 1712


La parabole des talents et la parabole des dix mines comptent parmi les paraboles évangéliques les plus connues.

La première est racontée dans l'Évangile selon Matthieu XXV, 14-30.

La deuxième, comparable, bien que légèrement différente, se trouve dans l'Évangile selon Luc XIX, 12-27.

Elles dépeignent un maître qui gratifie des serviteurs méritants, et qui en punit un autre pour sa paresse.

Cette métaphore se rapporte à celle du vrai cep (Jn 15. 1-12), et au fait que le Seigneur cherche à ce que ses ouailles donnent du fruit, qu'elles suivent les vertus théologales et cardinales afin de partager, aider, et faire vivre la compassion.

Les deux récits évoquent également le sort des élus et les sort des damnés lors du Jugement de la fin des temps.

 

Texte de la parabole des talents

 
Parabole des talents, d'Andrei Mironov



Évangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30 :

D'après la traduction officielle liturgique de la Bible.

« C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »



 
Une gravure de Jan Luyken représentant la parabole des Talents

 

Texte de la parabole des mines

Le récit est proche de celui de la parabole des talents.

La conclusion de la parabole des mines, toutefois, est sensiblement différente : « Quant à mes ennemis, amenez-les ici et égorgez-les en ma présence » (Luc 19, 27).

De plus, le maître a un rang royal ; son règne n'est pas sans évoquer le Règne de Dieu.

Évangile selon Luc, chapitre 19, versets 11 à 27, texte traduit par Louis Segond :

11.Ils écoutaient ces choses, et Jésus ajouta une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et qu’on croyait qu’à l’instant le royaume de Dieu allait paraître. 12.Il dit donc : Un homme de haute naissance s’en alla dans un pays lointain, pour se faire investir de l’autorité royale, et revenir ensuite. 13.Il appela dix de ses serviteurs, leur donna dix mines, et leur dit : Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne. 14.Mais ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent une ambassade après lui, pour dire : Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous. 15.Lorsqu’il fut de retour, après avoir été investi de l’autorité royale, il fit appeler auprès de lui les serviteurs auxquels il avait donné l’argent, afin de connaître comment chacun l’avait fait valoir. 16.Le premier vint, et dit : Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. 17.Il lui dit : C’est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes. 18.Le second vint, et dit : Seigneur, ta mine a produit cinq mines. 19.Il lui dit : Toi aussi, sois établi sur cinq villes. 20.Un autre vint, et dit : Seigneur, voici ta mine, que j’ai gardée dans un linge ; 21.car j’avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère ; tu prends ce que tu n’as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n’as pas semé. 22.Il lui dit : Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur ; tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; 23.pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent dans une banque, afin qu’à mon retour je le retirasse avec un intérêt ? 24.Puis il dit à ceux qui étaient là : Otez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines. 25.Ils lui dirent : Seigneur, il a dix mines. 26.Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. 27.Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence.

 

Interprétations de la parabole des talents

Interprétations chrétiennes qui font du maître un substitut de Dieu

La parabole illustre l'obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s'engager, même s'il y a risque, à faire grandir le royaume de Dieu. Le mot de talent a pris son sens depuis cette parabole.

Un prêtre, le Frère Élie, décrit ce que cette parabole ne cache qu'à demi-mot : « un jugement sera... prononcé, un jugement de salut sur ceux à qui le Seigneur a confié dons et talents à faire fructifier durant son absence. Cette parabole de Jésus oriente donc l'attention sur le temps qui s’étend entre son ascension au ciel et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut.» C'est donc à chacun de donner selon ses aptitudes afin d'aider son prochain. Cependant, Frère Elie va plus loin : pour lui l'homme de haute naissance est bel et bien le Christ lui-même, son retour sera alors le temps du jugement dernier, le temps du salut des âmes.

Selon saint Jean Chrysostome, il faut par ce mot de talent « entendre tout ce par quoi chacun peut contribuer à l'avantage de son frère, soit en le soutenant de son autorité, soit en l'aidant de son argent, soit en l'assistant de ses conseils par un échange fructueux de parole, soit en lui rendant tous les autres services qu'on est capable de lui rendre. » Il ajoute : « Rien n'est si agréable à Dieu que de sacrifier sa vie à l'utilité publique de tous ses frères. C'est pour cela que Dieu nous a honorés de la raison… »

Le troisième serviteur, devant son raté, aurait pu se présenter au maître, au lieu de l'insulter, en demandant pardon, ou même en disant que personne n'est digne d'entrer dans la joie du maître par ses propres œuvres. La seule solution est de consentir à ce que Dieu donne. « Seigneur, je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Qu'aurait fait le maître ? Il aurait aussi accueilli ce serviteur.

Autre interprétation chrétienne : Ce qui est en jeu dans cette parabole, c'est la morale de la rétribution ou de la justice (à chacun selon ses mérites). Jésus la conteste parce que la grâce est réservée aux élus de Dieu ; ainsi les hommes n'accèdent pas au salut (ne gagnent pas le paradis) parce qu'ils auront œuvré en ce sens durant leur vie terrestre.

Le pape Benoît XVI a rappelé que « l'évangile a pesé sur le plan historico-social, promouvant dans les populations chrétiennes une mentalité active et entreprenante ».

En citant en particulier la parabole des talents, il a souligné que le talent se réfère à un « esprit de responsabilité avec lequel nous devons accueillir le Royaume de Dieu : responsabilité envers Dieu et envers l'humanité.

La mauvaise attitude est celle de la peur (...). Ceci arrive, par exemple, à celui qui, ayant reçu le baptême, la communion, la confirmation, enterre ensuite ces dons sous une couverture de préjugés, sous une fausse image de Dieu qui paralyse la foi et les œuvres, de façon à trahir les attentes du Seigneur ».

 

Reprise moderne qui fait du maître un homme malhonnête

Le maître confie de l'argent aux serviteurs afin de le faire fructifier.
Ils les divise en les traitant de façon inégale et en les mettant en concurrence.

Le premier et le deuxième serviteurs doublent la mise, rapportant autant d'argent qu'il leur avait été donné.

Le troisième refuse de spéculer, enterre l'argent, lui rend et dénonce la vénalité du maître.

Le maître, qui n'a pas lui-même travaillé, traite ce dernier de paresseux et le jette dehors.

Les deux autres serviteurs sont flattés et récompensés, et le premier serviteur se voit même offrir le talent du troisième.

Ainsi le maître reçoit beaucoup de ceux qu'il a favorisés, mais rien de celui qu'il a méprisé ; par dépit, il punit le rebelle, faisant valoir toute l'étendue de son injustice.

La parabole a même donné son nom à un phénomène sociologique appelé : Effet Matthieu.

 

Interprétation de la parabole des mines

Dans leur commentaire de la parabole des mines, l'exégète Daniel Marguerat et Emmanuelle Steffelk indiquent que le prince en attente de royauté représente Jésus, et que le moment où les serviteurs doivent rendre des comptes correspond au Jugement dernier.

Le personnage du prince-roi assume "dans son cruel réalisme" le dicton selon lequel les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ; "sa cruauté n'en reste pas là, puisqu'il fait exécuter en sa présence ses adversaires politiques (v.27). Là encore, les mœurs politiques de l'époque se font jour".

Dans son commentaire, Paul Jorion relève: "une simple lecture du texte de la parabole dans ses deux versions, chez Mathieu et chez Luc, révèle toute l’étendue du malentendu : le maître qui admoneste son serviteur de ne pas avoir investi est un tyran méprisable."

Source :




Le serviteur revenant des champs

Le serviteur revenant des champs



Le Serviteur revenant des champs est une parabole de Jésus-Christ donnée dans l'Évangile selon Luc.

Elle dit qu'il faut savoir donner généreusement et gratuitement (sans rien attendre en retour).

 

Texte

Évangile selon Luc, chapitre 17, versets 7 à 10 :

« Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs: Approche vite, et mets-toi à table ? Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi, et sers-moi, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu ; après cela, toi, tu mangeras et boiras ? Doit-il de la reconnaissance à ce serviteur parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné ? Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. »
Traduction d'après la Bible Louis Segond.

 

Interprétation

Le Père Joseph-Marie Verlinde dit qu'il faut servir gratuitement :

« Entrons donc dès à présent dans ces dispositions : Dieu n’attend pas de nous l’impossible, mais que nous fassions du mieux que nous pouvons le peu qui nous est confié ; il accomplira lui-même le reste par des chemins qu’il ne nous appartient pas de connaître. Que le service désintéressé de Dieu et de nos frères n’ait d’autre but que de témoigner de notre reconnaissance pour la gratuité du salut immérité. Tout ce qui viendrait en plus serait un marchandage indigne de l’amour. »

Le leimotiv majeur de cette parabole est : Dieu donne gratuitement, à chacun de donner aussi gratuitement.

Source :







La semence

La semence

Un dessin sur cette parabole et sur celle qui la précède : La Lampe



Le texte de l'Évangile selon Marc appelé La Semence ou encore La Graine poussant secrètement est une parabole de Jésus-Christ qui relate les qualités données par Dieu aux hommes afin que l'humanité prospère.

Elle fait partie du Sondergut de cet évangile.

 

Texte

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, chapitre 4, versets 26 à 29 :

« Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre ; qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi; et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. »
Traduction d'après la Bible Louis Segond.

Source :







Le sel de la terre

Le sel de la terre

Une page de l'Évangile selon saint Matthieu issu du livre de Durrow, VIIe siècle



Le Sel de la Terre est une parabole de Jésus-Christ.

Elle fait partie du Sermon sur la montagne dans un Évangile.

Elle parle des vertus théologales et cardinales qui doivent être la saveur donnée par chacun envers son prochain.
 

 

Texte

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 5, verset 13 :

« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. »
Traduction d'après la Bible (Louis Segond).

 

Interprétation

Cette image donnée par le Messie suit les Béatitudes et précède la parabole sur la lumière du monde.

L'important dit Jean Chrysostome, c'est d'amener le sel de la gentillesse, par le fait de suivre les vertus chrétiennes.

Le sel garde et conserve la nourriture saine, pour le Frère Élie, c'est-à-dire qu'il faut préserver le message du Fils de Dieu ; le sel, c'est aussi ce qui donne le goût, ainsi en suivant la charité entre autres on parfume l'humanité des valeurs des croyants, des valeurs des humanistes. Et le moine de citer le Psaume 111 qui parle de donner à ceux qui ont faim (Ps 111).

Le sel est l'image de l'alliance, de la sagesse pour Benoît XVI qui commente cette parabole lors d'un Angélus.

Le sel signifie qu'il faut acquérir la sagesse divine afin de donner avec amour.

Source :




Le riche et Lazare

Le riche et Lazare

Lazare et le mauvais riche, enluminure du Codex Aureus d'Echternach.
Panneau supérieur : Lazare devant la porte de la maison du mauvais riche.
Panneau médian : Lazare est emporté au Paradis par deux anges ; Lazare dans le sein d'Abraham.
Panneau inférieur : Le mauvais riche est conduit en enfer par deux anges ; il y est torturé.



La parabole du riche et de Lazare est l'une des paraboles de Jésus de Nazareth.

Elle est la seule dans laquelle l'auteur mentionne le nom de l'un de ses protagonistes.

L'histoire se trouve dans l'Évangile selon Luc 16:19–30, où elle suit L'Économe infidèle.

Dans le domaine de l'exégèse biblique, elle fait partie du Sondergut de cet évangile.

L'auteur y emploie des images apocalyptiques du judaïsme du Ier siècle, notamment le Sein d'Abraham.

 

Texte

 
Illustration de Lazare à la porte de l'homme riche par Fyodor Bronnikov, 1886


Évangile selon Luc, chapitre 16, versets 19 à 31 :

« Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Il s'écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme. Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. D'ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire. Le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j'ai cinq frères. C'est pour qu'il leur atteste ces choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écoutent. Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit : S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader par quelqu'un qui ressusciterait des morts. »
Traduction d'après la Bible Louis Segond




 
Fresque du riche et de Lazare au monastère de Rila


 
Lazare et l'homme riche, gravure de Gustave Doré


 

Interprétations

L'existence du Purgatoire

Hippolyte de Rome a écrit un traité sur le purgatoire qui repose sur Luc 16 : 19–31.

La parabole fournit également une des sources pour le concept de limbes.

Jacques Bénigne Bossuet en fait un usage fréquent. Dans Spe Salvi, le Pape Benoît XVI affirme que la parabole du riche bon vivant et du pauvre Lazare, Jésus donne en avertissement l'image d'une âme ravagée par l'arrogance et par l'opulence, qui a créé elle-même un fossé infranchissable entre elle et le pauvre :

« le fossé de l'enfermement dans les plaisirs matériels le fossé de l'oubli de l'autre, de l'incapacité d’aimer, qui se transforme maintenant en une soif ardente et désormais irrémédiable ».

Benoît XVI affirme que cette parabole ne parle pas du destin définitif après le Jugement dernier, mais il reprend une conception qui se trouve dans le judaïsme ancien, à savoir la conception d'une condition intermédiaire entre mort et résurrection, un état dans lequel la sentence dernière manque encore.

Il affirme que cette idée vétéro-juive de la condition intermédiaire inclut « l'idée que les âmes ne se trouvent pas simplement dans une sorte de détention provisoire, mais subissent déjà une punition, comme le montre la parabole du riche bon vivant, ou au contraire jouissent déjà de formes provisoires de béatitude ».

Selon le Pape, dans cet état, sont possibles des purifications et des guérisons qui rendent l'âme prête à la communion avec Dieu : l'Église primitive a repris ces conceptions, à partir desquelles ensuite, dans l'Église occidentale, s'est développée petit à petit la doctrine du purgatoire.

 

Identité de l'homme riche et de ses parents

  • Le théologien allemand Johann Nepomuk Sepp considérait les cinq frères de l'homme riche, dans la maison de son père, comme une référence aux cinq fils d'Anne, le grand prêtre. Par conséquent, l'homme riche doit être une parodie de Caïphe.
  • L'Abbé Claude-Joseph Drioux voit dans les mots d'Abraham (Luc 16:30-31), une prophétie concernant la tentative des grands prêtres de faire mourir Lazare de Béthanie de nouveau (Jean 12:10) : « Le mauvais riche serait Caïphe qui était arrivé au souverain pontificat à force d'argent. Ses cinq frères seraient les cinq fils du vieil Anne son beau-père Eléazar, Jonathan, Théophile, Matthias et Ananias. Après sa résurrection le témoignage de Lazare ne les trouva pas moins obstinés dans leur erreur qu'auparavant et c'est cet endurcissement que Jésus prédit quand il dit que du moment qu'ils n'écoutent ni Moïse ni les prophètes ils n'écouteront pas davantage quelqu'un qui viendrait de l'autre monde et qui aurait été ressuscité d'entre les morts. »
  • L’homme riche dont Jésus parle ici représente les chefs religieux juifs, non seulement les Pharisiens et les scribes, mais aussi les Sadducéens et les prêtres en chef. Leurs privilèges et leur situation spirituelle les rendent riches ; d’ailleurs, ils se conduisent comme l’homme riche décrit par Jésus. Leurs vêtements d’un pourpre magnifique représentent leur position de faveur, et le lin blanc, la justice qu’ils s’attribuent. Cette classe de l’homme riche, orgueilleuse, regarde les pauvres, le commun peuple, d’une façon parfaitement méprisante, les appelant ‛am ha’arèts, c’est-à-dire gens de la terre. Le mendiant, Lazare, représente donc ces gens auxquels les chefs religieux refusent de donner les privilèges et la nourriture spirituelle dont ils ont besoin. Ainsi, comme Lazare qui est couvert d’ulcères, le peuple est jugé spirituellement malade, tout juste bon à tenir compagnie aux chiens. Pourtant, ceux qui appartiennent à la classe de Lazare ont faim et soif de nourriture spirituelle et se tiennent à la porte dans l’espoir de recevoir quelque maigre bouchée de nourriture spirituelle qui pourrait tomber de la table de l’homme riche. L’homme riche et Lazare n’étant pas des personnes réels mais symbolisant des classes d’individus, il s’ensuit logiquement que leur mort est, elle aussi, symbolique. Que figure-t-elle ? Jésus vient juste de mettre en relief un changement de situation, disant que "La loi et les prophètes ont subsisté jusqu'à Jean ; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer." (Luc 16:16) C’est donc la prédication de Jean et de Jésus qui entraîne la mort de l’homme riche et de Lazare quant à leur condition passée. Les humains humbles et repentants qui constituent la classe de Lazare meurent quant aux privations dont ils souffraient jusque-là sur le plan spirituel et se voient accorder une place nouvelle : la faveur de Dieu. Alors qu’ils se tournaient précédemment vers les chefs religieux pour ramasser le peu qui tombait de leur table spirituelle, les vérités bibliques exposées par Jésus comblent maintenant leurs besoins. Ils sont ainsi emportés auprès de Dieu, le Grand Abraham, à la place dite du sein, ou position de faveur. Par contre, ceux qui composent la classe de l’homme riche s’attirent la défaveur divine parce qu’ils rejettent obstinément le message du Royaume qu’enseigne Jésus. Ce faisant, ils meurent quant à leur ancienne position, la faveur apparente de Dieu. En fait, il est dit d’eux qu’ils sont dans des tourments symboliques.
  • À l'ère du rationalisme, d'autres interprétations éthiques et allégoriques ont commencé à circuler, par exemple l'interprétation du secrétaire d'Isaac Newton, William Whiston.

 

Œuvres artistiques

La parabole a également été l'objet de quelques-uns des premiers oratorios. Par exemple Dives malus (Historia Divitis) de Carissimi.

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