Façade frontale de la basilique Saint-Martin situé dans le rione Monti à Rome
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La basilique Saint-Martin de Rome (rione Monti) (en italien : basilica San Martino ai Monti également appelée basilica Santi Silvestro e Martino ai Monti - Titolo Equizio) est une basilique mineure située dans le rione Monti à Rome, en Italie.
D'abord oratoire au IVe siècle, l'édifice religieux est agrandi en église en 500, reconstruite aux VIIIe et IXe siècles.
Généralités
La basilique est le siège du titre cardinalice Santi Silvestro e Martino ai Monti établi dès 314 sous le nom d' Equitii avant d'adopter sa dénomination actuelle.
La Basilique San Martino ai Monti est une église station du Carême à Rome.
Historique
La basilique est fondée par le pape Sylvestre Ier, sur un terrain offert par un membre de la famille Equizi (d'où le nom de Titulus Equitii) au cours du IVe siècle. Au début, il s'agit d'un oratoire consacré à tous les martyrs.
Cet oratoire est connu en raison d'une réunion préparatoire pour le Premier concile de Nicée qui s'y déroule en l'an 324. L'actuelle église de San Martino ai Monti remonte à l'époque carolingienne, VIIIe siècle et IXe siècle, mais une salle hypostyle du IIIe siècle est située sous cet oratoire (à côté de la future église). Cela conduit certains chercheurs à l'identifier comme étant le Equitii Titulus, mais selon Brandebourg Hugo« il
est très peu probable que cela puisse avoir servi de lieu de culte pour
une quelconque communauté et sa liturgie : le but initial de cette
salle, assez modeste, était sans doute de servir d'espace de stockage à
des fins commerciales ».
En l'an 500, l'église est reconstruite et dédiée aux saints Martin de Tours et Sylvestre Ier par le pape Symmaque. À cette occasion, l'église est élevée et le premier oratoire devient souterrain.
La crypte San Martino ai Monti, de François Marius Granet (1806)
Elle est reconstruite par Adrien Ier en 772 puis par Serge II en 845. La structure de la basilique actuelle est celle de l'ancienne église et de nombreuses pièces ont été réutilisées.
L'église est desservie par les grands carmes. Elle est accordée aux carmélites en 1299 par le pape Boniface VIII ; leur propriété est confirmée en 1559. Dans l'église est enterré Angiolo Paoli, le père des pauvres, (Carmélite - 1642-1720) qui était vénéré partout à Rome pour son service des pauvres : il est béatifié le 25 avril 20101.
Il existe une crypte appelée catacombe de Priscille ; dans celle-ci est présente une mosaïque qui représente La Vierge et Saint-Sylvestre : elle est du VIe siècle.
Décoration intérieure
D'autres transformations sont exécutées au XVIIe siècle par Filippo Gagliardi, notamment une série de fresques, des ajouts architecturaux, des retables, des paysages, des séries de scènes bibliques sous forme de fresques architecturales de Gaspard Dughet et Galgliardi. Il existe aussi une fresque peinte par Jan Miel représentant Saint-Cyril baptisant un sultan.
Fabrizio Chiari a peint un baptême du Christ recouvert par Antonio Cavallucci. Giovanni Antonio Canini a peint un retable de la Sainte Trinité avec les saints Nicolas et Barthélémy. Le peintre maniériste Girolamo Muziano peint un retable de Saint- Albert. Galeazzo Leoncino peint une fresque du pape Sylvestre à l'occasion du concile tenu en 324 à San Martino.
Intérieur de la basilique
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Pietro Testa a peint la vision de Saint-Ange de la carmélite dans le désert. Filippo Gherardi peint un retable de San Carlo Borromeo. Cannini peint également le martyre de saint Etienne. Chiari a également peint saint Martin partageant son manteau avec le mendiant. Giovanni Battista Creppi peint La vision de sainte Thérèse. Matteo Piccione a peint le retable de la vision de Pazzi Santa Maria Maddalena. Paolo Naldini peint les saints sur le registre supérieur de la nef
(dans le sens antihoraire en commençant par la nef. Un "Daniele
fiammingo" dont le nom de Daniel Latre n'a pas pu être confirmé, ni son
identité, a sculpté Saint-Antoine Abbé et Saint Jean-Baptiste dans les niches supérieures de la contre-façade, tandis que Naldini a sculpté les autres statues de la nef centrale.
L'intérieur est à trois nefs avec des colonnes antiques. Une lampe votive, réalisée en argent, est logée dans la sacristie : elle est considérée comme étant la tiare de Saint-Sylvestre. Sous l'autel majeur sont conservées les reliques des saints Artemius, Paulina et Sisinnius.
Portrait de la reine Christine de Suède (avant 1656) par David Beck
Christine (en suédois : Kristina),
née le 18 décembre 1626 à Stockholm (Suède-Finlande) et morte le 19
avril 1689 à Rome (États pontificaux), reine de Suède de 1632 à 1654,
est connue également comme la reine Christine.
Son
titre réel est « roi de Suède » et non « reine », conformément au
souhait de son père de lui permettre ainsi de monter sur le trône.
Elle
se convertit au catholicisme, abdique en 1654, et après une série de
périples à travers l'Europe, se fixe définitivement à Rome.
Esprit vif et curieux, elle a correspondu avec les plus grands penseurs de son temps.
Biographie
Minorité
Ratification par Christine du traité d'alliance conclu avec la France le 5 mars 1638 (Archives nationales)
Son père trouve la mort à la bataille de Lützen
en 1632, alors qu'elle n'a que six ans. Sa mère névrosée la néglige au
point qu'elle fait plusieurs chutes dans son enfance, lui laissant une
épaule déformée.
Gustave
Adolphe, qui avait perdu deux enfants en bas âge, avait réglé l'ordre
de sa succession avant d'entrer en campagne. Il avait obtenu des nobles
la suppression de la dévolution exclusivement masculine dès 1627.
Christine monte alors sur le trône sans opposition, sous la tutelle du chancelier Axel Oxenstierna, le très compétent « Richelieu » suédois.
Elle reçoit un enseignement sévère sous la direction du grand maître de la maison royale Axel Banér (sv), le frère du maréchal, et de son précepteur, Johannès Matthiae (en).
Aux études traditionnelles des langues et de l'histoire, s'ajoutait la
pratique des arts (notamment le dessin et la peinture) et du sport
(escrime et équitation).
Oxenstierna
est retenu au Saint-Empire par les péripéties de la guerre de Trente
Ans et ne revient en Suède qu'en 1636 après le traité passé avec la
France. Son premier geste est d'éloigner la reine douairière, dont la
santé mentale a été altérée par la mort de son mari, afin d'éviter son
influence néfaste sur la jeune Christine qui a dix ans. C'est sa tante Catherine, comtesse des Deux-Ponts, qui tint le rôle de mentor féminin.
Prise de pouvoir
Ducat en or à l'effigie de Christine de Suède (1645)
Par
cgb —
http://www.cgb.fr/allemagne-erfurt-christine-de-suede-ducat-1645-erfurt,v39_0808,a.html,
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Portrait du couronnement de Christine de Suède
Médaille à l'effigie de Christine de Suède vers 1680, bronze, 61 mm
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Majeure
en 1644, la reine Christine s'oppose rapidement au chancelier
Oxenstierna, définitivement mis à l'écart après le traité de Westphalie.
Favorable
à la paix, elle met fin aux conflits armés avec le Danemark en 1645 par
le traité de Brömsebro qui donne à la Suède les îles d'Ösel et de
Gotland, le Jämtland et le Härjedalen à la Norvège.
La
paix de Westphalie, signée en 1648, lui donne l'île de Rügen, Wismar,
Verden et Brême, ainsi qu'une partie de la Poméranie et l'embouchure de
l'Oder. Ces acquisitions font de la Suède la première puissance
nordique.
Christine
est couronnée en 1650, et les préoccupations de son entourage se
portent sur la pérennité de la dynastie, et donc sur les projets de
mariage. Le premier prétendant n'est autre que son cousin Charles-Gustave, mais Christine a une préférence pour le comte Magnus Gabriel De la Gardie
qui obtient de nombreuses libéralités de la part de la reine. Celle-ci a
toutefois en horreur les liens du mariage et va pousser son favori à
épouser Marie-Euphrosyne, la sœur de Charles-Gustave, donc sa cousine.
Débarrassée
des conflits, Christine peut se consacrer aux lettres et aux arts,
alimentant sa propre bibliothèque d'ouvrages savants et faisant venir
des œuvres de sculpture et peinture, surtout italiennes.
Elle soutient l'école des Fijnschilders, ces peintres précieux hollandais, dont faisait partie Gérard Dou, qui s'efforcèrent de représenter la réalité avec le maximum de précision.
Elle invite en Suède des érudits français tels Descartes qui y mourra en février 1650, Saumaise, Bochart ou Saint-Amant.
Dans ses mémoires, Christine avouera l'influence de Descartes dans le
mûrissement de ses pensées. Stockholm est sensible à la « mode
parisienne » et de nombreux artistes se rendent en Suède, comme la
musicienne Anne Chabanceau de La Barre en 1652-1653.
Malgré
un essor économique certain depuis la fin de la guerre de Trente Ans,
les manières de Christine, son goût pour les modes étrangères, les
dépenses exorbitantes de son sacre, ses libéralités vis-à-vis de ses
favoris et de ses invités, sa politique d'anoblissement en masse mettent
à mal les finances royales. Elle refuse de se marier, s'habille en
homme et fume la pipe. Les pamphlets de l'époque lui prêtent de
nombreuses aventures aussi bien féminines que masculines.
Abdication et conversion
La
situation dynastique reste la question essentielle. Dès 1651, Christine
envisage l'abdication. Renonçant définitivement à se marier, elle
obtient de la Diète la désignation de son cousin Charles-Gustave d'abord
comme successeur, puis comme prince héritier, ce qui englobe la propre
descendance de ce dernier.
Elle
annonce le 11 février 1654 son abdication, prenant effet au 6 juin
1654. Les raisons de son abdication paraissent complexes : lassitude et
dégoût du pouvoir, difficultés financières proches de la banqueroute ou
cheminement spirituel qui conduira cette fille d'un des champions
protestants de la guerre de Trente Ans à se convertir au catholicisme.
Ce qui est certain est que le luthéranisme imposé par Gustave Ier Vasa
était en Suède assez intolérant et que le culte catholique était
strictement prohibé. Quant à elle, elle dira de sa couronne, et fera
graver sur une médaille ce mot célèbre : « Non mi bisogna e non mi basta (Je n'en ai pas besoin et ce n'est pas assez pour moi) ».
Christine
négocie son abdication contre des donations : elle se fait octroyer les
revenus royaux des villes de Norrköping et de Wolgast, des îles de
Gotland, Öland et Ösel, et la propriété de quelques domaines de
Poméranie.
Elle
quitte immédiatement la Suède, faisant étape à Hambourg, Anvers et
Bruxelles où elle se convertit secrètement au catholicisme.
Cette
conversion d'un ancien souverain protestant représente une victoire
symbolique dans la lutte de la papauté contre le protestantisme. Mais le
pape Alexandre VII
exige une abjuration publique avant de la recevoir, chose faite à
Innsbruck. Elle est accueillie avec faste à Rome le 20 décembre 1655 et
reçoit sa première communion d'Alexandre VII.
Elle est logée au palais Farnèse et fait connaissance du cardinal Decio Azzolino
avec lequel elle entretiendra une relation sentimentale jusqu'à la fin
de sa vie. Son caractère entier et sa liberté de mœurs ont tôt fait de
lui aliéner ceux qui l'avaient reçue avec ferveur et Alexandre VII va prendre ses distances.
Revendications et provocations
Sceau royal de Christine, reine de Suède. Archives nationales - AE-III-43
Revendication de Christine de Suède
Ses revenus suédois rentrant mal, Christine décide de renégocier les accords passés avec son cousin. Elle obtient l'accord de Mazarin de traverser la France pour se rendre à Hambourg.
Elle quitte Rome le 20 juillet 1656 sur la galère papale, débarque à Marseille et atteint Paris le 8 septembre.
Un
vague projet est négocié avec Mazarin pour lui offrir le trône de
Naples, Christine s'engageant à user de son influence pour rallier le
pape au projet.
Elle retourne en Italie, mais reste bloquée à Pesaro en raison de l'épidémie de peste qui sévit à Rome.
Inquiète
des tergiversations de Mazarin, ce dernier n'hésitant pas à jouer un
double jeu, elle décide de retourner en France. C'est à cette occasion
que, persuadée de la trahison de son écuyer Giovanni Monaldeschi
révélant à la cour espagnole son alliance avec les Français, elle le
fait mettre à mort par ses gens à Fontainebleau le 10 novembre 1657.
Ce meurtre lui vaudra le surnom de Sémiramis suédoise. Cette affaire embarrasse le jeune Louis XIV
et Mazarin, mais la cour ménage l'ex-reine de Suède. Les esprits du
temps ont longuement débattu sur le fait qu'un souverain ayant abdiqué
puisse se faire justice chez un souverain étranger.
Toutefois
la cour de France est à nouveau soulagée de son départ pour l'Italie.
Le 15 mai 1658 elle est de nouveau à Rome, mais elle a perdu de sa
popularité.
Le 13 février 1660, son cousin Charles X Gustave
meurt subitement, laissant la couronne de Suède à son fils de cinq ans.
Christine décide de retourner en Suède et quitte Rome le 20 juillet.
Malgré les réticences du chancelier, elle arrive à Stockholm le 12
octobre et demande le rétablissement de ses droits héréditaires en cas
de disparition du jeune roi. Elle se heurte à l'opposition des nobles et
du clergé luthérien et doit reprendre le chemin de Rome en 1662.
Elle
fait une nouvelle tentative en 1666, mais le Conseil de régence
interdit à son aumônier catholique d'entrer dans le pays et elle ne
dépasse pas Norrköping.
En 1668, Jean II Casimir
abdique. La monarchie polonaise est élective et Christine pose sa
candidature, estimant ses chances réelles en tant que dernier enfant des
Vasa. C'est un nouvel échec : les Polonais décident d'élire l'un des
leurs, Michel Koributh Wiśniowiecki.
Mécène à Rome
Monument de la reine Christine dans la basilique Saint-Pierre de Rome
Par Jean-Pol GRANDMONT — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28930634
Sarcophage de la reine Christine dans la crypte papale de la basilique Saint-Pierre de Rome
Christine
se fixe définitivement à Rome en octobre 1668. Elle demeure dans le
Trastevere au Riario alla Lungara (actuel palais Corsini) qu'elle
transforme en musée. Elle y expose de multiples pièces (tapisseries,
peintures, sculptures, dessins, objets divers de collection) qu'elle
réunit à partir du fonds constitué en Suède, de donations ou d'achats
plus récents. Le cabinet des médailles est particulièrement renommé ; la
bibliothèque comprend 5 000 volumes.
Elle
est l'amie des artistes comme le célèbre Bernin dont elle fera écrire
la biographie à ses frais, apprécie les musiciens baroques : Filippo Acciaiuoli qui lui dédie ses drames musicaux et Alessandro Stradella ses cantates, Alessandro Scarlatti dont elle soutient les débuts, Arcangelo Corelli qui l'initie au violon. Elle obtient l'autorisation du pape d'ouvrir le premier théâtre public romain, le Tor di Nona (en). Le peintre et moine bénédictin Juan Andres Ricci, dans l'entourage du pape depuis 1662, consacre une nouvelle écriture architecturale à la reine de Suède, avant de s'installer au monastère de Montecassino.
En 1674, elle crée l'académie du Riario, qui deviendra l'Académie d'Arcadie, société de lettrés et d'artistes. Elle s'intéresse aux sciences (astrologie et alchimie) et aux travaux de savants tel Borelli et Ciampini (en).
Sur le plan religieux, elle fait preuve du même activisme qu'en politique en soutenant l'escadron volant du cardinal Azzolino
qui lutte contre les influences aux conclaves des puissances étrangères
(française et espagnole) lors des élections papales. Sa conversion la
rend foncièrement tolérante. Elle s'inquiète en 1686 du sort des
protestants de France, qui doivent subir la politique des conversions
forcées menées par le pouvoir royal. Elle critique plus particulièrement
les dragonnades (persécutions diverses, par exemple viols des paysannes protestantes pour faire abjurer les familles).
Vers la fin de sa vie, peut-être sous l'influence du Bernin, elle se rapproche du mysticisme et protège Miguel de Molinos jusqu'à son arrestation et sa condamnation en 1685, ce qui lui valut d'être accusée de quiétisme par l'ambassadeur de France.
Elle meurt à Rome en 1689 d'érysipèle, maladie dont elle souffrait depuis plusieurs années. Son corps repose au Vatican dans la crypte de la basilique Saint-Pierre.
Amours
Elle
était rebutée par les liens du mariage. Les chroniqueurs de son époque
lui prêtent plusieurs amants, et des relations saphiques, notamment avec
Ebba Sparre. Elle fait aussi une déclaration d'amour à Élisabeth de Castellane et vit avec Angelica Quadrelli (sv) à la fin de sa vie. Elle entretient aussi une longue relation avec le cardinal Decio Azzolino.
Portrait physique et moral
La
reine Christine est de petite taille (1,52 m), son visage a des traits
irréguliers, mais ses yeux bleus donnent à son regard ce que certains
historiens décrivent comme « un éclat métallique qui peut séduire ».
Élevée à la dure, comme un garçon, elle affecte une apparence négligée
et s'astreint à gommer toute féminité dans la façon de s'habiller et
dans son comportement.
Intelligente, elle est dotée d'une grande culture, elle correspond avec de nombreux savants et hommes de lettres tels Descartes, Pascal, Gassendi, Leibniz ou Spinoza.
Elle parle plusieurs langues, notamment le français, langue de l'élite
européenne, qu'elle maîtrise parfaitement. Elle est orgueilleuse,
hardie, excentrique, faisant preuve politiquement d'une certaine
duplicité. Sur le plan religieux, elle a une attitude tolérante, non
dogmatique, le contraire d'une dévote. Elle est également considérée
comme une pionnière du féminisme, avec ses contemporaines Madeleine de Scudéry et Madame de Maintenon.
Écrits
Elle a laissé de nombreuses lettres et quelques écrits dont ses mémoires Ma vie dédiée à Dieu qu'elle n'acheva pas. Elle laissa aussi des maximes et pensées dans l'imitation de La Rochefoucauld. La plupart ont été recueillis dans les Mémoires de Johann Archenholz, Amsterdam, 1751-1759, 4 volumes in-4.
La reine Christine de Suède et son chancelier Axel Oxenstierna lancèrent en 1645 le journal Post- och Inrikes Tidningar
ou PoITen destiné à permettre aux dirigeants de justifier les levées de
fonds alloués au financement de la guerre de Trente Ans contre la
maison catholique de Habsbourg et ses alliés. Il s'agit ainsi du journal
suédois le plus ancien encore diffusé ; depuis le 1er juillet 2007, il est exclusivement publié sur internet.
Personnalités ayant été en relation avec Christine de Suède
Cette
liste donne un aperçu de l'influence de Christine de Suède dans les
domaines des sciences, des lettres et des arts, hors personnalités
politiques et ecclésiastiques, sachant que de nombreux cardinaux
fréquentés à Rome pouvaient être à la fois érudits et mécènes.
Savants, érudits, hommes de lettres
Christine de Suède en conversation avec René Descartes, peinture de Pierre-Louis Dumesnil
Invités à la cour de Suède
Hermann Conring, érudit et médecin personnel de Christine
René Descartes, philosophe
Gabriel Naudé, qui fonde la bibliothèque de Christine
Johannes Schefferus, érudit
Claude Saumaise, humaniste
Samuel Bochart, érudit
Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, poète français
Urbain Chevreau, qui fut son secrétaire
Simon de La Vallée, architecte
Relations romaines
Giovanni Alfonso Borelli, naturaliste
Giovanni Ciampini, archéologue
Michael Dahl, jeune peintre suédois
Miguel de Molinos, mystique
Correspondants
Blaise Pascal
Pierre Gassendi
Claude Sarrau
Gilles Ménage
Gottfried Wilhelm Leibniz
Baruch Spinoza
François Malaval
Autres
Ninon de Lenclos : Christine lui rend visite lors de son séjour en France alors qu'elle était bannie de la cour.
Musiciens
Invités à la cour de Suède
Anne Chabanceau de La Barre, chanteuse et danseuse
Nathanael Schnittelbach, violoniste
Protégés à Rome
Alessandro Melani, compositeur
Filippo Acciaiuoli, compositeur
Mario Savioni, compositeur
Alessandro Scarlatti, compositeur
Arcangelo Corelli, compositeur et violoniste
Bernardo Pasquini, organiste
Alessandro Stradella, compositeur
Giacomo Carissimi, maître de chapelle
Marco Marazzoli, musicien
Autres
Giuseppe Zamponi, compositeur d'Ulysse all'isola di Circe joué à Bruxelles en l'honneur de Christine
Antonio Cesti, compositeur de l'Argia donné à Innsbruck en l'honneur de Christine
En
1965, le squelette de Christine de Suède est exhumé afin d'y détecter
d'éventuelles preuves d'intersexuation ; l'enquête, menée par
Carl-Herman Hjortsjö infirme cette hypothèse et montre au contraire que
Christine de Suède était dyadique.
Télévision, cinéma et théâtre
John Gilbert et Greta Garbo dans La Reine Christine, 1933
Alexandre Dumas père (1802-1870) écrit Christine, ou Stockholm, Fontainebleau et Rome,
pièce de théâtre qui sera représentée le 30 mars 1830 au théâtre de
l'Odéon à Paris. C'est une version romancée de la vie de Christine de
Suède, qui s'inscrit dans le courant du théâtre romantique.
En 1933 sort le film La Reine Christine,
avec Greta Garbo. Résumé : en 1632, Christine, âgée de 5 ans, succède à
son père le roi Gustave Adolphe de Suède, tué lors de la bataille de
Lützen. Devenu adulte, Christine tente de faire régner la paix. C'est
alors qu'elle rencontre Don Antonio de la Prada, l'ambassadeur du roi
d'Espagne ; très vite elle succombe à son charme.
En 1944, Le Roi Christine de Marcelle Maurette au théâtre Édouard-VII, pièce dramatique en 3 parties et 8 tableaux. Mise en scène de Georges Douking.
En 2012, un documentaire-fiction, intitulé Christine de Suède, reine des scandales, lui est consacré dans le cadre de l'émission Secrets d'histoire, présentée par Stéphane Bern.
Le
documentaire retrace son parcours : ses débuts au palais royal de
Stockholm, son couronnement à l’âge de six ans, sa lassitude du pouvoir,
son abdication à vingt-huit ans, sa conversion au catholicisme, sa vie
amoureuse mouvementée ainsi que son séjour au Vatican.
En 2012, la pièce de théâtre Christine, la reine-garçon,
écrite par Michel Marc Bouchard, est produite au Théâtre du Nouveau
Monde à Montréal dans une mise en scène de Serge Denoncourt. Une
nouvelle version sera publiée aux Éditions Leméac en 2013 (ISBN 9782760904309). La pièce de Bouchard a inspiré une bande dessinée : Kristina, la reine-garçon.
Scénarisée par Jean-Luc Cornette et dessinée par Flore Balthazar, elle
sort chez Futuropolis en 2022. En 2023, une collaboration entre Michel
Marc Bouchard et le compositeur Julien Bilodeau permet l'adaptation de
la pièce de théâtre en opéra. La première mondiale de La Reine-Garçon a lieu à Montréal, le 3 février 2024, dans une mise en scène de Angela Konrad.
En 2015 sort le film finlandais La Reine garçon, qui présente l'enfance, le règne et l'abdication de Christine.
Dissection d'une chute de neige,
pièce de théâtre, fiction proche du rêve, librement inspirée de
l’histoire de Christine de Suède écrite par Sara Stridsberg en 2012,
traduite du suédois par Marianne Ségol-Samoy, L'Arche, collection Scène
ouverte, 2021 (ISBN 9782381980256).
Jeux vidéo
Christine de Suède apparait comme dirigeante des Suédois dans le jeu Civilization VI: Gathering Storm.
Lesbianisme
Reine Christine de Suède, peinture de Sébastien Bourdon de 1653 conservée au Nationalmuseum
La
perception de la relation de Christine de Suède au lesbianisme est
ambivalente : si certains lui inventent des relations homosexuelles dans
le but de la discréditer politiquement, d'autres voient en elle une
icône lesbienne, en particulier en raison de son habillement.
Pamphlets
Dans
les pamphlets parisiens des années 1660, Christine de Suède est
présentée comme lesbienne afin de discréditer son héritage intellectuel
et politique. Cette association est retrouvée un siècle plus tard : en
1761 paraît Lettres secrètes de Christine, Reine de Suède, un ensemble de fausses lettres d'amour qu'elle aurait écrites à plusieurs femmes.
Mode lesbienne
Son refus catégorique de se marier, sa relation avec Ebba Sparre et sa manière de se vêtir font de Christine de Suède une icône lesbienne. Dans le portrait que réalise d'elle Sébastien Bourdon
en 1653, elle porte une tenue mêlant la mode féminine, avec une grande
robe découverte aux épaules, et masculine, avec une palette de noir et
blanc et un chemise nouée d'un ruban ; cette manière de combiner
féminité et masculinité est typique de la mode lesbienne. L'historienne
Eleanor Medhurst rapproche le style de Christine de Suède de celui des
féministes lesbiennes des années 1970 et 1980 : refus des cheveux
féminins, part la tonte et port d'une perruque d'homme pour Christine,
par la coupe très courte pour les lesbiennes féministes ; refus des
jupes ; enfin, refus des canons de beauté de l'époque.
Portrait peint par Pier Leone Ghezzi vers 1708. Palais Braschi à Rome
Gianfrancesco Albani, né le 23 juillet 1649 à Urbino dans les Marches et décédé le 19 mars 1721 à Rome, est le 243e évêque de Rome, et donc pape de l’Église catholique qu'il gouverne de 1700 à sa mort en 1721, sous le nom de Clément XI (en latin Clemens XI, en italien Clemente XI).
Biographie
Origines familiales
D'origine albanaise, de Laç de Kurbini, son ancêtre, Michel Laçi, quitta l'Albanie avec ses deux fils, Georges et Philippe (combattants avec Skanderbeg) à cause des Turcs.
Il s'installa à Urbino, en Italie, où il prit le nom d'Albani.
Georges eut deux fils, Altobelli et Hannibal. Altobelli eut aussi deux
fils, Horace et Charles. Horace s'installa à Rome, où il fut nommé sénateur par le pape Urbain VIII. Charles était le père de Gianfrancesco.
Une autre branche de la famille Albani s'installa à Bergame, se distinguant avec Gian Girolamo Albani (1504-1591), chanoine, auteur d'ouvrages importants, qui devint cardinal en 1570.
Clément XI nomma cardinal son neveu Hannibal (1682-1751).
Carrière ecclésiastique
Gianfrancesco Albani entre à 11 ans au Collège romain, tenu par les jésuites. Avec comme précepteur particulier le père Pierre Poussines, il y fait de brillantes études et est remarqué par la reine Christine Ire de Suède alors en exil à Rome. À 28 ans, il est nommé gouverneur de Rieti.
Il a ensuite la responsabilité des diocèses de Sabina et Orvieto.
Rappelé à Rome, il est nommé vicaire de Saint-Pierre de Rome, puis secrétaire des brefs pontificaux.
En 1690, il reçoit le Galero de cardinal au titre cardinalice de Santa Maria in Aquiro, bien qu'il ne soit pas encore prêtre.
Pontificat
Médaille ou pièce à l'effigie de Clément XI
En 1700, à la mort d'Innocent XII, le conclave s'apprêtait à élire le cardinal Galeazzo Marescotti mais la France y met son veto. Les cardinaux se tournent alors vers le cardinal Albani, diplomate qui n'a pourtant que 51 ans. Ordonné prêtre vingt-quatre heures avant son élection, il est immédiatement consacré évêque.
À peine élu, le nouveau souverain pontife doit faire face à la guerre de Succession d'Espagne : Charles II est en effet mort durant le conclave. Il prend d'abord parti, en 1701, pour Philippe V et la France. Néanmoins, cela lui vaut l'hostilité autrichienne et le problème de l'investiture du royaume de Naples et de Sicile lui vaut également le mécontentement de Philippe V. Les revers des troupes franco-espagnoles face à l'Empire laissent à découvert les États pontificaux. Le prince Eugène de Savoie-Carignan y fait entrer ses troupes. Clément XI doit se résigner à reconnaître Charles III en 1709. Enfin, de nouveaux coups de théâtre surviennent : les Français reprennent le dessus, Joseph Ier meurt en 1711 et Charles quitte l'Espagne après son élection au trône impérial. Louis XIV, furieux, refuse la médiation de Clément XI et la papauté est représentée seulement par un observateur au traité de Rastatt après laquelle elle mit un certain temps à se remettre de la victoire Française.
Théâtre dressé dans l'Église de St-Pierre pour la canonisation de quelques saints sous le Pontificat de Clement XI (1712)
Dans le domaine de la doctrine catholique, il émit les bulles Vineam Domini (1705) et Unigenitus (1713) contre le jansénisme. Il fit de la fête de la conception de la Vierge Marie une fête d'obligation et canonisa entre autres Pie V. Une petite phrase marque un grand tournant dans la vie religieuse féminine : « Que les femmes gouvernent les femmes ».
Dans une lettre du 23 avril 1718, le pape Clément XI institue comme droit canonique à Rome l'Académie pontificale de théologie (it), qu'il combla de privilèges, pour que ce lieu d'études soit, selon les mots de Jean-Paul II, « le
siège des disciplines sacrées et nourrisse les nobles esprits, et que,
comme une source, elle produise des fruits abondants pour la cause
catholique ».
Concernant son origine, il considérait l'Albanie comme sa patrie. Il fait part d'un intérêt pour ses compatriotes, accordant deux bourses d'études à des Albanais pour le collège de la Propaganda Fide en 1708, et une troisième avec une somme de 4 000 écus. Il a envoyé en Albanie les Franciscains qui ouvrent des écoles à partir de 1711, où on enseigne la langue albanaise. Il organise un synode à Merqine de Lezhe, pour faire face à l'islamisation du pays. Les origines albanaises du Pape Clément XI jouèrent un rôle dans les hostilités contre les Turcs. Il devint le promoteur de la Ligue européenne qui conduisit à deux défaites sanglantes des Turcs, à Petrovaradin et à Belgrade, par le prince Eugène de Savoie.
Il meurt le 19 mars 1721. Son successeur est Innocent XIII.
La famille Albani s'éteint en 1852, avec le prince don Philippe, dernier fils d'Horace III.
Clément XI et la bulle Unigenitus
On lit chez Chamfort (Maximes et anecdotes no 1277), lequel semble l'avoir lui-même tiré de Saint-Simon ou d'une source connexe :
« Le
pape Clément XI disait, en pleurant d'avoir donné la Constitution :
« Si le P. Le Tellier ne m'eût pas persuadé du pouvoir absolu du roi,
jamais je n'aurais hasardé cette constitution. Le P. Le Tellier a dit au
roi qu'il y avait dans le livre condamné plus de cent propositions
censurables ; il n'a pas voulu passer pour un menteur. On m'a tenu le
pied sur la gorge pour en mettre plus de cent : je n'en ai mis qu'une de
plus ». »
La bulle Unigenitus, dite aussi Constitution, condamnait cent une propositions jansénistes extraites du livre du père Pasquier Quesnel, Réflexions morales sur le Nouveau Testament.