La chartreuse d'Auray

La chartreuse d'Auray

La chartreuse d'Auray


La Chartreuse d'Auray est située sur la commune de Brech, dans le Morbihan.

 

Historique

Le cloître fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 25 septembre 1928.

La chapelle, le réfectoire et la chapelle élevée à la mémoire des victimes de Quiberon font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 25 octobre 1943.

La Chartreuse a été reconstruite partiellement après un incendie en 1968.

 

Histoire

Façade.
Façade


« La Chartreuse a été construite à la suite de la bataille d'Auray qui oppose Jean de Montfort à son cousin et rival Charles de Blois, pour le Duché de Bretagne. L’affrontement coûte la vie à Charles de Blois et met fin à la guerre de Succession de Bretagne. En 1382, Jean IV de Montfort devenu Duc de Bretagne fait alors construire la collégiale Saint-Michel du Champ en mémoire des combattants morts. En 1482, les Chartreux s’y installent, mais sont chassés en 1791. Les ossements des chouans et des émigrés fusillés par les troupes du général Hoche, en 1795, sont conservés dans le mausolée de la Chartreuse. À l’époque, ils avaient été enterrés sommairement dans le « champ des martyrs », à 500 m de la Chartreuse en direction de Sainte-Anne d’Auray. »

Aujourd'hui, les bâtiments abritent la communauté des sœurs âgées ou malades des Filles de la Sagesse.

 

Architecture

La première campagne de construction : le grand cloître

Pour se conformer à leur règle et à l’usage suivi dans toutes leurs maisons, les Chartreux commencèrent l’aile sud du grand cloître en 1574, ainsi que les cellules Q et R.

La construction des autres cellules s’accomplit au fur et à mesure des ressources disponibles.

Selon les registres de comptes conservés aux archives, les décennies 1580, 1590 et 1600 furent des années de travaux importants, à la fois de réparations des vieux bâtiments, de l’église et de constructions neuves.

En effet, les novices devaient selon les statuts de l’ordre, disposer de leurs biens avant de faire profession.

Ainsi l’usage établit que chacun deux consacrerait une somme à l’embellissement de la chartreuse.

Le premier recensé est Olivier Rouxel qui offrit, en 1578, 666 écus et 2/3 d’écu pour poursuivre la construction d’un cloître neuf.

D’autres firent de même et peu à peu la maison s’agrandit de nouvelles cellules du côté sud et ouest.

Vers 1630, le grand cloître et ses logis monastiques étaient presque terminés.

Ainsi, le grand cloître fut construit dans sa majeure partie à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle et son implantation fixée à cette époque.

Certaines cellules furent ensuite reconstruites au gré des besoins et des possibilités financières de la communauté.

Par exemple, le prieur Gabriel Ango, venu de Gaillon en 1644 fit construire selon la chronique les cellules S et E « les mieux régulières et les mieux distribuées ».

D’autres encore, furent reconstruites dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle aux emplacements les plus vétustes.

En définitive, le grand cloître était entouré d’une vingtaine de cellules et d’autant de jardinets clos placés perpendiculairement au couloir.

Les cellules quoique très simples devaient avoir l’étendue et la distribution nécessaire pour les besoins de la vie.

Chacune d’elle, désignée par une lettre de l’alphabet, parfois d’un nom religieux (Saint Nom de Jésus), possédait deux pièces en rez-de-chaussée, d’environ 20 m2 chacune avec deux placards ou armoire d’attache – dont un servait d’oratoire ?- cheminées, avec un vaste grenier au-dessus.

L’une de ces pièces servant de chambre était pourvue d’un lit, l’autre était destinée aux repas et aux activités manuelles.

Chaque cellule s’ouvrait sur la galerie du grand cloître formant un couloir par lequel les moines recevaient leur nourriture à travers un passe-plat pratiqué dans le mur et fermé par un volet mobile.

À chaque cellule était joint un jardin clos de mur que chacun entretenait et une petite galerie qui permettait de faire quelques exercices par mauvais temps. Plusieurs existent encore aujourd’hui.

Au début du XVIIe siècle, la construction du grand cloître avait empiété sur le jardin potager primitif des chartreux qui occupait un emplacement au niveau de l’aile sud du grand cloître.

Celui-ci fut alors déplacé. Ce nouveau jardin, bordé initialement de fossés et d’arbrisseaux fut clos d’un grand mur en 1620.

Durant les années 1621, 1622 et 1623, le jardin fut alors selon les termes du chroniqueur anonyme « symétrisé dans le goût moderne et régulier qu’il conserve, et dont l’ordonnance consiste en quatre grandes pièces potagères bordées de buis et d’arbres fruitiers taillés en éventail ou en buisson ayant au levant un verger assez spacieux et au midi des bosquets de haute futaie ouvert par trois berceaux de charmille, avec de grandes et belles allées sablées qui traversent et entourent ce jardin ».

La deuxième campagne de construction : le petit cloître Au milieu du XVIIe siècle, les bâtiments du petit cloître, dont certains remontaient peut-être à l’époque de la collégiale et formaient le noyau originel de ce monastère, furent repris et reconstruits.

Notamment sous le priorat de Gabriel Ango qui avait même amassé des sommes suffisantes pour envisager aussi la reconstruction de l’église.

Le petit cloître et le chapitre selon le chroniqueur du manuscrit de Solesmes «  se sentaient du goût gothique, et de la main grossière ».

Le corps de logis au sud renfermait la cuisine, la dépense et le réfectoire. (Fig.5)

Le corps de logis du côté de l’ouest contenait, en allant du sud au nord, une procure, une grande salle et près de l’église un salon pour les étrangers.

Au premier étage, il y avait cinq chambres d’hôtes. Le corps de logis du côté de l’est était un peu plus étroit, il était partagé en plusieurs pièces, dont les deux les plus proches de l’église étaient occupées par le sacristain : elles constituaient sa cellule.

Ce bâtiment, prolongé vers le sud et légèrement élargi abritait la bibliothèque des moines au premier étage et peut-être la cellule prioriale au rez-de-chaussée.

La galerie du petit cloître vint s’appuyer sur toutes ces constructions.

Selon le manuscrit de Solesmes, il fut, après différents dessins, couvert d’une voute en anse de panier en pierre blanche.

« En employant les meilleurs, ou les moins mauvais ouvriers du voisinage, et qui fallu faire pour en avoir d’ailleurs de plus habiles, ou de plus expérimentés qui réparèrent les fautes des premiers » .

En 1706 et 1707 les arcades du cloître furent vitrées à petits losanges . On y plaça à partir de 1724 des tableaux représentant la vie de Saint-Bruno.

La cour de l’église Le bâtiment nord de la cour de l’église fut construit au milieu du XVIIe siècle.

L’idéal eut été de le faire plus en arrière, afin que l’église soit placée au centre de la cour comme à Bosserville et comme sur le plan idéal.

Mais la dépense excessive qui en découla fit renoncer à ce projet.

Soucieux de symétrie, le prieur fit élever un mur à hauteur d’appui surmonté d’une balustrade peinte en vert en pendant du nouveau corps de logis pour atténuer l’irrégularité de la grande cour.

Ce dispositif subsista jusqu’à la construction de la nouvelle église mais l’irrégularité des dispositions, aussi bien du côté de la cour de l’église que du côté du grand cloître ne fut jamais corrigée.

C’est Antoine Ruffin nommé en 1669 qui fit construire en 1678 le corps de logis à trois étages joignant l’église face à l’entrée.

La chapelle d’entrée
Au nord de la cour occidentale, existait une vieille chapelle d’entrée de la Chartreuse du Champ, sous le titre de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge.

Cette chapelle construite suivant l’usage cartusien, pour y dire la messe aux domestiques et autres personnes du dehors avait été consacrée le 28 mars 1518.

Elle fut démolie vers 1648 lors de la construction de la chapelle Sainte-Anne à l’entrée de la première cour pour y accueillir les femmes.

Celle-ci fut bénie le 17 février 1650.

Il y avait donc en entrant, à gauche la chapelle Sainte-Anne et derrière elle, au nord, une écurie, une forge et un atelier de menuiserie.

À droite, le logement du portier avec derrière une écurie pour les étrangers.


La nouvelle église (vers 1684-1690)
L’église primitive, fortement restaurée et consacrée par l’évêque de Vannes en 1507, parut au XVIIe siècle trop petite.

En 1621, elle fut agrandie de près d’un tiers de sa longueur par le maçon Legal, dit Petitjean pour 1598 livres.

Les dimensions furent alors portées à 102 pieds de longueur, 27 pieds de largeur, et 42 pieds de hauteur dans l’œuvre.

Le clocher atteignant 119 pieds de hauteur. Cependant, les chartreux décidèrent, au milieu des années 1680, de construire une nouvelle église à l’emplacement de l’ancienne.

La vente en 1684 d’un retable d’autel à la fabrique de l’église de Pluvigner marque sans doute le début de la construction de cette nouvelle église.

Le plan très simple à nef unique et abside semi-circulaire est un choix très répandu chez les chartreux.

Cette nef rectangulaire était divisée en deux parties égales, l’une pour les frères, l’autre pour les pères.

Le côté nord contenait sept autels qui ont disparu, probablement lors de la construction de la chapelle des Martyrs en 1826.

La façade en pierre blanche se développe sur deux niveaux.

Elle est percée d'une porte rectangulaire au centre, surmontée d’un fronton triangulaire à modillons.

De chaque côté, s’élèvent deux rangées de pilastres colossaux doriques.

L’ensemble du premier niveau, comme souvent, est monté sur un soubassement élevé en granit.

Le niveau supérieur s’appuie sur un entablement à triglyphes surmonté d’une corniche largement débordante.

Il se compose d’une fenêtre en arc en plein cintre (qui a été murée), surmontée d’un fronton hémicirculaire au centre, d’un ordonnancement composé de deux colonnes à chapiteaux ioniques de part et d’autre, de deux consoles à enroulement en volute de même grandeur à chaque extrémité.

L’ensemble est coiffé d’un entablement nu et d’un fronton triangulaire à modillons.

On retrouve sur la façade de l’église des jésuites à Vannes et plus encore dans celle des cisterciens de l’abbaye de Prières, ce décor très linéaire et plat formé par la modénature des corniches, des bandeaux d’étages et des tables (hormis les colonnes et les chapiteaux ioniques du second niveau en plein relief).

Cette sobriété tranche quelque peu avec le décor abondant de la chapelle des ursulines de Vannes, réalisée dans les mêmes années, entre 1688-1690.
Celle-ci avec un volume comparable à celui de la chartreuse affecte un décor d’angelots, de corne d’abondance et de guirlandes.

Ces deux chantiers importants situés à quelques lieues l’un de l’autre ne pouvaient s’ignorer.

Le chroniqueur anonyme en donne la description suivante : L’église est relevée par un frontispice de pierre de taille de divers ordres d’architecture, lequel sans être trop recherché, ni délicat n’est pas indifférent.

Cette église dans le projet initial devait posséder une voûte en tuffeau. Selon le chroniqueur du manuscrit de Solesmes, les architectes, par ignorance ou par fraude, n’avaient pas donné une épaisseur suffisante aux murs.

Arrivés à la moitié du travail, par crainte de voir s’écrouler les murs sous le poids de la voûte, les Chartreux décidèrent de tout démolir et de la remplacer par une voûte en lambris en berceau.

Achevée vers 1690, elle fut consacrée par François d’Argouges, évêque du diocèse de Vannes le 3 novembre 1693.

Devant la façade fut disposée une statue de Saint Michel de grandeur humaine en tuffeau, tenant le diable enchaîné à ses pieds.

Celle-ci fut réalisée par Jean Girouard (1657-1720), dont la présence est signalée à la Chartreuse le 26 novembre 1695.

Le baldaquin de l’église Le baldaquin, bien qu’il ait disparu, mérite une attention particulière, car c’est un élément inusité et donc rare dans les églises de Bretagne.

C’était au contraire un ornement assez répandu chez les chartreux au XVIIIe siècle.

Selon Augustin Devaux, les chartreuses de Bosserville, de Sélignac et de Noyon possédaient pareillement des autels à baldaquins.

Il existe dans l’église de l’ancienne Chartreuse de Lyon un exemple assez semblable à celui d’Auray.

Mais nous ignorons de quel exemple s’est inspiré l’architecte Gervais Denis qui a dessiné celui-ci.

Le 13 septembre 1751, les chartreux passèrent marché avec des marbriers de Laval pour la livraison de quatre colonnes de marbre de Mouron, d’ordre corinthien, avec des piédestaux ornés de filets de marbre blanc d’Italie, suivant le modèle du sieur Gervais Denis, sculpteur de Nantes.

Ces colonnes furent livrées à Auray en 1752.

On les dressa ensuite sur un stylobate en hémicycle et l’ensemble fut coiffé d’un entablement complet couronné par des arêtes à jour entourées de feuillages en bois doré.

L’ingénieur L’Oréal publia dans la gazette nationale du 17 mars 1792 l’invention d’une machine qui a servi à enlever les quatre colonnes et le baldaquin de l’église, pour les tenir suspendus pendant la réfection des piédestaux en maçonnerie.

Au début du XVIIIe siècle, d’après un acte de 1726, la Chartreuse se composait comme suit : l’église, le Chapitre, deux cloîtres dont le plus grand renfermait 23 cellules, le réfectoire, la cuisine, des bâtiments pour les hôtes, les étables et écuries, des jardins et une chapelle à la porte d’entrée où se disaient les messes.

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