Achille Liénart

Achille Liénart


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Achille Liénart, né le 7 février 1884 à Lille et mort le 15 février 1973, communément désigné sous le titre cardinal Liénart, a été évêque de Lille pendant quarante ans. Une telle longévité est assez rare dans l'histoire de l'Église.

Son soutien au syndicalisme chrétien lui valut le qualificatif de cardinal rouge qui ne recouvre pas cependant la totalité de son action qui s'étendait à tous les milieux.

Curé de la paroisse Saint-Christophe de Tourcoing jusqu'en 1928, il devint à 44 ans le plus jeune évêque de France.

Il fut créé cardinal moins de deux ans plus tard par Pie XI à un moment où celui-ci souhaitait renouveler profondément l'épiscopat français.

Le cardinal Liénart accorda, dans la ligne de ce pontificat, une priorité au développement de l'Action catholique, particulièrement de l'Action catholique spécialisée, moyen privilégié de l'évangélisation dans le diocèse de Lille.

Novateur, il fut l'un des plus ardents partisans du concile de Vatican II et l'un des plus importants parmi les évêques libéraux qui souhaitaient un assouplissement de la discipline, de la liturgie et de la théologie.

Éducation et famille

Achille Gustave Louis Joseph Liénart est issu d'une famille appartenant à la moyenne bourgeoisie lilloise.

Il est le deuxième d'une famille de quatre enfants : Anna, Marie-Thérèse et Maurice.

Son père, Achille Philippe Hyacinthe Liénart (décédé en 1911) est négociant en toile, et sa mère, née Louise Delesalle, élève ses enfants.

Leur train de vie n'est pas important et la famille est très unie.

Quand il prendra ses fonctions d'évêque en 1928, il installera sa mère dans un appartement à l'évêché jusqu'à sa mort en 1932.

En 1891, il entre au collège jésuite Saint-Joseph, situé depuis 1876 rue de Solférino à Lille, où il obtient en 1901 son baccalauréat de philosophie.

Sa vocation apparaît tôt: dès sa sortie du collège, il sait qu'il sera prêtre et entre au séminaire d'Issy-les-Moulineaux, près de Paris.

Il effectue son service militaire, qui durait trois ans, en octobre 1903 au 43e RI à la Citadelle de Lille.

Puis il reprend ses études ecclésiastiques au séminaire Saint-Sulpice à Paris.

Comme on le destine à l'enseignement religieux supérieur, il fréquente également l'institut catholique de Paris.

Ordonné prêtre le 29 juin 1907 il se spécialise en Écritures saintes à l'institut biblique de Rome dont, en 1909, il est parmi les premiers étudiants. Puis il enseigne au séminaire de Saint-Saulve.

Il est le grand-oncle de l'écrivain Élisabeth Bourgois.

Première Guerre mondiale

Au début du conflit, bien qu'ayant été réformé RD2 en 1907, il signe un engagement le 7 août 1914 et devient l'aumônier volontaire de l'ambulance 3 de la 51e division de réserve qui est envoyée dans les Ardennes pour soutenir les 1er et 10e corps d'armée à Dinant.

Il participe, toujours avec la 51e division, à la bataille de la Meuse en août 1914 et à la bataille de la Marne en septembre 1914.

Le 23 mars 1915, il est nommé à la division d'infanterie du 3e corps d'armée, puis il devient l'aumônier du 201e RI de 1915 à 1919 qui est un régiment du Nord.

Dans les tranchées, il va au secours des blessés et des mourants.

Il sera blessé deux fois : une fois à la cuisse le 23 juillet 1916, et à la nuque le 21 août 1916 pendant la campagne de la Somme.

À la fin du conflit, il est démobilisé en mars 1919.

Il devient enseignant au Grand Séminaire de Lille et s'intéresse de près aux questions sociales.

Évêque de Lille

En 1926, il est nommé curé doyen de l'église Saint-Christophe de Tourcoing et le 6 octobre 1928, évêque de Lille à seulement 44 ans.

Tout juste nommé, il se pose en médiateur lors de la grande grève d'Halluin, qui dura de septembre 1928 à avril 1929.

Le cardinal Liénart est l'un des six cardinaux français à participer au conclave de 1939 qui élit Pie XII.

Seconde Guerre mondiale


Le 31 mai 1940, la poche de Lille tombe : Lille est occupée. La région Nord-Pas-de-Calais est sous l'autorité de l'Ober Feld Kommandatur ou OFK 670 et de son gouverneur Felzman.

Le 5 juin 1940, le cardinal Liénart obtient de Felzman des laissez-passer pour lui ainsi que pour ses collaborateurs afin de pouvoir se déplacer librement en zone « occupée » (le Nord-Pas-de-Calais faisant partie de la zone interdite) et de réorganiser le diocèse de Lille. Le 22 juin 1940, jour de la signature de la convention d'armistice franco-allemande dans la clairière de Rethondes, il est convoqué par Rüdiger, le Regierungspräsident pour le Nord-Pas-de-Calais. Le cardinal s'y présente accompagné de Mgr Lotthe. L'entretien est courtois, le but du cardinal est avant tout de « préserver les conditions pastorales sous l'occupation ».

À l'instar de la hiérarchie catholique, le cardinal Liénart prône le loyalisme vis-à-vis du gouvernement de Vichy.

Le cardinal était à Vichy aux côtés du maréchal Pétain, en avril 1942, lors du renvoi de l'amiral Darlan par les Allemands.

Il déclare dans le Journal de Roubaix daté du 17 avril 1942, « Pétain est l'homme autour duquel tous doivent se tenir ».

Le maréchal Pétain reste silencieux lors des rafles de juifs.

Sa position ne se nuance qu'en 1943 à propos du STO.

À la suite des événements de la nuit du 1er au 2 avril 1944 lors du massacre d'Ascq, le cardinal Liénart écrit une lettre de protestation au général von Falkenhausen transmise par l'intermédiaire du général-lieutenant Bertram qui le convoque le soir-même à l'OFK.

Les services secrets allemands, arrivés sur place l'autoriseront à célébrer, lui-même, les funérailles des victimes du massacre le 5 avril 1944.

Prélat de la mission de France

 
Écartelé : au premier d'azur à la Vierge de la Treille d'argent, au deuxième et troisième de gueules au pont d'argent à trois arches qui est de Pontigny, au quatrième d'azur au livre des Saints Évangiles d'argent chargé de l'alpha et l'oméga de sable. À la croix de sable chargée en cœur du Sacré Cœur d'or, rayonnant, blessé et enflammé de même, brochant sur les partitions. Accompagné de la devise MILES CHRISTI JESU.


En 1954, le cardinal Liénart accède aux fonctions de prélat de la mission de France.

Il ajoute à son blason, qui comportait une représentation Notre-Dame de la Treille (vénérée à Lille depuis le XIIIe siècle) le symbole du pont à trois arches de Pontigny où est situé le siège de la mission de France.

Vatican II

Article détaillé : Vatican II.

Lors de la première session de travail du IIe concile œcuménique du Vatican, le cardinal Liénart déclencha un coup de théâtre : alors que l'ordre du jour prévoyait un passage direct au vote des textes des commissions préparatoires, il prit la parole, avec le cardinal Frings, pour demander un débat préalable.

Le changement de procédure proposé fut immédiatement accepté par Jean XXIII.

À une immense majorité, les évêques décidèrent alors par un vote de ne pas procéder ainsi que l'avaient prévu les commissions préparatoires, mais de d'abord délibérer entre eux, par groupes nationaux et régionaux, ainsi que dans des réunions plus informelles.

Hommages

Décorations principales

  • 6 citations
  • Croix de guerre 1914-1918 : palme ajoutée à la croix de guerre à l'étoile de Verdun
  • Chevalier de la Légion d'honneur : le 13 août 1917 remise par Philippe Pétain
  • Officier de la Légion d'honneur reçue en 1934 et attribuée en 1936
  • Grand officier de la Légion d'honneur, le 23 janvier 1962, remise par le président Charles de Gaulle
  • Grand-croix de la Légion d'honneur, remise par le président Georges Pompidou

Art

  • Cardinal Liénart, statue en bronze de Jean Roulland (1986), Lille, France
  • Statue du Christ, statue rendant hommage au passage du cardinal dans la commune, Cysoing, France
  • Une sculpture du portail sud de la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille représente saint Achille sous les traits du cardinal Liénart.

Lieux

  • École Cardinal-Liénart, Villeneuve-d'Ascq
  • Collège Cardinal-Liénart, Tourcoing

 Parcours ecclésiastique

  • 1907 : Ordination le 29 juin 1907
  • 1915-1919 : aumônier militaire du 201e RI
  • 1926-1928 : curé-doyen de l'église Saint-Christophe de Tourcoing
  • 1928-1968 : évêque de Lille
  • 1930 : cardinal du titre de Saint-Sixte
  • 1954-1965 : prélat de la mission de France
  • 1962 : membre du conseil de présidence du IIe concile du Vatican
  • 1973 : mort après un cardinalat de 42 ans et 229 jours
Source :

Achille Liénart


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