Saint Justin († 165)




Saint Justin
Philosophe et martyr († 165)

Saint Justin. Philosophe et martyr († 165)



Justin de Naplouse ou Justin de Néapolis, né à Flavia Neapolis (actuelle Naplouse en Cisjordanie) vers le début du IIe siècle et mort (exécuté) à Rome vers 165, est un apologète et philosophe chrétien, auteur d'une œuvre rédigée en langue grecque, en grande partie perdue, à l'exception de deux Apologies et d'un Dialogue avec Tryphon, considérés comme des premiers jalons dans la séparation entre le christianisme et le judaïsme.

Condamné pour avoir refusé de participer au culte d'idoles il est exécuté par décapitation vers 165.

Il est ainsi également connu comme Justin Martyr, ou encore Justin le Philosophe (premier philosophe chrétien), et est vénéré comme saint et martyr par les chrétiens, il est fêté le 1er juin.

Biographie


image illustrative de l’article Justin de Naplouse
Justin, Les Vrais Pourtraits et Vies Hommes Illustres, 1584


Formation classique

La biographie de Justin est mal connue, basée sur une documentation fragmentaire qui « [laisse] subsister bien des zones d'ombre autour de sa personne et de ses activités ».

Il est né à Flavia Neapolis, actuelle Naplouse, dans la province de Syrie-Palestine, dans la dernière décennie du Ier ou la première du IIe siècle.

Il descend probablement de colons d'origine grecque et latine, installés dans la « ville nouvelle » que Vespasien a fondée au lendemain de la Grande révolte juive (66-70).

De naissance libre, il est vraisemblablement citoyen romain et sa famille est de religion polythéiste.

Non circoncis, il déclare appartenir à « la race » (en grec ancien γένος, genos) des samaritains, mais il semble n'avoir pratiqué ni l'hébreu, ni l'araméen et ne témoigne d'aucune connaissance particulière de la religion samaritaine.

En revanche, il est informé de certaines interprétations rabbiniques, d'une partie des croyances juives et connaît l'existence de « chrétiens d'origine juive » qu'il appelle « juifs croyants ».

Par ailleurs, sans qu'il le mentionne jamais explicitement, il s'assimile à la culture hellénique dont il a étudié la philosophie et a cru aux divinités.

Après avoir reçu une formation à dominante littéraire, classique à l'époque, il suit un enseignement philosophique de niveau supérieur qui lui permet « de dialoguer efficacement avec l'élite intellectuelle de son temps ».

Il étudie notamment la philosophie auprès de plusieurs professeurs. Dans le Dialogue avec Tryphon, il évoque, les méandres de son cheminement et « les faiblesses de ses professeurs : la suffisance du stoïcien, l'âpreté au gain du péripatéticien, les prétentions encyclopédiques du pythagoricien ».

Il rencontre enfin un platonicien des plus éminents auprès duquel il pense « immédiatement accéder à la vision de Dieu, car tel est le but de la philosophie de Platon ».

C'est au terme de ce parcours éclectique — assez habituel à l'époque — et impressionné par le courage des chrétiens devant la mort qu'il en arrive au christianisme.

Cette conversion semble se situer avant ou à l'époque de la révolte de Bar Kokhba (132-135), en Palestine ou dans la province romaine d'Asie.

Si l'on en croit Eusèbe de Césarée, c'est à Éphèse qu'il se serait converti vers l'an 150 et où il aurait eu la controverse dont il tira le Dialogue avec Tryphon.

Il a été émis l'hypothèse que le rabbin avec qui il aurait eu cette controverse était Rabbi Tarfon.

Après sa conversion, il ne renonce pas pour autant à la philosophie mais cherche, au contraire, à prouver que les philosophes grecs l'ont conduit au Christ.

 

Chrétien à Rome

« Prêchant la parole de Dieu et combattant dans ses ouvrages pour la défense de la foi », Justin voyage beaucoup avant de s'installer à Rome lors de son second passage dans cette ville, peut-être à l'époque d'Antonin le Pieux, où il ouvre une école de philosophie et y enseigne la doctrine des chrétiens, insistant toujours sur les fondements rationnels de celle-ci.

Cette approche assez neuve suscite de nombreuses controverses avec ses confrères comme avec des philosophes, notamment Crescence le Cynique (en) avec lequel Justin entretient des controverses publiques et qui l'aurait dénoncé auprès des autorités pour la propagation de doctrines déviantes.

Il est également possible que Justin ait contrevenu aux « ordonnances impies sur l’idolâtrie » qui prescrivaient aux sujets de l'empire de sacrifier aux dieux.

En tout état de cause, il est mis en accusation devant les autorités.

En réfléchissant sur la vie de cet apologiste, on se rend compte que ce philosophe a été la proie de maîtres qui revendiquaient le même titre. Il a été en butte aux attaques du cynique Crescens, interrogé froidement par le stoïcien Junius Rusticus (préfet de la Ville de 162 à 168) sous le règne de l’empereur-philosophe Marc-Aurèle. La solidarité philosophique faisait presque un devoir au préfet et à son impérial disciple de condamner l’adversaire de leur collègue (Crescens). Il est intéressant d’approfondir les rapports “amoureux” de ce chrétien avec la philosophie: il l’aima, mais elle finit par le tromper en l’éliminant.

À Rome, c'est le préfet de la Ville qui est chargé tant de l'application de la loi que du maintien de l'ordre et c'est à l'époque le philosophe stoïcien Junius Rusticus, maître et ami de l'empereur Marc Aurèle, qui exerce cette fonction.

Suivant la tradition, Justin subit le martyre — fouet et décapitation — avec six de ses compagnons vers 165.

Son disciple Tatien le Syrien, originaire de l'Adiabène, est ultérieurement l'auteur d'un Diatessaron, une harmonisation des quatre évangiles qui sera diffusée dans les Églises de langue syriaque jusqu'au Ve siècle.

 

L'eucharistie à Rome au IIe siècle

La description de la célébration eucharistique par Justin est l'une des plus anciennes que l'on possède en dehors des textes des évangiles canoniques.

Elle est tirée de sa première Apologie adressée à l'empereur Antonin le pieux et écrite vers 165.

Elle est légèrement différente de ce que Pline le Jeune rapportait pour les chrétiens de Bythinie vers 115.

En particulier, ceux-ci priaient en direction du soleil comme s'ils l'incitaient à se lever.

Justin, philosophe converti, décrit l'assemblée dominicale dans le chapitre 67 de son apologie, en tentant de convaincre ses correspondants que ce sont les adeptes du culte de Mithra, qualifiés de « mauvais démons », qui ont imité les rites chrétiens.

« ... après [la présentation du pain et d'une coupe d'eau, comme le font les adeptes de Mithra], désormais nous nous remémorons toujours ces choses entre nous ; ceux qui ont du bien viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous nous sommes toujours entre nous. Pour toute nourriture que nous prenons, nous bénissons le créateur de l'univers par son Fils Jésus-Christ et par l'Esprit saint. Au jour que l'on appelle « jour du Soleil », tous, qu'il demeure en ville ou à la campagne, se réunissent en un même lieu ; on lit les Mémoires des Apôtres ou les écrits des prophètes, aussi longtemps que c'est possible. Puis, quand le lecteur a fini, le président de l'assemblée prend la parole pour nous admonester et nous exhorter à imiter ces beaux enseignements. Ensuite, nous nous levons tous ensemble et nous adressons (à Dieu) des prières ; et, comme nous l'avons dit plus haut, lorsque nous avons achevé la prière, on apporte du pain, du vin, et de l'eau, et le président, pareillement, fait monter prières et actions de grâce, de son mieux, et le peuple exprime son accord en proclamant l'Amen. Puis on fait pour chacun la distribution et le partage de l'eucharistie ; on envoie leur part aux absents par l'intermédiaire des diacres. Ceux qui ont du bien et qui le veulent donnent librement ce qu'ils veulent, chacun selon son gré ; ce qui est recueilli est mis en réserve auprès du président. »


Doctrine

Justin ne s'est pas contenté de clamer l'innocence des chrétiens et de plaider la cause de ces « hommes de toute race, injustement haïs et persécutés ».


Approche platonicienne du christianisme

Dans l'introduction de son Dialogue, Justin ancre sa foi chrétienne dans une perspective platonicienne de la vérité, où le christianisme constitue l'aboutissement de la connaissance de l'être divin.

Mais cette connaissance ne peut pas tenir d'une contemplation passive : elle se découvre dans la pratique de la « justice ».

Dans son Apologie, Justin éclaire cette pratique liée à la foi en soulignant particulièrement cinq vertus propres au christianisme : l'amour des ennemis, la patience, la chasteté, le respect de la vérité, et le courage face à la mort.

Le caractère indissoluble qui rattache l'expérience vécue de la Charité à la connaissance du divin constitue pour Justin la « marque » essentielle de sa religion.

Selon lui, la morale et l'amour dont témoignent les chrétiens dans leur mode de vie est la preuve que ceux-ci détiennent la « vérité ».

Leur doctrine serait l'accomplissement de la destinée philosophique, qui consiste pour Justin dans la « quête de Dieu ».

Pour Justin, Platon représente le « pont spirituel » par lequel l'intelligence peut accéder à la vérité des prophètes de l'Ancien Testament.

Il s'agit donc de voir en Dieu la plénitude de l'Être unique et suprême que la philosophie recherchait en termes de logos.

Toute l'histoire de l'esprit, toute l'entreprise de sa quête trouverait ainsi sa finalité dans le Christ, Logos incarné définitivement pour éclairer la conscience de l'homme (cf. prologue de l'évangile johannique).

Le Christ est lui-même la Raison divine, dont la création jaillit, et qui s'incarne pour enseigner la vérité aux hommes.

Après l'avoir défini comme le « législateur nouveau », voilà comment Justin explique sa crucifixion : les vrais philosophes sont toujours persécutés.

On voit donc dans quel étroit rapport à la vérité Justin insère la philosophie.

Dans sa perspective, l'objet de quête du philosophe est la vérité une et suprême, et la mission du philosophe est de servir cette vérité.

Ce service n'est pas sans impliquer une lutte avec le « monde » (au sens chrétien), puisque selon lui, le gouvernement romain persécute les chrétiens pour leur foi.

Voilà comment Justin exhorte les Romains dans sa « mission » :

« Ne vous laissez pas intimider par la force brutale des préjugés et de la superstition, ne cédez pas à la pression de la foule ignorante, ne rendez pas votre sentence poussée par une précipitation irraisonnable et influencée par de vieilles et méchantes calomnies ! Vous pouvez nous tuer, vous ne pouvez pas nous porter dommage. »

Justin consacre une grande partie de ses Apologies à réfuter les accusations portées contre les chrétiens.

Sa défense se place sur le plan doctrinal.

« D'une part il souligne les points communs qui font de la philosophie et du christianisme des alliés dans la lutte de la raison et de la vérité contre le polythéisme traditionnel ; d'autre part il s'attache à prouver que la doctrine chrétienne est supérieure à toutes les philosophies profanes. »


La succession apostolique

Daniel Boyarin lui attribue la théorie de la succession apostolique.

La constitution des Douze n’est pas théorie mais naît avec les évangiles, puis celle d’une succession aux Apôtres avec les lettres de Paul et les autres lettres apostoliques (Timothée, Tite).

La pratique épiscopale hiérarchique mise en place assez précocement et attestée déjà sous Ignace d’Antioche († entre 110 et 113), troisième évêque d’Antioche en cette ville où les chrétiens reçurent leur nom (cf. Ac 11, 26), trouve l’apogée de son institutionalisation lorsque Paul de Samosate (15e évêque d’Antioche) est condamné en 268 par le concile d’Antioche de 269 comme monarchianiste (pré-arien), et qu’il se voit déposé.

Mais, soutenu par la reine de Palmyre Zénobie, il fallut attendre 272 et l’intervention peu ordinaire de l’empereur romain Aurélien, un païen qui s’appuie sur la primauté pétrinienne – ce qui est légitime à Rome doit l’être aussi à Antioche –, pour qu’il soit réellement déposé et remplacé par l’évêque légitime Timée, 17e évêque d’Antioche, après Domnus. Le rôle de Justin († vers 165), simple philosophe, peut-être un prêtre catholique, n’entre guère dans ces données encore que celui-ci appuie par son témoignage l’adhésion précoce des chrétiens du IIe siècle à l’institution appelée plus tard la succession apostolique ce qui sera l’apanage d’Irénée de Lyon († vers 202).


Les deux venues du Christ

Selon Simon Claude Mimouni, Justin de Néapolis est le premier à distinguer de façon claire entre les deux venues du Christ sur la Terre, l'une en humilité et l'autre en gloire, et à affirmer que ces deux apparitions sont prédites toutes deux dans l’Écriture.


Justin et les Juifs

Dans son Dialogue avec Tryphon le Juif (133, 3), Justin révèle sa pensée sur les Juifs à Tryphon :

« mais maintenant encore, en vérité, votre main est levée pour le mal ; car, après avoir tué le Christ, vous n’en avez pas même le repentir ; vous nous haïssez, nous qui par lui croyons au Dieu et Père de l’univers, vous nous mettez à mort chaque fois que vous en obtenez le pouvoir ; sans cesse vous blasphémez contre lui et ses disciples. »

Cette citation permet de voir la vision de Justin sur les Juifs. Cette vision a quelque chose d'historique, car les premiers chrétiens furent souvent martyrisés ou maltraités dans la société romaine ; dans la société juive, en revanche, l'accusation de persécutions anti-chrétiennes semble gravement exagérée par la polémique antijuive.


Les reliques de St Justin et d'autres martyrs de l'Église primitive se trouvent dans l'autel latéral dédié à Sainte Anne et Saint Joachim à l'église des Jésuites à La Valette, Malte


Justin, mort martyr à Rome au IIe siècle, était philosophe.

Il raconte sa conversion au christianisme après la rencontre d'un personnage énigmatique avec lequel il échange ces propos :
Dieu et le philosophe
« ....
— La philosophie fait-elle le bonheur ?
— Oui, lui dis-je, elle seule.
— Qu’est-ce donc que la philosophie, reprit-il, et le bonheur qu'elle procure ? Dis-le moi, si c'est possible.
— La philosophie, répliquai-je, c'est la science de l'être et la connaissance du vrai ; et le bonheur, c'est le prix de cette science et de cette sagesse.
— Mais qu'appelles-tu donc Dieu ? dit-il.
— Ce qui est toujours identique en soi et qui donne l'être à tout le reste, voilà Dieu.
— Mais connaître Dieu et l'homme, est-ce la même chose que savoir la musique, l’arithmétique, l'astronomie ou quelque chose de semblable ?
— Pas du tout.
— C'est donc que tu ne m'as pas bien répondu, reprit-il. Celles-ci, nous les acquérons par l'étude ou quelque genre de travail, mais pour le reste, nous en avons la science par l'intuition. Si l'on venait te dire qu'il y a en Inde un animal qui ne ressemble à aucun autre, qu'il est de telle ou telle manière, qu'il est multiforme et multicolore, tu ne pourrais cependant le connaître avant de l'avoir vu et tu n'en pourrais même pas parler si tu n'avais entendu celui qui l'a vu.
— Non, certes, dis-je.
— Comment donc, reprit-il, les philosophes peuvent-ils avoir sur Dieu une idée juste et une parole vraie, alors qu'ils n'en ont pas la science, puisqu'ils ne l'ont ni vu, ni entendu ? La force de notre esprit est-elle d'une telle nature et si grande, qu'elle le rende aussi prompt à connaître que le sens ? Ou bien l'esprit de l'homme verra-t-il jamais Dieu sans être revêtu de l'Esprit Saint ? Pouvons-nous avec notre esprit saisir le divin et dès à présent trouver le bonheur ? »
— Justin de Rome. Dialogue avec Tryphon 3-4, trad. G. Archambault modifiée, dans Justin martyr. Œuvres complètes, Migne, Bibliothèque I, 1994, p. 103-105.

 

Œuvre

Iustini opera, 1636


Outre son martyre, dont le compte rendu du procès-verbal officiel de l'interrogatoire a été conservé, l'essentiel de ce qui est connu sur sa vie provient de ses propres écrits (Clavis Patrum Græcorum 1073-1089).

Auteur fécond, on lui attribue une dizaine d'ouvrages (apologies, controverses).

Justin est ainsi le premier dont il nous reste un exposé dans son ensemble de sa vision de la doctrine chrétienne et le rapport de la foi à la raison.

Son style confus, ses digressions et certaines incohérences en font un auteur difficile à suivre ; quoi qu'il en soit, son œuvre est majoritairement perdue ou connue par fragments ou citations.

On lui a aussi prêté l'écriture de livres apologétiques du même genre mais qui lui sont postérieurs.

Alain Le Boulluec lui attribue d'avoir inventé la notion d'« hérésie »
  • Œuvres conservées :
    • Grande apologie adressée à Antonin le Pieux et à ses fils adoptifs, au Sénat et au peuple romain (fourchette entre 153 et 161) ;
    • requête au Sénat dite « deuxième apologie » (composée après la Grande apologie et avant 161) ;
    • dialogue avec Tryphon (rédigé en Syro-Palestine, entre 150 et 155) ;
    • les fragments d'un traité « De la Résurrection », conservés par les Sacra parallela de Jean Damascène, lui sont attribués.
  • Mention de ses œuvres et courtes citations :
    • Irénée parle de son martyre et de Tatien en tant que son disciple (Haer. I., xxviii. 1). Il le cite à deux reprises (IV.,6,2, V.,26, 2), et est marqué par son influence ;
    • Tertullien en fait mention dans Adversus Valentinianos ;
    • tout comme Hippolyte de Rome et Méthode de Patare dans leurs écrits.
  • Eusèbe de Césarée dans son Histoire de l'Église en parle abondamment, cite en abrégé 2 Apologie, 3 (Histoire ecclésiastique, IV, 16,3-6) et mentionne les ouvrages suivants :
    • la Première Apologie des Chrétiens, adressée vers 150 à l'empereur Antonin le Pieux ;
    • une suite Seconde Apologie adressée au Sénat ou peut-être à Marc Aurèle et Lucius Verus vers 155, beaucoup plus courte ;
    • Livres contre toutes les hérésies (perdu) ;
    • le Discours aux Grecs (perdu), une discussion avec les philosophes sur la nature des dieux ;
    • Exhortation aux Grecs (perdu) ;
    • le traité Sur la Monarchie de Dieu où sont mêlées les références aux autorités païennes et chrétiennes ;
    • Le Psalmiste (perdu) ;
    • le traité Sur l'âme (perdu) ;
    • le Dialogue avec Tryphon, écrit vers 160, longue discussion avec un juif instruit ;
    • De la résurrection (Histoire ecclésiastique IV,18), des fragments dans Sacra parallela en proviendraient.
  • Enfin, Méliton en cite un court fragment.
Autres ouvrages perdus :
  • Explication sur l'Apocalypse ;
  • Contre Europhorias le Sophiste.

 

Écrits

Procès de Justin le philosophe, vers 1447-1450. Fra Angelico


Justin est mort plusieurs années après avoir écrit, vers 150, cette Apologie des chrétiens qui résonne comme un écho au discours de Paul de Tarse à Athènes.
Au dieu inconnu
« Chrétien, je prie et je déploie tous mes efforts afin d'être reconnu comme tel, je le confesse ; ce n'est pas que les enseignements de Platon soient étrangers à ceux du Christ, mais ils ne leur sont pas semblables sur tous les points, non plus que ceux des autres, stoïciens, ou poètes et prosateurs.
En effet, dans la mesure où chacun d'eux, en vertu de sa participation au Verbe divin disséminé en eux, a contemplé ce qui lui était apparenté, il en a parlé excellemment, mais le fait que d'aucuns se sont contredits eux-mêmes sur des points essentiels montre à l'évidence qu'ils ne possédaient ni une science infaillible ni une connaissance irréfutable.
C'est pourquoi ce qui a été dit excellemment par tous nous appartient, à nous chrétiens, car après Dieu nous adorons et nous aimons le Verbe, né du Dieu inengendré et ineffable, puisqu'il est devenu homme pour nous, afin de prendre part aussi à nos misères, pour nous en guérir. De fait, tous les écrivains pouvaient , grâce à la semence du Verbe implantée en eux, voir la réalité, d'une manière indistincte, car autre chose est la semence d'un être et sa ressemblance, accordées aux hommes à la mesure de leur capacité, autre chose cet être même, dont la participation et l'imitation se réalisent en vertu de la grâce qui vient de lui. »
— Justin de Rome. Apologie pour les chrétiens I, 67, trad. C. Munier, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 507, 2006, p. 361-365.



Saint Justin le Martyr, ou Saint Justin le Philosophe (ou encore Justin de Naplouse) est un apologiste et martyr chrétien du IIe siècle.

Né à Flavia Neapolis, (actuelle Naplouse, en Cisjordanie) entre 100 et 114, mort à Rome entre 162 et 168.

Il est fêté le 1er juin.

Justin naquit dans les premières années du IIeme siècle, en Palestine, à Flavia Neapolis, aujourd'hui Naplouse, l'ancienne Sichem, près de Samarie. 

Son père, Priscos, et son grand-père, Baccheios, étaient Grecs d'origine et païens. Lui-même fut élevé dans le paganisme.

Il fut en effet un vrai philosophe, de tendances et de goûts comme de profession et de costume ; un philosophe qui, d'abord païen, se convertit au christianisme, mais qui, après sa conversion et jusqu'à son martyre, resta philosophe.

Grand travailleur, d'esprit ouvert et curieux, le jeune Justin se passionna pour la philosophie.

Il raconte, dans le Dialogue avec Tryphon, comment il suivit successivement les leçons de plusieurs maîtres, appartenant aux écoles les plus diverses.

Il fut séduit surtout par l'enseignement des platoniciens ; mais, là encore, il ne trouvait pas toute la vérité qu'il cherchait.

Entre temps, il eut l'occasion d'assister à des scènes de martyre ; il fut très ému par ce spectacle et très frappé de l'héroïsme des chrétiens.

Un jour, il rencontra un vieillard, qui lui vanta et lui expliqua la religion du Christ.

Le jeune philosophe se mit à lire et à étudier les livres sacrés du christianisme, qui produisirent sur lui une grande impression.

Enfin, vers 130, étant à Éphèse, il se convertit. Il avait alors environ trente ans.

Devenu chrétien, et chrétien très ardent, il ne renonça pas pour cela à la philosophie, ni au costume et à la vie nomade des philosophes.

Il parcourut le monde, à la façon des sophistes de cette époque, prêchant sa foi, la doctrine du Christ, la présentant comme la seule conforme à la raison.

Il finit par arriver à Rome, où il fit un premier séjour, sur lequel nous sommes mal renseignés.

Il y revint un peu plus tard, et, cette fois, s'y fixa.

Là, quoique simple laïque, il avait groupé autour de lui comme une école de disciples volontaires.

Son enseignement ne fut pas du goût de tous ses "confrères" philosophes.

On lui chercha querelle à ce propos : il eut à soutenir de très vives polémiques, souvent d'un tour personnel, contre plusieurs philosophes, surtout contre Crescens le Cynique.

Apôtre batailleur, champion hardi du christianisme, auteur fécond, Justin avait composé une dizaine d'ouvrages : des livres de controverse, des apologies, un grand traité contre les hérétiques.

La plupart de ces ouvrages sont perdus, et connus seulement par quelques fragments ou par divers témoignages.

Crescens, à bout d'arguments, l'avait plus d'une fois menacé de le dénoncer comme chrétien.

Justin lui-même déclare, dans sa seconde Apologie, qu'il s'attend à ce dénouement de leurs polémiques.

On a supposé que Crescens avait tenu parole ; mais nous n'en avons pas la preuve.

Les Actes du martyre qui relatent sa mort (et sont considérés comme authentiques) disent seulement que, pendant une persécution, on arrêta Justin avec six autres chrétiens sous la préfecture de Junius Rusticus, c'est-à-dire entre 163 et 167.

La mémoire de St Justin et de ses compagnons de martyre (Chariton, Kharitô, Evelpiste, Hiérax, Péon et Valérien) est fêtée le 1er juin.

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