Yvon Nicolazic
Vitrail à la maison d'Yvon Nicolazic
à Sainte-Anne-d'Auray, Morbihan
Par Octave 444 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=108464063
Yvon Nicolazic (3 avril 1591 - 13 mai 1645) est un paysan breton qui a témoigné avoir bénéficié d'apparitions de sainte Anne, la mère de la Vierge Marie, et qui après avoir déterré une statue oubliée la représentant dans le champ dit du Bocenno est à l'origine du lieu de pèlerinage et de l'édification de la basilique de Sainte-Anne-d'Auray.
Jusqu'à présent, ces apparitions de sainte Anne sont les seules connues au monde.
Son histoire et celle de ses apparitions sont relatées dans la « déclaration qu'il fit lui-même devant Messire Jacques Bullion le 12 mars 1625 » au presbytère de Pluneret. Toutefois cela ne leur confère pas un caractère d'authenticité.
Biographie
Maison d'Yvon Nicolazic restaurée à Sainte-Anne-d'Auray
Par chisloup, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56151338
Yvon Nicolazic est né à Pluneret, dans le diocèse de Vannes, le 3 avril 1591.
En ce début de XVIIe siècle, Nicolazic est un paysan du Broërec - le Vannetais - qui ne parle que le breton et ne sait ni lire ni écrire.
C'est cependant un agriculteur capable, aisé, de bon conseil. Mais c'est aussi un homme de vie spirituelle simple et profonde. Priant, aidant les autres, charitable.
Il faut noter que Nicolazic et sa femme Guillemette Leroux - ils n'ont pas d'enfants encore – habitaient le village de Ker Anna, « village d'Anne » en breton, et leur champ du Bocenno selon une ancienne tradition aurait autrefois contenu une chapelle dédiée à sainte Anne.
On avait des difficultés à travailler ce champ où les bœufs ne pouvaient entrer avec la charrue.
Le père de Nicolazic en avait, quinze ans plus tôt, retiré certaines pierres de granit taillées, pour construire une grange.
Les visions et apparitions miraculeuses
Les visions et apparitions miraculeuses de sainte Anne à Nicolazic apparaissent à une époque où l'évêché de Vannes est marqué par un renouveau religieux impulsé par la Contre-Réforme et par les visions mystiques d'autres laïques comme Pierre Le Gouvello de Keriolet ou Armelle Nicolas.
Au commencement d'août 1623 donc, au soir d'une journée de travail, et alors qu'il pensait spécialement à sainte Anne « sa bonne patronne », une lumière très vive éclaira la chambre de Nicolazic et une main apparut tenant dans la nuit un flambeau de cire. À plusieurs reprises, Nicolazic, par la suite, se verra reconduit la nuit, au long des chemins creux, par un flambeau qui le précède.
Un soir avec son beau-frère, ils verront une Dame blanche avec un cierge à la main au fameux champ du Bocenno.
Une autre fois, c’est une pluie d'étoiles qui tombe dans le champ.
Mais tous ces événements se déroulent paisiblement, lentement. Et Nicolazic qui s'interroge ne change rien à sa vie, sinon prier encore plus.
Drame breton écrit par l'abbé Le Bayon : Nicolazic raconte au recteur de Pluneret les apparitions de sainte Anne
Le 25 juillet 1624, veille de la Sainte-Anne, la Dame apparaît à nouveau le soir sur le chemin, lui dit des paroles pour le rassurer et le conduit chez lui, un flambeau à la main.
Nicolazic cependant ne peut rester avec les siens. S'interrogeant sur ces événements, il s'en va prier dans sa grange. C'est alors qu'il entend sur le chemin « le bruit d'une grande multitude en marche ». Mais il n'y a personne sur le chemin.
Puis dans la clarté, la Dame mystérieuse apparaît et voici qu'elle lui parle : « Yvon Nicolazic, ne craignez pas. Je suis Anne, mère de Marie. Dites à votre recteur que dans la pièce de terre appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, avant même qu'il y eût aucun village, une chapelle dédiée en mon nom. C'était la première de tout le pays. Il y a 924 ans et 6 mois qu'elle est ruinée. Je désire qu'elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin parce que Dieu veut que j'y sois honorée ».
Nicolazic, disent les historiens, s'endormit tranquille : le mystère s'éclairait et les choses prenaient leur juste place, au ciel comme sur la terre.
Pourtant, il allait falloir encore un an avant la première messe de sainte Anne au Bocenno.
Les prêtres à l'époque n'étaient pas plus prompts qu'aujourd'hui à croire aux apparitions. Et n'était-ce pas le plan de Dieu d'augmenter le dossier de faits concrets pour donner à la chapelle de sainte Anne le caractère le plus authentique en même temps que merveilleux ?
Le recteur réprimandait donc sévèrement le bon Yvon Nicolazic. Mais deux chrétiens laïcs l'encouragèrent, MM. de Kermedio et de Kerloguen : ce dernier, propriétaire foncier du champ du Bocenno promet de le donner pour la chapelle, et il lui conseille de prendre des témoins des faits merveilleux.
Découverte de la statue de sainte Anne par Yvon Nicolazic, vitrail de la chapelle des Carmes de Rennes
Quand dans la nuit du 7 au 8 mars 1625, sainte Anne apparaît une nouvelle fois, elle recommande à Yvon de prendre son beau-frère Leroux et ses voisins avec lui : « Menez-les avec vous au lieu où ce flambeau vous conduira, vous trouverez l'image (la statue) qui vous mettra à couvert du monde, lequel connaîtra enfin la vérité de ce que je vous ai promis ». Un cierge mystérieux (ou selon une autre version un flambeau) les conduisit jusqu'à son champ du Bocenno avant de s'enfoncer sous terre.
Quelques moments plus tard, les paysans déterraient au pied du flambeau une vieille statue de bois d'olivier rongée, avec cependant encore des traces de blanc et d'azur. Une hypothèse prétend que la statue soit celle de la déesse romaine Bona Dea allaitant deux enfants discrètement re-sculptée et repeinte par les moines capucins d'Auray pour en faire l'image de sainte Anne trinitaire tenant sur ses genoux la Vierge et l'Enfant Jésus.
Cependant, elle est invérifiable puisque la statue a disparu durant la Révolution française.
Malgré les réserves du curé qui finit par faire amende honorable à la suite d'une enquête du diocèse affirmant l'authenticité de la statue, le culte de sainte Anne se développa sur le site de la découverte et une chapelle y fut construite. La première messe officielle fut célébrée, par décision de l'évêque de Vannes Sébastien de Rosmadec, le 26 juillet 1625.
Le paysan bâtisseur
À partir de ce jour, Yvon Nicolazic devient bâtisseur. Il dirige les travaux, conduit les charrois volontaires de pierre ou d'ardoise, les abattages de bois, paie les entrepreneurs, et tout cela avec sagesse et probité, lui qui ne sait ni lire, ni écrire, ni parler autre chose que le breton. La chapelle construite, il s'efface, quitte le village de Keranna pour laisser toute la place à sainte Anne et aux pèlerins innombrables.
Il est mort à Sainte-Anne-d'Auray le 13 mai 1645.
Postérité
Le lieu a pris le nom de Sainte-Anne-d'Auray, et le pardon qui s'y déroule chaque année est le plus important de Bretagne.
Plaque sur la façade de la basilique de Sainte-Anne d'Auray
La relique de Saint Jean-Paul II dans la basilique de Sainte-Anne d'Auray
Le 20 septembre 1996, le pape Jean-Paul II est venu la prier dans son sanctuaire breton, et avec lui 150 000 pèlerins
Yves Nicolazic est un sujet de polémique. Il a été un temps le champ clos de certains affrontements entre les pour et les contre. Il s'en ressent et même si les pour ont fait preuve de plus de persévérance, on retrouve ici ou là, certaines réserves.
Son fils Sylvestre est prêtre à Pluneret. Officiant de plusieurs baptêmes, il cosigne plusieurs actes à partir de 1649, sa signature est normale jusqu'au 19 janvier 1653, sur l'acte de baptême de Françoise N dont il est l'officiant sa signature comporte en abrégé la mention prêtre indigne ; alors que sur la même page les actes précédents portent une signature normale. Le 19 février la mention est beaucoup plus nette : Désormais tous les actes qu'il signera porteront cette mention. Il meurt a 31 ans en 1659, le dernier acte de baptême qu'il signe le 27 novembre 1658 comporte toujours cette mention.
La question reste posée sur la cause de cette indignité. Tout laisse à croire qu'a l'issue de la confession d'un des participants de la nuit du 7 au 8 mars, Sylvestre a eu la certitude de la supercherie de son père, d'où cette mention persistante sur tous les actes qu' il signera jusqu'à son décès.
Le récit du miracle est assez extravagant, aussi dans un premier temps, les prêtres locaux, pourtant ses proches, mettent en doute la véracité du récit de Yves Nicolazic. Ce n'est que sur une intervention de l'évêque de Vannes que la réalité du miracle est reconnue par l'Église. Après les guerres de religion, la hiérarchie de l'église, dans le contexte de la reconstruction catholique, consière les miracles comme un moyen de réaffirmer le dogme. L'intervention de l'évêque s'inscrit dans ce contexte de refondation.
Contrairement a son hagiographie, Yves Nicolazic n'était pas un riche paysan Breton, il n'était d'ailleurs pas l'aîné de sa lignée qui était la branche cadette des Nicolazic. C'est à l'issue de la construction de la première église de Saint Anne d'Auray dont Saint Anne l'aurait chargée et qu'il a conduite que remonte son aisance matérielle.
Cause de béatification
La cause de béatification fut remise à l'étude à la suite du pèlerinage effectué par le pape Jean-Paul II à son sanctuaire, le 20 septembre 1996 ; Une ébauche avait déjà été préparée de 1935 à 1937, aussi un dossier définitif est officiellement déposé au Vatican, à la fin de l'année 2000. A la demande de Mgr François-Mathurin Gourvès, un dossier de béatification d'Yvon Nicolazic est ouvert à l'évêché de Vannes depuis septembre 1997.
Mgr Joseph Mahuas, né le 2 janvier 1922 à Grand-Champ, ordonné prêtre à Grand-Champ le 2 juillet 1947, décédé à Vannes le 23 décembre 2011, Prélat de Sa Sainteté, doyen du chapitre cathédral de Vannes et en 1992, doyen du chapitre et membre du Conseil épiscopal, responsable du temporel diocésain, avait été nommé postulateur de la cause d'Yvon Nicolazic.
On ne peut que constater que ce dossier n'a jamais abouti, en dépit de la venue à Auray du Pape Jean Paul II en 1996 et que donc la papauté doit détenir des éléments d'informations qui y font obstacle. Il est en effet vraisemblable que Sylvestre se soit ouvert auprès de sa hiérarchie de la cause de son indignité.
Iconographie
Avant la guerre de 1939-1945, les Seiz Breur ont réalisé une série de gravures des saints bretons, ou de personnalités religieuses. Xavier de Langlais a gravé en 1948 une représentation de Nikolazic (sic), signée Langleiz.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yvon_Nicolazic
Yves Nicolazic (Église Saint Pierre à Arradon)
Histoire
Moyen-Âge
Une chapelle fut édifiée en un lieu qui fut nommé "Keranna" lors de l'immigration bretonne en Armorique ; elle fut détruite par les Normands au VIIIe siècle ou au IXe siècle.
Au fil des siècles les paysans de l'endroit, aidés en cela par la toponymie du lieu-dit, auraient gardé le souvenir de la dévotion de leurs ancêtres à cet endroit, ce que confirma les dépositions faites par Yvon Nicolazic en 1625.
Temps modernes
Les apparitions
Carte de Cassini de la région de Sainte-Anne-d'Auray et, à l'ouest du hameau, des marais avoisinants (datant de 1789)
Au XVIIe siècle, comme aux siècles antérieurs, Keranna (Ker-Anna, le village de Sainte Anne en breton) est un simple hameau de la paroisse de Pluneret. « Le Ker-Anna du XVIIe siècle, c'est un hameau de six fermes, sept feux, trente ou quarante âmes ; des bâtiments de granit, coiffés de chaume, une fontaine, des champs d'avoine et de blé noir, un marécage. Il faut aller chercher la messe à trois quarts de lieue, sur le chemin d'Auray, au bourg de Pluneret. Parmi les champs de Ker-Anna, il y en a un qu'on appelle le Bocenno où quelques pierres enfouies, émergeant par endroits et gênant le travail du soc, accréditent la tradition qu'il y avait eu là, dans les temps anciens, une chapelle dédiée à sainte Anne ». Sainte Anne est traditionnellement très vénérée en Bretagne car selon une vieille légende, venant de Palestine, elle aurait abordé dans les dunes du fond de la Baie de Douarnenez, à Sainte-Anne-la-Palud, raison pour laquelle elle est devenue par la suite la sainte patronne des Bretons.
Les premières apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, paysan qui ne savait ni lire ni écrire, datent de l'été 1623, mais l'apparition principale est celle de la nuit du 25 au 26 juillet 1624 où sainte Anne lui aurait déclaré : « Je suis Anne, mère de Marie. Il y avait autrefois une chapelle qui est tombée en ruine (...). Je te demande de la rebâtir et d'en prendre soin (...). Dieu veut que je sois honorée ici (...) ».
Dans la nuit du 7 au 8 mai 1625, accompagné de son beau-frère et de voisins, Yvon Nicolazic se rend à nouveau dans le champ du Bocenno, où avaient lieu les apparitions (et qui était le site de l'ancienne chapelle disparue) et y déterre une vieille statue à moitié pourrie en bois d'olivier (une hypothèse prétend que la statue soit celle de la déesse romaine Bona Dea allaitant deux enfants discrètement re-sculptée et repeinte par les moines capucins d'Auray pour en faire l'image de sainte Anne trinitaire tenant sur ses genoux la Vierge et l'Enfant Jésus ; ceci reste invérifiable, la statue ayant disparu pendant la Révolution française.
La nouvelle de cette découverte devint publique. « La populace, dévote et curieuse, vint y faire ses prières et y répandre ses offrandes (...). On vit des pèlerins y accourir en (...) grand nombre ».
Le recteur de Pluneret, jusque-là réticent et méfiant, finit par se laisser convaincre, de même que l'évêque de Vannes, Sébastien de Rosmadec, qui interrogea Yvon Nicolazic en mai 1625.
La première chapelle est bénie le 4 juillet 1628.
Les débuts du pèlerinage
Le sanctuaire et la basilique
Par Bruno Corpet (Quoique) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7890209
Depuis, l'histoire de Sainte-Anne d'Auray est très liée à la religion catholique. À la mort d'Yvon Nicolazic en 1645, le pèlerinage, organisé par des religieux Carmes installés dans le village depuis 1633 à la demande de Sébastien de Rosmadec est déjà très fréquenté.
Selon Ogée, « la maison des religieux est très grande et très commode, mais sans magnificence. L'enclos et les jardins très vastes, parfaitement entretenus, offrent les promenades les plus agréables et les plus diversifiées. Les environs, remplis de marais et trop couverts de bois, ont rendu longtemps le séjour malsain, et il y a apparence que l'on ne connaissait pas le principe [la cause] du mal, puisqu'on y apportait point de remède. Enfin les esprits se sont éclairés, et l'on s'est empressé de détruire cette source de maladie. On a desséché les marais, on a coupé et élagué les bois, et cette double opération a rendu l'air salubre et le séjour agréable ».
Sainte-Anne-d'Auray (ou en breton Santez-Anna-Wened) est devenu rapidement le principal lieu de pèlerinage de la Bretagne. On y vient depuis 1625, pour commémorer l'apparition de sainte Anne, grand-mère maternelle de Jésus-Christ, à Yves Nicolazic. Louis XIII offrit un morceau d’os de la sainte, dont le corps avait été ramené à Apt par sainte Marie-Madeleine et sainte Marthe.
Pèlerins montant à genoux les marches de la Scala Santa vers 1930
La Scala Santa est construite par les Carmes en 1662 ; la tradition voulut que les pèlerins montassent ses marches à genoux. Elle fut démontée pierre par pierre en 1870 et transférée un peu plus loin, au fond du champ de l Épine.
Dès le XVIIIe siècle il se forme autour du monastère des Carmes une bourgade de merciers qui vendent une quantité « assez considérable de joujoux d'enfants et de bagues de verre, qu'ils tirent de Saumur, mais les deux articles de plus grande consommation sont les chapelets et les scapulaires.
Révolution française
Lors de la Révolution française, le couvent des Carmes est vendu comme bien national et les religieux dispersés (les Carmes partent le 24 septembre 1792) ; en 1794 la chapelle est saccagée, la statue miraculeuse de sainte Anne enlevée et brûlée ; mais la Terreur n'empêcha pas les Bretons de continuer à venir en foule fréquenter le sanctuaire où des prêtres, déguisés en paysans, haranguaient les paysans.
Sainte-Anne-d'Auray : reproduction de l'ancienne statue de sainte Anne brûlée lors de la Révolution
Le XIXe siècle
La première moitié du XIXe siècle
La Bataille de Sainte-Anne-d'Auray oppose les Chouans et les Impériaux à Sainte-Anne-d'Auray le 25 mai 1815.
Le petit séminaire de Sainte-Anne-d'Auray ouvre en 1815 dans les bâtiments de l'ancien couvent des Carmes, rachetés par l'évêché de Vannes, de même que la chapelle.
Le pèlerinage au XIXe siècle
La fin de la Révolution et le Concordat permirent au pèlerinage de redevenir très fréquenté. La chapelle est rendue au culte en juillet 1802. En 1824 une nouvelle statue de sainte Anne remplace celle qui a été brûlée pendant la Révolution. De nombreuses personnalités y viennent comme la duchesse de Berry en 1828, Napoléon III et l'impératrice en 1858, le président de la république Mac Mahon en 1874. La chapelle du XVIIe siècle, devenue beaucoup trop petite pour pouvoir accueillir l'afflux croissant des pèlerins, est remplacée par la basilique actuelle, œuvre d'Édouard Deperthes, construite entre 1865 et 1877. La consécration de la basilique en 1877 attira une foule immense, de même que la plantation de la Croix de Jérusalem en 1886 ou encore la translation de la relique de sainte Anne de offerte par le pape Léon XIII en 1894. Vers 1900, plus de 70 paroisses bretonnes y viennent chaque année en procession.
Sainte-Anne-d'Auray : statue d'un Mobile en arme par Aristide Croisy
Par Kadbzh - Klaod an Duigou — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41536882
Dans l'enceinte de la Nécropole nationale de Sainte-Anne-d'Auray sont inhumés une vingtaine de corps de soldats de l'Armée de la Loire morts pendant la Guerre de 1870.
Le 8 décembre 1872 les zouaves pontificaux, avec à leur tête Charette et Louis-Gaston de Sonis, viennent en pèlerinage à Sainte-Anne-d'Auray. Une grande manifestation légitimiste fut organisée le 29 septembre 1889 à Sainte-Anne-d'Auray.
Le pèlerinage et ses mendiants sont ainsi décrits en 1887 : « C'est jour de grande fête à Sainte-Anne. (...) Sur la route de Pluneret à Sainte-Anne, la plus passagère de toutes, les misérables, les estropiés, les monstres, étalent leurs loques vermineuses et des plaies qui n'ont pas de nom ; on marche dans l'horreur, le cœur chaviré, le cerveau soudainement affolé comme par une hallucination d'enfer. (...) Car ils sont là, deux cents, trois cents, peut-être davantage, ils sont là, de chaque côté de la route, criant, pleurant, implorant et grouillant sous le soleil. (...) Les uns rampent sur des moignons sanguinolents ; d'autres, le nez coupé, la bouche rongée et toute noire, les yeux invisibles, couverts d'infectes purulences, s'agitent sous des guenilles aux odeurs de charnier. »
Le XXe siècle
La Belle Époque
La foule devant la Basilique lors de l'inventaire des biens d'église (14 mars 1906)
En 1900 le Conseil municipal de Pluneret done un avis défavorable à un projet de tramway devant desservir au départ de la gare d'Auray la Chartreuse d'Auray, Auray, Pluneret et la basilique de Sainte-Anne-d'Auray « pour plaire aux voituriers de Sainte-Anne »37. En juillet 1914 le journal L'Ouest-Éclair dénonce les voituriers qui, à la gare, « bousculent les voyageurs et se livrent sur eux nous pourrions presque dire à des voies de fait pour les contraindre à monter dans leurs carrioles » ; le journal poursuit en demandant que le maire de Pluneret taxe le prix des places et que les tarifs soient affichés à l'intérieur des voitures « tandis qu'actuellement on assiste à l'exploitation la plus éhontée ».
Après la fermeture de l'école privée congrégationniste en vertu de la Loi sur les congrégations, une école privée est ouverte à Sainte-Anne-en-Pluneret (Sainte-Anne-d'Auray) en septembre 1902.
Le 14 avril 1906 l'inventaire des biens d'église de la basilique de Sainte-Anne-d'Auray provoqua une grande manifestation : un millier de fidèles, munis de bâtons et de pen-baz, certains de fusils, se massèrent devant la basilique dont les portes furent barricadées.
L'établissement de la congrégation des Sœurs de Marie-Joseph du Dorat, qui avait été transféré de Vannes à Sainte-Anne-d'Auray par décret du 15 janvier 1868 est supprimé par un décret du président de la République Armand Fallières en date du 10 octobre 1907 en vertu de la loi sur les congrégations.
Le Mémorial de la Première Guerre mondiale
269 soldats belges et 9 soldats russes morts sur le sol français pendant la Première Guerre mondiale sont inhumés dans la Nécropole nationale de Sainte-Anne-d'Auray.
Un Mémorial aux victimes bretonnes de la Grande Guerre, dont la première pierre est posée le 1er octobre 1922, est inauguré de manière solennelle le 24 juillet 1932. Il évoque les 240 000 Bretons qui seraient morts au combat pendant cette guerre, chiffre considéré désormais comme exagéré par les historiens, qui estiment le nombre des Bretons morts au combat à environ 125 000. Des cérémonies commémoratives étaient organisées chaque année en mémoire des morts bretons de la Grande Guerre : par exemple celles du 25 juillet 1937, en présence du cardinal Verdier et du général Weygand, attirèrent une foule considérable. Ce monument est désormais dédié aux disparus de toutes les guerres.
Le pèlerinage au XXe siècle
L'abbé Louis Cadic a été chapelain de Sainte-Anne-d'Auray de 1880 à 1935.
Tous les étés, le 26 juillet, un pèlerinage y a lieu : le pardon de sainte Anne.
On compte une moyenne de 250 000 pèlerins par an dans la décennie 1920 (en 1914, juste avant la déclaration de guerre, 30 000 hommes y accoururent à la demande de l'évêque de Vannes, et de nombreux soldats démobilisés y vinrent le 7 mars 1919 à la demande de Mgr Gouraud) et de 800 000 pèlerins par an vers la fin du XXe siècle à Sainte-Anne-d'Auray.
Femmes montant à genoux la Scala Sancta afin d'implorer les faveurs de sainte Anne (journal "L'Illustration", 1904)
Évêques se rendant de la basilique à la Scala Santa vers 1930
Bénédiction des pèlerins par les évêques sur le parvis de la basilique vers 1930
Messe devant la Scala Santa vers 1930
Pèlerins prenant leur repas devant la Scala Sainta vers 1920
Le calvaire du cloître et la croyance traditionnelle consistant pour les jeunes filles à parvenir à planter une épingle dans la croix afin de se marier dans l'année
Sainte-Anne-d'Auray : pèlerins se lavant à la fontaine entourant la statue géante de sainte Anne ; à gauche de la photographie commerces de rue et charrettes de voituriers (carte postale, vers 1920)
L'afflux des marchands lors du grand pèlerinage est tel que par exemple en 1927, à la demande du Préfet du Morbihan, le maire de Pluneret prit un arrêté « qui interdit tout étalage de boutiques sur presque tous les trottoirs dans la traversée de Sainte-Anne. Les quelques places qui sont autorisées pour les étalages sont louées à l'année et il ne reste plus à prendre pour les marchands étrangers que quelques places sur les trottoirs de la rue de Vannes, le long du mur du jardin du séminaire et sur la rue de la Chartreuse, le long de la Scala Santa, après la pompe ».
La création de la paroisse, puis de la commune, de Sainte-Anne-d'Auray
En 1888 une demande de création d'une section électorale distincte au sein de la commune de Pluneret est faite par les habitants de Sainte-Anne-d'Auray qui arguent que, sur 800 électeurs inscrits dans la commune, 300 habitent le village de Sainte-Anne et que la distance de 4 km qui sépare celui-ci du chef-lieu communal est un obstacle à l'accomplissement de leur devoir d'électeur.
En 1903 des habitants du village de Sainte-Anne demandent l'érection de la section de Sainte-Anne en commune distincte ; le comte de Lambilly, déclare : « Sainte Anne (...) reçoit des visiteurs nombreux et ce village est devenu un véritable gros bourg, où une brigade de gendarmerie, un bureau de poste, de télégraphe et une école de garçons existent déjà. (...) La nouvelle commune aurait 495 hectares, tandis que Pluneret serait diminué de 469 hectares. (...) Plumergat perdrait seulement 26 hectares (...). Le nombre d'habitants de Sainte-Anne serait de 1 760 environ. La population de Pluneret serait de 1 900 au lieu de 3 381 habitants. Celle de Plumergat tomberait de 2 476 à 2 197 habitants ». Mais le Conseil général du Morbihan donna un avis défavorable.
Une nouvelle demande est faite en 1929. Léopold Le Bourgo, conseiller général du canton de Lorient, défendant le projet déclare : « Je dis que les intérêts de Sainte-Anne sont différents de ceux de Pluneret : Sainte-Anne est composée presque exclusivement de commerçants ; Pluneret est une commune essentiellement agricole » ; la demande fut à nouveau rejetée par le Conseil général du Morbihan (18 voix contre, 16 pour) ; le conseil municipal de Pluneret avait pour sa part déjà rejeté le projet lors de sa délibération du 9 juillet 1927 par 12 voix contre 9 (« le démembrement de la commune de Pluneret grèverait gravement ses intérêts en lui enlevant sa partie la plus riche ». En décembre 1929 les dix conseillers municipaux de la section de Sainte-Anne-d'Auray donnèrent leur démission du conseil municipal de Pluneret en signe de protestation contre le refus du Conseil général du Morbihan d'ériger leur section, éloignée du bourg de Pluneret, en commune.
Sainte-Anne-d'Auray a longtemps fait partie de la paroisse et commune de Pluneret. La paroisse de Sainte-Anne d'Auray est créée le 1er août 1937, en regroupant le domaine du sanctuaire, l'ancien Ker Anna et plusieurs villages de la paroisse de Pluneret, ainsi que d'autres villages dépendant jusqu'ici de la paroisse de Plumergat. Le village étant composé en majorité d'artisans et de commerçants qui vivent de plus en plus de l'industrie touristique développée comme centre régional de piété bretonne, ces derniers voient l'intérêt de devenir une commune autonome pour bénéficier d'un essor plus rapide et plus rémunérateur, si bien que Sainte-Anne-d'Auray est érigée en commune indépendante de celle de Pluneret le 23 février 1950.
La Seconde Guerre mondiale
Article du journal La Croix du 2 juillet 1949 indiquant la condamnation du sous-officier allemand qui fit exécuter deux prêtres à Sainte-Anne-d'Auray le 5 août 1944
Le 5 août 1944 le père Le Barth, premier recteur de la paroisse, est fusillé par les Allemands devant la maison Sainte-Marie, ainsi que le père Allanic, économe du petit séminaire depuis 1913 et organiste de la basilique, et trois autres victimes civiles : Xavier Brianceau, Augustine Henry et Stanislas Le Louer. Les soldats allemands pénètrent ensuite dans la basilique dans le but de l'incendier. Mais le feu ne prit pas et la basilique fut peu endommagée, même si des traces de l'incendie sont encore visibles au niveau des confessionnaux.
L'après Seconde Guerre mondiale
Le général De Gaulle vient en pèlerinage à Sainte-Anne-d'Auray en 1947. En 1949 le cardinal Roncalli, nonce apostolique à Paris et futur pape Jean XXIII, présidé les Fêtes de sainte Anne.
La Nécropole nationale de Sainte-Anne-d'Auray ouvre en 1959. Des corps de soldats morts lors de diverses guerres (guerre de 1870, Première et Seconde Guerres mondiales, guerre d'Indochine) Français et étrangers (Belges principalement), qui étaient inhumés dans divers cimetières de Bretagne, Poitou et Pays de Loire, y ont été rassemblés.
Jean-Paul II y est venu en pèlerinage le 20 septembre 1996 où il a rassemblé 150 000 personnes, première visite d'un pape en Bretagne. Une relique du pape (une mèche de cheveux) a été offerte en 2014 au sanctuaire.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Anne-d%27Auray
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