Buglose Notre-Dame de Buglose

Buglose 
Notre-Dame de Buglose
  
Buglose : Notre-Dame de Buglose

Le sanctuaire Notre-Dame de Buglose avait été incendié en 1570 par les huguenots.
La statue seule put être sauvée et cachée dans un marais par les catholiques.
En 1620, un pâtre vit un de ses bœufs entrer dans le marais et lécher une statue en poussant des mugissements.
On reconnut une statue de la Vierge.
Monseigneur du Sault, l'évêque de Dax se préoccupe de porter la Vierge à l'église paroissiale de Pouy. Les bœufs destinés au transport ne veulent pas avancer : le char s'immobilise. C'est le signe de la volonté divine : Notre-Dame veut rester à Buglose.
L'abbé Labarrière, dans un livre intitulé "Histoire de Notre-Dame de Buglose et Souvenirs du berceau de Saint-Vincent-de-Paul", publié en 1857 raconte que le 16 mai 1623 Bernard Ducassou vient avec sa mère, Adrien De Laporte son curé et de d'autres personnes. Sa jambe gauche était percée de sept ulcères purulents. Arrivé à Buglose, il a passé la nuit en prière et le lendemain s'est lavé à la fontaine. Aussitôt, les ulcères se sont fermés.

Buglose : Notre-Dame de Buglose

En 1662, sanctuaire fut construit sur les ruines de l'ancien désormais dédié à Notre-Dame de Buglose.
Une Église fut construite en 1864. Monseigneur Delannoy, évêque d'Aire et de Dax, s'est attaché à embellir la basilique. En 1878 il obtient du Pape que Notre-Dame de Buglose soit patronne du Diocèse.
La chapelle

Buglose : Notre-Dame de Buglose

La chapelle des miracles se trouve près de l'église, il faut emprunter une allée de platanes pour y arriver.
Saint Vincent de Paul venait y célébrer la messe.
La chapelle actuelle date de 1960.
Il y a une fontaine près de la chapelle, elle marquerait l'endroit où la statue a été enfouie.
Les pèlerins viennent boire à la source miraculeuse.
L'histoire de la sainte chapelle :
En savoir plus :
A quelle époque a commencé la dévotion à Notre-Dame de Buglose ? Quelle en est l'origine ? Quel événement y donna-t-il lieu ?
Ces questions sont insolubles, faute de documents.
Les bons habitants de ce pays reculé, contents de penser dans la simplicité de leur foi, que les œuvres pieuses étaient écrites dans les cieux, se mettaient peu en peine d'en conserver la mémoire sur la terre.
On sait seulement qu'il y avait en ce lieu, depuis un temps reculé, un oratoire où la piété des fidèles honorait Marie dans l'Image qui fait encore aujourd'hui l'ornement de la chapelle de Buglose ; ils s'y rendaient en nombre de tous les endroits de la province, et leur confiance y obtenait du Ciel des faveurs éclatantes.
On assure que cet oratoire fut renversé et disparut dans les guerres désastreuses que Jeanne d'Albret reine de Navarre, et le comte de Montgommeri, le digne instrument de ses haines et de ses fureurs, firent aux catholiques dans la Guienne, vers l'an 1569.
La statue de la Mère de Dieu qui recevait dans tet oratoire un culte présumé très-ancien, fut soustraite à temps au sacrilége et à la destruction, et jetée précipitamment dans un marais voisin, desséché depuis, à quarante pas de la Fontaine de Notre-Dame.
Le catholicisme, comme on le sait, eut de la peine à reprendre son rang, à jouir de la liberté dans le Béarn et les provinces voisines ; le protestantisme qui ne parle que de tolérance et de modération là où il est le plus faible, se montre toujours si dur, si intraitable et si exclusif là où il a prévalu !
Les fervents chrétiens qui avaient caché la statue dans le marais, ne voyant pas renaître de longtemps des jours calmes et sereins, gardèrent leur secret avec eux et l'emportèrent dans la tombe.
Ce ne fut qu'au bout de cinquante ans qu'il plut à la divine Providence de la découvrir et de la rendre aux vœux des fidèles.
Voici comment l'ancien historien de Notre-Dame de Buglose raconte le fait :
En 1620, l'année même où Louis XIII fit en personne le voyage du Béarn, pour y rétablir l'exercice de la religion catholique, il arriva qu'un berger de la paroisse de Pouy qui avait coutume de conduire son troupeau près de l'endroit où la statue avait été jetée, remarqua plusieurs fois qu'un de ses bœufs, s'écartant du troupeau, entrait dans le marais et faisait entendre de forts mugissements.
Désireux de connaître la cause d'une chose si étrange, comme le marais était bordé de ronces et de joncs, il monte sur un chêne, et remarque à sa grande surprise que le bœuf qui mugissait de la sorte, léchait de temps en temps une statue qu'on découvrait en cet endroit.
Il regarde, il examine, et, après s'être bien assuré du fait, il descend de l'arbre et va rendre compte à son maître de ce qu'il a vu.
Le maître en donne avis au curé de Pouy, nommé Monsieur Dussin.
Le curé se rend sur les lieux, accompagné de plusieurs de ses paroissiens.
On coupe les broussailles qui empêchent l'abord du marais, on jette des fascines dans l'eau, on arrive jusqu'à la statue, qu'on retire du milieu du limon.
Quel étonnement pour tout ce peuple que la singularité de l'événement attire en ce lieu ! C'est une statue de la Vierge ! On la lave avec soin, on la place respectueusement, au bord de l'eau, sur une base de pierres rapprochées à la hâte : on présente à Marie dans son Image les hommages les plus sincères et on la conjure de prendre le pays sous sa protection.
Ce fait a pour garant la tradition dû pays, qui ne remonte pas à une époque fort éloignée ; il est rapporte au long dans l'histoire du pèlerinage écrite en 1726, un siècle après la découverte de la statue, par un auteur qui, à en juger par différentes notions qu'il a insérées dans son ouvrage sur les pèlerinages, les processions, les vœux , etc., se distinguait par le mérite de l'érudition ; de plus on en voyait la représentation dans un ancien tableau qui ornait la chapelle de la fontaine, construite à l'endroit même où fut déposée la statue au moment où elle fut tirée du marais.
Ce n'est pas après tout le premier et le seul cas d'une antique Image de la Vierge que le Ciel se soit plu à manifester par le ministère d'une brebis, d'un bœuf, dépourvus de raison.
Enfin, l'antique auteur assure que pour conserver le souvenir de cet événement, on donna à la chapelle le nom de Notre-Dame de Buglose ou de la langue du bœuf, de sorte que l'étymologie, les traditions locales, les monuments auxquels le fait a donné naissance, tels que la double chapelle et le tableau, l'histoire du pèlerinage écrite aune époque peu éloignée de son origine, forment comme un faisceau de témoignages qu'il est difficile de briser et de détruire.
L'évêque d'Acqs, Mgr Jean-Jacques Dufault, informé de ce qui venait de se passer, crut qu'il était du devoir de sa charge de constater la vérité des faits.
Il se rend sur les lieux avec quelques-uns de ses chanoines, examine la sainte Image, interroge des témoins sur des grâces prodigieuses qu'on disait avoir été obtenues à ses pieds par des personnes qui invoquaient le secours de la Vierge, fait dresser le procès-verbal d'usage, et, imitant lui-même la dévotion du peuple fidèle, il offre à la Mère de Dieu, devant l'objet qui la représente à ses yeux, les hommages les plus respectueux, les prières les plus ferventes, et ordonne, en se retirant, que la statue soit transférée dans l'église paroissiale de Pouy.
Cette translation ne s'étant faite qu'au bout de quelques jours, et le bruit de ce qui s'est passé s'étant répandu dans le pays, les populations voisines accourent pour y prendre part.
L'Image sainte est mise sur un chariot traîné par deux bœufs, et le peuple suit avec un respectueux silence.
Arrivés à la distance de trois cents pas, les bœufs s'arrêtent, deviennent immobiles, sans qu'il soit possible de les faire passer outre.
C'était précisément le site où avait été l'antique chapelle de Notre-Dame.
On s'étonne, on s'écrie que la Vierge sainte revendique ses anciens droits, qu'elle veut faire renaître la dévotion là même où elle fleurissait jadis, et être honorée par les enfants là où elle l'a été si longtemps par les pères.
On dépose la sainte Image sur les ruines de l'antique chapelle.
On informe de l'incident le premier pasteur, qui, de l'avis de son chapitre et à la prière de plusieurs personnes recommandables, donne la permission de bâtir une nouvelle chapelle sur les ruines de l'ancienne.
Bien plus, il fournit libéralement aux premiers frais.
Son exemple a de nombreux imitateurs ; il est suivi en particulier par le marquis de Poyanne, commandeur des ordres du Roi, gouverneur de Dax et de Navarreins.
L'ouvrage entrepris dans un pieux élan est poussé avec tant de zèle et d'assiduité, qu'il est bientôt achevé.
Le prélat se détermine sans peine à en faire la bénédiction solennelle ; et voulant profiter de l'occasion pour offrir à la Mère de Dieu une réparation éclatante de l'outrage qu'elle a reçu des hérétiques qui ont renversé son temple, il ordonne que le lundi de la Pentecôte 1622 , une procession générale du clergé et du peuple, partant de la cathédrale de Dax, se rendra jusqu'à la chapelle de Buglose.
Cette cérémonie reçoit de la piété toute la pompe extérieure dont elle est susceptible.
Le concours du peuple est si grand, sa dévotion si franche et si expansive, qu'on ne a souvient pas d'avoir rien vu de semblable dans le pays.
Le prélat, entouré de son chapitre et suivi de tout le clergé de la ville, le gouverneur, messieurs du présidial en corps, à peu près tous les citoyens, honorent, par leur présence, le triomphe de la Reine des cieux.
Le chemin, de près de deux lieues, dans les Landes, et au milieu des plus grandes chaleurs de la saison, se fait à pied.
L'évêque fait la bénédiction de la nouvelle chapelle, et le saint sacrifice est offert au milieu du pieux enthousiasme de la reconnaissance ; on loue Dieu, on se met sous la protection de sa sainte Mère, on la supplie d'exaucer avec une bonté spéciale ceux qui viendront l'invoquer dans ce sanctuaire, et la procession reprend le chemin de Dax, dans le même ordre qu'elle avait suivi le matin.
Le bruit de la solennité qu'on venait de célébrer et des faveurs signalées que l'on racontait déjà, s'étant répandu au loin, on vit accourir un nombre prodigieux de pèlerins, non-seulement du voisinage, mais encore des diocèses de Bordeaux, d'Aire, de Bayonne, de Tarbes, d'Auch.
Le Ciel donnait des signes non équivoques que cette dévotion lui était agréable, par les prodiges qui s'opèrent en faveur de ceux qui ont recours à Notre-Dame de Buglose.
On en comptait, dès l'année 1622, jusqu'à dix-neuf bien vérifiés, et, selon les mémoires déposés dans les archives de la chapelle, il s'en fit encore cette année là plusieurs autres qu'on n'écrivit point en détail.
L'année suivante, la source de faveurs célestes et de guérisons merveilleuses que la Providence vient de faire jaillir à Buglose, continue de répandre au loin ses eaux bienfaisantes.
Pour l'honneur de la Vierge sainte, on croit devoir en dresser des actes authentiques.
Mgr de Dax, à la requête de M. Dussin, curé de Pouy, commet six ecclésiastiques d'un mérite spécial pour prendre les informations convenables : le présidial leur joint un lieutenant assesseur, et tous ensemble, d'après les dépositions d'un grand nombre de témoins, dressent les procès-verbaux des guérisons miraculeuses obtenues dans le cours de l'année 1623 : les miracles, au rapport des pièces déposées dans les archives, paraissent avoir été au nombre de vingt-quatre.
Depuis ce temps, la dévotion à Notre-Dame de Buglose n'a fait que grandir et prendre de nouveaux développements.
Ce qui, après les prodiges de miséricorde qui s'y opéraient, lui donnait plus de célébrité, ce qui attirait plus efficacement dans son enceinte l'affluence du peuple, c'était la tendre piété des premiers pasteurs qui se succédaient sur le siège de Dax ; ils regardaient cette chapelle comme la perle de leur diocèse, comme leur boulevard, leur défense et le gage assuré de la protection de la Reine du ciel sur le peuple confié à leur sollicitude.
L'ancien historien parle en détail de ceux qui avaient vécu jusqu'à son époque : c'étaient Mgr Dussault, qui, après avoir eu tant de part au rétablissement de la chapelle, s'y rendait souvent pour y offrir le saint sacrifice et obtenir du Ciel quelque faveur spéciale par le crédit de Marie ; Mgr Desclaux, qui, témoin d'abord des merveilles que Dieu opérait dans cette chapelle, et tiré du nombre des prêtres qui la desservaient, pour recevoir avec le caractère épiscopal la plénitude du sacerdoce, mettait ensuite ses délices à passer quelques jours, tous les ans, à l'ombre du pieux sanctuaire et à exercer le saint ministère à l'égard des pèlerins ; Mgr Guillaume le Boux, dont la première démarche, après avoir pris possession de son évêché, fut de se rendre à Buglose, afin de se mettre, avec le peuple dont il devenait pasteur et père, sous la protection spéciale de Marie ; Mgr d'Abadie d'Arboucave, qui témoignait à la Vierge, dans sa chapelle de Buglose, une dévotion si tendre et si constante, n'entreprenait aucune affaire importante sans avoir été auparavant répandre son cœur devant Dieu, dans le sanctuaire de Buglose, et implorer le secours de celle que la piété publique honorait comme sa sauvegarde.
Parmi tant d'illustres pèlerins qui visitèrent ce sanctuaire, il en est un surtout dont nous aimons à faire mention, parce que son nom seul est un éloge, parce qu'il répand un surcroit d'intérêt sur toutes les œuvres où il se trouve mêlé : ce pèlerin fut saint Vincent de Paul, ce bienfaiteur de l'humanité, auquel l'impiété délirante de la révolution s'est montrée non-seulement disposée à pardonner, mais même à élever des statues.
L'humble serviteur de Dieu était né dans la paroisse même de Pouy, en 1576, quarante-quatre ans avant la découverte de la Statue.
Petit paysan, il avait été occupé à garder les troupeaux de son père.
Mais, dit naïvement son historien, quoique les perles naissent dans une nacre mal polie et souvent toute fangeuse, elles ne laissent pas de faire éclater leur vive blancheur au milieu de cette bourbe, qui ne sert qu'à en relever le lustre et faire mieux connaître leur valeur.
«Aussi ses parents, reconnaissant qu'il pouvait faire quelque chose de mieux que de garder des bestiaux, s'imposèrent-ils les plus grands sacrifices pour le mettre aux études. Ce fut à Dax même, chez les PP. Cordeliers, qu'il fut mis en pension et qu'il reçut les premières notions de la langue latine. Le pèlerinage de Notre-Dame de Buglose n'existait pas encore, ou plutôt il avait été détruit par les Calvinistes, vers l'an 1569, cinq ans seulement avant la naissance de Vincent. Ses parents avaient dû voir l'ancien oratoire, tout le pays devait parler de la chapelle tout récemment renversée par le vandalisme hérétique ; notre petit berger, conduisant ses bestiaux sur le terrain couvert de ses ruines, aura plus d'une fois interrogé sa mère sur le culte que Marie avait reçu en ce lieu ; d'antiques légendes, de touchants miracles, des souvenirs traditionnels auront nourri sa piété et lui auront inspiré, dès cet âge tendre, la dévotion la plus affectueuse pour Marie, et c'est là sans doute le sens de ce que dit un des auteurs de sa vie, après avoir observé que le sanctuaire de Notre-Dame de Buglose est situé dans la paroisse de Pouy : « Ce fut là un des motifs qui porta notre Vincent à concevoir dès son plus jeune âge et à nourrir en son cœur toute sa vie une dévotion toute particulière envers cette Reine du ciel, se voyant né dans un lieu qui lui était dédié et qui était sous sa protection spéciale. »
Il y a plus, le nouvel historien de Notre-Dame de Buglose assure, sur l'autorité d'un membre de la Congrégation de Saint-Lazarre, que saint Vincent de Paul a célébré sa première messe dans la chapelle de Buglose : c'est une tradition qui se conserve dans le corps ; elle est de plus autorisée par quelques tableaux où l'on représente l'humble Vincent offrant, avec une ferveur angélique, les prémices de son sacerdoce dans une chapelle écartée et ruineuse.
Les Calvinistes, il est vrai, y avaient porté la dévastation cinq ans avant sa naissance : mais depuis, la chapelle de Buglose a pu, tout en conservant les traces de leur fureur irréligieuse, être restaurée assez convenablement pour qu'il fût possible d'y dire la sainte messe.
Au moment où le sanctuaire, sortant de ses ruines, reprenait son premier éclat et attirait une foule de pèlerins désireux d'avoir part aux faveurs que la Vierge sainte répandait avec une sorte de prodigalité, le serviteur de Dieu, déjà lancé dans la carrière apostolique, eut occasion de faire un voyage dans son pays ; c'était en 1623.
Il s'arrêta chez Dominique Dussin, curé de Pouy, son parent et son ami, celui précisément qui, sur l'indication du berger et sous l'autorité de l'évêque, avait montré tant de zèle pour le rétablissement de l'ancienne dévotion. Touché de tout ce qu'il en entendit raconter, et suivant l'inclination de son âme si pénétrée d'affection pour la Mère de Dieu, saint Vincent, le jour de son départ, voulut faire de la manière la plus méritoire le pélerinage de Notre-Dame de Buglose.
Il se transporta nu-pieds en procession de l'église paroissiale de Pouy à la chapelle de la Vierge, quoiqu'il y eût six kilomètres d'intervalle.
Ses frères, ses sœurs, ses autres parents et presque tous les habitants du lieu l'accompagnaient dans son pieux voyage.
«Vincent, ajoute un autre de ses historiens, dit une messe solennelle dans cette chapelle qui était plus célèbre que jamais, parce qu'on y avait rapporté depuis peu la statue de la Vierge, qu'un pâtre avait miraculeusement découverte dans un marais, où quelques personnes de piété l'avaient secrètement ensevelie plus de cinquante ans auparavant, pour la dérober aux insultes et à la fureur des calvinistes. »
Le saint, fort de la protection de Marie, reprit ensuite avec joie le cours de ses travaux apostoliques.
La chapelle de Notre-Dame de Buglose semblait être le rendez-vous de tous les affligés de la contrée, l'asile de tous ceux qui avaient à demander au Ciel quelque faveur particulière.
Les pèlerins y accouraient avec affluence, depuis Pâques surtout jusqu'au mois d'octobre.
On peut dire que dans cet intervalle toute la province abordait à Buglose ; les paroisses des environs étaient dans l'usage d'y venir en procession, en chantant des hymnes et des prières le long du chemin, et mettant tout leur bonheur à nourrir leur âme, dans le sanctuaire de la Vierge, du pain eucharistique et de celui de la parole de Dieu. Ce qu'il y avait surtout d'édifiant, c'était la dévotion naïve et franche des gens de mer. Les habitants des côtes voisines, accoutumés à braver les caprices de l'Océan, trouvaient dans leur confiance à Notre-Dame de Buglose un redoublement de force et de courage.
Ils avaient recours à elle dans la tempête, et ils ne manquaient pas, après être échappés au danger, de se rendre à sa chapelle, pour lui témoigner leur reconnaissance, lui faire une offrande proportionnée à leurs facultés, et s'y renouveler par la réception des sacrements.
Les uns, même au milieu de la saison la plus rigoureuse, y venaient de fort loin, pieds nus, tête découverte et ne portant de vêtement que ce qu'exigeait une sévère décence ; les autres s'approchaient de la chapelle, un cierge d'une main, comme pour faire amende honorable de leurs fautes, se frappant la poitrine de l'autre, et fondant en larmes de componction.
On en voyait tombera genoux, dès qu'ils apercevaient la chapelle, et se trainer en cette posture jusqu'à ce qu'ils y fusent entrés.
Par suite de la tendre affection que portait à saint Vincent de Paul le peuple au milieu duquel ce brillant ornement de l'église de France avait reçu le jour, les prêtres de la mission, ses dignes enfants, furent appelés à Buglose, en 1706, et invités à se charger du pèlerinage.
On ne pouvait leur faire de proposition plus agréable : c'était les rapprocher du berceau de leur père, les fixer dans un lieu où tout leur rappelait la mémoire, les exemples, l'esprit de leur saint fondateur.
Ils acceptèrent donc, et se dévouèrent à exercer à Buglose le saint ministère à l'égard des pèlerins.
Ils y étaient établis en 1725, et nous lisons dans les Annales du pèlerinage, que non-seulement ils entendaient les confessions des étrangers que la dévotion envers la Vierge sainte leur amenait, mais encore qu'ils donnaient asile dans leur établissement à ceux qui, touchés d'un mouvement particulier de la grâce, désiraient consacrer quelques jours à la retraite et à la méditation des vérités éternelles.
La source des miracles ouverte en ce saint lieu coulait toujours avec abondance ; dans le cours de l'année 1795, on en avait compté treize bien avérés.
A cette même époque, le souverain Pontife Benoit XIII ouvrit aussi les trésors de l'Eglise en faveur de ceux qui visiteraient Notre-Dame de Buglose ; il leur accordait une indulgence plénière chaque année.
Quant à la topographie de la chapelle, l'historien qui écrivait en 1726, nous en donne une idée fort exacte. Nous ne pouvons mieux faire que de le laisser parler lui-même, en élaguant quelques détails superflus :
« La sainte chapelle de Buglose, dit-il, est dans la paroisse de Pouy sur Acqs, à trois quarts de lieue de l'église paroissiale et à une lieue et demie de la ville d'Acqs ou de Dax.
Elle est placée dans une espèce de solitude charmante, accompagnée d'un petit bois, où le silence n'est interrompu que par le concours des processions et des pèlerins qui y abordent de tous côtés. A l'approche de ce saint lieu, on est saisi d'un sentiment de dévotion si tendre, qu'on est contraint de dire : C'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel.
La chapelle est grande, belle, bien éclairée et ornée de diverses peintures. Outre la nef du milieu, il y a deux bas côtés, avec des chapelles en saillie. Sur le grand autel, qui se présente d'abord en entrant, on voit l'Image miraculeuse de Notre-Dame de Buglose, l'objet de la vénération des fidèles.
Cette Image est une statue d'une pierre très-fine, travaillée de main de maître, et d'une beauté exquise.
Elle est haute de trois pieds trois pouces, assise dans un fauteuil.
Elle tient l'Enfant Jésus entre ses bras, et il semble qu'elle le montre et le présente à tous ceux qui vont lui rendre leurs vœux dans ce saint lieu.
Son habit et son fauteuil sont peints d'un brocard d'or ; les couleurs du visage et des mains sont si vives et si naturelles, et le vernis en est si brillant, que les peintres les plus habiles avouent qu'ils n'ont rien vu de semblable, et qu'il est rare de trouver une Image de pierre d'une si excellente beauté ; et ce qui est plus surprenant, c'est que ni la longueur du temps, ni l'injure des saisons, ni le changement de lieu, ni tant d'accidents divers auxquels cette sainte Image a été exposée, n'y ont pas causé la moindre altération.
Autour du grand autel, on voit de part et d'autre plusieurs présents d'argent et de cire et divers tableaux qui sont des preuves des miracles arrivés dans ce saint lieu, et des monuments de la reconnaissance de ceux qui y ont reçu des grâces par la puissante intercession de la très sainte Mère de Dieu.
Aux environs de l'église il y a plusieurs maisons pour loger les pèlerins ; et à trois cents pas environ, on trouve une petite chapelle appelée la chapelle de la Fontaine.
C'est le lieu où l'Image de Notre-Dame de Buglose fut mise en dépôt, après qu'elle eut été miraculeusement retrouvée.
Les pèlerins ont coutume d'y aller faire leurs prières avant que de se retirer de Buglose ; et plusieurs malades, en buvant de l'eau de la Fontaine, et s'y lavant les endroits de leurs corps où ils souffraient de la douleur ou quelque autre infirmité, y retrouvent la santé d'une manière toute miraculeuse.
Tel est le saint lieu de Buglose.
C'est dans cette délicieuse solitude, où, suivant l'expression d'un prophète, Dieu parle souvent au cœur d'un grand nombre de pèlerins, en leur inspirant le désir d'une parfaite conversion ; et c'est aussi dans ce saint lieu que Dieu opère tant de merveilles en faveur d'un nombre prodigieux de personnes de toutes conditions, qu'on y voit chaque jour arriver de toutes parts, afin d'implorer le secours de la glorieuse Vierge Marie, qui y est spécialement honorée, et qui y reçoit avec bonté les vœux et les prières des fidèles. »
Un personnage de la plus haute dignité dut sa guérison à ce sanctuaire célèbre. Marie-Anne de Neubourg, reine douairière d'Espagne, souffrait de très-vives douleurs au bras gauche ; c'était en 1709.
Elle fit vœu d'aller à Notre-Dame de Buglose, si par son intercession elle se trouvait délivrée de ses douleurs.
Elle en fut tout-à-coup guérie ; et pour accomplir son vœu, elle s'y rendit avec sa cour, de Bayonne où elle se trouvait alors, s'approcha des sacrements avec la plus tendre piété, lava son bras à la Fontaine miraculeuse et fit paraître tant de religion et de ferveur, que tous ceux qui en étaient témoins en furent grandement consolés et édifiés.
Longues années après, en 1717, le même mal reparut, le Ciel voulant montrer à cette pieuse reine que toute chair n'est qu'un brin d'herbe, et que les hautes positions sociales ne mettent pas à couvert des infirmités de la nature humaine. Elle eut de nouveau recours à Notre-Dame de Buglose, elle fit un vœu en son honneur, et la Vierge compatissante la soulagea selon sa prière.
Affligée de la même douleur le 4 août 1719, elle eut le bonheur d'en être délivrée dès qu'elle eut fait un troisième vœu.
Elle avait d'abord fait elle-même le pèlerinage de Buglose ; pour remercier la Mère de Dieu des deux dernières faveurs qu'elle avait obtenues, elle envoya, selon un usage assez en vogue à cette époque, le P. Herman Volmar, religieux de l'étroite observance de saint François. Ce Père s'étant rendu à Buglose, en compagnie de six religieux de son ordre, dressa le procès-verbal qui rendait témoignage des bienfaits reçus et de la reconnaissance de la reine.
La faveur suivante fut plus éclatante en elle-même.
Elle est racontée avec une naïve simplicité, qui ne pourrait que perdre si une plume étrangère y faisait le moindre changement.
Nous citons donc textuellement tout, même le petit préambule de l'antique auteur :
« On a cru devoir rapporter dans son entier l'acte suivant. Il est recommandable par la qualité, la probité et la vertu distinguée des personnes qui l'ont signé et envoyé à Buglose.
« Le 21 du mois d'octobre de l'année 1724, dans la paroisse d'Arangosse, diocèse d'Ax, madame de PoudenxGassion a déclaré, en présence des soussignés, que madame de Poudenx-Serres, sa fille, ayant l'âge de quatre ans ou environ, se trouva entièrement percluse de ses jambes, nonobstant le secours des plus habiles médecins qui étaient dans le pays. On conseilla à Madame sa mère de la mèner à Bagnères, afin qu'elle pût être soulagée par les eaux de cet endroit. Avant d'entreprendre ce voyage, Mme de Poudenx-Gassion avait formé le dessein d'aller en dévotion à Buglose, et d'y mener mademoiselle sa fille, ce qu'elle fit au mois d'août de l'année 1683.
Etant arrivée à l'église vers les six heures du soir, et y étant en prières contre la sainte table, la femme de chambre tenait entre ses bras mademoiselle sa fille, qui s'efforça plusieurs fois d'aller vers madame sa mère, ce que la fille de chambre ne voulut point permettre, sachant bien qu'elle n'était pas en état de marcher ; mais elle s'efforça encore davantage, lui échappa enfin, et fut joindre madame sa mère, depuis le seuil de la porte de l'église, où la femme de chambre la tenait, jusqu'à la sainte table.
A cette merveille surprenante la femme de chambre s'écria : Madame, la petite m'a échappé, et elle est allée à vous toute seule, comme si elle n'avait aucun mal.
Madame étant toute surprise de ce qu'elle entendait dire, et d'autant de ce que cette fille de chambre lui disait, voulut en être plus assurée ; pour cet effet elle donna une clef à mademoiselle sa fille, lui disant de l'aller porter à la fille de chambre, ce qu'elle exécuta sur-le-champ, de quoi madame de Poudenx rendit de très-humbles actions de grâces au Seigneur, qui avait bien voulu guérir mademoiselle sa fille par l'entremise de la Vierge Marie, qui est particulièrement honorée à Buglose.
Elle en avertit M. Lastalot, pour lors directeur dudit Buglose, et lui demanda à cet effet toutes les messes qui devaient se célébrer le lendemain à la chapelle.
C'est la déclaration que madame de Poudenx a donnée, signée de sa main, et fait signer par ceux qui se trouvèrent alors chez elle, savoir : M. de Poudenx, abbé de Poutault et supérieur du séminaire d'Orléans ; M. Ducasse, curé d'Arangosse ; M. Bouby, prieur de Sindère ; M. Lescaret, vicaire d'Arangosse ; MM. Commarieu et Lacoy, prêtres, et M. d'Estouesse , avocat du roi à Tartas. »
Nous avons parlé, dans le cours de cette Notice, de la dévotion des mariniers pour Notre-Dame de Buglose. Voici un trait qui montre que ce n'est pas en vain qu'ils réclament sa protection :
Un navire du pays faisait voile vers le lieu appelé de la Bero, lorsqu'il fit rencontre, le 12 décembre 1623, de plusieurs vaisseaux turcs.
Les gens de l'équipage comprirent dès le premier moment, que, sans un secours extraordinaire du Ciel, il leur serait impossible d'échapper, parce que le vaisseau qu'ils montaient, assailli par un furieux orage, avait été jeté au milieu des ennemis, qui, forts de la supériorité du nombre, les battaient incessamment à grands coups de canon. D'un autre côté, se rendre à discrétion et traîner le reste de leurs jours dans l'esclavage, au milieu d'un peuple infidèle et cruel, leur paraissait un sort plus dur que la mort.
Dans cette extrémité, ils ont recours au Ciel, se mettent tous d'une voix sous la protection de Notre-Dame de Buglose, s'obligeant par vœu d'aller à sa chapelle, en habit de pénitence, et d'y faire leurs dévotions.
Cependant leur vaisseau percé en plusieurs endroits menace de s'abîmer dans les ondes.
Ils en sortent tous et se jettent dans une chaloupe ; le danger avait changé de face, mais il restait toujours le môme : la chaloupe est toujours en butte à la fureur de l'ennemi, et parvînt-elle à s'y soustraire, elle n'est pas en état de résister longtemps aux assauts des vents et des ondes. Mais le Ciel a entendu leurs vœux ; l'Etoile de la mer fait briller à leurs yeux sa lueur secourable.
A peine ont-ils quitté leur navire qu'ils le voient tournoyer et s'abîmer sous les flots ; un coup de vent s'élève tout-à-coup, disperse leurs ennemis et les écarte si loin, qu'ils échappent à la vue ; la chaloupe cependant, comme soutenue sur l'abime par une main puissante, demeure tranquille, et, tournant vers la terre, elle jouit d'un temps favorable et regagne le bord.
Nos marins n'ont qu'une voix pour bénir, pour remercier celle qui se nomme le refuge et le salut des chrétiens en danger.
Ils se hâtent d'accomplir leur vœu, de lui présenter leurs hommages et leurs actions de grâce à sa chapelle de Buglose, et tous ceux de ces bons marins qui savent écrire signent le procès-verbal qu'on dresse, le 7 mai 1624, d'un trait de protection si manifeste.
Par une exception bien rare et que les habitants paisibles de la contrée regardent comme un trait de Providence, la chapelle de Notre-Dame de Buglose a traversé la tourmente révolutionnaire sans rien perdre de ses ornements et de son trésor : autels, statues, images, croix, tableaux, monuments, décorations : tout fut préservé du pillage et de la dévastation qui désolèrent toutes les églises des environs.
Des spoliateurs avides et sacrilèges s'étaient transportés à cet antique sanctuaire, le fer et la flamme à la main, la haine dans le cœur et le blasphème à la bouche.
Déjà les échelles étaient appliquées et l'on commençait à démanteler l'autel, quand le Ciel daigna opérer, pour la conservation de l'église de Buglose, un prodige qui rappelle ce qui arriva dans le temple de Jérusalem lorsque l'impie Héliodore y pénétra avec ses satellites pour le dépouiller.
Un bruit terrible, sortant du fond de cet auguste asile, se prolonge sourdement comme un tonnerre, ou comme un murmure d'indignation échappé aux anges protecteurs du lieu.
Les profanateurs, saisis d'épouvante, laissent là les instruments de leur crime et s'enfuient précipitamment.
Le fait est attesté par des personnes qui vivent encore, et l'on voyait naguère sur les murs de la chapelle les traces de l'essai qu'avait fait leur vandalisme.
Il y a plus, à cette époque où les passions irréligieuses avaient rompu toutes les barrières, des hommes simples, étrangers au mouvement politique, guidés par leur dévotion héréditaire envers N.-D. de Buglose, ne cessaient pas de s'y rendre et d'y porter d'abondantes aumônes.
Les révolutionnaires, voyant là une riche proie, loin d'inquiéter les pèlerins, leur laissaient toute liberté de satisfaire leur dévotion ; et cet état de choses dura quatre ans.
Mais enfin les autorités constituées de Dax en eurent connaissance.
On tremblait, on s'attendait à quelque arrêt de spoliation et de vandalisme.
Mais non ; la Providence assigne, quand elle le veut, des bornes aux passions des hommes, non moins qu'à la fureur de l'Océan ; les autorités révolutionnaires se contentèrent de mettre en régie les aumônes de Buglose, plaçant ainsi en sûreté les dons de la piété et les trésors destinés à perpétuer le culte de Marie dans des jours meilleurs, jours qui ne tardèrent pas à se lever pour l'antique pélerinage.
Notre-Dame de Buglose a repris, avec le libre exercice du culte, son antique célébrité.
La saison même des frimas n'empêche pas les dévots de Marie d'y venir présenter leurs hommages et solliciter des faveurs.
Après Pâques l'affluence est beaucoup plus considérable.
Les habitants de Dax, le grand séminaire, les paroisses voisines s'y rendent solennellement en procession.
C'est surtout la seconde fête de la Pentecôte, les jours de l'Assomption et de la Nativité de Marie que la solitude fleurit, la campagne s'anime, et une foule pieuse sillonne en tous sens les landes sablonneuses, se dirigeant vers le sanctuaire de la Vierge.
C'est un spectacle de foi naïve, de dévotion généreuse et expansive qui remplit d'édification les étrangers que la célébrité des eaux attire dans le pays.
La présence des missionnaires établis à Buglose en 1844, donne aux pèlerins le moyen de s'approcher des sacrements et leur fait trouver dans ce pèlerinage chéri la guérison des maladies de l'âme.
De nombreux privilèges, de riches indulgences, accordés récemment par le Saint-Siège à ceux qui visitent la chapelle de Buglose, sont un nouveau motif pour les âmes pieuses de venir réclamer aux pieds de la Dispensatrice des bienfaits du Ciel les grâces dont elles ont besoin.
Dans les jours mauvais de la révolution, la statue miraculeuse de Marie avait été transportée dans la chapelle dite de la Fontaine.
Ce lieu de dévotion vient d'être restauré avec une sorte de magnificence ; on y célèbre maintenant la sainte messe, ce qui ne s'était pas fait depuis plus de 70 ans.
Aujourd'hui, comme aux temps qui précédèrent la tourmente révolutionnaire, Marie se plaît à exaucer les prières que la piété lui adresse dans le sanctuaire de Buglose, et même quelquefois à opérer des prodiges en faveur de ses serviteurs.
En voici un exemple :
Un officier espagnol, nommé Garcia, avait eu l'os de la jambe fracassé dans le dernier combat qui eut lieu lorsque don Carlos, vaincu par la perfidie, fut réduit à venir avec les siens, chercher un asile sur le territoire français.
Traîné par ses compagnons d'infortune et porté jusqu'à Bayonne, il fut déposé à l'hôpital.
Là, les soins les plus assidus lui furent prodigués par les sœurs de la charité et l'on vint à bout d'arracher de sa plaie le plomb meurtrier avec plusieurs esquilles.
Après de longues souffrances, l'officier se trouva impotent et réduit, pour marcher, à se servir de béquilles.
Le désir d'obtenir une guérison parfaite, ou du moins d'améliorer son état, le conduisit à Dax, célèbre par ses bains chauds.
Il demeurait à l'hôpital, et pendant plusieurs mois il suivit avec exactitude le traitement prescrit par la faculté, sans en recevoir un notable soulagement.
Durant cet intervalle, il eut des relations d'amitié avec un officier français, également malade, et surtout avec les ecclésiastiques de la ville et ceux du grand séminaire.
Il ne se passait pas de semaine qu'il ne traversât péniblement les rues, se tramant sur ses béquilles de l'hôpital au séminaire.
Cependant il entend parler de Notre-Dame de Buglose, comme d'un sanctuaire béni du ciel, où l'on obtient toute sorte de faveurs.
Il se sent à l'instant inspiré d'y aller pour solliciter une guérison qu'il demanderait en vain à l'art de guérir.
Cette idée le suit partout, et il ne peut s'empêcher de s'en ouvrir à l'officier français.
Celui-ci, qui d'abord avait reçu l'ouverture avec des railleries, finit par l'engagera suivre ce qui est pour lui une pensée d'en-haut, lui promettant de croire, s'il obtient la faveur demandée, de se convertir et de vivre chrétiennement.
L'Espagnol part dès le lendemain pour Buglose, accompagné de trois personnes de sa nation, un prêtre, le colonel Jorreïguï et une dame.
Arrivé à la chapelle, il prie avec une foi vive et une entière résignation à la volonté du Ciel, promettant, s'il est exaucé, de consacrer le reste de sa vie au service de Dieu et de sa bienfaitrice.
Il se lève ensuite sur ses béquilles, va lentement à la fontaine de Notre-Dame, où l'Image de la Vierge avait été trouvée en 1620, y descend avec la foi du paralytique, lave sa jambe malade, et soudain, par une vertu surnaturelle, il se sent guéri.
Le prêtre espagnol, témoin du fait, court en toute hâte à la chapelle avertir le pasteur du lieu qu'un grand miracle vient de s'opérer.
Celui-ci sort à l'instant, au milieu de l'allégresse générale qu'excite la nouvelle d'un si merveilleux événement.
Il trouve l'officier dans un transport de joie qu'on ne saurait rendre ; à peine s'il en croit ses yeux ; il va, il vient, sans le secours des béquilles, tantôt s'appuyant sur sa jambe de tout le poids de son corps, tantôt prenant des allures militaires, mais toujours joignant les mains et portant au Ciel des yeux mouillés de douces larmes.
Après avoir rendu à la Vierge sainte de dignes actions de grâces, et laissé à la chapelle ses béquilles, comme un monument de la faveur reçue, il reprend la route de Dax et en fait une bonne partie à pied.
Sa présence dans la ville est le sujet d'une surprise et d'une admiration extrêmes.
L'officier français en est surtout affecté.
En revoyant son ami guéri, il sent les idées religieuses se réveiller dans son âme, et peu de jours après on le voyait à Notre-Dame de Buglose demander à la Mère de miséricorde de le confirmer dans ses bonnes résolutions et de lui obtenir la grâce d'une entière conversion.
Après avoir rendu leurs pieux hommages à Marie, les pèlerins ne manquent par d'offrir aussi le tribut de leur vénération à son digne serviteur, le héros et l'apôtre de la charité, saint Vincent de Paul.
Dans un des bas côtés de l'église se trouve un autel dédié à sa mémoire.
Du reste tout est plein, dans une terre sanctifiée par l'humble Vincent, de son pieux souvenir.
Sa maison paternelle a été conservée absolument dans l'état où elle était lorsqu'il s'abritait sous son modeste toit, et elle appartient encore aujourd'hui à l'un de ses parents maternels.
On s'y rend en pèlerinage en sortant de l'église de Notre-Dame de Buglose.
« Beaucoup de personnes ont la dévotion de faire ce trajet nu-pieds, et s'arrêtent avec complaisance sous un chêne, auprès duquel celui que Dieu destinait à être le fondateur des Filles de la charité, gardait les moutons de son père. »

Le carillon de buglose
La chapelle de Notre-Dame de Buglose est deux fois célèbre ; car elle est voisine de l'humble toit sous lequel naquit Vincent de Paul, l'apôtre et le héros de la charité.
C'est dans les environs de cette chapelle qu'il gardait les troupeaux de son père, et souvent il dut prier sur ses ruines ; car cet antique sanctuaire, où la vierge Marie avait fait éclater maintes fois sa puissance, avait été dévasté par les hérétiques, peu d'années avant la naissance de Vincent.
C'est là, disent plusieurs historiens, qu'il voulut offrir pour la première fois les saints mystères ; là encore qu'il se rendit en pèlerinage avec ses frères, ses parents, ses amis, lorsqu'il alla revoir son pays en 1623.
Notre-Dame de Buglose était depuis longtemps le rendez-vous des infirmes, des malades, des affligés de toute la contrée, et l'on venait de découvrir miraculeusement l'ancienne statue, dans un marais où elle avait été jetée plus de cinquante ans auparavant.
Cette heureuse découverte avait rempli de joie tous les cœurs, et, grâce aux dons offerts de toutes parts, la chapelle avait été rétablie.
Elle est placée, dit un ancien écrivain, dans une espèce de solitude charmante, accompagnée d'un petit bois, où le silence n'est interrompu que par le concours des processions et des pèlerins.
A l'approche de ce saint lieu, on est saisi d'un sentiment de dévotion si tendre, qu'on ne peut s'empêcher de s'écrier à c'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel !
La chapelle est grande, belle, bien éclairée, ornée de diverses peintures. Sur le grand autel, on voit l'image miraculeuse de Notre-Dame de Buglose, objet de la vénération des fidèles.
C'est une statue d'une pierre très fine, travaillée de main de maître, et dont rien n'égale l'exquise beauté. Elle est haute de trois pieds trois pouces et assise dans un fauteuil. Elle tient l'enfant Jésus entre ses bras ; il semble qu'elle le montre et le présente à tous ceux qui vont lui rendre leurs vœux dans ce saint lieu. Son habit et son fauteuil sont peints d'un brocard d'or ; les couleurs du visage et des mains sont si vives et si naturelles, que les peintres les plus habiles avouent qu'ils n'ont rien vu de semblable et qu'il est rare de trouver une image de pierre d'une si excellente beauté.

Autour du grand autel, on voit, de part et d'autre, plusieurs présents d'argent et de cire, et divers tableaux, qui sont la preuve des miracles opérés dans ce saint lieu.
Aux environs de l'église, il y a plusieurs maisons pour loger les pèlerins, et à trois cents pas environ, la petite chapelle de la fontaine.
Les pèlerins ont coutume de s'y rendre avant de quitter Buglose, et plusieurs, en buvant de cette eau ou en s'y lavant, ont recouvré miraculeusement la santé.
Tel est le saint lieu de Buglose.
C'est dans cette délicieuse solitude, où, suivant l'expression d'un prophète, Dieu parle souvent au cœur, qu'il opère un grand nombre de merveilles, et que la glorieuse vierge Marie, qui y est spécialement honorée, reçoit avec bonté les vœux et les prières des fidèles.
Le saint lieu de Buglose est encore aujourd'hui ce qu'il était alors ; les fureurs révolutionnaires l'ont épargné.
Une tentative sacrilège fut faite ; mais les profanateurs, entendant sortir du tond de cet antique sanctuaire un bruit terrible, pareil au tonnerre, s'enfuirent épouvantés.
Cependant, pour soustraire à tout nouveau danger l'image vénérée, on la transporta dans la chapelle de la Fontaine, qui, simple et pauvre, devait moins exciter la convoitise ; et quand l'horizon s'éclaircit, quand des jours meilleurs reparurent, la Vierge reprit sa place dans l'église de Buglose.
Mais en souvenir du séjour qu'elle avait lait à la Fontaine, on répara, ou orna cette chapelle, et l'on recommença d'y célébrer la sainte messe ; ce qui ne s'était pas fait depuis de longues années.

Notre-Dame de Buglose est restée chère à tout le pays ; elle est entourée des plus tendres hommages, et elle y répond par de continuelles faveurs.
Les pèlerins, qui viennent souvent de bien loin pour implorer son assistance, ne manquent pas de s'agenouiller devant l'autel élevé à Vincent de Paul ; ils visitent ensuite la maison où ce grand homme et ce grand saint a reçu le jour, et ils s'arrêtent sous le chêne à l'ombre duquel la tradition assure que le petit berger s'asseyait en gardant ses troupeaux.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary







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