Ergué-Gabéric
Notre-Dame de Kerdévot
Notre-Dame de Kerdévot (en breton Itroñ Varia Kerzevot) est une église catholique située dans la commune d'Ergué-Gabéric, en Bretagne.
Elle est réédifiée au XVe siècle en dévotion à la Sainte Vierge, après qu'une épidémie de peste a ravagé la région.
De style gothique, elle prend place dans un enclos comprenant un calvaire du XVIe siècle et une sacristie du XVIIIe siècle.
Une fontaine de style gothique réputée soigner la fièvre et le catarrhe est aménagée à 300 mètres de l'enclos.
L'ensemble
architectural est un exemple remarquable de la période de
reconstruction consécutif à la guerre de succession de Bretagne et de
l'âge d'or breton des XVe et XVIe siècles.
L'enclos est classé monument historique depuis le 9 mai 1914.
La chapelle est également renommée pour sa statuaire, notamment son retable flamand de la fin du XVe siècle, et son pardon tenu chaque année le second dimanche de septembre.
Histoire
La peste d'Elliant
Selon
la tradition populaire, la chapelle de Kerdévot fut élevée en
remerciement de l'intervention de la Vierge, qui protégea la paroisse
d'Ergué-Gabéric de la peste sévissant dans la paroisse voisine
d'Elliant.
Cet
épisode de la « peste d'Elliant » a suffisamment marqué les esprits de
l'époque pour que sa légende vienne jusqu'à nous à travers plusieurs
œuvres, telle La Peste d’Elliant présentée par Théodore Hersart de La Villemarqué dans son Barzaz Breiz, ou celle rapportée par François-Marie Luzel dans ses Chants populaires de la Basse-Bretagne.
Ainsi,
selon la légende, un meunier ramena la peste (matérialisée sous les
traits d'une vieille mendiante) de la ville de Quimper en la paroisse
d'Elliant, où elle tua presque tous les habitants.
Alors
que la peste allait atteindre Ergué-Gabéric, la Vierge apparut et
l'arrêta au niveau du ruisseau marquant la limite des deux paroisses.
Pour la remercier, un sanctuaire fut construit sur les terres du seigneur de Botbodern, à proximité du lieu du miracle.
Cet acte a donné son nom à la chapelle, Kerdévot signifiant en breton le lieu des dévots.
Sur
le plan historique, il est établi que les décennies précédant la
construction de la chapelle ont vu la résurgence régulière d'épidémies
de peste, particulièrement en 1349.
La chapelle de dévotion
Le nom de Kerdévot apparaît pour la première fois en 1439, dans le testament d'un ecclésiastique quimpérois.
La chapelle existait donc à cette époque, sans que l'on puisse savoir s'il s'agit du bâtiment actuel.
Toutefois, certains éléments d'architecture de la chapelle permettent de la dater du XVe siècle :
la maîtresse-vitre du chœur porte la date de 1489, et le clocher
comporte un médaillon représentant une hermine passante, symbole des
ducs de Bretagne qui ont régné jusqu'en 1514, ainsi que deux blasons
d'hermines sur les sablières de la nef.
On sait par ailleurs que dans cette période consécutive à la
désastreuse guerre de succession (1341-1364), les ducs faisaient des
donations aux églises et chapelles locales, comme Jean V pour Locronan
en 1438.
Cela a pu bénéficier aussi à Kerdévot et entraîner de nombreux dons.
Il
est par exemple établi que les nobles locaux ont contribué à
l'édification de la chapelle et à son embellissement, à l'instar de
François Liziart, seigneur de Kergonan en Ergué-Gabéric, au XVe siècle et des seigneurs de Tréanna en Elliant, ces derniers étant au service du duc pendant tout le XVe siècle.
Les élans de générosité succédaient généralement aux résurgences de la peste dans la région.
Une
tiare papale est également figurée dans le chœur, ce qui peut indiquer
une exonération de la paroisse de certaines charges pour accélérer les
travaux. La chapelle est inaugurée en 1556.
Les
dons importants ont probablement permis à la fabrique d'acheter assez
rapidement le magnifique retable flamand que l'on peut voir au-dessus du
maître-autel.
Ce retable a été fabriqué par les ateliers d'Anvers et date des années
1480-1490. Il comporte six panneaux représentant les scènes de la vie de
Marie. Quatre scènes sont d'origine et deux ont été ajoutées au XVIIIe siècle.
La
peste frappe régulièrement la région quimpéroise, notamment en 1533,
1565, 1586, 1595 et 1639. Chaque épidémie est l'occasion pour la
fabrique de Kerdévot de recevoir des dons, par exemple les 33 écus
offerts en 1598 par Yves Toullalan, chantre de la cathédrale de Quimper.
La
richesse relative de la fabrique permet d'embellir et de compléter la
chapelle. Ainsi un calvaire et une fontaine sont construits dans le
courant du XVIe siècle.
Le
mobilier de la chapelle est également complété à cette époque par
l'achat de la statue dite Notre-Dame-de-Kerdévot et celle de
Notre-Dame-de-l'Angoisse. Le retable flamand est quant à lui complété
par deux panneaux supplémentaires.
Le
père Alexandre, qui effectue un tro Breiz, passe à Kerdévot vers 1669.
Il décrit un pardon attirant une foule importante et une manifestation
alliant les dévotions à la Vierge et la bonne chère de la foire.
Le XVIIIe siècle
commence par une catastrophe : une tempête abat le clocher le 2 février
1701. La fabrique le reconstruit rapidement. Une nouvelle cloche est
achetée en 1704 et une nouvelle sacristie est construite en 1705 dans le
style classique.
À
cette époque, la renommée de la chapelle est telle qu'au carême de
1712, des marins de l'escadre de Duguay-Trouin, tout juste rentrés d'une
campagne au Brésil, viennent y faire leurs dévotions.
En 1712 est également composé le cantique de Kerdévot.
Il s'agit d'un chant en moyen breton long de 56 couplets. Il fait
l'apologie de Notre-Dame de Kerdévot en rappelant ses légendes et ses
miracles. Il se compose de la façon suivante :
Couplets | Contenu |
---|---|
1 à 5 | Considérations sur les malheurs du temps |
6 à 9 | Éloge de Kerdévot |
10 à 15 | Légende du retable flamand |
16 à 20 | Évocation de la peste d'Elliant |
21 à 29 | Bienfaits de Notre-Dame de Kerdévot |
30 à 32 | Le pèlerinage des marins de Duguay-Trouin |
33 à 50 | Miracles à Kerdévot |
51 à 56 | Les grandes heures de Kerdévot |
Les
richesses accumulées dans la chapelle suscitent la convoitise et
attirent des bandes organisées qui dérobent des objets précieux. À tel
point qu'en 1774 le Parlement de Bretagne ordonne qu'un sacristain dorme
dans la chapelle pour éviter les vols.
La tradition se perpétue
À
partir de 1789, la Révolution apporte des changements radicaux : la
constitution civile du clergé est promulguée dès le 24 août 1790, ce qui
impose au recteur d'Ergué-Gabéric et à ses vicaires de se soumettre à
ce texte non approuvé par le Saint-Siège. Réfractaire, le recteur Alain
Dumoulin est alors remplacé par un curé constitutionnel qui prend sa
place au bourg d'Ergué. Dumoulin se réfugie à Kerdévot, avant de fuir
finalement à Prague.
Le
29 avril 1795, la chapelle de Kerdévot, bien national, est vendue aux
enchères. Les paroissiens organisent le rachat de l'édifice par
l'intermédiaire d'une souscription. Afin de contourner la loi qui
interdit ce type de rachat, un prête-nom est choisi : Jérôme Crédou, par
ailleurs futur maire d'Ergué-Gabéric. Celui-ci s'engage à céder
gracieusement la chapelle à la commune, chose faite en 1804. Par
ailleurs, la chapelle est élevée en 1855 au rang d'église succursale de
la paroisse d'Ergué-Gabéric par un décret impérial.
Le XIXe siècle
voit la perpétuation des traditions de dévotion à Notre-Dame. Les
pardons célébrés tout au long de l'année attirent les foules et les
curieux, notamment le grand pardon du mois de septembre. Des
artistes de passage à Kerdévot relatent ainsi la renommée du lieu et
l'importance des cérémonies religieuses :
« En ce temps-là, Notre-Dame de Kerdévot jouissait d’une réputation et d’une vogue extraordinaires, à peu près comme celles dont jouit plus tard, à la Salette et à Lourdes, la Vierge de l’Immaculée Conception. Tous les enfants scrofuleux, les teigneux, tous les hommes et les femmes affligés de plaies variqueuses ou cancéreuses allaient se plonger dans cette fontaine et y décrasser leurs plaies. »
— Jean-Marie Déguignet, Mémoires d'un paysan bas-breton
Des peintres prennent le grand pardon comme modèle de leurs tableaux, tel Eugène Boudin qui exécute 23 croquis dans les années 1855 - 1857 pour préparer son tableau Un pardon près de Quimper, aujourd'hui disparu.
La première moitié du XXe siècle
verra également l'édition de cartes postales des scènes pittoresques
des pardons de Kerdévot. On peut notamment citer les séries de Joseph
Villard dans les années 1910 et celles de Raphaël Binet dans
l'entre-deux-guerres.
Le
retable puis la chapelle sont progressivement reconnus comme un
patrimoine à protéger : après le classement aux monuments historiques du
retable flamand le 23 juillet 1898, la chapelle, la sacristie et le
calvaire sont classés à leur tour le 9 mai 1914. L'ensemble
architectural et le placître deviennent aussi un site inscrit en 1931,
et le reste des objets et du mobilier ancien est classé monument
historique entre les années 1930 et 1950.
Après
la seconde Guerre mondiale, la renommée de la chapelle diminue. Seul le
« grand pardon » de la nativité de Marie attire encore plusieurs
milliers de personnes au début du mois de septembre.
C'est
seulement après le vol en 1973 de plusieurs personnages du retable
flamand, que l'intérêt pour la chapelle renaît vraiment. Le bâtiment et
son mobilier sont restaurés, et le site s'ouvre aux visites
touristiques.
Architecture
L'enclos
La
chapelle prend place dans un enclos fermé par un muret et jouxtant au
sud les anciennes écuries de la ferme de Kerdévot. On accède à l'enclos
par l'un des deux portails de fer forgé. Le calvaire se situe au milieu
du placître, tandis que la chapelle prend place dans la moitié nord de
l'enclos, la sacristie étant accolée à sa façade méridionale.
Extérieurs de la chapelle
La chapelle de Kerdévot, construite essentiellement au XVe siècle,
est de style gothique flamboyant. Elle forme un bâtiment rectangulaire,
construit en granite, couvert de deux pans de toiture en ardoises. Ses
dimensions imposantes (30 mètres de large et 13 mètres de haut) lui valent le surnom de « cathédrale de campagne ».
La façade occidentale date du XVe siècle.
Elle comporte la porte principale de la chapelle, encadrée par un
portail ouvragé, et surmontée d'un fenêtre à baie géminée. Les armoiries
des seigneurs ayant probablement contribué à l’édification de la
chapelle sont placées au-dessus de la porte. L'hermine passante du duc
de Bretagne est quant à elle située à la place d'honneur, au départ du
clocher.
La
façade est soutenue par quatre contreforts, dont deux se prolongent par
des tours octogonales donnant accès au clocher. Ces dernières, ainsi
que le clocher construit en 1702, sont d'un style hybride entre le
gothique et le style classique. Le clocher, qui comporte une balustrade
et une flèche et de granite, culmine à vingt mètres de hauteur.
Le
clocher abrite deux cloches. La première date de 1704 et mesure 93
centimètres de diamètre. La seconde a été fabriquée à Nantes en 1803 et
mesure 76 centimètres de diamètre.
Le
côté sud de la chapelle fait face au placître et au calvaire. De style
gothique, elle est soutenue par quatre contreforts encadrant deux
fenêtres et deux portes, dont l'une est murée. Une lucarne de style
classique a été ajoutée postérieurement afin d'éclairer l'escalier du
clocher. La façade comporte également un cadran solaire en ardoise.
Le
chevet est plat. Il comporte deux contreforts encadrant deux fenêtres
et la maîtresse-vitre du chœur. Les contreforts sont agrémentés de
pinacles. Une fenêtre circulaire au décor d'inspiration celtique est
présente au-dessus de la verrière principale.
Le côté nord comporte deux fenêtres et une porte murée.
- Le côté sud
- La façade occidentale
- Le côté nord
- Le chevet
- Le portail de la façade occidentale
- Détail de la base du clocher, avec le symbole ducal
- Le chevet et sa verrière principale
- Trois pinacles du chevet
Sacristie
La
sacristie est accolée à la façade sud de la chapelle, au niveau du
chœur. Elle est contemporaine du clocher ; la date de 1705 est gravée
sur sa face sud. Elle fut construite pour abriter les réunions de la
fabrique et loger un gardien. L'ensemble forme un rectangle en granite,
comptant deux niveaux surmontés d'un toit à l'impériale en ardoises. Le
rez-de-chaussée est éclairé par trois fenêtres, tandis que l'étage
s'ouvre par une fenêtre en lucarne et deux œils-de-bœuf. La modénature
est relativement riche, avec la présence d'une lucarne ouvragée et d'une
corniche à médaillons soulignant les deux œils-de-bœuf.
- Vue d'ensemble de la sacristie
- La façade sud
Calvaire
Le calvaire construit au XVIe siècle est de style gothique.
Le
massif en granite est pourvu de douze niches ouvragées, destinées à
contenir les statues des apôtres. Ces niches étant vides, on ne sait pas
si les statues ont disparu ou si elles n'ont jamais été réalisées. La
forme trapue du corps du calvaire laisse à penser qu'il était plus
élancé à l'origine.
Le
massif supporte les croix de la crucifixion et des deux larrons. Les
fûts des colonnes comportent des excroissances symbolisant des bubons,
rappelant la vocation antipesteuse de Notre-Dame de Kerdévot. Sur le fût
principal, de part et d'autre du Christ sont placés la Vierge et saint
Jean ; deux anges recueillent le sang du Christ. Un peu en dessous,
Véronique tient le voile de la sainte Face. Au pied de ce fût se trouve
le groupe de Notre Dame de la Pitié. Au revers figurent Ève, saint
Michel terrassant le dragon et un Ecce homo.
- Vue d'ensemble du calvaire
- Les trois croix
- Détail de la croix de la crucifixion et des deux larrons
- Détail de la croix de la crucifixion : sainte Véronique tenant la sainte Face
La fontaine
La fontaine de Kerdévot est située à environ 300 mètres
à l'Est de la chapelle. Elle se présente sous la forme d'un édicule de
style gothique comprenant une niche abritant la source et un toit à deux
pans surmonté de deux pinacles et d'un blason. La niche abrite
également une statue de la Vierge portant l'Enfant-Jésus.
La fontaine n'est pas datée avec certitude. Toutefois, les armoiries présentes orientent vers le XVIe siècle. En effet, le blason peut se lire : « Parti,
au premier d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent qui est
Guengat, au second coupé en premier d'argent fretté d'azur qui serait
Guicaznou, et en second d’azur au lévrier passant d'argent qui est
Tromelin ». On sait que les familles Guengat et Tromelin
se sont alliées en 1536, avec le mariage de Jacques de Tromelin et de
Marie de Guengat. Cette dernière lui apporte à cette occasion le fief
voisin de Botbodern, en Elliant. Les armoiries de Guengat et de Tromelin
sont par ailleurs visibles à plusieurs endroits de la chapelle.
L'eau
de la fontaine était réputée guérir la fièvre et le catarrhe. La
fontaine faisait également l'objet de dévotions à la Sainte-Vierge. Par
exemple, l'abbé Antoine Favé rapporte en 1894 que les jeunes mères
n'arrivant pas à allaiter leur enfant viennent nettoyer la fontaine pour
recevoir les faveurs de la Vierge.
Intérieurs de la chapelle
L'intérieur
de la chapelle est organisé en trois nefs de quatre travées - une nef
principale et deux bas-côtés - séparées par des colonnes rondes. Il n'y a
pas de transept.
Le chœur
Le
chœur a été construit en premier, dans les années 1470-1490, ce qui
correspond également au chantier de reconstruction de la cathédrale de
Quimper. Le style du chœur de Kerdévot, proche de celui de la
cathédrale, s'en ressent, notamment avec la pénétration directe des arcs
dans les colonnes, sans véritables chapiteaux intermédiaires, ce qui
produit une impression de hauteur et d'élan. Il est possible que des
maîtres d’œuvre de la cathédrale aient travaillé à Kerdévot.
Retable de la vie de la Vierge
Le
retable flamand (originaire d'Anvers ou Malines) de la chapelle
Notre-Dame-de-Kerdévot, long de 3,10 mètres et haut de 1,70 mètre, en
bois, est composé de 6 scènes sculptées en ronde-bosse dorée, argentée,
et polychromée. Il était probablement initialement en forme de "T"
renversé, les deux scènes latérales supérieures ayant été rajoutées au XVIIe siècle.
Il a été classé Monument historique le 14 juillet 1898 pour sa partie
ancienne et le 23 juillet 1931 pour sa partie plus récente. Onze statues
du retable furent volées le 6 novembre 1973, mais certaines ont été
retrouvées en 1974.
Après
plusieurs années de restauration, le retable flamand est remis en place
dans le chœur de la chapelle le 3 avril 2013, protégé par un coffre
vitré sous alarme. À cette occasion, la chapelle est également dotée
d'une alarme anti-intrusion.
- Le retable flamand
- Le panneau de l'Adoration des mages
- Le panneau de la Présentation au temple
- Le panneau des Funérailles de la Vierge
- Le panneau du Couronnement de la Vierge
La nef et les bas-côtés
La
nef principale était à l'origine barrée d'un jubé entre la seconde et
la troisième travée. On peut on peut encore en observer les traces sur
les gros piliers soutenant la chaire.
Le plafond est constitué d'une voûte lambrissée en bois dont les poutres sablières sont sculptées.
Retable du baptême du Christ
Retable de la Vierge de pitié
Statue de Notre-Dame-de-Kerdévot
Galerie : Notre-Dame-de-Kerdévot
Adossée
à un pilier séparant la nef et le chœur, face à la porte d'entrée
usuelle de la chapelle, la statue de Notre-Dame-de-Kerdévot date du XVe siècle.
Elle est soutenue par un socle réalisé en 1948. C'est une maestà : la
Vierge, vêtue d'une robe dorée, est assise sur un trône d'une grande
richesse architecturale, et entourée de sept angelots, présente l'Enfant
Jésus nu.
Le
style de la statue, dont les mouvements ne sont pas stéréotypés, ainsi
que les éléments de décor comme les coquilles Saint-Jacques rattachent
cette œuvre à la Renaissance italienne. Son origine est cependant
inconnue
- Vue d'ensemble
- La Vierge portant Jésus
- Détail d'un angelot
Vitraux
À l'exception de la maîtresse-vitre éclairant le chœur et comportant des éléments du XVe siècle et des baies du chevet, la chapelle est dotée de vitraux modernes réalisés à la fin du XXe siècle.
La maîtresse-vitre
Galerie : Maîtresse-vitre de Kerdévot
La
vitre principale est située au centre du chevet plat, derrière le
maître-autel et le retable flamand. Malgré son unité d'ensemble, elle
est constituée d'éléments divers provenant probablement d'anciens
vitraux disparus de la chapelle. Elle porte la date de 1489, ce qui la
rend contemporaine de la reconstruction de la chapelle.
Elle
porte de nombreux blasons, témoins des dons de la noblesse d'Elliant et
d'Ergué-Gabéric. Deux cycles y figurent également : la vie de la Vierge
et la passion du Christ.
Les vitraux d'Hung Rannou
Les
neuf vitraux de la nef et des bas-côtés ont été créés en 1994 et 1995
par le peintre quimpérois Hung Rannou et réalisés par Jean-Pierre Le
Bihan entre 1994 et 1995. Ils reprennent les thèmes mariaux tels que
l'enfantement, les thèmes christiques comme la Passion et l'Ascension et
s'inspirent de l'environnement boisé et vallonné de la chapelle.
Culte, cérémonies et manifestations
Du
fait de sa grande renommée, la chapelle de Kerdévot faisait tout au
long de l'année l'objet de nombreuses cérémonies religieuses en dévotion
à la Vierge, généralement accompagnées de manifestations profanes. Ces
pratiques sont progressivement tombées en désuétude au cours du XXe siècle, à l'exception du grand pardon de septembre qui réunit encore chaque année plusieurs milliers de personnes.
Pèlerinage du silence
Appelé pardon mud
en breton, le pèlerinage du silence était le premier pèlerinage de
l'année, le Jeudi saint. Ce jour-là en effet, les paroissiens
d'Ergué-Gabéric et des communes avoisinantes se rendaient par petits
groupes à la chapelle de Kerdévot. Le chemin était consacré à la
méditation et se parcourait en respectant le silence.
Arrivés
à la chapelle, les pèlerins en faisaient trois fois le tour, puis y
rentraient faire leurs dévotions à la Vierge. Le retour chez soi se
déroulait de la même manière qu'à l'aller.
Disparu
dans les années 1950, ce pèlerinage est relancé en 2009 par
l'association des amis de la chapelle de Kerdévot. En 2012, 85 personnes
y ont participé.
Pardon des chevaux
À
l'époque où la traction animale constituait le principal moyen de
transport et de travail agricole, les chevaux étaient souvent bénis.
Ainsi, chaque 25 juin avait lieu à Kerdévot le « pardon des chevaux »,
sous l'invocation de saint Théleau. La date du pardon, jour de la
Saint-Éloi, semble s'expliquer par l'assimilation par homophonie de
saint Théleau à saint Éloi. Ce dernier est en effet le patron des
maréchaux et des chevaux.
La
cérémonie débutait le matin par l'arrivée de centaines de chevaux,
juments et poulains. La procession prenait la forme d'un carrousel. Les
animaux et leurs maîtres rentraient dans l'enclos, faisaient le tour du
calvaire et ressortaient. S'ensuivait la bénédiction des chevaux par le
prêtre et une messe en l'honneur de saint Éloi.
Le pardon, tombé en désuétude après la mécanisation de l'agriculture au milieu du XXe siècle, a aujourd'hui disparu.
Grand pardon
Tous
les ans, la chapelle fait l'objet d'un pèlerinage le second dimanche de
septembre, lors duquel un important pardon est organisé.
Consacré à la dévotion à la Vierge, c'est le principal évènement se tenant à Kerdévot. Sa renommée est connue depuis le XVIIe siècle.
Il rayonne encore aujourd'hui sur toute la région de Quimper, et
notamment les communes des pays glazik, fouesnantais et bigouden, au
point que chaque année, plusieurs milliers de personnes se pressent
encore dans l'enclos.
Alors
que le pardon est tenu le dimanche, Kerdévot voyait autrefois les
préparatifs commencer dès le jeudi précédent, avec l'arrivée des
commerçants, des cabaretiers et des saltimbanques.
Le
dimanche voyait se succéder les messes toutes les heures, le matin de 5
à 11 heures, et les confessions des pèlerins. Certains dévots, soit en
pénitence, soit pour exaucer un vœu fait à la Vierge, faisaient le tour
de la chapelle à genoux en récitant le chapelet ou se rendaient à la
fontaine afin de s'y tremper, ou simplement d'y jeter des pièces. Avant
la grand'messe de 11h et après celle des vêpres, une procession à
travers la paroisse était organisée. Le cortège défilait derrière le
reliquaire, les croix et les bannières de la chapelle, et chantait le
cantique de Kerdévot.
Les
pèlerins, venant généralement à pieds ou en char-à-bancs, restaient la
journée à Kerdévot. À côté des cérémonies religieuses se tenait ainsi
une fête profane, offrant divertissements, restauration et produits à
acheter. Cet aspect festif était à ce point développé à la fin du XIXe siècle que Kerdévot était surnommé « Kerfricot », c'est-à-dire le « village du banquet » en breton.
Les
Bigoudens venant au pardon de Kerdévot en profitaient généralement pour
effectuer le « pardon des trois Marie », c'est-à-dire la participation
successive aux trois pardons de Cornouaille qui se tenaient le même
dimanche : celui de Notre-Dame-de-la-Clarté en Combrit, celui de
Notre-Dame de Basse-mer à La Forêt-Fouesnant et celui de Kerdévot.
Dans la seconde moitié du XXe siècle,
la forme du pardon a quelque peu évolué. En effet, dès 1946 un podium
est installé dans l'enclos afin de permettre à tous les pèlerins
d'assister aux messes dans des conditions acceptables, la chapelle ne
pouvant accueillir tout le monde. La procession du dimanche matin est
remplacée depuis 1976 par une retraite aux flambeaux le samedi soir. Une
kermesse se tient toujours en parallèle au pardon. Un fest-deiz se tient également depuis quelques années, permettant à la foule de danser sur des airs de musique traditionnelle bretonne.
Foire aux gages
À
l'époque où les agriculteurs employaient comme main-d’œuvre des
travailleurs à l'année, une foire aux gages se tenait à Kerdévot, sur le
placître arboré devant la chapelle. Ainsi chaque 8 décembre, jour de
l'Immaculée conception, les domestiques et les bonnes des villages
alentour vennaient s'y faire gager auprès des propriétaires de fermes.
La tenue de cette grande réunion avant le Nouvel An facilitait le choix
d'employés pour l'année à venir. Ceux qui ne trouvaient pas satisfaction
à Kerdévot, pouvaient toujours se rendre le samedi suivant à la foire
aux gages de Saint-Corentin à Quimper.
Usages contemporains
Outre
les cérémonies religieuses et les fêtes liées au patrimoine, la
chapelle est ouverte au public pendant les mois de juillet et d'août.
Depuis
2002, un marché de produits agricoles biologiques ou du terroir local
est organisé chaque mercredi après-midi sur le placître situé devant la
chapelle.
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