Honfleur
Église sainte Catherine
Historique
Intérieur : gauche, nef en bateau du XVe siècle ; droite, nef du XVIe siècle
Le
visiteur qui franchit le seuil de cette église est tout d'abord frappé
par l'existence des deux nefs parallèles, puis par les voûtes (en forme
de bateau renversé, disent les guides), enfin par le matériau de cette
église entièrement construite en bois ; seuls, les soubassements sont en
pierre ; les "hourdis" (intervalles entre les pièces de bois) sont en
briques recouvertes de mortier de chaux, comme dans la plupart des
constructions du Pays d'Auge.
Pour
expliquer ce genre de construction, il faut savoir que la ville de
Honfleur, "l'Enclos" comme on disait, se limitait autrefois strictement à
quelques maisons et à un seul bassin (le vieux bassin actuel), le tout
enfermé dans des murailles fortifiées qui faisaient de Honfleur la place
forte de la rive gauche de la Seine.
Ville
forte, une des bases de la guerre de course, elle fut souvent en lutte
avec l'Angleterre et subit l'occupation anglaise de 1415 à 1466. Elle
vit alors la destruction des églises situées dans les faubourgs
Saint-Léonard et Sainte-Catherine.
Pourquoi en bois ?
Les
habitants de ce dernier faubourg, spécialement ceux de la rue Haute,
qui s'étire le long du front de mer et où l'on voit encore bien des
vieilles maisons en bois, décidèrent de se mettre à l'abri et de se
fortifier ; dans le même temps pour reconstruire quand même leur église
et ménager leurs ressources, ils édifièrent hâtivement, avec les moyens
du bord peut-on dire (le bois peu onéreux de la forêt de TOUQUES toute
proche et la main d'œuvre locale des charpentiers de navires), l'église
provisoire que l'on voit encore aujourd'hui.
Pourquoi deux nefs ?
Une
première nef, celle du Nord (à gauche en entrant) fut construite au
plus tard en 1468 ; mais comme le quartier était alors en pleine
expansion (c'était celui des marins et des armateurs) le provisoire
devint, comme il arrive souvent, définitif et peu de temps après, en
1496, une seconde nef fut élevée, parallèle à la première ; on allongea
ensuite le tout de trois travées ; enfin, au siècle suivant, on
adjoignit les deux bas-côtés et le porche Renaissance, côté Sud.
Faut-il
émettre une autre hypothèse, technique, celle-là : il était difficile
de construire une seule nef plus large car on était limité par la portée
des poutres en bois (les "extraits" qui relient les deux côtés de la
charpente) ; l'adjonction de la seconde nef fut différée de quelques
années ; après l'édification de la nef Nord et du clocher isolé ; bâti
sur le même axe. De toute manière elle fut l'œuvre des charpentiers de
marine, habitués à construire des bateaux avec les moyens de l'époque
(haches, herminettes) : les piliers irréguliers que l'on voit encore en
plusieurs places en sont la preuve.
Transformation
Durant la Révolution Française l'église fut respectée et servit probablement de Temple de la Raison.
Au
temps de la Restauration, en 1827, on décida de recouvrir de plâtre
toutes les poutres et de transformer les piliers en colonnes
cylindriques ; on décida également d'abattre le baptistère extérieur et
d'élever à la place un grand porche avec quatre colonnes grecques et un
fronton à l'antique.
Elle
resta dans cet état jusqu'en 1879 où l'on se mit à restaurer l'abside :
en raison de leur mauvais état, les six premières travées Est furent
entièrement reconstruites et l'église entière rendue au culte en 1887 ;
ce sont les deux chœurs actuels.
A
la fin du siècle dernier, on fit disparaître les derniers enduits de
plâtre de la nef ; l'intérieur de l'édifice nettoyé a repris l'aspect
qu'il avait autrefois.
En 1929, le porche grec fut enlevé et remplacé par le porche actuel.
En 1944, à la libération, un obus a traversé le chevet du chœur gauche et a frappé le dallage sans éclater.
Mobilier
NEF DE GAUCHE (en partant du fond)
Plaque
commémorative et tableau (par VOISARD-MARGERIE) du martyre de Denis de
la Nativité (béatifié en 1900) religieux carme mort à Achem (Ile de
Sumatra) en 1638. Originaire de la paroisse dont une place porte le nom
civil "Pierre Berthelot", il fut au début de sa vie pilote-major et
cosmographe du roi du Portugal.
Statues en bois :
Notre-Dame
de Grâce, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, saint Joseph, saint Antoine
de Padoue, Bienheureux Denis de la nativité (Pierre Berthelot)
CHOEUR DE GAUCHE
Sainte Marie-Madeleine, bois polychrome XVIIIe siècle.
Sur l'autel : statue de la sainte Vierge avec anges adorateurs.
Marie-Madeleine
CHOEUR DE DROITE
Lutrin de 1850 par les Ateliers VIMONT frères, de Vire.
Maître-autel
de 1772 avec les statues de sainte Catherine (patronne de la paroisse)
et de saint Etienne (patron de la paroisse située autrefois dans la
vieille ville) ; son église, sur le bassin, abrite aujourd'hui le Musée
de la Marine.
Lutrin en bronze du XVe siècle, en forme d'aigle ; il a figuré à l'exposition des trésors des églises de France en 1966.
NEF DE DROITE
Statues : saint Augustin (XVIIIe siècle), Sacré Cœur, sainte Jeanne d'Arc, saint Alexis, saint Marcoulf.
Saint Augustin
FOND DE L'ÉGLISE
Grand
orgue de Jean-Baptiste Nicolas LEFEBVRE, facteur d'orgues et organiste
de Rouen (1771), transformé par MUTIN en 1880 et restauré en 1979 par la
maison GONZALES.
La
balustrade de l'orgue est du XVIe siècle et provient soit de la
balustrade de l'ancien orgue, soit de la maison des Orléans-Longueville,
seigneurs de Honfleur, on voit en effet la trace d'armoiries mutilées à
la Révolution.
Ses panneaux sculptés représentent 17 instruments de musique en usage au XVIe siècle (liste en bas de la page suivante).
CENTRE DE L'ÉGLISE
Banc
du "Trésor" (face à la chaire) : cet emplacement était occupé par les
"Marguilliers" (Comité paroissial pour la gestion des finances de la
"Fabrique" de l'église, disparu à la séparation de l'Église et de
l'État).
Statue de sainte Anne : sainte Anne est la patronne d'une confrérie encore existante et qui remonte au 11 avril 1684.
On possède le registre de ses membres commencé en 1699.
Source : Document explicatif à la disposition des pèlerins dans l'église.
Bas-côté sud, sans chapelle
Merci à Alexandra et Olivier pour les photos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire