Les Jésuites

Jésuites

Jésuites
Ignace de Loyola, Pierre Favre, François Xavier

La Compagnie de Jésus — abrégée s.j. : Societas Jesu — est un ordre religieux fondé par Ignace de Loyola et approuvé en 1540.
On appelle ses membres les Jésuites.
C'est l'un des trois ordres religieux numériquement les plus importants de l'Église catholique, avec 18 516 membres en 2010. Son actuel supérieur général est Adolfo Nicolás.
Les Jésuites peuvent être prêtres, frères ou étudiants (appelés également « scolastiques »).
Comme les autres religieux catholiques, ils professent les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance à leur supérieur, après leurs deux années de noviciat. Ils prononcent aussi un vœu qui leur est propre : l’obéissance au pape.

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Christogramme

Le sceau de la Compagnie, ou christogramme, IHS, représente les trois premières lettres de IHΣOYΣ, « Jésus » en grec  .

Fondation 

Ignace de Loyola


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Converti après une jeunesse mondaine et un brillant début de carrière militaire, Ignace de Loyola (1491-1556), gentilhomme basque espagnol, ressent après divers tâtonnements un appel à aider les âmes (selon ses propres termes) et servir le Christ.
Cela le conduit à faire des études de théologie à l'université de Paris, et progressivement à rassembler autour de lui des amis dans le Seigneur prêts à travailler pour la plus grande gloire de Dieu (devise qui devient célèbre en latin : Ad maiorem Dei gloriam ou AMDG, dans l'Église).
Ainsi, le 15 août 1534, Ignace de Loyola et six autres étudiants, dont François Xavier et Pierre Favre, le premier prêtre ordonné de la Compagnie, se retrouvent à Montmartre.
Décidant de se consacrer à Dieu, de faire vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, ils fondent la Societas Iesu (s.j.), connue en français sous le nom de « Compagnie de Jésus ».
Ignace a suggéré que leur fraternité prenne le titre de « Compagnie de Jésus » pour rappeler en permanence l'engagement militant et sans réserve au service du Christ.
Dans la bulle pontificale de fondation en 1540, c'est pourtant le terme latin Societas Iesu qui fut utilisé.
Le terme « Jésuite » apparaît plus tard vers 1545 et n'aura jamais de caractère officiel.
Ignace et ses compagnons partent en 1537 pour l'Italie afin d'obtenir la reconnaissance de leur ordre par le pape Paul III, ce que leur accorde la bulle Regimini militantis ecclesiae en 1540.
Le 21 juillet 1550, le pape Jules III dans sa bulle Exposcit Debitum confirme la Compagnie de Jésus.

Origine du mot 

Le terme de « Jésuite » est antérieur à la fondation de la Compagnie.
À la fin du Moyen Âge, en Europe, on rencontrait déjà le mot latin jesuita dans le sens de « bon chrétien », disciple de Jésus.
Au XIVe siècle, Ludolphe le Chartreux, dans sa Vita Christi, écrivait : « Au ciel, nous serons appelés jésuites par Jésus lui-même, c'est-à-dire "sauvés par le Seigneur" ». Par dérision, ceux qui se posaient trop visiblement en « bons chrétiens » étaient qualifiés de « jésuites ».
Ignace de Loyola, lorsqu’il se réfère au groupe d’étudiants qui prononcèrent avec lui leurs vœux à Montmartre en 1534, parle de ses « Amis dans le Seigneur   ».
Ensuite, après la fondation officielle de la Compagnie en 1540, lorsque les « Amis » commencèrent à circuler en Italie et ailleurs, on leur donna différents noms.
Dans une lettre de janvier 1545, Pierre Canisius écrit : « À Cologne, c’est par le terme de Jésuites que les membres de la Compagnie sont généralement connus. »
Le mot « jésuite » ne se retrouve pas dans les textes fondateurs de la Compagnie, et Ignace de Loyola ne l’emploie pas dans ses écrits. Pourtant, le terme se répand rapidement.
Au concile de Trente, les procès-verbaux désignent déjà comme « Jésuites » les membres de la Compagnie qui participent aux délibérations.
En 1562, on cite Jacques Lainez en tant que Generalis Jesuitarum.

Les débuts de la Compagnie 

Une réforme de l'Église, espérée et attendue depuis des années, était rendue plus urgente encore par les succès de la Réforme protestante : ce fut l'objet de la convocation du concile de Trente où les Jésuites prennent une part importante, puis du mouvement de la Contre-Réforme.
À ses débuts, la Compagnie s'occupait essentiellement d'activités missionnaires, mais elle se tourna dès 1547 vers l'enseignement, qui devint son activité principale vers la fin du XVIe siècle.

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Prêtre Jésuite au Brésil

Un collège fut ouvert à Rome en 1551 alors que des membres étaient déjà au Congo, au Brésil et en Angola.
L'activité éducative des Jésuites s'étendit aussi dans l'Empire ottoman, avec notamment le lycée Saint-Benoît établi en 1583.
À la mort d'Ignace de Loyola (1556), la Compagnie comptait plus d'un millier de membres. Soixante ans plus tard, elle en regroupait treize mille dans toute l'Europe.

Expansion 

Les Jésuites tentent de convertir l’Extrême-Orient et les « indigènes » des Amériques.
François Xavier arrive à Goa en 1542 et au Japon le 27 juillet 1549.

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Seigneur Japonais et prêtre Jésuite

Le samouraï Mitsuhide Akechi leur accorde le fief de Nagasaki en 1580. Mais le Japon est alors dans une période de transition politique instable et Hideyoshi Toyotomi leur retire ce fief dès 1587 et les expulse du pays.

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Jésuites en Chine

En 1582, commence la mission jésuite en Chine. Le père Matteo Ricci est reconnu comme un pair par les mandarins, fonctionnaires lettrés chinois et devient de fait le premier sinologue.
Alexandre de Rhodes romanise l'alphabet vietnamien en 1623.
Deux missionnaires jésuites, Johann Grüber et Albert Dorville, atteignent Lhassa au Tibet en 1661.
Dans plusieurs régions du monde, la Compagnie lutte contre l'influence protestante.
Très engagée dans la Contre-Réforme, elle s'oppose à la Révolution copernicienne et aux prises de position de Galilée par la voix de Robert Bellarmin en particulier.
C'est dans les Pays-Bas espagnols (dont les protestants des Provinces-Unies ont fait sécession au cours du XVIe siècle) qu'ils sont les plus nombreux proportionnellement à la population. On leur attribue le tracé de la première Frontière linguistique, séparant Wallons et Flamands dans ce qui deviendra la Belgique.

En France 

En 1580, les Jésuites installèrent une Maison professe à Paris, dans le quartier du Marais, qui accueillit les théologiens et scientifiques. Cette maison est aujourd'hui occupée par le lycée Charlemagne.

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On décida de construire une grande église à côté : l'église Saint-Louis (aujourd'hui Saint-Paul-Saint-Louis).
En mai 1641, le cardinal de Richelieu y célébra la première messe. La noblesse venait écouter les sermons des prédicateurs.
Madame de Sévigné allait à toutes les messes dans cette église pour écouter les sermons du père Louis Bourdaloue. On y entendait la musique des compositeurs français de l'époque, Marc-Antoine Charpentier et Jean-Philippe Rameau notamment, qui y furent maîtres de musique.
En 1656-1657, à la demande des Jansénistes, Pascal attaqua les Jésuites dans Les Provinciales sur la question de la casuistique. Marc Fumaroli note à ce sujet :
« La modernité jésuite, à l'épreuve de la France, apparut à la fois choquante et démodée, et la fidélité jésuite à Aristote, à Cicéron, à saint Thomas, sembla impure et équivoque. Bien qu’ils fussent en fait, par leur encyclopédisme, les derniers tenants de l'Antiquité vivante, les jésuites passèrent pour traîtres à l'Antiquité. Bien qu'ils fussent par leur adaptation aux réalités du monde de la Renaissance, les premiers historiens, sociologues et ethnologues du catholicisme, ils furent tenus pour ses pires réactionnaires… »

En Amérique 

Au XVIe siècle, les populations indigènes sont exploitées par le système colonial dit d'encomiendas. Ce système permet aux colons de disposer de la main d'œuvre pour l'exploitation de leurs domaines.
En 1550 et 1551, les controverses de Valladolid reconnaissent le principe d'égalité des droits et des devoirs de tous les hommes et leur vocation à la liberté. La culture des Indiens commence alors à être reconnue. Ils peuvent commencer à être instruits et catéchisés.
Malgré cela, certains colons continuent d'abuser des Indiens, les réduisant à l'état de serfs.
En réaction, les ordres religieux développent une nouvelle manière d'évangéliser les Indiens : maîtrise et promotion des langues indigènes, étude et préservation des coutumes locales, mise en place d'une organisation sociale et progrès économique des communautés autochtones. Regroupant les Indiens autour de leurs monastères, ils les protègent des excès de l'encomienda, et les sédentarisent.
Dès leur arrivée au Pérou, en 1566, les Jésuites s'inscrivent dans cette manière de faire.
Ils développent le système des "réductions". Ce mot fait référence à la tentative de regrouper (reducere en latin) dans un même lieu une population indigène et de les réduire ainsi à la vie civile.
Les Jésuites créent des missions pour les Indiens Mojos (ou Moxos), Chiquitos et Guarani.
En misant sur le strict respect de toutes les dispositions protectrices des Indiens dans la législation espagnole, ils s'attirent les bonnes grâces des fonctionnaires espagnols.
Aux Amériques, les Jésuites s'installent au Mexique en 1572, à Québec en 1625.
Ils participent aux missions espagnoles de Californie.
En Amérique du Sud, particulièrement au Brésil et au Paraguay, la mission jésuite suscite la réprobation des colons espagnols et portugais puisqu'elle s'oppose au système esclavagiste des encomiendas.
Les Jésuites créent des réductions, centres dans lesquels les indigènes sont alphabétisés et christianisés, et par là soustraits aux planteurs.
La première est créée dès 1609 chez les Indiens guaranis.
On doit aussi aux Jésuites la fondation de plusieurs villes, dont São Paulo en 1554. Mais les tensions entre les deux systèmes (encomiendas et réductions) et les rivalités entre l'Espagne et le Portugal, sur fond de disgrâce de la Compagnie de Jésus en Europe, font disparaître ces entreprises.
La Compagnie doit faire face à de violentes persécutions dues à sa nouveauté, à son soutien inconditionnel au pape, à l'efficacité de son organisation centralisée, et à ses positions théologiques.
Bien qu'elle soit influente auprès des souverains d'Europe et de la haute noblesse, que ses plus hauts dignitaires confessent, les intérêts économiques des colons finissent par l'emporter : l'ordre est dissous sur les terres espagnoles et portugaises en 1767.
Les Jésuites sont obligés de quitter les missions vers 1767.
Les réductions sont alors détruites sauf dans les missions de Chiquitos et Mojos. Cependant le clergé diocésain ne réussit pas à en perpétuer l'esprit. Les missions connaissent alors un déclin progressif. Le film Mission a popularisé l'histoire de la fin des réductions jésuites.

En Australie 

Les catholiques en Australie au XIXe siècle étaient en grande partie une minorité appauvrie, souvent descendue des bagnards et reugees irlandais.
Deux jésuites autrichiens sont arrivés à Adelaïde en 1848 et trois groupes de jésuites ont travaillé en Australie coloniale : des Autrichiens dans l'Australie-Méridionale, et plus tard un mission indigène dans le nord ; et des Irlandais dans les colonies orientales.
En 1901, chacun des trois groupes a été fusionné pour former la mission australienne.
Les jésuites autrichiens ont établi une école et une vigne à Sevenhill en Australie-Méridionale, et ont entrepris des voyages extraordinaires à travers l'Outback pour visiter les fidèles.
Ils ont donné l'appui à la bienheureuse Mary MacKillop quand elle a été à tort excommuniée, et ils ont coopéré avec ses Sœurs de St Joseph du Sacré-Cœur (les Josephites).
Ils développent un système des "réductions" parmi les Aborigènes en Territoire du nord, mais ce n'était pas un succès.
Les jésuites ont fondé plusieurs écoles pour instruire les catholiques des colonies britanniques.
Le lycée de Saint Xavier's College, Melbourne a été fondé ; et Saint Aloysius College, Milsons Point et Saint Ignatius College, Riverview à Sydney.
Les lycées de Saint Ignatius College Athlestone (Adelaïde) et de Loyola College, Mount Druitt (Sydney) ont été construits pendant le XXème siècle.
Le travail de paroisse, aussi bien que pour les Aborigènes d'Australie et les reugees est également un souci en avant des jésuites en Australie – dont on peut citer Fr.Frank Brennan SJ.

Suppression et restauration 

En 1614, un Jésuite polonais, chassé de sa congrégation, publie pour se venger le livret Monita secreta societatis Jesu, un faux livre d'instructions aux jésuites sur la manière de se comporter pour augmenter le pouvoir et les richesses de la Compagnie. Ce mythe imprègne les esprits, et notamment les esprits libéraux des XVIIIe et XIXe siècles.
En 1704 et 1742, le pape interdit les rites chinois empreints de syncrétisme que les missionnaires jésuites respectaient en Asie.
En France, les Jésuites ont à subir les attaques des jansénistes gallicans et parlementaires, puis de l'athéisme des philosophes de l’Encyclopédie auxquels ils répondent avec leur Journal de Trévoux et leur Dictionnaire de Trévoux, pour finir par être interdits et bannis de France en 1763-4, et leurs deux cents collèges fermés.
Ils venaient d'être chassés du Portugal en 1759, et le sont encore d'Espagne en 1767. Cependant le roi Stanislas, avant 1766, les accueille dans son duché de Lorraine, resté théoriquement indépendant du royaume de France.
L'opposition contre eux est tellement répandue que le pape Clément XIV en vint, en 1773, à décider de la suppression de la Compagnie de Jésus partout dans le monde ; c'est le bref Dominus ac Redemptor.
En Russie, la tsarine orthodoxe Catherine II interdit la promulgation de la bulle papale, et en Prusse le roi protestant Frédéric II fait de même, heureux de marquer sa désapprobation au pape, tout en profitant de l'aubaine que constituait tous ces savants et ces professeurs pour organiser l'enseignement et la recherche dans ses États.
La bulle débutait par la clause ad perpetuam rei memoriam et on pouvait y lire : « Il est à peu près impossible que, la société des jésuites subsistant, l'Église puisse jouir d'une paix véritable et permanente ».
L'Ordre fut rétabli en 1814 par le Pape Pie VII, mais les attaques continuèrent tout au long du XIXe siècle :
  • en France, les Jésuites furent bannis à nouveau en 1880, puis à nouveau avec les autres congrégations en 1901 ;
  • en Suisse, c'est seulement en 1973 que fut abrogée l'interdiction constitutionnelle de l'activité des Jésuites. L'interdiction remontait à 1848 et fut le résultat de la Guerre du Sonderbund, au débout de la Suisse moderne. Avec le Kulturkampf pour toile de fond, le bannissement des Jésuites avait été confirmé par les articles d'exception lors de la révision constitutionnelle de 1874.
Ces bannissements n'empêchèrent pas la Compagnie d'investir de nouveaux champs.
Les missions reprirent en Amérique du Nord ou à Madagascar. Les Jésuites y fondèrent des universités au cours du XIXe siècle.

Époque contemporaine 

Neuf prêtres jésuites, dont cinq français, font partie des Justes parmi les nations.
Maurice Schumann déclara à la BBC au sujet de Pierre Chaillet : « Vous avez été notre 18 juin spirituel ! ».
Ils lancèrent par ailleurs des revues intellectuelles comme Études en France, Relations au Québec et la Civiltà Cattolica en Italie.
Cet ordre fut également espionné. Un communiste infiltré en 1937 à la demande du Parti communiste italien donna des informations à l'Union Soviétique jusqu'à sa découverte en 1952.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Jésuites allèrent finalement au Tchad ou au Japon.
Au 1er janvier 2005, la Compagnie de Jésus regroupe 19 850 membres répartis dans 112 pays dans le monde contre 35 000 en 1964.
En termes d'effectifs, elle est le deuxième ordre religieux catholique, après les Franciscains et avant les Dominicains.
En perte de vitesse en Europe, les Jésuites sont maintenant majoritairement en Asie (3 500 en Inde), en Amérique latine et en Afrique.
La Compagnie de Jésus est également confrontée à la concurrence d'ordres plus récents. 900 novices sont en formation.
Son actuel supérieur, élu par la 35e congrégation générale de janvier 2008, est Adolfo Nicolás, d'origine espagnole, succédant à Peter Hans Kolvenbach qui, à sa demande, fut déchargé de sa mission (7 janvier 2008).
En France, la Compagnie publie régulièrement ses travaux dans plusieurs revues dont les plus connues sont Etvdes, Christus et Projet.
Elle est également active dans l'enseignement scolaire (dix-sept établissements dont le lycée Saint-Louis-de-Gonzague à Paris) et supérieur (cinq établissements dont les célèbres classes préparatoires du lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles).
Elle possède ses propres facultés de théologie et de philosophie, regroupées dans le Centre Sèvres, à Paris.
En Belgique, la Compagnie publie dans la revue la N.R.T. La Nouvelle Revue Théologique. Elle possède ses propres facultés de théologie et de philosophie, dont I.E.T. : la Faculté de Théologie de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.
Aux États-Unis, la compagnie de Jésus publie depuis 1909 la revue hebdomadaire America, considérée comme modérée, voire libérale, dans ses prises de positions au sein de l'Église catholique.

Spiritualité


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La spiritualité de la Compagnie repose sur les Exercices spirituels composés par Ignace de Loyola et se caractérise par une obéissance stricte, au pape en particulier, et un grand zèle apostolique.
Comment se déroulent les Exercices ignaciens
Avant tout, nous rappelons que les Exercices Spirituels ne sont pas un temps d'étude ou de recueillement et prière. C'est une recherche: "Comme se promener, marcher, courir sont des exercices physiques, ainsi les Exercices spirituels sont des exercices pour préparer l'âme à supprimer les affections désordonnées et après les avoir enlevées, à chercher et trouver la volonté de Dieu dans sa propre vie, pour le salut de son âme." (Es. Sp. Ann.1)
Le but est clair: s'efforcer de mettre en ordre la propre vie suivant le projet de Dieu. Voici la façon de procéder. Saint Ignace recommande avant tout de faire les Exercices Spirituels dans un lieu différent du milieu habituel. C'est pourquoi les Jésuites ont créés les «Maisons d'Exercices" organisées de façon à permettre cette concentration, ce "désert" même extérieur, ce silence qui facilite l'action de la Grâce en nous.
Il faut commencer par une considération fondamentale (que saint Ignace appelle "Principe et fondement"): Qui nous a créés? Pour quel but? La raison, illuminée par la foi, nous en donne la réponse: l'homme a été créé par Dieu pour le louer, l'honorer et servir. C'est la voie pour obtenir le salut de l'âme. Tout le reste est mis à la disposition de l'homme pour qu'il puisse rejoindre ce but. C'est pourquoi il doit en faire un usage modéré.
Il doit donc acquérir une certaine liberté d'esprit et un contrôle parfait de ses instincts, suivant ce que S.Ignace appelle "l'indifférence" - qui ne veut pas dire apathie - mais maitrise de soi et équilibre spirituel.
Ceci fait, Ignace passe aux Exercices proprement dit. Il en fait une division de quatre semaines (suivant les thèmes et non pas suivant le nombre de jours). Il s'agit de quatre étapes dont on peut facilement se rappeler grâce à quatre paroles traditionnelles latines qui expriment la finalité de l'étape.
1re Semaine (étape): "Deformata reformare" c'est-à-dire éliminer de l'âme les déformations causées par le péché. C'est une façon de se connaître soi-même ainsi que le grave désordre créé par le péché dans notre vie, ainsi que le danger de damnation auquel il nous expose! Pour ne pas tomber dans le découragement, saint Ignace nous fait contempler le Sauveur Crucifié, mort pour nous sauver de la mort éternelle.
2e Semaine (étape): "Reformata conformare". Ici, nous devons nous revêtir du Christ et nous armer de son armure. L'homme ainsi "réformé" doit "se conformer" au Christ: pauvre comme Lui; ardent d'amour pour son Père et ses frères. C'est le moment de la "réforme" ou du choix de l'état de vie: comment puis-je suivre concrètement le Christ?
3e Semaine (étape): "Conformata confirmare", c'est-à-dire renforcer les propos d'adhésion au Christ par la contemplation de Celui qui fut obéissant jusqu'à la mort de croix. Le cri du Fils: "Père, tout t'est possible: éloigne de moi cette coupe", doit continuellement nous reporter à la deuxième partie de la demande : "Pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!" Dans cette étape nous devons nous confirmer dans les décisions prises.

4eSemaine (étape): "Confirmata transformare". "Je ne meurs pas: j'entre dans la vie", écrit sainte Thérèse de Lisieux peu de temps avant de mourir. En effet l'Eglise chante : "Vita mutatur, non tollitur", c'est-à-dire que "la vie ne finit pas avec la mort , mais est transformée.". La mort en croix de Jésus n'a pas été la fin mais le début du Christianisme: "Qui perdra sa vie pour moi, la trouvera". La vie du Seigneur ressuscité est l'espérance de ceux qui font les Exercices en cette dernière étape.
A la fin des Exercices saint Ignace propose une merveilleuse contemplation pour obtenir l'Amour pur de Dieu (appelée "contemplatio ad amorem"). Il faut retourner avec l'esprit à la Création et à la Rédemption pour découvrir comment et combien Dieu nous aime! Et l'âme reste avec un unique désir qui s'exprime en cette prière "O Seigneur, donnes-moi ton amour et ta grâce: c'est la seule chose qui compte".
L'actualité des Exercices Spirituels
Aujourd'hui le monde aime le bruit, non plus le silence et le recueillement. Il veut être "libre" des lois et de la discipline. Peut-on encore parler de recherche de la volonté de Dieu dans la disposition de la propre vie?
En 1967, les évêques de la région de Venise (Italie) ont écrit une lettre sur «La validité des Exercices Spirituels» et recommandent "de perséverer dans cet apostolat qui se révèle de jour en jour plus précieux". Sans exclure le soin d'expérimenter des formes qui s'adaptent à notre temps, on insiste sur la structure classique des Exercices ignaciens, tellement providentielle et efficace dans son climat de réflexion et de silence profond. (Pietro Schiavone s.j., "Il Progetto del Padre, pp.12-13).
Les Exercices sont un "charisme": un don de Dieu à l'Eglise, pour son édification et pour son renouvellement. On peut voir que le Saint-Esprit continue à illuminer les âmes à travers l'expérience de nombreuses personnes qui encore aujourd'hui en tirent un grand bien.
La devise de la Compagnie :

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Ad majorem Dei gloriam (« Pour une plus grande gloire de Dieu »), explique la diversité des tâches auxquelles s'adonnent les Jésuites.
Outre l'enseignement, qui s'étend à tous les niveaux, ils pratiquent la prédication, sont missionnaires, directeurs de conscience, étudient la théologie, effectuent des recherches scientifiques, etc.

Gouvernement 

La Compagnie de Jésus est organisée selon les Constitutions édictées par Ignace de Loyola entre 1541 et 1558. Elles n'ont pas changé jusqu'en 1965.
La Compagnie est dirigée par un Praepositus Generalis, mot latin qui désigne un Supérieur général, communément appelé Père Général ou Général qui est élu à la tête de la congrégation jusqu'à sa mort ou à sa démission. Il est confirmé par le pape et a une autorité absolue sur la Compagnie.
Sous ses ordres se trouvent des « assistants » dont les tâches sont réparties par zones géographiques (par exemple l'Amérique du Nord) ou par ministère (par exemple l'enseignement) et qui forment le Conseil consultatif auprès du Général.
Un vicaire général assisté d’un secrétaire de la Compagnie s'occupent de l'administration quotidienne de la Compagnie.
Un « admoniteur » conseille également le Général de la Compagnie. Son rôle est de le prévenir de façon honnête et confidentielle quand il agit de manière imprudente ou contraire aux canons de la foi, risquant la désobéissance au pape.
La Compagnie est divisée en « Provinces » géographiques, chacune sous les ordres d'un Supérieur provincial qui est choisi par le Général et a autorité sur tous les Jésuites et les ministères de sa zone. Il est assisté d'un socius, équivalent d'un secrétaire général en charge de l'administration.
Chaque communauté de Jésuites est gouvernée par un recteur assisté d'un « ministre » (le mot latin signifie « serviteur »).
La Congrégation générale est la réunion de tous les « assistants », des Supérieurs provinciaux et de représentants élus par les profès jésuites. Elle se réunit irrégulièrement, en général pour élire un nouveau Supérieur Général ou pour résoudre des problèmes majeurs concernant la Compagnie.
La Curie générale de la Compagnie est à Rome au Borgo Santo Spirito 4.

Enseignement 

Ignace de Loyola avait insisté pour que les membres de la Compagnie aient un bon niveau de culture générale.

Jésuites
Ratio Studiorum

Très vite l'enseignement est devenu une activité importante : en 1548, à Messine (Sicile), s'ouvre la première maison de formation pour jeunes appelée "collège". En 1551, c'est la création du Collège romain à Rome. À la mort du fondateur (1556), les Jésuites dirigent 45 collèges ; en 1580, il existe 144 collèges jésuites, dont 14 en France. L'expérience vécue dans les premiers collèges est codifiée en une sorte de charte de l'éducation : le Ratio Studiorum.
Dans les années 1740, les Jésuites dirigent plus de 650 collèges en Europe, et ils ont la charge de 24 universités et de plus de 200 séminaires et maisons d'étude.

Une opinion de Voltaire sur l'éducation qu'il avait reçue 

Voltaire, qui a souvent prêché le pour et le contre et que Faguet a qualifié de « chaos d'idées claires », a écrit contre les Jésuites de nombreux passages que tout le monde connaît.
Ancien élève du collège de Louis le Grand, où le père Charles Porée lui enseigna la rhétorique et sut l'encourager, Voltaire a également écrit des textes que l'on cite moins souvent :
« J'ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l'esprit et les mœurs de la jeunesse. Depuis quand veut-on que l'on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? Quoi! il sera dans la nature de l'homme de revoir avec plaisir une maison où l'on est né, le village où l'on a été nourri par une femme mercenaire, et il ne serait pas dans notre cœur d'aimer ceux qui ont pris un soin généreux de nos premières années ? Si des Jésuites ont un procès au Malabar avec un capucin, pour des choses dont je n'ai point connaissance, que m'importe ? Est-ce une raison pour moi d'être ingrat envers ceux qui m'ont inspiré le goût des belles-lettres, et des sentiments qui feront jusqu'au tombeau la consolation de ma vie ? Rien n'effacera dans mon cœur la mémoire du père Porée, qui est également cher à tous ceux qui ont étudié sous lui. Jamais homme ne rendit l'étude et la vertu plus aimables. Les heures de ses leçons étaient pour nous des heures délicieuses ; et j'aurais voulu qu'il eût été établi dans Paris, comme dans Athènes, qu'on pût assister à de telles leçons; je serais revenu souvent les entendre. J'ai eu le bonheur d'être formé par plus d'un Jésuite du caractère du père Porée, et je sais qu'il a des successeurs dignes de lui. Enfin, pendant les sept années que j'ai vécu dans leur maison, qu'ai-je vu chez eux? La vie la plus laborieuse, la plus frugale, la plus réglée ; toutes leurs heures partagées entre les soins qu'ils nous donnaient et les exercices de leur profession austère. J'en atteste des milliers d'hommes élevés par eux comme moi; il n'y en aura pas un seul qui puisse me démentir... »
— Lettre au père de Latour; à Paris, le 7 février 1746.
Voltaire a écrit plusieurs fois au père Porée, dont une lettre du 15 janvier 1729 où se trouve cette formule :
« Vous m’avez appris à fuir les bassesses, à savoir vivre, comme à savoir écrire. »
Jésuites de la Province de France : http://www.jesuites.com/
Jésuites Provinces du Canada et d'Haïti de la compagnie de Jésus : http://www.jesuites.com/
Source :http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9suites





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