L’imposition
des mains est un geste rituel accompli par une personne posant pour
quelques instants ses deux mains sur la tête d’une autre.
De
grande ancienneté le geste acquit une symbolique religieuse importante,
même si variable, dans la tradition judéo-chrétienne.
Dans
la liturgie sacramentelle de l’Église catholique il exprime aujourd’hui
la transmission du pouvoir spirituel, et est particulièrement important
lors des cérémonies d’ordination sacerdotale ou épiscopale.
Anthropologie religieuse
En
anthropologie religieuse la parole de l’homme, et ses mains, sont les
moyens les plus expressifs et les plus habituellement utilisés comme
langage symbolique. Ainsi en est-il également dans la tradition
judéo-chrétienne.
Dans l’Ancien Testament
L’imposition
des mains est un geste fréquemment mentionné dans l’Ancien Testament.
Le sens symbolique qui y est attaché varie cependant. Il peut être :
- identification: L’imposition de la main (une main) établit une identification entre l’offrant et sa victime (un animal). Ainsi dans les sacrifices d’expiation (Lev. 1:4 ; 4:4) et communion (Lev.:3:2). L’imposition des deux mains (Lev. 16:21), toujours par identification, fait passer les péchés de l’homme, ou du peuple, à la victime (animale) qui est alors expulsée au désert. C’est un transfert de culpabilité. Porteuse de péché, la viande ne peut être consommée.
- bénédiction: le geste accompagne la parole de bénédiction transmettant à la descendance et postérité ce qui fut reçu de Dieu par les ancêtres Abraham et Isaac. Ainsi Israël bénissant ses petits-fils en Gn. 48:13-16 : «Qu’ils foisonnent en multitude au milieu du pays !»
- consécration : l’imposition des mains ‘sacralise’ un objet ou une personne qui est ainsi mise à part comme appartenant désormais au domaine du Sacré, à Dieu. Dieu prend possession de la personne, lui donnant autorité et aptitude pour exercer une fonction sacrée. Les lévites sont mis à part comme groupe sacerdotal par le peuple d’Israël: Nb. 8:10. À la fin du livre du Deutéronome le peuple écoute Josué ‘pour ainsi agir dans les voies du Seigneur’, car Moïse lui a imposé les mains, et Josué est rempli de l’Esprit de sagesse (Dt 34:9).
Dans le Nouveau Testament: Jésus
- bénédiction: On amène des enfants à Jésus pour qu’il leur imposât les mains en disant une prière (Mt 19:13: parole et mains). Ce qu’il fait, leur obtenant du Père le fruit de sa propre prière.
- délivrance: Signe de ce qu’il est Dieu, l’imposition de mains par Jésus sur la tête d’une malade lui donne la délivrance. Elle est guérie: ‘Femme, te voilà libérée de ton infirmité ‘. Il lui imposa les mains : aussitôt elle redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu’’ (Lc 13:12-13). Même geste pour les nombreux malades accourus au coucher du soleil (Lc 4:40), et surtout pour guérir l’aveugle de Bethsaïde (Mc 8:23ss), qu’il ‘prend par la main’ hors du village et auquel il impose par deux fois les mains. On invite également Jésus à agir dans ce sens: « viens lui imposer la main et elle vivra » (Mt 9:18 ; Mc 7:32).
Dans la vie de l’Église
- délivrance: Les disciples et apôtres accompagnent Jésus durant son ministère terrestre et sont souvent présents lorsqu’il impose les mains à quelque malade. Mais ils ne l’accompagnent pas dans ce geste. Ils n’en obtiennent l’autorité et le pouvoir qu’après la Résurrection du Christ. Ainsi le promet Jésus dans son discours de Ressuscité : « ils imposeront les mains à des malades et ceux-ci seront guéris » (Mc 16:18) : ce que fait Ananias pour Paul de Tarse, lui redonnant la vue (Ac 9:17), et l’apôtre Paul, plus tard, à Malte (Av28 :8).
- consécration: comme signe de consécration et de transmission d’autorité et pouvoir spirituel l’imposition des mains acquiert une grande place dans la vie de l’Église. Les dons divins, et particulièrement le don de l’Esprit-Saint sont transmis par ce geste. Pierre et Jean confèrent le don de l’Esprit aux samaritains qui, bien que ‘baptisés au nom du Seigneur Jésus’, ne l’avaient pas encore reçu (Ac 8:17). Paul fait de même pour les disciples d’Éphèse qui n’avaient connu que le baptême de Jean (le Baptiste) (Ac 19:6). « Ils reçoivent le baptême au nom de Jésus-Christ. Paul leur imposa les mains et l’Esprit saint vint sur eux » (Ac 19:6).
- pouvoir spirituel: Dès les origines de la communauté chrétienne l’imposition des mains est un geste de communication de pouvoir spirituel adapté à une mission précise. Les sept premiers diacres sont consacrés et ordonnés à une fonction précise au sein de la communauté primitive. : « On les présenta aux apôtres, on pria et on leur imposa les mains ». (Ac 6:6). A Antioche, Paul et Barnabas sont mis à part pour leur mission: «Après avoir jeûné et prié et leur avoir imposé les mains, ils leur donnèrent congé » (Ac 13:3).
- ordination sacerdotale : Dans le geste de Paul vis-à-vis de Timothée (‘Je t’ai imposé les mains’: 2Tm 1:6) on a les germes de l’ordination sacerdotale telle qu’elle est encore comprise aujourd’hui : « ne néglige pas le don de la grâce qui est en toi, qui te fut conféré par une intervention prophétique, accompagnée par l’imposition n des mains par le collège des anciens »(1Tm. 4:14). et Timothée refera ce geste sur d’autres, choisis pour le ministère de l’Église (1Tm. 5:22), mais «n‘impose les mains hâtivement à personne » conseille Saint Paul.
Aujourd’hui
Le geste de l’imposition des mains est très présent dans la vie sacramentelle et liturgique de l’Église.
Aussi il accompagne de nombreuses bénédictions et fait partie du rituel de Baptême comme communication de l’Esprit-Saint.
Il est symbole de réconciliation lors du sacrement de pénitence.
Durant l’épiclèse, lors de la célébration eucharistique le célébrant étend les mains au-dessus du pain et du vin.
L’imposition
des mains est particulièrement importante lors de l’ordination à un des
ordres majeurs de l’Église : le diaconat, la prêtrise ou l’épiscopat.
Il est même considéré comme la partie essentielle du rituel d’ordination
à strictement parler.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire