Notre-Dame Panetière
(Aire sur la Lys)
Cependant
Notre-Dame Panetière, ainsi appelée de l'usage où l'on était de faire à
ses fêtes, en son honneur, une distribution de pain aux pauvres, attire
encore plus de pèlerins à Aire-sur-la-Lys.
Dès
le treizième siècle, il y avait, dans l'église collégiale de
Saint-Pierre de cette ville, une confrérie de Notre-Dame Panetière, dont
la fête patronale était l'Assomption de la sainte Vierge.
Clément VIII la reconnut et l'enrichit d'indulgences par une bulle du 5 octobre 1594.
Quand
Aire eut a subir un siège en 1641, les habitants, regardant la statue
de Notre-Dame Panetière comme leur sauvegarde, dressèrent, dans le
transept de l'église Saint-Pierre, un autel où ils la placèrent, et lui
offrirent les clefs de la cité.
Peu
après, les Français firent pleuvoir les boulets sur la ville ; la
chapelle de Notre-Dame s'écroula sous les coups redoublés du canon ; et,
chose merveilleuse, on trouva sous les décombres, sans aucune fracture,
le verre de la lampe qui brûlait devant l'image.
« Les voûtes de pierre s'écroulèrent sur le vase fragile sans le casser, sans l'ébrécher, » dit un manuscrit de 1669.
Quant
à la statue elle-même, épargnée dans le transept où elle était,
transportée ensuite chez les capucins, on la reporta
processionnellement, dès le rétablissement de la paix, dans l'église
collégiale, et l'on s'occupa sans retard de la réédification de la
chapelle.
Les
offrandes des fidèles, un legs important que fit un chanoine, le
concours de la confrérie, et deux canons donnés, aussitôt après la prise
de la ville, par le maréchal de la Meilleraie, pour aider à cette
dépense, procurèrent abondamment tout ce qui était nécessaire
non-seulement pour relever la chapelle, mais pour l'embellir.
On
y ajouta, au-dessous de la niche, deux anges dorés qui semblaient
porter la statue ; au-dessus, la représentation d'un canon, avec ces
mots qui faisaient allusion au bronze destructeur et réparateur de
l'édifice : Vulnus opemque tulit ; puis une belle balustrade de marbre
précieux qu'on y voit encore aujourd'hui ; une statue de Notre-Dame des
Neiges de marbre blanc, qu'on y voit également ; deux urnes de même
matière, et, sur l'une de ces urnes, étaient gravés, d'un côté, cinq
pains, entre les mots confraternilas panaria, avec les monogrammes de
Jésus et de Marie ; de l'autre, les armes du chanoine prévôt de la
confrérie.
Sur la seconde urne, on lisait : Deo optimo maximo, Virgini matri Panariœ, confraternilas.
En
1640, la chapelle étant ainsi disposée, on prépara les fidèles à la
réinstallation de la statue par une neuvaine, pendant laquelle la sainte
image fut placée sur une pyramide élevée au-dessus d'un autel, dressé
dans le milieu de la nef.
Chaque
jour de la neuvaine, il y avait messe chantée devant la statue ; le
premier jour, au nom du chapitre, par le doyen ; le second jour par les
jésuites, le troisième au nom du gouverneur de la ville, le quatrième au
nom des officiers du roi, le cinquième au nom des échevins, le sixième
au nom des jurés, le septième au nom de la confrérie des gens mariés, le
huitième au nom des jeunes gens, et le neuvième au nom des paroissiens
de Notre-Dame ; et le corps ou la personne au nom de qui la messe était
célébrée faisait a Notre-Dame Panetière l'offrande d'un cierge.
Le
soir, il y avait prédication et bénédiction du Saint-Sacrement.
L'après-midi du dernier jour de la neuvaine, on porta en procession
solennelle, sur un char de triomphe, la sainte statue à travers le
marché ; après quoi, on l'installa dans sa nouvelle demeure ; et les
chanoines s'engagèrent, par délibération unanime, à entretenir devant
elle, à leurs frais, un candélabre avec son cierge allumé, tous les
samedis et jours de fête.
En
1647, une maladie contagieuse ayant porté ses ravages dans tous les
environs, sans atteindre la ville d'Aire, et, en 1652, la peste ayant
envahi la ville, mais s'étant arrêtée dès qu'on avait prié Notre-Dame
Panetière, on fit, en témoignage de reconnaissance, une neuvaine et une
procession semblables à celles de 1646 ; et, parmi les offrandes, on
remarqua une lampe d'argent artistement travaillée, couverte de cette
inscription : Mariœ Virgini Panariœ, peste expulsa, senatus populusque
Ariensis appenderunt.
En 1667, la peste ayant reparu dans les environs d'Aire, on descendit la Vierge de sa niche, et on la plaça sur un autel splendide, élevé de seize degrés au milieu de la nef ; là, on recommença la neuvaine ; chaque rue de la ville, chaque corps de métier, se présenta, à son tour de rôle, pour supplier Marie sur ce nouveau trône ; vinrent ensuite les hommes mariés réunis en corps, puis les femmes, les veufs, les garçons, les filles, les servantes ; chacune de ces classes, séparément, déposa ses prières avec ses offrandes aux pieds de la protectrice commune ; et aux prières du jour ajoutant les prières de la nuit, on veilla dans la chapelle une partie de l'hiver.
L'année suivante, en 1668, la peste étant entrée à Aire et y ayant fait quelques victimes, on replaça la statue au milieu de la nef ; et, à l'offertoire de la messe solennelle qu'on y célébra pour arrêter le fléau, le grand chantre prononça le vœu suivant : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, nous, doyen et chapitre, maïeur et échevins de la ville d'Aire, avec les jurés au conseil, tant en notre nom que des bourgeois et habitants de cette ville et banlieue, et de chacun respectivement nos suppôts et sujets, supplions en toute humilité Notre-Dame Panetière, patronne titulaire de cette ville, de nous délivrer, par son intercession auprès de Dieu, du présent fléau de la peste, promettant et vouant qu'aussitôt que nous en serons affranchis totalement, en mémoire et reconnaissance de ce bénéfice, nous ferons chanter une messe solennelle à l'honneur de la sainte Vierge, avec procession générale, en laquelle sera portée sa statue, et présenterons à l'offertoire d'icelle messe, chacun desdits corps, un cierge ; et nous maïeur et échevins, avec les jurés au conseil en corps, recevrons le Saint-Sacrement de l'autel de la main de celui qui célébrera ladite messe ; ce que nous promettons de continuer l'espace de dix ans, à pareil jour ou le plus voisin que faire se pourra, à la réserve néanmoins de la procession générale et du port de l'image de la Vierge ; au lieu de quoi, à la messe, se chantera le Te Deum. »
Le grand chantre, après ces paroles, offrit un cierge au nom du chapitre, le lieutenant du maïeur au nom de la ville ; le doyen accepta l'offrande et le vœu de la part de Dieu et de la Vierge ; peu après, la peste cessa, et les années suivantes virent la ville constamment fidèle à l'accomplissement de son vœu.
En 1667, la peste ayant reparu dans les environs d'Aire, on descendit la Vierge de sa niche, et on la plaça sur un autel splendide, élevé de seize degrés au milieu de la nef ; là, on recommença la neuvaine ; chaque rue de la ville, chaque corps de métier, se présenta, à son tour de rôle, pour supplier Marie sur ce nouveau trône ; vinrent ensuite les hommes mariés réunis en corps, puis les femmes, les veufs, les garçons, les filles, les servantes ; chacune de ces classes, séparément, déposa ses prières avec ses offrandes aux pieds de la protectrice commune ; et aux prières du jour ajoutant les prières de la nuit, on veilla dans la chapelle une partie de l'hiver.
L'année suivante, en 1668, la peste étant entrée à Aire et y ayant fait quelques victimes, on replaça la statue au milieu de la nef ; et, à l'offertoire de la messe solennelle qu'on y célébra pour arrêter le fléau, le grand chantre prononça le vœu suivant : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, nous, doyen et chapitre, maïeur et échevins de la ville d'Aire, avec les jurés au conseil, tant en notre nom que des bourgeois et habitants de cette ville et banlieue, et de chacun respectivement nos suppôts et sujets, supplions en toute humilité Notre-Dame Panetière, patronne titulaire de cette ville, de nous délivrer, par son intercession auprès de Dieu, du présent fléau de la peste, promettant et vouant qu'aussitôt que nous en serons affranchis totalement, en mémoire et reconnaissance de ce bénéfice, nous ferons chanter une messe solennelle à l'honneur de la sainte Vierge, avec procession générale, en laquelle sera portée sa statue, et présenterons à l'offertoire d'icelle messe, chacun desdits corps, un cierge ; et nous maïeur et échevins, avec les jurés au conseil en corps, recevrons le Saint-Sacrement de l'autel de la main de celui qui célébrera ladite messe ; ce que nous promettons de continuer l'espace de dix ans, à pareil jour ou le plus voisin que faire se pourra, à la réserve néanmoins de la procession générale et du port de l'image de la Vierge ; au lieu de quoi, à la messe, se chantera le Te Deum. »
Le grand chantre, après ces paroles, offrit un cierge au nom du chapitre, le lieutenant du maïeur au nom de la ville ; le doyen accepta l'offrande et le vœu de la part de Dieu et de la Vierge ; peu après, la peste cessa, et les années suivantes virent la ville constamment fidèle à l'accomplissement de son vœu.
En
1740, lorsqu'un hiver rigoureux, menaçant toutes les semences, faisait
pressentir une famine, la ville d'Aire se ressouvint des grâces obtenues
autrefois par Marie, et lui renouvela ses antiques hommages.
Le
6 juin de la même année, sans que l'histoire nous en dise le motif
particulier, il y eut une procession extérieure, si nombreuse qu'on n'en
avait jamais vu de semblable ; la statue, somptueusement parée de
dentelles, de pierres fines, d'un manteau d'azur brodé de lis d'or,
précédée de sa bannière et de plus de mille personnes tenant des
flambeaux, était portée alternativement par six portefaix habillés à la
romaine, couronnés de laurier, et qui avaient tous communié le matin. La
procession fut suivie d'une neuvaine, pendant laquelle tous les corps
de la ville vinrent successivement implorer le secours de la Mère de
Dieu.
A
la révolution de 93, la sainte statue, vendue à l'encan, fut achetée
par une personne pieuse qui la tint cachée jusqu'à la réouverture des
églises.
Alors
on la transporta processionnellement dans l'église collégiale ; on l'y
laissa exposée quelques jours ; après quoi, on la plaça au chevet de
l'église, dans une chapelle contiguë à l'ancienne chapelle de Notre-Dame
Panetière.
C'est là que les habitants d'Aire viennent la vénérer.
C'est
là que, pendant l'octave de l'Assomption, se partageant comme autrefois
en plusieurs sections, ils font célébrer, successivement pour chacune,
une messe solennelle à laquelle ils assistent fidèlement.
Lorsqu'en
1849 le choléra sévit dans le pays, la confiance séculaire en
Notre-Dame Panetière se réveilla parmi les habitants ; on descendit,
comme autrefois, la statue de sa place ordinaire, et on la plaça sur un
trône en avant du jubé ; là, pendant neuf jours, elle reçut les hommages
des différents quartiers de la ville, l'un après l'autre.
Chaque
matin, il y avait environ trois mille personnes ; la réunion du soir,
où se faisait l'exhortation, en comptait bien plus encore.
Ces
exercices produisirent dans les âmes un ébranlement général ; grand
nombre de pécheurs revinrent à Dieu, les confessionnaux furent assiégés
du matin au soir, et il se fit, pendant la neuvaine, plus de trois mille
communions. Plus de soixante-dix cierges brûlaient tout le jour devant
la sainte image, et plus de six mille furent offerts à la Vierge
protectrice. Enfin ces saints exercices furent couronnés par une
procession générale qui fut un vrai triomphe pour Notre-Dame Panetière.
En
1852, une mission donnée par les PP. rédemptoristes redoubla encore la
piété des fidèles ; et, l'année suivante, ils firent don à leur
bien-aimée patronne d'une couronne ornée de pierreries, que l'évêque
d'Arras bénit et posa lui-même sur la tête de la sainte image, le lundi
de la Pentecôte.
C'est ainsi que les habitants d'Aire conservent le précieux héritage de piété envers Marie que leur ont légué leurs ancêtres.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
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