Saint Bernard de Clairvaux

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux (1090 ou 1091, château de Fontaine-lès-Dijon, Dijon – † 20 août 1153, abbaye de Clairvaux) est un moine français, réformateur de la vie religieuse.
Directeur de conscience de l'ordre cistercien, il recherche par amour du Christ la mortification la plus dure.
Bernard fait preuve, toute sa vie durant, d'une activité inlassable pour instruire ses moines de Clairvaux, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer une idéologie militante que son ordre et toute l'église catholique mettront en œuvre.
C'est aussi un conservateur, qui se positionne en réaction contre les mutations de son époque (la « renaissance du XIIe siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique.
Il
joue un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en
« guerre sainte » contre les cathares. Il est canonisé en 1174 et
devient ainsi saint Bernard de Clairvaux.
Enfance et entrée au monastère

Saint
Bernard avec sa crosse d'abbé, tenant la Règle bénédictine pour l'ordre
cistercien qu'il a réformé, église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon

Basilique et maison natale de Saint Bernard à Fontaine-lès-Dijon, face à l'église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon

L'église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon
Né
en 1090 ou 1091 à Fontaine près de Dijon, dans une famille noble
de Bourgogne, Bernard est le troisième des sept enfants de Tescelin le
Roux (Tescelin Sorrel) et d'Alette ou Aleth de Montbard, une femme de
haute vertu.
Son
père, Tescelin, est un membre de la famille des seigneurs
de Châtillon-sur-Seine. Modeste chevalier, il est au service du duc de
Bourgogne et a cherché à faire un riche mariage.
Il
gère des terres autour de Montbard, d'Alise-Sainte-Reine, dans la
vallée de la Laignes ou au confluent de l'Aube et de l'Aujon en plus de
sa seigneurerie de Fontaine.
La famille de sa mère, Alette ou Aleth, est de plus haute lignée.
Le
grand-père de Bernard règne sur la seigneurie de Montbard : ses terres
s'étendent sur les plateaux situés entre l'Armançon et la Seine.
Son oncle, André de Montbard est l'un des neuf fondateurs de l'ordre du Temple et devient même maître.
La famille de Bernard appartient donc à la moyenne noblesse.

Vers 1100, Bernard de Clairvaux est envoyé à l'école de Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine
Vers 1100, il est envoyé à l'école canoniale de Châtillon-sur-Seine.
Après les rudiments, il suit le trivium,
premier cycle d'enseignement consacré aux lettres (grammaire,
rhétorique et dialectique). Montrant un goût particulier pour
la littérature, il acquiert une bonne connaissance de la Bible,
des Pères de l'Église et de divers auteurs
latins : Horace, Lucain, Sénèque (Lettres à Lucilius), Tacite,Juvénal, Perse, Stace, Térence et, surtout, Cicéron, Virgile et Ovide (y compris, de ce dernier, l'Art d'aimer), ce qui fait de lui un parfait représentant des lettrés de son temps.
En revanche, il ne suivra pas le quadrivium (second cycle, portant sur l'arithmétique, la géométrie, la cosmologie et la musique).
À l'âge de seize ou dix-sept ans, il perd sa mère et en est très vivement affecté.
Il mène ensuite l'existence mondaine des jeunes nobles de son âge mais semble très vite vouloir entrer dans les ordres.
Dans
un premier temps, il laisse entendre à sa famille qu'il prépare un
pèlerinage à Jérusalem pour ne pas inquiéter sa famille par ses
préparatifs à la vie monacale.
En 1112, il entre à l'abbaye de Cîteaux avec trente membres de sa famille ou proches.
L'abbaye de Citeaux a été fondée en 1098 par Robert de Molesme, et Étienne Harding en est l'abbé depuis janvier 1108.
Les fondateurs se sont détachés de l'ordre de Cluny, alors en pleine gloire, pour vivre intégralement la règle de saint Benoît.
Ils
souhaitent répondre à un idéal plus rigoureux : retour à la simplicité
dans la vie quotidienne, dans le culte et dans l'art ; rupture avec le
monde, pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments
principaux de la création cistercienne.
Cela correspond aux souhaits de Bernard qui veut retourner à l'ascèse monastique la plus rude.
Cette
ascèse est comparable selon lui à la route de Jérusalem : "par la
montée rude (...), vers la Jérusalem de la liberté, celle d'en-haut,
notre mère"
La fondation de Clairvaux

Portait de Bernard de Clairvaux dans une lettrine ornant un manuscrit de La Légende dorée, vers 1267-1276
En 1115,
Étienne Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe de moines
pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans une clairière isolée à
une quinzaine de kilomètres de Bar-sur-Aube, le Val d'Absinthe, sur une
terre donnée par le comte Hugues de Champagne.
La
fondation est appelée « claire vallée » (clara vallis), qui devient
ensuite « Clairvaux ». Bernard est élu abbé de cette nouvelle abbaye, et
confirmé à Châlons-en-Champagne par Guillaume de
Champeaux, évêque de Châlons-en-Champagne et célèbre théologien.
Il demeure abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort en 1153.
Les débuts de Clairvaux sont difficiles : la discipline imposée par Bernard est très sévère.
Bernard poursuit ses études sur les Saintes Écritures et sur les Pères de l'Église.
Les
gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute
sa famille : son père, Tescelin, et ses cinq frères entrent à Clairvaux
en tant que moines.
Sa sœur, Humbeline, prend également l'habit au prieuré de Jully-les-Nonnains.
L'attrait
qu'exerce Bernard est parfaitement illustré par cette anecdote : vers
1129, l'évêque de Lincoln s'étonne de ne pas avoir de nouvelle d'un
chevalier qui devait faire étape à Clairvaux sur la route des croisades.
Bernard l'informe qu'il a économisé la route de Jérusalem en entrant au monastère.
Dès 1118, de nouvelles maisons doivent être fondées pour éviter l'engorgement de Clairvaux.
Les trois premières fondations sont La Ferté, Pontigny, Morimond. Ces
premières fondations sont implantées dans les domaines des seigneuries
alliées ou amies.
Ces trois abbayes, plus Citeaux et Clairvaux sont les cinq têtes de pont de l'ordre nouveau, chacune essaimant pour son compte.
De 1115 à 1133, Bernard et ses moines vivent à Clairvaux dans les conditions les plus frustes.
Le
prieur du couvent (Geoffroy de Rochetaille) et le maître des novices
(Achard) convainquent Bernard d'agrandir le monastère en 1133.
En 1145, l'église est enfin consacrée et, en 1153, la partie occidentale réservée aux frères convers est achevée.
Clairvaux donne naissance à soixante-huit abbayes nouvelles.
En 1119, Bernard fait partie du chapitre général
des cisterciens convoqué par Étienne Harding, qui donne sa forme
définitive à l'ordre.
La « Charte de charité » qui y est rédigée est confirmée peu après par Calixte II.
En 1132, il fait accepter par le pape l'indépendance de Clairvaux vis-à-vis de Cluny.
Un conservateur engagé

Bernard de Clairvaux (vers 1450), vitrail, Paris, musée de Cluny
Dès le début de son abbatiat, Bernard rédige des traités, des homélies, et surtout une Apologie,
écrite sur la demande de Guillaume de Saint-Thierry, qui défend les
bénédictins blancs (cisterciens) contre les bénédictins noirs
(clunisiens).
À
l'austérité cistercienne, élaborée à partir de la fuite du monde, de la
pauvreté et du travail manuel, Bernard ajoute la mise en valeur de la
pureté et le mépris de la culture et de tout ce qui peut sembler un
divertissement pour l'esprit.
Pierre
le Vénérable, abbé de Cluny, lui répond amicalement, et malgré leurs
différends idéologiques, les deux hommes se lient d'amitié.
Il envoie également de nombreuses lettres pour inciter à la réforme le reste du clergé, en particulier les évêques.
Sa lettre à l'archevêque de Sens, Henri de Boisrogues dit Sanglier, intitulée par la suite De Officiis Episcoporum (Sur la conduite des évêques) est révélatrice du rôle important joué par les moines au XIIe siècle, et des tensions entre clergé régulier et séculier.
Bernard a une prédilection presque exclusive pour le Cantique de Salomon et pour saint Augustin.
Il est le dernier père de l'Église de par sa façon de raisonner.
Il
considère que l'homme n'a pas à tenter d'élucider les contradictions
apparentes du dogme ou de trouver une explication rationnelle aux textes
saints : la foi que l'on reçoit doit être transmise inchangée.
Il
reste opaque aux changements de l'époque où, avec la naissance des
universités, de plus en plus d'esprits s'attaquent à la compréhension
des textes par la raison.
Il défend avec la même fougue la société féodale, la division du monde en trois ordres, la théocratie pontificale.
Pour
lui, l'ordre établi est voulu par Dieu. Il suffit de corriger les vices
des hommes pour résoudre les problèmes de la société.
La spiritualité de Bernard est fortement marquée par la pénitence.
Il fait subir à son corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger.
Son goût pour l'austérité s'accorde à merveille avec le dépouillement des églises cisterciennes.
À ce sujet, il évoque « la sobre ivresse (sobria ebrietas)
qui jaillit du dedans et opère des mutations et des métamorphoses, sans
pour autant nécessiter le point d'appui d'une imagerie extérieure ».
Il fulmine d'ailleurs contre les cloîtres sculptés à chapiteaux historiés dans son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry(vers
1123-1125). Il considère que les décorations richement ornées de
figures monstrueuses et que les narrations souvent profanes et coûteuses
sont de nature à détourner l'esprit du moine de la méditation.
Il est aussi porté par un amour fervent pour Dieu et pour la Vierge pour qui il a une dévotion particulière.
Toutes les églises cisterciennes sont dédiées à la Vierge et Bernard cherche à développer le culte marial dans tout l'Occident.
Il est parfois présenté sur des tableaux buvant le lait de la Vierge (lactation de saint Bernard).
Il prône une religion faite d'élan du cœur plus que de comptabilité des actions bonnes ou mauvaises.
C'était un homme entier, totalement dévoué à sa foi, qui n'acceptait pas les compromis.
Son ardeur dans les prêches, sa rhétorique puissante le faisait craindre de certains, et suivre sans retenue par d'autres.
« Il
parle avec une telle véhémence de langage, un tel désir d'arracher à
l'inertie, que les moines pusillanimes devaient craindre sa présence
trop assidue dans le monastères. Ceux qui l'avaient compris le suivaient
avec ardeur. Bernard était très absolu ».
Un abbé engagé dans les affaires de son temps

Jehan Bellegambe, Triptyque du Cellier
(vers 1509), New York, Metropolitan Museum of Art. Sainte Humbeline,
sœur de Bernard et Jeanne de Boubais, abbesse de l'abbaye de Flines, aux
pieds de la Vierge à l'Enfant
Bernard,
pourtant si engagé dans son monastère, sillonne les routes d'Europe
pour défendre l'Église et porter témoignage de son Dieu.
En 1129, il participe au concile de Troyes, convoqué par le pape Honorius II et présidé par Matthieu d'Albano, légat du pape.
Bernard
est nommé secrétaire du concile, mais en même temps il est contesté par
une partie du clergé, qui pense que Bernard, simple moine, se mêle de
choses qui ne le regardent pas.
Il finit par se disculper.
C'est
lors de ce concile que Bernard fait reconnaître les statuts de la
milice du Temple, les Templiers, dont il a grandement influencé la
rédaction.
L'existence
d'un ordre de moines appelés à manier l'épée et à verser le sang était,
selon Jean Flori, une « monstruosité doctrinale » que Bernard de
Clairvaux réussit à faire accepter par le concile.
Ce qui officialisa l'intégration définitive, dans la doctrine de l'église romaine, de la notion de guerre sainte.
En
1130, il adresse une lettre aux chevaliers du Temple. Il explique que
pour un chrétien il est plus difficile de donner la mort que de la
recevoir.
Il fustige le "chevalier du siècle" qui engage des guerres. Il
rappelle que le Templier est un combattant discipliné sans orgueil et
sans haine.
Devenu
une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, il
intervient dans les affaires publiques, il défend les droits de l'Église
contre les princes temporels, et conseille les papes. Il attache en
effet, une grande vénération au trône de saint Pierre.
Le schisme d'Anaclet
En 1130,
après la mort d'Honorius II, deux papes sont élus par les cardinaux :
le cardinal Aimeric, qui prend le nom d'Innocent II, dont les
adversaires désignent le cardinal Pierleone, qui prend le nom d'Anaclet
II.
Ce dernier reçoit le soutien de Roger II, duc des Pouilles et de Calabre, lequel reçoit le titre de roi de Sicile.
En France, Louis VI convoque un synode à Étampes et demande à Bernard d'y siéger.
Dans
une intervention enflammée, Bernard se déclare en faveur d'Innocent II,
car il le juge plus saint, donc plus apte, et certainement élu par le
groupe le plus sain (sanior pars) des cardinaux.
Il semble que l'origine juive d'Anaclet ait joué dans ce choix.
Bernard, qui prendra par ailleurs la défense des juifs pendant la
deuxième croisade, écrit qu'il considère comme une injure que la « race
juive » puisse occuper le siège de saint Pierre.
Le roi de France et son clergé reconnaissent alors Innocent II, qui se réfugie en France.
L'empereur germanique, Lothaire III le reconnaît à son tour et conduit une expédition pour l'installer à Rome.
Bernard accompagne l'empereur et le pape quand ils entrent dans Rome en 1133.
Mais Innocent II est rapidement attaqué par les partisans d'Anaclet.
Il réunit un concile à Pise en mai-juin 1135, pour anathématiser son rival. Bernard y prononce un discours très violent.
Il négocie ensuite le ralliement de la ville de Milan au pape.
En
1137, il essaye en vain de faire changer Roger II de camp. Quelques
semaines plus tard, Anaclet meurt (janvier 1138), mettant ainsi fin au
schisme.
Bernard et la seconde croisade (1146)
Prêche pour la croisade

Émile Signol, Saint Bernard prêche la deuxième croisade (1840), Versailles, musée de l'Histoire de France
En 1145, Bernard de Clairvaux donne un pape à l'Église, Eugène III, dont Bernard devient le maître à penser.
Il suggère à celui-ci la création de l'auditorium, ancêtre du tribunal
de la Rote. Cette institution permet au pape de se dégager des procès de
plus en plus nombreux que la papauté devait régler.
Lorsque
le royaume de Jérusalem se trouve menacé après la chute du comté
d'Édesse, Eugène III demande à Bernard de prêcher ladeuxième croisade,
laquelle sera entreprise en grande partie à l'initiative du roi de
France Louis VII le Jeune.
À
cette époque, Bernard de Clairvaux a cinquante six ans. Plus préoccupé
par le développement de l'hérésie cathare, il est réticent à l'idée de
s'associer à une croisade en Terre sainte. Il ne s'incline que par
obéissance au pape.
Il
prend la parole le 31 mars 1146, le jour de Pâques au milieu d'une
foule de seigneurs et chevaliers réunis et d'étendards au pied du
versant nord de la colline de Vézelay, l'église étant trop petite pour
contenir cette assemblée. Son discours enflamme la foule.
Il évoque Édesse profané et le tombeau du Christ menacé.
Il invite les chevaliers qui veulent se croiser à l'humilité, à l'obéissance et au sacrifice.
Après son prêche, on lui arrache même des morceaux de son vêtement pour en faire des reliques.
Son prestige entraîne donc le peuple de France. Néanmoins,certains
historiens comme Pierre Bauduin remarquent que la présence de Bernard à
Vézelay n'est attesté par aucune source de l'époque et qu'il ne
subsiste pas la moindre partie du sermon.
Il prêche aussi à Spire. Finalement, le roi de France Louis VII et l'empereur Conrad III prennent la croix.
L'échec
de la deuxième croisade lui est ensuite reproché de partout, de Rome,
de la cour de France, des évêques et des maîtres des écoles.
Bernard
est blessé par ces attaques mais soumis au pape, il accepte d'être mis à
la tête d'une nouvelle croisade qui ne partira d'ailleurs jamais.
Lutte contre les violences antijuives

peinture "Saint Bernard de Clairvaux et le miracle de la dent de saint Césaire diacre et martyr de Terracine, Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem, Rome
En
Germanie, sa campagne pour la croisade lui donne l'occasion de
combattre les discours du prédicateur populaire Raoul, Rodolphe ou
Rudolf, un ancien moine cistercien de Clairvaux qui forçait les Juifs à
choisir entre le baptême et la mort, en vertu de la doctrine catholique
du filioque qui, faisant découler le Saint Esprit du Christ autant que
de Dieu, impliquait que seule une âme chrétienne puisse être sauvée.
Ce
prêche provoqua contre les Juifs une flambée de violences, et
méconnaissait l'apôtre Paul, qui affirme « qu'à la fin des temps tout
Israël sera sauvé », de sorte qu'au sujet des juifs, la doctrine de
l'Église catholique au XIIe siècle était
que leur conversion doit être obtenue par la prière : « Serait-elle
abolie cette prière universelle que l'Église élève du lever au coucher
du soleil pour les Juifs incrédules — pro perfidis Iudaeis — pour que le
Seigneur Dieu ôte le voile de leurs cœurs et qu'ils passent de leurs
ténèbres à la lumière de la vérité ? ».
Alerté
par les évêques qui protégeaient traditionnellement les Juifs Bernard,
qui est partisan du baptême forcé des non-chrétiens, s'en prit à Rudolf,
affirmant que celui-ci « n'a reçu de personne mission de prêcher ».
« Ni les anges ni les apôtres n'approuvent le meurtre des Juifs.
L'Église prie au contraire pour leur conversion et elle est assurée »,
affirme Bernard. « La doctrine de Rodolphe ne procède pas de Dieu : elle
vient du Démon, le père du mensonge qui est homicide depuis le
commencement », affirme-t-il.
Lors
de ses déplacements en Allemagne, Bernard ne cesse de répéter : « Ne
touchez pas aux Juifs, ils sont la chair et les os du Seigneur ».
Les
sources juives révèlent une connaissance précise des faits, mais aussi
des motivations théologiques invoquées par Bernard pour la défense des
Juifs.
L'auteur du Sepher Zekhira [« Livre du souvenir »] parle avec
reconnaissance de la protection des communautés allemandes par
l'intervention de Bernard : « Et Dieu envoya après cet homme de Bélial
un digne prêtre, grand et maître de tous les prêtres… du nom de Bernard,
abbé de Clairvaux… Il leur parla en ces termes : « Il est bon que vous
marchiez contre les Ismaélites, mais celui qui touche à un juif pour le
tuer, c'est comme s'il touchait à Jésus lui-même. Et mon disciple
Rodolphe, qui a dit de les exterminer, n'a pas parlé justement, car il
est écrit à leur propos dans les Psaumes : Ne le tue pas, de peur que
mon peuple ne l'oublie… ». Et sans la miséricorde de cet abbé, il ne
serait pas resté d'Israël un seul survivant ».
Dans
sa lettre aux habitants de l'Allemagne, Bernard écrivait : « Nous avons
appris, et nous en sommes réjouis, que parmi vous brûlait l'ardeur de
Dieu.
Mais il convient que ne fasse pas défaut la compréhension.
Il
ne faut pas s'attaquer aux Juifs, ni les tuer, ni même les expulser.
[…]
Ils ont été dispersés et souffrent un dur exil sous des souverains
chrétiens.
Mais
ils reviendront vers le soir et, au temps marqué, ils croiront. Et
alors, selon les paroles de l'apôtre : jusqu'à ce soit entré la totalité
des païens, c'est alors qu'Israël sera sauvé » (Romains XI, 25-26).
L'attitude de Bernard sur la question juive se fonde sur les Pères des Ve et VIe siècles
: « Il est interdit de tuer les juifs, tout en les abaissant, parce
qu'ils témoignent de la vérité de la foi chrétienne, incarnant comme ils
le font le sort de ceux auxquels la foi fut donnée d'abord, et qui,
dans leur aveuglement, l'ont repoussée, et se refusent à voir la lumière
qui brille autour d'eux ». Selon Joshua Prawer, Bernard de Clairvaux
définit les positions de l'Église catholique à l'égard des deux
religions juive et islamique : « Les juifs ont l'espoir d'être sauvés,
parce qu'un jour viendra où leurs yeux se désilleront et où ils se
convertiront, contrairement aux musulmans ; les juifs sont l'objet d'une
promesse divine qui n'a pas encore été réalisée mais qui le sera et à
l'égard de ce peuple d'où sortirent les patriarches, d'où sortit le
Christ « selon la chair », une promesse a été faite, et quiconque les
protège rend possible et peut-être contribue à réaliser une promesse
divine ».

Bartolomé Esteban Murillo, Apparition de la Vierge à saint Bernard, Madrid, musée du Prado.
La lutte pour la sauvegarde de l'orthodoxie catholique
Dans
cette période de développement des écoles urbaines, où les nouveaux
problèmes théologiques sont discutés sous forme de questions (quaestio) et d'argumentation et de recherche de conclusion (disputatio), Bernard est partisan d'une ligne traditionaliste.
Lutte contre Abélard
Il
combat les positions d'Abélard, approximatives d'un point de vue
théologique, et le fait condamner au concile de Sens en 1140. Abélard
incarne tout ce que Bernard déteste : l'intelligence triomphante,
l'arrogance dominatrice, les prouesses dialectiques, une célébrité
immense, fondée sur la foi passée au crible de la raison au détriment de
la vie intérieure, l'obstination à tenir des positions.
Bernard
refuse que les secrets de Dieu soient examinés et questionnés par la
raison. Il veut que la raison reconnaisse ce qu'il y a d'infiniment
profond et d'incompréhensible dans les choses divines. Son attitude
tranchante entraîne des pamphlets contre lui comme celui que Bérenger de
Poitiers écrit après l'affaire Abélard : « Depuis longtemps la renommée
aux ailes rapides a répandu dans l'univers entier le parfum de ta
sainteté, proclamé tes mérites, pompeusement propagé tes miracles. Tu as
pris Abélard comme cible de ta flèche pour vomir contre lui le venin de
ton aigreur, pour le rayer de la terre des vivants, pour le mettre au
rang des morts. Tu étais enflammé contre Abélard non du zèle de la
correction, mais du désir de ta propre vengeance»
Bernard combat la thèse de l'Immaculée Conception
Parmi
les positions théologiques soutenues par Bernard, certaines sont
contraires à des dogmes définis plus tard par l'Église. C'est ainsi
qu'en 1139, il écrit une Lettre aux Chanoines de Lyon (épître 174), où,
malgré sa dévotion à la Vierge, il combat la pratique, alors
relativement nouvelle, de fêter l'Immaculée Conception et argumente
contre la thèse qui fonde cette fête.
Indissolubilité du mariage
En
1141-1142, Bernard intervient dans un conflit entre le roi de France
Louis VII et le pape Innocent II. Le pape a mis l'interdit sur Louis VII
et excommunié Raoul Ier de Vermandois, sénéchal du roi, qui,
sur le conseil du roi, a répudié sa première épouse, Éléonore de Blois,
pour épouser Pétronille d'Aquitaine. C'est Thibaud IV de Champagne,
oncle de l'épouse répudiée, qui a porté l'affaire devant le pape. Louis
VII fait marcher son armée sur la Champagne et la situation de Thibaud
est bientôt désespérée. Louis VII propose la paix, à condition que
Thibaud IV obtienne du pape la levée de l'interdit et de
l'excommunication. Thibaud IV accepte et Bernard se porte garant pour
lui. Cependant, Bernard s'acquitte de ses engagements d'une façon où
l'abbé Vacandard voit « une combinaison dont la loyauté était
absente » : il propose au pape de lever l'excommunication « puisque vous
auriez le droit de renouveler immédiatement une excommunication qui
n'est que trop juste et de la confirmer pour toujours. Ainsi, la ruse
déjouerait la ruse, la paix sera rétablie, et celui qui se glorifie de
sa mauvaise foi n'en tirera aucun avantage. » L'intervention de Bernard
semble l'avoir mis en disgrâce aux yeux du pape, mais Innocent II entre
dans la manœuvre qui lui est proposée : il lève l'excommunication, puis
somme Raoul de Vermandois de cesser son adultère avec Pétronille et de
reprendre sa première épouse sous peine d'une nouvelle excommunication.

Francisco Ribalta, Le Christ embrassant saint Bernard de Clairvaux, Madrid, musée du Prado. Illustration de son titre de Doctor mellifluus dans sa louange au Fils de Dieu
Lutte contre le catharisme
À
la même époque, l'hérésie cathare fait de grand progrès dans le midi de
la France. Bernard intervient pour réfuter les doctrines cathares. En
1145, il accompagne en Languedoc Albéric d'Ostie, légat du pape Eugène
III, et Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres afin de prêcher contre
l'hérésie dans cette région. Il passe
par Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors,Albi, Verfeil. C'est
dans cette dernière localité où rencontrant les cathares, que Bernard,
enflammé du zèle de la foi, aurait prononcé ces mots en quittant la
ville : « Verfeil (= verte feuille), que Dieu te dessèche ! »
Prélats, légats et lui-même, « lumière de Cîteaux » en personne, furent exaspérés par ces rencontres conviviales pendant
lesquelles les chevaliers, adeptes du christianisme cathare,
n'hésitèrent pas à l'accueillir par un charivari qui le blessa dans son
orgueil. Le petit peuple des campagnes avoisinantes, moins contaminé,
écouta ses prédications d'une oreille plus sage. Mais la consolation
qu'il trouva notamment auprès des habitants d’un village qui porte
aujourd'hui le nom de Bourg-Saint-Bernard, ne fut pas suffisante pour
calmer sa haine naissante. Le défi fut fatal. Après cette expérience,
saint Bernard n'eut qu'une seule idée en tête : redonner à la papauté le
prestige et le pouvoir en ces lieux où germait une église concurrente
qui remportait un insupportable succès auprès du peuple et de
l'aristocratie locale. Les représentants de l'église cathare devaient
payer le prix fort. Avant de se retirer au monastère de Cîteaux pour des
problèmes de santé, Bernard de Clairvaux écrivait dans un sermon : « on
ne les convainc ni par le raisonnement (ils ne comprennent pas) ni par
les autorités (ils ne les reçoivent pas), ni par la persuasion (car ils
sont de mauvaise foi). Il semble qu’ils ne puissent être extirpés que
par le glaive matériel ». Et la conclusion de Bernard fut : « saisissez-les
et ne vous arrêtez pas, jusqu’à ce qu’ils périssent tous car ils ont
prouvé qu’ils aimaient mieux mourir que se convertir ».
Par
ces mots, Bernard de Clairvaux fut à l'origine de la croisade des
Albigeois et des massacres qui suivirent. Cette croisade, mise sur pied
par l'Église catholique et le pouvoir royal, eut pour but de déraciner
une foi bien ancrée dans les populations méridionales. Il s'agissait
d'éliminer ce mouvement, jugé hérétique, par l'extermination. En partie,
grâce aux prédications de saint Bernard, au nom de l’unité entre la
royauté et le sacerdoce, le 22 juillet 1209, les croisés répondent à
l’appel du pape Innocent III autorisant à tuer, à voler et prendre les
biens conquis. Ils donnent l'assaut à Béziers assiégée, exécutant et
brûlant tous les habitants. Ce massacre était le début d'une longue
série de grandes boucheries (« Lo gran mazel ») : Carcassonne, Minerve,
Lavaur...
Suivirent
ensuite les années noires de l'inquisition, tribunal ecclésiastique
chargé de réprimer les hérésies par recherche et punition des moindres
adeptes qui, selon l'église chrétienne, étaient doublement rebelles : à
Dieu d'abord, mais aussi aux autorités pontificales ou royales, voulues
et instaurées par Dieu sur la Terre. La procédure d'inquisition, à
laquelle le pape Grégoire IX accorda des pouvoirs spéciaux, permettait
de poursuivre, sur simple soupçon, les hérétiques qui apparaissaient
comme une menace pour la foi. Les fidèles étaient sommés de dénoncer les
hérétiques qui étaient ensuite traduits devant le tribunal
inquisitorial. Prononcées publiquement, les sentences pouvaient aller de
la flagellation à la peine de mort par le feu. Par la suite, les abus
des inquisiteurs provoquèrent des révoltes populaires. En France,
l'Inquisition fut supprimée au début du XVIIIe siècle. Elle ne sera
abolie, à Toulouse, grâce à Voltaire, que le 28 juin 1771.
Tentative de faire condamner Gilbert de la Porrée
Au
concile de Reims, en 1148, il porte une accusation d'hérésie
contre Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers. Il n'obtient qu'un
mince avantage, et son adversaire conserve sonévêché et toute sa
considération. Plein de zèle pour l'orthodoxie, Bernard combat aussi les
thèses de Pierre de Bruys, Henri de Lausanne, d'Arnaud de Brescia, et
condamne les excès de Raoul, qui demandait le massacre des juifs. En
cette même année il prêche la croisade en Hainaut et séjourne à Mons, la
capitale des comtes de Hainaut. Son arbitrage est accepté dans toute
l'Europe du XIIe siècle.
Relations avec le pouvoir temporel
Bernard,
qui interprète le passage des deux glaives dans l'Évangile de Luc,
comme subordonnant le pouvoir temporel au pouvoir spirituel59,
s'oppose plusieurs fois aux rois de France. Il traite Louis VI de
nouvel Hérode quand celui-ci cherche à déposer l'archevêque de Sens, il
accuse Suger de négliger son abbaye de Saint-Denis, le poussant ainsi à
se consacrer davantage à l'administration de son abbaye à partir de
1127. En 1138, une crise éclate lorsque le roi Louis VII accorde son
investiture pour l'évêché de Langres à un moine de Cluny et non au
candidat de Bernard de Clairvaux.
Bernard
fonde jusqu'à soixante douze monastères, répandus dans toutes les
parties de l'Europe : 35 en France, 14 en Espagne, 10 en Angleterre et
en Irlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 4 au Danemark, 2 en Suède et 1 en
Hongrie.
En 1151, deux ans avant sa mort, il y a 500 abbayes cisterciennes. Clairvaux compte 700 moines.

Armoire de reliques de saint Bernard, musée d'art sacré de Dijon de l'église Sainte-Anne de Dijon
Bernard meurt en 1153, à soixante-trois
ans. Canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III, Bernard de Clairvaux
a été déclaré docteur de l'Église par Pie VIII en 1830.
On le fête le 20 août.
La spiritualité de Bernard de Clairvaux
Bernard
s'adresse à des moines. Sa théologie mystique concerne des hommes qui
se vouent à la prière et à l'amour de Dieu. Pour lui, tout savoir humain
n'a d'importance que dans la mesure où il est ordonné à la vérité
religieuse.
La paix intérieure
En
entrant au monastère, le moine laisse tout, sa vie est rythmée par la
liturgie. Rien ne doit le perturber dans sa vie intérieure. Le monastère
a pour fonction de favoriser cet aspect de la spiritualité
cistercienne. C'est pourquoi les rituels cisterciens sont précisément
codifiés dans les Ecclesiastica officia et que l'architecture
des couvents doit répondre avant tout à cette fonction suivant les
instructions précises de Bernard de Clairvaux. Avant d'être une
mystique, la spiritualité cistercienne est une spiritualité incarnée :
que la vie quotidienne aille de soi est la condition sine qua non de
la paix intérieure et du silence, propice à la relation avec Dieu. Tout
doit y conduire et rien en distraire. Ainsi, l'architecture, l'art ou
les manuscrits cisterciens adoptent un style pur et dépouillé. Sous
l'impulsion de Bernard de Clairvaux, mû par un idéal d'austérité, un
style très épuré est utilisé pour les manuscrits à partir de 1140. Il se
caractérise par de grandes initiales peintes en camaïeu d'une seule
couleur, sans représentation humaine ou animale ni utilisation d'or.
Le cheminement vers Dieu
Bernard de Clairvaux, dans son traité De l'Amour de Dieu est
à la source d'une véritable école spirituelle en faisant passer un pas
décisif à la littérature descriptive des états mystiques. Il développe
un ascétisme extrême de dépouillement qui est très visible d'un point de
vue artistique. La liturgie développe des mélodies épurées totalement
au service de la parole divine pour en révéler toute la richesse et le
mystère qui y est contenu. Il est donc crucial que l'écoute ne soit pas
perturbée par d'autres signaux, d'où la recherche du silence. Il n'y a
pas d'écoute vraie sans l'attitude fondamentale d'humilité.
Pour Bernard de Clairvaux, « l'humilité est une vertu par laquelle l'homme devient méprisable à ses propres yeux en raison de ce qu'il se connaît mieux ».
Cette authentique connaissance de soi ne peut être obtenue que par le
retour sur soi. Par la connaissance de sa propension au péché le moine
se doit d'exercer, comme Dieu, la miséricorde et la charité envers tout
homme. En s'acceptant tel qu'il est, grâce à cette démarche d'humilité
et de travail intérieur, l'homme connaissant sa propre misère devient
capable de compatir à celle d'autrui.
Selon
Bernard de Clairvaux, on doit alors parvenir à aimer Dieu par amour de
soi et non plus de Lui. La prise de conscience que l'on soit un don de
Dieu ouvre à l'amour de tout ce qui est à Lui. Cet amour est, pour
Bernard, le seul chemin qui permette d'aimer comme il le faut son
prochain puisqu'il permet de l'aimer en Dieu. Au final, après ce
cheminement intérieur on parvient au dernier stade de l'amour qui est
d'aimer Dieu pour Dieu et non plus pour soi.
Le libre arbitre

Bernard de Clairvaux recevant le lait de la Vierge
Pour
Bernard de Clairvaux, du fait de son libre arbitre, l'homme à la
possibilité de choisir sans contrainte de pécher ou de suivre le
cheminement qui conduit à l'union avec Dieu.
Par
l'amour de Dieu il lui est possible de ne pas pécher et d'atteindre au
sommet de la vie mystique en ne voulant plus autre chose que Dieu,
c'est-à-dire de s'affranchir de toute possibilité de pécher en étant
totalement libre.
Ce
qui meut le désir des cisterciens de quitter le monde, c'est l'union
dans l'amour de la créature avec le créateur. Union parfaitement vécue
par la Vierge Marie qui est le modèle exemplaire de la vie spirituelle
cistercienne. C'est pourquoi les moines cisterciens lui vouent une
dévotion particulière.
Réflexions sur la croisade
À la fin de sa vie, dans une de ses œuvres majeures, De la Considération (1152), il accepte la responsabilité de l'échec de la deuxième croisade.
Il écrit : « Je préfère voir les murmures des hommes s'élever contre moi que contre Dieu ». Continuant sa réflexion il demande :« L'homme doit-il cesser de faire ce qu'il doit parce que Dieu fait ce qu'il veut ? » Il
compare ensuite, il exclut que Dieu a choisi Moïse pour sortir les
Hébreux d'Égypte et de les conduire en Terre promise mais il ne les a
pas fait entrer en Pays de Canaan car les Hébreux se sont montrés
rebelles et incrédules.
Dans une lettre à son oncle, André de Montbard, maître du Temple, il écrit : « Le monde devra reconnaître qu'il vaut mieux mettre sa confiance en Dieu qu'en nos princes ». Il adjure les Templiers à rester des moines avant d'être des soldats.
Écrits

Bernardi Opera, 1719

Philippe Quantin, Saint Bernard écrivant, musée des beaux-arts de Dijon
Bernard, a fait rayonner, au XIIe siècle, l'ordre cistercien dans toute l'Europe.
Vaine arithmétique
« Que
rendrai-je au Seigneur pour tout le bien qu'il m'a fait ? (Ps 115, 12).
Même si en moi s'additionnaient toutes les vies des fils d'Adam, tous
les jours du monde, les labeurs de tous les hommes qui furent, sont et
seront, n'est-il pas vrai que ce ne serait encore rien, en comparaison
de ce corps, objet des regards et de l'admiration même des Puissances
d'en haut ? ».
« Tu
le vois donc : Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
autant sa vie s'est élevée au-dessus de la nôtre (Is 55, 9), et pourtant
il l'a donnée à la place de la nôtre. De même qu'il n'y a pas de
comparaison possible entre le rien et quelque chose, de même notre vie
est sans proportion avec la sienne ».
« Lors
donc que je lui aurai consacré tout ce que je suis, tout ce que je
puis, ne serai-ce pas comme une étoile en face du soleil, comme une
goutte d'eau en comparaison d'un fleuve, comme une pierre à côté d'une
tour, comme un grain de poussière auprès d'une montagne ? ».
« Je
ne possède que deux petites pièces de monnaie (Mc 12, 42) - ou plutôt
deux très petites pièces : mon corps et mon âme ; ou plutôt je n'en ai
qu'une : ma volonté. Et je ne la donnerais pas à sa volonté à lui ? »
Force d'âme, douceur
irrésistible du cœur,
et, pour vaincre l'adversaire
en vérité,
l'habileté
des fils de lumière,
rien ne manque à ta prudence,
ni le silence,
ni les mots,
— Bernard de Clairvaux, Force d'âme, douceur, J. F. Frié, CNPL.
irrésistible du cœur,
et, pour vaincre l'adversaire
en vérité,
l'habileté
des fils de lumière,
rien ne manque à ta prudence,
ni le silence,
ni les mots,
— Bernard de Clairvaux, Force d'âme, douceur, J. F. Frié, CNPL.
.
Dans la lumière de la résurrection
« Avec
sa résurrection, le Christ apporta une lumière plus belle et plus
intense que la lumière habituelle ; car si nous le connaissons d'abord
selon la chair, ce n'est plus ainsi que nous le connaissons maintenant.
Il est écrit par le prophète : Il s'est revêtu de beauté, il a revêtu la
force, et en a fait sa ceinture (Ps 92, 1), repoussant les infirmités
de la chair comme n'importe quel nuage, et revêtant un habit de gloire.
Alors, oui, le soleil s'est élevé, et répandant doucement ses rayons sur
la terre, il a commencé peu à peu à paraître plus clairement, et s'est
fait sentir avec plus de chaleur.
Ici-bas,
sa lumière ne sera cependant jamais celle de midi, et il ne sera pas vu
en toute sa plénitude comme nous le verrons ensuite, au moins pour ceux
auxquels il voudra donner cette vision. »
« Ô
midi véritable ! Plénitude de chaleur et de lumière ! Permanence du
soleil ! Disparition des ombres, assèchement des marécages et pureté de
l'air ! Ô solstice continuel d'un jour sans déclin ! Ô lumière de midi
et douceur du printemps ! Ô splendeur de l'été et abondance de
l'automne ! Et pour rien oublier, ô repos et loisir de l'hiver ! Ou si
vous préférez, l'hiver seul, alors, s'en ira et disparaîtra ! ».
Hommages

Statue de Bernard au Louvre
De
nombreux ossements et objets personnels de saint Bernard ont été
dispersés comme reliques pour être vénérés notamment dans différents
monastères de son Ordre ou dans des églises.
Un premier timbre a été édité à son effigie en France en 1953 pour le 8e centenaire de sa mort (no YT945) et un second en 2013.
Bernard de Clairvaux est représenté parmi les statues des Hommes illustres installées dans la cour Napoléon du Palais du Louvre.
Le miracle eucharistique
Guillaume d'Aquitaine (1157) qui menait une vie de débauche, prit parti pour l'antipape Anaclet contre le pape Innocent II.
Saint Bernard de Clairvaux fut envoyé en mission par Innocent II auprès du Duc.
Plus de 7 heures de discussion ne lui firent pas changer d'avis.
Saint Bernard comprit alors que ce n'étaient pas des moyens humains qui parviendraient à convaincre le duc entêté, mais la puissance de Dieu.
Saint Bernard célébra donc une messe et, après la consécration, partit avec la patène et l'hostie : "Voici le fils de la Vierge, le Chef et le Seigneur de l'Église que tu persécutes, qui vient devant toi" ; le duc fut projeté à terre.
Ses officiers le relevèrent mais il retomba.
Saint Bernard lui ordonna alors de se lever et de choisir son camp.
Ce fut le point de départ de tout un chemin de conversion qui permit à l'église de reconnaître sa sainteté.
Le grand miracle fut bien sûr celui de la conversion du duc et non le phénomène de la chute !

L'apparition de la Vierge
La Vierge Marie lui mit sa sainte mamelle dans sa bouche et lui enseigna la divine science.
Source : Dictionnaire des apparitions de l'Abbé Laurentin

En savoir plus :
http://www.therealpresence.org/eucharst/mir/french_pdf/MIRACLE-FR-bernard.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Apparition_de_la_Vierge_%C3%A0_saint_Bernard_(Filippino_Lippi)
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Apparition_de_la_Vierge_%C3%A0_saint_Bernard_(Filippino_Lippi)
Les œuvres complètes de Saint Bernard :
Les lettres de Saint Bernard :
En savoir plus :

Regarde l'étoile, invoque Marie (Saint Bernard)

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