Saint Corentin (5ème s.)
Évêque de Quimper

Saint Corentin fut selon la tradition le premier évêque de Quimper. C’est l’un des sept saints fondateurs de Bretagne continentale.
La
ville de Quimper est une étape du pèlerinage médiéval des sept saints
de Bretagne continentale appelé Tro Breizh (Tour de Bretagne).
Il est fêté le12 décembre (voyez le calendrier des saints bretons).

L’icône de saint Corentin (avec son attribut le poisson) peinte pour l’Association orthodoxe sainte Anne (Bretagne)
Histoire et tradition

Corentin en évêque et avec comme attribut une truite
Sa vie est racontée dans la Vita de saint Corentin écrite vers 1220-1235 et publiée par Dom. Plaine et cette publication a fait l'objet de commentaires et de mises à jour apportant rectificatifs et compléments et beaucoup plus récemment. La chanson d'Aiquin l'évoque également.
D’après Albert le Grand, saint Corentin serait né vers 375 en Cornouaille armoricaine. Il devint ermite à Plomodiern, au pied du Ménez-Hom, où sa grande piété faisait déjà des miracles.
Sa légende lui attribue, près de son ermitage, un poisson miraculeux dont il coupait chaque jour, pour se nourrir, un morceau qui repoussait.
Corentin aurait nourri le roi Gradlon et sa cour d’un morceau de ce poisson un jour où, s’étant égarés lors d’une chasse, ils étaient arrivés affamés à son ermitage.
Peut-être est-ce une allusion au poisson qui symbolisait les chrétiens au début du christianisme, le mot grec "ichtus" voulant dire "poisson".
Or le signe du "poisson" et le mot "ichtus" (ΙΧΘΥΣ), qui est un acronyme en grec pour "Iesous CHristos THeou Yios Sotèr" ("Jésus le Christ, fils de Dieu, le Sauveur") étaient des symboles pour les premiers chrétiens et leur permettaient de se reconnaître sans subir les persécutions des romains. Le fait donc que le morceau du poisson repousse symboliserait sa piété grandissant chaque jour.
Le jour où le roi Gradlon décida de fonder le diocèse de Quimper, il appela Corentin pour qu’il en devienne le premier évêque. Il l’envoya à Toursse faire consacrer évêque par le futur saint Martin.
Gradlon lui aurait accordé un palais à Quimper à l’emplacement de l’actuelle cathédrale de la ville.
Saint Guénolé, fondateur de l’abbaye de Landévennec et saint Tudy, auraient été ses contemporains et ses disciples.
Après sa mort, il aurait été enterré devant le maître-autel de la cathédrale de Quimper.
Devant l'invasion normande de 878, ses reliques sont transportées à l'abbaye Saint-Magloire de Léhon avant d'être réparties en région parisienne -dont une partie à l'abbaye Saint-Corentin de Mantes où une abbaye royale lui est dédiée en 1201 par le roi Philippe Auguste, puis à Tours à l'abbaye de Marmoutier.
Iconographie
Attributs
Sa
légende lui attribue, près de son ermitage, un poisson miraculeux qui
se présentait chaque jour dans une fontaine et dont il coupait
quotidiennement, pour se nourrir (agrémentant à son menu le pain dur
qu'il mendiait et les herbes et racines sauvages), un fin morceau qui
repoussait.
La légende raconte encore que Corentin aurait partagé ce poisson avec un chasseur mourant de faim ou qu'il aurait nourri le roi Gradlon et sa cour d’un morceau de ce poisson un jour où, s’étant égarés lors d’une chasse dans la forêt de Névet, ils étaient arrivés affamés à son ermitage.
Certains prédicateurs y ont vu une allusion au poisson qui symbolisait les chrétiens au début du christianisme, le mot grec "ichtus" voulant dire "poisson".
Or
le signe du "poisson" et le mot "ichtus" (ΙΧΘΥΣ), qui est un acronyme
en grec pour "Iesous CHristos THeou Yios Sotèr" ("Jésus le Christ, fils
de Dieu, le Sauveur") étaient des symboles pour les premiers chrétiens
et leur permettaient de se reconnaître sans subir les persécutions des
romains, mais l'Ichthus des catacombes n'a guère franchi les frontières
de l'Italie.
Le fait donc que le morceau du poisson repousse symboliserait sa piété grandissant chaque jour.
Ses attributs traditionnels sont donc les attributs épiscopaux (mitre imposante sur la tête et crosse massive dans la main).
Il
est également représenté avec un poisson entier ou une moitié de
poisson (rappel du poisson qu'il partagea avec le chasseur) qu'il tient
dans la main ou à ses pieds où il est parfois associé à une fontaine.
Dans la chapelle Saint-Corentin en Plomodiern,
la crosse épiscopale est massive. Par mauvais temps persistants, les
fidèles se rendaient à la chapelle et faisaient faire le moulinet à la
crosse pour qu'elle pointe vers le nord.
Chapelles et statues de saint Corentin

Briec : la chapelle Saint-Corentin
(ou chapelle du Kreisker) et son calvaire

Pont-l'Abbé : église Notre-Dame-des-Carmes, statue de saint Corentin

Plomodiern : chapelle Saint-Corentin en Plomodiern, construite à la fin du XIXe siècle à l'emplacement de son ermitage

Statue de saint Corentin, chapelle Saint-Corentin, Lescobet, Plomodiern

Statue de saint Corentin, chapelle des Sept-Saints à Erdeven (Morbihan)
Récit d'Albert Le Grand publié en 1636
Saint
Corentin, premier Evesque de Cornoüaille, en la Bretagne Armorique,
nasquit au même Diocese, environ l'an 375, treize ans avant que le tyran
Maxime passast és Gaules, & fut, dés son enfance, instruit par ses
parents en la Religion Chrestienne; ayant esté, par une grace &
protection speciale de Dieu, preservé pendant les guerres que le Roy
Conan Meriadec fit aux garnisons Romaines, qu'il chassa entierément de
Bretagne, il s'adonna tout de bon au service de Dieu; &, pour mieux y
vacquer, & faire un perpétuel divorce avec le monde, il se retira
en une solitude, dans une forest en la Paroisse de Plou-Vodiern, au pied
de la montagne de S. Cosme, où il bastit un petit Hermitage près d'une
fontaine, &, tout joignant un petit Oratoire; passant en ce lieu les
nuits & les jours en prieres & Oraisons, inconnu & retiré
de toute conversation humaine, mais chery & consolé de Dieu, qui
jamais n'oublie ceux qui, pour son Amour, oublient toutes choses, &
fortifié de sa grace contre les attaques & tentations de ses
ennemis, & comblé de ses celestes et divines caresses. Pour sa
nourriture & sustentation en cette solitude, Dieu faisoit un miracle
admirable & continuel; car, encore qu'il se contentast de quelques
morceaux de gros pain, qu'il mendioit quelques fois és villages
prochains, & quelques herbes & racines sauvages, que la terre
produisait d'elle-mesme, sans travail ny industrie humaine, Dieu luy
envoya un petit poisson en sa fontaine, lequel, tous les matins, se
presentoit au Saint, qui le prenoit & en coupoit une piece pour sa
pitance, & le rejetoit dans l'eau, &, tout à l'instant, il se
trouvoit tout entier, sans lesion ny blesseure, & ne manquoit, tous
les matins, à se présenter à S. Corentin, qui faisoit toûjours de mesme.
II.
En mesme temps, vivoit un saint Prestre solitaire, nommé Primael, ou
Primel, lequel menoit une vie fort sainte dans une forest en Cornoüaille
(1). S. Corentin l'alla visiter, pour recevoir de luy quelques
salutaires instructions; S. Primel le recueillit gracieusement, &
passerent les deux Saints le reste de la journée en saints propos &
colloques spirituel, & la nuit suivante en prieres et Oraisons. Le
matin, saint Corentin desira dire la Messe en l'Oratoire de saint
Primael, qui, luy ayant disposé tout ce qui estoit requis &
necessaire, s'en alla querir de l'eau à une fontaine assez éloignée de
son Hermitage; Saint Corentin l'ayant longtemps attendu, sortit de la
Chapelle & vid venir le Saint vieillard tout doucement & à
petits pas tant pour sa lassitude & que la fontaine estoit loin de
là, que parce qu'il estoit boiteux. Saint Corentin, le voyant tout hors
d'haleine, en prit pitié & supplia Nostre Seigneur de luy octroyer
de l'eau plus prés de son Hermitage; puis, dit la Messe, pendant
laquelle il reïtera son Oraison; Dieu exauça sa priere, car au lieu
mesme où il mit son baston en terre, après la Messe, il rejaillit une
source d'eau, dont les deux Saints rendirent graces à Dieu; &, ayant
séjourné quelques jours avec S. Primael, il s'en retourna en son
Hermitage à Plovodiern. Encore qu'il tâchast à se derober de la hantise
& conversation des hommes, si ne se peut-il tellement cacher, que la
reputation de sa Sainteté ne retentit par toute la Bretagne, de sorte
que deux Personnages de grande sainteté le vinrent visiter en son
Hermitage (2); saint Corentin les receut fort humainement; &, pour
les festoyer, leur dressa des crépes (à la mode du païs) qu'il accomoda
de quelque peu de farine qu'on luy avoit donnée par aumône és villages
prochains; mais Dieu, qui ne délaisse ceux qui ont jetté en luy toute
leur espérance, pourveut miraculeusement à la nourriture de ses
serviteurs ; car S. Corentin, estant allé puiser de l'eau à la fontaine,
la trouva pleine de belles & grosses anguilles, dont il en prit
autant qu'il luy fut nécessaire pour festoïer ses hotes, lesquels se
retirerent, loüans Dieu qui, par des miracles si signalez, témoignait la
Sainteté de son serviteur S. Corentin.
III.
En ce temps-là, le Roy Grallon, qui avoit succedé à Conan Meriadek, se
tenoit, avec toute sa Cour, en la Ville de Kemper-Odetz, capitale du
Comté de Cornoüaille. Un jour, estant allé à la chasse, il donna jusques
dans la forest de Nevet (qui n'est plus), en la Paroisse de Plovodiern,
proche l'Hermitage de saint Corentin; &, ayant chassé tout le jour,
sur le soir, il s'égara dans la forest, & enfin se trouva prés
l'Hermitage du Saint, avec une partie de ses gens, ayans tous bon
appétit; ils descendirent et s'adresserent au Saint Hermite, luy
demanderent s'il ne les pourroit pas assister de quelques vivres? « Oüy
(répondit-il), attendez un petit, & je vous en vays querir. » Il
s'en alla à sa fontaine, où son petit poisson se représenta à luy,
duquel il en coupa une piece de dessus le dos & la donna au maistre
d'hôtel du Roy, luy disant qu'il l'apprestast pour son maistre & les
Seigneurs de sa suite; le maistre d'hôtel se prit à rire & se
mocquer du Saint, disant que cent fois autant ne suffiroit pour le train
du Roy. Neanmoins, contraint par la nécessité, il prit ce morceau de
poisson, lequel (chose étrange!) se multiplia de telle sorte, que le Roy
& toute sa suite en furent suffisamment rassasiez. Le Roy, ayant
veu ce grand Miracle, voulut voir le poisson duquel le Saint avoit coupé
ce morceau & alla à la fontaine, où il le vid, sans aucune
blessure, dans l'eau; mais quelque indiscret (que la Prose, qui se
chante le jour de la Feste du Saint, dit avoir esté de l'Evesché de
Leon) en coupa une pièce pour voir s'il deviendrait entier, dont il
resta blessé, jusqu'à ce que saint Corentin y vint, qui, de sa
Benediction, le guerit, & luy commanda de se retirer de là, de peur
de semblable accident, à quoy il obéït (3). Le Roy Grallon, ravy de ces
merveilles, se prosterna aux pieds du saint Hermite & luy donna
toute sa forest & une maison de plaisance qu'il avoit en ladite
paroisse de Plovodiern; puis, s'étant recommandé à ses prières, il se
retira à Kemper_Odetz. S. Corentin convertit cette maison que le Roy luy
avait donnée en un Monastere, où, ayant amassé nombre de saint
Religieux, il vivoit en grande sainteté & austerité.
IV.
Le Saint, sçachant combien il importoit au bien de la république que
les enfans des seigneurs & gentilshommes fussent,, de bonne heure,
élevez & dressez à la vertu, prenoit le soin de les instruire;
&, à cette fin, il avoit un nombre de pensionnaires en son
Monastere, entre lesquels les plus signalez furent Wennolé, Tugdin &
Jacut, lesquels, depuis, furent Abbez en trois celebres Monasteres.
Quelque temps après, le Roy Grallon fut supplié par les seigneurs &
tout le Peuple de procurer l'erection d'un Evesché à Kemper-Odetz, pour
le Comté de Cornoüaille, le Roy s'y accorda, &, ayant fait toutes
les dépêches requises, nomma S. Corentin à ce nouveau Evesché, &,
l'ayant mandé, l'envoya à Tours vers S. Martin, Archevesque dudit lieu,
pour estre par luy sacré, luy donnant pour compagnons Wennolé &
Tugdin (4), pour estre benits Abbez de deux Monasteres qu'il vouloit
édifier. Ils furent gracieusement receus du saint Archevesque, lequel,
au desir des lettres du Roy, consacra saint Corentin, mais ne voulut
benir les deux autres, disant que c'estoit à faire à luy à benir les
Abbez de son Diocese. Les Saints, ayans achevé leur legation, s'en
retourneront à Kemper-Odetz, où le Roy, avec toute sa Cour, les receut,
& fut dressé une entrée Episcopale & solemnelle à saint
Corentin, qui prit possession de son Siège & celebra Pontificalement
la Messe. Le Roy vint à l'offrande & offrit à Dieu & au saint
Prélat son palais qu'il avoit dans Kemper (5) & grand nombre de
terres & possessions; les princes & seigneurs de sa Cour, à son
exemple, en firent de mesme, chacun selon ses moyens & facultez. Le
lendemain, S. Corentin benit solemnellement ses deux saints Disciples,
Abbez, destinant Wennolé pour le Monastere de Land-Tevenec, que le Roy
Grallon fonda quelque temps après. Ce pieux prince, non content des dons
qu'il avoit faits au saint Evesque, fonda la Cathedrale, arrenta nombre
de Chanoines; &, pour laisser la Ville libre à saint Corentin, il
en retira sa Cour & la transfera en la fameuse ville d'Is.
V.
Saint Corentin, considérant que cette nouvelle dignité requeroit de luy
une nouvelle sollicitude, commença, à bon escient, à cultiver son
Diocese; il confera les saints Ordres à bon nombre de vertueux
personnages, lesquels il instruisoit pour les faire Recteurs de son
Diocese, lequel il visita & distribua par paroisses & tréves,
preschant partout d'une ardeur & zele admirables, non moins
d'exemple que de vive voix, n'ayant relasché rien de ses austeritez
ordinaires. Ayant saintement gouverné son troupeau quelques années, Dieu
le voulut récompenser de ses travaux & luy envoya une maladie, qui
l'affaiblit tellement, que, prévoyant l'heure tant désirée s'approcher,
il fit venir tous ses Chanoines & Religieux, &, les ayant
exhortez à l'Amour de Dieu & perseverance en leur vocation, il
receut, en leur presence, ses Sacremens; puis, leur ayant donné sa
benediction, il rendit son Ame beniste és mains de son Createur, le 12.
Decembre l'an 401. Son Corps lavé fut revétu de ses Ornemens Pontificaux
& porté dans son Eglise Cathedrale; & son décez estant sceu par
le Pays circonvoisin, il se rendit une si grande affluence de peuple à
Kemper-Odetz, pour voir son saint Corps & le baiser, qu'on ne le pût
si-tost enterrer qu'on s'estoit proposé; les malades y alloient &
estoient gueris; les muets, sourds, boëteux, aveugles y receurent
l'usage de leurs membres; les demoniacles y furent délivrez, &
plusieurs autres miracles s'y firent en témoignage de sa sainteté. Le
Roy Grallon, qui s'estoit rendu à Kemper-Odetz, quand il eut avis de sa
maladie, assista, avec sa cour, à son enterrement, qu'il fit faire avec
autant de pompe & magnificence, que si c'eust esté pour luy mesme,
& défraya le tout; il fut ensevely dans le Chœur de sa Cathedrale
devant le grand Autel, où Dieu a fait plusieurs miracles par son
intercession, aucuns desquels nous rapporterons icy, à la gloire de Dieu
& de son Saint, duquel la memoire fut si douce à ses citoyens,
qu'ils donneront son Nom à leur Ville, l'appelans KEMPER-CORENTIN, &
non plus KEMPER-ODETZ.
VI.
Une damoiselle, ayant receu quelque faveur par les merites &
intercessions de saint Corentin, fit vœu d'offrir quelque quantité de
cire à son Eglise, & vint rendre son vœu; comme elle s'approcha de
l'Autel pour l'y présenter, le diable la tenta de le retenir, ce qu'elle
fit; mais la misérable fut punie sur le champ; car la main qu'elle
avoit tirée se ferma si fort, que, quelque effort qu'elle fit, elle ne
la pût ouvrir; se voyant punie de la sorte, elle s'en retourna au logis
fort désolée, suppliant S. Corentin de luy impetrer l'usage de la main.
Une nuit qu'elle prioit de grande ferveur, S. Corentin luy apparut,
glorieux & resplendissant, & luy dit : « Ma fille, quand vous
aurez promis quelque chose à Dieu, ou à ses serviteurs, ne vous en
dédites pas, mais accomplissez le gayement ; allez demain à mon Eglise
& priez devant mon tombeau, & vous recevrez guerison. » Le
lendemain, la femme alla prier au Sepulchre du Saint, où s'estant
endormie, S. Corentin lui apparut de rechef & luy dit qu'elle estoit
guerie ; elle, se reveillant là dessus, se trouva avoir le maniement de
sa main libre, dont elle rendit graces à Dieu & à saint Corentin.
Il apparut à un larron & le frappa de Paralysie, dont il ne pût
jamais estre guery, qu'il n'eut restitué ce qu'il avoit dérobé. Quelques
méchans, estans entrez de violence dans la maison d'un honneste
Personnage, l'enfermerent dans un coffre, à dessein de l'y laisser
mourir de faim; ce pauvre homme eut recours à Dieu par l'entremise de S.
Corentin, lequel parut en la chambre, tout éclatant & glorieux,
&, du bout de sa Crosse, leva la serrure de ce coffre & délivra
ce pauvre homme, qui, de ce pas, alla à son Eglise remercier Dieu &
son serviteur saint Corentin. L'an de grace 1018, Alain Caignard, comte
de Cornoüaille, pensa devenir aveugle, à cause d'une défluxion qui luy
tomba sur les yeux; à laquelle les médecins ne pouvoient remédier; en
cette affliction, la Comtesse Judith, sa femme, fille de Judicaël, Comte
de Nantes, luy conseilla de faire vœu à S. Corentin, & promettre de
donner quelques terres & heritages à son Eglise: il la crût, &
ainsi, ayant fait dresser & signé les contrat des terres qu'il
disposoit donner, il se fit porter à Kemper-Corentin, où il visita
l'Eglise & fit sa priere, puis mit ces contrats sur l'Autel, offrant
à Dieu & à S. Corentin les terres & héritages qui y estoient
mentionnez, &, aussi-tost la défluxion se dissipa, &, du depuis,
n'eut plus mal aux yeux. Ce saint corps demeura à Kemper jusques à l'an
878. que les Normands ayans pris terre en Cornoüaille, les Chanoines
& Ecclesiastiques de Kemper se retirerent à Tours, emportans le
tresor de leur Eglise, &, entre autres Reliques, le Corps de saint
Corentin, qu'ils mirent en l'Eglise de saint Martin; depuis, il fut
transporté à Marmoutier, où il est reverement conservé.
Cette
Vie a esté par nous recueillie des anciens Breviaires et Legendaires
MSS. des Eglises Cathedrales des Dioceses de Cornoüaille, Leon et
Nantes, qui en ont l'Histoire distribuée en 9. Leçons; Molanus, en ses
Additions sur Usward, où il appelle Kemper-Corentin, Civitas Aquilae;
Robert Coenalis, Evesque d'Avranches, de re Gallica lib. 2, perioche 6;
Benoist Gononus, Célestin, in vitis PP. Occid. lib. 1 pag. 27; Alain
Bouchard, en ses Annales de Bretagne, l. 11 ch. 4, recite un abregé de
sa vie, et d'Argentré, en son Histoire de Bretagne, l. 1, ch. 11 et l.
11, ch. 9; le P. Augustin du Pas, en son Catalogue des Evesques de
Cornoüaille, à la fin de son Hist. des Illustres Maisons de Bretagne,
suivy par Jean Chenu, en son Histoire Chronologique des Evesques de
France, et Claude Robert, en sa Gallia Christiana, lettre B.
Frère Albert Le Grand - Religieux, Prêtre de l'Ordre des Frères Prêcheurs de Morlaix - Vie des Saints de la Bretagne Armorique (1636)
L'apparition de la Vierge
Saint Corentin aurait vu la Vierge chaque jour, vers midi, pendant des années.
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