Saint Étienne d'Obazine († 1159)
Abbé
Étienne
de Vielzot, plus connu sous le nom de saint Étienne d'Obazine, appelé
ainsi pour le distinguer de saint Étienne de Muret, est né vers l'an
1085, au village de Viel-Jo (auj. Vielzot), paroisse de
Bassignac-le-Haut, en Xaintrie (région située à l'est de l'actuel
département de la Corrèze), dans une famille très chrétienne.
Son père, qui s'appelait Étienne et sa mère, Gauberte, jouissaient d'une aisance modeste.
Il est décédé le 8 mars 1159 à l'abbaye de Bonnaigue et enseveli suivant la tradition, dans la salle capitulaire de son abbaye.
Il était un prêtre, moine cistercien, fondateur et premier abbé de l’abbaye d’Obazine (aujourd’hui : Aubazine).
Liturgiquement il est commémoré le 8 mars, particulièrement dans le Limousin.
Biographie
Quand
Étienne est en âge de fréquenter l'école, ses parents le conduisent à
Pleaux (Cantal) dans une maison dirigée par des clercs. Étienne fait des
progrès rapides et acquiert, en peu de temps une connaissance
approfondie des livres saints.
Sa
jeunesse se passe dans les exercices de piété et de charité
continuelles. Aussi, il n'y a rien d'étonnant à le voir ordonné prêtre.
Son esprit de mortification frappe les foules et sa voix subjugue les cœurs.
Poussés
par un grand désir de solitude, le saint prêtre décide de consulter un
homme, en grand renom de piété, Étienne de Mercœur, disciple de saint
Robert, déjà célèbre dans la contrée. Étienne de Viel-Jo s'en retourne
chez lui, renforcé dans ses convictions.
Après
un dernier repas pris avec ses parents et ses amis où il distribue aux
pauvres le peu de biens qui lui restait, il se retire, un jeudi de la
première semaine de Carême, en compagnie d'un ami prénommé Pierre (qui
avait été, comme lui, ordonné prêtre). Leur chemin les amène dans une
gorge profonde, à mi-chemin entre Tulle et Brive, dans une forêt
profonde, portant le nom d'Opacina (Aubazine), ceinturée de rochers. La
Corrèze coule au pied de la montagne, dans une vallée agréable. Les deux
hommes bâtissent une cabane couverte de chaume et adossée à un grand
arbre.
Leur
vie de solitaire est faite de grandes, et même extrêmes mortifications.
Bientôt un nouveau disciple portant le prénom de Bernard rejoint les
deux ermites. Comme la petite communauté s'accroît, Étienne envoie
Pierre et Bernard à Limoges demander à l’évêque de Limoges Eustorge, la
permission de fonder un monastère (1127). Après les avoir écouté avec
bienveillance, l'ecclésiastique souscrit au désir des deux envoyés. Puis
il les bénit et leur confie une croix pour Étienne.
La
communauté continuant à s'agrandir. Sur les conseils de son ami Pierre,
décida de construire son monastère sur un plateau orienté à l'est. Tout
le monde se mit à l'œuvre. Étienne décide qu'il porterait aussi le nom
d'Obazine ("et locum ipsum Obasinam vocari decrevit"). Dans un souci
d'humilité, il souhaite confier à Pierre la direction de la communauté.
Mais, l'évêque de Chartres remplissant les fonctions de légat du
Saint-Siège, en décide autrement : il oblige Étienne à prendre l'office
de prieur. Pour être à la hauteur de sa dignité, celui-ci jeûne tous les
jours. De tempérament doux et aimable, il tient cependant à faire
régner une vie sévère au sein du groupe. Le fondateur et premier abbé de
l’abbaye cistercienne d’Obazine réunit ses disciples dans la salle
capitulaire pour leur expliquer les points de la discipline monastique
qu'il entend faire appliquer. Soucieux de donner à son groupe plus de
stabilité et d'en assurer la continuité, il se met à visiter différents
monastères dont monastère de Dalon. À la Grande Chartreuse, Guigues Ier,
le législateur de l'ordre des Chartreux, lui dit de se rendre chez les
Cisterciens. Étienne suivra son conseil à son retour à Obazine.
Sa
famille spirituelle ne cesse d'augmenter y compris chez les femmes.
Cent-cinquante d'entre elles, la plupart issues de familles nobles et
illustres imiter Étienne ce qui l'amène à fonder un monastère de
moniales où les membres décident de mener, à leur tour, une existence
pauvre. Pour mieux les séparer du monde, il choisit de bâtir cette
maison dans une vallée étroite, bordée de rochers inaccessibles, d'où
descend un ruisseau écumeux et bruyant. Ce lieu, situé à plus de cinq
cent mètres du monastère des hommes, porte le nom de Coyroux.
Comme
le pape Eugène III, venu présider un concile à Reims, doit se rendre à
Cîteaux, chez ses anciens frères (le Saint-Père est un ancien moine de
Clairvaux), Étienne décide de faire le voyage (en 1146 ?) pour demander
au Souverain Pontife de bénir ses chères maisons d'Obazine et d'affilier
sa congrégation à cet ordre. Le pape exauce ses désire et demande à
Reinard, abbé de Cîteaux, d’exaucer sa demande, ce que celui-ci fait
volontiers. Des moines cisterciens lui seront envoyés.
En 1142, Étienne reçoit l’habit cistercien et son monastère sera affilié à l’ordre cistercien (1147).
Mais
le zèle de l'infatigable abbé ne se limite pas à Obazine et au Coyroux.
Il est à l'origine de plusieurs abbayes-filles, dont l'abbaye
cistercienne de la Valette, paroisse d'Auriac, fondée en 1143 par Bégon
d'Escorailles, disciple de saint Étienne, et de l'Abbaye de Bonnaigue,
paroisse de Saint-Fréjoux.
Étienne d’Obazine meurt en 1159, à l'Abbaye de Bonnaigue, à l'âge de 74 ans.
Son
corps est "enfermé dans un sarcophage en pierre et enseveli dans la
salle capitulaire, en attendant que se termine la grande église et qu'on
ait consacré à ses reliques le splendide monument que lui réserve le
XIIIe siècle".
D'après
la transcription du tombeau et le jugement des archéologues, la
translation de sa dépouille dans ce monument aurait eu lieu 120 ans plus
tard environ.
Description du tombeau d'Étienne d'Obazine
Gisant de Saint-Étienne, à l’abbaye d’Aubazine
Le tombeau de pierre qui enferme les restes de saint Étienne est en forme de châsse.
Édifié à l'extrémité du croisillon sud, il date du XIIIe siècle.
L'exubérance
de sa décoration étonne dans un édifice cistercien. Voici la
description intéressante qu'en donne J. Banchereau en 1921 :
"Le
saint est couché sur un socle bas, revêtu des habits sacerdotaux, la
tête reposant sur un oreiller. Ce gisant, qui devait être fort beau, est
mutilé par la piété des fidèles, qui viennent racler la pierre, selon
une coutume fort répandue dans tout le centre de la France. Au-dessus du
gisant s'élève un édicule de pierre, couvert d'un toit à deux versants,
reposant sur des arcades portées par des colonnettes ; au nord se
voient six arcades en plein cintre, tandis que, du côté sud, il n'y a
que cinq et chaque pignon en possède deux. Toutes ces arcades
encadraient autrefois des arcs trilobés géminés, dont l'écoinçon est
découpé d'un trèfle ajouré ; il ne reste comme témoins que les deux
pignons intacts et des amorces dans les archivoltes des côtés,
mutilation certainement fort anciennes et que la tradition attribue au
désir des fidèles de toucher le corps du gisant..."
Saint
Étienne apparaît sur les arcatures polylobées des versants. Au nord, le
sculpteur l'a représenté en moine, agenouillé, accompagné des quatre
religieux, les abbés des monastères qu'il a fondés, reconnaissables
chacun à la crosse qu'ils portent. Au sud, il présente à la Vierge les
religieux de ses abbayes, "d'un côté les vivants et de l'autre les
trépassés au jour de la résurrection".
Ouverture du tombeau (1885)
Après
des sondages préparatoires, des fouilles furent exécutées au tombeau.
Elles furent placées sous la direction de Louis Bonnay, architecte de
l’État pour l'arrondissement de Brive, spécialement délégué à cet effet
tant par l'évêque de Tulle que par Anatole de Baudot, inspecteur général
des Monuments historiques. Le dit tombeau fut ouvert le 11 décembre
1885, en présence de Mgr Henri Charles Dominique Denéchau, de plusieurs prêtres (dont l'abbé Jean Dulaurens, curé d'Aubazine) et de quelques laïcs.
"Toutes
les précautions ont été prises pour que le monument ne fût aucunement
endommagé. En descellant deux pierres du soubassement sous la statue, on
a rencontré un espace libre servant de sarcophage. Là, dans une boîte
en plomb, détériorée par le temps, on a trouvé des ossements humains.
Évidemment, on était en présence des reliques du saint. Malgré le plus
minutieux examen, on n'a découvert aucune trace, laissant soupçonner que
le sépulcre ait été fouillé depuis l'époque lointaine où les restes du
bienheureux, de la salle capitulaire où ils avaient été d'abord inhumés,
furent transférés dans le tombeau qu'on voit dans l'église."
Léon
Pomarel, docteur en médecine de Brive, examina les restes trouvés avec
le plus grand soin et rédigea un rapport pour l'occasion. Puis l'abbé
Jean-Baptiste Poulbrière, historiographe du diocèse de Tulle, dressa un
procès-verbal très précis. Cette découverte ainsi que tous les documents
produits et signés par de nombreux témoins, amenèrent Mgr
Denéchau à publier une ordonnance, le 24 septembre 1886, déclarant
authentique ces reliques et permettant de les exposer à la vénération
des fidèles. Voici la conclusion :
"De
notre autorité épiscopale, le saint Nom de Dieu invoqué, déclarons que
les restes funèbres trouvés et examinés par Nous le onze décembre mil
huit cent quatre-vingt-cinq au tombeau dit de saint Étienne d'Obazine,
sont réellement les reliques du bienheureux honoré sous ce nom ;
Confirmons le culte traditionnel rendu à ce tombeau depuis des siècles.
Et engageons vivement nos diocésains, prêtres, religieux et fidèles, à
ranimer la dévotion qui portait autrefois les peuples près des ossements
d'un saint, leur compatriote, leur bienfaiteur et leur modèle, pour
recourir à son intercession et obtenir toutes les grâces."
L'apparition de la Vierge
Un
seigneur, ami d'Etienne est emmené par les démons. Il voit la Vierge et
la prie qu'elle le libère, mais elle refuse à cause de tous les méfaits
qu'il a commis.
Saint Etienne se jette aux pieds de la Vierge et intercède pour lui.
Le seigneur est sauvé.
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