Conversion de Saint Paul
La conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas
par Luca Giordano (vers 1690)
La conversion de Paul, décrite dans le Nouveau Testament, se réfère à l'un des évènements de la vie de Paul de Tarse.
Dans le Nouveau Testament
Avant sa conversion
Avant
sa conversion, Saul (il prendra le nom de Paul après sa conversion)
était un pharisien qui persécutait de manière violente ceux qui
suivaient Jésus. Dans sa lettre aux Galates, il écrit : « Vous avez
certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la
persécution effrénée que je menais contre l'Église de Dieu et des
ravages que je lui causais » (Ga 1, 13-14).
La lettre aux Philippiens contient un autre passage dans lequel Saul parle de sa vie avant sa conversion : « J'aurais pourtant, moi aussi, des raisons de placer ma confiance dans les valeurs charnelles. Si quelqu'un pense avoir des raisons de le faire, moi, j'en ai bien davantage. J'ai reçu la circoncision quand j'avais huit jours ; je suis de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d'Hébreux ; pour la Loi, j'étais un pharisien ; pour l'ardeur jalouse, j'étais un persécuteur de l'Église ; pour la justice que donne la Loi, j'étais irréprochable » (Ph 3, 4-6).
La conversion de Paul
La Conversion de saint Paul sur la route de Damas (1600)
par Le Caravage
La conversion de Paul est décrite à la fois dans ses épîtres mais également dans les Actes des Apôtres.
Dans les deux cas, elle est présentée comme étant un miracle.
En effet, en plus d'avoir persécuté les premiers chrétiens, Paul n'a jamais rencontré Jésus avant sa crucifixion et ne faisait pas partie de ses disciples. Bien que Paul se présente par la suite comme un apôtre du Christ, il ne faisait pas partie de ceux qu'on appelle « les Douze ».
Dans les Épîtres
Dans
ses épîtres, Paul traite de sa conversion de manière brève. Dans la
première épître aux Corinthiens, il dit avoir vu le Christ ressuscité :
« Avant
tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu : le Christ est
mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il a été mis au
tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux
Écritures, et il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est
apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore
vivants, et quelques-uns sont morts - ensuite il est apparu à Jacques,
puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à
l'avorton que je suis. » (1 Co 15, 3-8).
Dans sa lettre aux Galates, il parle de sa conversion comme d'une révélation ayant pour origine Dieu :
« Frères,
il faut que vous le sachiez, l'Évangile que je proclame n'est pas une
invention humaine. Ce n'est pas non plus un homme qui me l'a transmis ou
enseigné : mon Évangile vient d'une révélation de Jésus Christ. [...]
Dieu m'avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m'avait
appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de
son Fils, pour que moi, je l'annonce parmi les nations païennes. » (Ga
1, 11-16).
Dans les Actes des Apôtres
Dans
le livre des Actes des Apôtres, la conversion de Paul est abordée à
trois endroits différents. Cette expérience y est beaucoup plus
détaillée que dans les épîtres. Les textes décrivent la conversion comme
un évènement qui s'est déroulé au moment où Paul était en route vers
Damas.
D'après la tradition, Paul fut baptisé à Damas par Ananie.
Actes des Apôtres, chapitre 9
Ce chapitre raconte la conversion de Paul.
« Comme
il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel
l'enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une
voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? ». Il
répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus, celui que tu
persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu
dois faire ». Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de
stupeur : ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul
se releva et, bien qu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils le
prirent par la main pour le faire entrer à Damas. Pendant trois jours,
il fut privé de la vue et il resta sans manger ni boire. Or, il y avait à
Damas un disciple nommé Ananie. Dans une vision, le Seigneur l'appela :
« Ananie ! ». Il répondit : « Me voici, Seigneur ». Le Seigneur
reprit : « Lève-toi, va dans la rue Droite, chez Jude : tu demanderas un
homme appelé Saul, de Tarse. Il est en prière, et il a eu cette
vision : un homme, du nom d'Ananie, entrait et lui imposait les mains
pour lui rendre la vue ». Ananie répondit : « Seigneur, j'ai beaucoup
entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu'il a fait à tes
fidèles de Jérusalem. S'il est ici, c'est que les chefs des prêtres lui
ont donné le pouvoir d'arrêter tous ceux qui invoquent ton Nom ». Mais
le Seigneur lui dit : « Va ! cet homme est l'instrument que j'ai choisi
pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois
et des fils d'lsraël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu'il lui
faudra souffrir pour mon Nom ». Ananie partit donc et entra dans la
maison. Il imposa les mains à Saul, en disant : « Saul, mon frère, celui
qui m'a envoyé, c'est le Seigneur, c'est Jésus, celui qui s'est montré à
toi sur le chemin que tu suivais pour venir ici. Ainsi, tu vas
retrouver la vue, et tu seras rempli d'Esprit Saint ». Aussitôt
tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se
leva et il reçut le baptême. Puis il prit de la nourriture et les forces
lui revinrent. »
— Ac 9, 3-19
Acte des Apôtres, chapitre 22
Durant son arrestation à Jérusalem, Paul s'adresse à la foule et décrit les circonstances de sa conversion.
« Je
faisais route et j'approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi,
une grande lumière venue du ciel m'enveloppa de son éclat. Je tombai sur
le sol et j'entendis une voix qui me disait : « Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? ». Je répondis : « Qui es-tu, Seigneur ? ». Il me dit
alors : « Je suis Jésus le Nazaréen, que tu persécutes ». Ceux qui
étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la
voix de celui qui me parlait. Je repris : « Que dois-je faire,
Seigneur ? ». Le Seigneur me dit : « Relève-toi. Va à Damas. Là on te
dira tout ce qu'il t'est prescrit de faire ». Mais comme je n'y voyais
plus à cause de l'éclat de cette lumière, c'est conduit par la main de
mes compagnons que j'arrivai à Damas. »
— Ac 22, 6-11
Références culturelles
Peinture
La Conversion de Paul
de
Rubens se rattache à une tradition iconographique dans laquelle Saul a
encore une jambe passée au-dessus de l'encolure du cheval.
La conversion de saint Paul a été représentée par de nombreux artistes, parmi lesquels Albrecht Dürer, Giovanni Bellini, Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Pieter Brueghel l'Ancien, Rubens, William Blake et Luca Giordano.
Le peintre italien Le Caravage a réalisé deux tableaux sur ce thème : La Conversion de saint Paul et La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas.
Traditionnellement représenté à pied, une nouveauté principale au XIIe siècle est l'introduction du cheval dans l'iconographie de l'événement de Damas (alors que le récit biblique ne mentionne pas cette monture, rarissime dans l'Antiquité, les voyageurs ordinaires circulant à pied).
Cette nouvelle tradition iconographique s'avère n'être pas sans signification spirituelle et anthropologique : terrassé dans son orgueil, Saul tombe de très haut.
Littérature
Le chapitre 17 du roman Homme invisible, pour qui chantes-tu ? de Ralph Ellison évoque cette conversion.
Fête
La conversion de saint Paul est fêtée dans le calendrier liturgique chrétien le 25 janvier
(attestation de la date à partir du IXe siècle dans les martyrologues
du Moyen-Âge) et conclut la Semaine de prière pour l'unité des
chrétiens.
Source :
Sur la route de Damas, à la tête d’une troupe de fanatiques, chemine un homme de trente ans, qu’on appelle alors Saul (plus exactement Shaoul). Juif de race, grec de fréquentation, et politiquement romain, il a bénéficié de trois cultures, il connait le grec, l'araméen et l’hébreu.
Il revendique une double citoyenneté, celle de Tarse et celle de Rome.
A Tarse, sa ville natale, il n’a fréquenté que les écoles de grammaire, puis il est allé chercher à Jérusalem sa culture supérieure à l’école de Gamaliel.
Moins tolérant que son maître il s’est vite mué en persécuteur des chrétiens.
On le voit garder les vêtements de ceux qui lapident Étienne, ravager l’Église de Jérusalem et obtenir un mandat officiel pour engager des poursuites contre les chrétiens de Damas.
Avant de parvenir à Damas, Saul rencontre le Christ et sa destinée en est toute changée.
De ce grand événement, nous possédons trois récits inspirés : saint Paul rapporte lui-même les faits dans son discours apologétique aux Juifs de Jérusalem et dans son éloquente plaidoirie devant le roi Agrippa ; saint Luc raconte cet épisode au début des Actes des Apôtres.
Ainsi, Saul voit apparaître dans la gloire le Christ ressuscité.
Saul n’est pas un incroyant qui découvre Dieu, ni un pécheur qui veut se libérer de ses fautes, de ses négligences ou de son indifférence.
S'il se convertit, c’est plus par un dépassement de sa foi première que par une répudiation de ses erreurs, qu’un retour à l'innocence perdue.
Il croyait à la Loi et aux prophètes, il croyait que les promesses divines se réaliseraient et que le Messie viendrait.
Dans sa conversion, il apprend et accepte, pour en faire la règle de sa vie, que Alais il ne croyait pas en Jésus !
Il n'avait pas saisi que Jésus est le véritable accomplissement des prophéties, le propre Fils de Dieu, le Sauveur du monde, le ressuscité du matin de Pâques.
Passer du judaïsme au christianisme n’était donc pas renier le passé religieux d’Israël mais le retrouver transfiguré dans ses providentiels achèvements.
On ne saurait trop insister sur le caractère personnel de ce brusque face à face.
Saul signale la soudaine irruption d'une lumière qui dépasse l'éclat du plein midi et qui l’enveloppe ainsi que son escorte.
Un choc violent les renverse tous à terre, tandis qu'ils entendent le son d'une voix. Mais la lumière et le langage demeurent indistincts pour son entourage.
Lui seul voit quelqu’un dans la gloire et perçoit nettement le message qui lui est exclusivement destiné.
Celui qui interpelle si familièrement son adversaire montre qu'il a pénétré jusqu’à ses intentions les plus secrètes : c’est le Christ qu’il poursuit et qu’il atteint dans les chrétiens : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. »
La formulation de l'identité s'accompagne d'une invitation à la docilité : il est temps de mettre fin aux égarements d'une âme que vient stimuler l'aiguillon de la grâce. Saul n’hésitera pas à se livrer sur-le-champ en s'écriant : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse? »
Trois faits semblent avoir particulièrement impressionné l'âme de saint Paul au chemin de Damas : la vie du Christ dans la gloire, sa présence mystérieuse dans ses fidèles, et son retour anticipé.
Le Christ est donc simultanément le personnage transcendant du ciel, de l'histoire et de l’apocalypse.
Sous l’effet de la lumière intérieure qui l’éclaire soudain sur la portée des Écritures, Saul voit dans le Christ l’aboutissement de l’Ancien Testament et la réalisation des prophéties.
Saul sait maintenant que les longues préparations sont terminées : l’humanité se trouve désormais engagée dans cette période qu’il désignera par « la plénitude des temps »
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