Le Mans, la cathédrale Saint Julien

Le Mans
La cathédrale Saint Julien

 Image illustrative de l’article Cathédrale Saint-Julien du Mans


La cathédrale Saint-Julien est un édifice religieux situé dans la ville du Mans, dans la Sarthe.

Elle est le symbole du diocèse et de l'évêché du Mans où siège l’évêque de la ville.

Elle est l’un des plus grands édifices de l’époque gothique-romane de France et un cas unique dans l’Ouest.

Elle est un témoignage médiéval du style architectural du gothique angevin.

La cathédrale du Mans a subi maintes constructions et reconstructions depuis sa fondation.

Commencée vers 1060 par l’évêque Vulgrin, elle fut achevée sous sa forme actuelle vers 1430.

Elle aurait dû être encore agrandie vers 1500, mais le manque de moyens fit se résigner les autorités religieuses de l’époque.

Attaquée par la pollution de l'air au fil des ans, sujette au vieillissement naturel, la cathédrale Saint-Julien est un chantier quasi permanent de rénovation.

Elle abrite les tombes de saint Julien et de Charles d’Anjou. Située sur la butte du Vieux-Mans, l'édifice possède une tour culminant à 64 mètres qui en fait l'édifice le plus haut de l'agglomération mancelle1 et dominant ainsi le Pays du Mans.

Avec 283 613 visiteurs, la cathédrale Saint-Julien a été le monument le plus visité des Pays de la Loire en 2009.

 

Localisation

La cathédrale se situe dans le centre-ville du Mans, au nord-est de la cité Plantagenêt.

Elle est entourée de la place du Cardinal-Grente au nord, de la place Saint-Michel à l'ouest, de la Psalette et ses jardins à l'est et en contrebas au sud de la place du Jet-d'Eau.

Elle marque la fin de la Grande Rue qui est la voie principale de la vieille ville.

La cathédrale est orientée sur un axe du nord-ouest vers le sud-ouest.

 

Histoire

Le site sacré

Article détaillé : Pierre Saint-Julien.

La pierre Saint-Julien, le menhir de la cathédrale


Érigée sur un promontoire entre le vallon d'Isaac et la Sarthe, la cathédrale possède sur son flanc ouest, une pièce rare attestant de la présence ancienne de mégalithes.

Il s'agit d'un menhir en grès d'une hauteur de 4,55 mètres.
Ce menhir date de l'époque préhistorique et a été installé « Place Saint Michel » en 1778, à la suite de la destruction du « Dolmen de la Pierre au lait ».

Le menhir fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1889.

 

Première construction et accidents

La fondation de la cathédrale remonterait au IVe ou Ve siècle, et elle est alors dédiée aux saints Gervais et Protais (Ier siècle).

Cette première cathédrale est arasée lorsque l’évêque Vulgrin, en 1056, ordonne la construction d'un nouveau bâtiment.

Il choisit lui-même l’emplacement de l’édifice, à l’opposé du mur d’enceinte nord de la ville.

Dix ans après cette première construction, l’édifice s’écroule.

Les successeurs de Vulgrin décident de poursuivre son œuvre. L’évêque Arnaud, en fonction dès 1067, reprend la construction.

En 1081, le chœur et la crypte sont bâties, de même que les fondations du transept et de ses tours.

De cette reconstruction, il ne reste aujourd’hui plus qu’un fragment d’arc du transept nord.

L’évêque Hoël décide en 1085 d’achever les travaux de son prédécesseur.

Admiratif du travail normand, il fait appel à des ouvriers de cette région pour poursuivre la construction.

Les tours et les bas-côtés de la nef sont achevés dans ce style.

Pendant cette longue construction, il est impossible pour les pèlerins d’approcher les reliques et les tombeaux de saint Julien (IVe siècle), premier évêque du Mans et grande figure du christianisme oriental.  

L’économie mancelle en est entachée.

Les habitants obligent alors l’architecte à ouvrir l’édifice aux visiteurs.

Cela est fait le 17 octobre 1093. Une partie achevée de la cathédrale est montrée au public.

 

Entre agrandissements et reconstructions

Trois ans passent avant que le nouvel évêque Hildebert de Lavardin ne reprenne la supervision des travaux.

La direction est en fait confiée à un moine de Vendôme : Jeans.

La cathédrale est considérée comme pleinement achevée en 1120.

La dédicace est célébrée par l’évêque Hildebert et les autorités de l’époque sont impressionnées par le résultat.

Grande pour l’époque, elle est comparable à la taille d’une grande église d’aujourd’hui.

En 1134, un orage s’abat sur la ville du Mans.

Toutes les maisons placées sur la « colline Plantagenêt » sont détruites dans un incendie.

Les toits étant alors de chaume et de pailles, les éclairs embrasent les « demeures rouges » et La cathédrale.

On reconstruit rapidement les parties sinistrées, mais quatre ans plus tard, un autre incendie vient frapper la ville et l’édifice.

La nef centrale et la tour sud sont alors refaites. La nef centrale devient un édifice superbe : 55 mètres de long sur 23 de largeur sont nécessaires pour créer cette pièce en style roman.

On essaie de nouvelles techniques de fondation pour rebâtir la voûte. La croisée d’ogives est adoptée.

Les piliers sont réhabilités et des baies plus hautes et plus grandes sont insérées.

Face à la rue principale (l'actuelle Grande Rue du Vieux-Mans), un grand portail sculpté voit le jour.

Placé sur le flanc sud de la nef, il n’a pas bougé depuis. Guillaume de Passavant, nouvel évêque, inaugure et dédicace la nouvelle cathédrale le 18 avril 1158.

Les travaux reprennent en 1220.

L’ancien chœur, apparaissant trop sombre et trop étroit pour l’évêque d’alors, une nouvelle construction est entreprise.

Le résultat doit être selon ses dires « large et magnifique ».

Dès 1217, le mur d'enceinte sud de la ville avait été détruit dans cette optique.

Il est reconstruit, mais dans des matériaux différents de ceux utilisés par les premiers rois Plantagenêt.

 

La forme finale

 
Le chœur


Les traces de l’histoire de la construction se perdent alors. La taille du chantier est gigantesque.

C’est une véritable transformation.

Seuls trois noms d’architectes restent sur les registres des archives de la ville.

Le nouveau chœur est achevé en 1254.

Il surpasse de 10 mètres de haut le reste de la cathédrale.

Après 100 ans de tranquillité, les pierres de l’édifice sont de nouveaux sollicitées pour une reconstruction.

Une sacristie est édifiée alors qu’elle communique au sud avec le déambulatoire qui a servi à la construction du chœur. Le bâtiment gagne encore en grandeur.

Les chanoines trouvent ensuite que la construction « à deux vitesses » de l’édifice a conduit à le rendre assez laid.

La rencontre des genres entre les deux parties rénovées et non rénovées amoindrit la splendeur du bâtiment.

Le transept et la nef doivent alors être relevés de 10 mètres, pour se situer à la même hauteur que le chœur lui-même. Les travaux sont entamés dès 1385 par l’architecte Jehan le Mazçon. Le transept sud est achevé vers 1392 date de l'arrivée de Charles VI au Mans. Une salle d’archives naît au-dessus du portail de la nef.

En 1403, les travaux du transept Nord commencent. C’est alors une période noire pour le Nord de la France. La guerre de Cent Ans stoppe les constructions. En 1419, la cathédrale menace de s’effondrer et ses fondations seront consolidées. Le transept Nord est achevé vers 1430. C’est à cette date que la cathédrale prend le visage qu’on lui connaît aujourd’hui.

De nombreux projets avaient été faits dès la fin de la guerre de Cent Ans, pour agrandir le bâtiment déjà impressionnant, notamment l'exhaussement de la nef. Les caisses étant vides, les agrandissements ne seront pas mis en œuvre. Le roi Louis XI soutient ces restaurations, notamment par ses lettres patentes expédiées le 21 novembre 1467. Il confirme de nouveau sa protection royale en septembre 1482.

En 1811 ou 1812, l'une des voûtes attenantes à l'orgue s'écroule, endommageant l'instrument, qui ne sera réellement restauré qu'entre 1847 et 1853 par les facteurs d'orgue Claude frères. Le 18 août 1858, un orage de grêle s'abat sur la ville et cause des dégâts importants, en particulier aux vitraux du chœur. La cathédrale est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1862.

Au XXe siècle, aucun bombardement ne touche le bâtiment lors des deux guerres mondiales.

 

Plans et architecture

L'architecture de la cathédrale cumule deux arts majeurs : l’art roman pour la nef et l'art gothique pour le chœur et transept. Les vitraux qui l'ornent sont le symbole de cette « fusion des genres ».

Bon nombre de statuettes représentatives sur l'édifice n'auraient jamais dû s'y trouver. En effet, taillées dans la pierre, certaines représentations sont des « manifestations d'artisans ». Ces derniers, alors qu'il travaillaient sur le projet, recevaient le strict minimum. Ils étaient logés et nourris par l'église. Lorsque leur statut leur déconvenait ou qu'ils souhaitaient se rebeller, ils créaient des petits personnages dans la pierre. On voit par exemple des oiseaux, symboles de liberté voulue... Éléments décoratifs, ils montraient la contestation artistique de beaucoup d'ouvriers. Les reliefs sculptés sur la nef, comme sur les portails témoignent aujourd’hui encore, de cette époque de construction.


plan général

une arcature romane de la nef

détail sur le chœur

un contrefort de chapelle rayonnante

 

Dimensions

Dimensions de la cathédrale Saint-Julien
Longueur extérieure134 mètres
Longueur de la nef57 mètres
Longueur du transept52 mètres
Hauteur de la nef romane, sous voûte24 mètres
Hauteur du transept et du chœur, sous voûte34 mètres
Hauteur du double déambulatoire11 mètres, 22 mètres

 

Description

Les chapelles


L’intérieur d’une des chapelles rayonnantes de la Cathédrale


Mise au tombeau dans une des 13 chapelles rayonnantes

La chapelle de la Vierge et les anges musiciens

Les peintures de la chapelle de la Vierge furent découvertes en 1842 : elles étaient dissimulées par un enduit.

Elles sont célèbres par les quarante-sept anges musiciens qui décorent les voutes.

Ces peintures datent de la fin du XIVe siècle et sont l'œuvre d'un peintre de la Cour des rois de France Charles V et VI, peut-être Jean de Bruges, auteur des cartons de la tapisserie de l'Apocalypse à Angers.


Chapelle de la Vierge


Retable de la chapelle de la Vierge


Plafond de la chapelle de la Vierge

 

Les vitraux

 
Vitrail de l'Ascension


Restaurés après la Seconde Guerre mondiale par l'atelier des frères Paul et André Rault, maîtres verriers à Rennes, et véritable musée de l'art du vitrail, la cathédrale abrite notamment le plus ancien vitrail sur site, le vitrail de l'Ascension.

Vitrail représentant saint Julien


Rosace du transept nord


La tentation d'Adam et Ève, détail d'un vitrail de la chapelle de la Vierge


Détail du cycle de Saint Étienne

 

La croix (« Le Christ aux bras ouverts »)

Réalisée par l'artiste Goudji à la demande du diocèse du Mans, cette croix a été bénite et élevée dans ce chœur le dimanche 20 octobre 2013 en présence d'une foule de fidèles remplissant la cathédrale.

Dans son aspect général, le Christ est ici représenté comme le grand-prêtre de la Nouvelle Alliance. L'auteur du texte biblique de la Lettre aux Hébreux l'exprime ainsi :
« Tel est bien le grand prêtre qu'il nous fallait… il n'a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices… Cela il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même » (He 7,26-27). Voilà pourquoi dans cette œuvre, le Christ ressuscité porte une grande tunique et certains attributs réservés à celui qui assumait la fonction de grand-prêtre dans l'Ancien Temple de Jérusalem.

L'orfèvre Goudji permet ainsi de sceller dans la pierre les liens intimes et fondamentaux qui unissent le peuple d'Israël et l'Église du Christ.

La couronne sertie de quelques pierres précieuses souligne la royauté du Christ. Et quel est le but de la fonction royale si ce n'est prendre soin des plus pauvres, veiller à la justice et guider vers le bonheur ? Le Christ est ce Roi « qui aime la justice et réprouve le mal » (He 1,9)

L'alpha et l'oméga suspendus au bras de la croix rappellent cette parole du livre de l'Apocalypse : « Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (Ap 22,13). Cette mise en œuvre, spécifiquement de l'art paléochrétien, a été voulue afin de rappeler les origines très anciennes de l'Église du Mans (fin du IVe - début Ve siècle).

 

Les orgues

 
Grandes orgues


Les grandes orgues, installées au fond du croisillon sud du transept, furent réalisées, entre 1529 et 1535, par le facteur Pierre Bert dans un buffet de style Renaissance, conçu et sculpté suivant les directives de Symon Hayeneufve. En 1634, les frères Jean et François de Héman restaurent l'orgue qui a alors 42 jeux. En 1848, la division du Récit est agrandie et celle du pédalier est renforcée par les frères Claude qui portent le nombre de jeux à 46.

En 1913, le nombre de jeux est augmenté à 52. Louis Vierne inaugure l'instrument ainsi transformé.

En 1954, la partie instrumentale est classée par les Monuments Historiques.

De 1959 à 1963, Pierre Chéron entreprend une restauration qui sera achevée par Joseph Beuchet pour la partie mécanique et la maison Danion-Gonzalez pour la partie sonore néoclassique. L'instrument est inauguré par Gaston Litaize en 1974.

Il est restauré entre 2016 et 2018. Pierre Pincemaille aurait dû faire le concert inaugural du 3 juin 2018, mais ce dernier étant décédé, c'est Loïc Maillié qui a assuré le concert.

 

Galerie

Extérieur

La cathédrale derrière le Palais des comtes du Maine, actuelle mairie du Mans


Le chevet depuis le boulevard Paderborn


L'unique tour de la cathédrale


Bras nord du transept


Porche du portail sud


Statues colonnes du portail sud (ca. 1150)


Statues colonnes du portail sud (ca. 1150)


Intérieur


Vue générale intérieure


  Voûtes et vitraux gothiques du chœur


Bas-côté nord de la nef romane


Porte de sortie ouest


Tombeau de Charles IV d'Anjou, comte du Maine, décédé en 1472, dans la première abside au Nord, sculpture attribuée à Francesco Laurana


Chapiteau d'un pilier de la nef


Chapiteau d'un pilier de la nef

Source :

Le Mans la cathédrale Saint Julien


Le Mans la cathédrale Saint Julien








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