Soissons
La cathédrale Saint Gervais et Saint Protais
La
basilique-cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais est une cathédrale
catholique romaine de style gothique classique située à Soissons dans le
département français de l'Aisne en région Hauts-de-France, à 99 km au nord-est de Paris.
Elle a été érigée en basilique mineure le 10 mars 1857.
Histoire
Le maître-autel de la cathédrale est entouré de deux statues de marbre blanc datant de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et représentant l'Annonciation, œuvres de Michel-Ange Slodtz. À gauche, le trône de l'évêque
La verrière du croisillon nord. La rosace date du début du XIVe siècle
La construction de l'actuelle cathédrale de Soissons, la troisième dans l'histoire, commence en 1176 et se poursuit durant trois siècles. La célébration de la dédicace par l'évêque Jean Milet a lieu le 25 avril 1479.
C'est au IVe siècle que débute l'histoire du diocèse de Soissons, à la suite du démembrement de celui de Reims. Mais l'emplacement de la première cathédrale reste inconnu à ce jour. En 815, la deuxième cathédrale, consacrée par Rothade (évêque de 814 à 831), semblait se trouver à l'emplacement de la cathédrale actuelle.
Cette cathédrale carolingienne subit en 948 des dommages dus à l'incendie de son cloître, provoqué par les troupes d'Hugues le Grand, père d'Hugues Capet, mais les documents d'archives nous donnent peu de détails quant à l'étendue des dégâts.
Les travaux de l'actuelle et troisième cathédrale semblent avoir débuté à la fin du XIe siècle, mais sur un mode fort mineur, et ce n'est qu'au milieu du XIIe siècle que débute le chantier d'envergure, grâce à l'action de trois évêques : Josselin de Vierzy (1126-1152), Anscoul de Pierrefonds (1152-1158) et Nivelon de Quierzy (1176-1207) qui, dès 1176, avait légué au chapitre cathédral un terrain afin de construire le bras sud du transept, lequel constitue la partie la plus ancienne de l'édifice et se termine par une abside arrondie. À l'inverse du reste de la cathédrale, ce bras de transept a une élévation à quatre étages ou niveaux, et non trois. Datant de la fin du XIIe siècle, il doit être considéré comme un pur chef-d'œuvre du premier âge gothique.
En 1190 est fondée la chapelle Saint-Jacques à l'étage de la chapelle orientée du bras sud. À cette date devaient donc être élevés les deux premiers niveaux, grandes arcades et tribunes du transept. Rapidement le chantier a dû se déplacer dans la croisée du transept, à l'extrémité de la nef actuelle, et dans le chœur.
En 1193 au plus tard, le doyen Guillaume donne cinq marcs d'argent pour la construction de la corona, ce terme pouvant désigner aussi bien l'abside avec déambulatoire du chœur, que le lustre circulaire surmontant l'autel.
Quoi qu'il en soit, cette indication prouve que la construction du chœur était au moins programmée dès le début des années 1190, c.-à-d. avant la cathédrale de Chartres. Pour cette partie de la cathédrale, la plus novatrice, le chapitre avait bénéficié des recettes liées à la possession toute récente de plusieurs reliques prestigieuses données à sa cathédrale par Nivelon de Quierzy après la quatrième croisade, où la prise de Constantinople par les croisés les avait mis en possession des trésors de la ville impériale. Le chapitre put utiliser une partie des sommes versées par les fidèles venus en masse vénérer les reliques, pour l'achèvement du chœur. Le chœur de la cathédrale, très vaste et lumineux, est donc construit entre 1197 et 1212.
En 1212, non seulement le chœur est achevé, mais aussi la croisée, les arcades et le triforium de la dernière travée de la nef, ainsi que les deux bras du transept, le bras sud qui est conservé, et un bras nord, vraisemblablement symétrique, remplacé ultérieurement par le bras actuel. Un mur provisoire isolait la croisée de la nef encore en chantier. La nef à collatéraux nord et sud date des années 1212 à 1230. La façade occidentale de l'édifice date du milieu du XIIIe siècle.
La reconstruction du bras nord du transept est achevée dans le dernier quart du XIIIe siècle et terminée au début du siècle suivant par la construction de sa superbe verrière dotée d'une rosace.
Simultanément, la construction de la tour sud de la façade occidentale, inspirée de celles de Notre-Dame de Paris, avance, mais très lentement, d'autant plus que les travaux se retrouvent au point mort au milieu du XIVe siècle à cause de la guerre de Cent Ans.
En 1414 les Bourguignons assiègent la ville et laissent les habitants de Soissons s'emparer des pierres du chantier pour réparer leurs maisons endommagées. Tant et si bien qu'en définitive la tour sud ne recevra jamais la flèche initialement prévue. Plus grave encore, la cathédrale sera privée définitivement de sa tour nord par manque d'argent.
Le 25 avril 1479, l'évêque Jean Milet procède à la dédicace de la cathédrale dans un édifice inachevé. Cette date est considérée comme la fin de la période de construction du sanctuaire.
En 1567-1568, les huguenots occupent Soissons et vandalisent atrocement l'édifice : le mobilier est brûlé, le trésor pillé, le petit clocher qui s'élevait à la croisée du transept est renversé et la statuaire des portails est gravement endommagée. L'édifice est réparé grâce à la libéralité de l'évêque Charles de Roucy qui cède à cet effet les revenus de son évêché pendant trois ans, les clergés des cathédrales voisines de Laon et Reims participent à cette entreprise.
De nouvelles stalles sont commandées en 1569, des grandes orgues sont livrées en 1628. Un nouveau jubé est élevé sur les fondations de l'ancien, c.-à-d. entre les piliers orientaux de la croisée : il est l'œuvre de Paul Le Grand, Liénard et Henri Gentillâtre de Reims.
Au XVIIIe siècle, la cathédrale reçoit de nouvelles chapelles, celle dédiée au Sacré-Cœur sur le flanc sud de la nef et deux chapelles construites sur le flanc nord dédiées l'une à saint Paul et l'autre à saint Augustin. Le décor et le mobilier du chœur sont renouvelés entre 1767 et 1775 sous la direction du sculpteur Michel-Ange Slodtz.
À l'époque de la Révolution la cathédrale subit de nouvelles dégradations. Elle est fermée une première fois en 1793 et à nouveau en 1796. En 1798, les théophilanthropes détruisent les vestiges de décor, notamment aux portails. L'église est rouverte en 1799 et le premier évêque concordataire, Mgr Leblanc de Beaulieu lance les premières restaurations, malheureusement très mal connues.
Sous le Premier Empire napoléonien, la cathédrale abrite une poudrière. En 1815 une explosion s'y produit qui détruit les vitraux de la nef. Ceux du chœur sont épargnés, de même que la verrière du bras nord du transept.
En, 1840, la cathédrale est classée parmi les monuments historiques, ce qui amorce quelques travaux mieux documentés. Les plus visibles à l'extérieur concernent le remplacement des arcs-boutants du bras sud, beaucoup plus légers à l'origine, et l'établissement, sur le modèle de la nef, d'une coursière à la base du toit du chœur, qui en était jusqu'alors dépourvu. À l'intérieur, on procède à la fin du XIXe siècle à un décapage systématique des badigeons anciens, les joints sont systématiquement repris et soulignés, ce qui créa le fâcheux effet de grille, dont le bras nord du transept conserve les traces.
Mais l'atteinte à l'intégrité de ce remarquable monument ne s'arrête pas pour autant. À peine restaurée, la cathédrale sert de cible durant les combats de la Première Guerre mondiale. Au sortir des hostilités, la partie supérieure de la tour de façade et les trois premières travées de la nef sont quasiment anéanties. Une longue restauration s'ensuit, confiée à l'architecte Émile Brunet, et terminée en 1937.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2017, la rosace de la façade ouest a été éventrée par la force des vents lors de la tempête Egon, ce qui a également entraîné des dégâts sur l'orgue placé derrière la rosace.
Vue de la cathédrale et de ses abords détruits par la guerre (1919)
Plan de la cathédrale de Soissons
Dimensions
- La cathédrale a une longueur extérieure de 116 mètres, ce qui la classe parmi les grandes cathédrales gothiques de France (Notre-Dame de Reims : 149,17 mètres, Notre-Dame d'Amiens : 145 mètres, Notre-Dame de Paris : 130 mètres).
- Largeur extérieure de la nef : 26 mètres sans les chapelles latérales des travées 5 et 6
- Largeur totale de la façade occidentale, contreforts latéraux compris : 38 m.
- Largeur de la façade sans les contreforts latéraux : 32 m.
- Largeur intérieure du vaisseau central : 11,5 m.
- Taille des travées barlongues de la nef : 11,5 × 6 m.
- Taille des travées des collatéraux : 5 × 6 m.
- Largeur intérieure totale de la nef : 21,5 m.
- Longueur intérieure du croisillon sud du transept : 13 m.
- Longueur intérieure du croisillon nord : 11,5 m.
- Longueur intérieure du transept : 46 m.
- Largeur du transept sans ses collatéraux : 10 m.
- Diamètre nord-sud des piliers de la croisée du transept : 2,9 m.
- Hauteur sous voûte du chœur : 31 m. (Notre-Dame de Paris : 33,5 m.)
- Hauteur sous voûte du croisillon nord du transept : 31 m.
- Hauteur sous voûte du croisillon sud du transept : 23 m. (Paris : 33,5 mètres)
- Hauteur de la tour : 66 m. (Notre-Dame de Paris : 69 mètres)
La tour de la cathédrale de Soissons est à peu près de même hauteur que les deux tours de façade de Notre-Dame de Paris
Face sud de la tour
Matériaux de construction
La cathédrale est essentiellement construite en calcaire lutétien datant d'environ 45 Ma, extrait dans le Soissonais.
Cette pierre de bonne qualité est typique de la zone des sédiments du Tertiaire de la région parisienne. Soissons se trouve au centre d'un important bassin carrier dont les pierres ont servi à construire Paris, certaines carrières souterraines sont encore en activité de nos jours.
Extérieur
La façade occidentale
La
façade occidentale comporte trois niveaux. Elle est totalement
dissymétrique, la tour nord prévue au départ n'ayant jamais été
construite elle a de ce fait laissé un grand vide. De même, deux très
hautes flèches devaient surmonter les tours, mais comme pour de
nombreuses cathédrales françaises elles n'ont également pas été
construites. À la base de la façade, on retrouve les trois portails
traditionnels. Mais ceux-ci, ravagés par le vandalisme des huguenots,
puis par des réfections désastreuses menées au XVIIIe siècle
par l'un ou l'autre restaurateur incompétent non respectueux du
gothique, et enfin par les révolutionnaires, ont perdu leurs gâbles et
toute statuaire et ornement. Les portails d’origine avaient des porches
surmontés de grands gâbles, comme à Amiens et à Reims. Ils devaient être
semblables par leur style à ceux de Saint-Jean-des-Vignes mais avec
plus d'ampleur et ornés de nombreuses statues. Malgré ces manques
graves, cette façade montre une grande harmonie dans sa composition,
elle permet d'imaginer la splendeur et l'élégance du projet d'origine.
Au-dessus de l'étage des portails, on trouve, au centre, une rosace soulignée par un grand arc brisé. De chaque côté de cette rosace, sous l'emplacement des tours, se trouvent deux grandes baies géminées surmontées chacune d'un oculus à six lobes.
Au sommet de la façade, au centre, une galerie ornée d'arcatures géminées devait relier les deux tours.
Quatre puissants contreforts très marqués divisent verticalement l'édifice. Ils sont destinés à assurer la stabilisé tant de la façade que des deux tours initialement prévues. Et l'on peut dire qu'ils n'ont pas failli à leur mission puisque durant les combats de la Première Guerre mondiale, la tour endommagée au sommet par des tirs d'artillerie, a bien résisté.
La tour de la cathédrale
La
partie sud de la façade supporte la seule tour existante. Celle-ci, de
plan carré comme à Paris ne comporte qu'un seul niveau. Sa base est
entourée par la continuation de la galerie supérieure du centre de la
façade. Suivant un schéma classique en Île-de-France, chacune des quatre
faces de la tour est percée de deux longues baies garnies d'abat-sons.
Le sommet de la tour est constitué d'une terrasse entourée d'une
balustrade. Dans l'angle sud-est de cette terrasse se dresse un petit
clocheton abritant le haut d'un escalier à vis inscrit au sein d'un
puissant contrefort.
La
face sud de la tour, qui forme un tout avec le massif de façade sur
lequel elle se dresse est pourvue de larges baies ainsi que d'une petite
galerie d'arcatures qui prolonge la galerie du sommet de la façade.
Elle est flanquée à sa base d'une tourelle octogonale qui fait corps
avec elle. Celle-ci, coiffée d'un toit conique est percée de meurtrières
et héberge un escalier permettant d'accéder aux étages de la façade et
de la tour.
Une tourelle identique existe par ailleurs au nord, bordant la face nord du massif de la façade occidentale.
Les façades latérales
La façade sud et le croisillon sud du transept
Entre
les arcs-boutants du croisillon sud du transept on peut contempler
trois baies supérieures ainsi que trois baies plus larges tout au long
des deux niveaux inférieurs. La chapelle ronde attenant à la face
orientale du transept est couverte d'un toit aux tuiles colorées de
teintes diverses.
À
l'est du croisillon, dans l'angle formé avec le chœur, s'élève une
longue tourelle quadrangulaire coiffée d'un toit conique pointu. Cette
structure qui s'élève jusqu'à la base du toit du vaisseau principal
nef-chœur abrite un long escalier à vis permettant d'atteindre les
combles et le toit du long vaisseau.
Ce vaisseau principal est flanqué sur toute sa longueur de très robustes arcs-boutants à deux volées s'appuyant sur de massifs contreforts. L'ensemble est destiné à assurer la stabilité de l'édifice.
Le portail du croisillon nord, à gauche : le chœur, dans le fond à droite : le croisillon nord du XIVe siècle
Le croisillon nord du transept
Soutenu
par quatre arcs-boutants, deux à l'est et deux à l'ouest, le croisillon
nord du transept est pourvu d'un portail. situé non pas à l'extrémité
du croisillon, mais sur sa face orientale. Le mur de fond ou d'extrémité
du croisillon est orné en sa partie supérieure d'une rosace inscrite
dans un arc brisé. À sa base, les écoinçons sont garnis de quatre
lancettes. Le tout est surmonté d'un pignon orné d'un oculus aveugle.
La
partie inférieure de cette façade, presque entièrement aveugle, percée
de quatre orifices rectangulaires grillagés et voisinant un gros mur en
ruine.
Le toit
La
plus grande partie de la cathédrale est couverte d'ardoises. Seule la
grande chapelle ronde qui flanque le croisillon sud du côté sud-est, est
couverte de tuiles polychromes.
La base de ce toit est longée par une longue galerie qui contourne le chevet à l'est et se prolonge à l'ouest jusqu'à la tour. Elle est flanquée d'une balustrade.
Le chevet et ses arcs-boutants
Les hautes baies des chapelles rayonnantes, dotées de vitraux, sont séparées par des contreforts très saillants.
Les arcs-boutants du chevet de la cathédrale de Soissons sont à double niveau et contrebutent la partie supérieure du chœur. Ils s'appuient extérieurement sur de grandes culées lourdes et massives. Leur tête (partie supérieure) vient s'appuyer contre des piles portées par des colonnes engagées dans le mur. Le dernier claveau de chacun des deux arcs n'est pas engagé dans la pile et reste libre de glisser dans le cas où la voûte ferait un mouvement par suite d'un tassement des points d'appui verticaux, faute de quoi les arcs-boutants se briseraient.
L'arc-boutant supérieur prend appui sur la partie de la pile du chœur située au-dessus du centre de poussée des voûtes, là ou s'exerce la partie supérieure de la poussée. Il en va de même de l'arc-boutant inférieur qui contrebute la voûte au niveau de la partie inférieure de la poussée. L'ensemble de ces deux arcs-boutants assure une stabilité maximale aux voûtes de l'édifice. C'est une innovation importante qui sera perfectionnée à Notre-Dame de Chartres, cathédrale dont l'épaisseur et donc le poids des voûtes sont très importants.
Contrairement aux arcs-boutants construits ultérieurement (Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Paris, et d'autres), le chaperon de l'arc-boutant supérieur ne sert pas encore de canalisation pour conduire les eaux des chéneaux du toit de l'édifice vers l'extrémité inférieure de l'arc, et donc les sommets des culées ne sont pas encore dotés de gargouilles.
Le chevet, à l'est de la cathédrale
Les arcs-boutants du chœur de la cathédrale de Soissons
Dessin de Viollet-le-Duc
Intérieur
Vue de la nef et de la rosace occidentale, prise depuis le chœur de la cathédrale
Le croisillon nord du transept et sa verrière
Le
croisillon sud du transept de la cathédrale avec ses tribunes. À
l'arrière-plan : la grande chapelle ronde qui s'ouvre du côté sud-est de
ce croisillon
Le chœur avec sa clôture en fer forgé, et le déambulatoire au niveau du rond-point
Détail de la clôture du chœur en fer forgé
La nef
La nef de la cathédrale, vue vers le chœur. Avril 2015
Si l'on excepte les croisillons, l'intérieur de la cathédrale est tout à fait symétrique.
La nef, constituée de sept travées, est précédée d'un narthex d'une travée. Son élévation comporte trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. Les baies du triforium sont à quatre arcades et sont surmontées de hautes fenêtres géminées, elles-mêmes surmontées d'oculi plurilobés.
Les collatéraux possèdent de larges fenêtres. Les voûtes d'ogives quadripartites sont de plan barlongue dans la nef et à plan carré dans les deux collatéraux.
Les ogives de la voûte et des arcades y retombent sous forme de faisceau, jusqu'aux chapiteaux.
En dessous des chapiteaux, se trouvent des colonnes rondes dotées d'une unique colonnette engagée.
Ce type de colonne porte le nom de « pilier soissonnais » ou « colonne soissonnaise ».
Ces piliers soissonnais, de conception identique dans le chœur et dans la nef (ceux du chœur sont chronologiquement antérieurs à ceux de la nef), seront fréquemment repris et auront une grande influence sur les développements ultérieurs du gothique rayonnant en France et en Europe.
Au
nord de la nef, à hauteur de la troisième travée de l'édifice, se
trouve un accès vers une très grande salle composée de trois vaisseaux
de trois travées.
Enfin, au niveau de la cinquième et de la sixième travée de l'église, on a construit des chapelles latérales qui s'ouvrent dans le collatéral sud.
Les vitraux de la nef sont presque tous verts bouteille transparents à la suite de leur remplacement après l'explosion de 1815.
Le grand orgue de tribune a été construit par Victor Gonzalez en 1956.
Le transept
Le croisillon nord
Le croisillon nord du transept de style gothique rayonnant date du dernier quart du XIIIe siècle, après décision de reconstruire l'ancien bras nord qui était approximativement du même style que le bras sud actuel.
Ce transept nord parvient à respecter l'unité de hauteur avec le chœur construit quelque 75 ans auparavant, tout en introduisant le gothique rayonnant dans la cathédrale de Soissons.
Il présente la même structure architecturale à trois étages que la nef. L'extrémité nord qui est dotée d'une grande verrière parée de vitraux. Elle est composée d'une rosace , accompagnée d'une claire-voie à quatre baies surplombées par des gables. Entre les deux, dans l'espace entre la rosace et la claire-voie, se trouvent quatre fenêtres en lancettes supportant la partie inférieure de la rosace.
Une peinture de Rubens, l'Adoration des Bergers, orne le croisillon nord du transept, de même qu'une peinture de Philippe de Champaigne, la Remise des clés à saint Pierre, datant de 1624.
Le croisillon sud
Partie
la plus ancienne de l'édifice, le croisillon sud est de style gothique
primitif, à l'instar des cathédrales de Laon et de Noyon.
C'est une manifestation du premier art gothique par ses quatre niveaux d'élévation.
Il présente en effet une élévation à quatre étages, et non trois comme c'est le cas pour la nef et le chœur.
Outre les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes, il possède en effet un premier étage de tribunes (comme Notre-Dame de Paris, laquelle en revanche n'a pas de triforium).
Il se termine par une abside arrondie.
L'ensemble est en forme d'hémicycle. Plus étroit que le croisillon nord, mais un peu plus profond, il est entouré d'un déambulatoire, lui aussi plus étroit que celui du chœur. Les grandes arcades sont étroites et séparées par une série de piliers soissonnais, en alternance avec de plus légères colonnettes (à raison d'un pilier puis deux colonnettes), les tribunes présentent trois arcades, tandis que le triforium en a six.
Du côté sud-est du déambulatoire du croisillon sud s'ouvre largement une grande chapelle ronde à étage. Le rez-de-chaussée de celle-ci est voûtée de 10 ogives convergeant au sommet en une clé de voûte présentant un agneau. L'étage ou chapelle haute s'ouvre sur les tribunes du transept.
La croisée du transept
La
construction de la cathédrale qui avait débuté par le croisillon sud du
transept se poursuivit par l'édification de la croisée du transept.
C'est à ce moment que s'opéra le changement de style de la construction.
Entamée avant l'achèvement du transept, la croisée vit disparaître les
tribunes remplacées par des grandes arcades bien plus élevées.
En observant avec attention cette croisée, on remarque la présence de quatre énormes piliers d'un diamètre impressionnant. Ils étaient initialement destinés à supporter une tour-lanterne comme celles des cathédrales normandes et celle de la cathédrale de Laon. Cette tour-lanterne ne vit jamais le jour. Mais les dimensions de la croisée, plus monumentales, ont d'emblée servi de modèle au chœur (dont la construction débuta dès 1190, soit quelques années avant la cathédrale de Chartres), et aussi à la nef dont l'extrémité orientale fut mise en chantier au même moment que le chœur.
Le chœur
Le
chœur est un des premiers chefs-d'œuvre du gothique lancéolé. Il
présente la même architecture à trois étages que la nef. Entouré d'un
large déambulatoire (de 5 à 6,5 m de large),
il possède cinq chapelles rayonnantes peu profondes installées entre les
piliers du chevet doublés des contreforts. Le chœur est constitué de
quatre travées barlongues ou rectangulaire, plus l'abside ou rond-point.
Au niveau des travées barlongues, le triforium est composé de baies à
quatre arcades et supporte des fenêtres hautes géminées à deux
lancettes. Au niveau de l'abside, le triforium n'a plus que trois
arcades et les fenêtres hautes perdent une lancette.
Les chapelles rayonnantes ont une voûte commune avec la partie du déambulatoire qui les jouxte, dont la clé de voûte, située à la jonction entre les chapelles et le déambulatoire proprement dit, reçoit huit ogives. Quatre d'entre elles appartiennent en propre aux chapelles et deux à la voûte du déambulatoire, les deux dernières étant intermédiaires.
Les fenêtres hautes du chœur formées de deux lancettes présentent des vitraux des XIIIe et XIVe siècles, rescapés de la catastrophe de 1815. Une tapisserie du XVe siècle représente la vie des martyrs Gervasius et Protasius, les deux saints patrons de la cathédrale.
Le mobilier du chœur fut implanté entre 1767 et 1775. Une grille en fer forgé paré de dorures sépare le chœur du déambulatoire. Le maître-autel de la cathédrale, installé au fond de l'abside est entouré de deux statues de marbre blanc représentant l'Annonciation, œuvres du sculpteur Michel-Ange Slodtz. Plus à gauche, on peut voir le trône de l'évêque datant de la même époque.
L'orgue
Le
contrat de construction de l'orgue est accordé en 1949 à Victor
Gonzalez. Connu pour ses talents d'harmoniste et l'intérêt qu'il porte à
l'orgue néoclassique, il signe là son dernier ouvrage. L'instrument est
inauguré en 1956.
Sa traction mécanique, avec machine Barker, est une exception en ces années 1950. Victor Gonzalez est le dernier à faire usage de ce système qui tombera en désuétude après lui. La traction des registres est électrique pour permettre des combinaisons ajustables, de même qu'à la pédale pour autoriser deux séries de jeux en extension (flûtes et bourdon). La composition, établie par Norbert Dufourcq, est presque anachronique pour l'époque: nombreux jeux de fond de 8 pieds sans doute à la demande du titulaire de l'époque, le chanoine Henri Doyen, élève de Louis Vierne.
Vers 1985, l'orgue montre des signes de fatigue importants au niveau de la traction électrique des jeux. Un devis de remise en état fut demandé à la société Danion-Gonzalez qui a conclu à la nécessité d'une restauration totale. L'orgue a été seulement nettoyé et réparé.
Anne-Marie Barat (1948-1984) succèdera comme titulaire au chanoine Doyen. Cet orgue sera illustré par des personnalités musicales de premier plan : Vincent Genvrin, Jean-Michel Louchard, Stéphane Béchy et Vincent Dubois (organiste). La titulaire actuelle est Isabelle Fontaine.
Dans la nuit du jeudi 12 janvier 2017, vers 22 h 30, lors de la tempête Egon, la rosace de la façade ouest s'effondre sous la pression du vent et les débris tombent sur l'orgue, le détruisant en partie et le rendant inutilisable.
Composition de l'orgue
L'orgue comporte 3 claviers de 61 notes, un pédalier de 32 notes et 67 jeux. Il possède environ 5 000 tuyaux. Il est placé à 23 m de hauteur.
I. Positif de dos | II. Grand-Orgue | III. Récit expressif | IV. Pédale |
---|---|---|---|
Montre 8'Bourdon 8' Flûte creuse 8' Salicional 8' Prestant 4' Flûte douce 4' Nazard 2 2/3' Quarte de Nazard 2' Tierce 1 3/5' Larigot 1 1/3' Plein Jeu III Cymbale II Trompette 8' Cromorne 8' Clairon 4' | Montre 16'Quintaton 16' Montre 8' Diapason 8' Flûte harmonique 8' Bourdon 8' Prestant 4' Flûte à cheminée 4' Quinte 2 2/3' Doublette 2' Fourniture V Cymbale IV Cornet V Bombarde 16' Trompette 8' Clairon 4' | Bourdon 16'Principal 8' Flûte harmonique 8' Gambe 8' Voix céleste 8' Cor de nuit 8' Principal 4' Flûte 4' Nazard 2 2/3' Flageolet 2' Tierce 1 3/5' Piccolo 1' Plein Jeu V Cymbale IV Bombarde 16' Trompette 8' Hautbois 8' Régale 8' Clairon 4' Tremblant | Flûte (ext) 32'Soubasse (ext) 32' Principal 16' Flûte 16' Soubasse 16' Principal 8' Flûte (ext) 8' Bourdon (ext) 8' Principal 4' Flûte (ext) 4' Flûte 2' Cornet IV Plein Jeu V Bombarde 16' Trompette 8' Clairon 4' Clairon 2' |
Traction mécanique assistée de machines Barker pour les trois claviers manuels
Traction électrique pour la pédale, les registres et la boîte expressive
Accouplements : POS/GO, REC/GO, REC/POS
Tirasses : GO/PED, REC/PED, POS/PED
Appel de mixtures et anches pour chaque clavier
Tutti fonds, mixtures, anches
Combinaisons ajustables : 6
Galerie
L'abside du chœur et sa voûte
L'abside du croisillon sud du transept et sa voûte
Plan du croisillon sud
Le chevet illuminé de la cathédrale
Le monument aux morts et le chevet de la cathédrale
Vue de la nef et du chœur, depuis la partie occidentale de la nef
L'élévation de la nef et du chœur
La tour sud
Pilier à Soissons
La tour de la cathédrale vue du côté sud
L'Adoration des Bergers de Rubens orne le croisillon nord du transept
Source :
Carte postale de Soissons, la cathédrale
L'adoration des bergers de Rubens
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