Bayonne
La cathédrale de Bayonne
La cathédrale de Bayonne a été édifiée du 13e au 16e siècle.
Dans une des chapelles du collatéral de gauche, une plaque commémorative relate un prodige survenu dans le ciel basque en 1451.
Le
vendredi XX d’août MCCCCLI (1451) vers sept heures du matin, au moment
où les Français victorieux entraient dans le chastel de Baïonne par
moult beau temps au dessus et à la droite de la ville du côté de
l’Espagne apparut dans le ciel une grande croix blanche en forme de
crucifix, la couronne sur la tête, laquelle couronne se tourna puis en
fleurs de lis. Assiégeants et assiégés purent contempler la croix
l’espace d’une heure environ. Les habitants émerveillés firent le signe
de la croix, ôtèrent leurs bannières et pennons à croix rouges, disant
qu’il plaisait à Dieu qu’il fussent Français et portassent la croix
blanche. Les comtes Gaston de Foix-Béarn et Dunois annoncèrent
l’événement au roi Charles VII qui en fit part à la France entière,
ordonnant partout des processions d’actions de grâces et faisant frapper
la médaille du miracle de Bayonne.
Dieu confirmait ainsi la mission céleste de Jeanne d’Arc.
Pour honorer sa ville épiscopale en rappelant ce prodige, S.G. François- Marie Gieure évêque de Bayonne a érigé cette plaque commémorative le 20 mai 1926 en la fête de la Sainte de la Patrie.
Dieu confirmait ainsi la mission céleste de Jeanne d’Arc.
Pour honorer sa ville épiscopale en rappelant ce prodige, S.G. François- Marie Gieure évêque de Bayonne a érigé cette plaque commémorative le 20 mai 1926 en la fête de la Sainte de la Patrie.
Le miracle de Bayonne
Depuis
trois siècles, Bayonne vivait sous la domination anglaise et l'issue de
la guerre entre français et anglais fut, précipitée par une vision
céleste qui revigora les premiers et confondit les seconds : une croix blanche apparut dans le ciel, surmontée d'une couronne, et se transforma en fleurs de lys.
La
défaite anglaise de 1451 rendit Bayonne à la France et des processions
ont été organisées par Charles VII dans tout le pays en adoration du
miracle.
Le
miracle de la croix blanche marque la fin de la guerre de cent ans. Il
s'est produit le 20 août 1451 dans la Ville de Bayonne.
Le
6 août 1451, le siège de Bayonne débute. Les français l'emportent,
l'ennemi capitule par traité le 19 août 1451 et accepte de payer une
rançon de 40 000 écus d'or.
Ainsi,
pour la première fois, le royaume de France est entièrement revenu à
son roi, exceptée Calais qui ne sera libérée que bien plus tard, en
1598.
Le
lendemain matin, dans un ciel clair, le Christ en croix apparait
au-dessus de la ville, le miracle est visible une heure. La couronne
d'épines du Christ se transforme en fleur de lys. C'est le signe que le
royaume de France est revenu à son roi. La guerre de cent ans est
terminée.
Lettre des comtes de Foix et de Dunois au roi ( 20 août 1451)
- "Nostre souverain et très redoubté seigneur, nous nous recommandons à vostre bonne grâce tant humblement que faire le povons, et vous plaise sçavoir que ,grâces à Nostre Seigneur, ceste cité de Bayonne est en vostre puissance du jour d'uy à vostre grant honneur et proffit, ainsi que veoir le pourrés par le double de l'appoinctementfaict par lesd. de Bayonne que par ce pourteur vous envoyons.
- Sire, il est vray que à la propre heure que vos gens prenoient la possession du chastel de Baionne, estant le ciel très cler et bien escuré, apparut une nue où apparaît une grant croix. blanche sur la dicte ville de Bayonne, du costel d'Espaigne; et là s'est arrestée, sans remuer ne bougiez, l'espace d'une heure; et comme dient les aucuns, qui l'ont vehue au commencement, et estoit en forme d'ung crucifix, la couronne sur la teste, laquelle couronne se tourna puis en fleur de lis et a esté vehuy par tous les gens de cest ost, où estoient de mille à douze cents hommes de guerre Espaignoulx qui sont icy avec leurs maignies en vostre service.
-
- Nous donnons ici même une curieuse Variante du même récit fournie par Escouchy. Il serait curieux de rapprocher toutes celles des plus anciens auteurs, Berry, J. Chartier, du Clercq, etc. :
-
- « Aujourduy, XXe jour d 'oust, à l'heure de sept heures du matin, à laquelle heure estoit promise la cité de Bayonne, et y entrèrent les gens du roy, pour en prendre la possession, au ciel, qui à ceste heure, estoit cler et bien purifié s'apparut dedens une nuée, une croix blanche, au droit de lad, cité, devers les parties d'Espaigne ; laquelle croix, sans mouvoir, demeura l'espace de une heure. Et aucuns disent que, au commencement sur icelle croix avait une semblance de ung crucifix, couronné d'une couronne d'azur sur chef laquelle couronne se mua en une fleur de liz. Dont chacun fut esmerveillés et ceux de lad, ville estoient fort espoentez de veoir telles merveilles, et incontinent leur ensaigne de leur croix rouge, qu'ils avoient sur leurs portes et tours, ostèrent. »
-
- G. du F. de Beaucourt. IIe de Charles VII. 5, p. 52 (F. francs, 5028, f° 183) et du Chesne (Oeuvres d'A. Chartier, p. 848).
- Ces choses nous a semblé à tous très merveilleuses et mesmement à ceux de la ville de Baionne, lesquels, quand ils le choisirent, lous esabïs, faisant le signe de la croix, incontinent toutes les enseignes estans sur les pourlaulx et tours, où estoit le croix rouge, ostèrent et mirent jus.
- Demain, avons entencion faire l'entrée de la ville, et, mardi, partir, tenans nostre chemin par devers vous, en la plus grand diligence que faire pourrons, au bon plaisir de Nostre Seigneur, lequel vous doint, nostre souverain et très redoublé seigneur, bonne vie et longue, et à nous, nobles et haulx désirs.
- Escript en nostre logis, dehors Bayonne, le vendredi, XXme jour d'aost.
- Ainsi signé, vos très humbles et obéissans, les comtes de Foix et de Dunoys. GASTON et JEHAN. De La Loère
- Biblioth. Nation. de Paris. Chronique du XVe s. F. Franç. 6487, f. 2. Arch. Nation. dans la Table du Mémorial L. des Comptes (PP. 118) - Chronique, de Mathieu d'Escouchy. p. G. du F. de Beaucourt. (1863), t.1, pp. 361 et suiv. et t.3 Preuves, p. 397. Là aussi se voit une lettre personnelle de Dunois au roi sur le même sujet, ibid., p. 366, t.I..
Le samedi matin, à 10 h., les grands chefs, le maréchal de Lohéac, et nombre de seigneurs et de guerriers se présentèrent aux portes de la cathédrale où les attendaient l'évêque G.A. de Lasègue, le Chapitre et le Clergé, avec les reliques. Tous les vénérèrent et entrèrent à l'église pour y prier.
Le
lendemain, dimanche, les chefs revinrent à la cathédrale pour entendre
la messe ; ensuite ils reçurent le serment de fidélité des Bayonnais et
de tous ceux qui devaient l'hommage « Le comte de Foix, ajoute un auteur
ancien, entra dedans et donna son harnois, lance, escu, espée et
massue, à l'église, ensemble son cheval, couvert de drap d'or » .
Ailleurs, on assure qu'il donna pour en faire une chappe la housse de
son coursier estimée 500 écus d'or.
Lettre du roi
- S'ensuit la copie des lettres que le Roy a escript ez bonnes villes de son Royaulme:
- Nostres amés et féaul et chiers et bien amez comme avez assés peu savoir pour ce que ceulx de nostre ville et cité de Baionne ne voulurent estre comprins ou traictié et appoinctement qui avoit esté fait sur le fait de la redduction en nostre obéissance de noz ville et cité de Bordeaulx et autre païs du Bordelois et de Guienne, lors occupez pas nos ennemiz les Anglois, nous envoyasmes partie de nostre armée, ensamble nostre artillerie, pour mettre le siège devant nostre d. ville de Bayonne, et est advenu, que, après que le siège a esté devant par aucuns jours, les evesque, bourgeois et habitans de lad. ville et cité de Bayonne sont venuz devers beaulx cosins de Foyz et de Dunois, nos lieutenans tenans led. siège de par nous, et ont rendu lad. ville et cité en nostre obéissance moyennant certain traictié et appoinctement, qui a esté hière fait, par lequel entre autre chose, don Jehan de Beaulmont, chevalier, capitaine du parti des gens de guerre, qui estoient en lad. ville, demeure nostre prisonnier et les dictes gens à nostre volonté, ceulx d'icelle ville à nostre mercy, et aucun petit nombre d'Anglois qui il estoient, a esté par nosd. octroyé, à la requeste desd. habitans de Baionne, qu'ils s'en aillent leurs vies saulvés et leurs biens demourez à nostre disposition, ainsi que ces choses et plusieurs autres bien honnorables sont plus à plain contenues audict tractié et appoinctement. Et avec ce, nous ont iceulx nos cosins escriptez certainnez lettres closes, touchants ces matières et autres, signées de leurs mains, DESQUELLES VOUS ENVOYONS LE DOUBLE. Lesquelles choses vous signifions, tant pour ce que bien savons que, à oïr en bien de noz nouvelles, serés joyeulx, comme aussi afin que facez faire procession, et autrement rendrés prières et louenges à Nostre Seigneur, ainsi que on a coustume faire en pareil cas, quand Nostre Seigneur fait de telles et si grandes grâces à nous et à nostre royaulme. Donné à Taillesbourg le XXVe jour d'aoust. Ainsi signé, CHARLES.
- A nostres amés et féauls conseillers et chevalliers et bien amés, les evesque, gens d'Eglise, bourgeois et habitants de la ville de Mascon.
- (Fragment d'une Chronique du XV° siècle, ms. fr. 6487, f. I - Une attestation de Dunois, est au F. Franç. 9669 et dans les Annotations sur les Oeuvres de M Alain Chartier par Du Chesne, p. 848 - Traité de la reddition de Bayonne dans Escouchy, t. 2, p. 362, récit du miracle, Ibid p. 366. ).
Le roi envoya donc en France la lettre des grands chefs de Bayonne.
Faut-il
aussi rappeler la Médaille de Bayonne, frappée à la Monnaie de Paris
par ordre de Charles VII et dont il existe encore une dizaine
d'exemplaires de types divers ?
Le
nom de Bayonne ne s'y trouve pas ; mais la date de 1451 y est bien ; on
en continua la frappe jusqu'en 1460 et, au dire de certains historiens,
l'une d'entre elles est la plus belle des médailles d'or frappées par
la Monarchie française. Une autre médaille semble commémorer le Miracle
même, car, d'un côté, nous lisons ces paroles Hora nona, Dominus Jesus Christus expiravit, qui se terminent par l'invocation : Adoramus te, Christe
« O Christ, nous vous adorons ! » tandis qu'on lit au revers « O roi
Charles, à toi la paix, la gloire et la louange ! Le royaume de France,
tombé si bas, tu l'as réformé, après avoir vaincu l'ennemi par ta
valeur, grâce au conseil du Christ et avec le secours de sa loi ! ».
Nous
devons d'ailleurs, en ces matières, faire confiance aux spécialistes ;
et précisément les deux plus grands historiens de Charles VII, à notre
époque, Vallet et Viriville et Du Fresne de Beaucourt ont, sans ambages,
parlé de la médaille du Miracle de Bayonne avec un sentiment de vérité
qui nous étonne presque. Surtout de la part de Vallet de Viriville. Il
admire certes Jeanne d'Arc, mais il n'en fait pas une sainte. Le P.
Ayrolles le lui reproche, trop vivement peut-être.
Or,
ce même personnage, en face de l'apparition de la Croix à Bayonne, lui
donne sans hésiter le nom de «Miracle ». Il ne craint pas de dire « Le
Miracle de Bayonne produisit une vive sensation » et il consacre une
brochure de plus de 50 pages à étudier les divers types des médailles,
de 1451-1460.
Du
Fresne de Beaucourt a employé aussi le mot de « miracle » pour
caractériser le prodige de Bayonne ; et c'est lui qui a publié presque
tous les documents originaux, qui en assurent l'authenticité. Sans lui,
nous connaîtrions bien le fait, mais nous n'en aurions peut-être pas les
preuves.
Car tous les historiens anciens relatent le prodige.
Ce
furent d'abord le héraut royal de la guerre, Berry, et Jean Chartier et
Jacques Duclercq et Mathieu d'Escouchy et La Perrière et Guillaume
Leseur et Ch. Basin ; plus tard, S. Dupleix, Mézeray, le P. Daniel, le
P. de Bussières ; et tous les auteurs bayonnais Veillet, Baylacq,
Mazein, Balasque.
Tous,
tous, en faveur du Miracle ? Non, il y a un réfractaire, un négateur,
qui mentionne le fait, comme un simple phénomène météorologique. Il
s'appelait Gérard du Haillan, l'historiographe de Charles IX et d'Henri
III, qu'on pourrait nommer le Voltaire de l'histoire de Jeanne d'Arc,
car il insulta et injuria la Pucelle comme le sire de Ferney ; Gérard du
Haillan (1536-1610) que Scipion Dupleix prend à partie en lui
reprochant d'agir en Anglais et non en Français, de ne pas croire en la
puissance de Dieu et à la possibilité du miracle : un libre-penseur du
XVIe siècle !...
Mais
cette exception n'augmente-t-elle pas notre confiance, notre croyance ?
Pour nous, nous ne pensons pas qu'il y ait de fait historique, mieux
établi et prouvé que le Miracle de Bayonne.
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