Bienheureux Simon Stock
carme anglais († v. 1265)
Simon Stock est un carme Anglais du XIIIe siècle.
Il a été un des premiers Généraux de l'ordre, et il est resté l'un des plus célèbres.
Sa grande notoriété vient d'une vision qu'il aurait eue de la Vierge Marie lui remettant le Scapulaire.
Il
est vénéré comme bienheureux dans l'Église catholique romaine, et
considéré comme saint dans l'ordre du Carmel. Il est fêté le 16 mai ou
localement le 17 juillet.
Biographie
Histoire et tradition
Priorat d'Aylesford (Kent)
Simon Stock est né dans le Kent en 1164.
Cependant, peu de choses sont connues sur le début de sa vie.
La
légende veut que son nom "Stock", qui signifie "tronc d'arbre", découle
du fait que, dès l'âge de douze ans, il ait vécu comme un ermite dans
le tronc d'un chêne creux.
D'après
certaines sources, son nom d'origine serait Jean Stock (Simon Stock
étant son nouveau nom pris lors de son entrée dans l'ordre).
D'après une tradition il aurait été un prédicateur itinérant jusqu'à son entrée à l'ordre du Carmel.
Sur l'entrée de Simon Stock dans l’ordre du Carmel, il existe différentes traditions, parfois contradictoires :
- D'après une tradition, il n'aurait rejoint l'ordre du Carmel (dont le nom officiel est : ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel) qu'après avoir fait son pèlerinage en Terre sainte, et rejoint les ermites installés sur les pentes du Mont Carmel.
- Une autre version indique que Simon Stock n'a rejoint l'ordre qu'après l'arrivée des premiers carmes à Aylesford, dans le Kent.
Après son entrée dans l'ordre, une tradition indique qu'il serait ensuite allé à Rome, et de là il serait parti au mont Carmel où il aurait passé plusieurs années.
Mais, quelques années après son arrivée sur les pentes du mont Carmel, et à la suite de la conquête de la Palestine par Saladin (chute de Jérusalem en 1187), les ermites ont dû partir se réfugier en Europe car leur sécurité ne pouvait plus être assurée dans leur ermitage.
L'ordre du Carmel
Simon Stock rentre alors en Europe avec les autres ermites.
Il participe au concile œcuménique de Lyon en 1245.
La vision du Scapulaire
La Vierge remettant le scapulaire à saint Simon Stock. 1644 Avignon, Église St Symphorien
La
grande renommée de Simon Stock est liée à l'apparition qu'il a eu à
Cambridge (Angleterre), le 16 juillet 1251, à une époque où l'Ordre du
Carmel traverse une période difficile (perte de membres, questions sur
la nouvelle forme et/ou mission à donner à l'ordre qui ne peut plus être
un ordre érémitique).
Dans sa vision, la Vierge Marie lui remet un scapulaire pour tous les membres de son ordre.
Elle lui dit « Recevez, mon fils bien-aimé, ce scapulaire pour mon
Ordre, c'est le signe particulier de ma faveur, que j'ai obtenu pour toi
et pour mes fils du Mont-Carmel. Celui qui meurt revêtu de cet habit
sera préservé du feu éternel ».
Cette promesse raffermit les membres de l'Ordre et entraîne de nombreuses arrivées.
À noter que toutes les sources relatant cette vision sont largement postérieures à la mort de Simon Stock.
Les plus anciens écrits remontent au XVe siècle (soit plus d'un siècle après les faits).
Ce
qui est probablement la cause des différentes versions des récits de
cette vision qui tournent toutes autour du don par Marie du scapulaire à
Simon Stock avec la promesse de protection et du salut de l'âme pour
ceux qui le porteraient (avec dévotion).
Le défenseur de l'Ordre
Le
seul élément historiquement certain, serait qu'en 1247 à l'âge de 82
ans, Simon Stock est élu Général des Carmes, succédant à d'Alain, lors
du premier chapitre de l'Ordre qui s'est tenu à Aylesford (Angleterre).
Malgré
son grand âge, il montre une énergie remarquable comme Général de
l'Ordre, et il fait beaucoup pour le bénéfice de son ordre.
Il est considéré comme le plus célèbre des responsables de l'Ordre du Carmel.
Il
fonde de nombreuses communautés du Carmel, en particulier dans les
villes universitaires telles que Cambridge, ou Oxford en 1248, mais
aussi dans le sud et l'ouest de l'Europe (Paris en 1260, Bologne en
1260).
Il
entraine la révision de la Règle de l'Ordre afin faire évoluer l'ordre
des Carmélites d'un ordre d'ermites en un ordre de frères mendiants.
Il fait approuver cette révision par le pape Innocent IV.
Il obtient également du pape Innocent IV une lettre de protection de l'ordre (face aux diverses attaques et difficultés).
Il a ainsi été considéré comme un des plus ardents défenseurs de l'ordre lors du retour en Europe des ermites,
trouvant pour l'ordre un nouveau style d'organisation (vie en
communauté monastique au lieu d'une vie d'ermite), et une promesse de
protection toute spéciale de la Vierge Marie pour ses membres. L'ordre
qui était menacé de disparaitre a alors connu une nouvelle vague
d’expansion.
Sa mort
Plus que centenaire, il meurt de vieillesse à Bordeaux en 1265, dans une des maisons de l'ordre alors qu'il effectue une visite aux Carmes de cette région.
Ses ultimes paroles furent : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour
nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort », paroles
qui devinrent liturgiques et que l’Église ajouta par la suite à l'Ave Maria, le « Je vous salue, Marie » actuel.
Ses Reliques
Cathédrale de Bordeaux, lieu de sépulture de Simon Stock
Son corps est d'abord conservé chez les carmes de Bordeaux.
Des
miracles sont signalés sur sa tombe durant le premier siècle après sa
mort ce qui expliquerait peut être le début de son culte à Bordeaux
durant cette période.
Durant
la Révolution ses reliques sont cachées par le père Soupre pour éviter
leur profanation et destruction par les révolutionnaires. Plus tard, il
fut déposé dans la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel de la cathédrale, sous l'autel de Notre-Dame de la Nef.
Les reliques du saint sont encore conservées dans la cathédrale de Bordeaux.
Le tibia a été transféré en Angleterre dans les années 1860 à l'église des Carmes à Kensington, une partie du crâne a été transférée à Aylesford (Kent) en 1950.
Sa béatification
Simon Stock n'a pas été officiellement canonisé par l'Église catholique mais sa vénération a été approuvée par le Vatican.
À partir de 1423 il commence à être considéré comme un Saint et son culte liturgique commence à être célébré à Bordeaux. Ses reliques commencent alors à être diffusées.
Puis à partir de 1458, son culte est également célébré en Irlande et en Angleterre.
Il est officiellement vénéré dans l'Ordre du Carmel depuis 1564. S'il est considéré comme "Bienheureux" dans l'Église catholique, il a le titre de "saint" dans l'Ordre du Carmel.
Il est fêté le 16 mai ou localement le 17 juillet.
Saint Simon Stock est le saint patron des Carmes Déchaux d’Angleterre.
Le Scapulaire
Article détaillé : Scapulaire (vêtement).
Au départ, le scapulaire était un grand vêtement de couleur brune, porté par-dessus l’habit du moine.
Le scapulaire était réservé aux membres du Carmel.
Avec
le temps, le port du scapulaire a été ouvert aux chrétiens laïques, et
sa taille a été réduite à un petit carré de tissus pour pouvoir être
porté (autour du cou) sous ses vêtements en toute discrétion. Aux XVe-XVIe siècles, la dévotion du scapulaire était très répandue dans la population, et il existait de très nombreuses Confréries de pénitents rassemblant les chrétiens portant ce scapulaire.
Il existe aujourd'hui 18 scapulaires différents, mais le plus connu est le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel.
Simon Stock dans l'art
On ne compte plus les représentations artistiques de Saint Simon Stock dans l'Art Religieux.
Il est presque systématiquement représenté dans la scène de remise du scapulaire de la Vierge Marie.
La période de représentation artistique de Simon Stock dans le cadre de sa vision du scapulaire débute au XVe siècle, mais elle s'est surtout développée au XVIIe siècle.
Simon Stock par Marc Arcis Musée des Augustins de Toulouse
Simon Stock recevant le scapulaire, par Giuseppe Romeo (XVIIe siècle) (Florence)
La Vierge du Carmel et les Saints du Carmel de Pietro Novelli, 1641 (Musée diocésain, Palerme), Simon Stock est à droite
Simon Stock recevant le scapulaire de Notre-Dame (XVIIe siècle) (Marseille)
Notre-Dame donnant le scapulaire à Simon Stock, Manuel da Costa Ataíde (XVIIe siècle) (Brésil)
La Vierge Marie remet le scapulaire à Saint Simon Stock (XVIIIe siècle). Drapeau de procession, Sanctuaire Notre-Dame de Mont Carmel à Meersburg
Saint Simon Stock par C. Pola (XVIIIe siècle). Exposée au Musée Régional de Tuxtla Gutierrez (Mexique)
La
Vierge Marie donnant le scapulaire à Saint Simon Stock - par Alfonso
Balzico (1825-1901) - Église de Santa Maria della Vittoria à Rome
Marie
couronné entourée de Saint Simon Stock et d'un ange. Mosaïque au sommet
de la porte principale de l'église Santa Maria del Carmine (XIXe siècle) (Milan)
Anglais d'origine, saint Simon Stock naquit d'une très illustre famille du Kent dont son père était gouverneur. Lorsqu'elle le portait, sa mère le consacra à la Sainte Vierge.
On le voyait souvent tressaillir entre les bras de sa mère lorqu'elle prononçait le doux nom de Marie.
Pour apaiser ses cris et ses pleurs, il suffisait de lui présenter une image de la très Sainte Vierge Marie.
Il n'avait pas encore un an qu'on l'entendit plusieurs fois articuler distinctement la salutation angélique.
Cette dévotion précoce ne peut provenir que d'un mouvement extraordinaire de l'Esprit-Saint.
A douze ans, Simon se retira au désert dans le creux d'un arbre, d'où lui vint le surnom de Stock qui signifie "tronc", en langue anglaise.
Sa nourriture consistait en herbes crues, quelques racines et pommes sauvages, un peu d'eau claire lui servait de breuvage.
Son habit se composait de ronces et de chardons qu'il serrait étroitement sur sa chair nue.
Renchérissant sur ces mortifications volontaires, il se frappait avec des fouets garnis d'épines très piquantes.
Bien que le tronc d'arbre où il avait élu domicile ne lui offrait pas la liberté de s'étendre pour dormir, il prenait son bref repos dans ce gîte précaire.
Au sein de cette retraite sauvage, ses prières montaient sans interruption vers le ciel.
Saint Simon Stock passa vingt ans dans la plus entière solitude, nourrissant son âme des célestes délices de la contemplation.
S'étant privé volontairement de la conversation des hommes, il jouissait de celle de la Très Sainte Vierge Marie et des anges qui l'exhortaient à persévérer dans sa vie de renoncement et d'amour.
La Reine du Ciel l'avertit qu'il verrait bientôt débarquer en Angleterre des ermites de la Palestine.
Elle ajouta qu'il devait s'associer à ces hommes qu'Elle considérait comme Ses serviteurs.
En effet, Jean lord Vesoy et Richard lord Gray de Codnor revinrent de Terre Sainte, ramenant en effet avec eux quelques ermites du Mont-Carmel.
Docile aux directives de la Mère de Dieu, saint Simon Stock se joignit à ces Pères, en 1212.
Élu vicaire général de l'Ordre des Carmes en 1215, le Saint travailla de toutes ses forces à obtenir de Rome la confirmation de son Ordre pour l'Occident.
Il ne manquait pas d'adversaires pour en empêcher l'extension en Europe.
Mais Simon Stock supplia la Vierge Marie par d'instantes prières et
beaucoup de larmes de défendre Elle-même cet Ordre qui Lui était
consacré.
Apparaissant en songe au pape Honorius III, la Mère de Dieu lui fit connaître Ses volontés, et en 1226, ce pape confirma la Règle des Carmes.
La Mère de miséricorde apparut un jour à Son serviteur, toute éclatante de lumière et accompagnée d'un grand nombre d'esprits bienheureux,
Elle lui remit un scapulaire en disant : «Reçois Mon fils ce scapulaire, comme le signe d'une étroite alliance avec Moi. Je te le donne pour habit de ton ordre ; ce sera pour toi et pour tous les Carmes un excellent privilège et celui qui le portera ne souffrira jamais l'embrasement éternel.
C'est la marque du salut dans les dangers et de l'heureuse possession de la vie qui n'aura jamais de fin.»
La dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel se répandit non seulement parmi le peuple, mais aussi parmi les rois et les princes qui se trouvèrent fort honorés de porter cette marque des serviteurs de la Très Sainte Vierge.
Saint Simon Stock, présent au concile général de Lyon tenu sous le règne du pape Innocent IV, y prononça un éloquent discours contre les divisions qui agitaient alors l'Église.
Il mourut dans la vingtième année de son généralat et la centième de son âge, après avoir laissé d'admirables exemples de vertu.
La mort le cueillit dans la ville de Bordeaux, alors qu'il visitait ses monastères.
L'Église ajouta ses dernières paroles à la salutation angélique: «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.»
Tiré de Mgr Paul Guérin, édition 1863, p. 229-233 -- Résumé O.D.M. -- Bollandistes, Paris, éd. 1874, tome V, p. 582
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