La Sainte lance et l'éponge de la passion
LA SAINTE LANCE
La Sainte lance est l’arme qui a percé le flanc droit de Jésus lors de sa crucifixion.
La vénération de cette relique est mentionnée pour la première fois au VIe siècle, à Jérusalem. Elle fut transférée à Constantinople
au début du VIIe siècle et, à partir du Xe siècle, fit partie des
Reliques de la Passion conservées par les empereurs byzantins
dans leur chapelle palatine, l’église de la Vierge Théotokos du Phare.
La détention de cette collection de reliques faisait de Constantinople
la nouvelle Jérusalem et de l’empereur le chef légitime de la chrétienté.
Cette
relique prit une importance particulière à partir de la première
croisade, ce qui entraîna sa multiplication au XIIIe siècle après le sac
de Constantinople
et le déclin de l'Empire byzantin. En 1098, les Croisés qui
contestaient déjà les droits de l’empereur sur la Terre Sainte en
découvrirent une autre à Antioche, mais elle disparut peu après. Cette
découverte rendit toutefois la Sainte Lance fameuse en Occident :
Turold la mentionne dans la Chanson de Roland , et Chrétien de Troyes associe une « lance sanglante » au Saint Graal dans Perceval. En 1244,
le roi de France Louis IX achète les Reliques de la Passion de
Constantinople, dont la Sainte Lance, et les transfère à la Sainte
Chapelle, à Paris. Peu auparavant l'empereur germanique fit considérer
comme « Sainte Lance » la lance de saint Maurice, conservée à
Magdebourg, qui faisait partie depuis le Xe siècle des attributs impériaux. À la même époque, les Arméniens déclarent posséder la Sainte Lance au monastère Geghardavank près d'Erevan. À Constantinople, les derniers empereurs byzantins déclarent de leur côté toujours posséder la Sainte Lance.
Au
XVIe siècle, celle de Constantinople fut remise par les Ottomans au
pape. Celle de Paris a disparu pendant la Révolution française. Celles
du Vatican et
d'Arménie sont aujourd’hui conservées respectivement à Saint-Pierre de
Rome et au musée Manougian d'Etchmiadzin. Après bien des péripéties,
celle des empereurs germaniques est aujourd’hui conservée au palais du
Hofburg, à Vienne. Cette dernière est devenue, depuis la Seconde Guerre
mondiale, un sujet de fascination dans la culture populaire anglo-saxonne.
La légende de la Sainte Lance
Une
tradition chrétienne veut qu’un soldat romain du nom de Longinus (en
français Longin) ait percé le flanc du Christ sur la Croix à l’aide de sa lance, d’où le nom latin de la relique : Lancea Longini.
La tradition veut que cette lance ne cesse jamais de saigner à sa
pointe. Le détenteur de cette lance est le même que celui du Graal dans les légendes arthuriennes.
Cette
lance n’est pas mentionnée dans les Évangiles synoptiques (Matthieu,
Marc et Luc). Seul l'Évangile selon Jean (19, 33-35) précise : « S’étant
approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas
les jambes; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et
aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en a rendu
témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu’il dit vrai, afin
que vous croyiez aussi. » (trad. Louis Segond).
Le
nom de Longin n’apparaît qu’avec l'Évangile de Nicodème, un apocryphe
du IVe siècle. Une enluminure des Évangiles de Rabula (en syriaque) copiés en 586, et conservés à la bibliothèque Laurentienne de Florence, représente le soldat romain perçant le flanc du Christ, avec la légende (en grec) ΛOΓINOC (Loginos).
Par la suite, c’est ainsi qu’on nomme traditionnellement ce soldat, et
il monte en grade puisqu’on en fait souvent le centurion qui commandait
la garde au pied de la Croix et qui, selon Matthieu (27, 54) se serait
converti juste après la mort du Christ. La tradition énonce aussi le
fait qu’en perçant la poitrine du Christ, Longin, à moitié aveugle, ait
reçu une goutte du sang et de l’eau du cœur percé, et en ait
instantanément recouvré la vue. Ce nom, qui s’écrit ΛΟΓΓΙΝΟC (Longinos) en grec, vient peut-être du mot même qui veut dire « lance » : ΛΟΓΧΗ (longké).
Selon
une tradition locale, la ville catalane de Llança (« Lance »), qui
arbore trois lances dans son blason, prétend que Longin était originaire
de ce lieu.
LA SAINTE EPONGE
Un homme tend au Christ la Sainte Éponge
trempée de vinaigre au bout d'un roseau
L'éponge
est l'un des instruments de la Passion du Christ. Dans le Nouveau
Testament, il s'agit de l’éponge imbibée de posca tendue à Jésus pour le
désaltérer lors de sa crucifixion.
Selon une légende non vérifiée, cette « Sainte Éponge » serait restée à Constantinople jusqu'à sa vente par l'empereur latin de Constantinople, Baudouin II, pour une somme exorbitante, à Louis IX de France . Elle aurait rejoint les reliques de la Sainte-Chapelle à Paris .
Elle y serait conservée aux côtés notamment de la couronne d'épines et
de la vraie Croix. Durant la Révolution française la Sainte-Chapelle
fut ravagée et les reliques furent détruites ou dispersées. Certaines
ont été conservées brièvement à la Bibliothèque nationale,
pour rapidement disparaître. Néanmoins, plus tard, elles auraient été
"restituées", on ne sait d'ailleurs comment puisqu'elles sont censées
avoir été détruites, à Notre-Dame de Paris .
Rome
Un
auteur anticlérical du XIXe siècle, Collin de Plancy, affirme en 1821
qu'un morceau de la prétendue "Sainte Éponge", marron avec du sang,
était conservé à Rome dans l'archibasilique Saint-Jean de Latran.
Cinquante ans plus tard, un autre écrivain reprend cette affirmation. Il
ne semble pas que d'autres témoins aient confirmé cette assertion.
Ce
qui est certain, c'est qu'il existait et qu'il existe toujours une
prétendue "Sainte Éponge" dans la chapelle des reliques de la Basilique
Sainte-Croix de Jérusalem.
Autres lieux
- Un chanoine a écrit en 1942 qu'une partie de la relique de la « Sainte Éponge » était préservée dans l'église de Saint-Jacques de Compiègne en France.
- Un ouvrage du XIXe siècle indique que Charlemagne aurait acquis un morceau de l'éponge, qui serait vénérée dans la cathédrale de sa capitale, Aix-la-Chapelle.
- Toujours au XIXe siècle, un ouvrage mentionne une « Sainte Éponge » dans l'église de Chirac (Lozère) (ancien prieuré, embelli par le pape Urbain V), dans un reliquaire en argent.
- Enfin, un autre ouvrage du XIXe siècle fait état d'une « Sainte Éponge » à l'abbaye de Fleury.
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