L'adoration eucharistique
La nourriture divine.
Sainte
Angèle de Foligno trouva pendant douze ans dans l'Eucharistie des
forces suffisantes pour pouvoir se passer de toute autre nourriture.
Source : Livre "Dévotion à la sainte Eucharistie en exemples, ou excellence des prières et ..." par Jean-Joseph Huguet
L'AUTEL DES ANGES
C'était
la fête des Anges. J'étais malade, je voulais communier. Il n'y avait
personne pour m'apporter la communion. Ma tristesse était immense. Tout à
coup, au plus profond de mua douleur et de mon désir, je fus portée en
esprit à considérer la louange éternelle des anges, et leur office
sublime, et leur assistance et leur ministère. Et voici que je fus
ravie, et la multitude immense des anges m'apparut, et ils me
conduisirent près d'un autel, et ils me dirent « Voici l'autel des
Anges. » Et sur l'autel ils me montrèrent la louange des Anges,
c'est-à-dire Celui-là qui est leur louange, et la louange universelle,
et la louange elle-même. Et les anges dirent à mon âme : « Dans Celui
qui est sur l'autel est la perfection et le complément du sacrifice que
tu cherches. Prépare-toi donc à le recevoir. Tu as déjà au doigt
l'anneau de son amour; déjà tu es son épouse. Mais l'union (156) qu'il
veut, contracter aujourd'hui avec toi est une union nouvelle; c'est un
mode d'union que personne ne connaît. »
Je
n'essaierai pas d'exprimer la joie dans laquelle je fus ravie ; car mon
âme sentait tout cela dans le lieu même de la vérité, et tout ce qui
peut être dit n'est qu'un vide auprès de cette plénitude inaccessible à
notre pauvre langue. Ceci me fut un signe de ma prochaine délivrance ;
c'était au commencement de la maladie dont je vais mourir.
DOUZE ANS
Un
jour je vis Jésus-Christ dans l'hostie consacrée ; je le vis sous forme
d'enfant. Mais cet immense enfant, Seigneur au-dessus des seigneurs, me
semblait avoir en main le sceptre et le signe de la domination. Que
tenait-il donc dans sa main? Il m'est impossible de le dire, et pourtant
je voyais cela avec les yeux du corps. Le prêtre élevait l'hostie ;
tous tombèrent à genoux, excepté moi. Je restai debout; l'excès de ma
joie tenait mes yeux fixés sur lui. Mais le prêtre reposa trop vite pour
moi l'hostie sur l'autel. J'eus un moment cruel de tristesse et
d'ennui. Si j'essayais de dire la beauté et la splendeur de Celui que je
vis, il me faudrait une langue que je ne sais pas. A sa taille je lui
aurais bien donné douze ans. La joie de cette vision fut tellement
immense, que je la (158) crois éternelle. Sa réalité fut si certaine,
qu'elle ne laissa place à aucun doute.
Dans
l'éblouissement de ma joie, je ne fus pas même capable de crier, comme à
mon ordinaire : Au secours ! Je ne dis rien, ni de bon, ni de mauvais.
Ravie par cette splendeur. je ne trouvai pas un mot à dire.
SPLENDEUR
Un
autre jour, pendant la messe, je fus ravie en esprit, et je parlai au
Seigneur, et je lui demandai : « Vous êtes dans le saint Sacrement ;
mais, Seigneur, où sont vos fidèles? » Mais lui, m'ouvrant
l'intelligence, répondit, et me dit : « Là où je suis, là ils sont avec
moi.
J'ouvris
les yeux de l'âme, et je vis cela être ainsi; et parmi les fidèles je
me distinguai clairement ; mais cet être que nous avions là n'était pas
en dedans de la Divinité, il était en dehors. Il est seul en lui-même
partout où il est ; seulement il comprend toutes choses. J'ai vu le
corps de Jésus-Christ dans le saint Sacrement, souvent et sous divers
aspects. Quelque fois j'ai vu le cou de Jésus-Christ, mais avec une
telle splendeur et un telle magnificence, qu'auprès de lui le soleil en
avait bien peu. C'est cette beauté qui m'a révélé Dieu. Que le soleil
est pâle à côté de lui ! J'ai vu à la (160) maison la même vision, plus
belle encore. Inexprimable joie qui sera, je pense, une joie éternelle !
Cette splendeur que j'ai vue à la maison ne peut se comparer qu'à celle
que je vois dans l'hostie. Mais j'éprouve une peine profonde je ne puis
faire entendre ce que j'ai vu. Il m'est arrivé aussi de voir deux yeux
éblouissants, .puis la bouche, et je ne voyais plus que cela. Ces
visions ressemblent à des créations nouvelles; c'est la joie qui les
opère. Ces joies immenses et variées ne peuvent être comparées entre
elles ; mais chacune d'elles, à force d'être immense, paraît devoir être
éternelle. (161)
Jésus,
communément dans la très-sainte Eucharistie, se montre sous la figure
d'un tout petit enfant ; dans l'exemple qui va suivre, il paraîtra un
peu plus avancé en âge.
La
bienheureuse Angèle de Foligno, ainsi appelée de la ville de ce nom,
entre Assise et Spolette, en Ombrie, passa d'abord par des voies bien
différentes des saintes dont je viens de parler. Avant de se consacrer à
Dieu, elle avait été mariée, avait eu beaucoup d'enfants, avait joui
d'une fortune considérable ; elle aurait pu se sanctifier dans cet état
si elle en eût fidèlement rempli tous les devoirs, mais elle avait fait
des péchés graves, et, poussée par une fausse honte, elle avait eu
l'affreux malheur de recevoir la sainte communion sans les avoir confessés. Ce fut dans cet état que Jésus la prit pour l'arracher aux liens qui l'attachaient au monde.
Une
nuit, assaillie par les remords de sa conscience, elle eut recours à
l'intercession de saint François d'Assise et le supplia de lui trouver
un confesseur auquel elle ne craignît pas de faire connaître ses péchés.
Le saint lui apparut aussitôt et lui dit avec compassion: « Ma sœur,
pourquoi ne l'avez-vous pas demandé plus tôt ? Vous avez obtenu ce que
vous demandez. »
Le lendemain, elle se confessa en effet, et se confessa bien ; mais Dieu, qui voulait la mener bien plus loin dans la voie de la vertu, ne lui fit pas sentir encore les douceurs de son amour. Dans cette confession, elle ne ressentit que de l'amertume, de la honte et de la douleur. Bientôt après, cependant, elle se mit à considérer la miséricorde de Dieu qui l'avait arrachée de l'enfer ; elle l'avait mérité, c'était hors de doute. Cette terrible pensée lui apparut comme un trait de lumière ; elle se mit à pleurer et sentit un vif désir de faire pénitence. Ce fut le commencement de ce qu'elle fit pour Dieu et de tout ce que Dieu fit pour elle.
Elle raconte elle-même, dans le récit qu'elle a hissé de sa vie intérieure, comment elle aperçut un jour dans l'hostie consacrée, au moment de l'élévation, Jésus sous la figure d'un enfant d'une douzaine d'années. Il était assis sur un trône, portait un sceptre avec beaucoup de majesté ; il avait un grand air de domination et une beauté impossible à dépeindre. Angèle fut si pénétrée à cette vue, qu'elle resta sans mouvement. Les autres religieuses du couvent où elle s'était retirée se prosternaient, elle restait immobile, ébahie, sans parole et remplie d'une telle joie, « que je ne crois pas, » a-t-elle écrit, « que son impression puisse s'effacer de toute l'éternité. » Elle s'étonnait ensuite de n'avoir pas trouvé dans ce moment suprême une parole à dire à son doux Maître ; mais telle était sa joie, qu'elle ne songea pas à ouvrir les lèvres. Lorsque le prêtre baissa l'hostie et la posa sur l'autel, la vision disparut, et la bienheureuse eut une peine extrême de perdre la vue d'un spectacle si consolant.
Le lendemain, elle se confessa en effet, et se confessa bien ; mais Dieu, qui voulait la mener bien plus loin dans la voie de la vertu, ne lui fit pas sentir encore les douceurs de son amour. Dans cette confession, elle ne ressentit que de l'amertume, de la honte et de la douleur. Bientôt après, cependant, elle se mit à considérer la miséricorde de Dieu qui l'avait arrachée de l'enfer ; elle l'avait mérité, c'était hors de doute. Cette terrible pensée lui apparut comme un trait de lumière ; elle se mit à pleurer et sentit un vif désir de faire pénitence. Ce fut le commencement de ce qu'elle fit pour Dieu et de tout ce que Dieu fit pour elle.
Elle raconte elle-même, dans le récit qu'elle a hissé de sa vie intérieure, comment elle aperçut un jour dans l'hostie consacrée, au moment de l'élévation, Jésus sous la figure d'un enfant d'une douzaine d'années. Il était assis sur un trône, portait un sceptre avec beaucoup de majesté ; il avait un grand air de domination et une beauté impossible à dépeindre. Angèle fut si pénétrée à cette vue, qu'elle resta sans mouvement. Les autres religieuses du couvent où elle s'était retirée se prosternaient, elle restait immobile, ébahie, sans parole et remplie d'une telle joie, « que je ne crois pas, » a-t-elle écrit, « que son impression puisse s'effacer de toute l'éternité. » Elle s'étonnait ensuite de n'avoir pas trouvé dans ce moment suprême une parole à dire à son doux Maître ; mais telle était sa joie, qu'elle ne songea pas à ouvrir les lèvres. Lorsque le prêtre baissa l'hostie et la posa sur l'autel, la vision disparut, et la bienheureuse eut une peine extrême de perdre la vue d'un spectacle si consolant.
Mais
Dieu, bien d'autres fois, puisa pour la bienheureuse Angèle dans les
trésors de ses plus douces faveurs. Pendant que votre intérêt est fixé
sur elle, je vous en rapporterai un autre trait qui, autrement, aurait
dû trouver sa place un peu plus loin, lorsque je vous parlerai des
communications de Jésus enfant avec les saints, mais désormais sans
rapport direct avec le Très-Saint-Sacrement.
C'était
le jour de la Purification ; Angèle était allée dans l'église des
frères Mineurs, à Foligno ; elle y entendit cette parole intérieure : «
Voilà le moment où la vierge Marie vient dans le temple avec son fils; »
« mon âme entendit cette parole avec un grand amour, dit-elle, « elle
en fut ravie, et je vis Notre-Dame qui entrait dans ce moment même, et
mon âme fut au-devant d'elle avec beaucoup de respect et d'amour. Je
craignais, cependant, un peu de m'approcher, elle-même me tranquillisa
et me présentant Jésus, son fils, elle me dit : Prends mon fils, puisque
tu l'aimes ; elle me remit en effet son fils dans les bras, il semblait
avoir les yeux fermés, et dormir. Il ouvrit ensuite les yeux et me
regarda !
A
la vue de ces yeux, je sentis en moi tant d'amour que j'étais vraiment
vaincue. Il sortit de ces yeux tant de splendeur, de telles flammes
d'amour et de joie, que c'est indicible. Il m'apparut alors comme une
majesté immense, ineffable, et me dit : Qui ne m'a pas vu petit ne me
verra pas grand ; puis il ajouta : Je suis venu à toi, je me suis offert
à toi afin que tu t'offres toi-même à moi. Et mon âme s'offrit alors à
lui d'une manière inexprimable : tout de nouveau je m'offris à lui tout
entière, moi et tous mes enfants de la manière la plus complète, ne me
réservant rien ; et je compris que le Seigneur acceptait cette offrande
et qu'elle lui était très-agréable. »
Quelques
jours avant la mort de la bienheureuse Angèle, Jésus lui apparut une
dernière fois, on ne dit pas sous quelle forme, et lui parla ainsi : «
Viens, ma bien-aimée, épouse aimée d'un véritable amour ; viens, tous
les saints t'attendent dans la joie. » Il lui dit encore : «Je ne
confierai à aucun ange, à aucun saint le soin de te conduire ; je
viendrai en personne te chercher et te prendre avec moi. » Et le jour de
l'octave des saints Innocents, le 4 janvier 1309, comme prise d'un
léger sommeil, elle reposa en paix ».
Source : Livre "Fleurs de Sainte enfance" par Henri-Julien-Léonard de Grimoüard de Saint-Laurent
La grâce divine
Un
jour j’entendis une voix divine qui me disait : « Moi qui te parle, je
suis la puissance divine, qui t’apporte une grâce divine. Cette grâce,
la voici : je veux que ta vue seule soit utile à ceux qui te verront. Ah
! ce n’est pas tout ! je veux que ta pensée, ton souvenir et ton nom,
portent secours et faveur à quiconque s’en servira. Personne ne pensera à
toi en vain. Toute âme qui se souviendra de toi recevra une grâce
proportionnée à l’union divine qu’elle possédera déjà. »
Je refusai, malgré ma joie, craignant la vaine gloire.
Mais il ajouta :
«
Tu n’as rien à tirer de là, rien, quant à la vanité. Cette gloire n’est
pas la tienne ; c’est un fardeau que tu porteras, et ce n’est pas autre
chose. Garde-le ; porte-le ; et restitue la gloire à son propriétaire.
»
Je compris que j’étais en sûreté. « Et cependant, me dit-il, ta crainte ne m’a pas déplu. »
J’entrai
à l’église et j’entendis une parole qui récréa mon âme. La voix disait :
« O ma fille chérie ! mais elle se servit d’un bien autre nom que je
n’ose pas écrire; et elle ajouta : « Aucune créature ne peut te donner
consolation ; je tiens cela dans mes mains ; je vais te montrer ma
puissance. »
Les
yeux de l’esprit furent ouverts en moi, je vis une plénitude divine où
j’embrassais tout l’univers, en deçà et au delà des mers, et l’Océan, et
l’abîme, et toutes choses, et je ne voyais rien nulle part que la
puissance divine ; le mode de la vision était absolument inénarrable.
Dans un transport d’admiration, je m’écriai : « Mais il est plein de
Dieu, il est plein de Dieu, cet univers. » Aussitôt l’univers me sembla
petit. Je vis la puissance de Dieu qui ne le remplissait pas seulement,
mais qui débordait de tous les côtés.
« Je t’ai montré, dit-il quelque chose de ma puissance. »
Et je compris que, plus tard je pourrais peut. être en recevoir une intelligence plus élevée.
« Je t’ai montré, dit-il, quelque chose de ma puissance ; regarde mon humilité. »
Je vis un abîme épouvantable de profondeur; c’était le mouvement de Dieu vers l’homme et vers toutes choses.
Me
souvenant de la puissance inénarrable, et voyant l’abîme de la
descente, je sentis ce que j’étais ; c’était le rien, absolument rien,
un néant, et dans ce néant rien, rien, excepté l’orgueil ! Je tombai
dans un abîme de méditation, et, épouvantée d’être indigne à ce point je
me dis : Non, non, je ne veux plus communier.
«
Ma fille, dit-il, le point où tu es montée est inaccessible à la
créature ! Il faut quelque grâce de Dieu très spéciale pour qu’un être
vivant soit transporté là. »
Cependant la messe avançait ; le prêtre élevait l’hostie.
«
La puissance, dit la voix, la puissance est sur l’autel ! je suis en
toi ; si tu me reçois, tu reçois Celui que déjà tu possèdes. Communie
donc au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Moi qui suis digne,
je te fais digne. »
Je sentis au fond de l’âme l’inénarrable douceur d’une joie tellement immense, qu’elle remplira ma vie avant de s’épuiser.
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