L'adoration eucharistique Sainte Thérèse d'Avila

L'adoration eucharistique
Sainte Thérèse d'Avila

Thérèse d'Avila

Amour et respect de sainte Thérèse pour l'Eucharistie.
Le respect et l'amour que sainte Thérèse portait au Saint-Sacrement de l'autel, sont consignés dans ses ouvrages.
Ses expressions sont toutes de feu, quand il s'agit de cet auguste mystère.
Une seule communion, suivant elle, suffit pour enrichir l'âme de tous les trésors spirituels quand on n'y met aucun obstacle.
Nous n'avons point, dans l'état d'exil où nous sommes, de moyen plus propre à nous consoler et à nous fortifier, que de nous unir très souvent et très-ardemment à Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie, jusqu'à ce que nous puissions un jour lui être unis dans la gloire.
On ne saurait exprimer avec quelle ferveur elle s'approchait de la Table sainte, et avec quelle effusion elle répandait son âme devant son divin Sauveur.
Elle adressait alors au Tout-Puissant les plus ferventes prières, pour qu'il voulût bien, au nom de son Fils, arrêter le torrent d'iniquités dont la terre était inondée, et préserver l'univers des horribles profanations par lesquelles les hommes semblaient insulter à sa miséricorde.
Ces vœux et ces prières parlaient de l'amour enflammé qu'elle avait pour Dieu ; ses actions et ses écrits inspiraient également cet amour.

Effets admirables de la sainte communion dans une âme bien préparée.
La dévotion de sainte Thérèse pour le Saint-Sacrement de l'autel était telle, qu'elle avait coutume de dire que ce qui l'animait à souffrir les grands travaux de ses fondations, c'était qu'il y eût une église de plus où devait être le très-saint Sacrement.
Elle déplorait l'aveuglement des hérétiques de ces derniers temps, et elle ressentait vivement les irrévérences qu'ils commettaient contre ce divin Sacrement.
Cette dévotion solide et ardente de cette grande sainte, fut bien récompensée par Notre-Seigneur qui lui donnait ordinairement, au temps de la communion, de grands ravissements, accompagnés de lumières sur plusieurs vérités, de révélations de mystères, et de visions fort relevées.
Elle a vu souvent dans la sainte hostie Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuscité, d'autrefois mis en croix, quelquefois couronné d'épines, et en d'autres manières, mais toujours avec une si grande majesté que ces faveurs singulières formaient en elle une crainte pleine d'un saint respect.
De même que le soleil matériel dissipe et écarte les ténèbres et les nuages, ainsi sainte Thérèse, s'approchant de ce Soleil de justice, toutes ses tentations cessaient, ses afflictions étaient assoupies, ses peines d'esprit dissipées et ses obscurités bannies.
Pour lors, son âme avec ses puissances, ses désirs, ses actions et tout ce qu'il y avait en elle, semblait être arrachée d'elle-même, pour s'unir et se transformer en Dieu. Son corps aussi s'élevait de terre avec son âme, et semblait vouloir sortir de ce lieu de bannissement (1).
(I) Cette illustre sainte, traversant un jour son monastère, rencontra un petit enfant sur son passage ; étonnée, elle lui demanda comment il avait pu entrer ; et comme il se taisait, la Sainte pensa qu'il était parent de quelque religieuse, et lui demanda son nom. A cette question, il répondit : « Dites-moi d'abord le vôtre, afin que vous sachiez le mien. — Bien, reprit la Sainte, je m'appelle Thérèse de Jésus. » Alors l'enfant sourit amoureusement, une clarté divine brilla autour de lui : « Je suis, dit-il, le Jésus de Thérèse ; » et il disparut. Cette union de Thérèse et de Jésus est l'image de celle qui existe entre nous et Dieu, lorsque nous le recevons dans la très-sainte Communion. Il se forme alors un tel lien entre nous et Jésus-Christ que, selon sa parole même, nous habitons en lui et lui en nous. (2e part, de sa Vie/chap. XX)
Illusions d'une femme dévote sur la fréquente communion.
On peut quelquefois se faire illusion dans le désir qu'on a de communier souvent.
« Je me souviens, dit sainte Thérèse, d'avoir été dans un de nos monastères, où je connus une femme qui passait pour une très-grande servante de Dieu, comme je crois qu'elle l'était en effet. Elle communiait tous les jours, sans avoir de confesseur particulier et arrêté ; mais elle allait une fois communier dans une église, une autre fois dans une autre. Je prenais garde à tout cela, et j'aurais bien mieux aimé la voir obéir à une personne, que de lui voir faire tant de communions. Elle vint à être malade de la maladie dont elle mourut : elle fit alors toutes les diligences possibles, afin qu'on lui dit la Messe tous les jours dans sa maison, qu'on lui donnât le très-saint Sacrement. Comme la maladie durait longtemps, un prêtre, grand serviteur de Dieu, qui lui disait souvent la Messe, trouva mauvais qu'elle communiât ainsi tous les jours chez elle. Une fois donc, comme elle vit achever la Messe, sans que ce prêtre lui donnât la communion, elle se mit dans une telle colère contre lui, que, tout scandalisé, il vint m'en faire le récit, qui me fût fort sensible ; et cette femme mourut subitement de cette colère. Je ne sais pas même si elle se réconcilia, quoique je veuille croire que cet accident n'a pas été suffisant pour lui faire manquer son salut, puisque la bonté de Dieu est infiniment grande, néanmoins la tentation fut alors bien dangereuse. » (sainte Thérèse, liv, de ses fondations.)
 Fréquente communion de sainte Thérèse.
La communion doit être réglée par l'obéissance à son directeur. Diégue Yéprès, évêque de Tarragone, en Espagne, qui fut confesseur de sainte Thérèse pendant quatorze ans, rapporte dans la Vie de cette sainte, que, retirant un fruit particulier du très-saint Sacrement, elle communia pendant plus de vingt-trois ans, ordinairement tous les jours, par le conseil de plusieurs personnes très-éminentes en science. Notre-Seigneur lui-même approuva ces communions par un nouveau miracle ; car, comme elle avait chaque jour deux vomissements, l'un le matin et l'autre le soir ; aussitôt qu'elle commença à fréquenter la communion, celui du matin cessa, mais celui de la nuit dura toute sa vie. Quand ses confesseurs lui ôtaient la communion, ce qu'ils faisaient quelquefois pour la mortifier et l'éprouver, non-seulement elle ne témoignait pas en être affligée, mais, au contraire, elle les remerciait de ce que regardant en cela la gloire de Dieu, ils ne lui permettaient point d'approcher de la sainte Table, étant une si grande pécheresse. C'est ce qu'elle fit connaître, entre autres circonstances, dans une maladie qu'elle eut à Avila ; car, comme il y avait plus d'un mois qu'elle ne communiait point, une Sœur lui demanda si elle n'avait point de peine à demeurer si longtemps sans communier. Elle répondit que non, parce que, considérant que Dieu le voulait ainsi, son âme était comme si elle eût toujours reçu la communion ; et quoiqu'elle eût un grand désir d'en approcher, néanmoins elle mettait plus sa dévotion dans la pratique de la mortification et des vertus solides, que dans les fréquentes communions, sachant bien que, quand elles ne sont pas accompagnées d'humilité, de soumission et des autres vertus, on en doit plutôt craindre le jugement, qu'en attendre la récompense.
Importance de l'action de grâces après la sainte communion.
A peine sainte Thérèse avait-elle reçu le pain des anges que toutes les créatures disparaissaient à ses yeux. Elle disait avec l'Épouse des cantiques : J'ai trouvé Celui que j'aime et je ne le quitterai plus. Voici de belles paroles qu'elle adressait à ses religieuses :
« Demeurez de bon cœur avec lui, mes filles, et ne perdez pas cette heure qui suit la sainte communion ; c'est un temps excellent pour négocier et pour ménager les intérêts de votre âme. S'il arrive que l'obéissance vous appelle ailleurs, laissez votre âme avec le divin Maître. Mais si, aussitôt qu'il est entré dans votre cœur, vous portez volontairement votre pensée sur un autre objet, si vous ne faites aucun cas de lui, si vous oubliez qu'il est en vous, comment pourrait-il se faire connaître à votre âme ? Je le répète, c'est un temps souverainement précieux, que cette heure qui suit la communion : le divin Maître se plaît alors à nous instruire ; prêtons l'oreille, et, en reconnaissance de ce qu'il daigne nous faire entendre ses leçons, baisons-lui les pieds, et conjurons-le de ne pas s'éloigner de nous. Cet adorable Sauveur étant alors présent en nous, demandons-lui les mêmes grâces qu'en d'autres moments nous lui demandons devant quelqu'une de ses images ; et, puisqu'il est là en personne, gardons-nous de le quitter pour aller prier devant son image. Ce serait une folie : c'est comme si quelqu'un, possédant le portrait d'une personne qui lui est chère, et recevant sa visite, la laissait là, sans lui dire un mot, pour aller s'entretenir avec son portrait. Mais savez-vous en quel temps il est utile de recourir à un tableau de Notre-Seigneur, et que je le fais moi-même avec le plus grand plaisir ? C'est lorsque ce divin Maître s'éloigne de nous et nous le fait sentir par les sécheresses où il laisse notre âme. C'est alors une bien douce consolation d'avoir devant les yeux l'image du Bien-Aimé de nos cœurs ; je voudrais que notre vue ne pût se porter nulle part sans la rencontrer. Et quel objet plus saint, plus fait pour charmer les regards, que l'image de Celui qui a tant d'amour pour nous, qui est le principe et la source de tous les biens ? Oh ! que malheureux sont ces hérétiques qui, par leur faute, ont perdu cette consolation et tant d'autres !
« O mes filles, puisque Jésus-Christ lui-même est au dedans de vous, dès que vous avez reçu la sainte Eucharistie, fermez les yeux du corps pour ouvrir ceux de l'âme, et regardez-le, alors : il est au milieu de votre cœur. Je vous l'ai déjà dit, je vous le répète encore, je ne me lasserai point de vous le dire : si vous prenez cette salutaire habitude, chaque fois que vous approcherez du céleste banquet, si vous faites en sorte de vous conserver si pures, qu'il vous soit souvent permis d'être admises au nombre des convives de l'Époux, croyez que cet Époux divin ne se déguisera point tellement, qu'il ne se fasse connaître à votre âme en proportion du désir" que vous aurez de le voir ; et vous pouvez le souhaiter avec une telle ardeur, qu'il écartera tons les voiles et se découvrira entièrement à vous.
« Mais, si immédiatement après l'avoir reçu, au lieu de lui témoigner notre respect et notre amour, nous le quittons pour nous livrer au monde et à ses vanités, que doit-il faire ? Est-ce à lui de nous en retirer par force, de nous contraindre de porter sur lui nos regards, afin de se faire ensuite connaître à nous ? Non, certes : car il lui est déjà arrivé de se montrer aux hommes à découvert, de leur dire clairement ce qu'il était, et l'on sait avec quelle indignité ils le traitèrent et combien peu crurent en lui. La faveur qu'il nous fait à tous, de vouloir que nous soyons assurés de sa présence dans le très-saint Sacrement doit nous suffire ; et, si quelquefois il se montre sans voiles, s'il se plaît alors à communiquer ses grandeurs et à prodiguer ses trésors, ce n'est qu'à ses véritables amis, à ceux qui l'appellent de toute l'ardeur de leurs désirs. C'est vainement que ceux qui n'ont pas mérité cet heureux nom d'ami de leur Sauveur, qui ne font rien pour se rendre dignes de l'approcher et de le recevoir, l'importunent, afin qu'il veuille bien se manifester à eux. Que demandent-ils ? quels titres ont-ils à une pareille faveur ? Approchant de la sainte Table une fois dans l'année, impatients d'avoir strictement satisfait au précepte de l'Église, ils se hâtent de chasser Jésus-Christ d'eux-mêmes aussitôt qu'il y est entré. Ils ont l'esprit tellement possédé par les affaires, les occupations et les embarras du siècle, qu'il semble qu'à leur gré, Celui qu'ils ont reçu dans la demeure de leur âme n'en sortira jamais assez tôt. » (Chemin de la perfection, chap.XXXV)
La communion spirituelle.
Sainte Thérèse éprouvait un désir si ardent de s'unira Jésus, que la réception quotidienne de l'Eucharistie ne lui suffisait pas. Mille fois le jour elle soupirait après son bien-aimé, et se dédommageait de ne pouvoir le recevoir qu'une seule fois par jour en faisant bien souvent la communion spirituelle. Voici ce qu'elle disait à ses filles à ce sujet :
« Les jours où vous entendez la Messe sans communier, faites-le spirituellement ; rien ne vous en empêche, et vous en retirerez le plus grand fruit. Aussitôt après, recueillez-vous au-dedans de vous-mêmes avec le divin Maître, de la même manière que si vous l'aviez réellement reçu. Son amour s'imprime ainsi merveilleusement dans nos âmes. Chaque fois que nous nous disposons à le recevoir, il nous donne quelque grâce, et se communique à nous en diverses manières qui nous sont incompréhensibles. Il agit à la manière du feu. Vous êtes en hiver dans un appartement où il y a un grand feu ; si vous vous en tenez éloignées, vous ne vous chaufferez guère ; seulement vous aurez moins froid que s'il n'y avait point de feu ; mais approchez, ce sera autre chose, vous sentirez toute sa bienfaisante action. Il en est absolument de même de notre âme : si elle se dispose, c'est-à-dire si elle souhaite perdre son froid, et si par le désir elle s'approche de Jésus-Christ, qui est son véritable feu, il lui suffira de quelques moments passés auprès de lui pour être pénétrée d'une divine chaleur qui lui durera plusieurs heures.
« Si dans le principe vous ne vous trouvez pas bien de cette pratique, sachez que le démon en peut être cause : voyant quel dommage il en reçoit, pour vous en détourner il vous fera éprouver je ne sais quel trouble et quelle angoisse de cœur, et il cherchera à vous persuader que vous trouverez plus de dévotion en d'autres exercices de piété. Malgré ses insinuations, tenez ferme, n'abandonnez pas une si salutaire pratique, et prouvez ainsi à Notre-Seigneur que vous l'aimez véritablement. » (Œuvres de sainte Thérèse, Chemin de la perfection, page 259, chapitre XXXVI)
« De temps en temps je me sens saisie d'un si ardent désir de communier, que nulles paroles ne sont capables de l'exprimer. Cela m'arriva un matin où la pluie, tombant par torrents, semblait m'interdire de faire un pas hors de la maison. Je sortis néanmoins, et je me trouvai bientôt tellement hors de moi par la véhémence de ce désir, que, quand on aurait dressé des lances contre ma poitrine, j'aurai passé outre. Qu'on juge si la pluie pouvait m'arrêter.
« J'assistai à la Messe et je communiai ; mais je ne saurais dire comment je fus durant tout ce temps : car il me parut très-court. Je ne pouvais, me repliant sur moi-même, me lasser d'admirer ce feu divin qui du brasier du céleste amour tombe dans l'âme. Il est tellement surnaturel, qu'avec tous mes désirs et mes efforts je ne saurais obtenir une seule étincelle, si le divin Maître ne me l'accorde en pur don. Sa puissante ardeur, consumant le vieil homme avec toutes ses imperfections, ses langueurs et ses misères, le fait en quelque sorte renaître de ses cendres, comme je l'ai lu du phénix : l'âme ne paraît plus la même, tant elle a changé de désirs et acquis de vigueur ; aussi elle commence à marcher dans le chemin du ciel avec une pureté toute nouvelle. Comme je souhaitais ardemment de me voir ainsi transformée, je suppliai le divin Maître de m'embraser de cette nouvelle ferveur pour commencer à le servir ; il me répondit : « La comparaison que lu viens d'employer est très juste ; prends bien garde de l'oublier, afin qu'elle t'excite à faire sans cesse de nouveaux efforts pour devenir plus parfaite. » (Vie de sainte Thérèse, tome I", chap. XXXIX)

Les derniers moments de sainte Thérèse.
Avant sa mort, la séraphique réformatrice du Carmel eut le bonheur de laisser un grand nombre de monastères d'hommes et de femmes où l'on suivait sa règle avec une ferveur angélique.
Sainte Thérèse était âgée alors seulement de soixante-six ans ; mais consumée d'amour comme elle l'était, elle ne faisait plus que languir sur la terre ; et tout le monde connaît son dernier chant d'impatience, son dernier cri d'exilée... Muero parque no muero.' Je me meurs de regret de ne pouvoir mourir.
D'ailleurs, les maladies, les voyages, les soucis sans nombre, avaient miné profondément une nature aussi délicate, Thérèse tomba malade, en 1502, à Alva de Tormez et comprit que le moment de sa délivrance était arrivé.
Elle souffrit avec une patience angélique, prédit avec bonheur sa mort prochaine, et reçut les derniers sacrements avec un amour de séraphin.
Sa fidèle compagne, la vénérable sœur Anne de Saint-Barthélemy, sur le bras de qui elle reposait, la vit se lever sur son séant, avec un visage rayonnant de joie, lorsqu'on lui présenta la sainte hostie.
Comme on vit que sa fin approchait, on lui demanda où elle voulait être enterrée... « Oh ! dit-elle, est-ce qu'ici on refuserait un peu de terre à la pauvre pécheresse ?... » Puis elle entra en agonie ; Jésus-Christ lui apparut environné d'anges, et reçut ainsi cette belle âme pour la porter en paradis. Ce fut dans la nuit du 4 au 5, ou plutôt du 4 au 15 octobre 1582, à cause de la suppression de dix jours, ordonnée par le pape Grégoire XIII, pour la rectification du calendrier (1).
(l) Dès que la sainte fut morte, son visage parut plus beau qu'à l'ordinaire : elle était sans aucune ride, quoique à cause de son âge elle en avait quelques-unes. Son corps était blanc comme l'albâtre, sa chair douce et maniable comme celle d'un enfant ; enfin tous ses membres étaient flexibles, comme si elle eût été vivante. Il sortait de son corps une odeur douce, qu'on ne pouvait comparer à aucune odeur naturelle, et qui était si forte que, pour la supporter, il fallut ouvrir les fenêtres de la chambre où il reposait. Cette nuit et le jour suivant, tout le couvent fut rempli de cette odeur. Elle s'exhalait même de toutes les choses qui avaient été à son usage, jusque-là qu'une sœur, qui quelques jours après la sentit dans la cuisine, s'aperçut qu'elle venait d'une salière dans laquelle, pendant sa maladie, la sainte avait mis ses doigts. Cette odeur surprit d'autant moins après sa mort que, pendant sa vie, lors même qu'elle était malade, elle l'exhalait quelquefois, ainsi que l'a certifié la sueur Anne de Saint-Barthélemy, qui depuis plusieurs années ne la quittait pas. On rapporte aussi qu'une dame de Palencia, ayant amené son fils à la sainte pour qu'elle le bénît, l'enfant en s'en retournant dit à sa mère ; que les mains de cette sainte sentent bon ! »

Au moment de sa mort un arbre, desséché depuis longtemps et planté en face de sa cellule, fleurit subitement ; s on corps, altéré par la maladie, reprit toute sa beauté virginale et répandit la plus suave odeur ; il se conserve encore dans cet état, et en l'essuyant il rend une sorte de baume odoriférant, qui a opéré une foule de miracles. Les prodiges se multiplièrent à son tombeau, et Grégoire XV la canonisa en 1621, c'est-à-dire moins de quarante ans après sa mort. On lui a appliqué le verset de l'Écriture : Quasi ignis effulgens, et thus ardens in igne ! « Elle passa comme une flamme éclatante répandant l'odeur de l'encens consumé par le feu » On a été jusqu'à la regarder presque comme un docteur de l'Eglise, et il est certain que ses ouvrages sont allégués comme faisant autorité, dans les matières dont elle s'est occupée... Mulla cœlestis sapientiw documenta conscripsit. « Elle a écrit de nombreux ouvrages pleins d'une « sagesse céleste, » dit l'Église (Brev. rom.,dieXVOct., 2 Noct.) ; et elle demande à Dieu « que ses fidèles soient nourris de la doctrine céleste de cette grande sainte : » Cœlestis ejus doctrina pabulo nutriamwr. (Ibid., in oral. ) C'est assurément la plus belle figure de femme qui apparaisse dans l'histoire ecclésiastique. II semble que la nature et la grâce se soient plues à la combler de leurs dons ; et l'on ne saurait dire le bien immense qu'elle a opéré et opère encore dans l'Eglise... On a vu les hérétiques les plus obstinés se convertir, en lisant ses admirables écrits dans le dessein de les critiquer, et un célèbre politique anglais a dit qu'elle avait un génie à gouverner un empire.


    


Thérèse d'Avila

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