Malestroit Yvonne Aimée

Malestroit 
Yvonne Aimée


Yvonne Aimée est née le 16 juillet 1901 à Cossé-en-Champagne. Ses parents sont Alfred Beauvais et Lucie Brulé.
Son père décède le 17 octobre 1904.
Elle est confiée à sa grand-mère maternelle.
Elle a une très tendre dévotion envers la Sainte Vierge et envers son ange gardien, un grand désir, déjà, de l’Eucharistie, et une recherche passionnée de « son Jésus » dans les pauvres. Elle vit, avant la formule, et dès son jeune âge, la « petite voie d’enfance spirituelle » de Thérèse de Lisieux, pour qui elle se prend d’une grande affection.
A l’âge de 6 ans, elle rejoint sa mère et la suit, à Argentan et à Toul, dans les divers pensionnats dont celle-ci prend la direction, pour parer au départ des religieuses enseignantes.

Malestroit : Yvonne Aimée

Elle fait sa première communion à Paris, elle a 9 ans. Deux jours après, le 1er janvier 1911, elle écrit de son sang un « Pacte d’amour » avec le « Petit Jésus », en des termes surprenants pour une enfant de cet âge.
Ô mon petit Jésus,
je me donne à toi entièrement et pour toujours.
Je voudrai toujours ce que tu voudras.
Je ferai tout ce que tu me diras de faire.
Je ne vivrai que pour toi.
Je travaillerai en silence
et, si Tu veux, je souffrirai beaucoup en silence ;
Je te supplie de me faire devenir sainte,
une très grande sainte, une martyre.
Fais-moi être fidèle toujours.
Je veux sauver beaucoup d’âmes
et t’aimer plus que tout le monde,
mais je veux aussi être toute petite,
afin de te donner plus de gloire.
Je veux te posséder, mon petit Jésus,
et te rayonner.
Je veux n’être qu’à toi
mais je veux surtout ta volonté.

Ce pacte, elle le résuma allègrement plus tard dans la devise qu’elle se choisit : Tout droit au service du Roi Jésus.
A 14 ans, en Angleterre où elle continue ses études, elle prend l’habitude de réciter chaque jour le « Petit Office de la Sainte Vierge ».
A 20 ans, elle s’inscrit à Paris dans l’Association des Jeunes Filles de Marie Immaculée, au service des pauvres.
Ce n’est que bien plus tard, à son entrée au couvent, que l’on aura connaissance de sa nombreuse famille de pauvres, quand aussi l’obéissance l’obligera à raconter ses expériences charitables dans la zone parisienne ou au Mans, et les circonstances exceptionnelles, pour ne pas dire miraculeuses, qui accompagnèrent son apostolat.
Comment pendant toutes ces années a-t-elle réussi à cacher ses initiatives et surtout ses souffrances ?
En 1921, Yvonne a 20 ans : c’est une jeune fille rayonnante, enjouée, très artiste, toujours prête a rendre service, à la maison ou au dehors, à l’affût constant des âmes. Elle met de la joie partout, dans les salons où on l’invite et dans la mansarde de ses amis les pauvres.
Pour elle, « être joyeuse, c’est être charitable ». Elle note sa dévotion : « Je mettrai un sourire sur mes lèvres, et saurai l’y fixer en pensant à Vous, mon Jésus. Je vous prendrai des âmes tout en dégustant... une tasse de thé ». Seul, le Seigneur sait à quel prix !
Yvonne tombe malade et, pour achever sa convalescence, elle arrive, le 18 mars 1922, par une circonstance providentielle, dans une petite clinique que les Chanoinesses Augustines Hospitalières tiennent à Malestroit, petite ville dans un coin ignoré du Morbihan. Le monastère est l’un des plus humbles de l’Ordre.
Mais c’est, le 5 juillet suivant, que se produit pour la jeune fille la « révélation » qui fixe son avenir et sa « mission ».

Malestroit : Yvonne Aimée

A partir de ce jour et jusqu’à sa mort, Yvonne, devenue, même avant son entrée dans ce couvent comme religieuse, Yvonne-Aimée de Jésus, sera l’objet de grâces extraordinaires mais sera aussi vicitime des persécutions du démon.
Une vie de réparation pour les pécheurs, pour les âmes du purgatoire, et pour les sacrilèges commis envers l’Eucharistie, ira se précisant de plus en plus, à tel point qu’elle ne passera plus, dès lors, une seule de ses journées ni très souvent de ses nuits, sans être l’objet des exigences de l’Amour Rédempteur. Elle n’est toujours aux yeux du monde que la jeune fille délicieuse, souriante, dévouée, mais sa prière intime est maintenant :
« Ô Jésus, je me livre pleinement
à vos mystérieuses opérations dans mon âme »
.
Elle inaugure, pour toute sa vie, une Heure Sainte douloureuse, chaque jeudi de 23 heures à minuit. Elle est obligée d’avouer : « Je dis toujours oui au Bon Jésus ». Cet acquiescement total exige d’elle un héroïsme quotidien dans la souffrance du corps et de l’âme. Rien de ce qui lui est demandé ne la rebute :
« Si Dieu commande, que puis-je faire qu’obéir ? S’il me dit d’aller déraciner la montagne, je me lèverai dès le matin, j’irai assiéger le pied du géant, et si le pic et la bêche me manquent, armée de mes seules mains, j’irai encore !.. »
Peu après ce 5 juillet, elle se rend compte qu’elle n’a pas le droit de porter seule son secret ; elle s’en remet alors à ses directeurs, et aux exigences parfois très pénibles de ceux qui sont officiellement chargés de contrôler son étonnante vocation. Elle sera ainsi, jusqu’à la fin, toujours soumise aux décisions des autorités ecclésiastiques.
C’est de cette époque que date son oraison jaculatoire :
« Ô Jésus, Roi d’Amour,
j’ai confiance en Votre Miséricordieuse Bonté »
.
Cette prière devint la source de nombreuses grâces spirituelles et temporelles pour les personnes qui l’adoptèrent. Par la suite, elle fut enrichie d’indulgences par les Souverains Pontifes Pie XI, Pie XII et Jean XXIII, pour tout l’Ordre et les hospitalisés, et par des Évêques, pour leur diocèse respectif.
En septembre 1922, sa convalescence terminée, Yvonne devra quitter, pour y revenir de temps en temps, son « cher couvent », comme elle l’appelle déjà, et retourner à Paris ou au Mans, au gré des volontés de sa mère qui ignore encore tout de ce qui s’est passé.
Le Seigneur se fera enfin entendre très nettement : Yvonne-Aimée sera religieuse Augustine à Malestroit.
Jusqu’en 1927, elle mène sa vie vouée aux ordres parfois déconcertants de son Roi d’Amour, et sa vie de jeune fille dans le monde. A part quelques amies que le Seigneur choisit, surtout pour la préserver des indiscrétions, nul ne se doute qu’Yvonne Beauvais est une privilégiée.
Enfin, les oppositions à son entrée en communauté sont providentiellement levées : Yvonne se présente au postulat de Malestroit, le 18 mars 1927.
Le 10 septembre, dans la cérémonie de vêture, le prédicateur (R.P. Crété S.) était autorisé à jeter une lumière sur le mystère de la nouvelle novice :
« Épreuves et joies, souffrances et tentations, les anges, les hommes et les démons, tout a été mis en œuvre pour porter les coups et donner les caresses qui devaient rendre la petite fiancée moins indigne du Seigneur Jésus. »
Mais, fin novembre, elle tombe si gravement malade qu’on juge nécessaire de lui donner l’extrême-onction et de lui faire prononcer ses vœux in articulo mortis. Toute la communauté, l’aumônier, son directeur, le supérieur ecclésiastique entourent son lit d’agonie et seront les témoins d’un miracle. La mourante devant eux reprend soudain vie et, dans un soupir, on peut saisir ses paroles
« Ton Amour sera mon ciel sur la terre ».
Et elle regagnait, une demi-heure après, sa place au chœur ! On va voir celle que le Seigneur lui réservait dans sa communauté et dans l’Ordre des Chanoinesses.
Le 21 décembre de la même année, l’Évêque de Vannes, dont dépend le monastère, autorise les supérieures à confier à la novice, un mois après son acquiescement à la Volonté divine, la construction à Malestroit d’une grande clinique moderne pour laquelle un bienfaiteur inespéré assurait la première mise de fonds.
Elle y prendra ensuite la direction pénible de la cuisine, tout en travaillant, comme secrétaire, à la préparation du second Chapitre général de l’Ordre, en vue de la révision des Constitutions que sa supérieure ira avec elle, au nom de tous les monastères, faire approuver à Rome.
Entre-temps, le petit couvent de Malestroit devenait un monastère florissant : les sujets y affluent, et sœur Yvonne-Aimée de Jésus se voit confier leur formation pour leur inculquer, dans l’esprit de l’Ordre, son propre esprit d’abandon joyeux, simple, confiant et total à la volonté du « Seigneur Jésus ». Qui pourrait résister à l’attirance de la jeune Maîtresse des novices, qui, au surplus, a le don de lire dans les cœurs !
A 34 ans, après 7 ans de vœux, elle est élue Supérieure de la Communauté, puis en 1939, Présidente, et, après la guerre, Supérieure Générale de la Fédération de tous les monastères de l’Ordre, dont elle avait rédigé et présenté à l’approbation de Rome, les statuts.
Malestroit, ce Nazareth de l’Ordre, en devient désormais le centre rayonnant ; Mère Yvonne-Aimée s’y montre « une maîtresse-femme, à la ressemblance des grandes fondatrices, supérieurement douée par sa mission ». On a peine à la suivre dans son activité débordante où rayonnent la force et la bonté ; mais celle-ci n’est que l’aspect visible de sa vocation, ou plutôt l’un et l’autre s’entremêlent, l’aspect mystérieux n’ayant plus comme témoin qu’un cercle restreint de son entourage et le contrôle de ses directeurs. C’est toujours la même voie douloureuse pour le rachat des âmes, parmi les éclairs des prédilections divines.
Durant l'occupation, elle soigne des blessés allemands, mais reçoit aussi des résistants. Le 16 février 1943, elle est arrêtée par la Gestapo.
Le 24 juin 1945, elle reçoit la Croix de Guerre avec palme, à Saint-Marcel.

Malestroit : Yvonne Aimée

Le 22 juillet 1945, le général Charles de Gaulle en personne lui remet la Légion d'honneur, à Vannes, pour avoir caché et soigné à la clinique soldats alliés et résistants bretons.
Le 3 janvier 1946, la Médaille de la Résistance et la Médaille de la Reconnaissance Française lui sont décernées. En 1946, elle fonde la Fédération des Monastères d'Augustines et est élue première Supérieure Générale. Elle est aussi reçue par Pie XII.

Malgré son pauvre corps douloureux, sillonné de cicatrices et brûlé de fièvres constantes, elle formait le projet, au début de 1951, d’aller visiter ses filles au Natal en Afrique du Sud.

Malestroit : Yvonne Aimée

Mais, le 3 février 1951, à la veille de son départ, elle rendait sa belle âme à Dieu, à l’âge de 49 ans.

Depuis, ceux et celles qui l’ont approchée continuent à sentir sa présence ; et les personnes qui l’invoquent sont unanimes à reconnaître l’efficacité de son Intervention auprès de « son Roi d’Amour » dont elle avait, sur terre, accompli, avec une fidélité inébranlable, les moindres ordres de la Volonté rédemptrice, et accepté d’être la collaboratrice et la messagère de la Miséricordieuse Bonté.

Le 1er juin 1960, la congrégation romaine du Saint Office met fin à son procès de béatification par décret avec interdiction de publier des ouvrages sur Yvonne-Aimée de Malestroit (partiellement levée en 1989). La congrégation romaine du Saint-Office a stoppé son procès de canonisation, après des controverses sur le caractère miraculeux d'événements survenus dans la vie d'Yvonne Aimée, tels que des cas de bilocation, stigmatisation, prémonitions et xénoglossie (le fait de parler des langues étrangères qu'on n'a pas apprises).
Le Père René Laurentin, mariologue, théologien et ancien expert au concile Vatican II, a obtenu, en 1981 la réouverture du dossier clos par le Saint-Office. Il a depuis publié de nombreux livres sur le cas d'Yvonne-Aimée de Malestroit qu'il tente de réhabiliter.
Une rue de Cossé-en-Champagne porte le nom de "Yvonne Aimée".

Le site internet de la communauté des Augustines de Malestroit : http://www.augustines-malestroit.com/portrait.php

Les apparitions de Jésus et de Marie, les attaques du démon
Premier Appel : 21 ans
Le 5 juillet 1922, j'étais au lit depuis 10 minutes environ, quand j'entendis distinctement mon nom : " Yvonne " !
Je tournai la tête vers la cheminée, d'où la voix semblait venir. Il n'y avait personne. Pensant que je m'étais trompée, je me recouchai et essayai de dormir. Une seconde fois, j'entendis : " Yvonne "! J'eus peur, très peur, et je mis la tête sous mes couvertures et je commençai à réciter le " Notre Père ", tout haut.
Arrivée à ces paroles : " Pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés ", la voix se fit de nouveau entendre : " Yvonne " Je me mis à genoux sur mon lit et du côté de la cheminée je vis une lueur... rien de naturel ne la provoquait !
Puis une Croix se dessina pendant que la voix d'une extrême douceur disait :
- Veux-tu La porter ?
- Oh ! oui Seigneur, répondis-je.
Je me sentis à ce moment même envahie d'un bonheur immense. La voix reprit :
- Sois une âme abandonnée. Accepte les épreuves que Je t'enverrai comme la plus grande grâce et la plus grande faveur donnée aux âmes que j'aime. Accepte-les sans t'en plaindre, sans en examiner la nature ou la durée, sans t'en prévaloir. Ne prête pas attention à ce qui te mortifiera ou t'humiliera, Regarde-Moi, je t'aime. Cela ne suffit-il pas à ton coeur ?
- Oh si, Seigneur, répondis-je, je Vous aime. Mais est-ce bien Vous qui daignez me parler, et Vous occuper de votre petite créature ?
Dites, Seigneur Jésus, est-ce bien Vous ? Alors je vis une main s'avancer près de la Croix, cueillir une fleur de lys et me la donner. A ce moment, j'éprouvai un transport de joie et d'amour qui me fit presque défaillir ; mais cela me parut durer peu, seulement mon âme était remplie de paix.
Témoignage du père Labutte
Notre rencontre a eu lieu à la Brardière en Janvier 1927.

Je ne connaissais rien d’ Yvonne Aimée. Je savais seulement qu’une jeune fille extraordinaire priait pour ma vocation, sans savoir que c’était elle !
Quand je me suis trouvé en sa présence pour la première fois, j’ai eu l’intuition percutante que c’était une femme vraie jusqu’à la racine de son être.

Et pendant les 25 années d’amitié profonde qui ont suivi, j’ai pu vérifié le bien fondé de cette intuition qui m’avait traversé ce jour là.
Au fil des années, notre amitié a revêtu différents aspects : elle était pour moi une amie merveilleuse, comme une sœur aînée, une seconde mère et sans jamais l’avoir cherché, un maître spirituel...
Elle marchait d’un pas très rapide, léger qui donnait parfois l’impression de ne pas toucher terre.
Dans sa jeunesse elle avait beaucoup aimé la danse, surtout les danses de groupe et jusqu’à la fin de sa vie , elle conserva le sens du rythme. Il lui est arrivé même au couvent d’esquisser quelques pas de danse...
Elle priait d’un façon assez sainte. Elle vivait en constante union avec le Seigneur !
Sa prière s’exprimait tantôt par les mots, tantôt par le regard, tantôt par le silence. On lui a demandé une fois, combien de temps elle pouvait rester sans penser au Seigneur : " Quelques minutes ... " répondit-elle !
Au milieu de ses occupations accaparantes, elle trouvait le moyen de réciter un rosaire par jour .
Durant la messe, à l’élévation , elle fixait le pain et le vin d’un regard brillant, lumineux qui donnait l’impression de voir l’invisible !
J’ai toujours été impressionné quand je lui donnais la Sainte Hostie par son regard d’ Amour et de Foi extraordinaire...
Comme les bonnes nuits étaient rares, elle les passait à prier ! Je lui ai demandé une fois comment elle priait la nuit !
Elle me répondit que parfois , avec la permission de Dieu , elle pouvait entendre les prières qui montaient de tous les coins de la terre et elle s’y unissait. Une autre fois elle me dit cette parole mystérieuse : "... la nuit , il m’arrive de scruter les peuples ... "
Si ma mémoire est bonne, il me semble que les premières visites du Seigneur ont eu lieu vers 21 ans, dans une période de sa vie ,qu’elle même plus tard appellera " son printemps mystique " ! 

C’est à Malestroit , jeune fille qu’elle vit le Seigneur dans toute sa beauté. Et plus tard au cours de ce même séjour elle eût plusieurs manifestations du Seigneur .
Sur ma demande , elle me les avait racontées .
C’est ainsi qu’elle allait sur les bords du canal à Malestroit, dans un petit bois et que là sur un banc le Seigneur la rejoignait et l’instruisait !
D’autres fois, à l’entrée d’un chemin, au bords de l’Ouste, le Seigneur l’attendait . Elle a beaucoup plus appris du Seigneur directement que par les livres...
Souvent dans les comptes rendus donnés au Père Crêté son directeur spirituel, on retrouvait ces expressions :  "  le Seigneur m’a dit...le Seigneur m’a fait comprendre...... " 
Elle était vraiment disciple du Seigneur ! Il lui arrivait de se rendre à la Chapelle la nuit, et là le Seigneur l’attendait pour une conversation nocturne..
J’essayais d’imaginer ce qu’était la souffrance de ne plus le voir quand on l’avait vu... elle m’avait dit ...  " Parfois le plein midi de la terre me semble ténèbres ! "
Quand elle avait la visite du Seigneur, il y avait des signes avant coureurs : un encens mystèrieux qui emplissait la pièce et qui parfois descendait en volutes du plafond accompagné d’un parfum que je n’ai jamais senti ailleurs....un parfum qui n’était pas de la terre...Quand Yvonne Aimée voyait ces spirales d’encens , elle exultait de joie car c’était le signe que le Seigneur allait venir ! Elle a aimé le Seigneur d’une façon inouïe...je crois pouvoir dire qu’elle ne lui a jamais rien refusé, et en contrepartie le Seigneur Lui non plus ne lui refusait rien .

Elle a souvent vu aussi la Sainte Vierge.
Du fait qu’elle n’avait pas de messages à transmettre, comme Bernadette par exemple, elle n’en parlait pas et il serait difficile de tenir des statistiques.
C’était des apparitions privées, mais elle m’avait permis de l’interroger et si je ne l’avais pas interrogé il y aurait eu beaucoup de choses que nous n’aurions jamais sues.

La veille ou le jour du 15 Août la Vierge lui apparaissait .

En Août 1947, je me trouvais près d’elle. Après avoir célébré la messe, nous avons pris le café et tout en la servant je lui demandai si elle avait vu la Vierge. Elle sursauta et me répondit " Oui...oui.... ". Je lui demandai comment cela s’était passé....  " Oh d’une manière très simple. Je dormais, puis tout à coup ouvrant les yeux, j’ai vu une grande lumière. Je me suis aussitôt levée et la Sainte Vierge m’apparut . Comme Je m’agenouillais, elle me dit de remonter dans mon lit, ce que j’ai fait et elle s’assit sur le rebord de mon lit et nous avons parlé durant une heure environ. Nous avons parlé de la France. Elle me dit qu’en France nous n’aimions pas assez son Fils et c’est pour cela que les choses allaient mal. Nous avons aussi parlé des problèmes de l’Eglise.
La Sainte Vierge disait aussi que la consécration à son Cœur Immaculé n’avait pas été suffisamment faite, à ce moment là. Voilà un exemple d’apparition. Le compte-rendu qu’elle m’en faisait était très laconique. Quand elle faisait des conférences sur la Sainte Vierge, elle donnait la doctrine traditionnelle. Elle ne faisait jamais état de la moindre apparition.

Une autre fois la Vierge lui apparut, il me semble que c’était en 1941. Elle me disait : "  ..je sentais la tiédeur de son corps, je pouvais toucher son vêtement, j’entendais sa respiration...je voyais ses yeux.. A un moment Notre Dame a relevé son voile par dessus ma tête, à la manière juive, et sous son voile elle m’a embrassée. On ne pourrait pas dire ce qu’est la simplicité de la Sainte Vierge tellement c’est beau, simple et humain...
En 1941 elle habitait cette pièce où nous sommes actuellement. Le matin elle faisait son ménage puis venait aider à la cuisine. Elle préparait le dessert puis partait prier dans le petit bois de la propriété. Un jour allant la chercher j’entonnais le " Gloria in Excelcis Deo "....
J’aperçus Yvonne Aimée qui venait à ma rencontre et dont le visage s’illumina de joie. En rentrant, je lui demandai ce qui s’était passé et elle m’expliqua que lorsque j’avais entonné le Gloria, elle avait entendu son Ange qui disait " ....venez vite au petit bois , notre sœur Yvonne Aimée est là " et le bois s’est empli d’Anges. Elle vivait en présence de ses Anges. Deux Anges, un grand et un petit, si je puis dire. Le grand s’appelait " Lumen " et le petit " Laetare ".
Malheureusement elle voyait aussi le démon.
Elle l’a vu dans cette pièce où nous sommes actuellement.
Un soir, en 1941, nous sommes venus ma tante et moi pour la voir et nous l’avons trouvée dans l’angle de cette pièce, poussant devant elle un guéridon pour se protéger d’un adversaire qui pour nous était invisible. Elle avait un visage décomposé par la peur alors que c’était une personne qui ordinairement n’avait pas peur. Même les gens de la Gestapo qu’elle avait affrontés n’avaientt pu l’effrayer .
Là nous avons vite compris qu’il s’agissait d’une agression satanique et nous avons en avons eu la preuve. La pièce dans laquelle nous étions, généralement toujours fraîche en Septembre s’est emplie d’une chaleur insoutenable, peut-être 80°, et ma tante et moi nous nous sommes mis à transpirer intensément...
Tout cela a duré environ un quart d’heure et Yvonne-Aimée le visage marqué par la terreur se tenait toujours dans le coin de la pièce. Puis peu à peu la température est redevenue normale....
J’ai alors demandé à Yvonne-Aimée, en sortant de la pièce, à mi-voix , si c’était bien le démon ; elle m’a répondu " ..oui c’était bien lui... " ! Puis elle a parlé d’autre chose. Elle passait d’un monde à l’autre avec une facilité extraordinaire .

Je parlais avec elle de théologiens qui prétendaient que le démon n’avait pas d’existence personnelle et que ce n’est que le symbole des forces du mal, forces obscures.... Elle m’avait répondu : "  Si ces gens là , trouvaient un jour en allant se coucher, le démon au pied de leur lit, peut-être y croiraient-ils ! "

Je l’ai vue à Malestroit déchirée par le démon.
J’étais avec elle, l’Evêque de Bayeux-Lisieux et une autre religieuse. Notre conversation portait sur des choses tout à fait matérielles. Nous parlions de l’envoi de colis aux parisiens affamés. Tout en prenant part à la conversation je sentais qu’ Yvonne-Aimée était tendue, comme sur ses gardes. Tout à coup, elle a poussé un petit cri et ses bras sont tombés de chaque côté du fauteuil. J’ai vu alors sur sa guimpe blanche se dessiner trois raies rouges de sang qui se sont progressivement rejointes faisant une grosse tache .
Je me souviens que la religieuse qui était là, son assistante, a relevé le haut de cette guimpe et j’ai pu voir les chairs déchirées comme par un croc de boucher qui les auraient labourées...il y avait aussi les mêmes cicatrices , mais dans l’autre sens !
J’ai assisté aussi à des exorcismes qui ont été faits pour elle par l’Evêque de Bayeux. L’Eglise ordonne à Satan de lâcher cette personne....c’est effrayant comme liturgie. Elle avait été attaquée par le démon. L’Evêque était présent ainsi que son assistante, l’infirmière et moi-même ! De 21 heures à 1h du matin le combat a été terrible. Les blessures faites traversaient les vêtements de part en part . Nous avons su le lendemain qu’elle avait reçu plus de 80 coups de griffes, profonds jusqu’à l’os ! Tout cela formait, paraît-il, de gros bourrelets gros comme mon petit doigt et que j’ai observé moi-même plus tard lors de son exhumation.

Le lendemain elle circulait dans son monastère comme si de rien n’était .
Après la mort d’ Yvonne-Aimée j’ai eu l’occasion pendant plusieurs années de rassembler sur elle, un certain nombre de témoignages de tous ordres.

J’ai essayé de constituer un dossier spirituel, un dossier graphologique ainsi qu’un dossier médical et psychologique .

Toutes ces disciplines ne sont pas des sciences exactes, mais leur convergence étaient impressionnantes.
On peut dire que le résultat final de cette enquête pourrait être celui-ci : elle était émotive, hypersensible.
La moindre souffrance et la moindre joie avaient un grand retentissement sur elle.
La conclusion est celle-ci : " ... aucune névrose, aucune simulation même inconsciente, aucune hystérie, aucune pente hallucinatoire, aucune divagation imaginaire, aucune trace de morcellement.
La tendance contraire dominait : discipline personnelle, solidité mentale, bel et constant équilibre nerveux, harmonie des facultés, unité de la personnalité.
Tout cela ressort des différentes enquêtes médico-psychologiques et graphologiques :
j’ai demandé à un professeur de Faculté, un grammairien, d’étudier la syntaxe d’ Yvonne-Aimée .
Le Père Roland de la Faculté Catholique d’Angers, m’a dit de sa syntaxe, qu’on ne pouvait pas en déduire qu’elle était une Sainte, mais que c’était une femme admirablement équilibrée. Mêmes conclusions de Mme Monnot qui a étudié l’écriture d’ Yvonne-Aimée.
Cette personne nous avait été conseillée par le Carmel de Lisieux car elle avait étudié tous les écrits de Ste Thérèse.
Yvonne-Aimée m’avait dit un jour :  " ..tu sais , j’étais la personne la moins prédisposée à ces affaires là ! "
Elle n’étais pas du tout imaginative, mais au contraire concrète et pratique avant tout ! Voilà l’essentiel de sa vie spirituelle.
Hosties profanées....(témoignage du P.Labutte)

Parmi les choses les plus étonnantes de la vie d ’Yvonne-Aimée, il y avait les recherches d’Hosties profanées.
Tout avait commencé en 1923 approximativement.
Elle était jeune fille et assistait à la messe à Notre Dame des Victoires.
Elle avait remarquée une personne qui ayant communié avait repris l’hostie, l’avait mise dans son sac et était partie.
La jeune Yvonne-Aimée qui avait une foi immense en la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie fut bouleversée.
Elle fit des recherches durant 2 jours et finalement retrouva la personne et l’hostie que cette dernière avait emportée.
C’était le début de ses recherches d’hosties profanées soit à Paris soit en Ile de France.
Une fois elle est allée jusqu’à Cologne pour rechercher une hostie profanée.
Tantôt elle devinait la profanation des hosties, tantôt elle était avertie surnaturellement.
Plusieurs fois par an toute sa vie, mais occasionnellement elle faisait ces recherches.
Et l’histoire qui s’est passée à la Brardière se situe dans ce contexte : C’était le 16 Septembre 1941. Yvonne-Aimée passait ici une quinzaine de jours .
Après le déjeuner, nous sommes allés nous promener vers le petit bois. Arrivés vers la cabane qui à l’occasion nous servait d’ermitage, nous avons pris des photos de la cabane et de nous mêmes avec un Kodak à pied. Des photos inutiles mais nous étions en vacances.... Nous avons laissé l’appareil dans la cabane, puis nous sous sommes séparés. Elle est restée là à prier dans l’ermitage et moi je me suis un peu éloigné mais pas trop car j’avais toujours peur qu’il lui arrive quelque chose.
Et voici que vers 16 heures j’ai entendu Yvonne-Aimée pousser des exclamations.....comme quelqu’un qui assistait à un spectacle horrible et qui manifestait sa peine, son chagrin et son étonnement. Je suis arrivé en courant.... elle continuait de s’exclamer, néanmoins les quelques paroles qu’elle laissa échapper me permirent de comprendre qu’elle suivait de loin une scène de profanation d’hosties.

Deux hommes me dit-elle s’acharnaient sur une petite hostie. Oh, disait-elle, ils la piétinent , ils la percent avec un poinçon ...oh ! elle saigne ! Je revois Yvonne-Aimée se redressant et disant à son Ange " ..va me chercher cette hostie, mon amour la réclame ! "Aussitôt nous avons vu elle et moi, un grand trait de lumière qui passait au-dessus de nous semblant porter quelque chose de blanc...ce rayon est venu se poser sur un sapin...nous sommes accourus et avons trouvé, posée à la verticale sur une branche de ce sapin, une petite hostie percée en son centre et qui saignait....

Elle ou moi, je ne m’en rappelle plus, avons eu le réflexe d’aller chercher l’appareil photo dans la cabane. Yvonne-Aimée a photographié cette hostie " debout " sur la branche de l’arbre, Après quoi j’ai saisi cette hostie, ce n’est donc pas une hallucination, j’ai cueilli une feuille d’arbre en guise de corporal et j’ai placé dessus l’hostie. Et comme le montre la photo l’hostie se tient verticalement sur la feuille. Je l’ai transportée dans l’ermitage aux pieds d’une statue de la Sainte Vierge. Il y avait dans cet ermitage deux flambeaux et lorsque nous sommes entrés avec l’hostie miraculeuse, ces deux flambeaux venaient d’être allumés ! par qui ? Nous ne le saurons jamais !
C‘est là que le Seigneur lui a parlé de la valeur du silence, qu’il lui a redit de ne pas raisonner les choses incompréhensibles et il a ajouté cette parole de toute beauté : "  La nuit de ton esprit sera le soleil de ton âme ".
J’ai invité ma tante à nous rejoindre et elle aussi a vu l’hostie qui saignait. Puis après un temps d’adoration est repartie. Je suis resté quelques instants avec Yvonne-Aimée et je pense que c’est à cet instant que sur la porte de la cabane une inscription s’est tracée sous nos yeux, lettre après lettre :  " le Ciel a visité la terre "....Le soir à la nuit tombante, je suis retourné au petit bois pour voir l’hostie et Yvonne-Aimée. Elle me demanda de ramener l’hostie à la maison .
Ce qui s’est passé, je ne l’oublierai jamais : je portai l’hostie saignant toujours, sur la feuille d’arbre, Yvonne-Aimée me suivait et tout le long du chemin nous chantions des hymnes au Saint Sacrement. A un moment donné je me suis retourné vers elle et sans réfléchir je lui ai donné l’hostie ( à cette époque là, donner à porter le Saint Sacrement à un laïc ou une religieuse était interdit) ....En approchant de la maison, nous fîmes silence pour ne pas attirer l’attention de ma tante Catherine qui devait se trouver à la cuisine, et, une fois arrivés, nous déposâmes avec respect l’hostie dans l’armoire de la chambre de Mère Yvonne-Aimée, au rez-de-chaussée, près du salon, parmi le linge bien blanc.
Au souper qui suivit dans la grande salle, il ne fut question de rien avec ma tante Catherine qui continuait d’ignorer l’événement. En sortant de table, Mère Yvonne-Aimée se retira. Je vins pour adorer chez elle l’hostie profanée. Mère Yvonne-Aimée était déjà couchée, elle entrait dans une sorte d’agonie. À un moment donné, elle se pelotonna sur elle-même, poussa un gémissement et me dit : " Va vite chercher ta tante, je suis blessée au cœur ", puis elle retomba, étendue. Effrayé, j’allai chercher ma tante Jeanne. Viens, dis-je, parce que... oh ! son cœur saigne et elle te demande de venir mettre un linge. Ma tante accourut et posa directement sur le cœur de Mère Yvonne-Aimée un morceau de vieille toile blanche qu’elle retira quelques instants après et qu’elle me tendit : la plaie sanglante du cœur s’y était imprimée. On y distinguait l’ouverture horizontale des chairs et l’auréole du sang. Exactement la trace qu’aurait laissé un véritable fer de lance .
Ma tante Jeanne examina la plaie et posa sur celle-ci un second linge qui s’imprima lui aussi. Nous voulûmes demeurer à veiller et à prier au chevet de Mère Yvonne-Aimée, mais celle-ci murmura : "  Ce n’est pas la peine... Allez dormir.. Vous ne pouvez rien pour moi...je souffre trop. Il faut que je souffre seule "...Elle était livrée à une intense souffrance, elle s’enfonçait dans une solitude désolée. Et, peut-être même, cessait-elle de nous voir et entendre. J’avais l’impression qu’elle se trouvait isolée entre " ciel et terre ".
Le lendemain, au cours de la Communion de la Messe, je donnai à Mère Yvonne-Aimée l’hostie transpercée et sanglante. Plus tard, je compris le parallélisme des deux mystérieux faits de ce 16 septembre 1941 : une hostie avait été percée de façon sacrilège et elle avait saigné. Le soir, le " cœur " de Mère Yvonne-Aimée avait été lui aussi transpercé et il saignait. " Ce coup de lance, me suis-je dit n’était-il pas comme l’ouverture d’une source de grâces pour la Brardière, pour l’Eglise ? " J’ai aperçu un jour ses mains percées....on voyait à travers la paume. Si l’on prenait sa paume entre pouce et index, les deux se rejoignaient...Du fait qu’elle se déplaçait souvent je pense qu’elle a dû beaucoup souffrir de marcher avec ses stigmates.
 







 

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