Miracle Eucharistique Danemark Copenhague 1638-1686
Niels Steensen naît dans une famille de parents luthériens très pieux.
Son père est orfèvre et, à ses côtés, le fils à l'esprit curieux observe, les caractéristiques des pierres précieuses.
La
contemplation de la beauté des pierres précieuses, l'ouvre tout
naturellement à l'émerveillement devant la beauté de la création : les
roches, le corps humain, le cerveau et son anatomie...
Parti de Copenhague, il s'installera à Florence qu'il considérera toute sa vie comme une seconde patrie.
Sa découverte la plus importante en tant que scientifique est ainsi anecdotiquement relaté par ses biographes.
Un
jour, en octobre 1666, deux pêcheurs attrapent un requin énorme près de
la ville de Livourne, et le duc de Florence, Ferdinand, grand ami des
sciences, ordonne que sa tête soit envoyée pour analyse à Sténon.
Celui-ci la dissèque et publie ses conclusions l’année suivante.
L'examen
des dents du requin a montré une ressemblance frappante avec des
pierres insolites appelées glossopetrae ou "langues de pierres" qui ont
été trouvées jadis dans certaines roches.
Sténon dit que ces glossopetrae ressemblent à des dents de requin …tout
simplement parce qu'elles sont des dents de requin fossilisées !
Sténon
se concentre pendant deux ans sur la difficulté majeure de la géologie
naissante : Comment les sédiments marins ont-ils pu devenir des roches
dures qui constituent les montagnes ?
Son
travail sur les dents du requin l'a mené à la question de savoir
comment un objet solide pouvait être trouvé à l'intérieur d'un autre
objet solide, un rocher.
Il publie en 1669 la conclusion de ses études dans un ouvrage intitulé
De solido intra solidum naturaliter contento (D’un corps solide contenu
naturellement dans un solide).
C’est son livre le plus important au point de vue scientifique.
Sténon étant anatomiste, il construit pour ainsi dire une « anatomie de la Terre ».
La thèse principale de son livre est que chaque couche du sous-sol correspond à une époque du passé.
Il donne ainsi les principes de formation des strates successives, grâce auxquels on déchiffre le sous-sol comme un livre.
Les strates se suivent, comme les pages et les chapitres d'un livre. Les fossiles en sont les personnages.
Il faut admettre le postulat que le fondateur d'une science nouvelle
n'en résout pas toutes les difficultés mais ouvre des perspectives qui
permettent d'aller plus loin.
Et
considérer ainsi que Niels, par cette découverte pour le moins
ingénieuse, ouvre des perspectives immenses à la science géologique.
Il eut aussi l'intuition de dater ces diverses couches de roches.
Il pense notamment qu'un certain nombre de roches qu'il étudia devaient dater d'avantou d'après le
déluge (Genèse 9) considérant que cet épisode biblique pouvait
expliquer pourquoi des requins se trouvaient enseveli à plusieurs mètres
sous terre.
Sa conversion au catholicisme
Sa conversion au catholicisme tient aussi d'une anecdote.
De
même que Claudel n'a jamais su expliquer ce qui s'est passé ce jour-là
sous la colonne de Notre-Dame, de même ne saura-t-on jamais ce qui est
arrivé à Niels Steensen ce jour-là.
Il raconte qu'il vit passer dans les rues de Florence, une procession en l'honneur du Saint Sacrement.
Le
grand savant qu'il était, avait déjà eu l'occasion de discuter avec
d'autres confrères en toge, de la présence réelle du Christ dans
l'Eucharistie.
Il était d'une famille luthérienne et avait ses vues et ses doutes.
Mais voir passer dans les rues ce cortège avec la ferveur qui l'animait l'aurait complètement retourné.
On raconte ainsi (lire ici)
“qu’il observait avec curiosité et perplexité la ferveur qui animait la
procession de la Fête Dieu dans la grande place d’Armes bruyante et
colorée. Les cloches sonnaient à toute volée.
Le jeune homme se souvenait d’une autre procession à laquelle il avait
assisté trois ans auparavant à Louvain en Belgique, composée d’étudiants
et de professeurs en toge.
Ici
à Livourne c’était différent, peut-être cette joie, cette chaleur
humaine… ou peut-être que ses yeux ne voyaient plus de la même façon ?*
De
nombreux hommes en tuniques blanches passaient en chantant, des
gonfalons avec leurs drapeaux au vent qui arrivait de la mer.
Des
moines et des prêtres dans leurs surplis ornés de dentelles et de nœuds
et puis d’autres prêtres encore avec des chapes brillantes au soleil,
des enfants avec des ostensoirs à l’odeur parfumée et enfin un grand
baldaquin doré avec en dessous un ministre de l’église paré de riches
vêtements, absorbé dans ses prières, tenant contre sa poitrine
l’ostensoir précieux contenant l’Hostie…
Les gens s’agenouillaient au passage, les yeux brûlaient d’amour en fixant l’Hostie et les têtes se baissaient en adoration.
De tous côtés pleuvaient des pétales et des fleurs.
Le jeune Niels Steensen passa la journée profondément perturbé.
Il se souvenait du père jésuite à Paris avec qui il avait discuté de la présence réelle de Jésus dans le pain consacré.
Le
Jésuite avait souligné la valeur des paroles de Jésus pendant la
dernière Cène : « Ceci est mon Corps » et puis la lettre de Saint Paul
aux Corinthiens.
Ce
jour-là il décida de se convertir au catholicisme, il entra au
séminaire, après neuf ans d’études (je ne crois pas que ce fut aussi
long à l'époque) Niels Steensen fut ordonné prêtre.
Il décrivit ainsi sa conversion : « Lorsque j’eus considéré
attentivement les bienfaits de Dieu, ils m’apparurent si grands que je
ne pus m’empêcher de m’offrir à Lui avec le plus profond de mon cœur, le
meilleur de moi même et de la meilleure façon… Ainsi j’ai connu la
dignité du sacerdoce… j’ai demandé et obtenu qu’il me soit consenti
d’offrir au Père Eternel l’Hostie immaculée pour moi et pour les autres »
Dès ce jour, l'homme de foi et l'homme de science étaient en lui, réconciliés.
Il
y en a qui trouvent cela impossible. Il faut regarder par exemple rien
que la traduction du titre de l’une de ses meilleures biographies.
Tandis que l’auteur anglais Alan Cutler titre The Seashell on the Mountaintop. How Nicolas Steno solved an ancient mystery and created a science of the earth, le traducteur francophone n’a pas trouvé mieux que de sous-titrer : Comment Nicolas Sténon a remis en cause la Bible et créé les sciences de la terre.
Même
si votre anglais est aussi approximatif que le mien, vous comprenez
aisément le décalage : Niels Steensen ne pouvait pas être prêtre, lire
la bible et être scientifique : il fallait qu’on nous présente le
scientifique comme quelqu’un qui remit en cause la Bible.
Mais
ce que le traducteur (qui est un traitre dit-on) ne nous dit pas, c’est
comment le scientifique après avoir remis en cause la Bible, est resté
prêtre, est devenu évêque, est mort béatifié et a été canonisé depuis
1988 par Jean Paul II si tant est qu’il ait remis la Bible en cause.
Ce n’est pas sa tâche, c’était celui de l’auteur qui s’en est très bien sorti.
C’est par la science (l’amour de la vérité) que Niels est allé à la foi. «
Le
véritable but de l’anatomie, écrit-il, est de permettre aux
observateurs, à travers le chef-d’œuvre qu’est le corps, d’atteindre à
la dignité de l’âme, et grâce à leurs merveilles à tous deux, d’accéder à
la connaissance et à l’amour de leur Auteur » (Opera Philosophica, t.
II, 254).
Sa
conversion et sa notoriété scientifique auront un grand retentissement,
notamment dans son pays d’origine, où d’ailleurs il ne reviendra pas,
malgré l’invitation du roi (désireux de faire revenir cette gloire
scientifique au pays), car au Danemark, le catholicisme était interdit
et tout prêtre qui en franchissait les frontières était passible de
mort.
Après
son ordination et selon une volonté expresse du pape, il est nommé deux
ans plus tard “évêque et Vicaire apostolique des Missions du nord” et
il est consacré, par saint Grégoire Barbarigo, évêque de Padoue.
De
nouveau, le pèlerin du monde se met en marche et se dirige vers
l’Allemagne pour y exercer son ministère apostolique, consacrant les
années qui lui restent à vivre à faire connaître aux hommes ce Dieu
qu’il a rencontré à travers la science et dans la foi.
Il parcourt ainsi les régions de Hanovre, Münster, Paderborn, Schwerin.
En
pasteur d’âmes, il réconforte le petit troupeau catholique et, en
missionnaire, il s’ouvre à tous les autres, les luthériens, les savants,
fussent-ils incroyants comme son ami hollandais Spinoza qu’il cherche
en vain à convertir.
Il a des contacts fructueux avec Leibniz et montre dans sa vie, “un exemple lumineux d’ouverture et de dialogue”.
Son
témoignage nous fait comprendre “comment, par la droiture associée à la
distinction et à la délicatesse, aux mœurs exemplaires et à la sainteté
de vie, on peut et on doit établir ces rapports qui facilitent la
compréhension réciproque, l’amour et l’unité”.
Il finit par établir sa résidence à Schwerin.
C’est là que, après de grandes souffrances, il meurt en 1686.
«
Le secret de son existence réside entièrement en cela : s’il est
célèbre par les découvertes faites dans le domaine de l’anatomie (et de
la géologie), ce qu’il nous indique par son choix de vie est bien plus
important. Niels Steensen, grâce à la “science du cœur” a découvert
Dieu, Créateur de tout ce qui existe et Sauveur du monde, et il s’en
fait le héraut au milieu de ses frères. » (Jean-Paul II).Delamour
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