Miracle Eucharistique El Cebrero 1300
On ne connaît pas la date précise du prodige.
Et
en effet, il n'y avait personne dans l'église de l'abbaye, quand un
moine bénédictin, comme tous les jours à cette même heure, monta à
l'autel pour célébrer la messe.
Alors qu'il venait de terminer la consécration, la porte de l'église s'ouvrit et une personne entra.
C'était un paysan nommé Juan Santin.
Il habitait le village de Barjamayor, non loin du monastère.
Son
nom est parvenu jusqu'à nous car Juan était connu des gens pour sa
piété et sa fréquentation assidue et quotidienne de la messe.
Ce
matin là, il avait même défié le froid et le mauvais temps pour se
rendre à l'église, mais la tempête de neige avait été si forte qu'elle
l'avait mis en retard.
Il s'agenouilla dévotement.
Le célébrant, quant à lui, n'était ni très pieux, ni dévot.
En
entendant le bruit de la porte, il s'était retourné et, voyant le
paysan, il avait murmuré, précisément sur le pain et le vin qu'il avait à
peine consacrés : "Tiens, voilà le fanatique ! Comment peut-on
affronter une telle tempête de neige pour venir jusqu'à l'église voir un
peu de pain et de vin ?"
Ce
prêtre, en effet, avait bien des doutes sur la présence réelle du
Christ dans l'Eucharistie et cela le perturbait de voir un pauvre paysan
ignorant, nourrir une foi si vive, qu'il affrontait chaque matin tous
ces sacrifices pour assister à la messe !
Or,
à peine eut-il prononcé ces mots que, sous ses yeux ébahis, l'hostie
devint chair et le vin sang, et que ce sang tacha les différents linges
utilisés pour la messe.
Les récits de l'époque, et le Père Yepes lui-même, ne disent rien d'autre sur cet évènement.
Aucun détail sur les réactions du moine incrédule ni sur le paysan.
Le
Père Yepes poursuit en disant que l'hostie devenue chair et le vin
devenu sang furent conservés de nombreuses années tels quels,
c'est-à-dire l'hostie dans la patène et le sang dans le calice, et
qu'ils étaient montrés aux pèlerins de passage.
C'est précisément grâce aux récits de ces pèlerins que ce prodige rencontra un immense écho dans toute la chrétienté.
En
1486, donc environ deux cents ans après le miracle, les rois
catholiques d'Espagne, passèrent par El Cebrero pour se rendre à Saint
Jacques.
Ils s'arrêtèrent au monastère pour vénérer les reliques du miracle.
A cette occasion, la reine Isabelle offrit un reliquaire, constitué d'une cassette d'argent et de deux cylindres de roche.
Dans son récit, le Père Yepes raconte qu'il vint lui-même en pèlerinage à El Cebrero.
"Moi,
bien qu'indigne, quand je suis passé en ce lieu, je suis aller adorer
le Saint Mystère et j'ai vu les deux ampoules. L'une d'elles contient le
sang, comme s'il allait coaguler, aussi rouge que celui d'un chevreau à
peine tué ; tandis que la chair apparaît à travers le verre, comme une
chair fumée, colorée et sèche.
Le calice que l'on conserve et qui est exposé conserve encore les traces du sang.
Toutes ces reliques sont portées en procession le jour du Corpus Domini et lors des fêtes de la Vierge, en août et en septembre.
La tradition de porter en procession les reliques du miracle ne s'est jamais interrompue et continue de nos jours.
Pour ces occasions, quelque quinze mille pèlerins affluent à El Cebrero.
Une
très ancienne statue de la Vierge, de style roman, représentant Marie
assise tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux, est portée en procession en
même temps que ces reliques.
La tête de la Vierge est inclinée vers l'avant mais, selon la tradition, elle avait autrefois une attitude royale et droite.
Elle aurait pris cette attitude, qui ressemble à un geste de vénération, au moment où se produisit le miracle.
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