Neubois
Notre-Dame de Neubois
L'endroit
où eurent lieu les apparitions est à deux kilomètres du village de
Neubois, appelé à l'époque Krüth, à mi-hauteur de la montagne, et à
égale distance des ruines du château du Frankenbourg.
Il
y a à l'endroit une vaste clairière, au milieu de la forêt, d'où l'on
jouit d'un magnifique panorama. D'un côté on aperçoit la commune de
Scherwiller et le château de l'Ortenbourg. Avant d'entrer dans la
clairière, on voit du regard de nombreux villages, dont Thanvillé,
Saint-Pierre-Bois et l'église de Saint-Gilles perchée un peu au-dessus
des deux villages. Plus haut on aperçoit les cimes de l'Ungersberg. D'un
autre côté on voit le Val de Villé parsemé de villages.
Aujourd'hui à la clairière se trouve une statue de la Madone, une
statue de l'Archange Saint Michel terrassant le dragon, une petite
statue de Saint-Joseph, une chapelle avec une grande croix et un chemin
de croix avec ses douze stations.
C'est à cet endroit selon la légende que serait apparue la Sainte Vierge. En 1872.
Quand
commencèrent les apparitions, l'Alsace était annexée à l'Allemagne
depuis plus d'un an et le nom le plus usuel du village était celui de
Krüth.
En réalité, le village a trois noms : Neubois, Krüth, Geruth est le nom allemand.
En
ce dimanche 7 juillet 1872, après les vêpres, quatre fillettes âgées de
7 à 11 ans se promènent au pied du Schlossberg, à la recherche de
myrtilles . Soudain, une dame blanche portant sur la tête une couronne
d'or, s'avance vers elles. Effrayées, elles s'enfuient à toutes jambes.
C'est la première apparition de toute une série qui mettra en émoi le paisible village de Neubois.
Effectivement,
dans les jours et les mois qui suivent, d'autres enfants, mais aussi
des adultes, sont persuadés d'avoir vu la Vierge Marie ou aperçu "la
dame blanche", seule ou entourée d'anges ou ... de soldats.
La
nouvelle de ces phénomènes extraordinaires se répand comme une traînée
de poudre dans toute l'Europe centrale et méridionale, mais surtout en
Allemagne et en France.
Ces
évènements des apparitions sont relatés abondamment dans la presse
locale et nationale et repris dans des brochures, ce qui ne fait
qu'amplifier le phénomène. Neubois connaît alors une affluence populaire
extraordinaire. Au mois de janvier 1873, le Reichsbahn vend plus de 80
000 billets de chemin de fer à destination du Val de Villé.
Une source dont l'eau est réputée "miraculeuse" est découverte. Plusieurs personnes prétendent avoir été guéries.
Neubois devient le Lourdes alsacien.
Cette arrivée massive de gens commence à inquiéter l'administration
allemande surtout que ces apparitions se teintent d'allusions et de
propagande politiques : la Sainte Vierge viendrait pour libérer l'Alsace
du joug prussien ! A Paris est édité, en 1874, une brochure au nom
évocateur : "La résurrection de la France et le châtiment de la Prusse,
prédits par Marie en Alsace".
L'armée est chargée d'interdire l'accès du lieu des apparitions, puis de l'ensemble du ban communal.
Les
autorités religieuses restent très prudentes et sceptiques et
conseillent la même attitude au chargé d'âmes de la paroisse, notamment à
l'abbé Michel Ulrich qui recueille, avec une certaine naïveté, les
témoignages des "voyantes" de sa paroisse. Le curé Alphonse Adam, qui
lui succède en novembre 1876, puis l'abbé Boersch, à partir de 1879,
prêtent une oreille moins attentive aux dépositions des visionnaires qui
se font plus rares. Par un patient et minutieux travail d'enquête, ils
réussissent à montrer que ces apparitions sont nées de l'imagination des
enfants, qui les uns après les autres, se sont rétractés. Peu à peu le
village retrouve sa sérénité.
Aujourd'hui
une petite chapelle rénovée s'élève dans la forêt, près de la source
"Mudergottes Brennela". Elle rappelle aux promeneurs et aux pèlerins ces
évènements "surnaturels". L'érection à Neubois, en 1883, de la
"Confrérie du Rosaire Vivant", a-t-elle des liens avec ces apparitions ?
De nos jours, le culte marial connaît dans le village une dévotion
particulière et continue à attirer des pèlerins venus de près ou de
loin.
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