Paray le Monial
La basilique du Sacré Cœur
La basilique romane de Paray-le-Monial, placée sous le vocable du Sacré-Cœur, depuis 1875, donne une image complète, bien que de dimensions réduites, de ce que fut Cluny : trois nefs contre cinq à Cluny, transept simple et non pas double, mais, de l'avant-nef à la cascade des toitures du chevet, étagées dans une subtile harmonie, en passant par les voûtes ordonnées de la même manière qu'à la grande abbatiale.
Cette église du Prieuré Notre-Dame de Paray-le-Monial fut lors de sa consécration en 977, placée sous le vocable du Saint-Sauveur, de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste.
Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1846.
Historique
En
973 le comte Lambert de Chalon fonda un cloître qui dès 999 fut placé
par l'évêque d'Auxerre sous l'autorité de l'abbaye de Cluny, ce qui en
fit, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, un prieuré clunisien.
On ne possède aucune trace d'une première église (Xe siècle).
À partir du début du XIe siècle, fut édifié un bâtiment que les fouilles récentes, conduites par Gilles Rollier, ont permis de découvrir ; cette construction se termina probablement par le massif occidental (porche et deux clochers) au début du XIIe siècle.
Une nouvelle construction, bien plus ambitieuse, ne débuta certainement pas avant le milieu du XIIe siècle, et commença alors par l'édification d'une grande abside avec déambulatoire, qui engloba d'abord l'abside précédente.
Les travaux progressèrent avec une extrême lenteur, et ne furent pas achevés avant le début du XIVe siècle (étage gothique du clocher principal, remplacé au XIXe par un pastiche néo-roman).
L'essoufflement final du chantier fit que les travaux s'interrompirent alors que moins de la moitié de la nef prévue avait été bâtie, ce qui laissa un édifice qui apparaît curieusement proportionné.
Depuis la fin du XIXe siècle, Paray-le-Monial et son église sont un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de France. L'objet de ces pèlerinages est l'adoration du Sacré-Cœur, due aux visions de Marguerite-Marie Alacoque dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et plus encore à l'action du jésuite Claude La Colombière.
En 1875, l'église est élevée au rang de Basilique mineure, titre papal donné ici pour honorer la ville où Jésus a demandé à Sainte Marguerite-Marie de faire connaitre son message d'amour.
Description
L'église d'aujourd'hui est une basilique dont la nef composée d'un vaisseau central et deux bas-côtés compte trois travées avec un transept d'un seul vaisseau, deux petites tours à l'Ouest et une grande tour de transept.
L'église a une longueur totale de 63,5 m (y compris l'avant-nef et la chapelle axiale faisant partie des chapelles rayonnantes) et une largeur de 22,35 m (sans le transept).
Avec ses 40,50 m par rapport à la nef presque carrée (22 m de longueur jusqu'à la croisée) le transept donne l'impression d'être disproportionné.
Le vaisseau central de la nef a une hauteur de 22 m, y compris la tour de transept et la hauteur totale de l'église est de 56 m.
L'extérieur
L’extérieur de la basilique est caractérisé par l’austérité et le dépouillement : de vastes murs nus rappellent la puissance de l’architecture germanique des Xe et XIe siècles (abbatiales d’Hersfeld ou de Limburg-an-der-Haardt).
Les baies, en files serrées et de petite taille, présentent une ouverture sans ébrasement, ce qui repousse les vitraux au fond d’une loge obscure.
Cette disposition est imitée de Cluny III, où l'on a cherché à ouvrir une immense claire-voie tout au long de l'immense voûte en berceau, ce qui rendait l'ébrasement impossible, car il était nécessaire de renforcer au contraire les espaces-supports entre les baies.
La porte qui ouvre sur le bras gauche du transept est décorée d’élégants motifs floraux et géométriques.
L'intérieur
La nef
Les
grandes arcades, à arc brisé, de la nef, dans le style roman
bourguignon, occupent deux tiers de l'élévation, le tiers restant étant
occupé par une arcature aveugle surmontée de la rangée des fenêtres
hautes. C’est une disposition inspirée de l’église de Cluny.
De même que dans l’immense édifice que fut Cluny III, dans chaque travée, trois baies, tantôt aveugles tantôt ouvertes sur les combles des bas côtés, sont surmontées de trois fenêtres hautes, de taille identique, entourées d’une arcature. On ne peut s’empêcher de songer au modèle architectural des trois portes de chaque mur de la Jérusalem céleste, telle que Saint Jean la décrit dans l'Apocalypse, à moins qu'il ne s'agisse de rappeler la Trinité.
De même, les niveaux d’arcades sont trois, il y a trois travées dans la nef, et trois piliers superposés entre chaque travée.
Ces piliers sont disposés en chiasme : une série de pilastres élevés est prolongée en hauteur par des pilastres aux écoinçons des arcs doubleaux, les deux pilastres ainsi superposés sont nettement séparés par le chapiteau du pilastre inférieur et la base de celui qui le surmonte. Par contre, les deux rangées d’arcatures sont reliées par un même pilastre, simplement séparé en deux par la bague de la moulure entre les deux étages d’arcatures.
Les différents niveaux sont soulignés, soit par des cordons moulurés continus (sous l’arcature aveugle du deuxième niveau), soit par une corniche soutenue par des modillons (sous les fenêtres hautes).
Le chœur avec déambulatoire et ses absides
On compte trois chapelles rayonnantes (il y en avait cinq à Cluny). Comme dans l’abbatiale de Cluny des XIe et XIIe siècles,
le déambulatoire est nettement plus étroit que les bas côtés
correspondants qui jouxtent le chœur, et il existe une forte
dénivellation entre l’abside et le déambulatoire, d’une part, et entre
le chœur et ses collatéraux d'autre part.
Les chapiteaux
Ils
sont principalement décorés de feuilles d'acanthe mais on y trouve
trois chapiteaux historiés d’interprétation délicate et quelques
chapiteaux à animaux.
- Deux chapiteaux à aigles : l’aigle est l’image de l’âme s’élevant au-dessus des contingences terrestres. Équivalent spirituel du pouvoir temporel du lion, l’aigle est un oiseau solaire (le roi des oiseaux). L’apôtre Jean a été identifié à l’aigle de l’Apocalypse.
- Sept chapiteaux à lion : le lion symbolise le pouvoir royal, la puissance et l’honneur dans le monde matériel. Lié au soleil en astrologie, il l’est dans la symbolique romane. Enfin l’évangéliste Marc a été identifié au lion de l’apocalypse. On dit parfois de Jésus qu’il est le lion de Juda.
- Trois chapiteaux à griffons : le griffon : certainement d’origine perse, c’est un lion à tête d’aigle, qui est dès lors doublement solaire et qui relie l’âme spirituelle (aigle) à la puissance matérielle (lion). Il associe le ciel et la terre.
Les alentours
À la solennité de la basilique répond la paix du cloître adjacent, reconstruit au XVIIIe siècle
mais en parfaite harmonie avec l’église. Son aile méridionale abrite le
musée de la Faïence où sont exposées des pièces de Charolles, mais
aussi des faïences anciennes de Moustiers-Sainte-Marie et de Nevers
tandis que, dans la galerie opposée, du côté du Nord on découvre le
portail, richement orné de sculptures romanes de facture inégale, par
lequel les moines gagnaient l'église. Mais c'est surtout le portail
Nord, du côté de la ville, qui est un joli exemple d'ornementation
romane, même en l'absence de tympan figuratif.
Au chevet de la basilique, se trouve l'espace Saint-Jean, lieu d'accueil et d'information destiné principalement aux pèlerins.
À l'intérieur, l'espace Sainte-Marguerite-Marie et saint Claude La Colombière, présente l'histoire de la vie et des apparitions de sainte Marguerite - Marie Alacoque et le message de Paray.
Dans le parc des Chapelains, à l'Est de la basilique, le Diorama propose un montage son et lumière sur sainte Marguerite-Marie.
Non loin de là, se situe la chapelle des Apparitions où se trouve la châsse contenant les reliques de la sainte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire