Sainte Marguerite-Marie Alacoque
Les apparitions de Jésus
Carte postale de l'apparition
C’est à Paray-le-Monial que Jésus apparaît à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), lui dévoilant Son Cœur
« brûlant d’amour pour tous les hommes ».
Jeune fille de la région, sainte Marguerite-Marie Alacoque entra au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial en 1671. Elle avait une dévotion au Sacré-Cœur dans la ligne tracée par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, les fondateurs de l’ordre.
Elle
a de nombreuses apparitions, authentifiées par son confesseur jésuite,
saint Claude La Colombière, qui la destinèrent par la suite à exercer un
nouvel et véritable apostolat du Sacré-Cœur. Les historiens comptent
généralement quatre "grandes apparitions" en dépit de quelques
incertitudes sur les dates exactes.
Dans la première apparition,
très probablement à la fin de 1673, elle repose comme saint Jean sur la
poitrine du Sauveur et reçoit le nom de disciple bien-aimée du
Sacré-Cœur.
L’année suivante,
elle voit le Sacré-Cœur "comme dans un trône de flammes, plus rayonnant
qu’un soleil et transparent comme un cristal" ; il était entouré d’une
couronne d’épines et surmonté d’une croix. Notons qu’il s’agit bien là
de l’authentique représentation du Sacré-Cœur, et non pas celle que nous
a imposée le siècle dernier. Dans cette apparition, sa mission est
précisée : honorer le cœur de chair du Sauveur et répandre la dévotion
au Sacré-Cœur afin de participer à la rédemption d’amour de tout le
genre humain.
Dans une troisième apparition,
probablement en 1674, elle voit un cœur flamboyant qui lui demande des
actes d’amour réparateur : la communion fréquente, spécialement celle du
premier vendredi du mois, et "l’heure sainte" entre onze heures et
minuit en participation à l’agonie de Jésus
au jardin des Oliviers. Il s’agit là de réparer les outrages que le
Sauveur reçoit des hommes ingrats oublieux de sa mission rédemptrice.
Enfin, dans ce qu’il est convenu d’appeler "la grande apparition"
de 1675, le Sacré-Cœur se plaint à nouveau de l’ingratitude des hommes
et demande une fête officielle de réparation chaque année, le vendredi
suivant l’octave du Saint-Sacrement.
Par
la suite, entre 1675 et 1678, viendront ce qu’on appelle "les promesses
du Sacré-Cœur" en faveur de ceux qui le vénèrent, ainsi que des
précisions sur les pratiques de la dévotion.
Jésus
demande l’instauration de la fête du Sacré-Cœur, qui a lieu chaque
année en juin. À la suite de ces apparitions, la spiritualité du
Sacré-Cœur se répand dans le monde entier. Sainte Marguerite-Marie a été
canonisée le 13 mai 1920 et saint Claude La Colombière le 12 mai 1992.
Source : http://www.sessions-paray.com/Les-apparitions-de-Paray
Le site officiel du sanctuaire de Paray le Monial : http://www.sanctuaires-paray.com/spip.php?article11
Carte postale de l'apparition
Première grande révélation
(27 décembre, très probablement 1673)
Résumé
: Le sacré-Cœur se découvre et se montre passionné d'amour pour les
hommes. Il veut se manifester à eux pour les enrichir de ses grâces.
Marguerite-Marie est l'instrument choisi pour ses desseins.
"Une
fois donc, étant devant le Saint Sacrement... il me fit reposer fort
longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de
son amour et les secrets inexplicables de son Sacré-Cœur... Il me dit :
"Mon divin Cœur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en
particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de
son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen et qu'il se
manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te
découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires,
nécessaires pour les retirer de l'abîme de perdition ; et je t'ai
choisie... pour l'accomplissement de ce grand dessein." (Vie et œuvres,
II, 69)
Deuxième grande révélation
(Probablement un 1er vendredi de 1674)
Résumé
: Les desseins du Cœur de Jésus se précisent. Dans la nouvelles
dévotion, il faudra vénérer le Cœur divin sous la figure d'un cœur de
chair, la plaie de la lance y sera visible, les flammes l'entoureront ;
ceint d'une couronne d'épines, il sera surmonté d'une croix. Des grâces
sont promises à ceux qui honoreront la sainte image exposée en public,
la sœur Marguerite-Marie la devra porter sur son cœur. Dernier effort de
l'amour. Rédemption amoureuse par le Sacré-Cœur qui veut retirer les
hommes de l'abîme de perdition où satan les précipite en foule.
"Ce
divin Cœur me fut présenté dans un trône de flammes, plus rayonnant
qu'un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie adorable ;
et
il était environné d'une couronne d'épines qui signifiait les piqûres
de nos péchés, et une croix au-dessus qui signifiait que dès les
premiers instants de son Incarnation, c'est-à-dire dès lors que ce
Sacré-Cœur fut formé, la croix y fut plantée, et il fut rempli, dès les
premiers instants, de toutes les amertumes que lui devaient causer les
humiliations, pauvreté, douleur et mépris que sa sacré Humanité devait
souffrir pendant tout le cours de sa vie et en sa sainte Passion.
Et
il me fit voir que l'ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes et
de les retirer de la voie de perdition où satan les précipite en foule,
lui avait fait former ce dessein de leur manifester son Cœur avec tous
les trésors d'amour, de miséricorde, de grâces, de sanctifications et de
salut qu'il contenait ;
afin
que tous ceux qui voudraient lui rendre et procurer tout l'amour,
l'honneur et la gloire qui seraient en leur pouvoir, il les enrichit
avec abondance et profusion de ces divins trésors du Cœur de Dieu qu en
était la source, lequel il fallait honorer sous la figure de ce cœur de
chair dont il voulait l'image être exposée, et portée sur moi, sur mon
cœur pour y imprimer son amour et le remplir de tous les dons dont il
était plein et pour y détruire tous les mouvements déréglés ;
et que partout où cette sainte image serait exposée pour y être honorée, il y répandrait ses grâces et bénédictions ;
et
que cette dévotion était comme un dernier effort de son amour qui
voulait favoriser les hommes en ces derniers siècles, de cette
rédemption amoureuse pour les retirer de l'empire de satan, lequel il
prétendait ruiner, pour nous mettre sous la douce liberté de son amour,
lequel il voulait rétablir dans le cœur de tous ceux qui voudraient
embrasser cette dévotion." (Vie et œuvres, II, 567)
Troisième grande révélation
(Probablement un 1er vendredi de 1674)
Résumé
: Le Sacré-Cœur fournaise d'amour. Culte d'amour réparateur envers
l'amour méconnu. Communion fréquente, communion des 1er vendredis. Heure
sainte.
"Une
fois entre autres, écrit Marguerite-Marie, que le Saint Sacrement était
exposé, mon doux Maître se présenta à moi tout éclatant de gloire avec
ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée
humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son
adorable poitrine qui ressemblait à une fournaise ; et s'étant ouverte,
me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur, qui était la vie de
ces flammes.
Ce
fut alors qu'il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur
amour et jusqu'à quel excès il l'avait porté d'aimer les hommes, dont il
ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances :
Ce
qui m'est beaucoup plus sensible, me dit-il que tout ce que j'ai
souffert en ma Passion ; d'autant que s'il s me rendaient quelque retour
d'amour, j'estimerais peu tout ce que j'ai fait pour eux et voudrais,
s'il se pouvait, en faire davantage, mais ils n'ont que des froideurs et
du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Toi du moins,
donne-moi ce plaisir de suppléer à leur ingratitude autant que tu
pourras en être capable.
Sois attentive à ma voix et à ce que je demande :
Premièrement,
tu me recevras dans le Saint Sacrement autant que l'obéissance te le
voudra permettre, quelques mortifications et humiliations qui t'en
doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme des gages de mon
amour.
Tu communieras, de plus, tous les premiers vendredis de chaque mois ;
et
toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette
mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Oliviers...
Pour m'accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon
Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre 11 heures et
minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre
terre, tant pour apaiser la divine colère en demandant miséricorde pour
les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l'amertume que je
sentais de l'abandon de mes apôtres." (Vie et œuvres, II, 71)
La dernière grande révélation
(En 1675 dans l'octave du Saint Sacrement)
Résumé
: Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes. Ingratitudes, outrages
envers le Sacrement d'Amour. Une fête annuelle de réparation.
"Etant
une fois devant le Saint Sacrement, un jour de son octave..., me
découvrant son Cœur, il me dit : "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les
hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour
leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la
plupart que des ingratitudes paru leurs irrévérences et leurs
sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans
ce Sacrement d'Amour.
C'est
pour cela que je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du
Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon
Cœur, en communiant ce jour-là, et ne lui faisant réparation d'honneur
par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues
pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels.
Je
te promets que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les
influences de son divin amour sur ceux qui Lui rendront cet honneur" et
qui procureront qu'il lui sont rendu..." (Vie et œuvres, II, 102)
Sainte Faustine (La Divine Miséricorde)
Notre
Seigneur lui découvrit son divin Cœur et lui en révéla tous les
secrets. Il lui donna lui-même le nom privilégié entre tous de "disciple
bien-aimée de son Sacré-Cœur". Bien plus, il la constitua héritière de
son divin Cœur et de tous ses trésors de miséricorde, de grâces et de
bénédictions, par une donation en ces termes :
"Je
te constitue héritière de mon Cœur et de tous ses trésors, pour le
temps et l'éternité, te permettant d'en user selon les désirs ; je te
promets que tu ne manqueras de secours que lorsque mon Cœur manquera de
puissance."
Sainte Marguerite-Marie Alacoque |
Le Sacré-Cœur de Jésus |
Carte postale de l'apparition
Les divines apparitions
Languet,
en tête de la Vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie, a mis un long et
beau discours préliminaire pour préparer les esprits aux choses
merveilleuses qu’il va rapporter.
Aujourd’hui,
le laps du temps et les événements du monde chrétien, surtout le
développement et l’empire universel de la dévotion au Sacré-Cœur de
Jésus, malgré les obstacles humains de toutes sortes, me dispensent de
toute précaution oratoire.
D’ailleurs
ce livre ne s’adresse qu’aux âmes de foi et de piété. Je puis donc
commencer, sans autre préambule, le chapitre grandiose et simple à la
fois des apparitions de Notre Seigneur à l‘âme fervente qu’il y a si
bien préparée.
En parcourant la vie et les écrits de la Bienheureuse, on peut en compter jusqu’à soixante-dix.
Il faudrait un livre spécial pour les recueillir toutes avec des commentaires et des réflexions.
Je
ne puis donner ici que les principales ; celles qui ont en plus de
portée pour la sanctification de la Bienheureuse et du monde : et j’en
emprunte le texte à sa Vie écrite par elle-même, tel qu’on le trouve au
tome II de sa Vie et de ses œuvres.
«
Une fois étant devant le Saint Sacrement, me trouvant un peu plus de
loisir, je me trouvai tout investie de cette divine présence, mais si
fortement que je m’oubliai moi-même et du lieu où j’étais ; et je
m’abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son
amour.
«
Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me
découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de
son sacré Cœur, qu’il m’avait toujours tenus cachés jusqu’alors qu'il me
l’ouvrit pour la première fois, mais d’une manière si effective et
sensible qu’il ne me laissa aucun lien d’en douter, pour les effets que
cette grâce produisit sur moi, qui crains pourtant toujours de me
tromper en tout ce que je dis se passer en moi. Et voici comme, il me
semble, la chose s‘est passée. Il me dit :
"Mon
divin Cœur est si passionné d'amour pour les hommes et pour toi, en
particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son
ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen, et qu‘il se
manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te dé couvre,
et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires, nécessaires
pour les retirer de l’abîme de perdition ; et je t’ai choisie comme un
abîme d’indignité et d’ignorance, pour l’accomplissement de ce grand
dessein, afin que tout soit fait par moi. »
«
Après, il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre ; ce
qu’il fit, et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit
voir comme un petit atome qui se consommait dans cette ardente fournaise
; d’où le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le
remit dans le lieu où il l’avait pris, en me disant :
«
Voilà, ma bien aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme, dans
ton côté, une petite étincelle de ses plus vives flammes, pour te
servir de cœur et te consommer jusqu’au dernier moment, et dont l’ardeur
ne s’éteindra ni ne pourra trouver de rafraîchissement que quelque peu
dans la saignée, dont je marquerai tellement le sang de ma croix,
qu’elle t’apportera plus d’humiliation et de souffrance que de
soulagement. C’est pourquoi je veux que tu la demandes simplement, tant
pour pratiquer ce qui vous est ordonné, que pour te donner la
consolation de répandre ton sang sur la croix des humiliations. Et pour
marque que la grande grâce que je te viens de faire n’est point une
imagination et qu’elle est le fondement de toutes celles que j’ai encore
à. te faire, quoique j’aie refermé la plaie de ton côté, la douleur
t’en restera pour toujours ; et si jusqu’à présent tu n’as pris que le
nom de mon esclave, je te donne ici celui de la disciple bien-aimée de
mon Sacré-Cœur.
«
Après une faveur si grande, et qui dura un si long espace de temps,
pendant lequel je ne savais si j’étais au ciel ou en terre, je demeurais
plusieurs jours comme tout embrasée et enivrée, et tellement hors de
moi que je ne pouvais en revenir pour dire une parole qu’avec violence,
et il m’en fallait faire une si grande pour me récréer et pour manger,
que je me trouvais au bout de mes forces pour surmonter ma peine. Ce qui
me causait une extrême humiliation, et je ne pouvais dormir ; car cette
plaie dont la douleur m’est si précieuse, me cause de si vives ardeurs,
qu’elle me consomme et me fait brûler toute vive. Et je me sentais une
si grande plénitude de Dieu que je ne pouvais m’exprimer à ma supérieure
comme je l’aurais souhaité et fait, quelque peine et confusion que ces
grâces me fassent ressentir en les disant, pour ma grande indignité,
laquelle m’aurait fait choisir mille fois plutôt de dire mes péchés à
tout le monde, et ce m’eût été une grande consolation, si l’on m’avait
permis de le faire et de dire tout haut ma confession générale au
réfectoire, pour faire voir le grand fond de corruption qui est en moi,
afin que l’on ne m’attribuât rien des grâces que je recevais.»
Le
passage que j’ai surtout à cœur de faire remarquer dans cette admirable
exposition de choses si divines, est le paragraphe commençant par ces
mots : "Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes,
etc...."
Vous
avez dès le premier mot toute la raison de ce qui va se produire,
l’amour du Cœur de Jésus. Cet amour s’étend à tous les hommes sans
exception. Et tous vont avoir grand besoin qu‘il se multiplie !
On
est encore au dix-septième siècle, il est vrai, l’un des plus beaux
siècles chrétiens. Mais le misérable, l’ignoble Voltaire va paraître, et
déjà le sage et vertueux Fénelon pouvait du haut de la chaire de vérité
lancer ce formidable avertissement : « Un bruit sourd d’impiété vient
frapper nos oreilles, et nous en avons le cœur déchiré... 0 Dieu, que
vois-je ? « Où sommes-nous ? Le jour de la ruine est proche, et les
temps se hâtent d’arriver. Mais adorons en silence l’impénétrable secret
de Dieu. »
Le secret qu’adore en silence le grand évêque, c’est une humble fille de la campagne qui est appelée à le révéler au monde.
Le
remède à cette plaie hideuse de l’infidélité qui fait gémir un illustre
docteur, c’est une pauvre ignorante qui viendra le faire connaître
partout.
A
la vue de ce qui se prépare et des mauvais jours qui approchent, le
Cœur de Jésus ne peut plus contenir les flammes de son ardente charité ;
il faut qu’il les répande par le moyen de l’humble Marguerite. Il lui
découvre ses trésors de grâces, pour en enrichir les hommes.
Ces
grâces ne sont pas seulement sanctifiantes et salutaires, elles sont
nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition qui les menace ; et
il a choisi pour instrument de son grand dessein un abîme d’iniquité et
d’ignorance, afin, dit-il, que tout soit fait par moi.
Pour
quiconque sait réfléchir et apprécier les choses, il me semble que ce
passage suffirait seul à prouver la sincérité de Marguerite et la vérité
de ses diverses apparitions.
XV
Obligé
de me restreindre, je choisirai encore trois apparitions dans
lesquelles Notre Seigneur organise lui-même le culte de son Sacré-Cœur.
On y trouvera le germe de tout ce qui se fait aujourd’hui à la gloire de
ce divin Cœur : Communion réparatrice, apostolat de la prière, garde
d’honneur, heure sainte, dévotion des premiers vendredis, fête annuelle,
confréries.
Dans
la première de ces trois apparitions, le Cœur de Jésus témoigne combien
il est sensible à l’ingratitude des chrétiens envers lui. Il demande
réparation, et il indique les actes les plus propres à le consoler.
<<
Une fois, dit-elle, que le Saint Sacrement était exposé, après-m’être
senti retirer tout au dedans de moi-même par un recueillement
extraordinaire de tous mes sens et puissance, Jésus-Christ, mon doux
Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies
brillantes comme cinq soleils ; et de cette sacrée humanité sortaient
des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui
ressemblait à une fournaise ; et s’étant ouverte, elle me découvrit son
tout aimant et tout aimable Cœur qui était la vive source de ces
flammes.
«
Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur
amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté, d’aimer les hommes dont
il ne recevait que des ingratitudes et des méconnaissances.
«
Ce qui m’est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j’ai
souffert en ma passion, d’autant que s’ils me rendaient quelque retour
d’amour, j’estimerais peu tout ce que j’ai fait pour eux et voudrais,
s’il se pouvait, en faire davantage. « Mais ils n‘ont que du rebut pour
tous mes empressements à leur faire du bien. Du moins, donne-moi ce
plaisir de suppléer à leur ingratitude autant que tu en pourras être
capable.
Et lui remontrant mon impuissance, il me répondit :
« Tiens, voilà de quoi suppléer à tout ce qui te manque. »
Et
en même temps, ce divin Cœur s‘étant ouvert, il en sortit une flamme si
ardente que je pensai en être consumée ; car j’en fus toute pénétrée,
et ne pouvais plus la soutenir, lorsque je lui demandai d’avoir pitié de
ma faiblesse.
<<
Je serai ta force, me dit-il ; ne crains rien, mais sois attentive à ma
voix et à ce que je te demande pour te disposer à l’accomplissement de
mes desseins.
Premièrement,
tu me recevras dans le Saint Sacrement autant que l’obéissance te le
voudra permettre, quelques mortifications et humiliations qui t’en
doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme des gages de mon
amour. « Tu communieras, de plus, tous les premiers vendredis de chaque
mois ; «
Et toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette
mortelle tristesse que j’ai a bien voulu sentir au jardin des Olives ;
laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une
espèce d’agonie plus rude à supporter
que la mort. Pour m'accompagner dans cette humble prière que je
présentai alors à mon Père, parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras
entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec
moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère en
demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque
façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres, qui
m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec
moi ; et pendant cette heure, tu feras ce que je t’enseignerai.
«
Mais écoute, ma fille, ne crois pas légèrement à tout esprit et ne t’y
fies pas ; car Satan enrage de te décevoir ; c’est pourquoi ne fais rien
sans l'approbation de ceux qui te conduisent, afin qu’ayant l’autorité
de l’obéissance, il ne te puisse tromper ; car il n’a point de pouvoir
sur les obéissants. »
Et
pendant tout ce temps, je ne me sentais pas, ni ne savais plus où j’en
étais. Lorsqu'on vint me retirer de là, voyant que je ne pouvais
répondre, ni même me soutenir qu’avec grande peine, l’on me mena à la
mère, laquelle me trouva comme tout hors de moi-même, toute brûlante et
tremblante. Je me jetai par terre à genoux, où elle me mortifia et
m’humilia de toutes ses forces ; ce qui me faisait plaisir et me donnait
une joie incroyable. Car je me sentais tellement criminelle et remplie
de confusion que quelque rigoureux traitement qu’on m’eût pu faire, il
m’aurait semblé trop doux. Après lui avoir dit, quoique avec une extrême
confusion, ce qui s'était passé, elle se prit encore à m’humilier
davantage, sans,me rien accorder pour cette fois de tout ce que je
croyais que Notre Seigneur me demandait de faire et ne traitant qu’avec
mépris tout ce que je lui avais dit. Cela me consola beaucoup, et je me
retirai avec grande paix.»
XVI
Voilà
l’héroïsme chrétien ! Voilà la parfaite imitation de Jésus-Christ ! De
pareils traits ne s’inventent point ; de pareils sentiments ne sont
point simulés. La vérité seule peut inspirer ce langage tout à fait
conforme à celui des divines Écritures. »
Ce
n’est pas d’une seule fois, mais c’est progressivement que
Notre-Seigneur a voulu nous apprendre les pratiques les plus propres à
honorer son Sacré-Cœur, à le toucher et à obtenir miséricorde et salut.
Voici une des plus mémorables apparitions, celle où ce Cœur divin demande l’institution d‘une fête spéciale en son honneur.
Le Très-Saint Sacrement était solennellement exposé au grand autel de
la chapelle extérieure. La Bienheureuse était à genoux dans le chœur des
sœurs, un peu en arrière de la grille. Rien n’étant changé à ces lieux
de bénédiction, il vous sera doux et facile, pieux pèlerin, de suivre
par la pensée et par le cœur le récit que vous allez lire. Dans le rayon
céleste qui va partir du Cœur de Jésus et s’abaisser jusqu’au cœur de
sa servante, vous pourrez, par la foi, jouir de ce que vous êtes venu
chercher, aspirer un air de vérité, d‘amour et de componction.
«
Étant une fois devant le Saint Sacrement, un jour de son octave, je
reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour, et me sentis
touchée du désir de quelque retour, et de lui rendre amour pour amour.
Il me dit : «Tu ne m’en peux rendre un plus grand qu’en faisant ce que
je t’ai déjà tant de fois demandé. »
« Alors me découvrant son divin Cœur :
«
Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné,
jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour
reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par
leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par leurs froideurs et les
mépris et qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. « Mais ce qui
m’est encore le plus sensible, c’est que ce sont des cœurs qui me sont
consacrés qui en usent ainsi.
«
C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après
l’octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour
honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant réparation
d’honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu’il a
reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels. Je te
promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les
influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et
qui procureront qu’il lui soit rendu. »
«
Et répondant à cela que je ne savais comment pouvoir accomplir ce qu’il
désirait de moi depuis tant de temps, il me dit de m’adresser à son
serviteur qu’il m’avait envoyé pour l’accomplissement de ce dessein. Et
l’ayant fait, il (le serviteur de Dieu) m’ordonna de mettre par écrit ce
que je lui avais dit touchant le Sacré-Cœur de Jésus-Christ, et
plusieurs autres choses qui le regardaient pour la gloire de Dieu,
lequel me fit trouver beaucoup de consolation dans ce saint homme, tant
pour m’apprendre à correspondre à ses desseins, que pour me rassurer
dans les grandes craintes d’être trompée, qui me faisaient gémir sans
cesse. Le Seigneur l’ayant retiré de cette ville pour l’employer à la
conversion des infidèles, je reçus ce coup avec une entière soumission à
la volonté de Dieu, qui me l’avait rendu si utile dans le peu de temps
qu‘il avait été ici. Et lorsque seulement j’y voulus réfléchir, il me
fit d’abord ce reproche : Eh quoi ! ne te suffis-je pas, moi qui suis
"ton principe et ta fin ?" Il ne m’en fallut pas davantage pour lui tout
abandonner, puisque j’étais assurée qu'il aurait soin de me pourvoir de
tout ce qui me serait nécessaire. »
XVII
Dans
une autre vision, Marguerite-Marie se vit associée aux chœurs des anges
rendant ensemble hommage au Cœur de Jésus. C‘est là le modèle et la
plus haute recommandation des associations et confréries sans nombre qui
se sont formées depuis, dans l’univers catholique. Recueillons encore
ici ses propres paroles :
Une
autre fois, comme l’on travaillait à l‘ouvrage commun du chanvre, je me
retirai dans une petite cour, proche du Saint Sacrement, où faisant mon
ouvrage à genoux, je me sentis d’abord toute recueillie intérieurement
et extérieurement, et l’aimable Cœur de mon Jésus me fut en même temps
représenté plus brillant qu’un soleil. Il était au milieu des flammes de
son pur amour, environné de séraphins qui chantaient d’un concert
admirable :
L’amour triomphe, l‘amour jouit,
L’amour du saint Cœur réjouit.
«Et
comme ces Esprits bienheureux m’invitèrent de m’unir avec eux dans les
louanges de ce divin Cœur, je n’osais pas le faire. Mais ils m’en
reprirent et me dirent : « Qu’ils étaient venus afin de s‘associer avec
moi pour lui rendre un continuel hommage d’amour, d’adoration et de
louanges ; et que pour cela ils tiendraient ma place devant le Saint
Sacrement, afin que je le pusse aimer sans discontinuation par leur
entremise ; et que même ils participeraient à mon amour, souffrant en ma
personne comme je jouirais en la leur. »
« Et ils écrivirent en même temps cette association dans ce Sacré Cœur, en lettres d’or et du caractère ineffable de l’amour.
« Et après environ deux ou trois heures que cela dura, j’en ai ressenti les effets toute ma vie, tant
par les secours que j’en ai reçus, que par les suavités que cela avait
produites et produisait en moi, qui en restai tout abîmée de confusion.
Je ne les nommais plus, en les priant, que mes divins associés.
Cette
grâce me donna tant de désir de la pureté d’intention, et une si haute
idée de celle qu'il faut avoir pour converser avec Dieu, que toute autre
chose me paraissait impure pour ce sujet."
XVIII
C’est
une grande gloire pour le R. P. de la Colombière d'avoir été choisi de
Dieu pour être associé à. ces choses de l’ordre divin. Quand
Notre-Seigneur l’appelle son serviteur, quand il le promet à la
Bienheureuse Marguerite-Marie, il rend témoignage de ses vertus
parfaites ; et ce témoignage est celui de la vérité même : Christus est
veritas.
Les
directeurs qui avaient précédé ce saint homme n’étaient pas forts dans
la doctrine du discernement des esprits. De prime abord ils avaient
absolument méconnu l’action divine dans l’âme de Marguerite-Marie. Elle
n’était à leurs yeux qu’une hallucinée qu’il fallait simplement
distraire de ses folles imaginations par un travail assidu, et dont il
fallait fortifier le cerveau par la nourriture corporelle.
Fortes
de cette décision, et très justement attachées à l’esprit de leur
Institut qui aime la simplicité et les voies communes, la plupart des
religieuses se prononcèrent hautement contre leur humble et jeune
compagne. Longtemps elles persévérèrent dans cette voie, avec des procédés qui, plus d’une fois, purent ressembler à une véritable persécution.
Dieu
voulait, comme toujours, que son œuvre fût mise à l’épreuve. Mais comme
toujours aussi, à côté du mauvais vent qui soufflait, il daigne placer
son esprit et susciter de dignes instruments, capables d‘assurer le
succès de ses desseins sans en usurper la gloire.
Ces
instruments, dans la circonstance présente, furent d’abord trois
Supérieures d‘un mérite exceptionnel, qui se succédèrent dans le
monastère de Paray. Il suffit de nommer les révérendes mères de
Saumaise, Greyfie et Melin. Mais le principal instrument de Dieu fut
celui que Notre-Seigneur a désigné nommément son serviteur, le R. P. de
la Colombière.
Il
l’envoya juste à l‘heure opportune. Il s’agissait de discerner la
nature des opérations divines en Marguerite-Marie, relativement au
Sacré-Cœur. Or les quatre apparitions dont on vient de lire le récit
authentique, ont toutes eu lieu, soit immédiatement avant l’arrivée du
R. Père à Paray, soit pendant les dix-huit mois de son premier séjour en
cette ville ; et c’est presque avec la dernière que finit la vie de la
Bienheureuse écrite par elle-même.
«
La première fois qu’il vit la communauté, disent les Contemporaines,
sœur Marguerite-Marie entendit intérieurement ces paroles : « Voilà
celui que je t’envoie. » De son côté le R. Père, qui ne la connaissait
nullement, la première fois qu’il la vit, fut frappé de son air de
sainteté ; et en la signalant à la Supérieure après la visite, il dit
"que c’était un ange. »
Peu
de temps après, la révérende Mère le prie de revenir et ordonne à
Marguerite-Marie de s’ouvrir à lui sur ce qui se passait en elle.
Source : Livre "Album-guide des saints pèlerinages de Paray-le-Monial et de Verosvres" par François Cucherat
Carte postale de l'apparition
Carte postale de l'apparition
Carte postale du Bosquet de Noisetiers
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