Thérèse
Neumann, familièrement appelée Resl, naquit en Bavière, à Konnersreuth,
le Vendredi Saint 8 avril 1898, dans une famille pauvre.
Le père était tailleur et possédait également une ferme dont l'entretien était assuré par Mme Neumann.
Thérèse fut baptisée le jour de Pâques de la même année.
Elle est l'aînée de 9 enfants.
À l'école, elle se montra une élève douée.
C'était une enfant joyeuse, active, et surtout très pieuse, qui manifesta très tôt le désir de devenir religieuse missionnaire.
On
apprit bien plus tard qu'elle bénéficia d'une grâce particulière le
jour de sa première communion et qu'à plusieurs reprises elle eut le
privilège de communier à distance.
Seul
le curé de son village, le Père Naber, qui devait la diriger jusqu'à la
fin de sa vie, eut connaissance de ces faits étonnants.
À
l'âge de 14 ans, Thérèse fut placée dans une famille du village, comme
servante fermière, pour aider aux travaux des champs et servir les
consommateurs du café tenu par cette famille.
Pendant
la guerre de 1914-1918, elle travailla durement pour remplacer les
hommes partis à la guerre. Elle labourait, hersait, semait, fauchait,
maniait de lourds sacs de grains ou de pommes de terre, comme l'avaient
fait les hommes solides de la région.
Déjà toute à Dieu, en attendant d'entrer au couvent, elle s'était mise totalement au service de son prochain.
Thérèse
lisait peu. Toute son adolescence fut nourrie par les seuls
enseignements de saint François de Sales et de sainte Thérèse de
Lisieux.
Les premiers accidents
Le 10 mars 1918, un incendie se déclara dans le village.
Thérèse donna l'alarme et se plaça dans la chaîne pour combattre le sinistre.
Debout
sur un escabeau, elle devait recevoir les seaux pleins d'eau (de 10 à
25 kg) et les déverser ensuite sur les flammes. Pour cela il lui fallait
continuellement se baisser et se relever. Soudain elle ne put plus se
relever et lâcha le seau qu'elle tenait. Elle venait de se démettre la
colonne vertébrale.
Après
quelques jours de repos elle recommença à travailler un peu, mais, au
début du mois d'avril, elle tomba à la renverse, se blessa à la base de
la boîte crânienne et sa vue commença à baisser.
Le 1er août, en redescendant d'une échelle, elle manqua un échelon et tomba de nouveau.
Trois semaines plus tard, nouvelle chute... Sa vue continua à baisser et au mois d'août, elle ne pouvait plus lire.
Le 19 octobre de la même année 1918, nouvelle chute, nouvelle plaie à la boîte crânienne.
Enfin, le 17 mars 1919, après une cinquième chute, Thérèse devint complètement aveugle. Elle avait 21 ans.
Des maladies mystérieuses
À partir de maintenant la vie de Thérèse va devenir un constant calvaire.
À ces lourdes épreuves s'ajoutèrent des crampes épouvantables contractant et torturant toutes les parties de son corps.
Puis
survinrent d'autres maux déroutant souvent ses médecins : déformations
des membres, écoulement du pus dans ses oreilles, maux d'estomac,
paralysie progressant jusqu'en 1919 ; tout cela sans compter les
profondes escarres formant des plaies purulentes qui détruisaient les
chairs.
En
1925, la gangrène s'étant installée dans le pied gauche, un chirurgien
envisagea l'amputation. Mais cela ne se fit pas : le Sauveur en avait
décidé autrement...
Par ailleurs, Thérèse devenait, par périodes, sourde et muette.
En 1919, elle n'était plus qu'une chair puante jetée sur un lit de douleur. Pourtant elle acceptait tout, disant : "Tout ce qui me vient de la part de Dieu m'est bon : la guérison, la maladie, comme il lui plaira !" Ou encore : "Tout
ce qui me vient de la part du Seigneur m'agrée : toute fleur, tout
oiseau, ou même toute nouvelle souffrance ; ma plus grande joie, je la
trouve dans le Sauveur !"
Des guérisons inexplicables
L'état de santé de Thérèse Neumann était devenu incurable, effroyable.
On se demandait comment elle réussissait à vivre, accablée par tant de souffrances que les médecins ne savaient apaiser.
Mais voici que vont survenir sept guérisons inexplicables, instantanées et définitives.
– Le
29 avril 1923, alors que Thérèse était complètement aveugle depuis 4
ans et 1 mois, à 6 heures et demi du matin, soudainement, la vue lui
revint : c'était la fin d'une neuvaine que Thérèse avait commencée pour
obtenir la béatification de Thérèse de Lisieux.
– Au
cours d'un pénible accès de crampes, la plaie gangrenée de son pied
gauche, que l'on devait amputer dans les meilleurs délais, se trouva
entièrement guérie, quelques heures après que l'on eût appliqué dessus
des pétales de roses ayant touché le tombeau de la petite Thérèse de
l'Enfant Jésus : c'était le 3 mai 1925.
– Depuis
octobre 1918, Thérèse était presque entièrement paralysée. Le 17 mai
1925, jour de la canonisation de Sainte Thérèse Martin, Thérèse Neumann
se vit tout à coup enveloppée de lumière et se mit à crier. Soudain,
elle se redressa et, après une longue extase durant laquelle elle
parlait avec une personne invisible, elle se leva et se mit à marcher.
Thérèse se tenait très droite, elle pouvait s'asseoir et se lever seule,
sans douleur : sa colonne vertébrale était redevenue intacte.
– 13
novembre 1925. Thérèse est à toute extrémité avec une appendicite
purulente. À sa demande, on lui appliqua une relique de Sainte Thérèse
et elle se mit en prière. Soudain, elle ouvrit les yeux, se souleva et
tendit les mains à une personne invisible en disant "Oui !" à plusieurs
reprises. Thérèse raconta plus tard à son curé, le Père Naber qui lui
demandait si c'était encore la petite Thérèse qui était venue la
secourir : "Oui! et elle m'a dit de me rendre immédiatement à
l'église pour remercier Dieu... Une main m'est apparue, j'ai voulu la
saisir, mais je n'y suis pas arrivée. C'était une fine main blanche...
Les trois premiers doigts étaient étendus, les autres fermés... et il y
avait une pure lumière d'où une voix, que j'ai bien reconnue, m'a dit:
'Afin que le monde reconnaisse qu'il y a une puissance supérieure, tu
n'auras pas besoin d'être opérée. Lève-toi et va à l'église, mais tout
de suite, tout de suite, afin de remercier le Seigneur. Tu auras encore
beaucoup à souffrir... Tu n'as pas à t'en effrayer, non plus que des
souffrances intérieures. C'est à cette condition seulement que tu peux
coopérer au salut des âmes. Il te faut toujours davantage mourir à
toi-même. Garde ta simplicité d'enfant.'" Ce qui surprit tout le monde, c'est l'instantanéité de la guérison.
– 19
novembre 1926. La bronchite aiguë que Thérèse avait contractée s'était
transformée en pneumonie double. Le 26 novembre était un vendredi et
Thérèse vivait déjà les douleurs de la Passion, comme à l'ordinaire.
Thérèse était en train de mourir. On appela le Père Naber qui lui
administra l'Extrême Onction. Il était 6 heures du soir : les membres se
refroidissaient, son teint prit la couleur de la cendre : c'était la
fin. Soudain Thérèse se dressa sur son lit, tendit les mains en avant
vers la voix bien connue qui lui parlait de nouveau : "Le Seigneur
se réjouit de te voir ainsi soumise. Tu ne dois pas encore mourir. Tout
cela est arrivé pour montrer au monde qu'il y a une puissance
supérieure. Tu souffriras encore davantage, afin de soutenir les prêtres
dans l'œuvre du salut des âmes." De nouveau Thérèse fut le sujet d'une guérison instantanée.
Le
lendemain, Thérèse reprit ses activités. Elle était délivrée de tous
les maux qui l'avaient clouée au lit depuis plus de 6 ans.
– À
ces guérisons naturellement inexplicables, il convient d'ajouter une
autre guérison : du 7 au 13 juillet 1940, Thérèse subit plusieurs
attaques d'apoplexie. Pendant neuf jours, elle demeura dans un état de
semi-inconscience, à demi paralysée. Puis, lors de la vision de
l'Assomption, toutes les séquelles dues aux crises d'apoplexie
disparurent. Thérèse raconte : "Lorsque la Mère de Dieu sortit en
flottant du sépulcre avec les anges, elle me sourit. Elle flotta vers
moi et tint sa main droite sur la partie gauche de ma tête. Bien que
lors des visions je ne ressentisse rien provenant de l'extérieur, il
passa dans la partie droite de mon corps, comme une violente décharge
électrique. Je levais la main afin de saisir celle de Marie."
Autres phénomènes extraordinaires
La vie de Thérèse Neumann a été jalonnée de phénomènes étonnants.
Voici des faits étranges qui accompagnèrent Thérèse tout au long de son chemin terrestre.
Thérèse,
pénétrant dans les desseins de Dieu, commença à réaliser qu'elle était
destinée à une vie de souffrance et de réparation, et elle voulut se
charger des épreuves du prochain.
Un
exemple : son père, Mr Neumann, ne pouvait plus travailler à cause de
ses rhumatismes. Thérèse demanda à Dieu de lui donner le mal de son
père : elle fut exaucée. Le père guérit, et Thérèse assuma le
rhumatisme...
Les
faits qui suivent ont été rappelés par Anni Spiegl, une amie de Thérèse
Neumann qui avait assisté à de nombreux phénomènes extraordinaires
vécus par cette dernière :
– Un
jour, le Dr Wutz avait célébré sa messe dans son oratoire privé et
consacré deux hosties, pour Odile et Ferninand, une sœur et un frère de
Thérèse. Au moment de la communion, il ne restait qu'une seule hostie.
Thérèse lui donna bientôt l'explication. Ayant été dans l'impossibilité
d'assister à la messe, malgré son immense désir de rencontrer Jésus,
elle se transporta en esprit dans l'oratoire de la maison Wutz, à
Eichstät, où célébrait le professeur. Thérèse assista à cette messe, en
esprit, et communia... C'est de la même façon qu'elle assista aux
cérémonies du couronnement du pape à Rome, et à diverses canonisations.
Elle racontait ensuite ce qu'elle avait vu, avec de nombreux détails
qu'on pouvait ensuite vérifier.
– Thérèse discernait les prêtres qui avaient abandonné leur sacerdoce.
– Elle savait d'instinct si le Saint Sacrement se trouvait dans
l'église ou dans la chapelle où elle entrait. Elle discernait les vraies
reliques des saints, des fausses.
– Elle prédit, longtemps à l'avance que le Dr Graber, professeur à
l'université d'Eischtätt serait un jour l'évêque de cette ville.
– Un jeune étudiant en théologie était atteint d'une très grave
tuberculose de la gorge. Prise de pitié, durant les fêtes de Noël 1922,
Thérèse pria le Sauveur de lui donner cette maladie en échange de la
guérison de ce jeune séminariste. Thérèse fut aussitôt atteinte d'un mal
de gorge qui la fit souffrir longtemps. Mais à partir de ce jour,
Thérèse ne put plus jamais avaler la moindre nourriture solide. Le jeune
étudiant guérit définitivement et fut ordonné prêtre. Le jour où il
célébra sa premier messe, le 30 juin 1931, Thérèse fut délivrée de son
mal de gorge.
– Pendant la période nazie, les amis de Thérèse du cercle de
Konnersreuth avaient préparé une action nocturne de propagande
anti-nazie pour le soir même. Soudain Thérèse fut ravie en extase ;
revenue à l'état normal elle s'écria : "Renoncez à ce que vous avez l'intention de faire cette nuit, car il y a du danger".
Odile, sa sœur, fut consternée, mais elle brûla immédiatement tous les
documents qui avaient été si péniblement imprimés. Heureusement, car le
lendemain matin la Gestapo surgissait dans le magasin d'Anni,
recherchant les écrits contre le régime.
– Le jour de la Toussaint, Thérèse voyait tous ses parents et amis
décédés. Elle les voyait sous les traits qu'elle leur avait connus, mais
resplendissants de bonheur.
Les visions
Thérèse Neumann vivait dans un intime union avec le Sauveur.
Pendant
35 ans, outre les terribles visions de la Passion de Jésus-Christ, elle
eut la grâce de contempler la vie de Jésus sur la terre, et ses
miracles.
Elle vit le pays où il vécut, travailla et se déplaça, ainsi que les gens qui l'entouraient.
Elle connut leurs habitudes et les entendit parler leur langage : l'araméen.
Elle
vécut des scènes du voyages des mages, le massacre des innocents, la
fuite en Égypte, la vie à Nazareth et la plupart des épisodes de la vie
publique de Jésus.
Thérèse contempla de nombreuses scènes de la vie de Marie après la résurrection de Jésus, notamment à Éphèse avec Saint Jean, “puis à Jérusalem où, à la fin de sa vie terrestre, elle fut élevée, corps et âme, au Ciel”.
Thérèse assista aussi à la lapidation de Saint Étienne.
Elle fut témoin de la prédication et du martyre des apôtres et de nombreux saints.
Pendant
ses extases, Thérèse Neumann perdait conscience de ce qui l'entourait
physiquement, mais, curieusement, ses sens ressentaient ce qui se
passait dans les lieux où l'extase la transportait.
Les
expressions de son corps ou de son visage trahissaient ce qu'elle
éprouvait : le froid, la chaleur, les odeurs, etc... Thérèse était
présente, matériellement, comme spectatrice de la scène contemplée.
Ainsi, elle se penchait si un objet lui cachait ce qu'elle désirait
voir.
En
ce qui concerne le langage araméen qu'elle parlait et comprenait durant
ses extases, ainsi que de ses connaissances géographiques de Jérusalem à
l'époque du Christ, le baron Erwein von Aretin a pu écrire :
"...
Il est établi que les extases révèlent des connaissances qui ne sont
préexistantes ni chez l'intéressée, ni chez aucun témoin. Resl apparaît
ici comme étant tout à fait sous l'emprise d'une force extérieure non
perceptible par les sens.
Cela
vaut aussi pour l'aspect de ses extases. Avec une brutalité sans
pareille, parfois en pleine conversation... ces extases éclatent en
trombe, l'arrachent de ses oreillers, souvent en des positions
physiquement invraisemblables selon les lois de la pesanteur... Toute
sensibilité a disparu de son corps.
La dernière œuvre de Thérèse Neumann: le Theresianum
Malgré
ses stigmates et la Passion de Jésus qu'elle revivait chaque semaine du
jeudi soir au dimanche matin, malgré son jeûne total et prolongé,
Thérèse vivait normalement, recevant de nombreux visiteurs, prenant
part aux travaux des champs, soignant les malades, et se réservant le
soin d'orner l'église.
Cependant,
vers la fin de sa vie, on détecta une angine de poitrine. Est-ce à
cause de cela qu'à partir de 1961, la miséricorde du Seigneur espaça les
visions douloureuses du vendredi ?
Cependant les activités de Thérèse se poursuivaient.
Pendant
l'été 1962, Mgr Rudolph Graber, l'évêque de Konnersreuth demanda à
Thérèse de travailler avec lui à l'érection d'un monastère consacré à
l'adoration perpétuelle.
Elle choisit les Sœurs du Carmel pour jeter les bases de la nouvelle congrégation.
Deux
dames de Konnersruth lui donnèrent le terrain nécessaire pour
construire le nouveau couvent à Konnerseuth, et Thérèse réussit à
trouver les fonds nécessaires pour sa construction.
Ce monastère fut appelé "Theresianum" en
l'honneur de la petite sainte Thérèse. La première pierre fut posée le
28 avril 1963. Cinq mois après la pose de la première pierre, le
Theresianum était consacré, mais Thérèse Neumann était morte.
Il est intéressant de citer quelques lignes de Mgr Graber à propos de ce couvent : "Le
Père cherche des adorateurs... N'est-ce pas étrange qu'ici, justement
devra s'ériger ce lieu d'adoration, non loin du rideau de fer, donc non
loin de ces pays où Dieu n'est plus adoré et où on idolâtre la matière.
Peu importe que les ingénieurs fassent tant et tant d'autres
découvertes, qu'ils envoient leurs radiations sur la terre et que leurs
fusées sillonnent les hémisphères occidental et oriental : ces
radiations mystiques de la prière et de la grâce sont infiniment plus
fortes que toutes les autres radiations naturelles. Elles conduiront
l'humanité à la vie, à la vie éternelle, à la vie divine."
La mort de Thérèse
Thérèse avait séjourné à Eichstätt du 6 au 12 août 1962 pour étudier et préparer la fondation du Theresianum.
Elle y revint du 8 au 10 septembre 1962 pour régler la succession de sa sœur Odile, ex-gouvernante du professeur Wutz.
Le
jeudi 13 septembre, elle travailla encore à l'ornementation de l'église
en vue de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix et des sept
douleurs de la Vierge Marie.
Elles souffrait d'un violent mal de gorge.
Le vendredi 14, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, ses stigmates furent très douloureux.
Le
lendemain, samedi 15 septembre, fête des sept douleurs de Marie, elle
se leva à 6 heures et demi pour aller à la messe, mais un infarctus du
myocarde la terrassa brutalement.
Le
mardi 18 septembre 1962, le Père Naber lui porta la communion vers
10h30. À midi, Thérèse Neumann rejoignait son Seigneur qu'elle avait
tant aimé.
Le
samedi 22, ce furent les funérailles. La foule venue accompagner
Thérèse fut évaluée à 7000 personnes. Les oiseaux de la volière de
Thérèse Neumann, les pigeons et les colombes des gouttières, étaient
devenus muets...
L'inédie (jeûne perpétuel et total)
À
partir du 6 août 1926, fête de la Transfiguration de Jésus, Thérèse qui
déjà ne mangeait plus depuis la fin de l'année 1922, cessa aussi de
boire.
Jusqu'à
la fin de sa vie, c'est-à-dire pendant 35 ans, elle n'absorba aucune
nourriture, ni solide, ni liquide. Les éliminations naturelles
s'arrêtèrent également.
De
nombreuses personnes, dont beaucoup n'étaient jamais venues jusqu'à
Keunnersreuth, ne se lassaient pas de contester ces faits, laissant
entendre qu'il s'agissait de fraudes...
De sévères contrôles furent donc imposés à Thérèse, auxquels elle se soumit avec beaucoup de patience et d'humilité.
Naturellement, rien de suspect ne fut jamais détecté.
Thérèse ne se nourrissait vraiment que de l'Eucharistie.
Chose
étrange : pendant chaque extase sanglante de la Passion, Thérèse,
perdait environ 5 kilos qu'elle récupérait rapidement, sans rien
manger...
Thérèse était constamment entourée de nombreuses personnes.
Elle
voyageait et était souvent invitée chez des amis. Comme elle était de
constitution très robuste, elle aurait difficilement pu dissimuler sa
faim. Mais manger lui était devenu absolument impossible.
Par ailleurs, Thérèse dormait peu, une ou deux heures par nuit.
Pourtant,
en dehors de ses douloureuses périodes d'extases sanglantes, elle
s'adonnait aux activités normales d'une paysanne allemande de l'époque,
sauf aux travaux trop durs devenus impossibles pour elle en raison de
ses stigmates.
Vers
minuit, elle allait prier à l'église pendant une heure, puis elle
rentrait dans sa chambre pour prendre connaissance de son courrier, très
volumineux, et cela jusqu'à quatre heures du matin. Puis elle
s'allongeait jusqu'à six heures et se préparait pour assister à la messe
de sept heures. Après la messe, le cours normal de sa journée
reprenait.
L'emploi
du temps de Thérèse était souvent bousculé par les extases, des visions
inopinées, des déplacements ou des maladies. Thérèse, en effet, pouvait
être malade comme tout le monde, et on la soignait normalement.
Les stigmates
Les premières stigmatisations, partielles
Ceci se passa au début du carême 1926, durant les fêtes de carnaval.
Soudain, Thérèse commença à souffrir de violents maux de tête.
Comme à son habitude, elle offrit toutes ses souffrances en expiation pour les péchés commis ces jours-là.
Au
cours de la nuit du jeudi au vendredi, soudain, elle contempla le
Sauveur à Gethsémani... Jésus fixa sur elle son regard et Thérèse
ressentit une immense douleur à son cœur. En même temps elle sentit
quelque chose de chaud qui coulait de son cœur : c'était du sang qui
s'épanchait d'une plaie située à hauteur de son cœur. Le samedi la
blessure était refermée.
La
semaine suivante, la même chose se renouvela, mais Thérèse contempla
son Sauveur du Jardin des Oliviers jusqu'à sa flagellation.
La plaie de son cœur saigna à nouveau.
Dans
la nuit du Jeudi-Saint au Vendredi-Saint, Resl, en extase, assista à
toute la Passion de Jésus, de Gethsémani jusqu'à la mort sur la Croix.
Son cœur saignait abondamment, et les stigmates apparurent pour la première fois sur ses mains et sur ses pieds.
Thérèse se crut de nouveau malade, car elle n'avait jamais entendu parler de stigmates.
Le bon curé Naber et sa famille s'alarmèrent. On tenta de soigner les plaies : hélas! Inutilement.
Les autres stigmatisations
Le Vendredi Saint 1927 Thérèse reçut des stigmates sur les faces internes des mains et des pieds.
Elle ne comprenait rien à ce qui lui arrivait...
Au
cours de l'année 1927, elle reçut les stigmates de la couronne
d'épines, puis, en 1928, sur l'épaule droite, le stigmate du Portement
de Croix.
Enfin, le 25 mars 1929 (Vendredi Saint), elle fut marquée, pour la première fois, des stigmates de la flagellation.
Les stigmatisations durèrent 36 ans.
Jamais
ces plaies ne s'infectèrent. Elles s'ouvraient au cours des passions
que Thérèse vivait avec le Sauveur, puis se recouvraient d'une peau
superficielle.
Les visions se produisaient tous les vendredis, sauf entre les fêtes de Pâques et du Sacré-Cœur.
Au
cours des dernières années, en dehors des vendredis de carême, ces
passions ne se produisirent plus que les premiers vendredis de chaque
mois.
Thérèse
mit beaucoup de temps à s'habituer à la douleur des stigmates
permanents qui la gênaient beaucoup dans son travail. Elle dut porter
des chaussures spéciales afin de pouvoir marcher presque normalement.
La Passion vue et vécue par Thérèse Neumann
Des
milliers de témoins ont pu suivre toutes les étapes de la Passion du
Christ en suivant les expressions du visage de Thérèse en extase.
– après le couronnement d'épines, on la voyait s'efforcer d'arracher
les épines là où le fichu blanc qu'elle portait toujours était maculé de
sang.
– Pendant la flagellation, des traces de sang apparaissaient sur sa
chemise du nuit. Durant le portement de Croix, son épaule se mettait à
saigner.
– Pendant la crucifixion, les mains de Thérèse se contractaient; ses
pieds saignaient. Elle souffrait beaucoup de la soif. On voyait ses
regards se diriger dans plusieurs directions. Puis Thérèse s'effondrait,
apparemment morte. C'est seulement le soir ou après la vision de la
Résurrection que Thérèse Neumann revenait à son état normal, mais
profondément recueillie.
Un
phénomène particulier rendait les visions des vendredis, et surtout des
vendredis de Carême particulièrement dramatiques : les larmes de sang.
Dans ses extases, Thérèse Neumann assistait à la Passion de Jésus et
souffrait ses douleurs. C'est alors qu'elle pleurait les larmes de sang
qui impressionnaient tant les spectateurs.
Thérèse vivait vraiment la Passion de Jésus, et cela se lisait dans ses gestes et dans les expressions de son visage.
Il y avait des pauses dans les extases douloureuses pendant lesquelles Thérèse assistait et vivait la Passion du Christ.
Alors elle pouvait répondre aux questions qu'on lui posait, et jamais on ne put la prendre en défaut ou la faire se contredire.
Puis, brusquement, une nouvelle extase s'imposait : la Passion de Jésus reprenait son cours ; celle de Thérèse aussi...
Comme Jésus, Thérèse entrait en agonie et vivait les dernières étapes de la vie de Jésus ; puis c'était la mort : "Tout est consommé !"
pouvait-on lire sur ses lèvres. Thérèse semblait être vraiment morte.
Elle ne revenait à son état normal que le soir. Toutefois, après sa
"mort" du Vendredi Saint, Thérèse ne redevenait vraiment elle-même
qu'après la vision de la Résurrection de Jésus.
Durant
ses extases, Thérèse perdait complètement la notion du monde extérieur,
et ne savait même plus s'orienter dans sa chambre.
Thérèse
Neumann conservait, visibles dans sa chair, les stigmates des clous,
aux mains et aux pieds, du coup de lance et de la couronne d'épines.
Certains jours d'autres stigmates apparaissaient, à l'épaule droite,
ainsi que des traces de la flagellation.
Les états mystiques particuliers de Thérèse
Quelques précisions concernant les visions de Thérèse Neumanm :
Thérèse
Neumann bénéficia de nombreuses autres visions, concernant l'ancien et
le Nouveau Testament, ainsi que la vie de quelques saints.
Après
les visions, Thérèse était capable de donner des détails étonnants de
précision et de véracité sur la topographie des lieux, les monuments, la
région qu'elle avait "visités".
Elle pouvait même donner des détails sur les vêtements des personnes avec qui elle venait de "vivre"...
Pendant
ses visions, elle percevait également les sons, les odeurs, et même les
températures des endroits où elle se "trouvait" en esprit.
Elle
comprenait les langues des personnages qu'elle "rencontrait", et
plusieurs fois elle corrigea des fautes de professeurs de ces langues
anciennes qui assistaient à ses extases, notamment du Professeur Wutz.
Et Thérèse conservait dans son cœur et dans sa mémoire, tout ce qu'elle avait vécu dans ses visions.
États mystiques particuliers
En dehors de ses extases, et de son état normal, Thérèse Neumann pouvait également se trouver dans des états très particuliers.
Plusieurs de ces états ont été soigneusement décrits par le Père Naber et par le professeur Wutz.
L'état d'absorption ou de ravissement
Cet état suivait chaque vision, immédiatement après la fin de l'extase.
Thérèse restait absorbée par ce qu'elle venait de vivre, et "c'est alors qu'on l'interrogeait et qu'elle parlait comme une enfant très naïve, de quatre ou cinq ans".
Généralement
elle restait sous l'empire total de ses visions, et, cependant, les
réponses qu'elle donnait aux questions des personnes qui l'entouraient
étaient d'une objectivité absolue.
L'état de repos surélevé
Un
état particulier vécu par Thérèse Neumann, état que l'on a parfois
appelé "état de repos surélevé", se présentait après l'absorption et
était de courte durée.
Les forces de Thérèse se renouvelaient, et l'expression de son visage et le son de sa voix redevenaient normaux.
C'est alors qu'elle s'exprimait en allemand alors que d'ordinaire elle ne parlait que le dialecte bavarois.
C'est
à ces moments-là qu'elle semblait posséder, des connaissances hors de
sa portée, répondant aux questions les plus difficiles.
Cet état de repos surélevé se présentait aussi chez Thérèse après ses communions.
C'est
quand elle était en cet état de repos surélevé, que Thérèse pouvait
lire dans les pensées les plus intimes (don de cardiognosie).
C'est alors qu'elle pouvait démasquer les mauvais ou les faux prêtres ; et même les faux évêques...
Elle avait également connaissance du sort réservé aux âmes des morts.
Dans cet état de repos surélevé, Thérèse savait reconnaître les vraies reliques des fausses. (don de hiérognose)
Thérèse
Neumann avait, comme il a été dit plus haut, le don de comprendre les
langues étrangères, y compris les langues anciennes, tel l'araméen,
quand elle était en extase, et de les répéter ensuite, mais seulement
quand elle était en état de repos surélevé.
Thérèse
Neumann avait également la faculté de voir et d'entendre à distance,
dans le temps et l'espace, les faits qu'elle avait à connaître.
Ainsi,
Thérèse pouvait parfois assister, en esprit ou en bilocation, à une
messe dans une église où elle n'était pas corporellement présente. De
nombreuses vérifications ont pu être faites.
Les souffrances expiatoires
Thérèse avait la faculté de prendre sur elle les souffrances et les péchés d'autrui afin de coopérer au salut des âmes.
Quand
elle prenait sur elle une maladie, elle en présentait tous les
symptômes, tandis que les vrais malades étant immédiatement soulagés.
Il
en résulta que dans son entourage on ne s'inquiétait plus quand elle
semblait tomber malade : on ne faisait plus venir le médecin et on
attendait qu'elle guérisse subitement, ce qui se passait quand la
personne pour laquelle Thérèse souffrait avait obtenu les grâces
désirées ou s'était convertie.
Thérèse expliqua un jour au Docteur Guerlich : "Écoute !
Le sauveur est juste. C'est pourquoi il doit punir. Il est aussi
miséricordieux et il est disposé à nous aider. Le péché qui a été
commis, il doit le punir; mais si un autre prend sur lui la souffrance,
justice est faite, et le Sauveur obtient la liberté de sa bonté."
Don de prophétie
Ce charisme, les proches de Thérèse s'ingéniaient à le tenir caché.
Mais
nous connaissons pourtant quelques cas très importants : Thérèse avait
notamment prédit, longtemps à l'avance, la chute du national-socialisme,
et parfois elle alertait ceux dont la vie était menacée par les
persécutions hithlériennes.
Ainsi le Père Ingbert Naab put échapper aux poursuites de la Gestapo.
Elle annonçait aussi des visites inattendues.
La lévitation et la bilocation
Plusieurs
témoins, auraient constaté que, pendant des extases, Thérèse Neumann se
tenait élevée de 15 à 20 centimètres au dessus du sol.
En
ce qui concerne la bilocation, on connaît au moins un cas absolument
certain : celui d'un désespéré qui voulait se jeter sous un train, une
nuit, dans la forêt. Au moment où il allait se précipiter sur les rails
alors que le train arrivait à toute vitesse, quelqu'un le tira vers
l'arrière : c'était Thérèse, qui l'incita fortement à aller trouver le
cure Naber. Le candidat au suicide était sauvé !
Relations avec les anges gardiens
Thérèse Neumann percevait la présence de son ange gardien.
Elle le voyait, quand elle était en extase. Il était près d'elle, à sa droite, comme un être de lumière.
Elle l'entendait quand il lui parlait, et elle le comprenait.
Dans
certaines circonstances, l'ange gardien de Thérèse lui vint en aide.
Elle voyait également les anges de ses interlocuteurs, et ce sont eux
qui lui révélaient ce qu'elle devait savoir sur la vie cachée de ses
visiteurs, ou sur leurs états d'âme, et lui inspiraient les conseils
qu'elle devait leur transmettre.
Les phénomènes eucharistiques
On sait que, à plusieurs reprises, Thérèse Neumann communia à distance.
On sait moins, par contre, qu'elle ne vivait que de la présence de l'Eucharistie : elle disait elle-même "qu'elle vivait du Sauveur".
En
effet, on a constaté, à de nombreuses reprises, que les espèces du pain
consacré subsistaient intactes, dans le corps de Thérèse. C'était la
présence de Jésus qui la maintenait en vie.
Mais
dès que la parcelle d'hostie qu'elle avait reçue la veille était
digérée, elle devait communier très rapidement, car elle défaillait.
Si
le prêtre alerté se faisait trop attendre, alors une hostie consacrée
venait spontanément à elle, et Thérèse entrait en extase et retrouvait
ses forces et son aspect normal...
Thérèse Neumann et Hitler
La
venue d'Hitler au pouvoir déchaîna la persécution contre l'Église, et
les œuvres catholiques de jeunesse furent frappées d'interdiction.
En
ce qui concerne Thérèse Neumann, il faut savoir qu'Hitler la haïssait
particulièrement, car, inspirant la foi aux catholiques allemands, elle
était devenue une menace pour le régime du National Socialisme.
Hitler
aurait pu faire disparaître Thérèse, mais, trop superstitieux, il n'osa
jamais l'attaquer directement. Il préférait faire faire le travail par
ses milices.
Or curieusement, toutes les tentatives menées contre Thérèse échouèrent...
Elle échappa même à une attaque de tanks menée contre son village de Konnersreuth.
Voici quelques exemples.
Le cercle de Konnersreuth
Le
Dr Frans Xavier Wutz, professeur à l'université d'Eichstätt
s'intéressait vivement aux paroles de Thérèse prononcées en Araméen
pendant ses extases, et, de ce fait, il était convaincu de
l'authenticité des faits de Konnersreuth.
La
famille de Thérèse se lia d'amitié avec le Dr Wutz et Thérèse put faire
plusieurs séjours prolongés dans sa maison : le Dr Wutz souhaitait
approfondir la langue araméenne et, parfois, Thérèse corrigeait ses
"corrections".
Pendant le 3ème
Reich un cercle d'amis se constitua dans la maison Wutz et devint un
noyau de résistance contre le régime d'Hitler. Plusieurs des membres de
ce cercle furent pris par la Gestapo, torturés et tués. On peut citer :
– Le Dr Fritz Gerlich, journaliste calviniste qui se convertit au
catholicisme, après avoir assisté à l'une des premières stigmatisations
de Thérèse en 1926. Devenu un intrépide défenseur de la foi, il mourut
roué de coups dans une prison.
– Le Père Ingbert Naab grand résistant au régime Nazi. Poursuivi dès 1933, il réussit à s'enfuir en Suisse.
D'autres amis du cerle luttèrent activement, aux côtés de Thérèse et de ses amis, contre le terrible régime hitlérien :
– Le
prince Éric Waldburg-Zeil mourut victime d'un accident, mais son
épouse, la princesse Monique resta en relation avec Thérèse.
– Bruno
Rothschild, jeune juif, se fit baptiser tant sa première visite à
Konnersreuth l'avait bouleversé. Il devint prêtre en 1932, puis mourut
subitement en 1933, échappant ainsi à la persécution antisémite qui se
déchaîna dès 1933.
– Les
évêques Conrad Preysing et Michaël Rackl, amis du Dr Wutz,
rencontrèrent fréquemment Thérèse après avoir assisté à une de ses
stigmatisations.
– Le
docteur Joseph Lechner, professeur de droit canon et de liturgie à
l'université d'Eichstätt fut un grand défenseur de Thérèse.
Quelques aspects de la résistance contre Hitler
La prise du pouvoir par Hitler déclencha la lutte contre l'Église. Les œuvres de l'Église furent interdites.
À Erchstätt un jeune dirigeant de l'Action Catholique fut interné à Dachau.
Les facultés de théologie furent fermées.
Le curé de la cathédrale tomba victime d'un attentat..
Beaucoup d'étudiants furent appelés sous les drapeaux : peu en revinrent.
À
Erchstât, comme dans de nombreux autres endroits, la résistance
s'organisa, clandestine, le plus souvent, mais efficace malgré les
dangers.
Thérèse mit toute son influence à combattre la propagande hitlérienne.
Dès
le début du national-socialisme, elle en prédit sa fin certaine, tout
en recommandant à ceux qui le refusaient ou le redoutaient, d'avoir
beaucoup de patience... On ne doit pas s'étonner de la haine que le
régime lui voua.
Les amis de Thérèse et sa famille furent souvent exposés à des représailles de la part du IIIe Reich.
Quant
à elle, elle eut relativement peu d'ennuis. Elle avait renoncé à sa
carte d'alimentation et demandé en échange une double ration de savon.
Bientôt la presse ne parla plus d'elle : Thérèse semblait tranquille.
On
apprit plus tard qu'Hitler, très superstitieux, croyant à l'astrologie,
aux voyantes et aux horoscopes, avait donné l'ordre de ne pas y
toucher.
En
effet, si les nazis avaient décidé de supprimer leur ennemie, cela leur
aurait été facile : il suffisait de la mettre en observation dans une
clinique où elle décèderait, après une piqûre, ou d'un accident
cardiaque.
Mais
Adolf Hitler chargea le Gauleiter Holtzeschuber de prendre les mesures
nécessaires pour protéger sa vie et celle de sa famille.
Incontestablement
Hitler craignait les remous qu'aurait provoqués la disparition de
Thérèse Neumann. Il redoutait aussi qu'il lui arriva malheur si par sa
faute, les jours de Thérèse étaient menacés ou abrégés.
Hélas ! Il n'en était pas de même de la part des sbires du régime !
Voici
un exemple vécu vers la fin de la guerre, en 1945 : la place du marché
de Konnersreuth, occupée par les SS fut incendiée avant l'entrée des
américains. Thérèse s'était réfugiée avec deux de ses sœurs et quatorze
enfants, dans une cave située sous la remise des locaux paroissiaux..
La remise prit feu, la charpente s'effondra, mais Thérèse avait eu le
temps de se mettre en sécurité avec les enfants.
À
la fin de la guerre, les Américains prirent les mesures nécessaires
pour assurer la sécurité de Thérèse. En effet, dans les bois voisins se
cachaient de nombreux SS dispersés, et l'on pouvait tout redouter d'eux :
enlèvement ou assassinat.
Thérèse Neumann (Teresa Neumann,
8 avril 1898 à Konnersreuth en Bavière, Allemagne - 18 septembre 1962,
même lieu) est une mystique catholique principalement connue pour ses
stigmates et son inédie.
Le
13 février 2005, Gerhard Ludwig Müller, évêque de Ratisbonne a
officiellement ouvert la procédure de béatification au Vatican.
Biographie
1898-1918
Konnersreuth, vue actuelle
Thérèse
Neumann est née le vendredi 8 avril 1898, dans une famille de paysans
pauvres dans un village du nord du Royaume de Bavière proche de la
frontière avec l'Autriche-Hongrie.
Après la mort d'un premier garçon, elle devient l'aînée de neuf enfants.
Elle
a pour confesseur l'abbé Joseph Naber, curé de Konnersreuth de 1909 à
1960, qui sera tout au long de sa vie son soutien spirituel et son
directeur de conscience.
C'est
à lui seul qu'elle déclare avoir eu une vision le jour de sa première
communion et avoir reçu le don de voir sa communion spirituelle se
transformer en communion sacramentelle.
Dès
l'âge de quatorze ans, elle entre au service d'un
cultivateur-aubergiste du village comme fille de ferme durant la journée
et travaillant le soir dans le café et la salle de danse de l'auberge.
Désirant devenir missionnaire, elle économise pour se constituer le trousseau nécessaire à son entrée au couvent.
1918-1926
La maison de Thérèse Neumann à Konnersreuth, en 1926
Le
10 mars 1918, en soulevant de lourds seaux d'eau pour aider à combattre
un incendie, elle se démet les deuxième et troisième vertèbres
lombaires.
Elle
continue cependant son travail. Mais au mois d'avril suivant, à la
suite d'une chute qui occasionne une blessure à la base du crâne, elle
perd progressivement la vue.
Commence
alors un long calvaire, marqué par une série de nouvelles chutes
accidentelles jusqu'en mars 1919, qui entraînent une luxation
vertébrale, des convulsions, et une totale cécité accompagnée de
douleurs intolérables.
Cet
accident et les terribles maladies qui lui succèdent l'empêchent de
réaliser sa vocation religieuse, et anéantissent son rêve d'apostolat
missionnaire en Afrique.
Ses
maux s'aggravent rapidement : elle est sujette à des crampes violentes,
ses mains et ses pieds se crispent, sa tête se renverse en arrière.
Les syncopes vont l'obliger à rester alitée pendant six ans et demi à partir d'octobre 1918.
Deux apophyses de son épine dorsale semblent enfoncées.
Une
paralysie gagne ses membres inférieurs, tandis qu'elle devient sourde
et muette par périodes, et qu'apparaissent des escarres et des plaies
purulentes dans le dos et le pied gauche, suivies par la gangrène.
Six médecins successifs sont impuissants à la débarrasser de ces effroyables maux.
Elle
guérit cependant de sa cécité, d'une gangrène au pied gauche, des
lésions vertébrales, de la paralysie et des plaies suppurées du dos,
d'une appendicite purulente, d'une pneumonie double, d'un accident
vasculaire cérébral dans des conditions qui font dire aux témoins qu'il
s'agit de miracles.
1926-1962
Le couvent du Theresianum à Konnersreuth
À
partir de 1927, Thérèse Neumann acquiert une certaine réputation qui
attire des pèlerins et des curieux dans le petit village de
Konnersreuth.
Les
phénomènes extraordinaires dont elle est l'objet suscitent beaucoup
d'intérêt, l'obligeant à répondre à des demandes d'entretiens, à un
volumineux courrier et à des visites ; les soupçons de supercherie et
les doutes se répandent chez les adversaires de la thèse mystique,
certains ayant posé le diagnostic d'hystérie.
L'évêque de Ratisbonne, Mgr von Henle, soumet donc Thérèse Neumann, du 13 au 28 juillet 1927, à une enquête afin de vérifier l'authenticité de son inédie.
Après l'accession au pouvoir d'Hitler, Thérèse Neumann et sa famille subissent maintes tracasseries.
Selon
Jean Prieur, elle aurait prédit, dans les années 1930, que la chute du
régime d'Hitler serait inéluctable et spectaculaire.
Il
affirme également qu'un visiteur aurait eu l'idée de placer entre ses
mains une carte postale représentant Adolf Hitler et qu’« elle rejeta la photo, comme si ce contact la brûlait », s'écriant « Fumée et feu de l'Enfer ! ».
Les nazis tentent de l'assassiner le 20 avril 1945, mais ne la trouvant pas, bombardent le village et l'incendient.
Quelques
heures plus tard, les forces américaines empêchent la destruction
totale du village et pendant neuf jours, placent une double garde pour
veiller sur Thérèse Neumann et sa maison.
Durant l'été 1962, l'évêque de Ratisbonne, Mgr Rudolph Graber, lui exprime son désir d'édifier un monastère d'adoration dans son diocèse.
Après
un séjour à Eichstätt, en août puis en septembre 1962, Thérèse Neumann,
qui s'investit pleinement dans ce projet, s'attache à réunir des fonds
pour la construction de ce couvent.
Elle est pourtant victime de graves malaises dus à l'angine de poitrine dont elle souffre.
Elle choisit la congrégation religieuse des Sœurs de Marie du Carmel pour ce couvent appelé Theresianum en l'honneur de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, sa protectrice.
Le
vendredi 14 septembre 1962, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix,
apparaissent des stigmates et une vision de l'empereur byzantin
Héraclius qui rapporta la Croix du Christ à Jérusalem ; le 15, elle est
terrassée par un infarctus du myocarde.
Elle
meurt le 18 septembre 1962. Pendant quatre jours, Thérèse Neumann est
exposée sur son lit mortuaire, et des milliers de personnes défilent
pour la voir une dernière fois.
Le
22 septembre 1962, pour ses funérailles, le village de Konnersreuth a
été envahi par une foule d'environ 7 000 personnes venues du monde
entier.
Le R.P. Calixt Hotschel, directeur du Tiers-Ordre capucin auquel appartenait Thérèse Neumann, fit l'éloge de la défunte.
Les manifestations mystiques
La tombe de Thérèse Neumann
Selon
les sources d'obédience chrétienne, et notamment Ennemond Boniface,
apologète fervent de Thérèse Neumann, celle-ci aurait été sujette à
diverses manifestations :
Inédie
: Pendant 36 ans, Thérèse Neumann n'aurait absorbé aucun aliment,
solide ou liquide, sauf environ deux grammes d'hostie pour sa communion
quotidienne. Ce jeûne absolu aurait commencé le 6 août 1926, après la
vision du Christ transfiguré : « J'ai laissé toute faim et soif sur le Tabor
», déclare-t-elle. Afin de prouver scientifiquement cette inédie, elle
fut soumise à une observation durant quinze jours, en 1927, sous la
direction des docteurs Otto Seidl, son médecin traitant, et Ewald,
professeur de psychiatrie à l'université d'Erlangen (ce dernier opposé à
la thèse de causes surnaturelles), et sous la surveillance de quatre
infirmières franciscaines assermentées qui avaient pour mission, entre
autres, de ne jamais la quitter des yeux, vingt-quatre heures sur
vingt-quatre. Le procès-verbal de cette enquête conclut que durant ces
quinze jours, Thérèse Neumann n'avait absorbé que 0,33 grammes d'hostie,
environ 45 cm3 d'eau, que son poids était resté identique, et que l'analyse de son sang ne révélait aucun indice d'abstinence.
Insomnies
: Thérèse Neumann n'aurait dormi qu'une heure ou deux chaque nuit. Son
emploi du temps s'organisant de minuit à une heure du matin, prière
quotidienne dans la solitude, à l'église, puis lecture du courrier
jusque vers 4h du matin, repos fait de sommeil, prière ou méditation
dans son lit jusque vers 6h, messe à 7h, puis occupations habituelles.
Stigmates
: Thérèse Neumann aurait reçu le stigmate du cœur le vendredi de
Carême, 5 mars 1926, au cours d'une extase. Le vendredi saint suivant, 2
avril 1926, elle aurait eu une nouvelle vision de la Passion du Christ,
et des stigmates sur le dos des mains et des pieds. Le vendredi saint,
15 avril 1927, des stigmates aux faces internes des mains et des pieds,
puis, la même année, huit stigmates de la couronne d'épines au milieu du
cuir chevelu. Puis, pendant le Carême 1928, le stigmate du portement de
Croix à l'épaule droite, le vendredi saint, 29 mars 1929, les stigmates
de la flagellation. Toutes ces plaies qui saignaient régulièrement ne
cicatrisaient pas, ne suppuraient pas mais étaient très douloureuses.
Elle dut porter des chaussures spéciales pour pouvoir marcher. Des
larmes de sang auraient accompagné ses visions de la Passion du Christ
tous les vendredis. Le vendredi saint 30 mars 1956, sept à huit mille
personnes assiègent la maison des Neumann dans l'espoir d'assister à
l'extase douloureuse et sanglante de la stigmatisée.
Visions
extatiques et xénoglossie : Thérèse Neumann aurait assisté environ 700
fois au drame de la Passion du Christ, ressentant dans sa chair les
souffrances du Christ, lors de la flagellation, du chemin de croix et de
la crucifixion. Ses visions concernaient également d'autres scènes du
Nouveau ou de l'Ancien Testament. Elle prétendait ainsi fournir à des
spécialistes, comme le professeur Wutz, exégète de l'Ancien Testament à
la faculté catholique d'Eichstätt et expert en langues sémitiques et en
archéologie palestinienne, des précisions historiques, topographiques ou
archéologiques sur des monuments et sur les langues parlées à l'époque
du Christ, comme l'araméen ou le grec de la koinè, disant avoir
la faculté, non de parler ces langues anciennes qu'elle ne connaissait
pas, mais de se remémorer des mots ou des phrases qu'elle entendait
pendant ses extases.
Ubiquité
: Thérèse Neumann disait avoir la faculté de voir des lieux où elle ne
se trouvait pas physiquement, et d'assister à des évènements religieux,
comme la proclamation à Rome du dogme de l'Assomption ou des journées de
Lourdes. L'abbé Naber a rapporté dans son journal, à la date du 14
décembre 1930 qu'elle aurait suivi, dans des conditions surnaturelles,
une messe qu'il avait célébrée à Berlin. D'autres témoignages du même
ordre ont été apportés par le docteur Johannes Steiner.
Souffrances
expiatoires ou de suppléance : pour coopérer au salut des âmes, Thérèse
Neumann disait assumer dans son corps les souffrances, les maladies et
les péchés d'autrui. Ces pécheurs et malades s'en seraient ainsi
aussitôt trouvés soulagés ou guéris. Dans une lettre à une amie
religieuse, elle écrit, le 7 novembre 1924 : « Je
prie et offre beaucoup de mes souffrances pour vous toutes […] J'offre
au Père céleste la Passion de Jésus-Christ, ainsi que les mérites de ses
saints et de toutes les âmes droites sur la terre ».
Don
de prophétie : Thérèse Neumann aurait prévu les persécutions d'Ingbert
Naab par la Gestapo et l'aurait aidé à s'y soustraire, lui prédisant le
lieu de sa mort au couvent de Koenigshofen près de Strasbourg.
Point de vue médical
Selon
des médecins qui l'observèrent en 1938 (commission d'enquête
diocésaine), malgré les oppositions de sa famille, la conclusion
rapportée par le professeur Martini fut « état d'hystérie grave avec
tous les phénomènes inhérents à la maladie, y compris la part habituelle
de simulation».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire