Une femme rayonnante de gloire lui apparaît ; son œil était serein ; ses traits exprimaient plutôt la douceur et la bonté que l'indignation et la fierté : c'était la reine du Ciel.
Va trouver mon peuple de Valenciennes, dit-elle, annonce-lui que j'ai désarmé mon Fils ; mes prières et mes larmes l'ont attendri. La nuit qui suivra la veille de ma Nativité, mon peuple saura que j'ai écouté le cri de sa détresse. Non, je ne puis être sourde aux vœux de mes serviteurs, ni insensible à leurs besoins. Qu'à l'époque indiquée, ils se rendent tous sur les murailles de leur ville, et ils y verront des merveilles.
Le saint ermite se hâte de remplir son message.
Il fait part à Herman, surnommé Heczilon, fils de Godefroy d'Ardennes, de la vision dont il a été favorisé et de la promesse faite par la mère de Dieu.
La nouvelle se répand aussitôt par toute la ville ; la joie succède à la tristesse.
On se prépare par le jeûne et la prière aux grandes choses qui doivent arriver.
Le 7 de Septembre, dès le déclin du jour, les remparts, les tours de la ville, toutes les éminences étaient couvertes d'un peuple attendri et impatient de voir l'effet des promesses célestes. Tous, le cœur haletant, les yeux fixés au Ciel, étaient dans l'attente du prodige.
« Et voici, dit toujours notre vieil historien dans son naïf Iangage, et voici que le Ciel s'épanouit comme à l'aube, avant-courrière du soleil ; les ténèbres se dissipent ; la nuit se change en un beau jour, au milieu duquel on découvre une reine pleine de majesté, étincelante de lumière, mais d'une lumière de paradis, telle que celle des corps bienheureux, plus brillante que le soleil, mais qui, pourtant, récrée les yeux sans les éblouir, et qui donne comme un avant-goût de la félicité souveraine.
Cette Reine, accompagnée d'une armée d'anges et de bienheureux, tenait en sa main un cordon ou filet, dont soudain toute la ville fut environnée.
Je ne crois pas que la Vierge changea de place ; mais les anges qui l'accompagnaient portaient ce filet qu'elle tenait à un bout, et en ayant cerné la ville, lui mirent en main l'autre bout. Et s'il est loisible de conjecturer en un sujet que nos pauvres historiens ont traité si chichement, je croirais aisément que Notre-Dame parut comme venant de la cabane de l'ermite, ou du moins de ce côté-là ; et, par ainsi, elle se planta, selon la tradition commune, en cet endroit de Nœuf-Bourg, où était en ce temps-là une chapelle que nos annalistes assurent avoir été bâtie par l'empereur Charlemagne, dédiée à la mère de Dieu ; et où depuis fut édifiée, en révérence et, mémoire de cette grâce ; l'église de Notre-Dame-la-Grande.
Nous ne savons pas combien de temps dura cette visite, mais la Vierge s'étant soustraite aux yeux du peuple, se rendit chez le bon ermite, qui, sans doute, de sa chaumière, jouissait du même spectacle, et elle lui commanda de dire à ceux de Valenciennes, que le 8 de Septembre, jour de la Nativité, ils eussent à faire une procession solennelle autour de la ville, en suivant la route que le filet leur avait marquée, et qu'ils la continuassent tous les ans à même jour.
C'était en cet endroit que la Reine du Ciel avait apparu au peuple.
Ce lieu devint bientôt trop resserré pour contenir la multitude que la piété y attirait de toutes parts, et, dès l'année 1080, on voyait à la place de cette chapelle une église magnifique, monument digne du trésor qu'on y conservait, et du miracle de protection dont on voulait perpétuer le souvenir.
Ce grand miracle et dévotion annuelle ensuivit dit Simon Leboucq, alluma le zèle du peuple valentiennois, qu'il était impossible voir chose semblable, en sorte telle que ne prendants aulcuns égards, si les moyens estoient suffisants ou non, qu'ils prindrent résolution d'ériger ceste chapelle de Nostre-Dame, en une grande et somptueuse église, et commencèrent de faire jeter les fondements, bien peu d'années après ce grand bénéfice reçu du ciel, et fièrent entièrement achever une chapelle en attendant que l'œuvre emprinse seroit accomplie. Mais comme les-forces manquèrent, teste besongne cessa pour quelque temps et jusques à ce que madame Richilde, comtesse de Hainaut et nouvellement de Valentienne par achapt qu'elle en avait faict environ l'an 1058, prinfc compassion de ce peuple, le voiant affligé à cause qu'ils n'a voient les moyens de parachever la dicte église, en sorte qu'elle mesme voua de le faire à ses propres frais et despehs et de la rendre non-seulement le principal splendeur de la dicte comté de Valenciennes, mais encore de tout le voisinage ; et de faict fict édifier et rendre du tout parfaict le chœur, les chapelles d'allentour et les croisures, lesquelles sont, les plus somptueuses qui se peuvent rencontrer, eslevées d'une hûulteur merveilleuse avec une lanterne ou dôme au milieu id'fcelle, à la façon d'une thour, faict et ; cimenté fort artificiellement, donnant très-grande décoration à la dicte église et admiration non pareille aux spectateurs.
La comtesse Richilde, durant ces bâtiments ayant résigné le gouvernement du Haynau et de Valentiennes à son fils, icelui ne laissant la dicte besongne en arrière feit édifier la nef, et y tout le surplus de ce superbe bâtiment, estant un édifice très-excellent, ayant grande quantité de belles colonnes de marbre qui font trois voultes et arches admirables l'une sur l'autre, et soubs icelles èt desus, des larges espaces pour s'y pourmener, ce qui rend une fort belle veue et parfaite ; proportion, d'une œuvre de grande excellence.
Outre ceci, il fait beau voir deux chapelles bâties l'une sur l'autre, derrière le chœur. Sur quoi le vulgaire fait un conte reçu par tradition : que l'architecte nommé Jean Hosson, pour un chef-d'œuvre édifia celle d'en bas, en sorte que toutes les branches de la voûte se rapportent et aboutissent sur deux colonnes ; mais le fils entreprit de passer son père en la fabrique de la chapelle de dessus ; laquelle il planta toute sur un pilier si mince et si peu massif que c'est une merveille ; ce qui fit mourir le père de regret, disent les bonnes gens, de se voir vaincu par son fils.
Cette magnifique église fut donnée par Bauduia II, dit de Jérusalem, fils de la comtesse Richilde, à l'abbaye d'Hasnon ; et en vertu de cette donation, les religieux d'Hasnon devinrent comme les dépositaires de la châsse du Saint Cordon, et partagèrent toujours avec les Royés la direction de ce qui regardait son culte.
En 1510, Pierre de Mirepoix, évêque de Cambrai, et Bernard, évêque d' Arras, le jour même de la procession du Saint Cordon, déposèrent dans cette châsse plusieurs saintes reliques, en présence de Guillaume le Bon, comte de Hainaut et de Valenciennes, Jean de Beaumont, son frère, Wallerand de Luxembourg, seigneur de Ligny, de Jeanne de Valois, comtesse de Hainaut, Béatrix, comtesse de Luxembourg, et de plusieurs autres dames illustres.
C'étaient une partie du vêtement de la Sainte Vierge, des cheveux de sainte Marie-Magdeleine, des os des saints Innocents, de sainte Anne, de saint Antoine, de saint Grégoire, pape ; de saint Adrien, de saint Martin ; de saint Joseph d'Arimathie, du sang et un os de Saint Etienne, et une pierre dont il fut lapidé.
On était parvenu à sauver la châsse et à la cacher dans le jardin d'un nommé Jean le Poivre, mais en 1572 elle fut découverte pendant le pillage de la ville, et volée.
Dans le cours de 1588, les damoiseaux en firent construire une nouvelle, et le jour de l'Assomption de la mère de Dieu, elle fut bénite par dom Pierre Blondeau qui y déposa une quantité de saintes reliques.
On les devait à la pieuse libéralité de l'abbaye de Haspres, de Louis de Berlaimont, archevêque et duc de Cambrai, de Jean Marcoul, prêtre de Valenciennes, chanoine de Saint Amé, à Douai, et de Marie le Poivre, abbesse de Fontenelle.
L'abbaye de Haspres avait envoyé une partie de la vraie Croix et de la croix de saint André, les os de saint Nicolas, évêque ; et confesseur, de saint Philibert et de saint Ranulphe.
On avait reçu, de Louis de Berlaimont une côte de saint Landelin, une partie du chef de saint Luc, un bras de saint Marc, des os de sainte Anne, mère de la vierge Marie, et de sainte Anastase, vierge et martyre.
On était redevable à Jean Marcoul d'un os des Martyrs thébéens ; et à l'abbesse de Fontenette, de quelques ossements de saint Pierre et de saint Paul, de saint Georges, de saint Laurent, de saint Nicolas, des onze mille Vierges, d'une partie de la croix de saint André, de la verge d'Aaron, du sépulcre de Lazare, d'une ceinture de saint Etienne, du vêtement et du voile de la Sainte Vierge, de l'éponge qui servit à abreuver de fiel le Sauveur, et d'une pierre du mont Calvaire.
Parmi les témoins de cette déposition, on cite François Dupire, abbé de Saint-Jean, à Valenciennes ; Grégoire Leduc, docteur en droit, archidiacre de Notre-Dame, à Cambrai ; Godefroi Centurion, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem, prévôt de Haspres ; Bernard Leduc, chanoine de l'église collégiale de Saint Géry, à Cambrai ; et le R. P. Bernard Olivier, de la société de Jésus.
Plus tard, le duc Charles de Croy et d'Archost, Philippe, duc d'Aremberg, Florent de Ligne, prince d'Anthoing et marquis de Roubaix, Ernest de Mérode, comte de Thiant, plusieurs autres seigneurs appartenant à la plus haute noblesse, ne le cédèrent point a leurs devanciers. On les vit marcher aussi à la procession en qualité de confrères des damoiseaux, et porter sur leurs épaules la châsse vénérée.
Le jour de la Nativité
De la mère de Vérité.
Pourcequ'alors la pestilence
Régnait en très-grande affluence
Laquelle estait, chose très vile
Pour l'ire de Dieu appaiser
Et pour sa mere auctoriser.
Des confrères s'y sont trouvez,
Vingt et six par fraternité
A tousiours, sans eus depoyez
Enfin en 1713, Fénélon assistant à la procession solennelle, fut pressé de constater l'état de la châsse : il l'ouvrit et la trouva conforme à ce que lui apprenaient les procès verbaux qu'il avait entre les mains.
Il examina la boîte où était renfermé le Saint-Cordon ; elle était couverte des sceaux de plusieurs de ses prédécesseurs ; ces sceaux étaient entiers et bien conservés.
La châsse avait la forme de l'église de Notre-Dame la grande où elle reposait.
On y avait représenté en ciselures toute l'histoire du miracle arrivé l'an 1008.
Elle était, comme dans les premiers temps, le principal objet de la solennité qui se célébrait tous les ans, à la fête de la Nativité.
Simon Lebouscq et le P. d'Outreman nous ont conservé les détails de cette procession que tout concourait à rendre grandiose et magnifique : écoutons d'abord d'Oultreman.
Le lendemain, jour de la procession, les confrères portent à pieds nus la fierte du Saint Cordon, et elle a la prescéance sur toutes les autres. Davantage, pendant les guerres, la procession ne sort pas de la ville, mais s'arreste en l'église paroissialle de Saint-Nicolas où l'on prêche, tandis que la seule fierte des Royés est portée autour des remparts, et dès qu'elle a achevée son tour, la procession reprend le sien, et tout se rend en l'église de Notre Dame d'où l'on est sorty. En bon temps, la procession s'avance jusqu'au faubourg cambrésien, et faict alte en-deçà la fontaine, sous une tente en laquelle on fait la prédication. Cependant les confrères royés portent leur fierte en-dehors, et autour de la ville par un chemin désigné et marqué de tout temps, qu; est de deux bonnes lieues de circuit ; ce qu'on appelle le grand tour. Au mileu des confrères, marche le lieutenant le Comte, entre-deux échevins à cheval, suivis des hallebardiers du prévost le Comte (c'est-à-dire du prévost du comte de Valenciennes) avec une esquarde de soldats à cheval, conduite par leur capitaine qu'on nommait jadis le Sandart de la ville. Devant ladite fierte un religieux de Notre-Dame ou de Hasnon revestu d'un surplis et d'une estolle, aussi à cheval, porte une statue d'argent représentant un ange qui semble ramasser en peloton le filet ou cordon de Notre-Dame. Quelques compagnies de serments servent de garde à la dite fierte, laquelle n'est pas plutôt arrivée à Marlis qu'ils y font une salve et des charge générale de leurs mousquets qui sert d'advertence à ceux de la procession pour se ranger en ordre et se remettre au retour, et dès que la fierte avec son escorte est arrivée, tout se met en marche et retourne à Notre Dame.
Si portent encore entre eux les R. P. Carmes deux aultres fiertes d'argent appartenant aussi à l'abbaye de Vicogne, dans l'une desquelles y at des reliques de saint Sébastien, et en l'aultre de saint Blaise, martyr. Item encore les beaux reliquaires d'argent de Notre-Dame-de-Scapulaire, et cesluy de Sainte-Barbe. Les RR. PP. Récollels portent aussi en eulx les fiertes de saint Victor, martyr de Gorcom ; et les RR. PP. Capucins, la fierte de M. saint Druon. Cette troupe passée, marchent les confréries ci-contre :
Notre-Dame-de-l'Assomption de Saint-Vaast en-Hault.
Notre-Dame-de-Lorette, de l'église paroissialle de Saint-Jacques ; de la Sainte-Trinité, de l'église de Saint-Vaast-en-Ia-Ville ; de Saint-Éloy, de la grande église de Notre-Dame ; de Saint George, de l'église paroissialle de Saint-Géry ; de Saint-Nicolas de item ; de Saint-Nicolas, de Petit-Saint-Jacques de la susdite église de Saint Géry ; de Saint-Michel, de la chapelle de Saint Michel, dictes des Ladres ; toutes avecq chacunes leurs fièlres, les unes en argent, les aultres en bois doré et aultrement. Par après, suivent les jardins de plaisance et sermens aussi avec leurs fiètres, si comme suit :
Les bons-vouloirs soubs l'étendart de Saint Christophe.
Les gladiateurs, du serment de Saint-Michel. Le serment de Saint-Antoine qui est des bombardiers.
» Le serment de Saint-Sébastien, des archiers, et cesluy des arbalestriers, de la purification de Notre-Dame ; et pour fermer ces confréries, marchent celle de Saint-Jacques-le-Grand , et pour la dernière celle de Notre-Dame-des-Royés, laquelle at pour garde le lieutenant de M. leprévost, le comte , deux échevins de la ville , et plusieurs officiers à cheval qui la conduisent aultour de la procession , loing de deux lieues; durant lequel voyage tout le gros de la trouppe demeure près la porte Cambrésienne, et y entend la prédication qui se faict soubs une tente dressée a ceste fin.
Toutes ces saintes reliques restaient exposées à la vénération du peuple pendant la neuvaine, et on n'entrait guère dans l'église de Notre-Dame sans se sentir saisi d'une sainte frayeur à la vue de tant d'objets si capables de raminer la ferveur et la piété.
Le détail de tous les miracles opérés par Notre-Dame du Saint-Cordon n'est pas arrivé jusqu'à nous ; mais d'Oultreman et Simon Leboucq nous ont conservé le souvenir des plus mémorables.
En 1291, la peste visita de nouveau Valenciennes, et ses ravages furent tels que bientôt les vivants suffirent à peine pour rendre aux morts les derniers devoirs. On accourut aux pieds de Marie ; les bourgeois firent brûler devant son image une soignie ou bougie de la longueur du grand tour que parcourt la procession annuelle, et à l'instant même la peste cessa comme par enchantement. Au rapport de Simon Leboucq, cette bougie pesait six cents livres.
L'entreprise était difficile, car ces faucheurs étaient au nombre de dix mille, et le roi les faisait soutenir par une armée nombreuse.
Le magistrat, dans cette circonstance critique eut recours à Marie.
Il recommanda, dit d'Oultreman, par édit public au dévot sexe féminin de faire prières à Notre-Dame pour implorer le secours du Dieu des armées, et l'événement répondit à l'attente du peuple de Valenciennes ; les faucheurs furent taillés en pièces ; la ville de Saint-Amand fut prise, et celle de Condé délivrée.
Pour action de grâces on présenta à l'autel de Marie une soignie assez longue pour environner toute la ville : elle pesait ; dit Simon Leboucq 630 livres.
Dans la rue des Anges, il n'en resta qu'une seule qui publiait hautement devoir sa conservation à une protection spéciale de la Sainte-Vierge.
Les habitants désolés, mais pleins de confiance en celle qui tant de fois les avait sauvés, firent célébrer une fête solennelle dans la chapelle de Notre-Dame des Miracles, le Dimanche qui précédait l'Assomption.
La confrérie des Damoiseaux fit une procession autour de la ville avec le Saint-Sacrement que la plupart des bourgeois suivirent nu-pieds, couverts d'un cilice, et un cierge à la main pour obtenir de Dieu, par l'intercession de la Sainte-Vierge, le pardon de leurs péchés et la cessation du fléau : bientôt la peste disparut.
En reconnaissance de ce bienfait on institua une fête commémorative qui se célébrait encore à la fin du XVIIIe siècle.
En 1665, dans la peste qui ravagea si cruellement tout le pays pendant près de trois ans, Valenciennes eut recours à son remède ordinaire, aussitôt qu'elle ressentit les premières atteintes du désastre commun.
Le magistrat donna l'exemple ; il fit chanter dans l'église de Notre-Dame la grande une messe solennelle à laquelle il assista en corps.
Le peuple imita cet exemple : l'église, toute vaste qu'elle était, pouvait à peine contenir le nombre de ceux qui venaient y implorer la protection de Marie.
On accourait des villes et des campagnes voisines.
Les dames de l'illustre chapitre de Denain s'y rendirent en procession et se firent agréger à la pieuse association qui portait le nom de confrérie du Saint-Cordon.
Près de neuf mille personnes s'y enrôlèrent à leur exemple de 1665 à 1668.
Marie ne pouvait être insensible à tant de vœux : aussi une foule de personnes reconnurent ne devoir leur salut qu'a sa protection puissante.
Le Tour du Saint-Cordon est une procession qui a lieu chaque année à Valenciennes le deuxième dimanche de septembre. Il s'agit d'une procession religieuse prenant place depuis environ un millénaire et consacrée à Notre Dame du Saint-Cordon, dont la statue est portée tout au long du parcours. Cette procession possède un important rôle civique pour la ville de Valenciennes.
Le Tour du Saint-Cordon a été classé à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2023.
La légende du Saint Cordon
Historiquement, si ce récit fait l'unanimité, les sources anciennes restent discrètes sur le Saint Cordon. Si plusieurs chroniqueurs médiévaux narrent l'histoire de Valenciennes sans citer le Saint Cordon, c'est avec Louis de la Fontaine, dit Wicar que ses trouve le premier récit du "Miracle". Une miniature d'Hubert Cailleau illustre le manuscrit conservé à la médiathèque municipale. Ce texte est cité de manière très similaire chez les historiens suivants, tels Simon Le Boucq ou Oultreman. Le nom de Bertholin est rajouté au XVIIIe siècle. Simon Le Boucq fournit même, dans ses écrits, un plan de l'emplacement auquel a été déposé le Cordon autour de la ville. Ce plan permet de mieux comprendre la géographie religieuse de Valenciennes à cette époque.
Histoire du Tour du Saint Cordon
Si le premier récit conservé du "Miracle" du Saint Cordon date de 500ans après celui-ci, la procession annuelle est attestée depuis plus anciennement. En 1312, un acte évoque la "procession de Valenciennes", fixée au 8 septembre. De même, un règlement de Guillaume le Bon (1304-1337) évoque le trajet de la procession comme une "référence ancienne et connue de tout le monde". Vers 1250, un chemin dit de la procession, correspondant à celui du Tour, est attesté à Valenciennes.
Historiquement, les fêtes de Valenciennes commençaient le 1er septembre avec la Saint Gilles, patron historique de la ville de Valenciennes. Des textes anciens décrivent la processions et la succession de corps ou de confréries. En 1660, un carmes valenciennois compare la sauvegarde de la ville lors du siège de celle-ci au miracle de 1008. Cette comparaison marque une tentative d'appropriation de cette dévotion par l'ordre des carmes.
La confrérie des royés
Le service autour de la statue de Notre-Dame du Saint-Cordon est assuré par les membres de la Confrérie des Royés.Comme pour la procession, l'histoire avant 1250 de cette confrérie est mal connue. La plus ancienne attestation de cette confrérie date de 1380. Cette mention évoque un renouvellement de l'ancienne châsse, en mauvais état. Supprimée à la Révolution française, elle fut restaurée par la suite. La confrérie est traditionnellement en charge de chanter l'office de la veille de la procession, de préparer celle-ci. Les membres de la confrérie portaient des costumes rayés, d'où le nom de la confrérie. A partir du XVIe siècle, le costume se simplifie. L'origine des rayures est mal connue.
La confrérie se compose de plusieurs catégories de membres. Les Royés actifs sont, aujourd'hui, au nombre de 40. Valenciennois, ils s’engagent à préparer et à participer à l’ensemble des manifestations en l’honneur de Notre-Dame du Saint-Cordon, en particulier au moment du Grand Tour, et à accompagner chaque sortie de la statue. Les Royés honoraires sont d'anciens anciens Royés actifs ayant cessé leur service, souvent en raison de l’âge ou de l’état de santé. Les Royés à la suite sont en attente d'intégrer le groupe des Royés actifs, ils participent déjà pleinement au service et sont appelés à devenir Royés actifs au fur et à mesure des places disponibles. Les Royés d’Honneur sont des hommes ou femmes ayant contribué de manière significative au rayonnement du culte de Notre-Dame du Saint-Cordon. Les Royés se reconnaissent à leurs insignes : un brassard bleu rayé de blanc, une cravate jaune et grise et un bâton garni de buis.
D'autres confréries spécifiques ont accompagné le Tour du Saint Cordon. C'est le cas de la confrérie des Damoiseaux. Cette confrérie avait son propre reliquaire comme le souligne un texte de 1310. En 1333, la confrérie est organisée et limitée à trente personnes. Ils portent un costumes spécifique. Cette confrérie aurait été créée pour accueillir les nobles et se différencier ainsi des marchands et bourgeois. A partir de la conquête française en 1677, cette confrérie perd de l'importance et disparaît avant la Révolution.
Le pèlerinage aujourd'hui
Fixée au départ tous les 8 septembre (jour où l'on célèbre la nativité de Notre Dame), la date du tour devint mobile et fut placée le deuxième dimanche de septembre. Le tour part en principe de la basilique Notre-Dame-du-Saint-Cordon, puis s'étend sur 18 kilomètres avec de nombreux arrêts autour de la ville. Les Royés portent la statue de la vierge, tenant le cordon. La ville est décorée à ses couleurs (bleu ciel et blanc). Des milliers de personnes participent chaque année à ce tour, ou au plus petit, organisé le matin pour ceux qui ne peuvent pas suivre le grand tour.
Le pèlerinage est avant tout festif, et regroupe toutes les classes d'âge : des personnes âgées qui le suivent par tradition et ferveur aux enfants qui se retrouvent pour une journée de recueillement. La présence des associations catholiques y est forte, et des pèlerins de tout le diocèse sont présents.
Le petit tour démarre à la suite de la messe solennelle de 9 h et suit les anciennes fortifications de la ville (boulevards actuels) et le grand tour part à 11 h 30 pour revenir en ville vers 17 h 30. De nombreux arrêts aux églises qui jalonnent le parcours sont organisés pour prier, pour donner le temps aux moins rapides de rejoindre les autres, et pour donner la possibilité aux pèlerins de rendre hommage à la vierge, en embrassant son habit ou en touchant sa main ou le cordon de sa statue. L'Ave Maria résonne tout le long de la journée et les bougies appellent d'autres pèlerinages (Lourdes, Fatima, ...)
Millénaire
Le tour du Saint Cordon est l'un des seuls pèlerinages au monde à avoir atteint le millénaire et à toujours exister.
La commémoration s'est étalée sur une année, en partie en raison de travaux importants non terminés à la basilique : en a donc été célébré le millième anniversaire des apparitions, et en 2009, celui du Tour du Saint Cordon.
Tour du Saint Cordon au patrimoine culturel de France

La basilique Notre-Dame-du-Saint-Cordon de Valenciennes est une basilique mineure catholique située à Valenciennes, dans le département du Nord.
Elle a été construite, au XIXe siècle, pour servir de centre principal pour la dévotion de Notre Dame du Saint Cordon, connue par la procession du « Tour du Saint Cordon » qui eut lieu en 1008 alors que la peste ravageait le Valenciennois.
Histoire
Historiquement, la dévotion à Notre Dame du Saint Cordon prenait place dans l'église Notre Dame la Grande, détruite à la Révolution.
Des documents anciens racontent la destruction de cette église, dont les seuls restes architecturaux se trouvent dans les bâtiments de la sous-préfecture actuelle, et des reliquaires de l'église, dont celui du Saint Cordon.
Après le rétablissement du culte, la nouvelle paroisse Notre-Dame se voit attribuer l'ancienne salle des malades de l'Hôtel-Dieu. Sa simplicité lui a valu le surnom de « Notre Dame la Grange » malgré des travaux d'embellissement.
En 1804, la confrérie des royés, en charge de la dévotion, est rétablie.
En 1804, la renaissance du culte à Notre Dame du Saint-Cordon s'est retrouvée confronté à la disparition de la relique du Cordon. C'est alors que fut décidé de faire fabriquer une statue. Elle est traditionnellement attribuée à Jean-Baptiste Cadet de Beaupré et possiblement à Pierre Gillet. La statue, en bois peint, représente la Vierge Marie présentant son cordon, dans un style néoclassique. Des anges lui ont été rajoutés en 1891 par René Fache. En 1804, renait aussi la procession du Saint Cordon.
Le milieu du XIXe siècle voit la multiplication d'épidémies de choléra dans le Valenciennois. Celles-ci ont participé au regain de la dévotion. L'église Notre-Dame la Grange devenait, dans ce contexte, insuffisante. Des projets de constructions apparaissent. La première attestation est un cadastre de 1822. Pourtant, c'est en 1836 qu'une première souscription est lancée par le doyen Pique. La municipalité prévoit la cession de la place verte à cet usage. Jusqu'en 1850, plusieurs projets montrent des projets de localisations différentes.
En 1851, un concours non officiel est lancé. Celui-ci précise que l'architecte doit construire une église dans le style du XIIIe siècle. Une commission, avec Viollet le Duc à sa tête, fut alors nommée. Alors que tous les projets furent rejetés, Alexandre Grigny fut chargé de la construction. Face aux protestations des valenciennois, les décors intérieurs furent confié à des artistes locaux. Notre-Dame-du-Saint-Cordon représente une étape essentielle du renouveau du style néogothique au Nord-Pas-de-Calais, avant la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille.
Par Alex59300 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16400164
Façade néogothique de Notre Dame du Saint Cordon
Le sanctuaire fut construit de 1852 à 1864 par l'architecte diocésain Alexandre Grigny. Le chantier pris du temps à se lancer, faute de financements. En 1852, la commission supervisant les travaux choisit de faire don gratuit du chantier à la ville de Valenciennes « sous condition toutefois qu'il sera uniquement employé pour l'exercice du culte catholique ». Ce don fut accepté par la ville. La propriété de la ville est rappelée par les armoiries de celle-ci ornant le sol du chœur.
Le 4 mai 1864, la nouvelle église est consacrée par l'archevêque Régnier, en présence des évêques d'Arras et de Gand. Le 5 mai a lieu une grande fête d'inauguration, en présence des officiels. Ému par cet événement, Jean-Baptiste Carpeaux exécute un dessin gouaché représentant Notre Dame du Saint Cordon.
L'église nouvelle a connu le fort développement de la dévotion dans la seconde moitié du XIXe siècle. Depuis 1864, la basilique est le point de départ du tour du Saint Cordon. En 1892, un office propre est écrit pour Notre Dame du Saint Cordon et la Vierge est, sous ce vocable, déclarée patronne de la ville .
En 1897, Notre Dame du Saint Cordon est couronnée lors de célébrations importantes. Le 13 septembre 1908, 100 000 pèlerins se rassemblent à Valenciennes pour le 9e centenaire de Notre-Dame-du-Saint-Cordon.
En 1922, le pape Pie XI attribue à l'église le titre de basilique mineure. L'édifice est inscrit aux monuments historiques depuis 1996.
Depuis la fin du XXe siècle, la messe inaugurale du Tour du Saint Cordon est célébrée en dehors de la basilique, faute de place. Jusqu'en 2007, les cloches de la basilique, et en particulier Jeanne de Flandres, la plus ancienne, annonçaient encore la fin du Tour du Saint Cordon.
Travaux actuels
Dès sa construction, la mauvaise qualité de la pierre utilisée a posé soucis. Si la basilique a souffert de la Première Guerre mondiale, les dommages de guerre ont permis de la restaurer. En 1928, un rapport établi le besoin de restaurer la basilique dont la fléche s'incline. Les travaux furent effectués en 1931-1932. D'autres travaux furent effectués en 1950, puis en 1955 et en 1971.
En 2007, une nouvelle campagne de restauration commence. En 2013, la basilique est en restauration. L'importance de cette basilique, artistiquement comme cultuellement, font que de nombreux valenciennois sont engagés dans cette volonté de restauration, comme les membres de l'association du « Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois » ou ceux de « l'Association pour la restauration de la Basilique ». Certains soulignent l'attachement profond des valenciennois à la basilique. En 2003, les travaux sont estimés à 13 millions d'euros mais la conduite du chantier a occasionné des affaissements. Le chantier a entrainé des suites judiciaires en dommages et intérêts.
Pour Laurent Degallaix, maire de Valenciennes, en 2024, la restauration de la basilique n'est pas au programme de sa candidature de 2026.
Description architecturale
Orienté au sud-ouest, son chevet à déambulatoire et trois chapelles rayonnantes, d'inspiration normande, s'intègre au parcellaire étroit de la place des Ursulines. Le transept percé de portails élargit la perspective du déambulatoire et assure l'autonomie du sanctuaire, disposition indispensable pour une église de pèlerinage. La nef encadrée de bas-côtés présente cinq travées. Son élévation à trois niveaux évoque le modèle d'Amiens et donne une grande transparence à l'édifice. La façade est plus austère. La tour porche réinterprète le Clocher Vieux de la cathédrale de Chartres. Les trois portails, les tourelles polygonales épaulant la tour, les deux niveaux de clochetons ajourés et les tabernacles cantonnant la flèche octogonale composent une façade de forme pyramidale.
La basilique et ses œuvres d'art
Peintures, sculptures
La chapelle axiale de la basilique est consacrée à Notre Dame du Saint Cordon. Elle est construite pour accueillir la statue de dévotion. Sous la direction de l'architecte Julles Batigny, son décor est confié au sculpteur Louis Auvray et au peintre Gustave Houzet, de Condé sur l'Escaut. Cette chapelle est consacrée le 16 septembre 1872.
Quelques œuvres de la basilique :
- René Fache, Mise au tombeau, sous le maître-autel
- Gustave Crauk, Christ montrant ses plaies
- Médaillons du 17e représentant Saint Pierre et Saint Gilles
- Auguste Moreau-Deschanvres, Célébration de l'Eucharistie.
- Ernest Hiolle, anges de la chapelle centrale.
- Henri Coroënne, Christ en Croix
- Lucien Jonas, Le Poilu (déplacé à l'église Saint Géry)
- Notre Dame de Grâce, émail dans un cadre d'argent, XIXe.
Trésors de la basilique
De nombreux objets d'arts sont associés à la basilique. Outre la statue, on peut noter les commades effectuées à l'occasion de la construction de la nouvelle basilique au milieu du XIXe siècle. C'est le cas de l'ostensoir du Saint Cordon de 1864, produit par la maison Poussielgue-Rusand, connue pour avoir produit le reliquaire de la couronne d'épine.
Les orgues
Un historique complet est publié sur Hainautpedia. Après la Révolution, l'église Notre-Dame la Grande fut détruite, et l'on ignore tout de son orgue d'origine. À la reprise du culte sous le Concordat, la paroisse s'installa dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu, équipée d'un petit orgue entretenu par Hippolyte Loret jusqu'à la construction de la nouvelle basilique. En 1864, un orgue de chœur Merklin-Schütze est installé dans la chapelle Saint-Gilles grâce à un don d'Émile Durieux. Cet instrument est agrandi en 1874 par Pierre Schyven et subit d'autres modifications en 1879. Une grande tribune est construite en 1885 pour accueillir un orgue majeur. En 1888, un legs de 100 000 francs de Madame Hamoir permet de lancer le projet. Après délibérations entre plusieurs facteurs d'orgues, le choix se porte sur Merklin, qui propose un système électrique innovant. Le grand orgue, inauguré en 1891, comprend 42 jeux répartis sur trois claviers, plus un quatrième jouant l'orgue de chœur. Un incendie détruit l'orgue de chœur en 1900 ; il est reconstruit en 1902 par Merklin. Des améliorations sont également apportées au grand orgue. Des entretiens et restaurations ont lieu entre 1943 et 1946 par Pleyel, puis entre 1952 et 1967 par Erwin Muller, qui transforme partiellement l'esthétique sonore de l'orgue. Des bénévoles poursuivent l'entretien depuis 1990.
L'orgue est l'un des premiers exemples français de transmission électrique. Le buffet est sculpté par Charles Boulanger. Il est considéré posséder une « tuyauterie d'une homogénéité historique et de surcroit harmonique » Elle date principalement de Merklin avec des ajouts de Muller de Delmotte. Il est classé aux monuments historiques. Une restauration de l'orgue a eu lieu en 2014.
Les cloches
Dans le clocher qui culmine à 83m de haut se trouve plusieurs cloches. La Bancloque, datée de 1358 est la plus ancienne. Elle a pris, au XIXe siécle, le nom de « Jeanne de Flandre ». La cloche Jeanne date de 1533 et sonne le Fa. La cloche Notre Dame a été baptisé en 1889 et sonne le rê. La dernière, la cloche Bertholin sonne le mi bémol. Elle est baptisée en 2008.
Galerie d'images
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Partie basse de la façade
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Partie haute de la façade avec la rosace
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L'abside
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Une gargouille
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Le clocher
La Basilique Notre Dame du St Cordon, édifiée en 1864, est actuellement en réfection. La pierre extérieure est très abimée. Une enveloppe d'échafaudages l'habille en ce moment.
La statue de Notre-Dame du Saint-Cordon est installée actuellement dans l'église St Géry de Valenciennes, en attendant la fin des travaux de restauration de la Basilique. L'église St Géry située rue Georges Chastelain, est ouverte tous les jours entre 8h30 et 19h00 (17h en hiver).
Source : https://www.notredamedusaintcordon.fr/page-16971-valenciennes.html
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