Valenciennes Notre-Dame du saint cordon

Valenciennes 
Notre-Dame du saint cordon


Valenciennes : Le saint cordon

En 1008, Valenciennes était frappé d'une peste qui faisait 800 victimes par jour.
Un ermite nommé "Bertholin" du lieu-dit Fontenelles, invoque la Vierge. Celle-ci lui apparut et annonça qu'elle ferait un grand miracle, visible de tous, le 7 septembre, veille de la fête de sa nativitié.
Dans la nuit du 7 septembre, la Vierge se montre aux Valenciennois et deux anges laissèrent tomber autour de Valenciennes un "filet rouge". Au même moment la Vierge fit savoir à l'ermite que la peste cesserait si on organisait le lendemain et le 8 septembre de chaque année une procession d'action de grâces qui suivrait le tracé du cordon.
Le lendemain, on fit une procession. Toute la population y participa. La peste cessa.
Le site internet de Notre-Dame du saint cordon : http://www.saint-cordon.com/rubrique-6080.html

Au commencement du XIe siècle, dans le cours de l'année 1008, la peste fit à Valenciennes d'épouvantables ravages.
Le fléau avait emporté en peu de jours 8,000 personnes.
Toute la ville était dans la consternation : elle n'offrait partout que le spectacle de la mort.
Ses habitants éplorés, n'espérant plus rien du coté des hommes s'adressaient au ciel.
« Vous eussiez vu le peuple » en foule, dit un ancien historien, se jeter aux pieds des autels, implorer le secours de la Reine du Ciel, lui remontrer, non tant la calamité présente qui parlait assez par les plaintes des mourants, par les regrets des survivants, voire par le silence et la solitude effroyable de la ville, mais les effets de sa Bonté et de sa toute-puissance auprès de Dieu qu'ils avaient si souvent ressentie en leurs nécessités.
Ils la conjuraient de faire paraître à ce jour infortuné des entrailles de mère à l'endroit de ses pauvres enfants, qui bien qu'ils fussent indignes de ce nom ne pouvaient être abandonnés par elle, à moins qu'elle ne renonçat à sa qualité de mère de miséricorde, le plus beau fleuron de sa couronne.
Plus ils étaient misérables, plus étaient-ils l'objet de cette belle qualité dont son Fils l'avait revêtue. Plus ils avaient été méchants, plus était grande leur misère, plus aussi ils étaient dignes de miséricorde et de compassion.  Ils osaient bien lui assurer, ce qu'elle savait assez, que le torrent de leurs débauches n'avait jamais étouffé la mémoire de sa grandeur, ni le sentiment de sa bonté ; que, parmi la nuit de leur disgrâce, ils avaient toujours tâché de conserver l'honneur de ses autels et l'affection à son service.
Qu'à tout rompre, ils étaient chrétiens, rachetés du sang de son Fils, qui criait mieux que celui d'Abel, non la vengeance, mais la clémence et le pardon, dont il avait fait sa mère dépositaire ; et elle n'avait jamais refusé la grâce à ceux qui la lui avaient demandée. 
Là-dessus, ces cœurs angoissés et flottants entre la crainte et l'espérance, faisaient mille vœux, qui, en particulier, qui, en public, et promettaient l'amendement de leur vie. 
Cependant un saint ermite nommé Bertelain, habitait une chétive cabane, au village de Pont, non loin de la fontaine aux pierres, là où deux siècles plus tard, les deux filles du seigneur Hellin d'Aulnoi, Jeanne et Agnès, élevèrent un oratoire en l'honneur de la Vierge, et jetèrent les fondements de l'abbaye de Fontenelle.
Touché du, malheur de ses frères, le pieux ermite redoublait ses macérations et ses prières ; 0 Marie, reine du Ciel et mère des hommes, s'écriait-il, n'êtes-vous pas la consolatrice des affligés ? Avez-vous renoncé à ces beaux titres de salut des infirmes, de secours des chrétiens ? Avez-vous exclu de vos grâces la ville de Valenciennes ? N'exercerez-vous pas envers ses pauvres habitants qui se glorifient de vous avoir pour mère, cette miséricorde que vous étendez sur le reste du monde, même sur les païens et les infidèles. 
Un jour (c'était le 4 ou le 5 Septembre), un jour que le saint homme priait avec plus de ferveur encore, ses yeux sont tout-à-coup éblouis par l'éclat d'une lumière plus pure que celle du soleil.
Une femme rayonnante de gloire lui apparaît ; son œil était serein ; ses traits exprimaient plutôt la douceur et la bonté que l'indignation et la fierté : c'était la reine du Ciel.
Va trouver mon peuple de Valenciennes, dit-elle, annonce-lui que j'ai désarmé mon Fils ; mes prières et mes larmes l'ont attendri. La nuit qui suivra la veille de ma Nativité, mon peuple saura que j'ai écouté le cri de sa détresse. Non, je ne puis être sourde aux vœux de mes serviteurs, ni insensible à leurs besoins. Qu'à l'époque indiquée, ils se rendent tous sur les murailles de leur ville, et ils y verront des merveilles.
Le saint ermite se hâte de remplir son message.
Il fait part à Herman, surnommé Heczilon, fils de Godefroy d'Ardennes, de la vision dont il a été favorisé et de la promesse faite par la mère de Dieu.
La nouvelle se répand aussitôt par toute la ville ; la joie succède à la tristesse.
On se prépare par le jeûne et la prière aux grandes choses qui doivent arriver.
Le 7 de Septembre, dès le déclin du jour, les remparts, les tours de la ville, toutes les éminences étaient couvertes d'un peuple attendri et impatient de voir l'effet des promesses célestes. Tous, le cœur haletant, les yeux fixés au Ciel, étaient dans l'attente du prodige.
« Et voici, dit  toujours notre vieil historien dans son naïf Iangage, et voici que le Ciel s'épanouit comme à l'aube, avant-courrière du soleil ; les ténèbres se dissipent ; la nuit se change en un beau jour, au milieu duquel on découvre une reine pleine de majesté, étincelante de lumière, mais d'une lumière de paradis, telle que celle des corps bienheureux, plus brillante que le soleil, mais qui, pourtant, récrée les yeux sans les éblouir, et qui donne comme un avant-goût de la félicité souveraine.
Cette Reine, accompagnée d'une armée d'anges et de bienheureux, tenait en sa main un cordon ou filet, dont soudain toute la ville fut environnée.
Je ne crois pas que la Vierge changea de place ; mais les anges qui l'accompagnaient portaient ce filet qu'elle tenait à un bout, et en ayant cerné la ville, lui mirent en main l'autre bout. Et s'il est loisible de conjecturer en un sujet que nos pauvres historiens ont traité si chichement, je croirais aisément que Notre-Dame parut comme venant de la cabane de l'ermite, ou du moins de ce côté-là ; et, par ainsi, elle se planta, selon la tradition commune, en cet endroit de Nœuf-Bourg, où était en ce temps-là une chapelle que nos annalistes assurent avoir été bâtie par l'empereur Charlemagne, dédiée à la mère de Dieu ; et où depuis fut édifiée, en révérence et, mémoire de cette grâce ; l'église de Notre-Dame-la-Grande.
Qui nous expliquera le sentiment de toute l'assistance, la joie de leurs cœurs, l'extase de leurs esprits, les douces larmes de dévotion qui roulaient sur leurs joues, les soupirs et les sanglots qui sortaient de leurs bouches ? c'est en vain que nous nous efforcerions de les décrire, puisqu'eux-mêmes n'ont pas trouvé de paroles pour s'entretenir pendant ce mystère, mais l'ont révéré par un chaste silence. Aussi, n'est-il pas vrai que ce fut une faveur qui est sans exemple ? Car, de grâce, où ayez-vous va qu'un peuple tout entier ait joui de l'apparition et de la contemplation de la mère, de Dieu ?
Nous ne savons pas combien de temps dura cette visite, mais la Vierge s'étant soustraite aux yeux du peuple, se rendit chez le bon ermite, qui, sans doute, de sa chaumière, jouissait du même spectacle, et elle lui commanda de dire à ceux de Valenciennes, que le 8 de Septembre, jour de la Nativité, ils eussent à faire une procession solennelle autour de la ville, en suivant la route que le filet leur avait marquée, et qu'ils la continuassent tous les ans à même jour.
Dans un siècle aussi difficile que le nôtre, où l'incrédulité prend les airs d'une critique sévère et judicieuse, on ne peut manquer de demander sur quel fondement repose la certitude de ce fait prodigieux : nous répondrons avec le père d'Oultreman :
Quant à l'antiquité et vérité de cette histoire, il s'en trouve peu de plus vieille date et de plus authentique ; elle est ancienne de 640 ans et plus, (le père d'Oultreman écrivait en 1643) ; assuré par la tradition commune, reçue de père en fils depuis ce temps-là dans cette ville, a confirmé par le témoignage de nos plus vieux écrivains, fortifiée par la continuation de la procession annuelle, par les confréries, tant des royés que des damoiseaux ; par les baguettes que l'on y porte et par quantité d'autres cérémonies, qui, toutes ; nous prêchent la même chose et nous assurent la créance que nous avons de la grâce que la glorieuse Vierge fit à la ville de Valenciennes, la délivrant de la peste et la prenant sous sa particulière protection.
Cet événement, tout miraculeux qu'il est, offre donc toutes les garanties de certitude qui accompagnent les faits historiques les mieux constatés, on ne peut raisonnablement le révoquer en doute.
Cependant, le saint filet que la Vierge avait voulu laisser aux habitants de Valenciennes, comme un monument du bienfait qu'elle leur avait octroyé, fut recueilli avec respect et renfermé dans une chasse richement ornée.
La cité, par l'organe du magistrat, s'engagea, par vœu, à faire chaque année, le 8 Septembre, une procession commémorative, et à déployer dans cette circonstance tout l'appareil et toute la solennité possible.
Depuis l'année 1008 jusqu'au moment de la révolution de 93, cette procession s'est faite tous les ans : elle n'a été suspendue qu'une seule année ; en 1566, les huguenots se trouvant les maîtres de la ville rendirent cette cérémonie impossible.
Pendant les quatre années les plus orageuses de la révolution, elle fut également interrompue : on sait pourtant que de pieux fidèles, durant ces mauvais jours, ne laissèrent pas de faire en priant, et même en troupes assez nombreuses, le 8 Septembre de chaque année, le tour marqué par le saint cordon.
On conçoit la vénération dont le peuple dut entourer cette précieuse relique : elle fut renfermée d'abord dans une espèce de coffre en bois doré, garni de divers ornements en argent, selon le goût du temps, et déposée dans la chapelle dont nous avons parlé plus haut, chapelle bâtie par Charlemagne et dédiée à la Sainte-Vierge.
C'était en cet endroit que la Reine du Ciel avait apparu au peuple.
Ce lieu devint bientôt trop resserré pour contenir la multitude que la piété y attirait de toutes parts, et, dès l'année 1080, on voyait à la place de cette chapelle une église magnifique, monument digne du trésor qu'on y conservait, et du miracle de protection dont on voulait perpétuer le souvenir.
Ce grand miracle et dévotion annuelle ensuivit dit Simon Leboucq, alluma le zèle du peuple valentiennois, qu'il était impossible voir chose semblable, en sorte telle que ne prendants aulcuns égards, si les moyens estoient suffisants ou non, qu'ils prindrent résolution d'ériger ceste chapelle de Nostre-Dame, en une grande et somptueuse église, et commencèrent de faire jeter les fondements, bien peu d'années après ce grand bénéfice reçu du ciel, et fièrent entièrement achever une chapelle en attendant que l'œuvre emprinse seroit accomplie. Mais comme les-forces manquèrent, teste besongne cessa pour quelque temps et jusques à ce que madame Richilde, comtesse de Hainaut et nouvellement  de Valentienne par achapt qu'elle en avait faict environ l'an 1058, prinfc compassion de ce peuple, le voiant affligé à cause qu'ils n'a voient les moyens de parachever la dicte église, en sorte qu'elle mesme voua de le faire à ses propres frais et despehs et de la rendre non-seulement le principal splendeur de la dicte comté  de Valenciennes, mais encore de tout le voisinage ; et de faict fict édifier et rendre du tout parfaict le chœur, les chapelles d'allentour et les croisures, lesquelles sont, les plus somptueuses qui se peuvent rencontrer, eslevées d'une hûulteur merveilleuse avec une lanterne ou dôme au milieu id'fcelle, à la façon d'une thour, faict et ; cimenté fort artificiellement, donnant très-grande décoration à la dicte église et admiration non pareille aux spectateurs.
La comtesse Richilde, durant ces bâtiments ayant résigné le gouvernement du Haynau et de Valentiennes à son fils, icelui ne laissant la dicte besongne en arrière feit édifier la nef, et y tout le surplus de ce superbe bâtiment, estant un édifice très-excellent, ayant grande quantité de belles colonnes de marbre qui font trois voultes et arches admirables l'une sur l'autre, et soubs icelles èt desus, des larges espaces pour s'y pourmener, ce qui rend une fort belle veue et parfaite ; proportion, d'une œuvre de grande excellence.
Cette église, dit d'Oultreman, est digne d'être vue et admirée pour sa structure, ordre de colonnes, trois voûtes les unes sur les autres, diverses galeries, et surtout la croisée qui est des plus belles de l'Europe.
Outre ceci, il fait beau voir deux chapelles bâties l'une sur l'autre, derrière le chœur. Sur quoi le vulgaire fait un conte reçu par tradition : que l'architecte nommé Jean Hosson, pour un chef-d'œuvre édifia celle d'en bas, en sorte que toutes les branches de la voûte se rapportent et aboutissent sur deux colonnes ; mais le fils entreprit de passer son père en la fabrique de la chapelle de dessus ; laquelle il planta toute sur un pilier si mince et si peu massif que c'est une merveille ; ce qui fit mourir le père de regret, disent les bonnes gens, de se voir vaincu par son fils.
Cette magnifique église fut donnée par Bauduia II, dit de Jérusalem, fils de la comtesse Richilde, à l'abbaye d'Hasnon ; et en vertu de cette donation, les religieux d'Hasnon devinrent comme les dépositaires de la châsse du Saint Cordon, et partagèrent toujours avec les Royés la direction de ce qui regardait son culte.
On appelait royés ceux qui faisaient partie de la confrérie instituée peu après le prodige.
Dans le principe, elle ne se composait que de vingt-six personnes choisies dans la classe la plus élevée de la cité. Approuvée d'abord par l'évêque de Cambrai, elle fut confirmée plus tard par le Saint Siège, et enrichie d'indulgences précieuses.
La garde du Saint-Cordon était confiée aux royés ; ils étaient chargés de recevoir les offrandes et d'en régler l'emploi pour l'ornement de la châsse qui renfermait la précieuse relique : ils avaient aussi le privilège de la porter en procession. On les appelait royés à cause de la couleur de leur habillement. En signe et honneur du Saint Cordon, dit d'Oultreman, les confrères portaient anciennement des robes mi-parties en couleurs ; car la moitié était tout ample et l'autre bille-barrée et rayée de diverses bandes du haut en bas. Cet habillement fut modifié en 1540, parce qu'il paraissait, dit notre vieil auteur, plus ridicule et nouveau qu'honorable et dévot.
A cette époque les royés portèrent une robe de drap noir, bordée de haut en bas d'une raie de laine bigarrée de diverses couleurs. Car, dit encore d'Oultreman, la tradition porte que le cordon ou filet de Notre-Dame semblait tel à la vue des regardants, sans qu'on put asseoir un jugement assuré de sa couleur.
Dans la suite, le nombre des royés devint plus considérable, et les gentilshommes se séparant des roturiers formèrent une confrérie particulière qui prit le nom de confrérie des damoiseaux.
On sait que ce nom était donné autrefois à tous les gentilshommes qui n'étaient pas chevaliers.
Dans les anciennes chroniques de Saint-Denis, Louis, fils de Philippe, roi de France, est appelé noble damoiseau ; et Jean de Beka, historien de Hollande, appelle aussi Guillaume, comte de Hollande et élu roi des Romains, Guillaume, damoiseau de Hollande.
On ignore l'époque précise où se forma la confrérie des damoiseaux ; on croit que ce fut vers 1310. Mais en 1333, ils décidèrent que leur confrérie ne compterait jamais plus de trente personnes, en mémoire des trente deniers dont le Sauveur avait été vendu. Autrefois les damoiseaux portaient sur la manche de leur robe un lys en perles, avec ces mots en broderie : Ave, Maria. Plus tard, ils ornèrent leur vêtement d'une plaque d'argent sur laquelle se voyait l'image, de Notre-Dame sur un fond brodé. A la procession, le hérault qui les précédait s'appelait Franche-Vie ; il marchait vêtu d'une cotte d'armes en satin cramoisi et armoire du lion de la ville.
Cette confrérie avait sa châsse particulière qui était portée en procession. On la vénérait dans une des chapelles de l'église de Notre-Dame-la Grande, dédiée à la Sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame des Miracles.
En 1510, Pierre de Mirepoix, évêque de Cambrai, et Bernard, évêque d' Arras, le jour même de la procession du Saint Cordon, déposèrent dans cette châsse plusieurs saintes reliques, en présence de Guillaume le Bon, comte de Hainaut et de Valenciennes, Jean de Beaumont, son frère, Wallerand de Luxembourg, seigneur de Ligny, de Jeanne de Valois, comtesse de Hainaut, Béatrix, comtesse de Luxembourg, et de plusieurs autres dames illustres.
C'étaient une partie du vêtement de la Sainte Vierge, des cheveux de sainte Marie-Magdeleine, des os des saints Innocents, de sainte Anne, de saint Antoine, de saint Grégoire, pape ; de saint Adrien, de saint Martin ; de saint Joseph d'Arimathie, du sang et un os de Saint Etienne, et une pierre dont il fut lapidé. 
Cette châsse précieuse fut profanée en 1566 par les Calvinistes, et les saintes reliques qu'elle contenait furent brûlées publiquement.
On était parvenu à sauver la châsse et à la cacher dans le jardin d'un nommé Jean le Poivre, mais en 1572 elle fut découverte pendant le pillage de la ville, et volée.
Dans le cours de 1588, les damoiseaux en firent construire une nouvelle, et le jour de l'Assomption de la mère de Dieu, elle fut bénite par dom Pierre Blondeau qui y déposa une quantité de saintes reliques.
On les devait à la pieuse libéralité de l'abbaye de Haspres, de Louis de Berlaimont, archevêque et duc de Cambrai, de Jean Marcoul, prêtre de Valenciennes, chanoine de Saint Amé, à Douai, et de Marie le Poivre, abbesse de Fontenelle.
L'abbaye de Haspres avait envoyé une partie de la vraie Croix et de la croix de saint André, les os de saint Nicolas, évêque ; et confesseur, de saint Philibert et de saint Ranulphe.
On avait reçu, de Louis de Berlaimont une côte de saint Landelin, une partie du chef de saint Luc, un bras de saint Marc, des os de sainte Anne, mère de la vierge Marie, et de sainte Anastase, vierge et martyre.
On était redevable à Jean Marcoul d'un os des Martyrs thébéens ; et à l'abbesse de Fontenette, de quelques ossements de saint Pierre et de saint Paul, de saint Georges, de saint Laurent, de saint Nicolas, des onze mille Vierges, d'une partie de la croix de saint André, de la verge d'Aaron, du sépulcre de Lazare, d'une ceinture de saint Etienne, du vêtement et du voile de la Sainte Vierge, de l'éponge qui servit à abreuver de fiel le Sauveur, et d'une pierre du mont Calvaire.
Parmi les témoins de cette déposition, on cite François Dupire, abbé de Saint-Jean, à Valenciennes ; Grégoire Leduc, docteur en droit, archidiacre de Notre-Dame, à Cambrai ; Godefroi Centurion, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem, prévôt de Haspres ; Bernard Leduc, chanoine de l'église collégiale de Saint Géry, à Cambrai ; et le R. P. Bernard Olivier, de la société de Jésus.
On avait vu autrefois les marquis de Renty, les comtes de Lalain, les marquis de Berghes, se faire un honneur de porter la chasse de Notre-Dame des Miracles.
Plus tard, le duc Charles de Croy et d'Archost, Philippe, duc d'Aremberg, Florent de Ligne, prince d'Anthoing et marquis de Roubaix, Ernest de Mérode, comte de Thiant, plusieurs autres seigneurs appartenant à la plus haute noblesse, ne le cédèrent point a leurs devanciers. On les vit marcher aussi à la procession en qualité de confrères des damoiseaux, et porter sur leurs épaules la châsse vénérée.
Cependant, les honneurs rendus à la châsse des damoiseaux ne diminuèrent rien de la vénération que l'on portait à celle du Saint-Cordon.
Nous en avons la preuve dans le zèle que, de tout temps, on déploya pour la décoration de cette fierté précieuse.
Ainsi, le 8 Septembre de l'année 1392, le Saint-Cordon fut retiré de la première châsse qui était en bois doré, pour être déposé dans une châsse en argent, avec un grand nombre de saintes reliques qui la rendirent plus digne encore de la vénération des peuples.
Dom Nicaise Horrion reconnut le Saint-Cordon, et dressa un acte authentique de cette translation.
Le procès verbal fut signé par le révérendissime abbé, par ses religieux, par les curés de la ville, parles membres de la confrérie des Royés, et plusieurs personnes notables qui assistèrent à la cérémonie. On grava sur cette châsse nouvelle les vers qui se lisaient sur la première et qui rappelaient le miracle de protection opérée par Marie.
En l'an mil et huict en Septembre
Fut faict, ainsi que m'en remembre
D'un ermite incitation
Qu'on fit une procession
Le jour de la Nativité
De la mère de Vérité.
Pourcequ'alors la pestilence
Régnait en très-grande affluence
En Valenciennes, bonne ville
Laquelle estait, chose très vile
Pour l'ire de Dieu appaiser
Et pour sa mere auctoriser.
Des confrères s'y sont trouvez,
Vingt et six par fraternité
A tousiours, sans eus depoyez
Confrères nommés des royés

En 1534, le Saint-Cordon ; fut de nouveau retiré de sa châsse que l'on voulait rendre plus riche encore, et le 3 Septembre de la même année, il y fut replacé par Dom Jean Thierry. L'acte de cette seconde translation contient la vérification, des reliques renfermées dans la chasse y et il est signé comme celui de 1392, par les témoins oculaires.
En 1566, c'est-à-dire trente-cinq ans plus tard, les Calvinistes s'étant rendus maîtres de la ville, se précipitèrent le 24 Août de la même année sur Notre-Dame-la-Grande, et voulurent s'emparer de la châsse précieuse.
Déjà ils avaient.commencé à la mettre en pièces, lorsque des hommes pleins de foi et de courage entrèrent dans l'église, et furent assez heureux pour arracher aux mains des profanateurs les reliques vénérées.
Elles furent recueillies avec respect, et pour les mettre à l'abri des nouvelles tentatives de l'impiété, on les porta à l'Hôtel de Ville, où il se trouvait bonne garde, et dont l'accès était défendu par quelques pièces d'artillerie : le Prévot et le magistrat veillèrent ainsi à la conservation de ce pieux dépôt.
Le 3 Septembre de l'année suivante, la châsse du Saint-Cordon fut rétablie dans son premier état : avant de renfermer les saintes reliques, Dom Michel Dusquesnoy, abbé de Hasnon, les reconnut de nouveau avec les formalités requises.
Le 7 septembre 1661, elles furent encore une fois tirées de la châsse, et replacées ensuite par Dom Mathias Leroux qui dressa également procès-verbal en présence d'un grand nombre de témoins.
Enfin en 1713, Fénélon assistant à la procession solennelle, fut pressé de constater l'état de la châsse : il l'ouvrit et la trouva conforme à ce que lui apprenaient les procès verbaux qu'il avait entre les mains.
Il examina la boîte où était renfermé le Saint-Cordon ; elle était couverte des sceaux de plusieurs de ses prédécesseurs ; ces sceaux étaient entiers et bien conservés.
La châsse avait la forme de l'église de Notre-Dame la grande où elle reposait.
On y avait représenté en ciselures toute l'histoire du miracle arrivé l'an 1008.
Elle était, comme dans les premiers temps, le principal objet de la solennité qui se célébrait tous les ans, à la fête de la Nativité.
Simon Lebouscq et le P. d'Outreman nous ont conservé les détails de cette procession que tout concourait à rendre grandiose et magnifique : écoutons d'abord d'Oultreman.
La veille de la procession, dit-il, les confrères royés se rendent en l'hostel ou maison de ville, d'où ils marchent en corps et se rendent aux vespres en l'église de Notre-Dame, d'où ils retournent à la grande salle d'entrée de la même maison de ville, se rangent tous d'un côté assis sur un banc ; et là on leur présente la serviette qu'ils avancent sur leurs genoux, sans table, et y font collation, chacun de deux verres ou tasses de vin, l'un blanc, l'autre clair et, avec une cuillerée de dragée et rien de plus.
Le lendemain, jour de la procession, les confrères portent à pieds nus la fierte du Saint Cordon, et elle a la prescéance sur toutes les autres. Davantage, pendant les guerres, la procession ne sort pas de la ville, mais s'arreste en l'église paroissialle de Saint-Nicolas où l'on prêche, tandis que la seule fierte des Royés est portée autour des remparts, et dès qu'elle a achevée son tour, la procession reprend le sien, et tout se rend en l'église de Notre Dame d'où l'on est sorty. En bon temps, la procession s'avance jusqu'au faubourg cambrésien, et faict alte en-deçà la fontaine, sous une tente en laquelle on fait la prédication. Cependant les confrères royés portent leur fierte en-dehors, et autour de la ville par un chemin désigné et marqué de tout temps, qu; est de deux bonnes lieues de circuit ; ce qu'on appelle le grand tour. Au mileu des confrères, marche le lieutenant le Comte, entre-deux échevins à cheval, suivis des hallebardiers du prévost le Comte (c'est-à-dire du prévost du comte de Valenciennes) avec une esquarde de soldats à cheval, conduite par leur capitaine qu'on nommait jadis le Sandart de la ville. Devant ladite fierte un religieux de Notre-Dame ou de Hasnon revestu d'un surplis et d'une estolle, aussi à cheval, porte une statue d'argent représentant un ange qui semble ramasser en peloton le filet ou cordon de Notre-Dame. Quelques compagnies de serments servent de garde à la dite fierte, laquelle n'est pas plutôt arrivée à Marlis qu'ils y font une salve et des charge générale de leurs mousquets qui sert d'advertence à ceux de la procession pour se ranger en ordre et se remettre au retour, et dès que la fierte avec son escorte est arrivée, tout se met en marche et retourne à Notre Dame.
Après la procession les Royés dinent dans le même Hôtel-de-Ville, d'où le magistrat s'absente ce jour-la et leur cède la place. Ils prennent leur réfection tous en robe, assis à même rang et d'un costé, à guise des religieux, sans y admettre aucune femme.
Simon Leboucq, après nous avoir dit les mêmes choses avec moins de détails, nous donne l'ordre que l'on suivait à la procession ; il la fait en quelque sorte défiler devant nous.
Premièrement marchent les stilz et mestiers de la ville avecq leurs torses ausquelles sont réputées les patrons d'icelles et portent tous en main, qui ung baston, qui une baguette, soit blanche ou coloriée, aflin de se resouvenir de la cause pourquoi ceste feste et solemnité est instituée à raison que les marques ordinaires qu'on fit porter aux pestiférés et à ceulx qui les assistent sont d'un baston blancq pour les recognoistre; lesdits stilz marchent donc ensuite de l'ordre ci-après spécifié.
Premièrement :
Les amidonniers sous la bannière de Saint-Charles Borromée.
Les teinturiers de Notre-Dame-des-Neiges.
Les chappeliers de Sainte-Barbe, etc...
Peu après marchent les enfants allants à l'école des pauvres, avec leur croix, et de même les orphelins fils et filles. Puis suivent les ordres mendiants, savoir : les Capucins, Récollets, Carmes, Dominicains, lesquels portent entre eux les corps saints appartenant à l'abbaye de Vicogne, à savoir : sainte Avite, sainte Marguerite, saint Androine, sainte Favarine, sainte Angélie, sainte Bapkarie, saint Géry, évéque de Ravennes ; sainte Benoite, saint Jules , sainte Corone, saint Victor, sainte Onopia , sainte Lambarie, saint Valeri, sainte Florette, saint Marin, sainte Christine, sainte Deodaia, saint Valent, saint Pamphèle, et pour le dernier sainte Cordule conduite sur un charriot fort magnifique fait en forme de navire.
Si portent encore entre eux les R. P. Carmes deux aultres fiertes d'argent appartenant aussi à l'abbaye de Vicogne, dans l'une desquelles y at des reliques de saint Sébastien, et en l'aultre de saint Blaise, martyr. Item encore les beaux reliquaires d'argent de Notre-Dame-de-Scapulaire, et cesluy de Sainte-Barbe. Les RR. PP. Récollels portent aussi en eulx les fiertes de saint Victor, martyr de Gorcom ; et les RR. PP. Capucins, la fierte de M. saint Druon. Cette troupe passée, marchent les confréries ci-contre :
Les damoiseaux avec leur fierte d'argent richement élabourée ;
Notre-Dame-de-l'Assomption de Saint-Vaast en-Hault.
Notre-Dame-de-Lorette, de l'église paroissialle de Saint-Jacques ; de la Sainte-Trinité, de l'église de Saint-Vaast-en-Ia-Ville ; de Saint-Éloy, de la grande église de Notre-Dame ; de Saint George, de l'église paroissialle de Saint-Géry ; de Saint-Nicolas de item ; de Saint-Nicolas, de Petit-Saint-Jacques de la susdite église de Saint Géry ; de Saint-Michel, de la chapelle de Saint Michel, dictes des Ladres ; toutes avecq chacunes leurs fièlres, les unes en argent, les aultres en bois doré et aultrement. Par après, suivent les jardins de plaisance et sermens aussi avec leurs fiètres, si comme suit :
Les bons-vouloirs soubs l'étendart de Saint Christophe.
Les gladiateurs, du serment de Saint-Michel. Le serment de Saint-Antoine qui est des bombardiers.
» Le serment de Saint-Sébastien, des archiers, et cesluy des arbalestriers, de la purification de Notre-Dame ; et pour fermer ces confréries, marchent celle de Saint-Jacques-le-Grand , et pour la dernière celle de Notre-Dame-des-Royés, laquelle at pour garde le lieutenant de M. leprévost, le comte , deux échevins de la ville , et plusieurs officiers à cheval qui la conduisent aultour de la procession , loing de deux lieues; durant lequel voyage tout le gros de la trouppe demeure près la porte Cambrésienne, et y entend la prédication qui se faict soubs une tente dressée a ceste fin.
Suivant la susdite confrairie , marchent les sumptueuses reliques et fiertes suivantes , venant tant de la ville que des abbayes situées sur le chefs-lieu de ladicte ville de Valentiennes.
Premièrement, du béguinage de ceste ville ; deux fiertes et diverses reliquaires d'argent.
De l'église de la compagnie de Jésus : la fierte de Saint-Séverin, martyr, et celle de son compagnon, tiré du cimetière de Priscille, à Rome.
De la prévosté de Haspres : les fiertes de saint Aicard, abbé de Jumièges, 'et celle de saint Hugues, qui fut archevêque de Rouen, et en outre une très-belle pièce de la vraie croix , enchassée dans une d'argent haulte de quatre pieds et large à proportion.
De l'abbaye de Denaing y paraissent quatre fiertés d'argent ricement travaillées : dans la première , y at de unze mille Vierges, la seconde de sainte Royne, la troisième de saint Aldebert, et la quatrième de sainte Rainfroye.
De l'abbaye de Crespin : la fierte où repose le corps de saint Landelin , fondateur dudict lieu.
De l'abbaye de Saint-Saulve : la fierte dudict saint, et de saint Supérie , son compagnon.
De ladicte église de Notre-Dame-la-Grande : nn chef d'argent où reposent les reliques de saint Philippe de Néry, fondateur des Pères de l'Oratoire.
Et pour la dernière et tenant le rang suprême; la somptueuse fierte de l'abbaye de Hasnon où reposent les reliques de saint Marcelin et de saint Pierre, martyrs.
Suivant toutes lesquelles saintes reliques marchent tout le clergé de ladicte ville ; et pour fermeture, quatre prélats, savoir : de Hasnon , de Crespin, de Vicogne et de Saint-Jean ; suivy de MM. du Magistrat en corps et nombre de peuple.
On voyait aussi s'avancer, au milieu de la procession, plusieurs chars représentant différents traits de l'ancien et du nouveau Testament. Les Magistrats excitaient l'émulation des différentes corporations en proposant un prix à celle qui dresserait la machine la plus ingénieuse, et dont le char de triomphe serait le plus somptueux.
L'an 1563, dit Pierre d'Oultreman, les marchands de vin firent rouler une colline chargée de vignes, en laquelle était le patriarche Noé, et cousta plus de cent escus d'or. Aussi emportèrent-ils le prix proposé par le Magistrat, sur tous les autres chariots de triomfe, qui furent quarante en nombre ceste année-là .
Le rendez-vous de toute ceste sainte et honorable assemblée, tant à l'aller qu'au retourner, continue Simon Leboucq, est en la susdicte église de Notre-Dame, lieu choisy par la glorieuse Vierge comme avez veu ci-devant, doncq en recognaissance de ce grand bienfaict, et pour recognaitre ce lieu.
Toutes ces saintes reliques restaient exposées à la vénération du peuple pendant la neuvaine, et on n'entrait guère dans l'église de Notre-Dame sans se sentir saisi d'une sainte frayeur à la vue de tant d'objets si capables de raminer la ferveur et la piété.
Le détail de tous les miracles opérés par Notre-Dame du Saint-Cordon n'est pas arrivé jusqu'à nous ; mais d'Oultreman et Simon Leboucq nous ont conservé le souvenir des plus mémorables.
En 1291, la peste visita de nouveau Valenciennes, et ses ravages furent tels que bientôt les vivants suffirent à peine pour rendre aux morts les derniers devoirs. On accourut aux pieds de Marie ; les bourgeois firent brûler devant son image une soignie ou bougie de la longueur du grand tour que parcourt la procession annuelle, et à l'instant même la peste cessa comme par enchantement. Au rapport de Simon Leboucq, cette bougie pesait six cents livres.
L'an 1477, le jour de la Visitation de la sainte Vierge, les habitants de Valenciennes et les soldats qui s'y trouvaient, sortirent de la ville, par la porte de Mons, au nombre de 3200 hommes sous la conduite de Philippe de Clèves, des seigneurs de Ligne, Boussu, Maingnoval, Berbenson et Corneille de Guerre pour combattre les faucheurs que Louis XI avait chargés de couper les bleds verts dans un rayon de trois lieues autour de Valenciennes.
L'entreprise était difficile, car ces faucheurs étaient au nombre de dix mille, et le roi les faisait soutenir par une armée nombreuse.
Le magistrat, dans cette circonstance critique eut recours à Marie.
Il recommanda, dit d'Oultreman, par édit public au dévot sexe féminin de faire prières à Notre-Dame pour implorer le secours du Dieu des armées, et l'événement répondit à l'attente du peuple de Valenciennes ; les faucheurs furent taillés en pièces ; la ville de Saint-Amand fut prise, et celle de Condé délivrée.
Pour action de grâces on présenta à l'autel de Marie une soignie assez longue pour environner toute la ville : elle pesait ; dit Simon Leboucq 630 livres.
L'année 1555 fut encore pour Valenciennes une année désastreuse ; la peste reparut et enleva à la seule paroisse de Saint-Nicolas plus de quatre cents jeunes filles.
Dans la rue des Anges, il n'en resta qu'une seule qui publiait hautement devoir sa conservation à une protection spéciale de la Sainte-Vierge.
Les habitants désolés, mais pleins de confiance en celle qui tant de fois les avait sauvés, firent célébrer une fête solennelle dans la chapelle de Notre-Dame des Miracles, le Dimanche qui précédait l'Assomption.
La confrérie des Damoiseaux fit une procession autour de la ville avec le Saint-Sacrement que la plupart des bourgeois suivirent nu-pieds, couverts d'un cilice, et un cierge à la main pour obtenir de Dieu, par l'intercession de la Sainte-Vierge, le pardon de leurs péchés et la cessation du fléau : bientôt la peste disparut.
En reconnaissance de ce bienfait on institua une fête commémorative qui se célébrait encore à la fin du XVIIIe siècle.
En 1665, dans la peste qui ravagea si cruellement tout le pays pendant près de trois ans, Valenciennes eut recours à son remède ordinaire, aussitôt qu'elle ressentit les premières atteintes du désastre commun.
Le magistrat donna l'exemple ; il fit chanter dans l'église de Notre-Dame la grande une messe solennelle à laquelle il assista en corps.
Le peuple imita cet exemple : l'église, toute vaste qu'elle était, pouvait à peine contenir le nombre de ceux qui venaient y implorer la protection de Marie.
On accourait des villes et des campagnes voisines.
Les dames de l'illustre chapitre de Denain s'y rendirent en procession et se firent agréger à la pieuse association qui portait le nom de confrérie du Saint-Cordon.
Près de neuf mille personnes s'y enrôlèrent à leur exemple de 1665 à 1668.
Marie ne pouvait être insensible à tant de vœux : aussi une foule de personnes reconnurent ne devoir leur salut qu'a sa protection puissante.
Enfin vers les derniers jours de Septembre de l'année 1668, c'est-à-dire, peu de jours après la neuvaine annuelle, il ne resta plus aucune trace de fléau, et MM. du magistrat se crurent obligés de rendre à Notre-Dame un témoignage authentique de sa protection et de leur reconnaissance.
Ils offrirent à sa chapelle un grand cœur d'argent. On y avait ciselé le miracle arrivé l'an 1008, et au bas se voyaient en relief les armes de la ville, avec la date de l'année 1668.
La révolution n'a pas laissé une pierre de l'église de Notre-Dame la grande : il n'en reste pas même une ruine.
La chasse précieuse et les reliques qu'elle contenait ont été profanées.
Cependant chaque année la procession se fait encore avec un grand concours de peuple, bien qu'on n'y étale plus cette pompe et cette magnificence qui en rehaussaient autrefois la splendeur et l'éclat.

Le tour du saint cordon

Le Tour du Saint-Cordon est une procession qui a lieu chaque année à Valenciennes le deuxième dimanche de septembre.

La légende du Saint Cordon

En l'an 1008, la peste ravageait le Valenciennois.
Selon les chroniques, les habitants, terrorisés, s'en remirent aux mains divines et prièrent la Vierge Marie de leur venir en aide.
Le dernier jour d'août, le moine ermite appelé Bertholin fut visité par la Vierge Marie qui lui demanda de regrouper les habitants pour prier près de l'église qui lui était consacrée.
Après sept jours, Notre-Dame apparut, accompagnée de nombreux anges, portant un cordon écarlate.
Elle demanda aux anges d'entourer la ville et ses faubourgs de ce cordon, puis tous disparurent lorsque ce fut fait.
Elle réapparut aussitôt au moine Berthelot et lui demanda d'organiser dès le lendemain, et chaque année, une procession le long du tracé du cordon.
La contagion cessa et tous les malades furent guéris. Dès l'année suivante, le pèlerinage fut mis en place.

Le pèlerinage

Fixée au départ tous les 8 septembre (jour où l'on célèbre la nativité de Notre Dame), la date du tour devint mobile et fut placée le deuxième dimanche de septembre.
Le tour part en principe de la basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, puis s'étend sur 18 kilomètres avec de nombreux arrêts autour de la ville.
Les royers portent la statue de la vierge, tenant le cordon. La ville est décorée à ses couleurs (bleu ciel et blanc).
Des milliers de personnes participent chaque année à ce tour, ou au plus petit, organisé le matin pour ceux qui ne peuvent pas suivre le grand tour.
Le pèlerinage est avant tout festif, et regroupe toutes les classes d'âge : des personnes âgées qui le suivent par tradition et ferveur aux enfants qui se retrouvent pour une journée de recueillement.
La présence des associations catholiques y est forte, et des pèlerins de tout le diocèse sont présents.
Le petit tour démarre à la suite de la messe solennelle de 9 h et suit les anciennes fortifications de la ville (boulevards actuels) et le grand tour part à 11h30 pour revenir en ville vers 17h30.
De nombreux arrêts aux églises qui jalonnent le parcours sont organisés pour prier, pour donner le temps aux moins rapides de rejoindre les autres, et pour donner la possibilité aux pèlerins de rendre hommage à la vierge, en embrassant son habit ou en touchant sa main ou le cordon de sa statue.
L'Ave Maria résonne tout le long de la journée et les bougies appellent d'autres pèlerinages (Lourdes, Fatima, ...)

Millénaire

Le tour du Saint Cordon est l'un des seuls pèlerinages au monde à avoir atteint le millénaire et à toujours exister.
La commémoration s'est étalée sur une année, en partie en raison de travaux importants non terminés à la basilique : en septembre 2008 a donc été commémoré le millième anniversaire des apparitions, et en 2009, celui du Tour du Saint Cordon.
Source :

La basilique Notre-Dame du saint cordon

Valenciennes : Le saint cordon

La Basilique Notre Dame du St Cordon est en réfection en ce moment. La pierre qui la constitue est très abimée. Une enveloppe d'échaffaudages l'habille en ce moment ... Une partie des travaux devrait être réalisée pour le millénaire des festivités du St Cordon.

La statue de la Vierge est entreposée dans la chapelle du Lycée Notre Dame et les messes de semaines y sont célébrées  cf horaires ... en attendant la fin des travaux et avant d'être exposée dans l'église St Géry vers la mi-novembre.   

Valenciennes : Le saint cordon




Valenciennes 
Notre-Dame du saint cordon


Valenciennes : Le saint cordon

En 1008, Valenciennes était frappé d'une peste qui faisait 800 victimes par jour.
Un ermite nommé "Bertholin" du lieu-dit Fontenelles, invoque la Vierge. Celle-ci lui apparut et annonça qu'elle ferait un grand miracle, visible de tous, le 7 septembre, veille de la fête de sa nativitié.
Dans la nuit du 7 septembre, la Vierge se montre aux Valenciennois et deux anges laissèrent tomber autour de Valenciennes un "filet rouge". Au même moment la Vierge fit savoir à l'ermite que la peste cesserait si on organisait le lendemain et le 8 septembre de chaque année une procession d'action de grâces qui suivrait le tracé du cordon.
Le lendemain, on fit une procession. Toute la population y participa. La peste cessa.
Le site internet de Notre-Dame du saint cordon : http://www.saint-cordon.com/rubrique-6080.html

Au commencement du XIe siècle, dans le cours de l'année 1008, la peste fit à Valenciennes d'épouvantables ravages.
Le fléau avait emporté en peu de jours 8,000 personnes.
Toute la ville était dans la consternation : elle n'offrait partout que le spectacle de la mort.
Ses habitants éplorés, n'espérant plus rien du coté des hommes s'adressaient au ciel.
« Vous eussiez vu le peuple » en foule, dit un ancien historien, se jeter aux pieds des autels, implorer le secours de la Reine du Ciel, lui remontrer, non tant la calamité présente qui parlait assez par les plaintes des mourants, par les regrets des survivants, voire par le silence et la solitude effroyable de la ville, mais les effets de sa Bonté et de sa toute-puissance auprès de Dieu qu'ils avaient si souvent ressentie en leurs nécessités.
Ils la conjuraient de faire paraître à ce jour infortuné des entrailles de mère à l'endroit de ses pauvres enfants, qui bien qu'ils fussent indignes de ce nom ne pouvaient être abandonnés par elle, à moins qu'elle ne renonçat à sa qualité de mère de miséricorde, le plus beau fleuron de sa couronne.
Plus ils étaient misérables, plus étaient-ils l'objet de cette belle qualité dont son Fils l'avait revêtue. Plus ils avaient été méchants, plus était grande leur misère, plus aussi ils étaient dignes de miséricorde et de compassion.  Ils osaient bien lui assurer, ce qu'elle savait assez, que le torrent de leurs débauches n'avait jamais étouffé la mémoire de sa grandeur, ni le sentiment de sa bonté ; que, parmi la nuit de leur disgrâce, ils avaient toujours tâché de conserver l'honneur de ses autels et l'affection à son service.
Qu'à tout rompre, ils étaient chrétiens, rachetés du sang de son Fils, qui criait mieux que celui d'Abel, non la vengeance, mais la clémence et le pardon, dont il avait fait sa mère dépositaire ; et elle n'avait jamais refusé la grâce à ceux qui la lui avaient demandée. 
Là-dessus, ces cœurs angoissés et flottants entre la crainte et l'espérance, faisaient mille vœux, qui, en particulier, qui, en public, et promettaient l'amendement de leur vie. 
Cependant un saint ermite nommé Bertelain, habitait une chétive cabane, au village de Pont, non loin de la fontaine aux pierres, là où deux siècles plus tard, les deux filles du seigneur Hellin d'Aulnoi, Jeanne et Agnès, élevèrent un oratoire en l'honneur de la Vierge, et jetèrent les fondements de l'abbaye de Fontenelle.
Touché du, malheur de ses frères, le pieux ermite redoublait ses macérations et ses prières ; 0 Marie, reine du Ciel et mère des hommes, s'écriait-il, n'êtes-vous pas la consolatrice des affligés ? Avez-vous renoncé à ces beaux titres de salut des infirmes, de secours des chrétiens ? Avez-vous exclu de vos grâces la ville de Valenciennes ? N'exercerez-vous pas envers ses pauvres habitants qui se glorifient de vous avoir pour mère, cette miséricorde que vous étendez sur le reste du monde, même sur les païens et les infidèles. 
Un jour (c'était le 4 ou le 5 Septembre), un jour que le saint homme priait avec plus de ferveur encore, ses yeux sont tout-à-coup éblouis par l'éclat d'une lumière plus pure que celle du soleil.
Une femme rayonnante de gloire lui apparaît ; son œil était serein ; ses traits exprimaient plutôt la douceur et la bonté que l'indignation et la fierté : c'était la reine du Ciel.
Va trouver mon peuple de Valenciennes, dit-elle, annonce-lui que j'ai désarmé mon Fils ; mes prières et mes larmes l'ont attendri. La nuit qui suivra la veille de ma Nativité, mon peuple saura que j'ai écouté le cri de sa détresse. Non, je ne puis être sourde aux vœux de mes serviteurs, ni insensible à leurs besoins. Qu'à l'époque indiquée, ils se rendent tous sur les murailles de leur ville, et ils y verront des merveilles.
Le saint ermite se hâte de remplir son message.
Il fait part à Herman, surnommé Heczilon, fils de Godefroy d'Ardennes, de la vision dont il a été favorisé et de la promesse faite par la mère de Dieu.
La nouvelle se répand aussitôt par toute la ville ; la joie succède à la tristesse.
On se prépare par le jeûne et la prière aux grandes choses qui doivent arriver.
Le 7 de Septembre, dès le déclin du jour, les remparts, les tours de la ville, toutes les éminences étaient couvertes d'un peuple attendri et impatient de voir l'effet des promesses célestes. Tous, le cœur haletant, les yeux fixés au Ciel, étaient dans l'attente du prodige.
« Et voici, dit  toujours notre vieil historien dans son naïf Iangage, et voici que le Ciel s'épanouit comme à l'aube, avant-courrière du soleil ; les ténèbres se dissipent ; la nuit se change en un beau jour, au milieu duquel on découvre une reine pleine de majesté, étincelante de lumière, mais d'une lumière de paradis, telle que celle des corps bienheureux, plus brillante que le soleil, mais qui, pourtant, récrée les yeux sans les éblouir, et qui donne comme un avant-goût de la félicité souveraine.
Cette Reine, accompagnée d'une armée d'anges et de bienheureux, tenait en sa main un cordon ou filet, dont soudain toute la ville fut environnée.
Je ne crois pas que la Vierge changea de place ; mais les anges qui l'accompagnaient portaient ce filet qu'elle tenait à un bout, et en ayant cerné la ville, lui mirent en main l'autre bout. Et s'il est loisible de conjecturer en un sujet que nos pauvres historiens ont traité si chichement, je croirais aisément que Notre-Dame parut comme venant de la cabane de l'ermite, ou du moins de ce côté-là ; et, par ainsi, elle se planta, selon la tradition commune, en cet endroit de Nœuf-Bourg, où était en ce temps-là une chapelle que nos annalistes assurent avoir été bâtie par l'empereur Charlemagne, dédiée à la mère de Dieu ; et où depuis fut édifiée, en révérence et, mémoire de cette grâce ; l'église de Notre-Dame-la-Grande.
Qui nous expliquera le sentiment de toute l'assistance, la joie de leurs cœurs, l'extase de leurs esprits, les douces larmes de dévotion qui roulaient sur leurs joues, les soupirs et les sanglots qui sortaient de leurs bouches ? c'est en vain que nous nous efforcerions de les décrire, puisqu'eux-mêmes n'ont pas trouvé de paroles pour s'entretenir pendant ce mystère, mais l'ont révéré par un chaste silence. Aussi, n'est-il pas vrai que ce fut une faveur qui est sans exemple ? Car, de grâce, où ayez-vous va qu'un peuple tout entier ait joui de l'apparition et de la contemplation de la mère, de Dieu ?
Nous ne savons pas combien de temps dura cette visite, mais la Vierge s'étant soustraite aux yeux du peuple, se rendit chez le bon ermite, qui, sans doute, de sa chaumière, jouissait du même spectacle, et elle lui commanda de dire à ceux de Valenciennes, que le 8 de Septembre, jour de la Nativité, ils eussent à faire une procession solennelle autour de la ville, en suivant la route que le filet leur avait marquée, et qu'ils la continuassent tous les ans à même jour.
Dans un siècle aussi difficile que le nôtre, où l'incrédulité prend les airs d'une critique sévère et judicieuse, on ne peut manquer de demander sur quel fondement repose la certitude de ce fait prodigieux : nous répondrons avec le père d'Oultreman :
Quant à l'antiquité et vérité de cette histoire, il s'en trouve peu de plus vieille date et de plus authentique ; elle est ancienne de 640 ans et plus, (le père d'Oultreman écrivait en 1643) ; assuré par la tradition commune, reçue de père en fils depuis ce temps-là dans cette ville, a confirmé par le témoignage de nos plus vieux écrivains, fortifiée par la continuation de la procession annuelle, par les confréries, tant des royés que des damoiseaux ; par les baguettes que l'on y porte et par quantité d'autres cérémonies, qui, toutes ; nous prêchent la même chose et nous assurent la créance que nous avons de la grâce que la glorieuse Vierge fit à la ville de Valenciennes, la délivrant de la peste et la prenant sous sa particulière protection.
Cet événement, tout miraculeux qu'il est, offre donc toutes les garanties de certitude qui accompagnent les faits historiques les mieux constatés, on ne peut raisonnablement le révoquer en doute.
Cependant, le saint filet que la Vierge avait voulu laisser aux habitants de Valenciennes, comme un monument du bienfait qu'elle leur avait octroyé, fut recueilli avec respect et renfermé dans une chasse richement ornée.
La cité, par l'organe du magistrat, s'engagea, par vœu, à faire chaque année, le 8 Septembre, une procession commémorative, et à déployer dans cette circonstance tout l'appareil et toute la solennité possible.
Depuis l'année 1008 jusqu'au moment de la révolution de 93, cette procession s'est faite tous les ans : elle n'a été suspendue qu'une seule année ; en 1566, les huguenots se trouvant les maîtres de la ville rendirent cette cérémonie impossible.
Pendant les quatre années les plus orageuses de la révolution, elle fut également interrompue : on sait pourtant que de pieux fidèles, durant ces mauvais jours, ne laissèrent pas de faire en priant, et même en troupes assez nombreuses, le 8 Septembre de chaque année, le tour marqué par le saint cordon.
On conçoit la vénération dont le peuple dut entourer cette précieuse relique : elle fut renfermée d'abord dans une espèce de coffre en bois doré, garni de divers ornements en argent, selon le goût du temps, et déposée dans la chapelle dont nous avons parlé plus haut, chapelle bâtie par Charlemagne et dédiée à la Sainte-Vierge.
C'était en cet endroit que la Reine du Ciel avait apparu au peuple.
Ce lieu devint bientôt trop resserré pour contenir la multitude que la piété y attirait de toutes parts, et, dès l'année 1080, on voyait à la place de cette chapelle une église magnifique, monument digne du trésor qu'on y conservait, et du miracle de protection dont on voulait perpétuer le souvenir.
Ce grand miracle et dévotion annuelle ensuivit dit Simon Leboucq, alluma le zèle du peuple valentiennois, qu'il était impossible voir chose semblable, en sorte telle que ne prendants aulcuns égards, si les moyens estoient suffisants ou non, qu'ils prindrent résolution d'ériger ceste chapelle de Nostre-Dame, en une grande et somptueuse église, et commencèrent de faire jeter les fondements, bien peu d'années après ce grand bénéfice reçu du ciel, et fièrent entièrement achever une chapelle en attendant que l'œuvre emprinse seroit accomplie. Mais comme les-forces manquèrent, teste besongne cessa pour quelque temps et jusques à ce que madame Richilde, comtesse de Hainaut et nouvellement  de Valentienne par achapt qu'elle en avait faict environ l'an 1058, prinfc compassion de ce peuple, le voiant affligé à cause qu'ils n'a voient les moyens de parachever la dicte église, en sorte qu'elle mesme voua de le faire à ses propres frais et despehs et de la rendre non-seulement le principal splendeur de la dicte comté  de Valenciennes, mais encore de tout le voisinage ; et de faict fict édifier et rendre du tout parfaict le chœur, les chapelles d'allentour et les croisures, lesquelles sont, les plus somptueuses qui se peuvent rencontrer, eslevées d'une hûulteur merveilleuse avec une lanterne ou dôme au milieu id'fcelle, à la façon d'une thour, faict et ; cimenté fort artificiellement, donnant très-grande décoration à la dicte église et admiration non pareille aux spectateurs.
La comtesse Richilde, durant ces bâtiments ayant résigné le gouvernement du Haynau et de Valentiennes à son fils, icelui ne laissant la dicte besongne en arrière feit édifier la nef, et y tout le surplus de ce superbe bâtiment, estant un édifice très-excellent, ayant grande quantité de belles colonnes de marbre qui font trois voultes et arches admirables l'une sur l'autre, et soubs icelles èt desus, des larges espaces pour s'y pourmener, ce qui rend une fort belle veue et parfaite ; proportion, d'une œuvre de grande excellence.
Cette église, dit d'Oultreman, est digne d'être vue et admirée pour sa structure, ordre de colonnes, trois voûtes les unes sur les autres, diverses galeries, et surtout la croisée qui est des plus belles de l'Europe.
Outre ceci, il fait beau voir deux chapelles bâties l'une sur l'autre, derrière le chœur. Sur quoi le vulgaire fait un conte reçu par tradition : que l'architecte nommé Jean Hosson, pour un chef-d'œuvre édifia celle d'en bas, en sorte que toutes les branches de la voûte se rapportent et aboutissent sur deux colonnes ; mais le fils entreprit de passer son père en la fabrique de la chapelle de dessus ; laquelle il planta toute sur un pilier si mince et si peu massif que c'est une merveille ; ce qui fit mourir le père de regret, disent les bonnes gens, de se voir vaincu par son fils.
Cette magnifique église fut donnée par Bauduia II, dit de Jérusalem, fils de la comtesse Richilde, à l'abbaye d'Hasnon ; et en vertu de cette donation, les religieux d'Hasnon devinrent comme les dépositaires de la châsse du Saint Cordon, et partagèrent toujours avec les Royés la direction de ce qui regardait son culte.
On appelait royés ceux qui faisaient partie de la confrérie instituée peu après le prodige.
Dans le principe, elle ne se composait que de vingt-six personnes choisies dans la classe la plus élevée de la cité. Approuvée d'abord par l'évêque de Cambrai, elle fut confirmée plus tard par le Saint Siège, et enrichie d'indulgences précieuses.
La garde du Saint-Cordon était confiée aux royés ; ils étaient chargés de recevoir les offrandes et d'en régler l'emploi pour l'ornement de la châsse qui renfermait la précieuse relique : ils avaient aussi le privilège de la porter en procession. On les appelait royés à cause de la couleur de leur habillement. En signe et honneur du Saint Cordon, dit d'Oultreman, les confrères portaient anciennement des robes mi-parties en couleurs ; car la moitié était tout ample et l'autre bille-barrée et rayée de diverses bandes du haut en bas. Cet habillement fut modifié en 1540, parce qu'il paraissait, dit notre vieil auteur, plus ridicule et nouveau qu'honorable et dévot.
A cette époque les royés portèrent une robe de drap noir, bordée de haut en bas d'une raie de laine bigarrée de diverses couleurs. Car, dit encore d'Oultreman, la tradition porte que le cordon ou filet de Notre-Dame semblait tel à la vue des regardants, sans qu'on put asseoir un jugement assuré de sa couleur.
Dans la suite, le nombre des royés devint plus considérable, et les gentilshommes se séparant des roturiers formèrent une confrérie particulière qui prit le nom de confrérie des damoiseaux.
On sait que ce nom était donné autrefois à tous les gentilshommes qui n'étaient pas chevaliers.
Dans les anciennes chroniques de Saint-Denis, Louis, fils de Philippe, roi de France, est appelé noble damoiseau ; et Jean de Beka, historien de Hollande, appelle aussi Guillaume, comte de Hollande et élu roi des Romains, Guillaume, damoiseau de Hollande.
On ignore l'époque précise où se forma la confrérie des damoiseaux ; on croit que ce fut vers 1310. Mais en 1333, ils décidèrent que leur confrérie ne compterait jamais plus de trente personnes, en mémoire des trente deniers dont le Sauveur avait été vendu. Autrefois les damoiseaux portaient sur la manche de leur robe un lys en perles, avec ces mots en broderie : Ave, Maria. Plus tard, ils ornèrent leur vêtement d'une plaque d'argent sur laquelle se voyait l'image, de Notre-Dame sur un fond brodé. A la procession, le hérault qui les précédait s'appelait Franche-Vie ; il marchait vêtu d'une cotte d'armes en satin cramoisi et armoire du lion de la ville.
Cette confrérie avait sa châsse particulière qui était portée en procession. On la vénérait dans une des chapelles de l'église de Notre-Dame-la Grande, dédiée à la Sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame des Miracles.
En 1510, Pierre de Mirepoix, évêque de Cambrai, et Bernard, évêque d' Arras, le jour même de la procession du Saint Cordon, déposèrent dans cette châsse plusieurs saintes reliques, en présence de Guillaume le Bon, comte de Hainaut et de Valenciennes, Jean de Beaumont, son frère, Wallerand de Luxembourg, seigneur de Ligny, de Jeanne de Valois, comtesse de Hainaut, Béatrix, comtesse de Luxembourg, et de plusieurs autres dames illustres.
C'étaient une partie du vêtement de la Sainte Vierge, des cheveux de sainte Marie-Magdeleine, des os des saints Innocents, de sainte Anne, de saint Antoine, de saint Grégoire, pape ; de saint Adrien, de saint Martin ; de saint Joseph d'Arimathie, du sang et un os de Saint Etienne, et une pierre dont il fut lapidé. 
Cette châsse précieuse fut profanée en 1566 par les Calvinistes, et les saintes reliques qu'elle contenait furent brûlées publiquement.
On était parvenu à sauver la châsse et à la cacher dans le jardin d'un nommé Jean le Poivre, mais en 1572 elle fut découverte pendant le pillage de la ville, et volée.
Dans le cours de 1588, les damoiseaux en firent construire une nouvelle, et le jour de l'Assomption de la mère de Dieu, elle fut bénite par dom Pierre Blondeau qui y déposa une quantité de saintes reliques.
On les devait à la pieuse libéralité de l'abbaye de Haspres, de Louis de Berlaimont, archevêque et duc de Cambrai, de Jean Marcoul, prêtre de Valenciennes, chanoine de Saint Amé, à Douai, et de Marie le Poivre, abbesse de Fontenelle.
L'abbaye de Haspres avait envoyé une partie de la vraie Croix et de la croix de saint André, les os de saint Nicolas, évêque ; et confesseur, de saint Philibert et de saint Ranulphe.
On avait reçu, de Louis de Berlaimont une côte de saint Landelin, une partie du chef de saint Luc, un bras de saint Marc, des os de sainte Anne, mère de la vierge Marie, et de sainte Anastase, vierge et martyre.
On était redevable à Jean Marcoul d'un os des Martyrs thébéens ; et à l'abbesse de Fontenette, de quelques ossements de saint Pierre et de saint Paul, de saint Georges, de saint Laurent, de saint Nicolas, des onze mille Vierges, d'une partie de la croix de saint André, de la verge d'Aaron, du sépulcre de Lazare, d'une ceinture de saint Etienne, du vêtement et du voile de la Sainte Vierge, de l'éponge qui servit à abreuver de fiel le Sauveur, et d'une pierre du mont Calvaire.
Parmi les témoins de cette déposition, on cite François Dupire, abbé de Saint-Jean, à Valenciennes ; Grégoire Leduc, docteur en droit, archidiacre de Notre-Dame, à Cambrai ; Godefroi Centurion, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem, prévôt de Haspres ; Bernard Leduc, chanoine de l'église collégiale de Saint Géry, à Cambrai ; et le R. P. Bernard Olivier, de la société de Jésus.
On avait vu autrefois les marquis de Renty, les comtes de Lalain, les marquis de Berghes, se faire un honneur de porter la chasse de Notre-Dame des Miracles.
Plus tard, le duc Charles de Croy et d'Archost, Philippe, duc d'Aremberg, Florent de Ligne, prince d'Anthoing et marquis de Roubaix, Ernest de Mérode, comte de Thiant, plusieurs autres seigneurs appartenant à la plus haute noblesse, ne le cédèrent point a leurs devanciers. On les vit marcher aussi à la procession en qualité de confrères des damoiseaux, et porter sur leurs épaules la châsse vénérée.
Cependant, les honneurs rendus à la châsse des damoiseaux ne diminuèrent rien de la vénération que l'on portait à celle du Saint-Cordon.
Nous en avons la preuve dans le zèle que, de tout temps, on déploya pour la décoration de cette fierté précieuse.
Ainsi, le 8 Septembre de l'année 1392, le Saint-Cordon fut retiré de la première châsse qui était en bois doré, pour être déposé dans une châsse en argent, avec un grand nombre de saintes reliques qui la rendirent plus digne encore de la vénération des peuples.
Dom Nicaise Horrion reconnut le Saint-Cordon, et dressa un acte authentique de cette translation.
Le procès verbal fut signé par le révérendissime abbé, par ses religieux, par les curés de la ville, parles membres de la confrérie des Royés, et plusieurs personnes notables qui assistèrent à la cérémonie. On grava sur cette châsse nouvelle les vers qui se lisaient sur la première et qui rappelaient le miracle de protection opérée par Marie.
En l'an mil et huict en Septembre
Fut faict, ainsi que m'en remembre
D'un ermite incitation
Qu'on fit une procession
Le jour de la Nativité
De la mère de Vérité.
Pourcequ'alors la pestilence
Régnait en très-grande affluence
En Valenciennes, bonne ville
Laquelle estait, chose très vile
Pour l'ire de Dieu appaiser
Et pour sa mere auctoriser.
Des confrères s'y sont trouvez,
Vingt et six par fraternité
A tousiours, sans eus depoyez
Confrères nommés des royés

En 1534, le Saint-Cordon ; fut de nouveau retiré de sa châsse que l'on voulait rendre plus riche encore, et le 3 Septembre de la même année, il y fut replacé par Dom Jean Thierry. L'acte de cette seconde translation contient la vérification, des reliques renfermées dans la chasse y et il est signé comme celui de 1392, par les témoins oculaires.
En 1566, c'est-à-dire trente-cinq ans plus tard, les Calvinistes s'étant rendus maîtres de la ville, se précipitèrent le 24 Août de la même année sur Notre-Dame-la-Grande, et voulurent s'emparer de la châsse précieuse.
Déjà ils avaient.commencé à la mettre en pièces, lorsque des hommes pleins de foi et de courage entrèrent dans l'église, et furent assez heureux pour arracher aux mains des profanateurs les reliques vénérées.
Elles furent recueillies avec respect, et pour les mettre à l'abri des nouvelles tentatives de l'impiété, on les porta à l'Hôtel de Ville, où il se trouvait bonne garde, et dont l'accès était défendu par quelques pièces d'artillerie : le Prévot et le magistrat veillèrent ainsi à la conservation de ce pieux dépôt.
Le 3 Septembre de l'année suivante, la châsse du Saint-Cordon fut rétablie dans son premier état : avant de renfermer les saintes reliques, Dom Michel Dusquesnoy, abbé de Hasnon, les reconnut de nouveau avec les formalités requises.
Le 7 septembre 1661, elles furent encore une fois tirées de la châsse, et replacées ensuite par Dom Mathias Leroux qui dressa également procès-verbal en présence d'un grand nombre de témoins.
Enfin en 1713, Fénélon assistant à la procession solennelle, fut pressé de constater l'état de la châsse : il l'ouvrit et la trouva conforme à ce que lui apprenaient les procès verbaux qu'il avait entre les mains.
Il examina la boîte où était renfermé le Saint-Cordon ; elle était couverte des sceaux de plusieurs de ses prédécesseurs ; ces sceaux étaient entiers et bien conservés.
La châsse avait la forme de l'église de Notre-Dame la grande où elle reposait.
On y avait représenté en ciselures toute l'histoire du miracle arrivé l'an 1008.
Elle était, comme dans les premiers temps, le principal objet de la solennité qui se célébrait tous les ans, à la fête de la Nativité.
Simon Lebouscq et le P. d'Outreman nous ont conservé les détails de cette procession que tout concourait à rendre grandiose et magnifique : écoutons d'abord d'Oultreman.
La veille de la procession, dit-il, les confrères royés se rendent en l'hostel ou maison de ville, d'où ils marchent en corps et se rendent aux vespres en l'église de Notre-Dame, d'où ils retournent à la grande salle d'entrée de la même maison de ville, se rangent tous d'un côté assis sur un banc ; et là on leur présente la serviette qu'ils avancent sur leurs genoux, sans table, et y font collation, chacun de deux verres ou tasses de vin, l'un blanc, l'autre clair et, avec une cuillerée de dragée et rien de plus.
Le lendemain, jour de la procession, les confrères portent à pieds nus la fierte du Saint Cordon, et elle a la prescéance sur toutes les autres. Davantage, pendant les guerres, la procession ne sort pas de la ville, mais s'arreste en l'église paroissialle de Saint-Nicolas où l'on prêche, tandis que la seule fierte des Royés est portée autour des remparts, et dès qu'elle a achevée son tour, la procession reprend le sien, et tout se rend en l'église de Notre Dame d'où l'on est sorty. En bon temps, la procession s'avance jusqu'au faubourg cambrésien, et faict alte en-deçà la fontaine, sous une tente en laquelle on fait la prédication. Cependant les confrères royés portent leur fierte en-dehors, et autour de la ville par un chemin désigné et marqué de tout temps, qu; est de deux bonnes lieues de circuit ; ce qu'on appelle le grand tour. Au mileu des confrères, marche le lieutenant le Comte, entre-deux échevins à cheval, suivis des hallebardiers du prévost le Comte (c'est-à-dire du prévost du comte de Valenciennes) avec une esquarde de soldats à cheval, conduite par leur capitaine qu'on nommait jadis le Sandart de la ville. Devant ladite fierte un religieux de Notre-Dame ou de Hasnon revestu d'un surplis et d'une estolle, aussi à cheval, porte une statue d'argent représentant un ange qui semble ramasser en peloton le filet ou cordon de Notre-Dame. Quelques compagnies de serments servent de garde à la dite fierte, laquelle n'est pas plutôt arrivée à Marlis qu'ils y font une salve et des charge générale de leurs mousquets qui sert d'advertence à ceux de la procession pour se ranger en ordre et se remettre au retour, et dès que la fierte avec son escorte est arrivée, tout se met en marche et retourne à Notre Dame.
Après la procession les Royés dinent dans le même Hôtel-de-Ville, d'où le magistrat s'absente ce jour-la et leur cède la place. Ils prennent leur réfection tous en robe, assis à même rang et d'un costé, à guise des religieux, sans y admettre aucune femme.
Simon Leboucq, après nous avoir dit les mêmes choses avec moins de détails, nous donne l'ordre que l'on suivait à la procession ; il la fait en quelque sorte défiler devant nous.
Premièrement marchent les stilz et mestiers de la ville avecq leurs torses ausquelles sont réputées les patrons d'icelles et portent tous en main, qui ung baston, qui une baguette, soit blanche ou coloriée, aflin de se resouvenir de la cause pourquoi ceste feste et solemnité est instituée à raison que les marques ordinaires qu'on fit porter aux pestiférés et à ceulx qui les assistent sont d'un baston blancq pour les recognoistre; lesdits stilz marchent donc ensuite de l'ordre ci-après spécifié.
Premièrement :
Les amidonniers sous la bannière de Saint-Charles Borromée.
Les teinturiers de Notre-Dame-des-Neiges.
Les chappeliers de Sainte-Barbe, etc...
Peu après marchent les enfants allants à l'école des pauvres, avec leur croix, et de même les orphelins fils et filles. Puis suivent les ordres mendiants, savoir : les Capucins, Récollets, Carmes, Dominicains, lesquels portent entre eux les corps saints appartenant à l'abbaye de Vicogne, à savoir : sainte Avite, sainte Marguerite, saint Androine, sainte Favarine, sainte Angélie, sainte Bapkarie, saint Géry, évéque de Ravennes ; sainte Benoite, saint Jules , sainte Corone, saint Victor, sainte Onopia , sainte Lambarie, saint Valeri, sainte Florette, saint Marin, sainte Christine, sainte Deodaia, saint Valent, saint Pamphèle, et pour le dernier sainte Cordule conduite sur un charriot fort magnifique fait en forme de navire.
Si portent encore entre eux les R. P. Carmes deux aultres fiertes d'argent appartenant aussi à l'abbaye de Vicogne, dans l'une desquelles y at des reliques de saint Sébastien, et en l'aultre de saint Blaise, martyr. Item encore les beaux reliquaires d'argent de Notre-Dame-de-Scapulaire, et cesluy de Sainte-Barbe. Les RR. PP. Récollels portent aussi en eulx les fiertes de saint Victor, martyr de Gorcom ; et les RR. PP. Capucins, la fierte de M. saint Druon. Cette troupe passée, marchent les confréries ci-contre :
Les damoiseaux avec leur fierte d'argent richement élabourée ;
Notre-Dame-de-l'Assomption de Saint-Vaast en-Hault.
Notre-Dame-de-Lorette, de l'église paroissialle de Saint-Jacques ; de la Sainte-Trinité, de l'église de Saint-Vaast-en-Ia-Ville ; de Saint-Éloy, de la grande église de Notre-Dame ; de Saint George, de l'église paroissialle de Saint-Géry ; de Saint-Nicolas de item ; de Saint-Nicolas, de Petit-Saint-Jacques de la susdite église de Saint Géry ; de Saint-Michel, de la chapelle de Saint Michel, dictes des Ladres ; toutes avecq chacunes leurs fièlres, les unes en argent, les aultres en bois doré et aultrement. Par après, suivent les jardins de plaisance et sermens aussi avec leurs fiètres, si comme suit :
Les bons-vouloirs soubs l'étendart de Saint Christophe.
Les gladiateurs, du serment de Saint-Michel. Le serment de Saint-Antoine qui est des bombardiers.
» Le serment de Saint-Sébastien, des archiers, et cesluy des arbalestriers, de la purification de Notre-Dame ; et pour fermer ces confréries, marchent celle de Saint-Jacques-le-Grand , et pour la dernière celle de Notre-Dame-des-Royés, laquelle at pour garde le lieutenant de M. leprévost, le comte , deux échevins de la ville , et plusieurs officiers à cheval qui la conduisent aultour de la procession , loing de deux lieues; durant lequel voyage tout le gros de la trouppe demeure près la porte Cambrésienne, et y entend la prédication qui se faict soubs une tente dressée a ceste fin.
Suivant la susdite confrairie , marchent les sumptueuses reliques et fiertes suivantes , venant tant de la ville que des abbayes situées sur le chefs-lieu de ladicte ville de Valentiennes.
Premièrement, du béguinage de ceste ville ; deux fiertes et diverses reliquaires d'argent.
De l'église de la compagnie de Jésus : la fierte de Saint-Séverin, martyr, et celle de son compagnon, tiré du cimetière de Priscille, à Rome.
De la prévosté de Haspres : les fiertes de saint Aicard, abbé de Jumièges, 'et celle de saint Hugues, qui fut archevêque de Rouen, et en outre une très-belle pièce de la vraie croix , enchassée dans une d'argent haulte de quatre pieds et large à proportion.
De l'abbaye de Denaing y paraissent quatre fiertés d'argent ricement travaillées : dans la première , y at de unze mille Vierges, la seconde de sainte Royne, la troisième de saint Aldebert, et la quatrième de sainte Rainfroye.
De l'abbaye de Crespin : la fierte où repose le corps de saint Landelin , fondateur dudict lieu.
De l'abbaye de Saint-Saulve : la fierte dudict saint, et de saint Supérie , son compagnon.
De ladicte église de Notre-Dame-la-Grande : nn chef d'argent où reposent les reliques de saint Philippe de Néry, fondateur des Pères de l'Oratoire.
Et pour la dernière et tenant le rang suprême; la somptueuse fierte de l'abbaye de Hasnon où reposent les reliques de saint Marcelin et de saint Pierre, martyrs.
Suivant toutes lesquelles saintes reliques marchent tout le clergé de ladicte ville ; et pour fermeture, quatre prélats, savoir : de Hasnon , de Crespin, de Vicogne et de Saint-Jean ; suivy de MM. du Magistrat en corps et nombre de peuple.
On voyait aussi s'avancer, au milieu de la procession, plusieurs chars représentant différents traits de l'ancien et du nouveau Testament. Les Magistrats excitaient l'émulation des différentes corporations en proposant un prix à celle qui dresserait la machine la plus ingénieuse, et dont le char de triomphe serait le plus somptueux.
L'an 1563, dit Pierre d'Oultreman, les marchands de vin firent rouler une colline chargée de vignes, en laquelle était le patriarche Noé, et cousta plus de cent escus d'or. Aussi emportèrent-ils le prix proposé par le Magistrat, sur tous les autres chariots de triomfe, qui furent quarante en nombre ceste année-là .
Le rendez-vous de toute ceste sainte et honorable assemblée, tant à l'aller qu'au retourner, continue Simon Leboucq, est en la susdicte église de Notre-Dame, lieu choisy par la glorieuse Vierge comme avez veu ci-devant, doncq en recognaissance de ce grand bienfaict, et pour recognaitre ce lieu.
Toutes ces saintes reliques restaient exposées à la vénération du peuple pendant la neuvaine, et on n'entrait guère dans l'église de Notre-Dame sans se sentir saisi d'une sainte frayeur à la vue de tant d'objets si capables de raminer la ferveur et la piété.
Le détail de tous les miracles opérés par Notre-Dame du Saint-Cordon n'est pas arrivé jusqu'à nous ; mais d'Oultreman et Simon Leboucq nous ont conservé le souvenir des plus mémorables.
En 1291, la peste visita de nouveau Valenciennes, et ses ravages furent tels que bientôt les vivants suffirent à peine pour rendre aux morts les derniers devoirs. On accourut aux pieds de Marie ; les bourgeois firent brûler devant son image une soignie ou bougie de la longueur du grand tour que parcourt la procession annuelle, et à l'instant même la peste cessa comme par enchantement. Au rapport de Simon Leboucq, cette bougie pesait six cents livres.
L'an 1477, le jour de la Visitation de la sainte Vierge, les habitants de Valenciennes et les soldats qui s'y trouvaient, sortirent de la ville, par la porte de Mons, au nombre de 3200 hommes sous la conduite de Philippe de Clèves, des seigneurs de Ligne, Boussu, Maingnoval, Berbenson et Corneille de Guerre pour combattre les faucheurs que Louis XI avait chargés de couper les bleds verts dans un rayon de trois lieues autour de Valenciennes.
L'entreprise était difficile, car ces faucheurs étaient au nombre de dix mille, et le roi les faisait soutenir par une armée nombreuse.
Le magistrat, dans cette circonstance critique eut recours à Marie.
Il recommanda, dit d'Oultreman, par édit public au dévot sexe féminin de faire prières à Notre-Dame pour implorer le secours du Dieu des armées, et l'événement répondit à l'attente du peuple de Valenciennes ; les faucheurs furent taillés en pièces ; la ville de Saint-Amand fut prise, et celle de Condé délivrée.
Pour action de grâces on présenta à l'autel de Marie une soignie assez longue pour environner toute la ville : elle pesait ; dit Simon Leboucq 630 livres.
L'année 1555 fut encore pour Valenciennes une année désastreuse ; la peste reparut et enleva à la seule paroisse de Saint-Nicolas plus de quatre cents jeunes filles.
Dans la rue des Anges, il n'en resta qu'une seule qui publiait hautement devoir sa conservation à une protection spéciale de la Sainte-Vierge.
Les habitants désolés, mais pleins de confiance en celle qui tant de fois les avait sauvés, firent célébrer une fête solennelle dans la chapelle de Notre-Dame des Miracles, le Dimanche qui précédait l'Assomption.
La confrérie des Damoiseaux fit une procession autour de la ville avec le Saint-Sacrement que la plupart des bourgeois suivirent nu-pieds, couverts d'un cilice, et un cierge à la main pour obtenir de Dieu, par l'intercession de la Sainte-Vierge, le pardon de leurs péchés et la cessation du fléau : bientôt la peste disparut.
En reconnaissance de ce bienfait on institua une fête commémorative qui se célébrait encore à la fin du XVIIIe siècle.
En 1665, dans la peste qui ravagea si cruellement tout le pays pendant près de trois ans, Valenciennes eut recours à son remède ordinaire, aussitôt qu'elle ressentit les premières atteintes du désastre commun.
Le magistrat donna l'exemple ; il fit chanter dans l'église de Notre-Dame la grande une messe solennelle à laquelle il assista en corps.
Le peuple imita cet exemple : l'église, toute vaste qu'elle était, pouvait à peine contenir le nombre de ceux qui venaient y implorer la protection de Marie.
On accourait des villes et des campagnes voisines.
Les dames de l'illustre chapitre de Denain s'y rendirent en procession et se firent agréger à la pieuse association qui portait le nom de confrérie du Saint-Cordon.
Près de neuf mille personnes s'y enrôlèrent à leur exemple de 1665 à 1668.
Marie ne pouvait être insensible à tant de vœux : aussi une foule de personnes reconnurent ne devoir leur salut qu'a sa protection puissante.
Enfin vers les derniers jours de Septembre de l'année 1668, c'est-à-dire, peu de jours après la neuvaine annuelle, il ne resta plus aucune trace de fléau, et MM. du magistrat se crurent obligés de rendre à Notre-Dame un témoignage authentique de sa protection et de leur reconnaissance.
Ils offrirent à sa chapelle un grand cœur d'argent. On y avait ciselé le miracle arrivé l'an 1008, et au bas se voyaient en relief les armes de la ville, avec la date de l'année 1668.
La révolution n'a pas laissé une pierre de l'église de Notre-Dame la grande : il n'en reste pas même une ruine.
La chasse précieuse et les reliques qu'elle contenait ont été profanées.
Cependant chaque année la procession se fait encore avec un grand concours de peuple, bien qu'on n'y étale plus cette pompe et cette magnificence qui en rehaussaient autrefois la splendeur et l'éclat.

Le tour du saint cordon

Le Tour du Saint-Cordon est une procession qui a lieu chaque année à Valenciennes le deuxième dimanche de septembre.

La légende du Saint Cordon

En l'an 1008, la peste ravageait le Valenciennois.
Selon les chroniques, les habitants, terrorisés, s'en remirent aux mains divines et prièrent la Vierge Marie de leur venir en aide.
Le dernier jour d'août, le moine ermite appelé Bertholin fut visité par la Vierge Marie qui lui demanda de regrouper les habitants pour prier près de l'église qui lui était consacrée.
Après sept jours, Notre-Dame apparut, accompagnée de nombreux anges, portant un cordon écarlate.
Elle demanda aux anges d'entourer la ville et ses faubourgs de ce cordon, puis tous disparurent lorsque ce fut fait.
Elle réapparut aussitôt au moine Berthelot et lui demanda d'organiser dès le lendemain, et chaque année, une procession le long du tracé du cordon.
La contagion cessa et tous les malades furent guéris. Dès l'année suivante, le pèlerinage fut mis en place.

Le pèlerinage

Fixée au départ tous les 8 septembre (jour où l'on célèbre la nativité de Notre Dame), la date du tour devint mobile et fut placée le deuxième dimanche de septembre.
Le tour part en principe de la basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, puis s'étend sur 18 kilomètres avec de nombreux arrêts autour de la ville.
Les royers portent la statue de la vierge, tenant le cordon. La ville est décorée à ses couleurs (bleu ciel et blanc).
Des milliers de personnes participent chaque année à ce tour, ou au plus petit, organisé le matin pour ceux qui ne peuvent pas suivre le grand tour.
Le pèlerinage est avant tout festif, et regroupe toutes les classes d'âge : des personnes âgées qui le suivent par tradition et ferveur aux enfants qui se retrouvent pour une journée de recueillement.
La présence des associations catholiques y est forte, et des pèlerins de tout le diocèse sont présents.
Le petit tour démarre à la suite de la messe solennelle de 9 h et suit les anciennes fortifications de la ville (boulevards actuels) et le grand tour part à 11h30 pour revenir en ville vers 17h30.
De nombreux arrêts aux églises qui jalonnent le parcours sont organisés pour prier, pour donner le temps aux moins rapides de rejoindre les autres, et pour donner la possibilité aux pèlerins de rendre hommage à la vierge, en embrassant son habit ou en touchant sa main ou le cordon de sa statue.
L'Ave Maria résonne tout le long de la journée et les bougies appellent d'autres pèlerinages (Lourdes, Fatima, ...)

Millénaire

Le tour du Saint Cordon est l'un des seuls pèlerinages au monde à avoir atteint le millénaire et à toujours exister.
La commémoration s'est étalée sur une année, en partie en raison de travaux importants non terminés à la basilique : en septembre 2008 a donc été commémoré le millième anniversaire des apparitions, et en 2009, celui du Tour du Saint Cordon.
Source :

La basilique Notre-Dame du saint cordon

Valenciennes : Le saint cordon

La Basilique Notre Dame du St Cordon est en réfection en ce moment. La pierre qui la constitue est très abimée. Une enveloppe d'échaffaudages l'habille en ce moment ... Une partie des travaux devrait être réalisée pour le millénaire des festivités du St Cordon.

La statue de la Vierge est entreposée dans la chapelle du Lycée Notre Dame et les messes de semaines y sont célébrées  cf horaires ... en attendant la fin des travaux et avant d'être exposée dans l'église St Géry vers la mi-novembre.   

Valenciennes : Le saint cordon


Valenciennes 
Notre-Dame du saint cordon


Valenciennes : Le saint cordon

En 1008, Valenciennes était frappé d'une peste qui faisait 800 victimes par jour.
Un ermite nommé "Bertholin" du lieu-dit Fontenelles, invoque la Vierge. Celle-ci lui apparut et annonça qu'elle ferait un grand miracle, visible de tous, le 7 septembre, veille de la fête de sa nativitié.
Dans la nuit du 7 septembre, la Vierge se montre aux Valenciennois et deux anges laissèrent tomber autour de Valenciennes un "filet rouge". Au même moment la Vierge fit savoir à l'ermite que la peste cesserait si on organisait le lendemain et le 8 septembre de chaque année une procession d'action de grâces qui suivrait le tracé du cordon.
Le lendemain, on fit une procession. Toute la population y participa. La peste cessa.
Le site internet de Notre-Dame du saint cordon : http://www.saint-cordon.com/rubrique-6080.html

Au commencement du XIe siècle, dans le cours de l'année 1008, la peste fit à Valenciennes d'épouvantables ravages.
Le fléau avait emporté en peu de jours 8,000 personnes.
Toute la ville était dans la consternation : elle n'offrait partout que le spectacle de la mort.
Ses habitants éplorés, n'espérant plus rien du coté des hommes s'adressaient au ciel.
« Vous eussiez vu le peuple » en foule, dit un ancien historien, se jeter aux pieds des autels, implorer le secours de la Reine du Ciel, lui remontrer, non tant la calamité présente qui parlait assez par les plaintes des mourants, par les regrets des survivants, voire par le silence et la solitude effroyable de la ville, mais les effets de sa Bonté et de sa toute-puissance auprès de Dieu qu'ils avaient si souvent ressentie en leurs nécessités.
Ils la conjuraient de faire paraître à ce jour infortuné des entrailles de mère à l'endroit de ses pauvres enfants, qui bien qu'ils fussent indignes de ce nom ne pouvaient être abandonnés par elle, à moins qu'elle ne renonçat à sa qualité de mère de miséricorde, le plus beau fleuron de sa couronne.
Plus ils étaient misérables, plus étaient-ils l'objet de cette belle qualité dont son Fils l'avait revêtue. Plus ils avaient été méchants, plus était grande leur misère, plus aussi ils étaient dignes de miséricorde et de compassion.  Ils osaient bien lui assurer, ce qu'elle savait assez, que le torrent de leurs débauches n'avait jamais étouffé la mémoire de sa grandeur, ni le sentiment de sa bonté ; que, parmi la nuit de leur disgrâce, ils avaient toujours tâché de conserver l'honneur de ses autels et l'affection à son service.
Qu'à tout rompre, ils étaient chrétiens, rachetés du sang de son Fils, qui criait mieux que celui d'Abel, non la vengeance, mais la clémence et le pardon, dont il avait fait sa mère dépositaire ; et elle n'avait jamais refusé la grâce à ceux qui la lui avaient demandée. 
Là-dessus, ces cœurs angoissés et flottants entre la crainte et l'espérance, faisaient mille vœux, qui, en particulier, qui, en public, et promettaient l'amendement de leur vie. 
Cependant un saint ermite nommé Bertelain, habitait une chétive cabane, au village de Pont, non loin de la fontaine aux pierres, là où deux siècles plus tard, les deux filles du seigneur Hellin d'Aulnoi, Jeanne et Agnès, élevèrent un oratoire en l'honneur de la Vierge, et jetèrent les fondements de l'abbaye de Fontenelle.
Touché du, malheur de ses frères, le pieux ermite redoublait ses macérations et ses prières ; 0 Marie, reine du Ciel et mère des hommes, s'écriait-il, n'êtes-vous pas la consolatrice des affligés ? Avez-vous renoncé à ces beaux titres de salut des infirmes, de secours des chrétiens ? Avez-vous exclu de vos grâces la ville de Valenciennes ? N'exercerez-vous pas envers ses pauvres habitants qui se glorifient de vous avoir pour mère, cette miséricorde que vous étendez sur le reste du monde, même sur les païens et les infidèles. 
Un jour (c'était le 4 ou le 5 Septembre), un jour que le saint homme priait avec plus de ferveur encore, ses yeux sont tout-à-coup éblouis par l'éclat d'une lumière plus pure que celle du soleil.
Une femme rayonnante de gloire lui apparaît ; son œil était serein ; ses traits exprimaient plutôt la douceur et la bonté que l'indignation et la fierté : c'était la reine du Ciel.
Va trouver mon peuple de Valenciennes, dit-elle, annonce-lui que j'ai désarmé mon Fils ; mes prières et mes larmes l'ont attendri. La nuit qui suivra la veille de ma Nativité, mon peuple saura que j'ai écouté le cri de sa détresse. Non, je ne puis être sourde aux vœux de mes serviteurs, ni insensible à leurs besoins. Qu'à l'époque indiquée, ils se rendent tous sur les murailles de leur ville, et ils y verront des merveilles.
Le saint ermite se hâte de remplir son message.
Il fait part à Herman, surnommé Heczilon, fils de Godefroy d'Ardennes, de la vision dont il a été favorisé et de la promesse faite par la mère de Dieu.
La nouvelle se répand aussitôt par toute la ville ; la joie succède à la tristesse.
On se prépare par le jeûne et la prière aux grandes choses qui doivent arriver.
Le 7 de Septembre, dès le déclin du jour, les remparts, les tours de la ville, toutes les éminences étaient couvertes d'un peuple attendri et impatient de voir l'effet des promesses célestes. Tous, le cœur haletant, les yeux fixés au Ciel, étaient dans l'attente du prodige.
« Et voici, dit  toujours notre vieil historien dans son naïf Iangage, et voici que le Ciel s'épanouit comme à l'aube, avant-courrière du soleil ; les ténèbres se dissipent ; la nuit se change en un beau jour, au milieu duquel on découvre une reine pleine de majesté, étincelante de lumière, mais d'une lumière de paradis, telle que celle des corps bienheureux, plus brillante que le soleil, mais qui, pourtant, récrée les yeux sans les éblouir, et qui donne comme un avant-goût de la félicité souveraine.
Cette Reine, accompagnée d'une armée d'anges et de bienheureux, tenait en sa main un cordon ou filet, dont soudain toute la ville fut environnée.
Je ne crois pas que la Vierge changea de place ; mais les anges qui l'accompagnaient portaient ce filet qu'elle tenait à un bout, et en ayant cerné la ville, lui mirent en main l'autre bout. Et s'il est loisible de conjecturer en un sujet que nos pauvres historiens ont traité si chichement, je croirais aisément que Notre-Dame parut comme venant de la cabane de l'ermite, ou du moins de ce côté-là ; et, par ainsi, elle se planta, selon la tradition commune, en cet endroit de Nœuf-Bourg, où était en ce temps-là une chapelle que nos annalistes assurent avoir été bâtie par l'empereur Charlemagne, dédiée à la mère de Dieu ; et où depuis fut édifiée, en révérence et, mémoire de cette grâce ; l'église de Notre-Dame-la-Grande.
Qui nous expliquera le sentiment de toute l'assistance, la joie de leurs cœurs, l'extase de leurs esprits, les douces larmes de dévotion qui roulaient sur leurs joues, les soupirs et les sanglots qui sortaient de leurs bouches ? c'est en vain que nous nous efforcerions de les décrire, puisqu'eux-mêmes n'ont pas trouvé de paroles pour s'entretenir pendant ce mystère, mais l'ont révéré par un chaste silence. Aussi, n'est-il pas vrai que ce fut une faveur qui est sans exemple ? Car, de grâce, où ayez-vous va qu'un peuple tout entier ait joui de l'apparition et de la contemplation de la mère, de Dieu ?
Nous ne savons pas combien de temps dura cette visite, mais la Vierge s'étant soustraite aux yeux du peuple, se rendit chez le bon ermite, qui, sans doute, de sa chaumière, jouissait du même spectacle, et elle lui commanda de dire à ceux de Valenciennes, que le 8 de Septembre, jour de la Nativité, ils eussent à faire une procession solennelle autour de la ville, en suivant la route que le filet leur avait marquée, et qu'ils la continuassent tous les ans à même jour.
Dans un siècle aussi difficile que le nôtre, où l'incrédulité prend les airs d'une critique sévère et judicieuse, on ne peut manquer de demander sur quel fondement repose la certitude de ce fait prodigieux : nous répondrons avec le père d'Oultreman :
Quant à l'antiquité et vérité de cette histoire, il s'en trouve peu de plus vieille date et de plus authentique ; elle est ancienne de 640 ans et plus, (le père d'Oultreman écrivait en 1643) ; assuré par la tradition commune, reçue de père en fils depuis ce temps-là dans cette ville, a confirmé par le témoignage de nos plus vieux écrivains, fortifiée par la continuation de la procession annuelle, par les confréries, tant des royés que des damoiseaux ; par les baguettes que l'on y porte et par quantité d'autres cérémonies, qui, toutes ; nous prêchent la même chose et nous assurent la créance que nous avons de la grâce que la glorieuse Vierge fit à la ville de Valenciennes, la délivrant de la peste et la prenant sous sa particulière protection.
Cet événement, tout miraculeux qu'il est, offre donc toutes les garanties de certitude qui accompagnent les faits historiques les mieux constatés, on ne peut raisonnablement le révoquer en doute.
Cependant, le saint filet que la Vierge avait voulu laisser aux habitants de Valenciennes, comme un monument du bienfait qu'elle leur avait octroyé, fut recueilli avec respect et renfermé dans une chasse richement ornée.
La cité, par l'organe du magistrat, s'engagea, par vœu, à faire chaque année, le 8 Septembre, une procession commémorative, et à déployer dans cette circonstance tout l'appareil et toute la solennité possible.
Depuis l'année 1008 jusqu'au moment de la révolution de 93, cette procession s'est faite tous les ans : elle n'a été suspendue qu'une seule année ; en 1566, les huguenots se trouvant les maîtres de la ville rendirent cette cérémonie impossible.
Pendant les quatre années les plus orageuses de la révolution, elle fut également interrompue : on sait pourtant que de pieux fidèles, durant ces mauvais jours, ne laissèrent pas de faire en priant, et même en troupes assez nombreuses, le 8 Septembre de chaque année, le tour marqué par le saint cordon.
On conçoit la vénération dont le peuple dut entourer cette précieuse relique : elle fut renfermée d'abord dans une espèce de coffre en bois doré, garni de divers ornements en argent, selon le goût du temps, et déposée dans la chapelle dont nous avons parlé plus haut, chapelle bâtie par Charlemagne et dédiée à la Sainte-Vierge.
C'était en cet endroit que la Reine du Ciel avait apparu au peuple.
Ce lieu devint bientôt trop resserré pour contenir la multitude que la piété y attirait de toutes parts, et, dès l'année 1080, on voyait à la place de cette chapelle une église magnifique, monument digne du trésor qu'on y conservait, et du miracle de protection dont on voulait perpétuer le souvenir.
Ce grand miracle et dévotion annuelle ensuivit dit Simon Leboucq, alluma le zèle du peuple valentiennois, qu'il était impossible voir chose semblable, en sorte telle que ne prendants aulcuns égards, si les moyens estoient suffisants ou non, qu'ils prindrent résolution d'ériger ceste chapelle de Nostre-Dame, en une grande et somptueuse église, et commencèrent de faire jeter les fondements, bien peu d'années après ce grand bénéfice reçu du ciel, et fièrent entièrement achever une chapelle en attendant que l'œuvre emprinse seroit accomplie. Mais comme les-forces manquèrent, teste besongne cessa pour quelque temps et jusques à ce que madame Richilde, comtesse de Hainaut et nouvellement  de Valentienne par achapt qu'elle en avait faict environ l'an 1058, prinfc compassion de ce peuple, le voiant affligé à cause qu'ils n'a voient les moyens de parachever la dicte église, en sorte qu'elle mesme voua de le faire à ses propres frais et despehs et de la rendre non-seulement le principal splendeur de la dicte comté  de Valenciennes, mais encore de tout le voisinage ; et de faict fict édifier et rendre du tout parfaict le chœur, les chapelles d'allentour et les croisures, lesquelles sont, les plus somptueuses qui se peuvent rencontrer, eslevées d'une hûulteur merveilleuse avec une lanterne ou dôme au milieu id'fcelle, à la façon d'une thour, faict et ; cimenté fort artificiellement, donnant très-grande décoration à la dicte église et admiration non pareille aux spectateurs.
La comtesse Richilde, durant ces bâtiments ayant résigné le gouvernement du Haynau et de Valentiennes à son fils, icelui ne laissant la dicte besongne en arrière feit édifier la nef, et y tout le surplus de ce superbe bâtiment, estant un édifice très-excellent, ayant grande quantité de belles colonnes de marbre qui font trois voultes et arches admirables l'une sur l'autre, et soubs icelles èt desus, des larges espaces pour s'y pourmener, ce qui rend une fort belle veue et parfaite ; proportion, d'une œuvre de grande excellence.
Cette église, dit d'Oultreman, est digne d'être vue et admirée pour sa structure, ordre de colonnes, trois voûtes les unes sur les autres, diverses galeries, et surtout la croisée qui est des plus belles de l'Europe.
Outre ceci, il fait beau voir deux chapelles bâties l'une sur l'autre, derrière le chœur. Sur quoi le vulgaire fait un conte reçu par tradition : que l'architecte nommé Jean Hosson, pour un chef-d'œuvre édifia celle d'en bas, en sorte que toutes les branches de la voûte se rapportent et aboutissent sur deux colonnes ; mais le fils entreprit de passer son père en la fabrique de la chapelle de dessus ; laquelle il planta toute sur un pilier si mince et si peu massif que c'est une merveille ; ce qui fit mourir le père de regret, disent les bonnes gens, de se voir vaincu par son fils.
Cette magnifique église fut donnée par Bauduia II, dit de Jérusalem, fils de la comtesse Richilde, à l'abbaye d'Hasnon ; et en vertu de cette donation, les religieux d'Hasnon devinrent comme les dépositaires de la châsse du Saint Cordon, et partagèrent toujours avec les Royés la direction de ce qui regardait son culte.
On appelait royés ceux qui faisaient partie de la confrérie instituée peu après le prodige.
Dans le principe, elle ne se composait que de vingt-six personnes choisies dans la classe la plus élevée de la cité. Approuvée d'abord par l'évêque de Cambrai, elle fut confirmée plus tard par le Saint Siège, et enrichie d'indulgences précieuses.
La garde du Saint-Cordon était confiée aux royés ; ils étaient chargés de recevoir les offrandes et d'en régler l'emploi pour l'ornement de la châsse qui renfermait la précieuse relique : ils avaient aussi le privilège de la porter en procession. On les appelait royés à cause de la couleur de leur habillement. En signe et honneur du Saint Cordon, dit d'Oultreman, les confrères portaient anciennement des robes mi-parties en couleurs ; car la moitié était tout ample et l'autre bille-barrée et rayée de diverses bandes du haut en bas. Cet habillement fut modifié en 1540, parce qu'il paraissait, dit notre vieil auteur, plus ridicule et nouveau qu'honorable et dévot.
A cette époque les royés portèrent une robe de drap noir, bordée de haut en bas d'une raie de laine bigarrée de diverses couleurs. Car, dit encore d'Oultreman, la tradition porte que le cordon ou filet de Notre-Dame semblait tel à la vue des regardants, sans qu'on put asseoir un jugement assuré de sa couleur.
Dans la suite, le nombre des royés devint plus considérable, et les gentilshommes se séparant des roturiers formèrent une confrérie particulière qui prit le nom de confrérie des damoiseaux.
On sait que ce nom était donné autrefois à tous les gentilshommes qui n'étaient pas chevaliers.
Dans les anciennes chroniques de Saint-Denis, Louis, fils de Philippe, roi de France, est appelé noble damoiseau ; et Jean de Beka, historien de Hollande, appelle aussi Guillaume, comte de Hollande et élu roi des Romains, Guillaume, damoiseau de Hollande.
On ignore l'époque précise où se forma la confrérie des damoiseaux ; on croit que ce fut vers 1310. Mais en 1333, ils décidèrent que leur confrérie ne compterait jamais plus de trente personnes, en mémoire des trente deniers dont le Sauveur avait été vendu. Autrefois les damoiseaux portaient sur la manche de leur robe un lys en perles, avec ces mots en broderie : Ave, Maria. Plus tard, ils ornèrent leur vêtement d'une plaque d'argent sur laquelle se voyait l'image, de Notre-Dame sur un fond brodé. A la procession, le hérault qui les précédait s'appelait Franche-Vie ; il marchait vêtu d'une cotte d'armes en satin cramoisi et armoire du lion de la ville.
Cette confrérie avait sa châsse particulière qui était portée en procession. On la vénérait dans une des chapelles de l'église de Notre-Dame-la Grande, dédiée à la Sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame des Miracles.
En 1510, Pierre de Mirepoix, évêque de Cambrai, et Bernard, évêque d' Arras, le jour même de la procession du Saint Cordon, déposèrent dans cette châsse plusieurs saintes reliques, en présence de Guillaume le Bon, comte de Hainaut et de Valenciennes, Jean de Beaumont, son frère, Wallerand de Luxembourg, seigneur de Ligny, de Jeanne de Valois, comtesse de Hainaut, Béatrix, comtesse de Luxembourg, et de plusieurs autres dames illustres.
C'étaient une partie du vêtement de la Sainte Vierge, des cheveux de sainte Marie-Magdeleine, des os des saints Innocents, de sainte Anne, de saint Antoine, de saint Grégoire, pape ; de saint Adrien, de saint Martin ; de saint Joseph d'Arimathie, du sang et un os de Saint Etienne, et une pierre dont il fut lapidé. 
Cette châsse précieuse fut profanée en 1566 par les Calvinistes, et les saintes reliques qu'elle contenait furent brûlées publiquement.
On était parvenu à sauver la châsse et à la cacher dans le jardin d'un nommé Jean le Poivre, mais en 1572 elle fut découverte pendant le pillage de la ville, et volée.
Dans le cours de 1588, les damoiseaux en firent construire une nouvelle, et le jour de l'Assomption de la mère de Dieu, elle fut bénite par dom Pierre Blondeau qui y déposa une quantité de saintes reliques.
On les devait à la pieuse libéralité de l'abbaye de Haspres, de Louis de Berlaimont, archevêque et duc de Cambrai, de Jean Marcoul, prêtre de Valenciennes, chanoine de Saint Amé, à Douai, et de Marie le Poivre, abbesse de Fontenelle.
L'abbaye de Haspres avait envoyé une partie de la vraie Croix et de la croix de saint André, les os de saint Nicolas, évêque ; et confesseur, de saint Philibert et de saint Ranulphe.
On avait reçu, de Louis de Berlaimont une côte de saint Landelin, une partie du chef de saint Luc, un bras de saint Marc, des os de sainte Anne, mère de la vierge Marie, et de sainte Anastase, vierge et martyre.
On était redevable à Jean Marcoul d'un os des Martyrs thébéens ; et à l'abbesse de Fontenette, de quelques ossements de saint Pierre et de saint Paul, de saint Georges, de saint Laurent, de saint Nicolas, des onze mille Vierges, d'une partie de la croix de saint André, de la verge d'Aaron, du sépulcre de Lazare, d'une ceinture de saint Etienne, du vêtement et du voile de la Sainte Vierge, de l'éponge qui servit à abreuver de fiel le Sauveur, et d'une pierre du mont Calvaire.
Parmi les témoins de cette déposition, on cite François Dupire, abbé de Saint-Jean, à Valenciennes ; Grégoire Leduc, docteur en droit, archidiacre de Notre-Dame, à Cambrai ; Godefroi Centurion, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem, prévôt de Haspres ; Bernard Leduc, chanoine de l'église collégiale de Saint Géry, à Cambrai ; et le R. P. Bernard Olivier, de la société de Jésus.
On avait vu autrefois les marquis de Renty, les comtes de Lalain, les marquis de Berghes, se faire un honneur de porter la chasse de Notre-Dame des Miracles.
Plus tard, le duc Charles de Croy et d'Archost, Philippe, duc d'Aremberg, Florent de Ligne, prince d'Anthoing et marquis de Roubaix, Ernest de Mérode, comte de Thiant, plusieurs autres seigneurs appartenant à la plus haute noblesse, ne le cédèrent point a leurs devanciers. On les vit marcher aussi à la procession en qualité de confrères des damoiseaux, et porter sur leurs épaules la châsse vénérée.
Cependant, les honneurs rendus à la châsse des damoiseaux ne diminuèrent rien de la vénération que l'on portait à celle du Saint-Cordon.
Nous en avons la preuve dans le zèle que, de tout temps, on déploya pour la décoration de cette fierté précieuse.
Ainsi, le 8 Septembre de l'année 1392, le Saint-Cordon fut retiré de la première châsse qui était en bois doré, pour être déposé dans une châsse en argent, avec un grand nombre de saintes reliques qui la rendirent plus digne encore de la vénération des peuples.
Dom Nicaise Horrion reconnut le Saint-Cordon, et dressa un acte authentique de cette translation.
Le procès verbal fut signé par le révérendissime abbé, par ses religieux, par les curés de la ville, parles membres de la confrérie des Royés, et plusieurs personnes notables qui assistèrent à la cérémonie. On grava sur cette châsse nouvelle les vers qui se lisaient sur la première et qui rappelaient le miracle de protection opérée par Marie.
En l'an mil et huict en Septembre
Fut faict, ainsi que m'en remembre
D'un ermite incitation
Qu'on fit une procession
Le jour de la Nativité
De la mère de Vérité.
Pourcequ'alors la pestilence
Régnait en très-grande affluence
En Valenciennes, bonne ville
Laquelle estait, chose très vile
Pour l'ire de Dieu appaiser
Et pour sa mere auctoriser.
Des confrères s'y sont trouvez,
Vingt et six par fraternité
A tousiours, sans eus depoyez
Confrères nommés des royés

En 1534, le Saint-Cordon ; fut de nouveau retiré de sa châsse que l'on voulait rendre plus riche encore, et le 3 Septembre de la même année, il y fut replacé par Dom Jean Thierry. L'acte de cette seconde translation contient la vérification, des reliques renfermées dans la chasse y et il est signé comme celui de 1392, par les témoins oculaires.
En 1566, c'est-à-dire trente-cinq ans plus tard, les Calvinistes s'étant rendus maîtres de la ville, se précipitèrent le 24 Août de la même année sur Notre-Dame-la-Grande, et voulurent s'emparer de la châsse précieuse.
Déjà ils avaient.commencé à la mettre en pièces, lorsque des hommes pleins de foi et de courage entrèrent dans l'église, et furent assez heureux pour arracher aux mains des profanateurs les reliques vénérées.
Elles furent recueillies avec respect, et pour les mettre à l'abri des nouvelles tentatives de l'impiété, on les porta à l'Hôtel de Ville, où il se trouvait bonne garde, et dont l'accès était défendu par quelques pièces d'artillerie : le Prévot et le magistrat veillèrent ainsi à la conservation de ce pieux dépôt.
Le 3 Septembre de l'année suivante, la châsse du Saint-Cordon fut rétablie dans son premier état : avant de renfermer les saintes reliques, Dom Michel Dusquesnoy, abbé de Hasnon, les reconnut de nouveau avec les formalités requises.
Le 7 septembre 1661, elles furent encore une fois tirées de la châsse, et replacées ensuite par Dom Mathias Leroux qui dressa également procès-verbal en présence d'un grand nombre de témoins.
Enfin en 1713, Fénélon assistant à la procession solennelle, fut pressé de constater l'état de la châsse : il l'ouvrit et la trouva conforme à ce que lui apprenaient les procès verbaux qu'il avait entre les mains.
Il examina la boîte où était renfermé le Saint-Cordon ; elle était couverte des sceaux de plusieurs de ses prédécesseurs ; ces sceaux étaient entiers et bien conservés.
La châsse avait la forme de l'église de Notre-Dame la grande où elle reposait.
On y avait représenté en ciselures toute l'histoire du miracle arrivé l'an 1008.
Elle était, comme dans les premiers temps, le principal objet de la solennité qui se célébrait tous les ans, à la fête de la Nativité.
Simon Lebouscq et le P. d'Outreman nous ont conservé les détails de cette procession que tout concourait à rendre grandiose et magnifique : écoutons d'abord d'Oultreman.
La veille de la procession, dit-il, les confrères royés se rendent en l'hostel ou maison de ville, d'où ils marchent en corps et se rendent aux vespres en l'église de Notre-Dame, d'où ils retournent à la grande salle d'entrée de la même maison de ville, se rangent tous d'un côté assis sur un banc ; et là on leur présente la serviette qu'ils avancent sur leurs genoux, sans table, et y font collation, chacun de deux verres ou tasses de vin, l'un blanc, l'autre clair et, avec une cuillerée de dragée et rien de plus.
Le lendemain, jour de la procession, les confrères portent à pieds nus la fierte du Saint Cordon, et elle a la prescéance sur toutes les autres. Davantage, pendant les guerres, la procession ne sort pas de la ville, mais s'arreste en l'église paroissialle de Saint-Nicolas où l'on prêche, tandis que la seule fierte des Royés est portée autour des remparts, et dès qu'elle a achevée son tour, la procession reprend le sien, et tout se rend en l'église de Notre Dame d'où l'on est sorty. En bon temps, la procession s'avance jusqu'au faubourg cambrésien, et faict alte en-deçà la fontaine, sous une tente en laquelle on fait la prédication. Cependant les confrères royés portent leur fierte en-dehors, et autour de la ville par un chemin désigné et marqué de tout temps, qu; est de deux bonnes lieues de circuit ; ce qu'on appelle le grand tour. Au mileu des confrères, marche le lieutenant le Comte, entre-deux échevins à cheval, suivis des hallebardiers du prévost le Comte (c'est-à-dire du prévost du comte de Valenciennes) avec une esquarde de soldats à cheval, conduite par leur capitaine qu'on nommait jadis le Sandart de la ville. Devant ladite fierte un religieux de Notre-Dame ou de Hasnon revestu d'un surplis et d'une estolle, aussi à cheval, porte une statue d'argent représentant un ange qui semble ramasser en peloton le filet ou cordon de Notre-Dame. Quelques compagnies de serments servent de garde à la dite fierte, laquelle n'est pas plutôt arrivée à Marlis qu'ils y font une salve et des charge générale de leurs mousquets qui sert d'advertence à ceux de la procession pour se ranger en ordre et se remettre au retour, et dès que la fierte avec son escorte est arrivée, tout se met en marche et retourne à Notre Dame.
Après la procession les Royés dinent dans le même Hôtel-de-Ville, d'où le magistrat s'absente ce jour-la et leur cède la place. Ils prennent leur réfection tous en robe, assis à même rang et d'un costé, à guise des religieux, sans y admettre aucune femme.
Simon Leboucq, après nous avoir dit les mêmes choses avec moins de détails, nous donne l'ordre que l'on suivait à la procession ; il la fait en quelque sorte défiler devant nous.
Premièrement marchent les stilz et mestiers de la ville avecq leurs torses ausquelles sont réputées les patrons d'icelles et portent tous en main, qui ung baston, qui une baguette, soit blanche ou coloriée, aflin de se resouvenir de la cause pourquoi ceste feste et solemnité est instituée à raison que les marques ordinaires qu'on fit porter aux pestiférés et à ceulx qui les assistent sont d'un baston blancq pour les recognoistre; lesdits stilz marchent donc ensuite de l'ordre ci-après spécifié.
Premièrement :
Les amidonniers sous la bannière de Saint-Charles Borromée.
Les teinturiers de Notre-Dame-des-Neiges.
Les chappeliers de Sainte-Barbe, etc...
Peu après marchent les enfants allants à l'école des pauvres, avec leur croix, et de même les orphelins fils et filles. Puis suivent les ordres mendiants, savoir : les Capucins, Récollets, Carmes, Dominicains, lesquels portent entre eux les corps saints appartenant à l'abbaye de Vicogne, à savoir : sainte Avite, sainte Marguerite, saint Androine, sainte Favarine, sainte Angélie, sainte Bapkarie, saint Géry, évéque de Ravennes ; sainte Benoite, saint Jules , sainte Corone, saint Victor, sainte Onopia , sainte Lambarie, saint Valeri, sainte Florette, saint Marin, sainte Christine, sainte Deodaia, saint Valent, saint Pamphèle, et pour le dernier sainte Cordule conduite sur un charriot fort magnifique fait en forme de navire.
Si portent encore entre eux les R. P. Carmes deux aultres fiertes d'argent appartenant aussi à l'abbaye de Vicogne, dans l'une desquelles y at des reliques de saint Sébastien, et en l'aultre de saint Blaise, martyr. Item encore les beaux reliquaires d'argent de Notre-Dame-de-Scapulaire, et cesluy de Sainte-Barbe. Les RR. PP. Récollels portent aussi en eulx les fiertes de saint Victor, martyr de Gorcom ; et les RR. PP. Capucins, la fierte de M. saint Druon. Cette troupe passée, marchent les confréries ci-contre :
Les damoiseaux avec leur fierte d'argent richement élabourée ;
Notre-Dame-de-l'Assomption de Saint-Vaast en-Hault.
Notre-Dame-de-Lorette, de l'église paroissialle de Saint-Jacques ; de la Sainte-Trinité, de l'église de Saint-Vaast-en-Ia-Ville ; de Saint-Éloy, de la grande église de Notre-Dame ; de Saint George, de l'église paroissialle de Saint-Géry ; de Saint-Nicolas de item ; de Saint-Nicolas, de Petit-Saint-Jacques de la susdite église de Saint Géry ; de Saint-Michel, de la chapelle de Saint Michel, dictes des Ladres ; toutes avecq chacunes leurs fièlres, les unes en argent, les aultres en bois doré et aultrement. Par après, suivent les jardins de plaisance et sermens aussi avec leurs fiètres, si comme suit :
Les bons-vouloirs soubs l'étendart de Saint Christophe.
Les gladiateurs, du serment de Saint-Michel. Le serment de Saint-Antoine qui est des bombardiers.
» Le serment de Saint-Sébastien, des archiers, et cesluy des arbalestriers, de la purification de Notre-Dame ; et pour fermer ces confréries, marchent celle de Saint-Jacques-le-Grand , et pour la dernière celle de Notre-Dame-des-Royés, laquelle at pour garde le lieutenant de M. leprévost, le comte , deux échevins de la ville , et plusieurs officiers à cheval qui la conduisent aultour de la procession , loing de deux lieues; durant lequel voyage tout le gros de la trouppe demeure près la porte Cambrésienne, et y entend la prédication qui se faict soubs une tente dressée a ceste fin.
Suivant la susdite confrairie , marchent les sumptueuses reliques et fiertes suivantes , venant tant de la ville que des abbayes situées sur le chefs-lieu de ladicte ville de Valentiennes.
Premièrement, du béguinage de ceste ville ; deux fiertes et diverses reliquaires d'argent.
De l'église de la compagnie de Jésus : la fierte de Saint-Séverin, martyr, et celle de son compagnon, tiré du cimetière de Priscille, à Rome.
De la prévosté de Haspres : les fiertes de saint Aicard, abbé de Jumièges, 'et celle de saint Hugues, qui fut archevêque de Rouen, et en outre une très-belle pièce de la vraie croix , enchassée dans une d'argent haulte de quatre pieds et large à proportion.
De l'abbaye de Denaing y paraissent quatre fiertés d'argent ricement travaillées : dans la première , y at de unze mille Vierges, la seconde de sainte Royne, la troisième de saint Aldebert, et la quatrième de sainte Rainfroye.
De l'abbaye de Crespin : la fierte où repose le corps de saint Landelin , fondateur dudict lieu.
De l'abbaye de Saint-Saulve : la fierte dudict saint, et de saint Supérie , son compagnon.
De ladicte église de Notre-Dame-la-Grande : nn chef d'argent où reposent les reliques de saint Philippe de Néry, fondateur des Pères de l'Oratoire.
Et pour la dernière et tenant le rang suprême; la somptueuse fierte de l'abbaye de Hasnon où reposent les reliques de saint Marcelin et de saint Pierre, martyrs.
Suivant toutes lesquelles saintes reliques marchent tout le clergé de ladicte ville ; et pour fermeture, quatre prélats, savoir : de Hasnon , de Crespin, de Vicogne et de Saint-Jean ; suivy de MM. du Magistrat en corps et nombre de peuple.
On voyait aussi s'avancer, au milieu de la procession, plusieurs chars représentant différents traits de l'ancien et du nouveau Testament. Les Magistrats excitaient l'émulation des différentes corporations en proposant un prix à celle qui dresserait la machine la plus ingénieuse, et dont le char de triomphe serait le plus somptueux.
L'an 1563, dit Pierre d'Oultreman, les marchands de vin firent rouler une colline chargée de vignes, en laquelle était le patriarche Noé, et cousta plus de cent escus d'or. Aussi emportèrent-ils le prix proposé par le Magistrat, sur tous les autres chariots de triomfe, qui furent quarante en nombre ceste année-là .
Le rendez-vous de toute ceste sainte et honorable assemblée, tant à l'aller qu'au retourner, continue Simon Leboucq, est en la susdicte église de Notre-Dame, lieu choisy par la glorieuse Vierge comme avez veu ci-devant, doncq en recognaissance de ce grand bienfaict, et pour recognaitre ce lieu.
Toutes ces saintes reliques restaient exposées à la vénération du peuple pendant la neuvaine, et on n'entrait guère dans l'église de Notre-Dame sans se sentir saisi d'une sainte frayeur à la vue de tant d'objets si capables de raminer la ferveur et la piété.
Le détail de tous les miracles opérés par Notre-Dame du Saint-Cordon n'est pas arrivé jusqu'à nous ; mais d'Oultreman et Simon Leboucq nous ont conservé le souvenir des plus mémorables.
En 1291, la peste visita de nouveau Valenciennes, et ses ravages furent tels que bientôt les vivants suffirent à peine pour rendre aux morts les derniers devoirs. On accourut aux pieds de Marie ; les bourgeois firent brûler devant son image une soignie ou bougie de la longueur du grand tour que parcourt la procession annuelle, et à l'instant même la peste cessa comme par enchantement. Au rapport de Simon Leboucq, cette bougie pesait six cents livres.
L'an 1477, le jour de la Visitation de la sainte Vierge, les habitants de Valenciennes et les soldats qui s'y trouvaient, sortirent de la ville, par la porte de Mons, au nombre de 3200 hommes sous la conduite de Philippe de Clèves, des seigneurs de Ligne, Boussu, Maingnoval, Berbenson et Corneille de Guerre pour combattre les faucheurs que Louis XI avait chargés de couper les bleds verts dans un rayon de trois lieues autour de Valenciennes.
L'entreprise était difficile, car ces faucheurs étaient au nombre de dix mille, et le roi les faisait soutenir par une armée nombreuse.
Le magistrat, dans cette circonstance critique eut recours à Marie.
Il recommanda, dit d'Oultreman, par édit public au dévot sexe féminin de faire prières à Notre-Dame pour implorer le secours du Dieu des armées, et l'événement répondit à l'attente du peuple de Valenciennes ; les faucheurs furent taillés en pièces ; la ville de Saint-Amand fut prise, et celle de Condé délivrée.
Pour action de grâces on présenta à l'autel de Marie une soignie assez longue pour environner toute la ville : elle pesait ; dit Simon Leboucq 630 livres.
L'année 1555 fut encore pour Valenciennes une année désastreuse ; la peste reparut et enleva à la seule paroisse de Saint-Nicolas plus de quatre cents jeunes filles.
Dans la rue des Anges, il n'en resta qu'une seule qui publiait hautement devoir sa conservation à une protection spéciale de la Sainte-Vierge.
Les habitants désolés, mais pleins de confiance en celle qui tant de fois les avait sauvés, firent célébrer une fête solennelle dans la chapelle de Notre-Dame des Miracles, le Dimanche qui précédait l'Assomption.
La confrérie des Damoiseaux fit une procession autour de la ville avec le Saint-Sacrement que la plupart des bourgeois suivirent nu-pieds, couverts d'un cilice, et un cierge à la main pour obtenir de Dieu, par l'intercession de la Sainte-Vierge, le pardon de leurs péchés et la cessation du fléau : bientôt la peste disparut.
En reconnaissance de ce bienfait on institua une fête commémorative qui se célébrait encore à la fin du XVIIIe siècle.
En 1665, dans la peste qui ravagea si cruellement tout le pays pendant près de trois ans, Valenciennes eut recours à son remède ordinaire, aussitôt qu'elle ressentit les premières atteintes du désastre commun.
Le magistrat donna l'exemple ; il fit chanter dans l'église de Notre-Dame la grande une messe solennelle à laquelle il assista en corps.
Le peuple imita cet exemple : l'église, toute vaste qu'elle était, pouvait à peine contenir le nombre de ceux qui venaient y implorer la protection de Marie.
On accourait des villes et des campagnes voisines.
Les dames de l'illustre chapitre de Denain s'y rendirent en procession et se firent agréger à la pieuse association qui portait le nom de confrérie du Saint-Cordon.
Près de neuf mille personnes s'y enrôlèrent à leur exemple de 1665 à 1668.
Marie ne pouvait être insensible à tant de vœux : aussi une foule de personnes reconnurent ne devoir leur salut qu'a sa protection puissante.
Enfin vers les derniers jours de Septembre de l'année 1668, c'est-à-dire, peu de jours après la neuvaine annuelle, il ne resta plus aucune trace de fléau, et MM. du magistrat se crurent obligés de rendre à Notre-Dame un témoignage authentique de sa protection et de leur reconnaissance.
Ils offrirent à sa chapelle un grand cœur d'argent. On y avait ciselé le miracle arrivé l'an 1008, et au bas se voyaient en relief les armes de la ville, avec la date de l'année 1668.
La révolution n'a pas laissé une pierre de l'église de Notre-Dame la grande : il n'en reste pas même une ruine.
La chasse précieuse et les reliques qu'elle contenait ont été profanées.
Cependant chaque année la procession se fait encore avec un grand concours de peuple, bien qu'on n'y étale plus cette pompe et cette magnificence qui en rehaussaient autrefois la splendeur et l'éclat.

Le tour du saint cordon

Le Tour du Saint-Cordon est une procession qui a lieu chaque année à Valenciennes le deuxième dimanche de septembre.

La légende du Saint Cordon

En l'an 1008, la peste ravageait le Valenciennois.
Selon les chroniques, les habitants, terrorisés, s'en remirent aux mains divines et prièrent la Vierge Marie de leur venir en aide.
Le dernier jour d'août, le moine ermite appelé Bertholin fut visité par la Vierge Marie qui lui demanda de regrouper les habitants pour prier près de l'église qui lui était consacrée.
Après sept jours, Notre-Dame apparut, accompagnée de nombreux anges, portant un cordon écarlate.
Elle demanda aux anges d'entourer la ville et ses faubourgs de ce cordon, puis tous disparurent lorsque ce fut fait.
Elle réapparut aussitôt au moine Berthelot et lui demanda d'organiser dès le lendemain, et chaque année, une procession le long du tracé du cordon.
La contagion cessa et tous les malades furent guéris. Dès l'année suivante, le pèlerinage fut mis en place.

Le pèlerinage

Fixée au départ tous les 8 septembre (jour où l'on célèbre la nativité de Notre Dame), la date du tour devint mobile et fut placée le deuxième dimanche de septembre.
Le tour part en principe de la basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, puis s'étend sur 18 kilomètres avec de nombreux arrêts autour de la ville.
Les royers portent la statue de la vierge, tenant le cordon. La ville est décorée à ses couleurs (bleu ciel et blanc).
Des milliers de personnes participent chaque année à ce tour, ou au plus petit, organisé le matin pour ceux qui ne peuvent pas suivre le grand tour.
Le pèlerinage est avant tout festif, et regroupe toutes les classes d'âge : des personnes âgées qui le suivent par tradition et ferveur aux enfants qui se retrouvent pour une journée de recueillement.
La présence des associations catholiques y est forte, et des pèlerins de tout le diocèse sont présents.
Le petit tour démarre à la suite de la messe solennelle de 9 h et suit les anciennes fortifications de la ville (boulevards actuels) et le grand tour part à 11h30 pour revenir en ville vers 17h30.
De nombreux arrêts aux églises qui jalonnent le parcours sont organisés pour prier, pour donner le temps aux moins rapides de rejoindre les autres, et pour donner la possibilité aux pèlerins de rendre hommage à la vierge, en embrassant son habit ou en touchant sa main ou le cordon de sa statue.
L'Ave Maria résonne tout le long de la journée et les bougies appellent d'autres pèlerinages (Lourdes, Fatima, ...)

Millénaire

Le tour du Saint Cordon est l'un des seuls pèlerinages au monde à avoir atteint le millénaire et à toujours exister.
La commémoration s'est étalée sur une année, en partie en raison de travaux importants non terminés à la basilique : en septembre 2008 a donc été commémoré le millième anniversaire des apparitions, et en 2009, celui du Tour du Saint Cordon.
Source :

La basilique Notre-Dame du saint cordon

Valenciennes : Le saint cordon

La Basilique Notre Dame du St Cordon est en réfection en ce moment. La pierre qui la constitue est très abimée. Une enveloppe d'échaffaudages l'habille en ce moment ... Une partie des travaux devrait être réalisée pour le millénaire des festivités du St Cordon.

La statue de la Vierge est entreposée dans la chapelle du Lycée Notre Dame et les messes de semaines y sont célébrées  cf horaires ... en attendant la fin des travaux et avant d'être exposée dans l'église St Géry vers la mi-novembre.   

Valenciennes : Le saint cordon







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