Didier de Clairvaux
Apparition au Bienheureux Didier, frère convers de Clairvaux et révélation à saint Bernard au sujet de ces religieux.
Sous
la pieuse et toute céleste influence de saint Bernard au feu de sa
charité, et à l'ombre des chênes et du cloître de Clairvaux, la vallée
de l'absynthe était devenue une terre de lait et de miel.
Les
huit cents religieux qui la peuplaient, et que saint Bernard avait
rassemblés autour de lui pour les conduire à sa suite, dans les voies du
Seigneur, vers les demeures éternelles, ces huit cents religieux ne
formaient qu'un cœur et qu'une âme pour louer, aimer et servir Dieu, et
ce cœur était brûlant comme le cœur d'un chérubin, et cette âme était
pure comme celle du pieux Abel, d'Enoch ou de Jean-Baptiste.
Mais, entre tous ces anges de la solitude et du cloître, on en distinguait un qui avait nom Didier ; ce n'était pas un des chefs ou supérieurs de la maison ; ce n'était, au contraire, qu'un humble frère convers.
Mais sa haute piété lui donnait un des premiers rangs dans la communauté.
Il se faisait surtout remarquer par sa dévotion envers la sainte Vierge
qu'il honora de tout son cœur pendant tout le cours desa vie.
Aussi
mérita-t-il, à son heure dernière, de la voir au milieu d'un cortége
d'esprits célestes qui l'entouraient comme leur reine.
Il entendit cette bonne mère qui l'appelait lui, Didier, à la vie
véritable ; il la salua, lui répondit avec le sourire d'un ange ; puis,
après avoir fait, avec calme et d'un air serein, ses adieux à ses
frères, et après avoir reçu de saint Bernard, son abbé, qui était là
aussi, une dernière bénédiction, il partit avec sa royale et tendre
bienfaitrice vers les régions éternelles.
Une
année qu'il avait été obligé de passer toute la nuit de l'Assomption à
garder les troupeaux au milieu de la forêt, il ne cessa de tenir les
yeux élevés vers le ciel, et de saluer la sainte Vierge par les paroles
de l'ange, ajoutant prières à prières, et soupirs à soupirs.
Ce
fut ainsi qu'il passa, dans la plus grande ferveur, et dans les
exercices de la plus tendre piété, tout le temps de la nuit qui précéda
l'Assomption et une bonne partie du jour qui suivit cette nuit.
Saint Bernard connut par révélation toutes ces particularités.
Aussi,
quand tous les offices de la journée furent terminés, quand chaque
prêtre eut célébré les redoutables mystères en l'honneur de la sainte et
digne Mère de Dieu, faisant à ses religieux l'instruction qu'il leur
adressait régulièrement, il leur dit entre autres choses : « Il n'y a
nul doute, mes Frères, que vous n'ayez tous offert, en ce jour, à J.-C.
notre Seigneur et roi, et à sa très sainte Mère, notre glorieuse
patronne, des hommages qui leur auront plu, et que vous n'ayez à
attendre, pour prix de ces hommages, une récompense éternelle, tant de
la part de Dieu, que de la part de notre auguste et bien aimée
Souveraine. Eh bien ! je dois pourtant vous dire et vous apprendre qu'un
des derniers de nos frères convers qui, par obéissance, est resté dans
les bois et sur les coteaux pendant toute la joyeuse nuit de cette
grande solennité, a rendu à la Reine du ciel un culte si pieux, si pur
et si fervent, qu'aucun de nous, quelque assidue qu'ait été sa
contemplation, quelque soutenue qu'ait été sa dévotion, ne le surpasse
devant Dieu et devant notre commune mère. Et ce qui le met au-dessus de
nous tous, ce n'est pas la sublimité de sa contemplation, mais c'est sa
simplicité, c'est sa soumission, c'est son humilité. Voilà ce qui
l'élève au-dessus de nous tous. » Ainsi parla saint Bernard, de l'humble
frère Didier.
Source : Livre "Apparitions et rèvèlations de la Très Sainte Vierge depuis l'origine du ..." par Paul Sausseret
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