L'adoration eucharistique
Saint Jean-Baptiste de La Salle
Derniers moments du vénérable J-B de La Salle.
Le mardi de la semaine sainte il se trouva beaucoup plus mal ; il demanda avec instance le saint Viatique.
Comme
on ne le croyait pas encore si près de sa fin, on crut devoir différer
jusqu'au jour suivant de le lui apporter : il employa tout le temps qui
lui restait à se bien disposer à recevoir son Créateur.
Il
pria qu'on parât la chambre où il était, avec toute la magnificence que
permettait la pauvreté de la maison ; le mercredi saint arriva, et son
cœur produisait sans cesse des actes d'amour.
Lorsque
l'heure approcha, il ramassa, pour ainsi dire, le peu de force qui lui
restait, et pria instamment qu'on le retirât du lit pour recevoir son
Dieu avec plus de décence.
Il se fit revêtir d'un surplis et d'une étole, et se tint assis ; mais
quand le saint Sacrement entra dans sa chambre, alors, confus d'être
assis devant son Créateur et son juge, il se laissa emporter par un
mouvement impétueux de ferveur sans faire attention à l'état
d'épuisement où il était : il se jeta à genoux pour l'adorer et
s'anéantir devant la souveraine Majesté.
Il
n'y eut que l'ardeur de sa charité qui le soutint : aussi son visage
parut tout enflammé en ce moment : on eût cru, à le voir, qu'il
jouissait d'une parfaite santé ; et quelques-uns des assistants
marquèrent leur étonnement qu'on eût communié en Viatique un homme qui
semblait se bien porter.
Il était temps cependant de lui accorder ce puissant secours, pour passer de cette vie mortelle à l'éternité.
Le lendemain, on le jugea si près d'expirer, qu'on lui donna aussi l'Extrême-Onction, qu'il demandait.
Il
reçut ce dernier sacrement avec une parfaite connaissance, faisant des
actes d'une vive contrition, et répondant à toutes les prières ; après
cette sainte cérémonie, il se tint en silence, s'occupant amoureusement
avec son divin Maître, et le remerciant des grâces qu'il venait de lui
faire.
Source : Livre "Dévotion à la sainte Eucharistie en exemples, ou excellence des prières et ..." par Jean-Joseph Huguet
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