L'adoration eucharistique
Saint Pierre-Julien Eymard
Textes de saint Pierre-Julien Eymard sur l'eucharistie
1-1-La Sainte Messe et la Sainte communion
Le
Père Eymard, s’extasiant sur les merveilles de l’Eucharistie s’écrie :
“L’institution de la divine Eucharistie est, au dire de Saint Thomas
d’Aquin, le plus grand des miracles de Jésus-Christ : il les surpasse
tous par son objet, il les domine par la durée. C’est l’Incarnation
permanente, c‘est le sacrifice perpétuel de Jésus-Christ ; c’est le
buisson ardent qui brûle toujours sur l’autel ; c’est la manne,
véritable pain de vie, qui descend tous les jours du Ciel... Celui qui,
du limon de la terre, a fait le corps de l’homme, peut bien changer le
pain et le vin en son Corps et en son Sang. D’ailleurs l’homme change
bien, naturellement, le pain qu’il mange et le vin qu’il boit, en sa
chair et en son sang.”
Pour
le Père Eymard, l’Eucharistie c’est Jésus passé, présent et futur.
C’est la fin de sa vie mortelle, c’est l’expression de son Amour. Dans
l’Eucharistie, tous les mystères divins sont glorifiés, et toutes les
vertus sont présentes. “L’Eucharistie est le royal mystère de la foi où
toutes les vérités aboutissent comme les fleuves dans l’océan. Dire
l’Eucharistie, c’est tout dire.”
Le
Père Eymard envisageait l’Eucharistie, Pain de vie, sous tous ses
aspects et, en particulier, sous celui de ses fruits et de son
efficacité dans les âmes. Il ne craignait pas de déclarer : “C’est le
jansénisme qui, fermant les tabernacles, a préparé l’apostasie des
peuples, dont la Révolution a été la manifestation ; c’est en ouvrant
les tabernacles qu’on ramènera les nations à Dieu.”
1-2-Les circonstances de l’Eucharistie
C’est
la veille de sa mort que Jésus institua ce grand Sacrement, au moment
où Judas le quitta après avoir reçu des mains du Maître qu’il trahissait
la bouchée de pain de l’amitié. Jésus avait ardemment désiré cette
Pâque, “sa Pâque”. Jésus livre son Corps à ses apôtres, en utilisant le
temps présent : “Ceci est mon Corps. Ceci est mon Sang.” Il convient de
remarquer que Jésus n’utilise pas le futur, -ce n’est que demain que son
Corps sera livré, que son Sang sera versé- mais son Sacrifice est
vivant tout au long des siècles. “L’Eucharistie et le Calvaire ne font
qu’UN.”
“Au
Cénacle, comme sur le Calvaire, le Corps du Christ est séparé de son
Sang, et c’est la mort... À l’autel la consécration séparée des deux
espèces rappelle et signifie la mort du Christ... La Sainte Messe n’est
donc pas un simple mémorial, le souvenir vide et froid d’une chose
passée ; elle est véritablement la représentation du Sacrifice du
Calvaire, représentation qui contient et nous offre celui-là même
qu’elle figure : Jésus-Christ s’immolant pour nous.”
“Si Jésus-Christ meurt sur le Calvaire, c’est pour devenir la victime perpétuelle du sacrifice non sanglant de la sainte Messe.
En conséquence, pendant le Saint Sacrifice de la Messe,
nous avons quatre devoirs à remplir envers Jésus : (Saint Pierre-Julien
Eymard rappelle ici la signification des vêtements liturgiques revêtus
par le prêtre qui va célébrer la Messe.
-L’amict est l’image du voile jeté par les soldats sur la face adorable de Jésus.
-L’aube symbolise la robe blanche dont, par dérision, Hérode fit revêtir Jésus.
-Le cordon rappelle les liens imposés à Jésus pour le conduire de Gethsémani au tribunal de Caïphe.
-Le manipule, les chaînes qui le lièrent à la colonne de la flagellation.
-L’étole, les cordes avec lesquelles il fut traîné jusqu’au Calvaire.
-La chasuble figure le manteau d’écarlate dont on affubla Jésus au prétoire, ou encore la croix dont il fut chargé.)
-L’amict est l’image du voile jeté par les soldats sur la face adorable de Jésus.
-L’aube symbolise la robe blanche dont, par dérision, Hérode fit revêtir Jésus.
-Le cordon rappelle les liens imposés à Jésus pour le conduire de Gethsémani au tribunal de Caïphe.
-Le manipule, les chaînes qui le lièrent à la colonne de la flagellation.
-L’étole, les cordes avec lesquelles il fut traîné jusqu’au Calvaire.
-La chasuble figure le manteau d’écarlate dont on affubla Jésus au prétoire, ou encore la croix dont il fut chargé.)
– Un devoir latreurique, c’est-à-dire de souveraine adoration,
– Un devoir eucharistique, c’est-à-dire d’action de grâces
– Un devoir impétratoire, en le présentant au Père comme le gage qu’il nous a donné de son amour,
–
Un devoir satisfactoire, en l’offrant pour l’expiation de tous nos
péchés, et pour la réparation de tant de crimes qui se commettent dans
le monde.”
2-L’Eucharistie est le Don de Dieu
2-1-L’Eucharistie, Don de Dieu par excellence
L’Eucharistie
est, par excellence, le Don de Jésus qui “a réuni tous ses dons dans un
seul Don, et trouvé le moyen, non pas d’épuiser, mais de dilater sa
bonté. La Sainte Eucharistie est la grâce des grâces, le Don des dons,
en elle l’amour de Notre Seigneur s’est multiplié pour venir jusqu’à
nous, par tous les effets d’une bonté qui a traversé toutes les
générations.” Le Père Eymard rappelle le Concile de Trente qui déclare :
l’Eucharistie “c’est l’antidote qui nous préserve des péchés mortels et
nous libère de nos fautes quotidiennes.”
“L’Eucharistie
est un don perpétuel fait au monde par Jésus-Christ, son amour le
demande, sa gloire le réclame. L’amour a deux grands ennemis : l’absence
et la mort. C’est comme une flamme sans foyer ; rien ne résiste à cette
épreuve. Notre-Seigneur le savait. Aussi son mémorial est-il le signe
et la réalité signifiée. C’est lui-même, voilé sans doute, mais plein de
vie.”
Au
milieu de nous il y a quelqu’un que nous ne connaissons pas.
Préparons-nous à la rencontre du Seigneur, là où vit l’Agneau de Dieu.
N’oublions jamais que c’est l’Eucharistie qui fait l’Église.
2-2-L’Eucharistie, Présence de Jésus
La
présence de l’être aimé est nécessaire à l’amour. “Avec l’Eucharistie
nous savons que Notre-Seigneur nous aime actuellement et
personnellement. Chacun de nous peut se dire : “Il m’aime, il m’aime
personnellement.”
Au
Saint Sacrement Jésus est présent et nous pouvons Le servir comme Il le
désire : “L’adorer comme Dieu en Lui offrant l’hommage parfait de tout
notre être, et L’aimer comme homme, de tout notre amour. Par
l’Eucharistie une union parfaite s’établit entre Notre Seigneur et
nous.”
2-3-L‘Eucharistie, Don du Cœur de Jésus
“Jésus
est arrivé au terme de sa vie mortelle... Mais son Cœur ne peut se
résoudre à laisser sa nouvelle famille, les enfants qu’il engendrera
dans son sang par le Sacrifice du Calvaire... Il ne veut pas les laisser
seuls au milieu de leurs ennemis... Jésus-Christ aura donc deux trônes :
un trône de gloire, au Ciel; un trône de grâce, sur la terre...
Le
Cœur de Jésus estime que ce qui suffit à l’œuvre de la Rédemption, ne
satisfait pas son amour... Son amour fera encore plus pour ses enfants
de la Croix, que la mère la plus tendre pour les enfants de sa chair...”
2-3-1-Comment faire ?
“Le
Cœur de Jésus résidera au milieu des siens sous la forme d’un sacrement
qui voilera même son humanité... Ainsi, Jésus choisit l’Eucharistie,
“pour que tous puissent venir à lui sans difficulté et en toute
confiance.” Les hommes comprendront mieux ses paroles: “Apprenez de moi
que je suis doux et humble de cœur.”
2-3-2-L’Eucharistie est le sacrement de l’amour
La
tradition catholique appelle l’Eucharistie le Sacrement de l’Amour.
”Les autres sacrements produisent la grâce sanctifiante ; l’Eucharistie
contient et donne l’Auteur même de la grâce... L’Eucharistie est le
soleil de justice et d’amour, le foyer incandescent de ce feu divin dont
Jésus-Christ a dit : “Je suis venu apporter le feu sur la terre, et
quel est mon désir sinon de le voir incendier tous les cœurs...”
C’est
l’amour qui a établi l’Eucharistie et c’est l’amour qui se donne dans
l’Eucharistie. L’amour veut être aimé dans son Eucharistie.
“L’Eucharistie est l’aliment et l’école de l’amour envers
Jésus-Christ... L’Eucharistie vient du Cœur de Jésus-Christ ; elle est
par excellence son don d’amour; elle attend notre amour comme un droit,
mais aussi comme une compensation réparatrice.”
3-L’Eucharistie, Sacrifice perpétuel de l’Agneau immolé
3-1-Jésus est l’Agneau de Dieu.
L’Agneau
¨Pascal est une figure de l’Eucharistie ; selon Pierre-Julien Eymard,
il y a trois aspects principaux de l’Agneau Pascal : l’Agneau immolé,
l’Agneau mangé et l’Agneau Sauveur.
3-1-1-L’Agneau immolé
“Jésus-Christ est le véritable Agneau de Dieu : Isaïe parle expressément de l’agneau dont l’offrande apaisera le roi de Juda.” C’est
l’agneau que l’on mène à la boucherie et qui se soumet à la souffrance
sans proférer une plainte. “Jean, le précurseur, ne désigne pas Jésus
comme le prince de la paix, mais il dit : “Voici l’Agneau de Dieu, celui
qui ôte le péché du monde.” Jean l’Évangéliste décrit sa vision du ciel
comme “le triomphe de l’Agneau Immolé.”
Sur
la Croix, Jésus-Christ est l’Agneau Immolé. L’Eucharistie, “c’est Jésus
présent sous les saintes espèces, comme Il était sur la Croix, en état
de Victime.”
3-1-2-L’Agneau mangé
Dans
tous les sacrifices, on consomme la victime immolée. La manducation de
la victime était un gage sacré pour ceux qui s’en nourrissaient. “Par la
communion, la Victime est consommée. Jésus perd, dans le fidèle qui Le
reçoit, sa vie sacramentelle : tombeau de résurrection dans l’âme du
juste, tombeau de mort, et de mort éternelle, pour l’âme coupable. Dans
le communiant bien disposé, Jésus-Christ ressuscite... Le chrétien
devient ainsi un porte-Christ, christophorus, ou même un autre Christ”
Par
le sacrifice de l’autel, Jésus nous donne notre part personnelle des
fruits de la Rédemption. “Ô admirable invention de l’amour de Dieu !”
L’Eucharistie,
c’est l’extension, le prolongement de l’Incarnation, c’est Jésus
toujours présent parmi nous et pour tous les hommes. “Le chrétien ne
doit donc s’approcher de la sainte Table, pour manger l’Agneau divin,
qu’avec des sentiments de charité fraternelle, pour réaliser l’union des
cœurs...”
3-1-3-L’Agneau Sauveur
L’Agneau
pascal était, pour les Hébreux, un gage de vie et l’annonce de leur
libération. Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu, est, par l’Eucharistie, la
vie du monde.
3-2-Jésus est le Pain vivant
3-2-1-L’Eucharistie annoncée dans l’Ancien Testament
“L’Eucharistie
est force et douceur. C’est ainsi qu’elle est figurée dans l’Ancien
Testament. Le pain d’Élie, apporté par un ange au prophète exténué, lui a
permis de marcher jusqu’au but qu’il s’était proposé. La nuée du désert
était une ombre pendant le jour et une lumière durant la nuit. La manne
avait toute suavité selon le goût de chacun. Telle est l’Eucharistie :
elle est lumineuse, douce, rafraîchissante, selon les besoins de l’âme
qui la reçoit. Nous aider dans les difficultés, nous consoler dans nos
ennuis, tel est son but.”
3-2-2-Pierre-Julien Eymard cite quelques paroles de Jésus :
“Je
suis le Pain vivant descendu du Ciel... Ma chair est vraiment une
nourriture et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma
chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui... Celui qui mange
de ce pain vivra éternellement.”
Pour
le Père Eymard, en effet, “la communion a pour but, pour effet
particulier, d’assurer, de rendre plus étroite et plus féconde, l’union
entre Jésus-Christ et ses membres ; par elle une véritable société de
vie s’établira entre eux et lui ; ils seront comme deux cires fondues
ensemble, ils deviendront, en quelque manière, corporels et consanguins
avec lui.”
3-2-3-L’Eucharistie est notre nourriture
“L’homme
transforme en sa substance la nourriture ordinaire parce qu’il lui est
supérieur : il est vivant, elle est morte. En l’Eucharistie,
Jésus-Christ est un pain vivant, d’une vie divine : c’est lui qui
assimile l’homme à sa propre vie.”
“Parlant
d’avance du rôle qui achèverait son œuvre rédemptrice, Jésus disait :
“Je suis le Pain de vie.”... Pain de vie ! Voilà bien le nom qui dit
tout Jésus-Christ. Comme le grain de froment est broyé, puis blutté pour
devenir de la farine, ainsi, pouvons-nous dire, en fut-il de
Jésus-Christ pendant sa Passion. Après sa Résurrection il aura, pour nos
âmes, les mêmes propriétés que le pain pour nos corps...
L’Eucharistie,
c’est la merveille des merveilles... parce qu’elle est cette nourriture
que le Seigneur, clément et miséricordieux, donne à ceux qui le
craignent.”
3-2-4-L’Eucharistie est l’aliment de notre âme
Selon
Pierre-Julien Eymard, notre âme possède une vie physiquement
indéfectible ; elle est de sa nature, immortelle. Mais il y a en elle
une vie surnaturelle, inaugurée par le Baptême. Cette vie surnaturelle
doit être alimentée, et son aliment, c’est Jésus-Christ dans
l’Eucharistie :
“Notre-Seigneur
a dit: celui qui me mange a, lui aussi, la vie. Mais quelle vie ? Celle
de Jésus... Jésus, Pain vivant, ne se changera pas en nous, il nous
fera vivre de lui, il nous donne sa propre vie.”
S’adressant
à des personnes du monde, P.J. Eymard insiste : “Un Maître nourrit sa
servante : communiez tous les jours. Quel sera votre travail si vous ne
mangez pas le pain de la vie ? Mangez pour pouvoir travailler... La
communion vous est nécessaire comme la respiration aux poumons...
Abandonner la sainte Communion quotidienne, ce serait abandonner votre
place au festin des enfants de Dieu...
Allez toujours, pourvu que vous puissiez vous traîner, même en souffrant, à la sainte Table : on vous y attend...”
3-2-5-Nécessité de la communion
P.
J. Eymard écrit : “Je pose en principe que plus on doit être pur, plus
on doit être saint, et plus on a besoin de communier... Plus la vie que
vous menez est sainte et difficile, plus vous devez vous approcher de la
Table sainte.”
Pour
être fort, il faut communier, il faut avoir faim. “Vous dites :
donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Désirez donc le pain de
votre âme, et alors, venez le chercher.
Communiez
donc, mais en regardant le Cœur de Notre-Seigneur qui vous appelle...
Sans doute, lorsque la Communion sacramentelle ne vous sera pas
possible, Dieu la remplacera par la communion de sa présence de grâce et
d’amour ; il faut cependant désirer la première, parce que Jésus et
l’Église la veulent.”
3-2-6-L’Eucharistie, Sacrement de vie
Le Père Eymard insiste :
“Ni
le Baptême qui donne la vie de la grâce, ni la Confirmation qui
l’augmente, ni la Pénitence qui la restaure, ne suffisent. Tous ces
sacrements sont une préparation à l’Eucharistie qui les complète et les
couronne...
Jésus
a dit : Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits. Mais
“Comment demeurer en Jésus ? Il l’a bien précisé : celui qui mange ma
chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.“
“L’Eucharistie
est le pain des faibles, et elle est aussi le pain des forts. Elle est
nécessaire aux uns comme aux autres. Aux faibles, c’est évident. Aux
forts car l’Apôtre les avertit : ”Que celui qui a l’impression d’être
debout prenne garde de tomber.” Ils portent leur trésor dans des vases
d’argile ; leur route est entourée de brigands.”
3-3-L’Eucharistie est le gage de notre résurrection
3-3-1-L’Eucharistie, c’est le Testament de Jésus
L’Eucharistie,
c’est le Testament de Jésus, c’est le but de la mort du Sauveur.
L’Eucharistie prolonge en nous l’immolation et la mort de Jésus-Christ.
Écoutons le Père Eymard :
“Le
prêtre consacre séparément le pain et le vin en disant sur l’un ceci
est mon corps; sur l’autre : ceci est mon sang. Par la vertu précise de
ces paroles, le corps devrait être séparé du sang. Si la mort ne se
produit pas, c’est que l’état glorieux de Jésus ressuscité s’y oppose :
la mort ne peut plus l’atteindre...”
L’Eucharistie
“est le testament d’amour, l’alliance qu’Il a scellée avec nous dans sa
mort... L’Eucharistie est le Testament de Jésus-Christ.”
3-3-2-Et pour nous?
“L’Eucharistie
prolonge en nous la mort du Christ... afin de nous faire mourir au
péché... afin de nous faire mourir au monde qui a servi d’instrument au
péché et qui reste son puissant instrument en nous. C’est afin de nous
faire mourir à nous-mêmes... et à nous revêtir de Jésus ressuscité... La
communion est donc le gage d’une résurrection glorieuse.”
4-L’Eucharistie, c’est Dieu caché
Jésus
s’est fait homme, pauvre, humble et obéissant. Il est mort sur une
Croix. Cela étonne le Père Eymard, mais, à la limite, il peut le
comprendre. Mais, dit-il, “ce que l’on ne comprend plus, ce qui
épouvante la foi de l’homme, c’est que Jésus-Christ ressuscité,
glorieux, triomphant, ait choisi, pour rester au milieu de nous, un état
plus humble que dans l’Incarnation, plus soumis qu’à Nazareth, plus
anéanti que dans la Passion. Mais...
1°Par son état voilé, Jésus-Christ continue, au milieu de nous sa
mission de Sauveur à la gloire de son Père et pour notre amour.
L’orgueil a perdu l’homme. C’est par l’humilité que Jésus le relève, le
réhabilite, le rétablit dans sa première dignité.
Quelle est belle son humilité eucharistique !
Quelle est riche sa pauvreté eucharistique !
Quelle est ravissante son obéissance sacramentelle !
Quelle est riche sa pauvreté eucharistique !
Quelle est ravissante son obéissance sacramentelle !
Qui refusera d’obéir à Dieu quand Dieu lui-même obéit ici à l’homme ?
2°Jésus-Christ voilé encourage ma faiblesse. Il voile sa gloire afin que j’ose m’approcher de lui, le regarder, lui parler...
Jésus voile sa puissance ; elle effrayerait, elle épouvanterait la faiblesse de l’homme.
Jésus voile sa sainteté ; elle est si haute, si sublime, qu’elle découragerait nos faibles vertus.
Jésus
voile son amour ; il est si grand, si ardent, si infini, qu’il nous
consumerait s’il n’était tempéré par le voile sacramentel.
3°Le voile eucharistique perfectionne la foi du chrétien... En
l’Eucharistie surtout, les sens ne servent de rien. C’est le seul
mystère de Jésus-Christ où il en est ainsi... Il faut croire sur la
parole de Jésus-Christ, en faisant le sacrifice de nos sens et de notre
esprit, de notre raison... Cette foi ainsi libre et dégagée des sens,
pure dans son action, nous unit simplement à la vérité de Jésus-Christ
au Très Saint Sacrement... L’âme entre alors dans l’admirable
contemplation de cette divine présence, assez voilée pour en tempérer
l’éclat, mais assez transparente à la vue de la foi. Ce voile
eucharistique est un aiguillon pour la foi plutôt qu’une épreuve.
4°Le voile eucharistique perfectionne l’amour du fidèle. Il purifie cet
amour et le dégage des sens... Le voile eucharistique spiritualise
notre amour pour Jésus-Christ. L’union se fait alors d’esprit à esprit,
de cœur à cœur... L’état caché favorise admirablement la
contemplation... Cependant le voile eucharistique conserve le respect
chez les fidèles, auxquels il inspire une sainte crainte de cette
Majesté cachée, en même temps qu’il est une miséricorde pour les
incrédules, en ne les exposant pas à braver, comme les démons, cette
Majesté divine. D’ailleurs, l’amour de Notre-Seigneur a besoin du
mystère, parce qu’il est infini en puissance.”
Et le Père Eymard de conclure :
“Jésus-Christ
ne se cache dans ce mystère que par égard pour la faiblesse de l’homme,
pour se manifester graduellement à lui, à mesure qu’il grandit dans
l’amour...
Ainsi
en l’Eucharistie l’âme n’épuise jamais Jésus. À mesure qu’elle entre
dans les profondeurs insondables de sa bonté, elle y découvre toujours
des trésors nouveaux. Jésus est toujours plus aimable à ses yeux. “Celui
qui m’aime, dit-il, sera aimé de mon Père, et moi aussi je l’aimerai et
je me manifesterai à lui.
Qu’est-ce
que cette manifestation de Jésus ? C’est le mystère de son amour qui
devient lumière, douceur, force, joie, bonheur: le Ciel dans l’âme.”
5-La Sainte Communion
L’acte
de recevoir l’Eucharistie, c’est la Communion. Au temps du Père Eymard,
au XIXe siècle, on utilisait davantage le mot de Communion que celui
d’Eucharistie. L’Eucharistie, c’est Jésus présent dans son Don suprême ;
la Communion, c’est l’acte qui conduit le fidèle au Don de Jésus.
5-1-La Sainte Communion est une force
“La
Sainte Communion est plus qu’un remède, c’est une force. Elle nous aide
à devenir bons, vertueux et saints.” Par son amour, Jésus notre
bienfaiteur, “éveille en nous l’amour pour lui, le désir de lui
ressembler, l’attrait vers ce bonheur qui consiste à l’imiter et à vivre
de sa propre vie...”
5-2-La Sainte Communion est une source de bonheur
“La
Sainte Communion est une source de bonheur... Elle est la possession
réelle de Jésus-Christ ; la possession des trois Personnes divines est
son fruit ineffable. Elle est aussi la paix, car Jésus est le Dieu de la
paix. Elle est encore la douceur, le parfum céleste de la vraie manne
du désert... Comme nous sommes heureux sur la poitrine de Jésus !”
Car
nous avons besoin de sentir de temps en temps la douceur de l’amour :
“Il le savait bien, ce bon Maître, que nous avons besoin, de temps en
temps, de ressentir la douceur de l’amour ; on ne peut pas toujours être
sur le Calvaire, ni sur le champ de bataille. L’enfant repose sur le
sein de sa mère; le chrétien, sur le Cœur de Jésus... Après tout, c’est
l’amour qui fait le bonheur de l’homme... Notre Seigneur a promis à
celui qui communie, non seulement une joie céleste sur la terre, mais de
plus il lui a garanti la vie éternelle.”
À
des personnes du monde le Père Eymard conseillait : “Regardez la sainte
communion comme un pur don de la miséricordieuse bonté de Dieu, une
invitation à sa table de grâce, parce que vous êtes pauvre, faible et
souffrante ; alors vous irez avec joie... Partez de ce principe: plus je
suis pauvre, plus j’ai besoin de Dieu ; c’est votre carte d’entrée vers
ce bon Maître. C’est la Communion des saints. C’est la communion de
l’infirme.
La
sainte Communion est un grand feu qui dévore en un instant toutes les
pailles de nos imperfections quotidiennes... Cherchez, en Jésus seul,
force, joie et consolation...
Communiez
pour aimer, communiez en aimant, communiez pour aimer davantage...
Communiez en pauvre, communiez en mendiante, en infirme, en malade, mais
toujours avec humilité et confiance, avec le désir de mieux faire et de
bien aimer Notre-Seigneur.”
5-3-L’unique nécessaire
“Une
seule chose est nécessaire ici-bas : aimer Dieu et le servir, et c’est
la sainte Communion qui, en nous faisant vivre de Notre-Seigneur,
alimente en nous cet amour et nous fait avancer dans la voie de la
sainteté... La sainte Communion est la fin de la vie et sa perfection,
elle est la dévotion royale et qui remplace tout. Elle est pour vous le
grand exercice des vertus chrétiennes, l’acte souverain de l’amour, la
pluie du matin.”
5-4-Les richesses de la Communion
S’adressant
à des enfants préparant leur communion solennelle, le Père Eymard
affirme que la visite personnelle de Notre Seigneur Jésus-Christ leur
apportera toutes les grâces, tous les trésors du Ciel. “Le Roi du ciel
et de la terre, Notre Seigneur Jésus-Christ, descend de son trône de
gloire et vient nous visiter ; il vient visiter votre corps et votre
âme, il vient y demeurer avec amour, en un mot, il vient vous communier
de son Corps, de son Sang, de son âme et de sa divinité... Il vient en
vous pour vous faire part de toutes ses grâces, de tous ses mérites de
la Rédemption...”
Par
son Eucharistie, Jésus nous apporte le bonheur. “Celui-là seul est
heureux qui a le cœur content, la conscience en paix, l’esprit du bien,
Dieu pour lui, Jésus-Christ avec lui. Tout dans l’homme est content et
satisfait... On est toujours heureux quand on peut se dire: Jésus m’aime
et je l’aime ; nous sommes unis, rien ne me séparera de son amour, de
son service, de sa sainte loi.”
Jésus
règne dans les âmes qui le reçoivent dans l’Eucharistie.”Il y imprime
les stigmates de son amour crucifié pour la rendre plus heureuse au
ciel.”
6-La grandeur de l’Eucharistie
6-1-La préparation
6-1-1-Préparation lointaine
“Dieu
le Père a, pendant quatre mille ans, préparé les hommes à la venue de
Jésus-Christ... Il les a aussi préparés au don de l’Eucharistie par des
prophéties mystérieuses et des réalités figuratives. David chante la
nourriture, la manne nouvelle, que, dans sa bonté, Dieu donnera à ceux
qui le craignent. Malachie annonce l’offrande d’une victime pure qui, en
tout lieu, remplacera les autres sacrifices et glorifiera le nom de
Seigneur.
L’agneau
Pascal, la manne tombant dans le désert, le pain apporté par un Ange à
Élie persécuté, figuraient l’Eucharistie, et, plus encore, les miracles
du changement de l’eau en vin aux noces de Cana et la multitude des
pains en faveur des auditeurs de Jésus.”
6-1-2-Jésus prépare ses disciples
L’Eucharistie,
c’est si grand, que le Seigneur a voulu préparer ses disciples à la
recevoir, et Il a accompli Lui-même cette grande tâche. “Personne autre
que Notre-Seigneur lui-même n’a eu la mission d’annoncer l’Eucharistie,
pas plus que de la donner. Un ange a annoncé l’Incarnation ; ici,
Jésus-Christ traite son affaire, il promet, il pose ses conditions. Et
pour l’annoncer, Notre Sauveur n’a pas attendu la fin de sa mission
évangélique...
Jésus
a lancé l’idée eucharistique. On l’a d’abord repoussée, puis on a dit :
peut-être est-ce bon. Jésus savait que ses disciples et le peuple juif
allaient se soulever contre cette révélation. Mais il n’a pas reculé.”
Notre-Seigneur
promet l’Eucharistie et prépare les âmes à la recevoir : “C’est
pourquoi, avant la promesse, il a opéré un miracle qui faciliterait
l’acceptation. Il n’a rien voulu brusquer, mais amener doucement les
esprits à se laisser persuader... Ce miracle, c’est la multiplication
des pains.”
6-1-3-Et pour nous ? L’Éducation divine
Le
Père Eymard écrit : “Notre préparation doit s’inspirer de celle de
Jésus ; elle doit être faite de désir, d’humilité, de pureté.”
Jésus nous apprend lui-même à nous préparer
Dans
une de ses paraboles, Jésus parle du repas de noces du fils d’un Roi.
Pour y assister, il n’était pas besoin d’être riche : tout le monde
était appelé... mais, tous les invités devaient, pour entrer dans la
salle des noces, avoir revêtu la robe nuptiale. Un homme, on ne sait pas
pourquoi, avait réussi à entrer sans avoir revêtu cette robe. “Le roi
le vit, et le fit mettre dehors... Les autres, quoique pauvres et
estropiés purent rester, parce qu’ils portaient le manteau blanc, la
tenue de circonstance.”
Notre
Seigneur n’exige pas grand chose pour nous admettre à sa table : il
demande seulement que nous ayons faim...” et que nous soyons revêtus de
la robe de pureté et d’humilité. “Car rien ne remplace la pureté de
l’âme... Plus l’âme et pure, plus elle devient un paradis de délices
pour le Dieu de l’Eucharistie.”
D’où
un conseil, peut-être difficile à mettre en œuvre de nos jours : “La
confession de chaque semaine reste la règle ordinaire du chrétien admis à
la communion fréquente ; l’Église la lui conseille vivement. Mais le
moyen quotidien de se purifier de ses fautes de fragilité humaine, c’est
l’amour de Dieu.”
6-2-La foi en l’Eucharistie
La
foi en l’Eucharistie n’est pas seulement une croyance qui échappe à
notre raison. Sous l’action de l’Eucharistie elle-même qui la développe,
notre foi devient forte conviction de la présence réelle de Jésus, et
sentiment surnaturel de la vérité de l’Eucharistie.
“Cette
foi plus vive en l’Eucharistie ne peut manquer de produire dans l’âme
un plus grand amour pour Jésus-Christ. Impossible de mieux le connaître
sans l’aimer davantage. Cet amour est d’abord un amour de raison,
puis... si on est fidèle, cet amour devient un centre de vie, une
activité de retour d’amour qui occupe le cœur tout entier. La foi
elle-même s’élève à être l’adoration et l’amour de la souveraine volonté
de Dieu dans le don de l’Eucharistie. La raison est venue jusqu’à la
porte du tabernacle ; l’amour seul y entre, mais pur et libre, affranchi
de toute servitude des sens...
Alors
commence la contemplation de Jésus-Christ qui communique sa science et
fait entrer dans les profondeurs de l’amour divin. “Cette action de
Jésus-Christ requiert la sainte Communion ; c’est là que se trouve sa
source. Elle se poursuit dans l’adoration eucharistique. L’âme goûte
alors un profond repos. Elle a trouvé son centre et sa fin en la divine
Eucharistie... Elle goûte Jésus-Christ avec tous les mystères de sa vie
mortelle et de son état glorieux... L’âme n’épuisera jamais l’objet,
toujours nouveau pour elle, de l’amour et de la bonté de Jésus-Christ
dans l’Eucharistie.”
L’Eucharistie
est un très grand mystère. L’eucharistie n’existe que si Jésus-Christ
est vraiment Dieu, et s’Il est vraiment ressuscité. Aussi Jésus s’est-il
souvent efforcé de donner les signes qui permettront, plus tard, de Le
reconnaître comme Dieu, Fils de Dieu. À ceux qui Lui demandaient ce
qu’il fallait faire pour faire les œuvres de Dieu, Jésus dit : “C’est de
croire en Celui qu’Il a envoyé... C’est Lui, le Fils de l’Homme, qui
vous donnera la nourriture qui demeure éternellement...
Notre
Seigneur fait appel au témoignage de son Père, pour obtenir un acte de
foi à sa propre divinité : au Jourdain, le Père a marqué, a sacré son
Fils incarné ; il a montré ainsi qu’il a communiqué à l’humanité du
Sauveur, le droit de faire des miracles. Avant de réclamer la foi à
l’Eucharistie, Jésus affirme sa puissance divine qui le rend capable de
faire un pareil prodige... Avant de croire à l’œuvre du Cœur de
Jésus-Christ, il faut croire à sa divinité et dire : Seigneur, vous
pouvez faire plus que je ne puis comprendre.”
6-3-L’enseignement de Jésus sur l’Eucharistie
Après
la multiplication des pains, “Notre-Seigneur leur dit : je suis
moi-même le pain de vie... le pain vivant descendu du ciel afin qu’on en
mange et qu’on ne meure point... Le pain que je donnerai, c’est ma
chair, celle-là même que je donnerai pour le salut du monde.”
Mais
l’objection revient sans cesse contre la divinité de Jésus : “Les juifs
murmurent: n’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous
connaissons le père et la mère ?... Comment cet homme peut-il nous
donner sa chair à manger ? Notre-Seigneur a beau insister sur son
origine et sa mission divines... cela ne les remet pas. Ils sont
scandalisés, et non seulement la foule, mais beaucoup de ses disciples
se retirent disant: ce langage est trop dur, et qui peut l’accepter ?”
Beaucoup
s’en vont et Jésus ne fait rien pour les retenir... “Jésus avait
toujours recherché et accueilli les pécheurs. Ici non. Il était même
prêt à renvoyer les douze... Mais Pierre s’écrie : “Seigneur, à qui
irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle !” Jésus ne relève
pas la profession de foi de Pierre ; sans doute est-il triste à cause de
Judas, car “Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne
croyaient pas et qui était celui qui le trahirait... Il parlait de
Judas, fils de Simon Iscariote, car c’était lui qui devait le trahir.”
Le
Père Eymard conclut : “Croire à l’amour, tout est là; il ne suffit pas
de croire à la vérité, il faut croire à l’amour. Et l’amour, c’est
Notre-Seigneur Jésus-Christ au Très Saint Sacrement. Voilà la foi qui
fait aimer Notre-Seigneur.
7-Le Sacerdoce
7-1-Comment le Sacrifice de Jésus-Christ se perpétue-t-il dans
l’Eucharistie ? Par les prêtres, consacrés et consécrateurs de
l’Eucharistie.
Comment Jésus remonté au Ciel sera-t-il présent sur la terre ? Ce sera par l’homme devenu son prêtre. Jésus dit :
“J’aimerai
l’homme jusqu’à lui être soumis en tout et toujours. À la voix du
prêtre, je serai présent dans l’Hostie...L’honneur de l’amour est dans
son amour même, dans ses dons, dans ses sacrifices. À la vue de ma
condescendance, l’homme comprendra mon amour... Mon amour est sans
réserve, sans condition; je multiplierai mon sacerdoce comme les étoiles
du ciel ; mes ministres couvriront le monde de temples et d’autels,
afin que partout on m’offre à mon Père en oblation pure. Mes prêtres
seront les incendiaires de ce feu divin que j’ai apporté du ciel et
qu’ils trouveront allumé au saint Tabernacle. Il faut que l’univers soit
incendié par ce feu d’amour...”
”Pour
se faire homme, Jésus a voulu avoir une mère, fille d’Adam... Marie est
le fruit de quatre mille ans de préparation, la fleur de Jessé... Pour
inaugurer sa vie dans l’Eucharistie, Jésus se sert d’un homme dont il
fait son prêtre... Jésus fait du prêtre un autre lui-même, et c’est par
le prêtre qu’il sauve les hommes et règne ans le monde. Le prêtre a donc
été la fin du ministère évangélique de Jésus...”
Jésus
devait former ses prêtres: “Voilà pourquoi il a vécu en communauté de
vie, pendant trois années consécutives, avec ceux qui seraient un jour
les premiers prêtres. Il devait leur apprendre la miséricorde envers les
pécheurs...”
7-2-Être prêtre
“Pour
être prêtre, dit P.J.Eymard, il faut avoir le pouvoir d’offrir le
sacrifice, qui est essentiel à la religion et au sacerdoce... C’est à la
Cène que le Sauveur a consacré les premiers prêtres, lui, le souverain
Prêtre selon l’ordre de Melchisédech...”
P.J.Eymard
précise : Jésus donne une victime à ses prêtres : Lui-même : “L’autel,
ce sont les mains de Jésus-Christ ; ce seront les mains des apôtres et,
bientôt, les corps des martyrs sur lesquels on célébrera la sainte
Messe. Le temple, c’est le Cénacle et toutes les églises catholiques de
l’avenir. Jésus ajoute alors ces paroles effrayantes par leur puissance,
adorables dans leurs effets : “Faites ceci en mémoire de moi.” Faites
ceci. Voilà l’ordre qui donne le pouvoir et imprime le caractère
sacerdotal.
Oh
! comme Jésus fut heureux quand il eut fait, de ses apôtres, ses
prêtres ! Comme son Cœur tressaillit de joie !... À peine eut-il
institué l’Eucharistie et le sacerdoce... Jésus s’écria : Maintenant le
Fils de l’Homme a été glorifié...”
7-3-La condition humaine du prêtre
7-3-1-L’humanité pécheresse du prêtre
Ce
qui frappe P.J.Eymard, c‘est la condition humaine du prêtre revêtu d’un
tel pouvoir. Il écrit : “Quand je regarde le prêtre, que vois-je ?
Jésus lui a laissé toutes les conséquences du péché originel dont il
était souillé en naissant. Aussi puis-je trouver un prêtre pécheur,
esclave de Satan, tout en gardant sa dignité et sa puissance. Quel
contraste ! Quel déshonneur pour Jésus-Christ ! Le sacerdoce ne rend
donc pas impeccable.
Pourquoi Notre-Seigneur a-t-il laissé au prêtre une humanité d’origine pécheresse ?
Par miséricorde pour lui, et par amour pour les fidèles...
Pour le tenir
– dans l’humilité : il se perdrait par orgueil, comme le séraphin Lucifer;
–
dans la vigilance : il se perdrait au milieu du monde; il a besoin de
ce voile de la pauvre humanité pour lui rappeler qu’il est homme, même
au pied de l’autel.
Par égard pour les âmes et pour que leur foi soit simple et forte ; car
si la validité de la consécration était attachée à la perfection du
consécrateur, qui oserait monter à l’autel ? Les prêtres les plus saints
seraient les premiers à s’en croire indignes...
L’amour
de Jésus-Christ a tranché la difficulté. Le pouvoir consécrateur est
attaché au caractère de l’Ordre et à la volonté du prêtre. C’est un acte
humain et divin du prêtre.
7-3-2-Les mauvais prêtres
Et
que dire du mauvais prêtre, publiquement pécheur ? Consacrera-t-il
l’Eucharistie ? Offrira-t-il Jésus en oblation au Père céleste ?
Pourra-t-il donner Jésus comme pain de vie aux foules affamées ? Jésus
répond : “Oui, j’obéirai à un Judas comme à un saint, à un ennemi de mon
amour comme au disciple de ma dilection... Comme j’ai obéi à mes
bourreaux sur la Croix pour être la victime du salut du monde, j’obéirai
de même au sacrificateur de mon Corps sur l’autel pour être un
holocauste d’amour...”
La
Passion sera renouvelée par le divin Sacrement, tous les jours et
partout dans le monde. Cela, Jésus le sait et il “se voit trahi par
l’apostasie, vendu par l’intérêt, crucifié par le vice qui le recevra
dans un cœur coupable.”
7-3-3-Mais tout prêtre est sacré
Les
chrétiens ne doivent donc pas s’arrêter à l’homme faible et même
pécheur. Aussi le père Eymard a-t-il soin de les mettre en garde : “Que
les chrétiens se gardent de mépriser ce Jésus-Christ humilié ; leur plus
grande punition serait de perdre la foi dans le sacerdoce ; qu’ils se
gardent de naturaliser cet être divin ; ils épuiseraient pour eux les
bienfaits de son ministère sacré. En voyant un prêtre, il faut se dire :
que Jésus-Christ est bon, qu’il est grand !...
Pour
avoir foi en l’Eucharistie, il faut d’abord avoir foi au sacerdoce. Le
prêtre peut se présenter à nous comme un homme ordinaire, simple,
pauvre, pécheur même. Le monde s’en montre scandalisé. Et cependant
c’est le prêtre qui est le ministre consécrateur de l’Eucharistie. Pour
croire à l’Eucharistie, il faut avant tout, croire à ce pouvoir du
prêtre... C’est un pouvoir de glorification, car une messe rend plus de
gloire à Dieu que les hommages de tous les êtres créés réunis, sur la
terre et dans le ciel... Et ce pouvoir est attaché au caractère
sacerdotal et non à la sainteté du prêtre.”
8-La vie d’union à Dieu
8-1-L’adoration du Très Saint Sacrement
‘Il
faut adorer Jésus-Christ : le Père céleste le commande. Il veut que
tout genou fléchisse devant le Verbe incarné, au ciel, sur la terre et
dans les enfers. Au ciel, toute la cours céleste l’adore.” L’Apocalypse
en parle : “À l’Agneau qui a été immolé, louange, honneur, gloire et
puissance dans les siècles des siècles!”
Sur
la terre, Jésus-Christ a été adoré “à sa naissance, dans ses courses
évangéliques, sur la Croix, et après sa mort. Maintenant il doit être
adoré au Très Saint-Sacrement.”
Adorer,
selon le Père Eymard “c’est confesser la divinité de Jésus-Christ, sa
souveraineté, sa puissance dans la sainte Hostie ; c’est une profession
de foi.
Adorer,
c’est faire acte de soumission à la parole de Jésus-Christ, de
dépendance à l’égard de son autorité. C’est faire acte d’action de grâce
à sa bonté, d’amour de son amour; de louange et de bénédiction de son
infinie miséricorde. L’adoration est l’acte souverain du chrétien: il
renferme tout... Mais il ne faut pas se contenter de l’adoration
intérieure, il faut adorer Jésus-Christ par un culte extérieur de
respect et d’hommages... Jésus-Christ est encore trop peu adoré dans
l’Église catholique, même par les siens... En combien d’endroits, et
combien de temps, Jésus-Christ reste seul !”
8-1-2-Pourquoi l’adoration ?
Dans
l’Eucharistie, Jésus est vivant : “Il y est vivant ; il veut que nous
lui parlions, et il nous parle... Et ce colloque qui s’établit entre
l’âme et Notre-Seigneur, c’est la vraie méditation eucharistique, c’est
l’adoration.”
Il
faut aller naturellement à Notre-Seigneur, même si l’on se sent très
pauvre. Le Père Eymard nous dit : “Aimez le livre inépuisable de
l’humilité de l’amour... notre bon Maître préfère la pauvreté de notre
cœur aux plus sublimes pensées et affections des autres... Offrez-lui
votre pauvreté pour qu’il l’enrichisse ; c’est un chef-d’œuvre digne de
sa gloire.”
Face
à l’inutilité de nos efforts pour méditer, la tentation arrive vite de
quitter l’adoration pour faire quelque chose de plus utile. Il faut
rester fidèle coûte que coûte : “Notre Maître attend de nous l’hommage
de la persévérance jusqu’à la dernière minute du temps que nous devions
lui consacrer... Le vrai amour ne regarde pas ce qu’il donne, mais ce
que mérite son bien-aimé.”
8-1-3-Pierre-Julien Eymard était-il prophète ?
Dans ses notes personnelles, le Père Eymard écrivait : “Jamais siècle
n’a attaqué plus violemment Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est le
grand scandale de notre époque... Les moyens ordinaires ne suffisent
plus à raviver l’esprit chrétien... La religion a été attaquée dans sa
base : la divinité de Jésus-Christ même. Il faut comme une nouvelle
prédication, une nouvelle manifestation de Jésus-Christ pour renouveler
la foi qui va en s’éteignant.
Il
faut ranimer la foi par l’amour, et l’amour, par son foyer divin.... Il
faut le Soleil divin aux âmes engourdies, gelées par l’incrédulité
négative ou par l’indifférence pratique : on guérit la tête par le cœur.
L’adoration eucharistique est une protestation nécessaire contre
l’incrédulité actuelle... L’adoration du Très saint Sacrement est donc
aussi une réparation, combien nécessaire, pour ceux qui se rendent
coupables de lèse-majesté, de lèse-divinité envers Jésus-Christ dans
l’Eucharistie.”
Hymne à l’Eucharistie
Contemplons Jésus dans son Eucharistie, et adorons-le avec les paroles de Pierre-Julien Eymard :
“L’Eucharistie
est comme un fleuve de vie sortant du Cénacle et serpentant à travers
tous les peuples, puis allant se perdre dans l’océan de l’éternité.
C’est un soleil d’amour inépuisable, toujours beau qui précède,
accompagne et suit toutes les générations. C’est la colonne de feu et de
nuée dans le désert de la vie; la manne pour le voyage vers l’au-delà ;
le tabernacle ambulant avec le peuple de Dieu ; la source d’eau vive
qui jaillit jusqu’à la vie éternelle.”
8-2-L’Eucharistie conduit à la vie d’union à Dieu
“La
Communion est une union d’amour, elle est le Sacrement de l’amour. Mais
l’amour veut l’unité de sentiments, de pensées, de joies et de peines,
en un mot: l’unité de vie...”
8-2-1-La communion établit en nous la vie d’union à Dieu.
“Dans
l’Eucharistie, Jésus est substantiellement, et c’est par sa substance
qu’il vient s’unir à nous. L’Eucharistie étend, en quelque sorte,
l’Incarnation à chaque homme en particulier... Quelle merveille d’amour
que cette union eucharistique ! Notre corps est uni à celui de Jésus,
notre âme à son âme ; sa divinité les sanctifie aussi, l’un et
l’autre... Notre corps acquiert peu à peu, la grâce, la délicatesse, les
mœurs de celui de Jésus-Christ, il vit par cette sève surnaturelle, il
se spiritualise...”
Mais
Jésus ne fait que passer dans notre corps. “C’est l’âme qui reçoit
vraiment Jésus et entre en communication avec sa vie divine... Et Notre
Seigneur, avant de rien demander à l’âme, commence par lui donner un
sentiment de sa bonté qui la pénètre... Cette grâce de douceur, ce
sentiment de bonheur est immédiat... Mais il faut que l’âme, assidue à
la sainte Table, aime Jésus pour lui-même... Car Jésus ne cherche pas
son intérêt dans l’amour qu’il a pour nous ; il veut bien plutôt nous
rendre heureux. S’il nous demande tout, c’est pour que nous puissions
prouver que nous l’aimons véritablement comme il nous a aimés.”
Ce
n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.” disait St
Paul. L’Eucharistie “c’est vraiment, selon Pierre-Julien Eymard, une
extension mystérieuse de l’Incarnation.”
8-2-2-L’Union à l’Esprit-Saint
“On
ne s’unit pas assez au Saint-Esprit, on le recherche trop peu...
Pensons que l’Esprit Saint est en nous, tout disposé, si nous recourons à
lui, à nous suggérer la manière de bien recevoir Notre-Seigneur.
Rappelons-nous seulement que la disposition qui lui plaît le plus en
nous, est l’humilité... Laissons l’Esprit-Saint travailler en nous et y
former Notre-Seigneur... Que chacune de nos communions soit comme une
pentecôte personnelle.”
8-2-3-Le désir de la communion
“L’homme
vit de désirs ; il ne cherche rien, ne va à rien, que d’abord il ne
l’ait désiré. Un désir divin nous pousse à la communion au point de nous
donner le courage de faire, sans trembler, de Jésus-Christ, juge du
ciel et de la terre, notre nourriture... La faim de Dieu excuse notre
témérité... La faim d’amour est l’apanage des âmes toutes pures et
avides de perfection.”
Comme un cerf soupire après les eaux vives, ainsi mon âme a soif de Toi, Seigneur !
“L’amour devrait nous rendre toujours prêts à communier : l’amour
soupire, languit après le Bien-aimé...” D’où le conseil de P.J. Eymard :
“Exaltez l’amour immense qui le fait (Jésus-Christ) en l’Eucharistie,
devenir la victime perpétuelle de votre salut, l’aliment divin de votre
vie, l’ami si tendre et si constant de votre exil... Demandez de saints
prêtres pour les peuples, de fervents religieux dans l’Église, de bons
adorateurs pour son divin Sacrement: priez pour le règne eucharistique
de Jésus.”
”L’Eucharistie
est un nourriture, un pain de délices. Pour s’en nourrir et le goûter,
la première condition, c’est d’être vivant, c’est-à-dire en état de
grâce. C’est la seule condition essentielle : être exempt de péché
mortel... La loi indispensable de la Communion, celle qui regarde tout
le monde, c’est d’être exempt de péché mortel... J’appuie bien sur ce
point : on doit être exempt de péché mortel ; autrement le pain de vie
deviendrait pour vous un pain de mort.
La
Communion est un banquet céleste, le repas nuptial de l’Agneau où
lui-même est celui qui invite et celui qui nourrit. La convenance ne
demande-t-elle pas, dans le monde, qu’on soit honorable en pareille
circonstance ? C’est un grand honneur d’être invité par un supérieur.
Qui oserait se présenter avec des vêtements malpropres ? Personne.
Faites donc pour Jésus-Christ ce que vous feriez pour un homme...
Quand
l’âme est pure, même des péchés véniels volontaires, Notre-Seigneur
agit avec force et sans entrave : il illumine l’esprit, excite la
volonté, enflamme le cœur. Jésus entre dans l’intimité de cette âme
comme dans une chambre d’amitié où il n’y a rien qui lui déplaise,
savourant le parfum des bons désirs qu’elle y a répandus pour lui. Il se
passe alors entre lui et l’âme pure des choses ineffables. L’âme
devient d’une délicatesse inouïe ; elle ne se compte plus, ne fait plus
qu’un avec Jésus-Christ: prenez tout, lui dit-elle, régnez sur tout;
soyez à jamais mon amour, je serai votre servante pour l’éternité".
9-L’éducation divine
9-1-La joie de l’esprit - L’éducation divine
La
communion, plus que tout autre moyen, ouvre l’intelligence aux choses
spirituelles. “La foi peut mener loin dans la connaissance de Dieu,
cependant elle n’est en définitive, qu’une lumière ; la communion est
une lumière aussi, mais, de plus, elle est une union avec Dieu.”
La
grâce et le triomphe de l’Eucharistie, c’est de former Jésus-Christ en
nous.” Toute éducation chrétienne, sous peine de rester incomplète, doit
être soumise à l’influence de l’Eucharistie ; or sur quoi porte cette
éducation qui vient directement de Notre-Seigneur dans la communion ?
Sur deux points : la vérité divine et l’amour divin.”
Saint
Pierre-Julien Eymard a, chaque fois qu’il parle du goût de
l’Eucharistie, des expressions très fortes qui peuvent dérouter nos
mentalités encore imprégnées de jansénisme et de la crainte des grâces
sensibles. Il revient souvent sur cette question primordiale : “Celui
qui ne communie pas n’a guère qu’une science religieuse spéculative ; il
sait des termes, des mots, mais il ignore leur signification
profonde... Il ne sait pas Notre-Seigneur... Jésus ne se fait bien
connaître que par lui-même ; c’est l’apprentissage de la vérité par la
vérité elle-même...”
9-2-L’Eucharistie conduit à l’amour
“Cette
révélation intime pousse ensuite l’esprit et le cœur à rechercher les
raisons profondes des mystères, à sonder la bonté de Notre-Seigneur qui
les a inspirés; elle mène à aimer, car c’est peu de savoir, il faut
embraser et agir...
Voilà
pourquoi l’adoration, faite dans la Communion et sous son influence,
non seulement médite, voit et contemple, mais elle aime. Comme au ciel,
on va alors de clarté en clarté, car le Sauveur est toujours nouveau: on
n’a jamais fini de le connaître. C’est l’apathie, la paresse, qui se
contentent des données extérieures; l’amour, lui, veut aller toujours de
l’avant, il pénètre, il sonde son objet. Ah ! si on osait sonder
Notre-Seigneur, comme on l’aimerait !
La
communion forme aussi notre cœur à l’amour divin... L’Eucharistie est
le Sacrement d’amour où Jésus-Christ épuise son amour pour nous... Mais
pour apprendre comment l’aimer, il faut se sentir aimé. Notre-Seigneur
s’est réservé cette mission.
C’est
Notre-Seigneur qui opère cette œuvre dans la communion ; il y donne
d’abord le sentiment de l’amour, puis il fait saisir les raisons de cet
amour, enfin il conduit jusqu’à l’héroïsme dans l’amour... À la
Communion, c’est le bonheur pur, sans mélange ; là seulement on voit, on
pèse les sacrifices de Jésus-Christ pour arriver jusqu’à nous ; on
finit par éclater en transports de joie et par dire : comment
pouvez-vous tant m’aimer ? Et l’on se lève de la Table sainte comme
jetant des flammes d’amour : tanquam ignem spirantes ?... L’amour ainsi
senti produit toujours le dévouement de correspondance. Voyez Zachée :
touché de la miséricorde de Jésus, non seulement il veut réparer tous
ses torts, mais il va jusqu’à la plus large générosité.
Ce
qu’en pratique il y a à faire, l’amour l’indique. Il porte à sortir de
soi pour s’élever jusqu’aux vertus de Notre-Seigneur, et l’éducation,
ainsi commencée par lui, va loin et vite".
9-3-Le goût de Dieu
“Le
goût de Dieu, c’est le sentiment de famille qui nous introduit dans
l’intimité de son esprit, dans la tendresse de son cœur. Ce goût nous le
fait connaître plus par impression que par raison; il nous donne en
particulier, un attrait plus marqué pour l’Eucharistie et tout ce qui
s’y rattache, il nous fait pénétrer sans peine en Jésus-Christ. C’est
presque un mystère que cette facilité, que cette aptitude: c’est la
grâce spéciale de la Communion... Par la communion nous entrons dans
l’amour, dans le Cœur de Jésus-Christ, nous prenons l’esprit de son
amour, son propre sens, son propre jugement.”
Le
raisonnement paralyse souvent l’effet de la communion : ”Écoutez donc
un peu Notre-Seigneur. Ce n’est pas le moment de chercher, mais de
goûter; c’est le temps où Jésus-Christ se fait connaître par lui-même...
L’âme qui a connu Notre-Seigneur et a joui de lui, ne sait plus se
complaire en rien de créé; rien en effet ne peut être mis en parallèle
avec Jésus. Notre-Seigneur a déposé dans cette âme un besoin de lui que
personne, que rien autre, ne pourra satisfaire. Et parce que l’amour vit
de désir, l’âme sainte qui a communié éprouve un désir continuel de
s’unir à Notre-Seigneur... Jésus-Christ répond à son désir, il la mène
de clarté en clarté; et comme il est inépuisable, jamais elle ne sera
rassasiée...
Craignez
l’abus, dira-t-on. Est-ce que les élus abusent de Dieu dans le Ciel,
parce que chaque jour ils le connaissent mieux et trouvent en lui un
bonheur plus grand ? Vous aussi communiez et vous goûterez, vous verrez
combien le Seigneur est bon. Quel malheur de n’être pas cru sur ce point
! "
9-4-La sainteté
Pour
mieux se faire comprendre, le Père Eymard cite des saints : “Il existe
deux sortes de gens qui doivent communier souvent: les parfaits, parce
qu’étant bien disposés, ils auraient grand tort de ne point s’approcher
de la source et fontaine de perfection, et les imparfaits, afin de
pouvoir justement prétendre à la perfection.”
Saint
Pierre-Julien Eymard ira encore plus loin : “La Sainte Communion est le
remède le plus puissant contre les trois maladies qui peuvent atteindre
notre âme: le péché véniel, les ardeurs de la concupiscence dont se
sert le démon pour nous tenter, le découragement dans le combat
spirituel, causé par la vue de nos imperfections. Elle nous purifie du
péché véniel, elle nous prémunit contre notre concupiscence et les
tentations du démon, elle nous encourage dans les efforts vers le bien.”
Le
Père Eymard donne aussi l’exemple de l’Église qui “avant de laisser
partir les confesseurs de la foi pour le lieu du supplice, avait soin de
les fortifier par la réception du Corps et du Sang de Jésus-Christ.”
Nous
sommes en mars 1867. Pierre-Julien Eymard, dans une de ses homélies,
fait une curieuse remarque : “On demande comment l’Europe a perdu la
foi. C’est qu’on ne communie plus ou presque plus... Les fidèles sont
engourdis et paralysés. Comment les ranimer ? Rendez-leur le pain qui
seul les réconfortera ; mettez-les sous les rayons du soleil
vivificateur de l’amour divin... Ensuite, incorporés au Corps mystique
de Jésus-Christ, les justes sont peu à peu changés spirituellement en
lui... En recevant le Corps et le Sang du Sauveur et en les recevant
souvent, la sainteté de Jésus-Christ pénètre toujours davantage dans le
cœur des justes et leur donne la vigueur nécessaire pour aller sans
cesse en progressant dans le chemin de la perfection.”
De
nos jours, en 2003, ceux qui vont encore à la messe communient
beaucoup, mais ils ne se confessent plus jamais. Et ils n’adorent plus
le Saint Sacrement exposé. Ne faudrait-il pas redonner aux Chrétiens du
XXIème siècle les ingrédients : confession et adoration qui seuls
permettent l’assimilation de l’aliment eucharistique, et conduisent à la
sainteté véritable ?...
“La
sainteté, sur cette terre, n’est autre chose qu’une ascension
continuelle vers Dieu, une aspiration de l’âme vers lui, une tendance à
ne chercher que lui, sa volonté, sa plus grande gloire.”
10-La Gloire du Père et de l’Église
10-1-La Gloire du Père
La
raison suprême de l’Eucharistie, c’est la gloire du Père. Sur la terre,
dans l’Eucharistie, Jésus, Fils et Verbe de Dieu, “continue son office
d’adorateur, de glorificateur de son Père. Il est Eucharistie, sacrifice
et sacrement.” Jésus là, présent dans le tabernacle, “adore son Père et
lui rend grâces ; il continue son office d’intercesseur pour les hommes
; il se fait victime de réparation, de propitiation, offerte à la
gloire de Dieu outragée. L’autel est son calvaire mystique, et là il
redit : Père, pardonnez-leur, je vous offre mes plaies, je vous offre
mon sang.”
Dans
l’Eucharistie, le Père reçoit un hommage nouveau, l’offrande de la
gloire de son Fils ressuscité et glorieux, mais gloire cachée dans la
plus grande humilité : “Le voilà encore pauvre comme à Bethléem, lui, le
Roi du ciel et de la terre; humble et humilié comme à Nazareth ;
obéissant non seulement jusqu’à la Croix, mais subissant avec mansuétude
les profanations et les communions sacrilèges.
Doux Agneau qui ne se plaint jamais.
Tendre Victime qui ne profère jamais de menace.
Bon Sauveur qui n’exerce jamais de vengeance.”
Tendre Victime qui ne profère jamais de menace.
Bon Sauveur qui n’exerce jamais de vengeance.”
Tout
cela pour glorifier son Père... Spectacle digne d’admiration pour les
anges; condamnation pour les démons. “Dans le Ciel, Lucifer et ses
milices angéliques péchèrent par orgueil. Jésus-Christ, glorieux dans le
Ciel, s’humilie, sur la terre, dans l’Eucharistie, pour honorer le Père
céleste et restaurer sa gloire,en contrebalançant et en expiant
l’orgueil de l’homme.”
10-2-La gloire de l’Église
Jésus-Christ
aime son Église, son épouse. Dans l’Eucharistie, il reste avec elle
pour être sa vie, sa puissance et sa gloire. L’Eucharistie est le centre
du Cœur de l’Église ; elle en est aussi l’âme. “La vie d’une épouse
privée de son époux n’est plus une vie, c’est le deuil, c’est l’agonie. À
côté de son époux, elle est forte et heureuse de le servir...
C’est
par l’Eucharistie que l’Église est féconde, puisque c’est l’extension
de l’Incarnation. Par l’Eucharistie, Pain de vie avec lequel elle
nourrit divinement les âmes, elle fait grandir en elles Jésus-Christ...
L’Époux
est la gloire de l’épouse... L’Église, devant l’Eucharistie, est belle
aux jours de fête de son divin Époux et Sauveur... Elle est heureuse
dans les chants d’amour et de gloire qu’elle fait monter vers son Roi et
son Dieu... L’Église est triomphante par son service eucharistique...
Reine-mère, elle est alors à la tête de ses enfants dans un même
hommage, un même amour : c’est le règne de l’Eucharistie et de
l’Église.”
11-Conclusion
“Jésus,
par l’Eucharistie, répand d’abord dans notre âme, et, par elle dans nos
sens, la grâce et l’onction de son amour... C’est une attraction
délicieuse vers Jésus, qui nous fait désirer de le mieux connaître...
La
Communion, voilà aussi le grand triomphe de Jésus-Christ en l’homme;
par elle, il l’unit à son corps et à son sang. C’est une fusion par
l’amour et dans l’amour; c’est un foyer d’amour divin qui s’allume dans
l’homme et dont les étincelles embraseront toutes ses facultés pour le
bien".
Le Sacrement de l’amour
L’Eucharistie
est, par excellence, le Sacrement d’amour... L’Eucharistie, seule nous
donne Jésus-Christ en personne, avec tout ce qu’il a et tout ce qu’il
est. Aussi constitue-t-elle la plus grande preuve de l’amour de Dieu
pour nous. C’est le Sacrement des sacrements...
“Demeurez
dans mon amour” a dit Jésus... “Par l’Eucharistie, Jésus dépose dans
nos cœurs une grâce d’amour, il met en nous le foyer de l’incendie, il
l’allume, il l’entretient par ses fréquentes venues, il fait l’expansion
de cette flamme... Et ce feu, si nous le voulons, ne s’éteindra pas,
car son foyer c’est Jésus-Christ lui-même qui l’entretient en nous; il
brûlera avec l’aide de la grâce de Dieu, tant que nous le voudrons, tant
que le péché ne viendra pas l’étouffer.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire