L'adoration eucharistique
Saint Xavier de Ravignan
Dévotion du Père de Ravignan au très Saint Sacrement.
Nous avons extrait les détails suivants de la Vie de ce saint religieux écrite avec tant de charmes par un de ses confrères :
«
Au milieu des affaires et des embarras de la vie, au milieu des rues
comme dans sa cellule, le P. de Ravignan n'avait qu'une préoccupation :
tout son cœur l'emportait vers les réalités invisibles. Ennuyé de la
vie, dégoûté de la terre, abhorrant le monde, il ne se reposait qu'en
Dieu et ne respirait pour ainsi dire que du côté du ciel.
«
Quittons la terre, s'écriait-il souvent, Sursum corda ! En s'élevant,
on respire l'air du pays natal ; qu'il fait bon passer dans la région de
l'oubli et de la paix ! Plongeons-nous dans le divin. »
Il y avait des jours où la sainte mélancolie de l'oubli s'emparait de lui et paraissait sur son visage. On se disait alors : Le Père souffre aujourd'hui du mal du pays. Pour se dédommager, dans l'attente, il aimait à nourrir son espoir en regardant le ciel bien plus que la terre. A la longue, son œil, habitué au firmament, avait contracté une expression contemplative et toute céleste. Quand il n'avait pas la vue libre de la patrie, il tenait du moins a la vue du tabernacle, qui est la maison de Dieu et la porte du ciel. Comme il devait faire de longues séances dans la chapelle du Sacré-Cœur, on lui prépara un confessionnal, plus commode, disait-on, et mieux placé ; mais il refusa l'échange : « De ma place habituelle, dit-il, je vois la petite porte dorée du tabernacle ; cela me repose et me console. »
Je lis, dans une des notes qui m'ont été transmises par quelques personnes qu'il avait longtemps dirigées : « Quand on pouvait pénétrer dans son âme, on entrait comme dans un vaste espace, dans de hautes et sereines régions, on s'y perdait, ou plutôt on s'y retrouvait en Dieu. Il donnait l'attrait du meilleur, du plus élevé, moins parce qu'il disait que par ce qu'il était lui-même. Mais il fallait déjà avoir monté pour être à portée de l'entendre. »
Le P. de Raviguan avait une foi très-vive dans la présence réelle de Notre-Seigneur, dans la vertu de son Sacrement et de son adorable sacrifice, et vraiment son âme vivait de l'autel. Sa plus grande félicité pour lui sur la terre, c'était d'habiter dans une maison déserte auprès d'un tabernacle. L'absence des hommes doublait alors pour lui la joie de la compagnie du Seigneur. En sortant de ce silence et de ses longs colloques avec Jésus-Christ, il ne savait plus que s'écrier : « Oui ! Dieu m'a fait de grandes grâces : une solitude profonde, le saint Sacrement pour moi seul ! J'avais la paix, la consolation, même le bien-être du corps. » Ainsi saint François-Xavier allant se reposer la nuit sous l'œil du bon Maître, laissait à ses pieds la fatigue de la veille et prenait des forces pour les travaux du lendemain (1).
Il y avait des jours où la sainte mélancolie de l'oubli s'emparait de lui et paraissait sur son visage. On se disait alors : Le Père souffre aujourd'hui du mal du pays. Pour se dédommager, dans l'attente, il aimait à nourrir son espoir en regardant le ciel bien plus que la terre. A la longue, son œil, habitué au firmament, avait contracté une expression contemplative et toute céleste. Quand il n'avait pas la vue libre de la patrie, il tenait du moins a la vue du tabernacle, qui est la maison de Dieu et la porte du ciel. Comme il devait faire de longues séances dans la chapelle du Sacré-Cœur, on lui prépara un confessionnal, plus commode, disait-on, et mieux placé ; mais il refusa l'échange : « De ma place habituelle, dit-il, je vois la petite porte dorée du tabernacle ; cela me repose et me console. »
Je lis, dans une des notes qui m'ont été transmises par quelques personnes qu'il avait longtemps dirigées : « Quand on pouvait pénétrer dans son âme, on entrait comme dans un vaste espace, dans de hautes et sereines régions, on s'y perdait, ou plutôt on s'y retrouvait en Dieu. Il donnait l'attrait du meilleur, du plus élevé, moins parce qu'il disait que par ce qu'il était lui-même. Mais il fallait déjà avoir monté pour être à portée de l'entendre. »
Le P. de Raviguan avait une foi très-vive dans la présence réelle de Notre-Seigneur, dans la vertu de son Sacrement et de son adorable sacrifice, et vraiment son âme vivait de l'autel. Sa plus grande félicité pour lui sur la terre, c'était d'habiter dans une maison déserte auprès d'un tabernacle. L'absence des hommes doublait alors pour lui la joie de la compagnie du Seigneur. En sortant de ce silence et de ses longs colloques avec Jésus-Christ, il ne savait plus que s'écrier : « Oui ! Dieu m'a fait de grandes grâces : une solitude profonde, le saint Sacrement pour moi seul ! J'avais la paix, la consolation, même le bien-être du corps. » Ainsi saint François-Xavier allant se reposer la nuit sous l'œil du bon Maître, laissait à ses pieds la fatigue de la veille et prenait des forces pour les travaux du lendemain (1).
(1) Il disait un jour dans son noble langage ces touchantes paroles à son auditoire de Notre-Dame de Paris :
« Dans cette vie ennuyée, triste et agitée, pleine d'amers souvenirs, de préoccupations pénibles et de remords, il faut choisir un lieu de repos, un asile où l'on rentre après les fatigues et les épreuves.
« Jésus-Christ présent et vivant sur nos autels est ce refuge, cet abri dans la tempête ; il est notre remède, notre soutien, notre joie et notre bonheur.
« Puisse cette divine présence n'être point oubliée dans vos heures de recueillement ! N'en laissez pas toujours les douceurs, les heureuses influences à ces âmes cachées qui vivent inconnues au monde et souvent dédaignées par lui, parce qu'elles se contentent de vivre unies à Jésus-Christ. Le monde cependant appartient à ces âmes, les destinées du monde sont attachées à leurs vertus. Chères à Jésus-Christ, légion bénie de ses élus, elles sont la fin des grands desseins de la Providence sur la terre comme dans le ciel ; car, saint Paul nous l'assure, tout arrive à cause des élus de Dieu. »
« Dans cette vie ennuyée, triste et agitée, pleine d'amers souvenirs, de préoccupations pénibles et de remords, il faut choisir un lieu de repos, un asile où l'on rentre après les fatigues et les épreuves.
« Jésus-Christ présent et vivant sur nos autels est ce refuge, cet abri dans la tempête ; il est notre remède, notre soutien, notre joie et notre bonheur.
« Puisse cette divine présence n'être point oubliée dans vos heures de recueillement ! N'en laissez pas toujours les douceurs, les heureuses influences à ces âmes cachées qui vivent inconnues au monde et souvent dédaignées par lui, parce qu'elles se contentent de vivre unies à Jésus-Christ. Le monde cependant appartient à ces âmes, les destinées du monde sont attachées à leurs vertus. Chères à Jésus-Christ, légion bénie de ses élus, elles sont la fin des grands desseins de la Providence sur la terre comme dans le ciel ; car, saint Paul nous l'assure, tout arrive à cause des élus de Dieu. »
Mais
si la présence de Jésus-Christ console, c'est son union divine qui nous
soutient ; et, selon la grande parole du Sacrement, c'est le corps de
Notre Seigneur Jésus-Christ qui garde l'âme chrétienne. « La Messe,
disait-il, est notre trésor, immense trésor ! » Sans ce viatique
quotidien, il se sentait défaillir, il ne pouvait plus vivre. Quand une
indisposition passagère l'empêchait de célébrer, il ne manquait pas du
moins de communier ; mais si la maladie se prolongeait, bientôt la
communion ne lui suffisait plus, il avait besoin du sacrifice. Je le
conçois : n'est-ce pas à l'autel que s'apprend la science de la croix ?
Une
fois, à Notre-Dame de Liesse, il passa huit jours depuis le matin
jusqu'au soir, dans une petite tribune en face du tabernacle. Quand il
était à Saint-Acheul, il partait seul avec un bon père coadjuteur, et
s'en allait à une demi-lieue plus loin à la petite campagne de Caguy,
modeste villa des novices. « Je me sauve dans cette solitude, disait-il,
seul avec le saint Sacrement, pour n'y voir et n'y entendre personne
pendant huit jours. »
Dans
les derniers jours de juillet, à la suite de chaleurs excessives, la
maladie qui devait le mener au ciel s'annonça par une névralgie ; la
migraine à l'état aigu se déclara en permanence. Les premiers accidents
amenèrent beaucoup de graves perturbations ; le mal nerveux devint
organique ; on crut à un asthme, c'était la phthisie.
Un
novice faisait l'office d'infirmier ; sa charité mérita la
reconnaissance du malade. Ce témoin va devenir narrateur ; j'écris sur
les notes du journal de Saint-Acheul ?
«
Dès que le P. de Ravignan se sentit atteint, il répéta souvent : « Ah !
si Dieu me prenait donc pour débarrasser la terre ! » Et comme le
médecin lui parlait de vivre encore, il répondit : « Ah ! que ne me
dit-on plutôt de mourir ! C'est si bon de mourir pour aller voir Dieu !
Cupio dissolvi et esse cum Cliristo ! »
«
Cependant il espérait se lever le 31 juillet, et dire la sainte Messe
pour la fête de saint Ignace. Mais ce jour-là précisément, il se trouva
beaucoup plus mal ; il accepta le sacrifice comme une pénitence avec une
douce résignation, et se contenta de dire : « Notre bienheureux Père
est juste, mais il est sévère. » Vers le soir, il envoya son jeune
gardien assister au salut, avec cette simple commission Priez saint
Ignace, qui m'a traité sévèrement, comme je le méritais, de me pardonner
et de me bénir. »
«
Chaque nuit, pendant plusieurs semaines, le P. ministre lui apporta la
sainte communion. Le malade, avec cette habitude d'activité vigilante et
cet esprit d'ordre attentif à tout qui le caractérisaient, dirigeait
lui-même tous les préparatifs de la pieuse cérémonie ; de son lit, il
veillait aux plus petits détails, indiquait la manière de mettre chaque
chose à sa place. Mais à peine le saint Sacrement paraissait-il, qu'il
devenait immobile, le regard attaché sur la divine hostie avec une
expression de foi respectueuse et de confiant amour.
«
Tous les matins, il faisait ouvrir une fenêtre de l'infirmerie qui
donnait sur la chapelle contiguë, demandait bien exactement quelle était
la fête du jour, et suivant des yeux le prêtre à l'autel, il s'unissait
de cœur au saint sacrifice et aux intentions de I Église.
«
Le lundi 7 et le mardi 8 décembre, le malade, trouvant des forces dans
sa piété, put encore dire la sainte Messe, à six heures du matin ; mais
une faiblesse extrême, et la transpiration qui était devenue
continuelle, l'obligèrent de rentrer aussitôt dans sa cellule pour y
faire son action de grâces. Il dit donc sa dernière Messe le jour où
l'Église célèbre Ia fête de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge.
Le défenseur de ce glorieux privilège de Marie pouvait-il mieux finir à
l'autel ? A partir de ce jour, un de nos Pères lui apporta la sainte
communion ; et un peu plus tard, la maladie se prolongeant, Son Eminence
le cardinal archevêque de Paris daigna permettre de célébrer la Messe
dans sa chambre. Depuis lors, il reçut la sainte hostie des mains du
prêtre qui l'avait consacrée, en sa présence. »
Source : Livre "Dévotion à la sainte Eucharistie en exemples, ou excellence des prières et ..." par Jean-Joseph Huguet
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